I took an arrow to the knee. Except the arrow went on my shoulder for I am a dwarf.
Pseudonyme : "Le nain sectaire" ça sonne bien, m'enfin ça se goupillera sûrement inrp Age: 54 ans Sexe : Homme Race : Humain. Enfin, semi-homme pour être plus précis. Ouais c't'un nain. Rang : Tu crois qu'il est du genre à rentrer dans le rang ?
Métier : Ingénieur Groupe : Pirates Déjà un équipage : L.I.O.N. Vous avez pas fini d'en entendre parler ! But : Trouver le Saint Lanceur de Nains
Fruit du démon ou Aptitude pour la suite : Cyborg Équipements : Un marteau de guerre et deux trois trucs qui explosent
Codes du règlement (2) : Parrain : A part Don Corleone, j'vois pas...
>> Physique
- Putain, tu l'as vu lui là-bas ? - Qui ça ? - Bah celui qu'a l'air d'un con. - Celui qu'a son sexe coincé dans le goulot d'la bouteille ? - Euh oui, y a lui mais y en a un autre aussi. Putain mais tu l'vois pas ? Le blond là-bas ! - Ah ouais, avec la coupe surfer et la chemise verte ! - Non non t'y es pas du tout là. J'te parle du nain, bordel ! Un mètre vingt à tout casser, tu vas pas m'dire qu'y en a des pleines charrettes dans ce bar à la con ? - Où ça que tu vois un nain ? - Bordel, le jour où tu chopes la conjonctivite tu t'en aperçois même pas toi hein ! Tu l'vois pas, le p'tit gars avec une grosse barbe et des longs cheveux blonds, qu'est en train de vider sa chope de cidre à l'instant ? Il se remarque facilement pourtant ! - Ah tu veux dire le mec qui porte une espèce d'armure là ? Avec la cape rouge ? - Ben voilà ! - C'pas forcément évident qu'il est nain, il est assis. - Ouais m'enfin à partir du moment où ses bottes touchent pas par terre, j'considère qu'on a de l'indice plutôt costaud. - C'est pas faux. - ... - ... - Tu trouves pas qu'il a l'air d'un sacré con quand même ? - J'allais le dire. J'me demande bien pourquoi il agite ses p'tites mains comme ça vers le ciel. - P'têt qu'il a pété et qu'il chasse l'odeur. - BOHOHOHOHOHOHOHOHOF t'es con Jean-Louis ! - Rigole moins fort, il nous reluque là. - Putain regarde son sourire, il a vraiment l'air d'un taré. Les mecs qu'ont les dents toutes blanches comme ça, j'ai toujours dit qu'il fallait pas leur faire confiance. - Surtout qu'elles sont bizarres ses dents. On dirait un fauve le mec ! - Bah ça y a pas que les dents, t'as vu sa putain de crinière ? J'aimerais pas être son peigne au bonhomme... - C'est bizarre quand même, sa barbe est impeccable pourtant. Bien tressée et tout. Il doit la laver souvent. - C'est pas l'cas pour le reste de son corps, regarde comment son visage est crade ! Et j'te parle même pas des mains... Ca doit être un genre de clodo. - Un clodo ? T'as vu ses fringues ? Le jour où les clodos s'payent des armures avec cape en prime, j'largue la charcuterie et j'pose mon cul dans l'caniveau ! - Bah j'sais pas, p't'êt qu'il est riche et qu'il rejette la société. Y en a plein des tarés comme ça. - Ouais, et puis pour un taré, il a VRAIMENT l'air d'un taré. Regarde, il nous a encore à l'oeil. - Ca fait combien de temps qu'il nous fixe sans bouger ? - J'sais pas, une minute ? - Il pourrait au moins poser sa chope, ça coule partout là. - J'crois qu'il en a rien à cirer. De toute façon il a pas la gueule qui ressemble à celle d'un mec qui en aurait quoi que ce soit à cirer d'une chose ou d'une autre. - J'ai pas compris. - J'veux dire, il est complètement frappé ce mec, y a qu'à regarder ses yeux. On dirait des billes d'acier. - Bah alors ? Les yeux de Mamie Pouillasse ils ressemblent à des billes d'acier tout pareil, et pourtant j'crois pas qu'elle soit spécialement frappée. - Mamie Pouillasse, celle qui crache par terre tous les dix mètres pour pas se faire suivre par des loutres ? - Nan mais c'est l'âge ça, quand elle était jeune elle était très bien. - Elle a quand même buté son mari parce qu'elle lui trouvait un air de famille avec une loutre. - C'était après la mort de sa soeur, elle était un peu chamboulée. - Ouais m'enfin avant, elle a déshabillé Raoul, Joseph, Blandin et Gloglobathur, puis foutu leurs habits au feu parce qu'ils sentaient la loutre. - OUI BAH C'EST BON AVEC LES LOUTRES ! ON PARLAIT PAS DE CA AU DÉBUT ! ON PARLAIT DU NAIN CLODO ! - Gueule pas comme ça ducon, il nous regarde ! - Ca fait cinq minutes qu'il nous regarde, et puis tu veux qu'il me fasse quoi ? - J'sais pas, il a l'air pas mal baraqué quand même. - Tu parles, c'est l'armure qui fait ça. C'est juste un vioque comme un autre. - Nan nan j'te dis qu'il est baraqué, le mec c'est un nain, comment tu veux qu'il porte une armure aussi lourde autrement ? Et puis tu devrais faire gaffe, avec les tarés on sait jamais à quoi s'attendre. T'as vu un peu son regard ? On dirait qu'il veut te buter. - On dirait qu'il veut buter TOUT LE MONDE, Jean-Louis. Il a juste une putain de face de carnassier. Mais ça c'est que d'la gueule, si j'me lève il pisse dans son froc comme tout le monde. - Arrête de déconner j'te dis. Reluque un peu à sa ceinture, c'pas un marteau de guerre qu'y a là ? Un engin d'ce calibre qui te tombe sur le pied, et tu vas pas l'prendre ! - J'vais pas prendre quoi ? - ... Ton pied. Tu vas pas prendre ton pied. - J'ai pas compris. - Laisse tomber. Fous-lui la paix à ce bonhomme, il est juste venu vider une chopine en paix et détendre un peu ses p'tites gambettes avant de repartir. - Ouais t'as raison... M'enfin faudrait qu'il arrête de nous fixer comme ça, ça devient gê... ah tiens il se lève. - Putain, carrément il monte sur la table ? - Attends on dirait qu'il veut faire une annonce. - VOUS TOUS DANS CETTE TAVERNE ! DÉSIGNEZ LE PLUS FORT D'ENTRE VOUS, ET A MOINS QUE CE NE SOIT UNE GROSSE PINTADE DIABÉTIQUE QUI SE PLANQUE COMME UNE PUCELLE AFFOLÉE DE DOUZE ANS, IL VIENDRA ME LANCER LE PLUS LOIN POSSIBLE ! ET IL SE DÉMERDERA POUR FAIRE MIEUX QUE LES QUATRE MÈTRES CINQUANTE DE FIOTTE RAMOLLIE AUXQUELS J'AI EU DROIT L'AUTRE JOUR, PARCE QUE SINON JE LUI BROIE SES P'TITES COUILLES RASSIES DE TRAVELO ET J'EN FAIS DE LA PURÉE DE POIS CHICHES ! Ah et si c'est pas trop demander, j'aimerais bien une autre chope de cidre, vous pouvez me faire crédit ? - ... - ... - ... - ... - Après, si c'est lui qui cherche la merde... - Tout à fait d'accord.
On raconte - comprenez ici "on gueule dans un magma de borborygmes incompréhensibles après s'être enfilé l'équivalent d'une vie de sommelier en alcools divers" - qu'il existe sur ces mers un nain capable de vous tronçonner la gueule à mains nues. Cette version semble d'ailleurs confirmée par les décombres d'une obscure taverne comme on en trouve à la pelle au détour de n'importe quel RP de pirate en mal d'imagination. Car si l'on excepte les marques de coups de sabre, les balles de fusil logées dans les colonnes de bois, le comptoir défoncé à coups de hache, les débris des bouteilles d'alcool anéanties par un Impact Dial, les cendres d'un incendie déclenché par un pyromane enchanté de la quantité de combustible soudainement à disposition, et les tirs de mortier de la milice locale pour "nettoyer un peu tout ce bordel avant d'aller s'pieuter" - si l'on excepte tous ces indices criants de la récente présence dans les parages d'autres individus dont l'agressivité se mesure sur l'échelle de Richter, on POURRAIT penser que cette taverne a été démolie par Brih Demau à lui tout seul. C'est du moins l'impression qu'il a laissée à Odile Abeli, tenancière de la dite taverne (au doux nom du "Relais aux Autruches"). Quelques heures après le drame, nous avons pu recueillir son témoignage, que nous avons retranscrit ci-dessous avec la plus grande fidélité. Toutefois, pour favoriser la fluidité de la lecture, nous avons volontairement omis les pleurs tragiques, syncopes et crises de rage destructrice qui ont entrecoupé l'entrevue, pour les remplacer par d'éloquents bien que concis [...].
"Je ne me rappelle pas bien de ce qui a déclenché tout ça. Au début, il était là, il vidait sa chope de cidre - et puis l'instant d'après, me semblait-il, mon Relais aux Autruches n'existait plus, toute ma vie, TOUTES CES ANNÉES DE TRAVAIL [...] Désolée pour votre chemise, de toute façon elle était moche. Je disais donc, ça s'est passé très vite, je crois qu'il s'est mis à provoquer tout le monde dans le bar, il voulait qu'on le lance ou quelque chose de similaire... Ça fait une vingtaine d'années que je suis dans le commerce d'alcool, alors pensez que des comportements bizarres j'en ai vus et pas qu'une fois - vous savez c'que ça fait d'être tabassée par un barbu qui vous reproche de déshonorer Mère Nature en utilisant un vélo, et qui vous appelle "Conchobar Mac Nessa" pour une raison totalement inconnue ? Rien que de me rappeler CET ABRUTI ÇA ME [...] Oh, ne vous inquiétez pas, les cheveux ça repousse. Enfin bref, ce nain était encore plus taré que tout ce que j'ai pu voir auparavant. Et rien qu'à son apparence, ça se voyait. J'ai une image très précise de lui en tête, quelque part entre le déclenchement de l'incendie et l'arrivée de ces CONNARDS DE LA MILICE QUI M'ONT DÉTRUIT MON [...] Tiens, je n'aurais jamais pensé qu'il y avait un os à cet endroit-là. Buvez beaucoup de lait les jours prochains, ça ira mieux. Je vous parlais donc du souvenir que j'avais de ce satané Brih Demau. Je le revois très clairement, s'agitant comme un démon au cœur des flammes... Son armure à moitié rouillée, conservait tout de même assez d'éclat pour refléter le brasier ambiant avec la puissance de mille soleils, et il bondissait avec l'ardeur d'un feu follet, répandant le sang et la mort dans son sillage... Le vrombissement infernal des trois chaînes de tronçonneuses sorties des phalanges de sa main gauche, comme d'improbables griffes de prédateur, semblait couvrir le grondement de l'incendie et les cris de douleur qui s'élevaient tout autour de lui. Petit il était, certes ; mais ainsi, il n'en était que plus effrayant, car toute la puissance du monde semblait s'être concentrée dans un corps aux dimensions réduites, pour rejaillir avec une violence qui aurait secoué les étoiles elles-mêmes. Il bondissait, bondissait dans le chaos, trop vite pour être suivi à l'oeil nu. Et pourtant, je revois son visage avec autant de précision que si je l'avais eu sous les yeux pendant des années. Il y a des personnes, comme ça, qui marquent votre mémoire au fer rouge lorsque vous avez vu leur véritable nature. Quelle est la nature de Brih Demau ? Quelque chose me dit que je le sais, mais que je n'arriverais jamais à vous le dire dans un langage humain. Tout ce que je peux exprimer... C'est l'effroi qu'inspiraient ses deux yeux aux couleurs de l'acier, qui brillaient avec assez de splendeur pour déchirer les flammes qui nous entouraient. C'est la démence qui s'étalait sur ses dents de carnassier, comme une pâte dentifrice qu'il aurait troquée contre son âme sans le moindre regret. C'est le raz-de-marée qui s'élevait de sa chevelure couleur d'or à chacun de ses mouvements, engloutissant sous sa furie tout souvenir de peigne, brosse à cheveux ou autres instruments cosmétiques qui semblaient soudain d'une vanité insultante. C'est la puissance titanesque de son marteau de guerre, véritable comète surgissant du fin fond de l'espace pour venir s'abattre PILE SUR LE VASE QUE MA GRAND-MÈRE M'AVAIT OFFERT POUR MES DIX-HUIT [...] Oh, arrêtez de faire votre mijaurée hein, je connais un très bon chirurgien qui vous arrangera ça pour trois fois rien."
>> Psychologie
- Décrypter un homme tel que Brih Demau ? Cela peut paraître une lourde tâche ; une trouble histoire entre la tentation, l'intolérance et le conformisme. Les plus intelligents d'entre vous comprendront que ce que je viens de dire n'a absolument aucun sens. Mais étant donné qu'ils sont sûrement très rares - à tel point que le bien-fondé de l'usage du pluriel dans le cas présent me semble discutable - je vais faire semblant de maîtriser mon sujet à fond et d'être capable de disserter à propos de Brih Demau pendant des heures. Ce qui n'est absolument pas le cas bien évidemment, puisque je ne connais du personnage que ce qu'il a diligemment bien voulu nous montrer, tout en s'adonnant tranquillement à l'établissement d'un chaos indescriptible dans la taverne dite du "Relais aux Autruches". Pourtant, je suis à peu près sûr de savoir tout ce qu'il y a à savoir sur cette portion d'homme. Brih Demau est le genre de personne dont on commence à cerner le caractère au premier poing qu'il vous écrase dans la gueule, et que l'on connaît parfaitement dès lors que son genou emboutit votre entrejambe. Compte tenu de la ressemblance actuelle de mon visage avec une sculpture abstraite, et de ma voix rendue irrémédiablement aiguë, je peux donc considérer être absolument calé au sujet de l'homoncule. Je dois quand même avouer à sa décharge que je lui avais tenu, au cours de la mêlée, des propos se résumant à : "Viens me montrer c'que t'as dans le slip, ou alors sucer c'que j'ai dans le mien". Sur le coup, ça me paraissait horriblement vulgaire, mais très spirituel. Je n'ai pas tardé à réaliser que je venais de fournir à Brih Demau la tentation dont il n'avait même pas besoin. Car c'est l'un des traits de caractère du nain en question : il cède à la tentation avant même qu'elle n'ait pu prendre son caractère hésitant. Les notions de retenue, de tempérance, de contrôle de soi, de déontologie ou de moralité lui sont aussi étrangères que celle d'hygiène capillaire - et tous ceux qui ont déjà vu sa chevelure de haut (c'est à dire tous ceux qui se sont déjà retrouvés en face de lui) comprendront l'étendue du problème. Tentez Brih Demau, et vous pouvez être certain qu'il cèdera puis vous tabassera pour une raison obscure avant même que vous n'ayez fini votre phrase. Car c'est un autre aspect du bonhomme : une certaine propension à marraver tout ce qui bouge sans raison apparente. Et ici, le terme "propension" est à prendre avec la même puissance que dans "Le Gouvernement Mondial a une certaine propension à gouverner le monde". Si l'on s'attarde sur le personnage - ce que je ne vous conseille pas, à moins d'avoir les narines solidement accrochées, voire inexistantes - on s'aperçoit que ce qui le pousse à agir ainsi, plus qu'une réelle tare psychologique (bien que cette hypothèse ne me paraisse pas extravagante), c'est une forme d'intolérance crasse. Brih Demau ne peut tout simplement pas supporter ceux qui ne sont pas comme lui. Combiné à sa marginalité extrême, ce trait de caractère ne fait trouver grâce à ses yeux qu'à quelques rares spécimens. Ce petit homme donne ainsi à la misanthropie une nouvelle définition, qu'il serait plus approprié de placer dans le dictionnaires des noms propres à la lettre D, et de l'affubler de son effigie. - J'ai pas compris. - ... Depuis quand vous êtes là, vous ? - Comment ça ? - Je ne vous avais pas vu arriver ! - Ben... j'suis là depuis le début. - ... - Vous voulez dire que depuis tout à l'heure, vous parlez tout seul ? - ... - Vous savez, c'est pas grave, ma Mamie Pouillasse elle faisait pareil avant. Paraîtrait que ça chasse les loutres. - ... - Bon, on va boire un verre ou bien ?
[Faisons une ellipse ici, voulez-vous. Ce n'est pas que l'auteur soit spécialement dérangé par la perspective de retranscrire une beuverie de plus de trois heures, non, sûrement pas. C'est surtout qu'il a autre chose à foutre.]
- Eh ! Eh ! Tu vhhueux qu'j'te dise ? - Nnnan ! - BOHOHOHOHOHOHOF T'ES CON euh, euh... - Patrice ! - Passstis, hmmouais. T'ES CON PASTIS ! - PatRRRICE ! - OUAIS BAH c'est bbbon, ch'AI COMPRRRRrriiiis... Houdiou qu'ça tooourne... TAVERNIER T'VAS 'RETEZ T'FAIRE TOURNER TON ETABLA... TEBLASSI... TON ESTIBLA... - Stablabliss'ment... - OUAIS COM'Y DIT PASSSHTIS ! Sinnnon ! Sinnnon... SINON euh... - BriiIIIH ! - OUAIS SINON BRIH DEMAU, BAH VA S'euuuuh S'NAVENER ! - Rad-ad-iner - Beuh oui, pas nnnavet, radis, BOHOHOHOHOF... VA S'RADINER ! ET IL TE M'LE nan IL M'LUI MON bordel IL J'LE TU nan j'le tue pas TU M'LE NOUS nan elle me fait chier cette phrase ! - PINAAAAAAAAAAAGE ! - WOUAIS YEYEYEYEYEYE HOOOOOOU CA TOOOuuurne... CHTAVVVAIS PREVENU ! A TROIS J'L'APAPAPPELLE ! - Un ! - Dehhheuheux ! - TroaaaaAAAA... - HYPEEEEER VITESSSSSSSS ! - Gnnnn ?? - Chais pô... POLOPOPOPO LES LOLOS A M'DAME CARO, QU'Y SONT BEAUX, QU'Y SONT CHAUDS ! - ChhhaaAUUUD ! - Et et héééhhéhéhéhéhé LE POPO A M'SIEUR DEMAU, QU'Y EST BEAU, QU'Y EST CHAUD ! - MAIS VOUS ALLEZ FERMER VOS PUTAINS DE GUEULES DE P'TITES PÉDALES ATROPHIÉES DU ZBOUB, OU J'VOUS FAIS REMONTER LES BALOCHES A TRAVERS LE GOSIER A GRANDS COUPS DE TATANE JUSQU'A C'QUE VOUS SOYEZ CAPABLES DE VOUS FAIRE DES MOUSTACHES AVEC LES POILS ! - LUI ??
[La scène qui suit présentant de troublantes similitudes avec celle décrite plus haut par Mlle Abeli, contentons-nous de passer dessus avec la vélocité de l'autruche au galop. Viooooou.]
- Il y a quelque chose que je n'avais pas réalisé à propos de Brih Demau, avant qu'il fasse une seconde apparition dans ma vie, tout aussi douloureusement mémorable que la première. C'est l'extrême conformisme de ce personnage. Bien entendu, le terme "conformisme" peut paraître maladroit pour un nain cyborg qui tronçonne tout ce qui passe à sa portée - portée largement amplifiée par les bonds surexcités qu'il effectue, avec assez de surréalisme pour tirer à la force gravitationnelle un haussement d'épaules désabusé - tout en vomissant des propos orduriers ; et pourtant, l'homme suit bel et bien à la lettre des règles de vie définies avec une précision extrême. Malgré son aspect dévergondé, Brih Demau organise son existence en suivant scrupuleusement une sorte d'énorme cahier des charges moral répondant invariablement de la même manière à une situation donnée, avec une raideur presque religieuse. Le mot "presque" pourrait même ici être banni si l'on est prêt à considérer le culte farfelu auquel il se voue comme une véritable religion. J'ai en effet cherché à en savoir un peu plus sur les motifs qui poussent le bonhomme à vouloir absolument se faire lancer le plus loin possible, par chaque quidam doué d'une capacité musculaire supérieure à celle d'une crevette - au point de porter constamment une armure visant à limiter le choc à l'atterrissage. Il semblerait qu'en réalité, il serait à la recherche de celui qu'il appelle le Saint Lanceur de Nains. D'après les dogmes auxquels il se plie, la vie de chaque nain serait en effet destinée à chercher, parmi tous ceux qui l'entourent, celui qui réussira à le lancer au loin avec un style "qui n'a d'égal que celui de la foudre sur le lac gelé, la lame qui fend la pluie de sang, le coucher de soleil sur la crinière du lion ou l'uppercut avec un jambonneau" (autant de manifestations d'une classe incommensurable aux yeux de la Confrérie des Lancistes). Ceci explique donc pourquoi Brih Demau tient absolument à ce qu'on le lance à chaque occasion possible : c'est pour lui la manière de définir le niveau de respect avec lequel il doit considérer tout un chacun, l'apothéose étant bien entendu le fameux Saint Lanceur. Le schéma de socialisation du bonhomme, là où celui d'un individu normal est [rencontre -> salutation -> conversation -> affinité à degré variable -> amitié, inimitié ou neutralité], ressemble donc à [rencontre -> demande de lancer -> lancer ou non -> franche rigolade ou baston chaotique]. Comme vous le voyez, Brih Demau est donc quelqu'un de très conforme aux normes ; simplement, ses normes à lui s'éloignent résolument de ce que le passant lambda considère comme telles. D'où une légère tendance à l'incompréhension entre le nain et le reste du monde, ni plus ni moins - largement accentuée par la misanthropie du personnage, que j'ai déjà évoquée. En réalité, le Culte du Lanceur n'est pas tant une mauvaise chose pour sa vie sociale : n'était cette notion de respect des lanceurs de nains talentueux, le semi-homme passerait sa vie à tabasser absolument tout le monde. Au lieu de quoi, il ne tabasse que ceux dont le lancer n'a pas été satisfaisant, ou qui ont refusé de le lancer - ce qui vaut tout de même pour deux bons tiers des personnes qu'il rencontre, sans compter les animaux. Voilà, vous savez maintenant tout ce qu'il y a à savoir à propos de Brih Demau. Trouble histoire entre la tentation, l'intolérance et le conformisme. Je vous l'avais bien dit ! - Ah bon ? Tu l'avais dit quand ? - Mais, mais t'es toujours là toi ? - Ben oui, on est dans la même chambre d'hôpital j'te rappelle. - ... - Eh regarde c'que j'arrive à faire avec ma perfusion ! FEEEEU A VOLONTÉ ! - Putain, mais espèce de gros malade ! Tu me balances du sang en pleine gueule là ! - M'en fous c'est pas le mien ! - J'EN AI RIEN A SECOUER ! T'ARRÊTES TES CONNERIES SINON J'TE FAIS BOUFFER MON PLÂTRE JUSQU'A CE QUE TU PUISSES FAIRE PASSER TES ÉTRONS POUR DE LA FARINE ! - ... - ... - Tu parles un peu comme Brih je trouve. Vous seriez pas de la même famille des fois ?
>> Biographie
Chapitre I : J'voulais te dire Demau...
*Toc toc* - Qui est là ? - Acksel. - Acksel qui ? - Acksel Laurent. - Acksel Laurent Outan ? - Lui-même. Alors magne-toi d'ouvrir cette putain de porte avant que j'm'en charge d'un coup de tatane.
La foudre, s'abattant dans un fracas épouvantable, fit office de point final à cet échange - coïncidence climatique qui semblait de mise à chaque apparition du dénommé Acksel Laurent Outan. Et malgré le fait que la dite porte soit en chêne massif bardé d'acier, haute d'une dizaine de mètres et épaisse de trois, la menace fut prise très au sérieux par la sentinelle, qui s'empressa de faire cliqueter la serrure. Le bois grinça, les gonds hurlèrent, la porte s'ouvrit, sur un orage destructeur et la silhouette d'un homme. Personne ne pouvait s'y tromper : le plus à craindre des deux n'était pas le plus bruyant. Au contraire, c'est dans un silence écrasant que l'homme franchit le seuil. Reconnaissable entre mille à sa cape écarlate, ses bras nus tatoués et ses lunettes de soleil même en pleine nuit, il traversa le hall d'entrée d'un pas conquérant, sans que l'on puisse seulement songer à lui demander le motif de sa visite. Car il était Acksel Laurent Outan, seul humain craint des géants d'Erbaf.
Quelques minutes suffirent pour réveiller les géants du Clan MacBeasty, l'inquiétude aidant : lorsque l'on recevait la visite d'Acksel L. Outan, c'était rarement pour prendre le thé - de toute façon, il ne buvait que du rhum. Peu après son arrivée à la grande porte de la résidence clanique, l'homme pouvait se réchauffer (non qu'il en eût un quelconque besoin : les éléments déchaînés au dehors semblaient n'avoir eu aucune prise sur lui) au feu de trois ou quatre troncs d'arbre, flambant allègrement dans l'âtre de la grande salle de réception. Les meilleurs guerriers MacBeasty s'y étaient installés, autour de la longue table rectangulaire qui en occupait le milieu, habillés et armés de pied en cap comme l'exigeait le protocole. Acksel, pour sa part, s'était juché sur la dite table d'un bond souple et puissant, félin incarné dans un corps d'humain. Tous les regards s'abaissaient vers lui ; toutefois, aucun des géants n'entretenait l'illusion d'être en position de supériorité par rapport à leur hôte. Les codes de politesse en usage à Erbaf exigeaient qu'en cas de réception d'un invité, le chef du clan d'accueil soit le premier à prendre la parole afin de lui souhaiter la bienvenue et lui demander s'il a fait bon voyage. Pourtant, la nature même d'Acksel L. Outan donnait toujours à Karadoc MacBeasty l'impression qu'il allait commettre un terrible impair en lui adressant la parole, comme s'il était interdit de prononcer le moindre mot sans avoir obtenu au préalable sa permission, et l'assurance qu'il ne vous mettrait pas un de ses fameux directs du droit en pleine face. Et autant vous dire que si un chef de clan géant appréhendait le dit direct, c'est que ce n'était pas de la frappe de tantouze. Le silence flotta encore quelques secondes, à peu près autant que le nombre de personnes au monde capables de regarder Acksel dans les yeux sans se sentir terriblement inférieures - soit un peu moins d'une demi-minute. Puis Karadoc, désireux de rappeler à ses guerriers qu'il était tout de même dans SA baraque, et qu'il n'y avait rien à redouter d'un étranger (fût-il capable de battre chacun d'entre eux au bras de fer en lisant son journal), se racla la gorge et prit la parole selon la formule rituelle :
- Karadoc MacBeasty et ses guerriers te souhaitent la bienvenue entre leurs murs et sous leurs toits, Acksel Laurent Outan. As-tu fait bon voyage jusqu'à notre demeure ? - J'vais laisser l'orage au-dehors répondre à cette question, Karadoc. Content de te revoir en tout cas, t'as toujours l'air en forme mon gros ! - Kohohoho, toi aussi gars, ça fait plaisir. Des nouvelles de c'bon vieux Bohjeu ? - Justement, c'est pour lui que je suis là. Regarde un peu ça.
Ce disant, Acksel s'empara d'une espèce de baluchon qu'il portait sous sa cape, et le posa sur la table à ses pieds. Les géants MacBeasty, curieux de découvrir pourquoi un personnage aux visites aussi rares s'était donné la peine de débarquer sur Erbaf par une nuit aussi agitée par la tempête, se penchèrent vers le paquet que l'homme était en train de démailloter... pour découvrir un minuscule bébé endormi, que seule une touffe de cheveux blonds différenciait de tous les autres nourrissons à la surface du globe. Les guerriers eurent un mouvement de recul teinté de méfiance - chez les MacBeasty, on ne passait pas beaucoup de temps avec les mioches, pas assez en tout cas pour savoir différencier un petit garçon d'une petite fille ("Faut dire, à c't'âge-là c'est ni les moustaches, ni les nibards qui les étouffent les gosses", d'après l'une des démonstrations de mauvaise foi les plus magistrales de Karadoc MacBeasty). Après quelques secondes, où chacun commençait à entrevoir les motifs de la venue d'Acksel, et leurs terribles conséquences sur leur futur proche - et également moins proche, voire carrément lointain, la voix du chef s'éleva à nouveau :
- C'est... le fils de Bohjeu, pas vrai ? - Exactement. Brih, fils de Bohjeu, héritier légitime de la maison Demau, et par extension de la Couronne Royale de Cormell. Ça faisait combien de temps que tu n'avais plus reçu un prince de sang sous ton toit, Karadoc ? - Pas plus d'un mois et demi, figure-toi. M'enfin le dernier était bizarre, il s'est suicidé avec un numéro de cracheur de feu. On a jamais trop compris si c'était volontaire ou pas. - Norahahahaha ! J'le connais lui, je l'ai déjà vu se couper une main avec un numéro de corde à sauter. Mais j'crois bien que c'était pas volontaire. - Bref, c'est pas la question. Qu'est-ce que tu viens foutre ici avec le môme de Bohjeu ? - T'as pas une idée ? - Si, mais j'préfère que ce soit toi qui le dises, histoire de pouvoir te gueuler dessus derrière. - La maison Demau est impliquée dans une énorme guerre civile, Karadoc. Toute une armée de révolutionnaires qui essaient de faire tomber le pote Bohjeu de son trône. J'ai juste pensé que ce serait plus sûr pour le gamin de s'éloigner un peu de tout ça. - Ah bah pour le coup tu l'éloignes, c'est sûr ! Y avait pas assez de nounous à South Blue, que tu viennes jusqu'à Erbaf nous le fourrer dans les pattes ? - Je refourgue pas le fils d'un ami d'enfance à une putain de nounou ! C'est pas moral ! - Et venir faire chier ton SEUL autre ami d'enfance avec ce mioche, c'est moral peut-être ? Figure-toi que j'ai peut-être autre chose à foutre que d'lui donner le biberon au p'tit Brih ! Alors tu retournes d'où tu viens, et si tu tiens tellement que ça à filer un coup de main à Bohjeu, tu l'aides à gagner sa saloperie de guerre civile et tu lui rends son gamin ! - J'suis pas sûr qu'il soit hyper jouasse de me revoir en fait. Techniquement, j'ai quand même kidnappé son gosse. - ... - Ah bah c'est sûr, dit comme ça c'est raide ! Mais il voulait pas se séparer de lui, alors j'ai fait c'qu'il y avait à faire. A moi non plus ça m'a pas fait plaisir ! - Mais, je comprends pas... Tu veux éloigner le mioche de la guerre, ok. Tu veux pas le refiler à une vulgaire nourrice, ok. Dans ce cas-là, pourquoi tu t'en occupes pas toi-même ? - NORAHAHAHAHAHAHA ! J'ai une gueule de mère poule peut-être ? - Pourquoi, moi j'en ai une ? - Bah, pour commencer, t'as pas de tatouages sur les bras, TOI. - Mais j'ai une barbe, MOI. - ON EN A DÉJÀ PARLÉ DE ÇA KARADOC ! PAS BESOIN D'UNE BARBE POUR ÊTRE VIRIL ! LES LUNETTES DE SOLEIL ÇA CLAQUE BIEN PLUS QUE DU POIL AU MENTON ! - ALORS LA, LAISSE-MOI RIRE ! - NAN J'TE LAISSERAI PAS RIRE ! - RIEN A FOUTRE JE RIS QUAND MÊME ! - CHICHE ! - KOHOHOHOHOHOHOHOHOHO ! *BAM*
Une ou deux heures plus tard - le chaos indescriptible qui suivit laissant peu de place à une estimation rigoureuse du temps qu'il avait duré - les deux amis étaient allongés l'un à côté de l'autre, tête-bêche, au milieu de la salle de réception dévastée avec autant d'efficacité que si une trentaine d'ouragans avaient subitement décidé de former un troupeau et de foncer en écrasant tout sur leur passage. Les guerriers MacBeasty gisaient eux aussi en périphérie, totalement inconscients, comme si la puissance du combat central les avait balayés aussi facilement que des fétus de paille. Acksel et Karadoc, pour leur part, avaient encore l'oeil ouvert - l'emploi du singulier plutôt que du pluriel étant justifié pour les deux, étant donné l'oeil au beurre noir qu'ils avaient tous deux récolté, le gauche pour le géant et le droit pour l'humain (qui avait tout de même replacé ses lunettes de soleil intactes par-dessus ; on peut supposer qu'il les avait gardées dans sa poche pendant toute l'échauffourée, afin de s'assurer qu'elles ne se brisent pas). Cette marque oculaire n'était d'ailleurs pas le seul vestige que leurs gnons déchaînés avaient laissé sur leur corps : quiconque ne connaissait pas les deux gaillards auraient pu jurer qu'ils ne réussiraient jamais à marcher sans déambulateur à nouveau. Mais chacun d'eux savait qu'il n'en était rien : Dame Nature elle-même aurait eu toutes les peines du monde pour venir à bout de ces aberrations ambulantes qu'elle avait créées. Après un combat aussi destructeur, Acksel L. Outan et Karadoc MacBeasty ne geignaient pas en se traînant misérablement à terre. Ils riaient. Et ce n'étaient certainement pas quelques côtes cassées et horriblement douloureuses qui allaient freiner leur hilarité.
- NORAHAHAHAHAHAHAHAHA ! Qu'est-ce qu'on s'est mis, putain ! - KOHOHOHOHOHOHOHOHOHO, j'avoue qu'on a un peu chargé la mule, là ! T'es sûr que le gosse est intact ? - T'inquiète pas pour ça, j'ai vu un de tes gonzagues le mettre à l'abri dans la pièce d'à côté avant de retourner à la marrave. Alors, tu le prends ou pas ? - Évidemment que j'le prends, vieux. J'en prendrai soin comme si c'était mon propre fils. Mais c'est bien parce que c'est toi ! - Et p'têtre aussi parce que je viens de démolir tous tes meilleurs guerriers et ta salle de réception ? - M'en parle pas. Tu sais, à chaque fois que tu te pointes ici, ça me coûte une sacrée blinde en réparations. - C'pour ça que j'me pointe pas trop souvent. - Kohohohohohoho. Ça fait du bien de te revoir, enfoiré. Un d'ces quatre faudrait qu'on se retrouve tous les trois avec Bohjeu, qu'on se refasse une partie de ce jeu, là... - Le Festival Karnaval ? - C'est ça, ouais. Putain, c'que c'était poilant. Je sais même pas combien de fois on a failli en crever d'cette connerie. - Norahahaha, parle pour toi ! Vous aviez un sacré bol que j'vous sauve la mise à chaque fois ! - Kohohoho, on peut jamais parler avec toi. - Encore moins quand j'ai les crocs. Y a rien à grailler dans c'te putain de baraque ? - T'aimes toujours autant le hachis de lion géant de Flab Island ? - Oh putain, tu me vends du rêve mec !
Et c'est sur cette scène peu commune que débuta la vie de Brih Demau. La vie d'un nain parmi les géants.
Chapitre II : Erbaf dans ta gueule !
A Erbaf, il y a des géants. La vie quotidienne de l'île est donc gérée PAR des géants et POUR des géants, et les autres espèces de passage n'ont qu'à s'y habituer, moyennant quoi les dits mastodontes essaient de faire un minimum attention à l'endroit où ils mettent les pieds (sans compter le désagrément que procure le nettoyage de bouillie d'humain sur leurs semelles). C'est une mentalité fortement ancrée dans l'esprit des natifs du coin - au moins autant que le principe de "çui qui traîne ses godasses sur ma propriété j'y mets d'la volée d'chevrotine aux miches" dans l'esprit du paysan moyen - et on pourrait difficilement imaginer ce qui pourrait y faire obstacle. Sûrement quelque chose de massif, d'impressionnant et de terrifiant. Or, Brih Demau n'était ni massif, ni impressionnant, ni terrifiant. Brih Demau était un nain. Et les géants ne changent pas de façon d'être pour des nains.
Le gamin, durant les douze premières années de sa vie, dut donc s'adapter au rythme de ses aînés colossaux. Le contact social n'étant pas spécialement facilité par une telle différence, a fortiori lorsque votre interlocuteur ne s'aperçoit de votre présence qu'après vous avoir accidentellement catapulté d'un coup de pied (quoique le côté accidentel de la chose puisse être discutable par moments ; le gosse avait déjà un caractère sacrément trempé qui n'était pas au goût de tous), Brih Demau était un enfant plutôt solitaire. Ce qui était sûrement mieux pour lui : Erbaf étant une nation plutôt guerrière, les jeux auxquels il se serait livré avec d'hypothétiques camarades auraient revêtu une dimension létale non négligeable - et ce, même pour des jeux a priori inoffensifs : essayez donc de survivre à une partie de bowling lorsque vous faites la taille idéale pour entrer tout entier dans l'un des trous de la boule. En réalité, la seule personne avec laquelle Brih communiquait régulièrement était Karadoc MacBeasty ; il faut dire aussi qu'en tant qu'ami d'enfance du père du gamin, le chef de clan se sentait une certaine obligation morale envers lui. C'est pourquoi, avec une patience qu'il n'avait lui-même jamais soupçonnée, il s'échina à lui enseigner l'art qu'il maîtrisait le mieux, à savoir le combat au marteau. L'apprentissage fut particulièrement laborieux, en grande partie à cause de l'incapacité de Karadoc à concevoir qu'un jeune nain fût incapable de soulever un marteau qui pesait plus de dix fois son propre poids (alors que "Regarde, c'est quand même pas si difficile, j'y arrive bien moi !"). Néanmoins, après quelques années et moult schémas redoutablement complexes de la part de Brih pour expliquer les principes de rapport poids/taille, de capacité musculaire, de force levier, de gravité - et même une fois de pâtes carbonara, mais le rapport est assez lointain - l'enseignement finit par se révéler efficace ; permettant au jeune garçon de développer ses qualités martiales ET intellectuelles, tant les méninges étaient sollicitées pour faire comprendre quoi que ce soit à ce con de Karadoc. Le dit Karadoc ne semblait d'ailleurs pas choqué par un paradoxe pourtant évident, à savoir le fait qu'il sortait de chaque leçon avec un nombre de nouvelles notions engrangées beaucoup plus considérable que son élève. C'est ainsi qu'au cours des années, Brih grandissant (enfin... on est du moins tout à fait certain qu'il ne rapetissait pas), Karadoc MacBeasty éclairait son esprit et prenait goût aux joies de l'intellect, se questionnant de plus en plus sur tout ce qui l'entourait. Jusqu'à ce qu'il finisse par se poser la question de trop : le joug de l'Empereur Grizzly Von Kolgate était-il réellement une bonne chose pour Erbaf ?
Depuis de nombreuses années, les différents clans qui habitaient l'île, trop occupés à se quereller entre eux et à razzier aux alentours, ne s'étaient jamais demandés si en cédant un tribut de 80% de tous leurs butins à un illustre inconnu en échange d'une protection inexistante, ils se faisaient entuber. Suite à une réflexion intense de quatre mois et demi, le chef Karadoc MacBeasty finit par en conclure que c'était le cas. Et de manière plutôt monumentale. Il fit alors quelque chose que personne n'avait encore jamais fait avant lui. Quelque chose que l'on n'aurait imaginé que pour clamer que c'était désespérément stupide et insensé. Quelque chose qui lui vaudrait à coup sûr un déchaînement de fureur à en faire trembler les montagnes. Quelque chose qui n'était ni spectaculaire, ni épique, ni héroïque, mais sacrément couillu.
En guise de tribut à Grizzly Von Kolgate, il chia dans un coffre. Et l'on pouvait presque entendre depuis Erbaf le cri d'horreur et de rage que l'Empereur poussa en découvrant que Karadoc MacBeasty avait récemment mangé du chili con carne.
La flotte de l'Empereur s'étendait à perte de vue sous la pluie. Grizzly Von Kolgate n'était pas quelqu'un que l'on pouvait se permettre d'humilier en espérant qu'il vienne régler ça dans un combat singulier au nom de l'honneur et de la dignité ; au contraire, il était plutôt partisan du "Tu m'emmerdes comme ça, je t'emmerde COMME CA". D'où l'armada postée devant les rivages d'Erbaf, suffisamment volumineuse pour que l'on puisse oublier qu'il y avait un océan en dessous ; un Buster Call qui serait passé par là aurait aisément pu prétendre n'être qu'une équipe de bateaux de pêche, en comparaison. Le chef du clan MacBeasty se tenait fièrement sur le rivage de son île natale, plutôt satisfait d'être à l'origine d'un tel déploiement de forces. La main sur la tête de son énorme marteau planté dans le sable, la tête haute, la barbe fouettée par le vent et la pluie, Karadoc donnait vraiment l'impression en ce moment même d'être l'un de ces guerriers millénaires dont on ne prononce le nom qu'avec un mélange d'effroi et d'admiration. Ses traits semblaient sculptés dans le granit le plus ancien, mais personne n'aurait pu s'y méprendre : le granit est froid, il ne brûle pas d'un feu dévorant, il n'exhale pas un souffle sorti droit des Enfers, il ne fait pas vibrer l'air en vagues chaotiques tout autour de lui. Or, si l'on n'avait dû utiliser qu'un mot pour décrire Karadoc MacBeasty en ce moment même, ce serait "brasier". Le soleil, honteux de ne pouvoir fournir une concurrence sérieuse à ce colosse, s'était drapé dans un manteau de nuages lourds et noirs, offensé. La pluie diluvienne qui tombait depuis plusieurs heures, tentait en vain d'éteindre cet incendie vivant qui ne daignait même pas faire un seul mouvement pour lui échapper, sûr et certain que la lutte était gagnée d'avance. Les guerriers géants, ceux du clan MacBeasty et même ceux des autres clans, se tenaient à quelques dizaines de mètres derrière lui. Aucun d'eux n'avait l'intention de combattre à ses côtés : au contraire, tous trouvaient qu'une telle provocation envers l'un des guerriers les plus accomplis de la planète était une véritable folie, et ils avaient pris les armes dans la ferme intention de l'empêcher de livrer ce combat. Mais il apparaissait à présent que s'opposer à Karadoc MacBeasty en ce moment même était au moins aussi insensé que de ridiculiser l'un des Quatre Empereurs. Les armes étaient rengainées depuis longtemps, et personne n'osait traverser le no man's land que formait le sable détrempé de la plage, tous les regards étaient fixés sur celui qui semblait ne pas savoir que cette fois-ci, il se coucherait avant le soleil. Et ne se relèverait pas le lendemain. Il le savait, pourtant. La mort se lisait dans ses yeux, à tel point que chaque homme sur chaque navire baissait les yeux en silence, comme si la veillée funéraire avait déjà commencé. Mais il aurait été monstrueusement erroné d'affirmer que cette veillée ne concernerait que le géant debout sur la plage, et chacun en était également conscient. Il y aurait des veuves et des orphelins en nombre, le lendemain matin. Et c'est peut-être pour cela que les lèvres de Karadoc remuaient en silence tout au long des quelques heures qu'il avait passées sous la pluie, face à l'armée navale qui se faisait de plus en plus menaçante. Il priait tous ceux qui perdraient un être cher au cours de la bataille, de le pardonner par avance ; car il savait qu'une fois le combat engagé, il utiliserait jusqu'à son dernier souffle pour tuer, tuer et tuer encore. Il n'aurait plus le temps de se soucier de leurs larmes, lorsque le sang coulerait sur son visage, le sien, celui de ses ennemis, qu'importe ? Le chaos règnerait, et il le savait. Quelque part, peut-être même s'en réjouissait-il. Karadoc MacBeasty était de ceux qui ont besoin de sentir que l'univers s'écroule tout autour d'eux au moment où ils s'éteignent. La pluie s'écrasait avec un bruit de verre brisé, comme si une force supérieure l'avait lancée d'un geste rageur pour la fracasser, comme si le monde entier était furieux, comme si tout allait prendre fin d'un instant à l'autre. Et tout était immobile, dans l'expectative, attendant le déchaînement final, la vague titanesque. Titanesque ? Est-ce qu'un simple mot suffirait à exprimer toute la puissance qui se dégageait de ces guerriers, immobiles sous un déluge qui noyait toute pensée n'ayant pas de rapport avec la mort ? Il faudrait une vie entière pour comprendre, pour entendre les battements de leur cœur, pour sentir la morsure de la pluie sur leur chair, pour voir cette sombre lumière dans leurs yeux. Car chaque seconde durait une vie entière. Car chaque seconde était la mort elle-même. C'est ainsi que sur cette plage d'Erbaf, un géant est mort avant même de livrer combat. C'est ainsi que l'on vit un mort s'avancer et se contenter de quelques mots :
J'ai jamais été doué pour les discours. Adieu tout le monde.
C'est ainsi qu'un mort brandit son marteau et s'élança sur une armada de navires. C'est ainsi que la mort devint terriblement contagieuse.
Chapitre III : Mieux vaut Tar que jamais
Le chaos régnait. On ne savait plus si la pluie tombait toujours, ou si c'étaient simplement les immenses gerbes d'eau soulevées par la bataille qui chutaient en trombes. Brih courait éperdument au cœur des combats, son marteau brandi au-dessus de sa tête, comme une parodie minuscule du grand Karadoc MacBeasty, son mentor et presque père. Les autres géants avaient fini par se lancer eux aussi à l'assaut de la flotte de l'Empereur : la fibre guerrière en chacun d'eux ne leur permettait tout simplement pas de voir une bataille aussi titanesque juste sous leurs yeux sans pouvoir y participer. Et puis, Grizzly Von Kolgate n'était pas du genre à déranger toute son armada pour un seul géant ; pour le même tarif, il aurait volontiers rasé toute l'île d'Erbaf. Alors, perdu pour perdu, autant se marraver dans les règles de l'art. C'est à peu près ainsi que raisonnaient les fiers guerriers de l'île ; mais ce n'est pas pour cette raison que le jeune Brih Demau, douze ans, risquait sa vie à chaque seconde par le simple fait de courir au milieu d'une bataille aussi destructrice. Fou d'un espoir qui meurt sitôt que l'on goûte à l'amertume de l'âge adulte, il voulait revenir en arrière, que rien de tout ceci n'ait jamais existé, que Grizzly Von Kolgate soit resté un nom que l'on grommelle avec agacement, et non une réalité qui fendait les flots de son sabre noir en hurlant comme un dément. Une flèche était plantée dans l'épaule du nain, et son bras gauche pendait, inutile, mais il ne s'en rendait même pas compte. Il sautait, de bateau en épave, de grand mât en épaule de géant, chaque bond un peu plus loin, le marteau tournoyant dans tous les sens, les yeux fixés sur le dos de Karadoc qui se tenait debout dans l'océan, de l'eau jusqu'à la taille. Brih avait déjà vu son mentor se battre, il le connaissait comme un guerrier hors pair, mais jamais il ne l'avait imaginé capable d'un tel déchaînement. Quelqu'un qui aurait vu cette image sans savoir de quoi il en retournait aurait pu jurer que le géant était pris au cœur d'un ouragan ; mais en réalité, il ne pleuvait même plus. Le soleil commençait même à sortir des nuages, petit à petit, comme un petit garçon qui regarde les grands se battre sans trop oser se montrer. L'autre petit garçon, celui qui est censé être depuis le début le sujet de cette histoire - bien qu'il soit resté excessivement passif jusqu'ici - était maintenant presque arrivé à la hauteur de Karadoc. Il hurla. Dieu seul sait comment le géant put entendre sa voix fluette, dans le vacarme de cette apocalypse dont il était l'épicentre. Mais il l'entendit. Grizzly Von Kolgate était devant lui, dardant son sabre assez démesuré pour tuer un géant d'un seul coup, un sourire triomphant aux lèvres. Le chef MacBeasty aurait pu engager le combat. Peut-être aurait-il réussi à blesser l'Empereur, peut-être même l'aurait-il tué. Mais il se souvint d'une phrase qu'il avait prononcée, douze ans auparavant, les membres ensanglantés et le sourire aux lèvres, allongé sur le sol de sa salle de réception dévastée.
"J'en prendrai soin comme si c'était mon propre fils". Et jamais il n'aurait laissé son propre fils au milieu d'une telle bataille. Son énorme main se referma sur le corps du gamin, sans rudesse, avec quelque chose qui ressemblait à l'amour d'un père. Et alors qu'une lame froide, quelque part, transperçait un cœur ardent, Brih Demau connaissait son tout premier lancer de nain. Loin d'Erbaf, vers l'océan, vers l'horizon. Vers le futur. Vers un ptérodactyle chevauché par un homme aux bras tatoués.
- Putain, t'as eu du bol de tomber sur nous gamin ! T'aurais eu du mal à nager avec tes p'tits membres ! Norahahahaha ! - Vous... Vous êtes Acksel Laurent Outan, n'est-ce pas ? - Ah, l'ami Karadoc t'a parlé de moi ? Ouais, c'est bien moi. Toi, tu dois être le p'tit Brih, nan ? Nom de Dieu, t'es le portrait craché de ton saloupiot de père au même age. - Vous allez le sauver, c'est ça ? Vous allez tous nous sauver ? Tout va redevenir comme avant ?
Acksel jeta un regard empli de compassion sur le malheureux gamin. Le pauvre ne se rendait même pas compte que son épaule pissait le sang, et qu'il avait probablement perdu l'usage de son bras gauche. Ballotté par le vent et les amples mouvements d'ailes du ptérodactyle, il quêtait un peu d'espoir dans le visage de son sauveur ; mais les lunettes de soleil ne lui renvoyaient qu'un reflet, celui d'un môme perdu au visage baigné de larmes. L'homme défit sa cape écarlate et enserra fermement l'épaule de Brih avec, bandage couleur sang avant même d'en être taché.
- Ça devrait freiner l'hémorragie. Faut que tu vives, gamin. C'est tout c'que tu peux faire pour l'instant. Tar va t'amener en sécurité chez un ami à Flab Island, pas vrai vieux ? - Taaaaaar ! - Et vous ? Qu'est-ce que vous allez faire ? - Ce que je vais faire ?
Le ptérodactyle était finalement arrivé au-dessus d'Erbaf, après avoir survolé l'océan parsemé d'épaves et de cadavres. Le fracas des armes, même à cette hauteur, était assourdissant ; mais Brih s'en rendait à peine compte. Toute son attention était fixée sur un seul point. Grizzly Von Kolgate, tout en bas, venait de poser le pied sur le rivage, heureux comme un roi et le corps tout entier taché d'un sang qu'il ne méritait pas... le sang d'un géant qui aimait un nain comme son propre fils. Ses hommes grouillaient autour des guerriers d'Erbaf comme une colonie de fourmis. Ils pataugeaient dans l'eau de mer devenue rougeâtre, pendant que le corps de Karadoc MacBeasty, seul chef de clan géant à avoir osé se rebeller contre un Empereur, s'enfonçait lentement dans l'eau. Acksel, debout sur le dos de sa monture, regarda son vieil ami disparaître peu à peu, silencieux. Mais ce silence grondait comme un séisme. Il fit soigneusement craquer les articulations de ses phalanges, dans un geste qui ne présageait rien de bon pour sa future victime. Un sourire carnassier naquit sur son visage, et même derrière ses lunettes teintées on pouvait deviner le brasier qui incendiait ses prunelles. Le soleil, éclatant à présent, frappait sa silhouette altière de ses rayons d'or, révélait dans toute sa splendeur un guerrier à la puissance démesurée. Un guerrier qui s'apprêtait à détruire, à réduire son ennemi en cendres. Un guerrier qui prononça des mots gravés à jamais dans la mémoire de Brih.
- Je vais montrer à c't'empafé que deux mille mecs qui t'appellent "Empereur"... Ça sert à rien quand on a mon poing dans la gueule.
Un sourire. Puis il sauta. Une chute de plusieurs dizaines de mètres. Mais bien sûr, pour un homme tel qu'Acksel Laurent Outan, ce n'était pas une chute. C'était un élan. Un élan dévastateur qui donnait à son poing la puissance d'un météore... Non. Le poing d'Acksel était déjà un météore. La vitesse et la fureur de l'homme le firent astre. Le soleil semblait subitement plus pâle, au fur et à mesure que ce condensé de puissance fonçait vers le sol et celui qui se disait régner sur l'océan. Sa route inflexible vers cet Empereur qui avait tué un ami avait des allures de jugement dernier, comme si Acksel était la flèche d'un archer divin, une flèche qui toucherait sa cible quels que soient les obstacles que l'on pût lui opposer. Le ptérodactyle avait fait demi-tour, mais Brih suivit du regard la silhouette qui s'étrécissait de plus en plus, tout en devenant plus effrayante chaque seconde. L'Empereur n'eut que le temps de lever les yeux, sa bouche s'arrondissant sous l'effet de la surprise. Juste avant l'impact, quelque chose fit détourner le regard du nain. Quelque chose qui ressemblait à de l'instinct de conservation. Acksel était loin, très loin, et pourtant jamais Brih n'avait ressenti aussi clairement l'impression d'être au bord de la mort. Et lorsque retentit un gigantesque, un effroyable, un monstrueux
- BAM -
... il sut qu'il avait bien fait de ne pas regarder. Il sut aussi que plus personne ne craindrait Grizzly Von Kolgate à partir de ce jour. Enfin, il sut qu'Erbaf n'était désormais rien de plus que son passé. L'avenir était devant, sur d'autres rivages, ceux de...
- Eh, où est-ce qu'il a dit qu'on allait, déjà ? - Tar ! - J't'ai pas demandé ton nom, j't'ai demandé où on allait ! - TAAAAR ! - Mais t'es con ou quoi ? ... AH PUTAIN J'AI FAILLI TOMBER ! J'SUIS SÛR QUE TU L'AS FAIT EXPRÈS ! - TAHAHAHAHAHAHAR ! - ARRÊTE TOUT DE SUITE DE RIGOLER OU J'TE FUME LA GUEULE FAÇON LOCOMOTIVE, SALOPERIE DE PIAF TONDU COMME UN CUL DE TRAVELO ! - ... Tar ?
Dernière édition par Brih Demau le Lun 23 Avr 2012 - 21:33, édité 40 fois
Posté Mer 18 Avr 2012 - 22:17 par Brih Demau
Chapitre IV : Tout feu tout Flab !
- Alors, enfin réveillé ? Vous avez fait un sacré somme, repahahahaha ! - Pourquoi il fait aussi sombre ? Je... Je suis où, là ? - Là, là... Lamelles d'encornets à la tomate : couper l'oignon en petits morceaux, le poivron en... - Quoi ? - Quoi gras poêlé aux pommes : quatre tranches de quoi gras de canard... - MAIS VOUS ÊTES QUI BORDEL ? - Oh, mille excuses ! J'ai oublié de me présenter, ter, thé à la menthe ! Je suis Venèle D. Néécervy, maître-queux de niveau 9 à Flab Island ! - Flab Island ? C'est quoi ? - C'est ça, monsieur, c'est... ÇA !
Un bruit sourd de clenche retentit, le long de l'espèce de tube sombre dans lequel Brih semblait se trouver. Puis une série de cliquetis métalliques démarra, de plus en plus rapide, pendant que le garçon sentait le tube se redresser vers le haut. Si les guerriers MacBeasty avaient coutume d'utiliser un canon, le jeune nain aurait vite compris ce qui se tramait, et aurait probablement commencé à s'inquiéter pour son intégrité physique dans un avenir très proche. Mais, ne connaissant que l'épée, la hache et le marteau, Brih ne pouvait pas savoir dans quelle situation délicate il se trouvait ; aussi se contenta-t-il de bâiller d'un air morne, attendant qu'on lui fournisse plus d'explications sur le lieu où Tar l'avait emmené. Il avait le vague souvenir d'un survol de l'océan plusieurs heures durant, avant de s'endormir, abattu par les récents événements. Et alors qu'il repensait à la manière dont Karadoc l'avait sauvé de l'enfer de la bataille en le projetant au loin d'un geste puissant, les dieux du timing se montrèrent farceurs en lui faisant connaître un second lancer, au moment même où le souvenir du premier lui revenait en tête. A ceci près que ce lancer-là était légèrement plus bruyant et douloureux que le précédent.
Le nain survolait Flab Island à une vitesse presque supersonique ; il aurait volontiers hurlé à la mort, mais l'accélération faisait entrer l'air dans ses poumons avec beaucoup trop de force pour qu'il puisse tenter d'exhaler le moindre soupir. Il put ainsi se consacrer tout entier à l'observation du paysage qui s'étendait en dessous de lui - visiblement, le canon qui l'avait expulsé se situait en haut d'une tour. Une bien curieuse terre, que cette île de Flab : si Brih avait su qu'elle était réputée sur Grand Line en sa qualité de cuisine géante, il aurait peut-être mieux compris la singularité des bâtiments. En effet, Flab Island tenait le haut du panier question démesure gastronomique, avec ses mythiques écoles de cuisine et ses cantines pantagruéliques... le tout contenu dans une architecture phénoménalement absurde, et témoignant bien de l'obsession culinaire dont semblaient habités tous les résidents locaux. Que ce soient les tours en forme de carottes, les dômes rappelant étrangement une titanesque motte de beurre, ou encore les toitures qui semblaient faites de millions de biscottes, toutes les structures de cette île hurlaient l'amour de la cuisine (ou tout simplement un attrait excessif pour la bouffe). Même le matelas qui amortit la chute de Brih - ce qui excluait totalement la thèse de l'accident balistique, rendant la situation quelque peu vexante pour celui qui avait bel et bien été pris intentionnellement comme projectile - était une sorte d'énorme brioche. Et quel véhicule croyez-vous que le dit Venèle D. Néécervy employa pour rejoindre celui que nous devons bien appeler son cobaye, n'en déplaise à son orgueil ? Un pogo-stick en forme d'asperge, bien entendu.
- Lancer réussi, repahahahaha ! Mon nouveau canon est fonctionnel, fonquenelle, quenelle de dindonneau !
C'est ainsi que Brih Demau fit la connaissance de Venèle D. Néécervy, et par extension de tous les hurluberlus bidouilleurs de ratatouille qui résidaient sur Flab Island, répartis en niveaux allant de 1 à 10 (à savoir : "Je foire toujours mes pâtes parce que j'oublie de les faire cuire" et "Quand je touche un aliment pourri, il redevient instantanément de la première fraîcheur"). Le bonhomme était lui-même, comme il aimait le rappeler à quiconque avait au moins une esgourde en état de fonctionnement, maître-queux de niveau 9 ; et pourtant, ce n'est pas pour ses talents culinaires - au demeurant assez élevés pour considérer All Blue comme franchement dispensable comparée aux merveilles qu'il savait mettre en assiette - que Brih l'admira le plus. On n'avait jamais enseigné au gamin à apprécier la bonne bouffe : pour lui, un sanglier cru valait infiniment mieux qu'un pot de caviar, pour la simple raison qu'il y a beaucoup plus à se mettre sous la dent dans un sanglier (à moins d'un TRÈS GROS pot de caviar, ce qui somme toute n'était pas inenvisageable sur une île telle que Flab Island, où foisonnent piscines de sauce et squares pour enfants en chocolat-charcuterie). Non, ce qui valut à Venèle les petits yeux émerveillés du jeune nain, après une fréquentation plus approfondie, c'est son talent d'ingénieur. L'homme n'était pas seulement un magicien de la casserole, il était également un artiste de la clé à molette ; d'où des expériences mécaniques diverses dont le but semblait parfois (voire carrément souvent) n'être pas tant de vérifier la validité de telle ou telle invention, que de les briser somptueusement à un maximum de personnes avec des "BOUM", des "BANG" bien souvent suivis par des "C'EST ENCORE L'AUT'NABOT QUI BIDOUILLE SA MERDE, FUMIER !". Car oui, ce qui facilita énormément le contact entre le sujet de cette histoire et le maître-queux de niveau 9, c'est également leur vision commune sur le monde ; un monde où l'on peut monter les chiens comme des chevaux, et où les hommes sont des entrejambes qui parlent. Venèle D. Néécervy était un nain, lui aussi. Le nombre de centimètres qui le séparaient du sol n'était guère plus élevé que celui des années qui le séparaient de la naissance : à peu de choses près, une soixantaine. N'ayant jamais fréquenté que des personnes qui auraient pu se servir de lui comme coton-tige - certains parmi les moins urbains ne s'en étant d'ailleurs pas privés - Brih considérait cette rencontre avec un autre nabot comme une bénédiction. Très vite, il reprit les habitudes d'asocial endurci qu'il avait contractées sur Erbaf, ne concédant sa conversation qu'au cuistot ingénieur qui, comble de la somptuosité, avait connu Bohjeu Demau, Karadoc MacBeasty et Acksel Laurent Outan dans leur jeune temps. C'est totalement fasciné que le jeune Brih écoutait les histoires rocambolesques de ces trois pirates au cœur d'or et aux couilles d'acier trempé, qui risquaient allègrement leur vie en enchaînant marrave sur marrave, faisant parfois un crochet à Flab Island pour se détendre en... risquant allègrement leur vie dans cette aventure fantastique qu'était le Festival Karnaval. Cette grande spécialité de l'île était une sorte de jeu de survie, déchaînant le bestiaire le plus délirant (qui n'aurait pas craint les Banana-Crocos, les Moutons Gloutons, les Pikachu Quarterbacks ou encore le terrible Éléflan ?) dans une arène truffée de pièges aussi divers que retors. Quelques mois après son arrivée sur Flab, Brih eut l'occasion d'assister à l'un de ces tournois, avec la chance de tomber sur l'un des plus dantesques depuis la création du jeu : un vieil officier de la Marine du nom de Stark Lawcoe avait alors affronté l'étoile montante de la piraterie Nora Niji, lors d'un combat épique au cœur d'un charivari animalier dont ils avaient triomphé avec assez de panache pour réduire l'arène en miettes. C'est ce jour-là, en voyant avec quelle ardeur combattaient ces fiers guerriers des mers, que Brih Demau décida de prendre son destin en main. Lui aussi serait un combattant, tout comme son père, tout comme son mentor, tout comme cet homme qui l'avait secouru à dos de ptérodactyle, tout comme ce vétéran de la Marine et ce pirate au sourire étincelant. Son bras gauche, totalement inerte depuis sa blessure à l'épaule dans la bataille d'Erbaf, ne devait pas être un obstacle à son appétit de combat. Et il savait comment y remédier. Il avait toujours haussé un sourcil incrédule au récit d'hommes qui, au bord de la mort, avaient rafistolé leur organisme à grand renfort de plaques d'acier pour repartir aussi fringants qu'auparavant... Un forgeron d'Erbaf s'y était essayé un jour, obtenant pour seul résultat la paralysie totale du bras droit d'un guerrier, entièrement bloqué dans une coulée d'acier ; incident qui, malgré sa volonté de se faire appeler "Bras-de-Masse", ne lui fit récolter parmi ses pairs géants que le sobriquet, moins reluisant, de "Pas-de-Branlette" (et c'est ici que l'on comprend d'où Brih Demau tire sa subtilité légendaire). Mais le savoir-faire de Venèle D. Néécervy dépassait de loin celui du forgeron Latrick A. Patrick, et le nain ne s'y trompa pas : il lui accorda sa confiance totale pour mécaniser son bras gauche afin qu'il en ressorte comme neuf.
L'opération fut délicate, mais le résultat était parfait. Lorsqu'il se leva du billard, Brih pouvait mouvoir son bras avec autant d'aisance que si la blessure n'avait jamais eu lieu ; en prime, Venèle avait même pris la liberté de lui loger trois lames de tronçonneuse alimentées au cidre dans les jointures, qu'il pouvait dégainer à loisir comme s'il s'agissait de griffes. Remerciant profondément son bienfaiteur, le seul nain ayant jamais vécu à Erbaf voulut alors prendre congé. Mais le maître-queux ne l'entendait pas de cette oreille - il ne l'entendit d'ailleurs pas de l'autre non plus, ou alors il fit bien semblant. Et, dans un discours de plusieurs heures aux envolées lyriques fantastiques, il déclara au jeune homme :
- Ça ne te dirait pas d'apprendre le métier toi aussi ? Tu peux toujours avoir besoin de te refaire une santé... quila sunrise ! Repahahahahaha !
En fait, il semblerait plutôt que le discours en question n'ait duré en tout et pour tout que quelques secondes, et qu'un seul calembour culinaire (suivi d'un rire tout aussi culinaire) ait fait office d'envolée lyrique fantastique. Mais il n'en fallait pas plus pour convaincre Brih Demau - ne serait-ce que parce qu'un homme capable de faire un jeu de mots aussi phénoménal à la manière d'un réflexe mérite que l'on passe plus de temps en sa compagnie. Dix ans s'écoulèrent donc, dix années de peines et de joies, d'efforts et de réconforts, de disputes et de réconciliations, d'abondance alimentaire et d'ABONDANCE ALIMENTAIRE. Dix ans durant lesquels Brih Demau apprit à écouter le chant du métal, à le plier, le fondre, le modeler, à dompter la poudre à canon, à faire du chalumeau son ami le plus fidèle. Karadoc MacBeasty lui avait appris à détruire avec un marteau ; Venèle D. Néécervy lui apprit à créer avec un marteau. Ces dix années furent riches en enseignements, tant au niveau technique que spirituel ; car non content d'être un excellent cuisinier et un ingénieur remarquable, le maître-queux était également un homme très cultivé. Il apprit à Brih l'existence d'un culte pratiqué par certaines sectes composées uniquement de nains : le Culte du Lanceur, dont les adeptes devraient passer leur vie à chercher une entité nommée le Saint Lanceur de Nains, capable d'exécuter le lancer le plus parfait au monde (avec un style "qui n'a d'égal que celui de la foudre sur le lac gelé, la lame qui fend la pluie de sang, le coucher de soleil sur la crinière du lion ou l'uppercut avec un jambonneau", selon les textes sacrés). Venèle lui-même était étranger à cette religion, mais lorsqu'il en parla à Brih, ce dernier se rappela de la manière dont Karadoc l'avait lancé juste avant de mourir. Si la valeur d'un homme se mesurait réellement à sa capacité à projeter un nain, le chef MacBeasty était effectivement le héros que le jeune homme avait vu en lui durant toutes ces années, a fortiori le jour de la bataille dantesque qu'il avait déclenchée sans une once de frayeur. Le jeune Brih Demau, alors qu'il apprenait de son nouveau mentor l'art de l'ingénierie mécanique, s'ouvrait donc également à cette étrange spiritualité, devenant de plus en plus insupportable aux yeux de tous ceux qu'il tannait sans vergogne pour être lancé à tort et à travers. Cela n'aida pas à enrichir sa vie sociale - déjà sérieusement compromise par le fait d'adresser la parole sans caps lock uniquement à Venèle - mais le jeune homme n'en avait cure. Son seul objectif était de finaliser son apprentissage afin de partir en mer à son tour, comme son père, Karadoc et Acksel avant lui, avec un but, un idéal qui guiderait sa vie : trouver le Saint Lanceur de Nains.
Mais on ne peut pas négliger ses relations sociales aussi allègrement sans risque aucun, a fortiori lorsque l'on est exactement à la bonne hauteur pour qu'un discret encastrement facial d'un genou étranger puisse passer pour un malheureux accident. Brih Demau, par son autarcie (et ici, c'est uniquement l'amour que je porte à ce personnage singulièrement attachant qui m'empêche d'employer le terme "autisme") persistante, refusant catégoriquement de s'intégrer à cette vaste communauté qu'était Flab Island, avait fini par acquérir aux yeux de beaucoup, certaines similitudes troublantes avec un accès d'eczéma logé à un endroit que la décence m'interdit de nommer - n'étant pas homme à me soucier des exigences de la décence, je vous informe donc qu'il s'agit du prépuce. Vous l'aurez donc compris, Brih Demau était IRRITANT ; car si un grain de poussière dans l'oeil est irritant, un accès d'eczéma sur le prépuce est, lui, IRRITANT. C'est pourquoi, sous couleur de "te lancer, allez, puisque ça a l'air de te faire tellement plaisir", un fourbe cuisinier du nom de Machiavel J. Satan (J. pour Judas, ça ne s'invente pas) balança sans scrupule le pauvre nain dans l'un des nombreux frigos de l'une des nombreuses cuisines de l'une des nombreuses cantines de l'île, avant de verrouiller celui-ci et de s'en aller en se frottant les mains et riant sous cape (au sens propre du terme, car il portait en permanence une cape de fourrure rouge et noire, du plus bel effet - ça ne s'invente pas non plus). Ce qui ne devait être à l'origine qu'une simple mesure salutaire pour imposer à Brih Demau un mutisme qui ne ferait de mal à personne pour une petite demi-heure, prit tout à coup des dimensions autrement plus tragiques lorsqu'un appel de DenDen Mushi informa le dit Machiavel de sa mutation dans une cuisine de Marineford, prenant effet sur l'heure ; tout à sa joie de préparer la tambouille pour du colonel aussi galonné que moustachu - Machiavel Judas Satan, comme son nom et ses façons vestimentaires l'indiquent assez bien, ne jurait que par les stéréotypes - le cuistot prit le premier bateau à destination du QG de la Marine, oubliant totalement d'informer qui que ce soit du triste sort qu'il avait réservé au malheureux Brih. Du reste, personne ne s'en soucia réellement : lorsque l'on est débarrassé d'une plaque d'eczéma sur le prépuce, on s'occupe plus de fêter dignement l'événement que de se demander ce qu'elle a bien pu devenir. Le seul à se demander où était passé le nain, fut bien évidemment Venèle D. Néécervy ; mais il finit par conclure qu'il avait pris la mer sans en toucher un mot à personne, et reprit ses bidouillages mécaniques avec l'insouciance qui le caractérisait.
C'est ainsi que Brih Demau passa trente-deux années de sa vie oublié dans un frigo, plongé dans un profond coma cryogénique. L'appellation de légume, pour le coup, ne me semble pas usurpée.
Chapitre V (épilogue) : J'ai pas trouvé de calembour pour celui-là
Heureusement, ce n'est pas ici que l'histoire de Brih Demau s'achève - je vous conseille donc plutôt d'utiliser les couteaux que je vois dans vos regards pour éplucher les fruits que vous vous apprêtiez à me lancer sur la gueule. Au bout de ces trente-deux années (le bonhomme ayant donc atteint les cinquante-quatre piges sans remuer un cil), les pontes de Flab Island éprouvèrent le besoin de renouveler leur matériel - besoin probablement ressenti lorsque l'on n'arriva plus à distinguer à coup sûr une casserole d'une louche, il s'en trouvait même pour confondre l'un et l'autre avec une râpe à fromage. Les vieux frigos furent donc bazardés avec le reste, au profit de fournitures beaucoup plus high-tech, dont le mode d'emploi demandait un examen approfondi avant de seulement pouvoir définir dans quel sens il fallait le lire. Le caisson dans lequel se trouvait notre héros fut donc chargé sur un navire à destination d'une petite île de South Blue sans histoire, vendu à un couple de retraités sans histoire, impatients de pouvoir conserver la viande sans histoire de leurs vaches sans histoire, nourries dans un pré sans histoire. Mais ce frigo avait, lui, une histoire : celle d'un nain élevé parmi les géants, qui avait couru à travers une bataille, qui avait vécu la fin d'un Empereur, qui avait chevauché un ptérodactyle, qui avait appris à dompter le métal, qui était parti à la recherche du Saint Lanceur de Nains, qui s'était fait enfermer comme un abruti dans un caisson réfrigérant. Et lorsque le couple de retraités ouvrit le frigo, cette histoire rocambolesque les frappa de plein fouet, faisant même valser le petit vieux jusque dans l'armoire qui avait traversé les générations et s'en trouva réduite en miettes sur le fouet - le marteau de guerre d'un nain furibard ayant peut-être légèrement aidé l'histoire en question à provoquer un tel choc dans la maisonnée. Et lorsque Brih Demau jaillit du domicile des retraités comme un diable hors de sa boîte, et se mit à courir comme un dératé dans la grand-rue, la petite vieille sut qu'elle venait de croiser un être hors du commun.
Et elle était loin d'être la dernière...
>> Test RP
La chaleur était écrasante, pesant sur les épaules de ce cavalier solitaire comme un obèse sur sa balance un lendemain de réveillon. L'air brûlant coulait paresseusement, se déchirait, s'écharpait avec l'épaisseur de la mélasse, donnant au paysage meurtri par la lumière implacable des allures légèrement hallucinatoires, pour ne pas dire franchement cauchemardesques. L'armure du cavalier, que le soleil vicieux avait pris soin de régler sur thermostat 7, ne l'aidait en rien à garder la tête droite ; n'était le brave poney qui continuait à avancer dans la poussière ocre, l'homme aurait depuis longtemps rejoint les crânes blanchis d'infortunés bovins, qui à défaut de trains pouvaient à présent admirer les passages sporadiques de voyageurs convaincus qu'après tout, la route jusqu'à Morricone Dust ne pouvait pas être si longue que ça (un a priori qui se vérifiait pour certains d'entre eux puisqu'il se desséchaient avant d'avoir atteint les cinq kilomètres). Un serpent à sonnette jeta un regard paresseux à l'homme et sa monture, d'un air de dire "Si seulement j'avais moins la flemme, j'abrègerais vos souffrances à tous les deux. Quel dommage" ; tandis que quelques vautours volaient en larges cercles au-dessus, d'un air de dire "Si seulement le serpent avait moins la flemme, on aurait à bouffer tout de suite. Quel fils de pute". Mais Brih Demau n'était pas du genre à se contenter d'une mort de tantouze - et si l'on considère que claquer après plusieurs heures d'avancée pénible, dans la poussière d'un désert assez écrasé par la chaleur pour en récolter des fissures au niveau du sol, constitue une mort de tantouze, imaginez ce qui serait nécessaire pour que le nain consente à laisser son enveloppe charnelle disposer d'elle-même. En d'autres termes, si une moule accrochée à son rocher constitue d'ordinaire une référence en matière d'obstination, Brih appartenait à part entière au dit rocher ; en conséquence, les vautours pouvaient toujours aller se brosser pour goûter à sa chair. Résignés, ceux-ci se contentèrent donc de lui jeter un regard acerbe accompagné de claquements de becs, avant de se poser l'un après l'autre, du plus grand au plus petit, sur le panneau qui indiquait l'entrée de la bourgade, dans la plus pure tradition du western. Un panneau qui indiquait "Morricone Dust. Étranger, tu es un étranger : ça fait deux raisons de craindre pour ta vie." Dans le cas de Brih Demau, on aurait pu y ajouter une troisième raison, à savoir une tendance non négligeable à casser les couilles de tout ce qui avait une paire d'oreilles dans un rayon d'une bonne dizaine de mètres - ce qui entraînait bien souvent une montée immédiate du taux de testostérone moyen, jusqu'à dépasser celui d'une bande de forbans se disputant les faveurs de la dominatrice impitoyable presque aussi sexy que stéréotypée. Une perspective qui n'empêcha pas son poney de s'engager dans la rue centrale de Morricone Dust - en réalité, la seule rue de Morricone Dust, bordée par des bicoques en bois ; on se demandait bien d'ailleurs où les bâtisseurs avaient bien pu trouver les matières premières, étant donné l'absence totale du moindre arbrisseau à plusieurs kilomètres à la ronde. Nul doute que cette bourgade avait poussé au milieu de ce désert dans l'unique but de faire chier le principe de cohérence. Brih étant lui-même légèrement brouillé avec cette loi universelle depuis son séjour de trente-deux ans dans un frigo sans en garder la moindre séquelle, il aurait en principe toutes les raisons du monde de se plaire dans ce patelin. Mais il aurait fallu pour cela exclure la population xénophobe à l'extrême de Morricone Dust ; et Dieu sait que des pointures pareilles, faut s'accrocher pour les exclure. Justement, l'un d'eux le regardait fixement avancer le long de la rue poussiéreuse, les yeux cachés dans l'ombre de son chapeau de cuir fatigué.
C'était un fusil, ce qu'il lui pointait dessus ?
*Bang* - PUTAIN MAIS T'AS FAIT DU SAUT A L’ÉLASTIQUE AVEC LE CORDON OMBILICAL QUAND T’ÉTAIS BÉBÉ TOI OU QUOI ? T'AS FAILLI ME BUTER ! - Si faut ça pour que tu te casses de notre belle ville, j'hésiterai pas une seconde, étranger. - Comment j'ferais pour me casser si je suis mort ? - ... T'es un malin toi. J'aime pas trop les étrangers malins. Ils sont trop... Enfin trop malins quoi. Et en plus ils sont étrangers. - Tu saurais pas où j'peux trouver à boire ? - Si j'le savais, j'te le dirais pas. J'dis jamais c'que je sais aux étrangers. - Mais vu que tu le sais pas, tu peux me le dire ? - J'suppose ouais. Avance encore de dix mètres, le saloon est sur ta gauche. Mais j'suis pas sûr qu'ils acceptent de servir un étranger. - Pourquoi tu répètes "étranger" à chaque fin de phrase ? - Ca s'appelle un running-gag, étranger.
Sur cet échange des plus inhabituels (pour une personne ordinaire s'entend : ayant passé dix ans sur une île où connaître la couleur du chou doré de Foutrencloche était une condition sine qua non pour pénétrer le territoire, Brih Demau était quelque peu rodé question dialogues excentriques), le nain continua sa route jusqu'au saloon, toujours suivi par le canon de la vieille pétoire - habitude tenace plutôt que réelle agressivité, apparemment. Laissant son poney étancher sa soif à l'abreuvoir sous le regard vindicatif de deux chevaux coiffés d'un chapeau de cow-boy, Brih s'avança vers l'entrée, d'un pas assuré que sa fatigue et son état d'abattement quelques minutes auparavant n'auraient en rien laissé présager. Ses petites mains se posèrent sur les deux battants de bois, et d'une vigoureuse poussée il fit son entrée dans le saloon de Morricone Dust.
Les saloons sont habituellement des lieux excessivement animés, où les chants d'ivrognes disputent le monopole du bruit aux bagarres intempestives, le tout dans une atmosphère embrumée par les multiples fumeurs et les vapeurs d'alcool - qui ne semblent toutefois pas empêcher tous leurs occupants de rivaliser d'ingéniosité pour tricher au poker. Pourtant, celui de Morricone Dust était un havre de paix. Du moins, c'est ce qu'aurait imaginé un aveugle en se fiant uniquement au silence absolu qui régnait ; mais Brih Demau avait deux mirettes en état de fonctionnement, qui l'informèrent d'une multitude d'autres mirettes pointées en sa direction, chacune porteuse d'un éclat qui allait de "J'ai qu'une seule envie, c'est de te buter, étranger" à "J'AI QU'UNE SEULE ENVIE, C'EST DE TE BUTER, ÉTRANGER !". Tout un chacun ayant cessé ses activités, on entendait distinctement résonner le bruit des bottes du nain s'écrasant sur le plancher, les cliquetis de son armure et le froufrou de sa cape écarlate dans la poussière. Sans se laisser démonter par cette agressivité qui suintait autant que la graisse d'un sandwich rillettes-beurre-confit-de-canard-foie-gras généreusement arrosé d'huile, Brih continua à marcher jusqu'à se retrouver en face du barman - ou du moins, en face du comptoir ; il ne pouvait guère que présumer la présence du barman derrière ce qui lui apparaissait comme un mur de bois.
- Un whiskey. - Ici on ne sert pas ceux qui dépassent pas le comptoir. - Et vous servez les étrangers ? - Non plus. - Du coup, ça s'annule non ? - C'est un whiskey que vous avez demandé ? - Bien frais.
De deux choses l'une : soit les habitants de Morricone Dust étaient un peu cons, soit... soit... En fait, il semblerait que les habitants de Morricone Dust étaient un peu cons. Ce que Brih pouvait utiliser à son avantage - bien sûr, il y a toujours un nombre incalculable de manières d'utiliser à son avantage une carence en QI dans son entourage immédiat, ne serait-ce qu'en flattant son propre ego à la manière des enfants qui, placés en hauteur, jubilent de voir leurs parents "tout petits comme des fourmis". Mais le nain avait sa propre manière de voir le monde d'en haut : être lancé dans les airs constituait un bon moyen de se soustraire à la compagnie du sol, quitte à se voir rappeler ensuite l'existence de ce dernier avec une brutalité plutôt conséquente, non départie d'une certaine forme de jalousie tellurique à l'égard des prairies célestes que Brih s'efforçait de tutoyer à l'aide d'une paire de biceps lanceurs bien taillés. Si les habitants de Morricone Dust s'élevaient bien plus souvent au-dessus de leurs chevaux au niveau spatial qu'intellectuel (ce qui expliquait peut-être le fait que les canassons s'ornent de chapeaux au même titre que leurs cavaliers, manière d'accentuer les similitudes entre ce que les uns et les autres planquaient sous les dits couvre-chefs), ils n'en restaient pas moins de sacrés gaillards bien charpentés, fort capables de lancer un nain avec les honneurs - les cavaliers, pas les chevaux. Et, somme toute, c'est tout ce que Brih Demau attendait d'eux. Sitôt son verre de whiskey vidé, il bondit sur le comptoir face aux autochtones, toujours figés dans une attitude qui laissait peu de place à l'ambiguïté - à partir du moment où toutes les armes à feu que contient la salle sont pointées en direction du nouveau venu, au même titre qu'un bon paquet d'armes blanches, on peut considérer que l'ambiguïté est allée faire un petit tour au-dehors. Mais Brih était quelque peu accoutumé aux manifestations d'agressivité les plus diverses depuis qu'il avait commencé à différer résolument de l'individu lambda - ce qui remonte peu ou prou à sa naissance ; aussi ne se laissa-t-il pas démonter par l'éclat menaçant des canons braqués sur lui et prit la parole d'une voix forte et claire (du moins, aussi forte et claire que possible lorsque la seule chose ingurgitée depuis deux jours est un verre de whiskey, frelaté qui plus est).
- Vous n'aimez pas les étrangers par ici, n'est-ce pas ?
Aucune réponse. A moins de considérer le cliquetis de plusieurs dizaines de fusils et pistolets que l'on charge comme une réponse. Et finalement, peut-être en était-ce une.
- Vous voulez que je quitte votre patelin, c'est ça ?
S'il était possible de charger une arme à feu deux fois de suite, nul doute que chaque occupant du saloon aurait fourni une réponse à cette question fort similaire à la précédente.
- Et vous savez ce qu'on fait lorsqu'il y a quelque chose qu'on veut virer ?
Certains habitants du coin trouvèrent un substitut plutôt satisfaisant - et autant, voire carrément plus menaçant - au cliquetis de leurs armes, en faisant craquer leurs jointures à la place ; mouvement bientôt suivi par l'ensemble du saloon, qui se mit à crépiter avec la joie d'un incendie. Toujours pas perturbé, Brih continua son monologue (ou dialogue à faible implication de l'interlocuteur, vocale du moins).
- Eh bien, on le lance ! Le plus loin possible ! Alors, il va falloir désigner celui d'entre vous qui est capable de me lancer le plus vigoureusement, et vous serez débarrassé d'un étranger ! - Ok, tu m'as convaincu.
Cette phrase venait de surgir de toutes les bouches, avec une synchronisation qui aurait fait pleurer le chef de chœur le plus chevronné - en admettant qu'un chef de chœur se soit attardé à Morricone Dust, ce qui était tout de même franchement improbable. C'est sur ces entrefaites que commença le casting du bienheureux qui aurait l'honneur et la chance de pouvoir lancer Brih Demau loin du patelin.
♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
- J'te dis que j'ai lancé ce putain de caillou plus loin que toi ! - Non ça compte pas ! T'as pris de l'élan ! - C'est autorisé l'élan ! Hey, étranger ! C'est autorisé l'élan, pas vrai ? - Eh bien c'est à dire que... - Personne a pris d'élan à part toi ! Espèce de sale tricheur ! - DE QUOI ? MOI, TU ME TRAITES DE TRICHEUR ? - Parfaitement ! TRICHEUR TRICHEUR TRICHEUR ! - Écoutez, les gars... - Si tu veux traiter quelqu'un de tricheur, ce serait plutôt Bernie Mockenjack ! - Hein ? IL DIT QUE J'AI TRICHÉ L'AUTRE CON ? - Là non, mais j'rejouerai plus jamais au poker avec une enflure comme toi ! - Tu parles pas comme ça à mon frère ! - Ta gueule toi le pédé ! - QUI C'EST QU'IL TRAITE DE PÉDÉ LUI ?! - Nan sérieusement, là faudrait penser à... - Quoi, t'es pas pédé peut-être ? J'PEUX SAVOIR POURQUOI TU PARLES EN ROSE ALORS ? - C'EST PAS DU ROSE, C'EST DU DARKSILVER ! - Tu sais bien que c'est pas facile pour lui, alors tu fous la paix à mon frangin, sale voleur de poules ! - QUOI ? C'est Joshuah qu'avait volé mes poules l'autre fois ?! - VOUS AVEZ AUCUNE PREUVE ! - Mais on s'en fout de... - Tu veux qu'on aille faire un tour dans ta baraque ? J'SUIS SÛR QUE LES PLUMES Y SONT ENCORE ! - LE PREMIER QUI TOUCHE A MA BARAQUE J'LUI RAMONE LES NASEAUX AVEC MA CARABINE ! *BAM* - ET ÇA, ÇA TE RAMONE LES NASEAUX ?! - MAIS VOUS ALLEZ ARRÊTER VOTRE BORDEL, BANDE DE RACLURES DU FOND D'MON SLIP, OU J'FAIS DU GOLF AVEC VOS ROUSTONS JUSQU’À CE QU'ILS SAIGNENT ASSEZ POUR QUE VOUS AYEZ L'IMPRESSION D'AVOIR VOS RÈGLES !
A ce moment précis, l'un des chevaux de Morricone Dust établit définitivement la preuve que lui et ses confrères étaient pourvus d'infiniment plus de jugeote que la belle bande de branques qui leur servaient de cavaliers : d'une solide ruade, il envoya Brih Demau voir ailleurs s'il y était. Indubitablement, le canasson n'y était pas ; le nain en revanche, ne tarda pas à y être, tant la violence de l'impact et la vitesse acquise qui en découlaient lui firent ressentir un écart temporel assez minime entre la station debout à Morricone Dust et l'étalement dans la poussière une dizaine de mètres plus loin, d'où une légère incompréhension de sa part quant au lien logique qui s'était établi entre les deux. En revanche, lorsqu'une ombre grandissante entreprit de cacher le soleil juste au-dessus de lui, accompagnée d'un hennissement de poney tout aussi grandissant, il comprit immédiatement deux choses. Premièrement, les hommes de Morricone Dust s'étaient finalement décidés à lancer quelque chose en dehors du village.
Deuxièmement... c'était bien plus lourd que ça n'y paraissait, un poney.
Aime : Disserter sur le rôle prépondérant des huîtres de culture dans la chute des monarchies de droit divin. Manger les dites huîtres, accessoirement.
N'aime pas : Les voleurs et les fils de pute.
Personnage préféré de One Piece : Smoker, Garp, Barbe-Blanche côté badass, Brook côté funky et Franky entre les deux
Caractère : Moi j'suis simple à comprendre ! Quand j'dis un truc, il faut rire. Si c'est pas drôle, il faut rire quand même, parce que sinon j'boude. Et si j'vous dis quelque chose du genre "SALE CATIN DES ÂGES FAROUCHES DU BRÉSIL", faut pas l'prendre mal hein. Moi j'les aime les catins des âges farouches du Brésil ♥
Fais du RP depuis : Bon, on va bien compter trois ou quatre ans si on remonte aux posts tout nazes d'une poignée de lignes en RP solo.
Disponibilité : Euh... J'ai des rythmes assez variables. J'suis passé de plus d'un post par jour y a un an à un post par semaine dernièrement. M'enfin j'suis à peu près sûr de me pointer sur le forum tous les jours en tout cas.
Comment avez vous connu le forum ? On s'est rencontrés sur la plage de Dunkerque j'crois.
Dernière édition par Brih Demau le Mer 25 Avr 2012 - 12:36, édité 14 fois
Posté Jeu 19 Avr 2012 - 22:39 par Flint Westwood
Bang ! Messages effacés et v'là ton test rp, si ça te botte pas, tu fais signe, je t'en concocterais un autre !
Tu arrives dans une ville composée uniquement de bonnes vieilles brutes épaisses, genre qui font pas vraiment dans la guipure ancienne...C'est aussi l'genre de bled où on aime pas beaucoup les gars dans ton genre, enfin du genre à être différent de par l'physique quoi ! Et toi tu trimes comme un beau diable depuis ton départ de Flab Island pour trouver ton Graal, le fameux saint lanceur de nain ! C'est à ton arrivée dans cette ville que t'as la sublime et géniale idée d'organiser un casting pour trouver ta perle rare, celui qui te fera frémir, le putain de gars qui te fera décoller jusqu'au septième ciel ! Raconte nous cet événement.
Posté Mer 25 Avr 2012 - 12:37 par Brih Demau
Voilà voilà, test RP terminé ! Allez, venez me valider mes chéries ♥
Posté Sam 28 Avr 2012 - 23:46 par Game Master
BIenvenue et voici un premier avis pour toi : Dans l'ensemble, si je suis plutôt emballé par le personnage au fort caractère, il y a un truc qui m'emballe moins: le ramassis de vulgarité. Ca colle au personnage, certes, mais on est à l'écrit !!! Donc les "putain" est les "bordel", ça me brûle les yeux (ça m'a tellement cramé qu'au milieu de la présentation j'ai du faire imprimer le texte en braille, aux 3/4 mes doigts ont pris feu donc on a fini par me lire le reste et là je suis sourd ! .... )
Je suis peut-être un peu trop vieux jeu de ce point de vue là, mais pour moi c'est voir un autant de "putain" dans un texte c'est exactement la même chose que de voir des fautes énormes.
Tu comprendras donc que j'ai largement préféré les passages de narration ou de dialogues plus "classiques". Les espèces d'apartés sont assez sympathique aussi !
"Acksel Laurent Outan ?" > ça m'a décroché un petit sourire ^^.
Niveau fond je n'ai rien à redire (ou peut-être que je suis trop omnibulé par la forme pour le coup), la biographie est un peu longue et on se perd parfois sur des détails peu utiles.
Tout cela est très bien, pour moi ce sera donc du 700-800 dorikis, et je peux éventuellement monter si tout le monde est ok.
Posté Mar 1 Mai 2012 - 16:52 par Sergueï Suyakilo
J'vais faire court.
Par ce que trouver mille critiques serait méchant.
J'ai adoré ta partie d'histoire sur Elbaf. C'est du badass vendant du rêve bien comme il faut avec des PNJs bien classes.
Tes descriptions étaient sympathiques, quoi qu'elles vendaient moins de rêve et étaient plus dans l'humour gras qui n'est pas mon humour préféré.
Sinon ton test rp est super sympa, avec une belle ambiance western.
Niveau "j'ai moins aimé", la fin de ton histoire est pour moi la moins bonne partie. C'est un peu longuet j'ai trouvé. 'Fin longuet, par rapport au reste quoi.
Pour le reste c'est du très très sympa. J'suis pour 1 000 D si les collegues sont d'accord, sinon bah 800D.
Posté Mar 1 Mai 2012 - 18:31 par Flint Westwood
Bang ! Dernier avis pour toi !
Bon bah, je te l'ai déjà dit à de maintes reprises sur la CB mais j'ai franchement bien aimé ta fiche en général. Pas vraiment vu de fautes, un style bien drôle qui fait mouche presque à chaque fois...Bref du bien bon. Comme l'ami Serg', j'ai bien aimé ce que tu nous racontes sur Elbaf, même l'ambiance lors de l'affrontement des géants face à l'empereur était épique...Du bon, du très bon donc ! Pas vraiment de remarques négatives à formuler.
Bref, 1000 D pour toi, bon jeu.
Posté Mar 1 Mai 2012 - 19:55 par Minos
Je ne suis pas sûr que l'huitre ait eu un rôle dans la chute de la Monarchie absolue de droits divins, du moins en France. Louis XIV les adorait, et jusqu'à l'invention de la triploïde je ne pense pas qu'on puisse redouter la moindre choses d'elles. Dieu merci (pas de quoi), ce n'est plus le cas à présent. Et Dieu non merci, la Monarchie absolue n'est plus. Tout se perd.
Alors Simon, tu écris bien, très bien même, c'est un plaisir de lire un texte de cette qualité. Ton histoire est bonne, tes personnages claquent et Le poing divin de Outan est un pur moment de bonheur. J'ai pas vraiment de défaut à déplorer, juste 2-3 regrets tout de même.
La biographie est excellente, meilleure que le test même, mais elle a une tronche de test rp. La bio doit être un résumé de la vie du perso avec quelques insistances sur un passage voulu. j'ai aimé te lire et tu peux être fier de ton histoire, mais elle ne respecte pas la consigne de base. Premier petit bémol.
Le second, c'est le manque d'aération. Je pense que je ne pourrais pas faire ce reproche sur un bouquin pro où un auteur pond des pavés si ça lui chante, mais sur un forum rp où on est en plus obligé de lire sur un écran (c'est pas chouette, mais c'est comme ça), manger de la brique est inconfortable, il faut vraiment marquer plus d'espace pour être mieux lu. Je te dis ce que j'applique pour moi au passage, je dois toujours fracturer mes blocs pour éviter d'en faire de trops gros moi aussi. Donc c'est un petit conseil que je te laisse pour la suite.
Enfin, comme mes prédécesseurs je vais parler de l'argot, et vais être le plus précis possible. Jouer un personnage argotique, ça arrive. là aussi je suis concerné. Mais rendre tous les persos que tu utilises grossiers, ça montre que ce n'est pas Brih qui est différent, mais que l'univers est comme ça. Ca ne me gênerait pas si c'était un forum sur la série les Lascars, mais One Piece est assez soft à ce niveau. On ne dirait pas en te lisant et ça dérange. Sans parler du fait que donner du "putain" à tous tes pnjs les rend moins intéressants. On dirait que l'auteur n'est pas capable de faire autrement et ce manque d'adaptation à la diversité des gars te désert.
A part ça, c'est du tout bon. j'ai apprécié les références placées et notamment celles à Kaamelott que tu affectionnes visiblement beaucoup. Ce donne 750 dorikis pour moi.
Bon jeu parmi nous en tout cas et amuse-toi bien.
Edit: Je ne suis pas favorable au 1000 dorikis (eh oui encore moi) et ai expliqué pourquoi. Donc vu qu'il y a 4 avis je laisserai un admin trancher, sachant que le 1000 doit être accepté à l'unanimité pour passer. Pour rappel:
GM: 700 puis 700-800 Serg: 800 à 1000 Flint: 1000 Minos: 750
Posté Mar 1 Mai 2012 - 21:47 par Game Master
Sachant que minos n'est pas favorable à 1000 et que moi j'ai donné une fourchette inférieure je valide cette présentation à 800 dorikis ! Bon rp