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Altercation avec un monstre marin

A une trentaine de nautiques de l’ilôt flottant. North blue

Le soleil à son zénith illuminait l’écume turquoise d’une mer houleuse, empli d’embruns et de d’iode. Les rafales de vent rendaient la navigation particulièrement difficile et les remous étaient loin d’arranger la donne. Pourtant, c’est sur cette mer peu hospitalière que l’agent Kaitô fendait les flots avec une batterie de scientifiques sur un vaisseau emprunté au quartier général de la marine de North Blue. Le vaisseau voguait en direction de l’ilôt flottant, havre de paix où la végétation luxuriante et le riche sous-sol se prêtent à des analyses biologiques et minérales ainsi qu’à des prélèvements diverses et variés par les officiers et scientifiques de la marine. Vous allez me dire, en quoi l’escorte d’une expédition scientifique concernerait les agents du Cipher Pol ? Les marines sont plus communément appelés pour ces missions de protection et d’assistance. De son temps, le docteur Vegapunk avait bien été placé sous la protection de militaires issus de la brigade scientifique. La raison invoqué pour la présence de Kaitô sur cette excursion relevait d’une importance capitale. Cette exploration scientifique était la troisième en l’espace de 1 mois, des évènements à la fois troublant et mystérieux étaient advenus aux deux premières expéditions. Les rapports faisaient état d’une sorte de monstre marin non identifié qui vadrouillerait dans cette zone. Aucun portrait physique ou psychologique n’avait été dressé et les témoignages faisaient mention d’une bestiole inhumaine à membres multiples. Quoi qu’il en soit, la dite créature aurait aisément coulé les navires scientifiques et le matériel onéreux qu’ils renfermaient.

Les motifs de la bestiole restaient cependant un mystère. Ce descriptif laissait l’agent Kaitô perplexe, il ne savait pas réellement à quoi s’attendre de la part de cette créature. Il ne pouvait estimer sa force et ignorait même si elle viendrait à se montrer aujourd’hui. L’agent espérait vivement rencontrer ce monstre présupposé, ne serait-ce que pour avoir le privilège de s’y frotter et de ramener sa carcasse encore tiède en guise de trophée au quartier général du Cipher Pol. Les scientifiques sur le pont se livraient à une batterie d’analyses atmosphériques, mesurant avec leurs précieux outils la composition de l’air ambiant. Certains, arborant fièrement leurs grosses lunettes à double foyer, commençaient même des thèses fumeuses et métaphysiques sur l’origine de l’air et des gaz présents dans les différentes strates de notre atmosphère. Un petit contingent de soldats d’expérience accompagnait l’expédition , majoritairement constitué d’artilleurs, de canonniers et de navigateurs.

Kaitô se tenait près des officiers cartographes et essayaient tant bien que mal de délimiter le périmètre d’action de cette bestiole sous-marine afin d’anticiper son assaut ultérieure. La carte faisait état de grands fonds et la présence de récifs dans toute la zone de navigation. Cette topologie procurait au monstre marin une pluralité de refuges sous lesquelles il pouvait se dissimuler après ses sévices commis. Par ailleurs, ces récifs acérés ne pardonnaient pas à quiconque viendrait tomber sur ceux-ci. Le monstre marin n’en ferait qu’une bouchée et emmènerait sa proie par le fond.

« Agent Kaitô, nous avons identifié ce qui semblerait être le périmètre d’action de la créature Octopus. La zone s’étend sur un rayon de 8 nautiques à partir de notre position actuelle. »

« Octopus ? Nous ne savons pas encore ce qu’elle est. Ne vous permettez pas de lui affubler des appellations avant même d’avoir croisé son regard, vous la transformeriez en mythe urbain auquel cas. »

La proue du bateau, orné de la mouette de la marine, sillonnait fièrement l’écume mousseuse des grandes lames de cette mer agitée. Kaitô fit prévenir les canonniers de se maintenir en position pour prévenir de toute attaque à l’encontre du navire. La vigie, haut perché, scrutait de sa longue vue l’horizon dégagé. Kaitô savait que dans ces mers, tout pouvait arriver à la moindre seconde et rien ni personne n’était à l’abri des dangers bien connus de cette océan.

* A nous deux, abomination des fonds marins.*



Dernière édition par Atsuji Kaitô le Mar 10 Juil 2012 - 19:00, édité 1 fois
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Monster referma son livre violemment, provoquant un petit courant d’eau qui vint caresser son visage. Avec satisfaction il contempla à nouveau sa couverture. "Les plantes médicinales et leurs applications en dermatologie", un concentré de connaissances utiles pour sa vie future. Quand il serait médecin là-haut, il se procurerait une étagère complète de ces végétaux. Comme souvent il se mit à nouveau à rêver de ce à quoi ressemblerai sa vie dans le monde des hommes. Assis sur une falaise sous-marine, les tentacules pendants en direction des abysses, il regardait le soleil qui ondulait à travers la surface. Encore trop flou pour faire partit de son quotidien, mais plus pour longtemps.

Il était arrivé en ses lieux quelques semaines auparavant, au hasard comme d’habitude. Il cherchait des navires à couler. Il y avait trois semaines un bateau était passé. Sans hésiter il l’avait envoyé par le fond. Un coup de chance incroyable fit qu’il contenait des centaines de livres, dont une dizaine parlait de biologie. Il n’avait pas eu le temps de tous les terminer qu’un autre s’était présenté, contenant lui aussi de nombreux bouquins. Il avait connu le même sort mais il semblait qu’un canot de sauvetage avait pu sauver quelques personnes. Comme Monster n’avait pas pour objectif de tuer des humains, bien au contraire, il ne les avait pas poursuivis. Tant mieux s’ils survivaient. Le fait qu’ils l’aient vu, il le savait, ne lui posait pas vraiment de problèmes. Avec un peu de chances, son état d’homme poisson serait découvert et les humains les détesteraient un peu plus, pour sa plus grande joie.

Ses pensées se dissipèrent quand disparut le soleil. L’océan fut pendant un moment plongé dans l’obscurité. Levant la tête, il put constater quel en était la cause, et cela le fit sourire de plaisir. Encore un navire venait naviguer en ces lieux, et il passait actuellement juste au-dessus de sa tête. Décidément cette partie de la mer était une mine d’or. Celui-ci était au moins deux fois plus gros que les autres. Cela signifiait certainement qu’il contenait deux fois plus de ressources. Ne voulant pas perdre de temps, la créature des mers s’activa.

Il se redressa sur son rocher, s’étira quelques secondes et donna une impulsion de ses huit tentacules. Puis il commença à battre l’eau en faisant onduler ses bras munis de mains palmées, afin de gagner en vitesse. Bientôt il égala celle du navire et la seconde d’après il la dépassa largement. La coque fendant l’eau était de plus en plus proche alors que les remous se formant derrière lui étaient de plus en plus impressionnants. Puis il parvint à hauteur de la poupe et écarta largement ses tentacules en étoile afin de ralentir. Avec une gestuelle maitrisée il parvint vite à se régler avec le navire, puis il se fixa à lui grâce aux ventouses de ses membres inférieurs.

Une fois dans cette position, il prit le temps de souffler un long moment afin de se préparer. Il n’était pas rare que les humains réagissent vite à ses attaques, et il était indispensable de savoir les contrer dans ces cas-là. Puis il s’accroupit, faisant corps avec le bateau dans le but de diminuer sa prise à l’eau. Ainsi, il convertirait plus de forces à percer la coque plutôt que de résister à la vitesse du navire.

Agrippant fermement une planche en bois grâce aux ventouses de deux de ses tentacules, il se prépara à tirer de toutes ses forces. Sous l’effort, il serra les poings et les paupières. Il ressentit à nouveau cette immense satisfaction lorsqu’un craquement retentit et qu’il sentit un déplacement d’eau s’engouffrer dans la future épave.
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Les heures passaient et le monstre tant attendu ne montrait pas l’ombre d’un appendice. Cette attente interminable avait éveillé une tension presque palpable sur le pont du navire. Les scientifiques étaient les plus enclins à subir cette angoisse. Tous se rongeaient les ongles à sang, inspirant de grandes bouffées d’air pour limiter la terreur et le désarroi dont ils étaient victimes malgré eux. A leur décharge, ils n’étaient pas accoutumés à ce climat de détresse intense et certains d’entre eux, plus vulnérables, étaient pris de malaises et de troubles momentanés. Il faut reconnaître que cette anxiété était particulièrement pénible à vivre et ce même pour les marines sur le pied de guerre parés à dézinguer la moindre particule de ce qui s’apparenterait à un monstre marin. Ces soldats contenaient tant bien que mal leur émoi cependant ils ne parvenaient pas à montrer l’exemple aux scientifiques. Kaitô laissait intentionnellement tout ce petit monde dans la crainte de perdre leurs existences sans valeur. C’était là, une des conditions sine qua non pour que ces néophytes éprouvent cette petite lueur vitale, figurant dans chacune de leurs carcasses et comprennent ainsi que cette vie ne tient qu’à un fil. Par ailleurs, ce stress environnant maintenait en éveil les sens de tous ces marines . Ils avaient reçu un ordre de mission formel, il n’était pas question de tergiverser sur la surveillance de cette mer tumultueuse. Les soldats le savaient pertinemment et pas un n’aurait eu la défiance de revendiquer la permission de se retirer brièvement dans ses quartiers.

Le vent avait désormais changé de trajectoire et soufflait violemment sur un quart sud-est. Kaitô n’avait pas bougé d’un cil, il restait immobile et stoïque tandis que les bourrasques couplées à l’iode marin asséchaient son visage. L’agent avait l’intime conviction que quelque chose se tramait ici bas, il ne laisserait pas la bête se soustraire à sa vigilance. Elle était là quelque part, immobile elle aussi, à observer le mouvement rectiligne du navire. La tangue du navire particulièrement forte commençait à faire vomir sur le pont du vaisseau les scientifiques inaccoutumés aux voyages maritimes. Une odeur âpre entremêlée à un résidu de vomi emplissait l’atmosphère du pont maintenant souillé de ces régurgitations écœurantes. Kaitô fit rentrer les scientifiques dans leurs compartiments bien moins exposé au ballotage continuel du navire. Les médecins traitaient ces quelques troubles mineurs, administrant aux patients des capsules concentrés par voie orale alors que de leur côté, les marines s’activaient sur le pont pour maintenir le cap et nettoyer le plancher du navire de toutes les vomissures.

Les savants avaient regagnés leurs cabines depuis une dizaine de minutes lorsque l’un d’eux fit état d’une maigre fissure dans la coque navire, dont l’eau sous pression élargissait progressivement l’orifice. Kaitô fit appeler les charpentiers du navire afin qu’ils résorbent la cavité constatée. Cet évènement singulier mit la puce à l’oreille à l’agent du gouvernement. L’entretien et la préservation des navires de la marine sont exécutés par des techniciens spécialisés à chaque fin de mission. De plus, ces ouvriers là ne sont pas des margoulins. Au contraire, ils ont été précautionneusement triés sur le volet pour leur perfectionnisme, leur pointillisme et leurs états de service irréprochables. Cette usine à gaz qu’est la marine veille à ce que ses bateaux soient parfaitement opérationnels, il s’agit de leur outil principal de travail. Aussi les ouvriers sont eux même supervisés par des maîtres charpentiers qui font état des anomalies et de la moindre irrégularité observé sur leurs vaisseaux. Ils chouchoutent et cajolent ces navires comme si il s’agissait de leurs propres progénitures. Aussi, cette petite complication avait des airs avant coureurs d’une rencontre avec la monstruosité sous-marine. Afin d’en avoir le cœur net et de lancer le début des hostilités, Kaitô ordonna au marine navigateur chargé du gouvernail de virer à 20° tribord. Le marine s’exécuta sans broncher et tenta tant bien que mal de changer la trajectoire initiale du navire, une force inintelligible semblait obstruer le déplacement du navire. La théorie de Kaitô se révélait correcte, le monstre était là à proximité, débutant son ignoble machination pour envoyer par le fond cet énième vaisseau.

« Verrouillez les cabines des scientifiques. On ne connaît ni sa cible ni ses véritables intentions, autant les garder en lieu sûr. Je ne veux déplorer aucune perte humaine. Qu’une escouade m’accompagne sur le pont tandis que la seconde s’efforcera de diriger les canons en direction de la surface de l’eau. Donnez moi aussi un den den mushi mégaphone. On ne sait si cette bestiole a une conscience humaine et je préfère la raisonner avant d’attenter toute attaque »


« Ici l’agent Kaitô. Peu importe qui tu es ou de ce que tu es mais sache que si tu persistes à vouloir couler ce navire, je ramènerais ta carcasse au gouvernement et l’exposerais tel une vulgaire breloque d’apparat. »


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Mar 10 Juil 2012 - 19:15, édité 1 fois
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Il ne s’y attendait pas, mais percer un trou dans un navire si grand était plus difficile que prévu. Les planches, très épaisses, étaient doublées par un métal inoxydable à l’intérieur. De ce fait, il ne parvint seulement qu’à provoquer une petite fuite qui ne fit que signaler sa présence. En collant son oreille atrophiée contre la quille, il put en effet ressentir les vibrations et les sons sourds d’hommes courants au-dessus de sa tête. Il éprouva une certaine frustration en comprenant qu’il n’assisterait pas à un naufrage facile comme il avait l’habitude, et qu’il devrait mettre le tentacule à la pâte pour parvenir à son but.

Cependant, il lui restait une petite carte à jouer avant de passer à l’action. Certes cela ne serait pas suffisant pour couler le navire, car il avait compris qu’à partir de maintenant l’équipage serait sur ses gardes et réagiraient vite pour l’empêcher de nuire, mais il pourrait au moins gagner du temps et porter momentanément l’attention loin de lui. Il connaissait ses eaux. L’eau était profonde, mais pas partout. Il avait eu le temps d’explorer les lieux et savait que moins de deux milles marins plus loin, des falaises sous-marines remontaient presque jusqu’à la surface. Elles étaient bien sûr connues des hommes, des bouées signalant leurs présences, mais pour l’instant ils se dirigeaient droit sur elles. Bien sûr l’équipage était censé virer de bord en temps voulu pour les éviter afin de rejoindre l’île, mais Monster comptait bien les en empêcher.

C’est ainsi qu’il s’attaqua au safran du navire, qui lui était uniquement en bois. Possible à briser donc. L’agrippant de six de ses tentacules, il entreprit de désolidariser le précieux membre du navire du reste de son corps géant. Cela ne fut pas facile, vu sa taille, mais après quelques minutes d’effort il commença à craquer sous la force du monstre qui le tirait et le tordait de toutes ses forces. Il ne parvint pas à l’arracher complétement mais fut satisfait lorsqu’il constata qu’il était suffisamment abîmé pour ne plus pouvoir réagir correctement. Il était tordu vers l’avant de sorte qu’il était impossible de le tourner, mais qu’il ne faisait pas pour autant changer le navire de direction. Vu la vitesse du navire, si rien n’était fait il s’écraserait sur les rochers dans moins d’un quart d’heure.

Satisfait, il entreprit de contourner le bâtiment pour se placer à la proue du navire. Il savait que les ingénieurs allaient tenter de réparer les dégâts et seraient donc occupé ailleurs que là où il allait apparaitre, ce qui lui laissait un peu de temps pour saborder un peu plus le bateau, en essayant de détruire le mât par exemple. C’est ainsi qu’il commença à grimper sur le navire, usant des ventouses de ses tentacules comme prises fiables, tout en collant son corps contre le bois pour ne pas que celui-ci pende en arrière. C’est alors qu’il sortait de l’eau qu’il entendit cette voix qui allait devenir un enfer dans ce plan si simpliste à la base.


« Ici l’agent Kaitô. Peu importe qui tu es ou ce que tu es mais sache que si tu persistes à vouloir couler ce navire, je ramènerai ta carcasse au gouvernement et l’exposerai tel une vulgaire breloque d’apparat. »

Sa peau translucide vira instantanément au rouge écarlate. Lui, une breloque ? Lui qu’on avait toujours considéré comme un déchet devrait être destiné à devenir un simple objet de décoration morbide ? N’y avait-il pas de juste milieu ? La Terre ne pouvait-elle pas comprendre que la seule chose qu’il souhaitait était d’être reconnu dans ce monde, et qu’il ne pouvait pas l’être en restant déchet ou en devenant breloque ? Certes il y aurait des sacrifices, mais ils étaient nécessaires pour qu’il atteigne la connaissance tant souhaitée. Il était incapable de comprendre que le monde des humains ne pouvait accepter un tel comportement de sa part, et la colère qu’il éprouvait à cet instant lui brûlait le visage. Cet homme qui avait parlé, qui qu’il soit… C’est lui qui deviendrait la carcasse qu’il utiliserait pour décorer son antre.

Il continua son escalade, en silence. Comme il l’avait prévu personne ne vint jeter un coup d’œil de ce côté du navire, et il put finir son ascension tranquillement en s’accrochant à la figure de proue, un aigle élancé les serres vers l’avant. S’accrochant à ses ailes de plomb, il se hissa dans un dernier mouvement pour laisser juste le haut de sa tête dépasser, pour ainsi observer l’agitation qui régnait sur le pont du navire. Un instant il parcouru les membres qui s’activaient. Il ne craignait pas trop d’être vu car il se savait bien camouflé. Il avait recouvré sa couleur bleue naturelle et savait qu’il faisait ton sur ton avec l’océan derrière lui, de ce fait seuls des yeux entrainés et chanceux pourraient le deviner. Il chercha l’homme futur carcasse pendant un instant, se demandant s’il allait vraiment parvenir à l’identifier.

Lorsqu’il vit le mégaphone qu’il portait à la main, il comprit qu’il s’agissait de lui. Même sans ça il aurait deviné. L’homme qui l’avait défié ne pouvait être qu’une personne prête à combattre, et il semblait disposer des meilleurs caractéristiques par rapport à tous ces gringalets qui couraient en tous sens, paniqués. Lui restait stoïque et semblait le chercher, son regard scrutant chaque vague qui apparaissait puis disparaissait. Il émanait de cet homme une sorte d’aura angoissante. Un instinct animal fit comprendre à Monster que cet homme était dangereux, et que le plus sage serait de rejoindre les ténèbres dégoutantes mais néanmoins sûres pour conserver sa vie.

Mais il détestait sa partie animale… Cette partie qu’il héritait de sa race maudite. Et la fureur qu’il ressentait envers l’homme qui, sans l’avoir jamais vu, s’était permis de le mépriser en l’insultant le motivait à aller l’étrangler jusqu’à voir ses yeux sortir de leurs orbites. Mais il n’était néanmoins pas fou pour autant. Le tuer oui. L’étouffer oui. Mais seulement s’il n’avait pas le choix. S’il le pouvait, il le tuerait en un coup, évitant ainsi d’être blessé. Il entreprit donc d’arracher un morceau de la balustrade en allongeant un tentacule à la droite de l’aigle. Cette fois le bois ne lui résista pas et il se retrouva bientôt en possession d’un large tronçon de plus d’un mètre. A ses extrémités de longues échardes dépassaient, aux endroits où le bois avait été arraché. Avec ça, il pourrait soit l’assommer soit le transpercer.

Dans un mouvement souple et lent, il escalada le haut de la proue et vint se dresser sur le dos de l’aigle. Il allait certainement être très rapidement repéré et n’essayait donc pas d’être discret. Il fallait juste qu’il soit assez rapide pour empêcher à cet agent Kaito carcasse de pouvoir réagir. Il n’attendit donc pas avant d’armer son tentacule tenant son arme en arrière et pour le lancer dans un mouvement puissant. Aucun obstacle ne le séparait de son adversaire situé au milieu du pont. Pas un homme ne se trouvait sur la trajectoire pour échanger sa vie contre celle du provocateur.

Savourant déjà sa victoire et le naufrage imminent du navire, Monster observa avec délectation les dégâts qu’allait provoquer son attaque.



Dernière édition par Monster le Lun 9 Juil 2012 - 21:06, édité 1 fois
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Le navire poursuivait sa trajectoire effrénée sur l’océan, la quille surmontée de la mouette de la marine pourfendait l’onde ne laissant que de l’écume dans son sillage. Les ingénieurs navals étaient à pied d’œuvre et essayait tant bien que mal de colmater la fuite observée tandis que sur le pont du vaisseau, les hommes sollicités par Kaitô étaient dorénavant prêt à exécuter la moindre de ses directives. Les canonniers, eux aussi, avaient rempli la tâche dont ils s’étaient vus confiés. L’artillerie était paré à faire feu sur le moindre aileron ou ventouse qui apparaîtrait à la surface. Ces hommes avaient placé leurs vies sous l’égide d’un homme, un homme en qui ils plaçaient toutes leurs espérances : L’agent Kaitô. Ils savaient que le monstre marin pouvait se montrer particulièrement virulent et vicieux, la bestiole en avait fait la preuve en s’attaquant sinueusement à la coque du navire. Cet incident renforça leur volonté à abattre le monstre et à ressortir vivant de cette expérience pour témoigner du charisme de Kaitô et de son sang-froid impénétrable. Cette abomination marine était doué d’un certain intellect, il n’était pas l’archétype de la bestiole stupide dénué de raison qui attaque bille en tête son opposant, il avait prémédité son action et entendait bien couler le navire d’une manière ou d’une autre, il semblait s'agir là de son objectif premier. Kaitô émit l’hypothèse qu’il s’agisse vraisemblablement d’un homme-poisson même si on en croise rarement dans les parages. Ces anomalies de la nature que même Dieu a renié adoptent souvent des comportements incohérents et absurdes, la monstruosité qui figurait sous le navire ne serait pas un cas isolé. Cela faisait maintenant plusieurs minutes que le monstre avait réussit à percer la coque et pourtant il n’avait pas pour autant exposer l’ombre de sa silhouette amphibie sur le navire. Kaitô n’aimait pas que cette situation singulière s’éternise, ca ne lui disait rien qui vaille, chaque minute écoulé intensifiait la tension des marins que comptait cette colossale caravelle. Il fallait impérativement trouver un moyen de le faire se manifester hors de l’eau.

Kaitô ne pouvait s’immerger et partir à la rencontre de cette fameuse créature, il était pertinemment conscient que si lui ou l’un des hommes à sa solde passaient par-dessus bord, ils seraient à la merci de l’infâme immondice aquatique. Cette bestiole avait peur à l’instar d’un animal au contact de l’homme, il préférera user de stratagèmes plutôt que de dévoiler sa carcasse misérable. L’agent du CP9 restait songeur quant à la perspective à adopter au vu de la situation délicate jusqu'à ce qu’il rendit compte que la carte de navigation qu’il tenait, lui indiquait la présence de récifs coralliens à quelques milles marin de sa position actuelle. Il ordonna instantanément au marine à la barre de virer de bord pour prévenir et esquiver les obstacles qui se dresseraient bientôt sur leur itinéraire maritime. Après plusieurs tentatives menées sans succès, Kaitô dut se rendre à l’évidence, la créature avait débuté son obscure besogne. Il avait sabordé la pièce maîtresse qui régissait la direction du vaisseau, le navire était livré à lui-même sur une mer dont les vagues semblaient gagner en intensité au fur et à mesure des incidents recensés. ils risquaient le naufrage si rien n’était fait en temps et en heure pour éviter cette catastrophe. Soudain, une poutre de bois agrémenté d’échardes acérés fut lancée à son encontre lorsqu’une voix de l’un des mousses vint résonner sur le pont.

« Capitaine, regardez la chose visqueuse est là sur la proue, faites gaffe !»

L’immondice marin avait une nouvelle fois prévu son action, la poutre fonçait droit sur l’agent du CP9, rien ne semblait pouvoir altérer le but ultime de cette pièce de bois. Kaitô parvint à soustraire in extremis de la pièce de bois et pouvait désormais mener un véritable affrontement d’égal à égal avec cette bête misérable. Les marines tirèrent à plusieurs reprises sur la créature qui, grâce à une agilité sans faille et une vigueur d’esprit réussit à se carapater de l’autre côté de la proue. Malheureusement dans sa fuite folle, il se rendit compte au dernier moment qu’un canon dont la mèche allumé allait exterminer son existence misérable une bonne fois pour toutes. Par l'on ne sait quel prouesse acrobatique , il remonta à temps sur le navire et fut contraint de revenir sur le pont où l’attendait la cavalerie. Cette créature abominable était comme Kaitô le supposait, un homme-poisson bleuâtre de type poulpe. Au contact de l’air, ses membres visqueux bougeaient indépendamment de son corps comme s’ils étaient animés d’une propre vitalité, le spectacle était profondément dégoûtant mais Kaitô était soulagé de constater qu’il ne s’agissait que d’un homme-poisson et non pas d’un Kraken ou autre monstre antique des abysses sous-marines. Les marines reculèrent non pas par épouvante de leur ennemi mais pour laisser le champ libre à Kaitô, ils ne voulaient sans doute pas êtres les victimes collatérales de cet affrontement qui s’annonçait d’emblée riche en rebondissements.

« Tu t’es enfin décidé à te montrer, créature d’outre-tombe. Ton incursion sur ce bateau marque le début de ton décès prématuré, tu n’iras pas rejoindre les tiens dans les fonds-marins, tu seras servi comme hors d’œuvre aux membres du conseil des 5 étoiles. Fais tes prières Charlie »

Kaitô claqua des doigts, de multiples filets en acier tombèrent du poste de vigie en direction de Monster. Cette diversion permettrait une capture immédiate ou si ce subterfuge venait à échouer, cela donnait une formidable opportunité pour Kaitô de lui asséner un enchaînement qu'il n’allait pas oublier de sitôt.


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Mar 10 Juil 2012 - 19:25, édité 1 fois
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Raté... Il avait raté sa cible... Et par la même occasion il avait raté sa chance de couler le navire sans effort, car il était persuadé que seul l'homme en face de lui était véritablement dangereux. Il était très étonné de l'agilité dont avait fait preuve son adversaire. Il savait bien que les humains étaient plus à l'aise hors de l'eau que lui, mais il ne pensait pas la différence si grande. Maintenant, il se retrouvait en mauvaise position car l'attaque avait bien évidemment signalé sa présence. Il avait anticipé les tirs des autres marins et s'était donc préparer à se protéger dans l'instant, ce qu'il fit en tirant sur ses deux tentacules accrochés au reste de la balustrade, se dissimulant ainsi le long de la coque du navire, invisible depuis le pont. Il n'avait en revanche pas prévu de se retrouver en face d'un sabord ouvert et d'un canon prêt à l'expédier à l'autre bout de North Blue. Essayant de plaquer le plus possible ses ventouses sur le bois pour s'agripper au navire, il parvint à ralentir sa chute. Le coup de canon dans ses minuscules oreilles fut assourdissant, et le boulet frôlant son crane le fit frissonner. Il put voir par le trou un marine bouche bée devant la performance de Monster, mais ne s'attarda pas sur lui et profita de son mouvement pour se hisser à nouveau sur le pont, pour faire face à nouveaux aux marines tout aussi surpris que le premier.

Malgré sa prestation qu'il savait plutôt réussie en terme d'acrobatie, Monster savait qu'il n'était pas vraiment dans une situation favorable. Sans compter tous les humains armés ici présents, il y avait aussi cet Atsuji Kaitô qui le regardait d'un air à la fois dégouté et haineux. Cependant, à la grande surprise de l'homme-pieuvre, tout l'équipage fit un pas en arrière en voyant leur meneur prendre la parole.

« Tu t’es enfin décidé à te montrer, créature d’outre-tombe. »

Ce fut la seule partie de la tirade qu'il enregistra, car dès l'évocation du mot "créature" qui sonnait incontestablement de manière péjorative dans le contexte actuel, Monster fut comme frappé par la foudre. Il avait beau être son ennemi, cela faisait déjà deux fois que l'agent l'insultait, et cette fois ce n'était plus de la colère qu'il ressentait, mais de la tristesse. Autant la première fois il ne l'avait pas encore vu, ses propos étaient donc non justifiés, autant à cet instant il assumait pleinement ses mots et pire, il les pensait. Aux yeux des humains, Monster était et resterait probablement toujours une immonde créature détestée par les hommes, lui qui ne souhaitait qu'être accepté par eux. Même si les paroles de Kaito n'étaient là que par pure provocation, il provoquèrent un effet si dévastateur sur l'homme-poulpe qu'il ne réagit même pas lorsque de lourds filets en métal s'abattirent sur lui, provoquant une vive douleur sur chaque parties de son immonde corps touchées par les projectiles. Sous la puissance des tirs il fut projeté en arrière et manqua de tomber à nouveau dans l'eau à l'endroit où la balustrade avait été arrachée.

Le choc eut au moins pour avantage de le ramener à la réalité. Pas le temps de s'apitoyer sur son sort, s'il ne réagissait pas rapidement il était mort. Heureusement les filets dans lesquels il était piégé possédaient des mailles assez grosses. Bien sûr il ne pouvait pas s'en extirper, mais son corps était flasque et élastique. Il pouvait sortir certains de ses membres du piège avec un petit effort. Malheureusement ses bras étaient collés le long de son corps, ainsi que deux de ses huit tentacules. Mais sur les six autres, au moins un était en position favorable pour être libéré rapidement. En moins de cinq secondes après sa "capture", Monster poussa avec son membre qui se déforma et parvint à sortir des mailles, non sans avoir écorché la peau gélatineuse et abîmé quelques ventouses.

Ni une ni deux il passa à l'action. Il savait qu'il n'avait aucune chance en combat avec un unique tentacule libéré, mais il pouvait gagner du temps. Avant que l'agent Kaito ne l'atteigne, il lança son membre de deux mètres en contrebas de la coque, l'étira au maximum et le fit se diriger vers l'endroit où il savait être le sabord et le canon qui avait faillit le tuer. Il dépassa l'arme déchargée pour essayer d'atteindre à l'aveuglette ce qu'il espérait qu'il se trouvait juste derrière. Victoire ! Le marine au canon n'avait pas quitté son poste, attendant sans doute que l'homme-poulpe réapparaisse pour retenter sa chance. Il ne put pas voir son expression mais dans un mouvement aussi rapide que son apparition il s'enroula autour de son torse et tira en arrière. Il sentit l'homme tenter de se dégager et manqua de lâcher prise un instant, mais il parvint à le ramener suffisamment pour qu'il puisse enrouler son tentacule de manière plus prononcée autour de sa cible. Puis il tira pour le ramener à lui. Hors du contexte, la situation pouvait être cocasse : l'homme poisson venait de pêcher un humain.

Un bruit sourd retentit lorsque le marine traversa le sabord en heurtant la fenêtre, se brisant un bras et s’assommant au passage. Puis il fut ramené à la hauteur de Monster qui le brandit entre lui et l'agent Kaito. Il pris alors la parole pour la première fois d'une voix grave :


"Plus un geste. Je ne veux tuer personne. Je ne pourchasserai pas ceux qui veulent fuir, mais je tiens à ce que ce navire termine au fond de la mer. Je n'aurais pas de pitié pour ceux s'opposant à moi, mais je serai triste de devoir vous tuer."

Monster était sincère. Cependant, il savait que beaucoup refuseraient de quitter le navire, et particulièrement Atsuji Kaitô. Mais sa petite tirade permettrait au moins de gagner du temps. Il ne restait pas longtemps avant que le navire ne s'écrase sur les rochers. Et en attendant la réaction de l'agent, il aurait probablement le temps de dégager ses cinq autres tentacules et de se redresser pour pouvoir réagir du mieux possible en cas de retournement de situation.


Dernière édition par Monster le Dim 29 Juil 2012 - 23:08, édité 1 fois
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Cette immondice visqueux avait de la suite dans les idées et savait faire preuve de débrouillardise. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’était substitué partiellement au filet qui s’était abattu sur son anatomie monstrueuse quelques instants auparavant. Cette bestiole faisait partie de ces abominations marines qui ne méritent pas d’exister, de ces créatures qui ne doivent jamais quitter les abysses où ils ont élus domicile. Même Poséidon aurait renié une telle souillure, ce type avait beau être un fils de la mer, il restait un type qui fallait empêcher de nuire encore et encore et à en croire ces propos, il ne s’agissait pas là du premier navire qu’il avait envoyé par le fond. Il n’était plus possible de laisser agir impunément cette infamie à ventouses, la hiérarchie avait été très clair quant au sujet de cet être abject. Le poulpe avait profité de l’occasion pour prendre à parti et tenir en joue un des mousses qui ne s’était pas montré assez vigilant. Il n’y avait pas à dire, cette chose disposait bel et bien d’un intellect semblable à celui de l’humain, il faudrait faire preuve de subtilité et d’adresse pour choper vivant cette maudite créature. Ce n’est pas tant pour la promesse de récompense, la promotion ou même les honneurs qui poussait Kaitô à vouloir exterminer cette abomination, c’était davantage l’idée que cette enflure allait continuer son obscur besogne jusqu'à ce qu’il trouve ce qu’il quête. Au travers de ces naufrages intempestifs, il était évident qu’il recherchait un objet spécifique, un artefact, des bibelots à moins qu’il convoitait de s’enrichir copieusement. L’homme poisson n’avait pas trouvé meilleur monnaie d’échange que de se prendre à un être qui lui était inférieur... ses tentacules visqueux tournaient autour du faciès de sa proie, tel un prédateur pouvant mettre un terme à la vie du gibier à sa merci. Les membres tentaculaires se mouvaient de leur propre chef comme si ils étaient dotés de leurs propres cœurs, de leurs propres systèmes nerveux qui les faisaient interagir indépendamment de la volonté de leur maître. Il en était du même tonneau pour les mandibules de la créature dont les filaments épais et poisseux s’entrechoquaient sans intermittence, offrant un spectacle profondément inquiétant à l’équipage du vaisseau.

Cet animal aurait du savoir que le gouvernement ne pactise pas avec les moins que rien de son espèce, il aurait du savoir qu’opérer toute forme de chantage à l’encontre des intérêts du gouvernement mondial se traduit par de lourds répercussions et l’emploi d’une force de frappe dissuasive. S’adonner à la prise d’otage est un luxe qui requiert de grandes aptitudes et des moyens techniques importants pour faire jeu égal avec le gouvernement, deux choses que notre ami des fonds marins était loin de disposer et il allait l’apprendre à ses dépens. Deux alternatives s’offraient à Kaitô, récupérer le soldat et obtempérer à la volonté et aux revendications de la créature ou au contraire, tirer parti de l’otage pour tuer une fois pour toute cette bestiole qui s’annonçait être un véritable problème. Croyez-vous vraiment que le Cipher Pol 9, le bras armé officieux du gouvernement va abdiquer ou entamer toutes négociations avec ce cas isolé. Cette homme-poisson devait mourir et ce pour les intérêts supérieur du gouvernement, le décès collatéral d’un marine n’était pas une problématique à se poser. La justice absolu prévalait sur tout le reste, une perte humaine ne serait pas un grand mal pour la société, ce n’était ni plus ni moins que le sacrifice d’un pour la survie d’un bon nombre d’autres. Les marins savent éperdument lorsqu’ils s’engagent dans les rangs de la marine, qu’ils peuvent mourir au combat, c’est un risque qu’ils doivent accepter et auquel ils doivent se résigner pleinement.

« Je ne sais ce que tu quêtes mais sache qu’il n’est pas dans les mœurs et coutumes du gouvernement de composer avec la racaille sous-marine. Ton existence même est un pêché, tu n’as de cesse que de détruire et aller à l’encontre de ton destin inéluctable. »

Tandis que Kaitô s’apprêtait à passer à l’offensive et réduire en miettes les maigres espoirs de cette monstruosité, une annonce emplie de frayeur et d’affolement retentit et glaca le sang de tous les malheureux qui y avaient prêtés l’oreille.

« Plus de gouvernail, La direction ne répond plus bordel, le navire dérive en pleine mer sans qu’on ne puisse faire quoi que ce soit ! »

Cette déclaration sema un vent de panique sur le pont de navire, les plus pleutres se jetaient par-dessus bord, craignant pour leurs vies insipides tandis que d’autres s’écrasaient sur le pont du navire, les bras ballants comme si la fatalité venait de les frapper en plein cœur. Cette chose avait minutieusement élaboré une stratégie d’action, il avait été assez hardi et robuste pour briser la pièce de bois relié au gouvernail. Kaitô voyait dorénavant clair dans son jeu, cet enfoiré essayait de gagner subtilement du temps avant l’échéance à priori inéluctable. Le stratagème était bien rôdé, Kaitô devait lui reconnaître certains talents en termes de ruse et de fourberies. Cette homme-poisson faisait là bien honneur à sa race et s’inscrivait dans la droite lignée de ces mécréants. Cette préparation minutieuse aurait pu s’avérer une nouvelle fois fructueuse mais dans le cas présent, sa démarche et toute cette tentative sinueuse de parvenir à ses fins n’aboutirait qu’à un échec cuisant. Aussi, Kaitô prit les devants pour renverser la tendance. Il disparut soudainement dans un nuage de poussière, usant de la vélocité sans égal du Soru et vint heurter le flanc droit de la créature en effectuant un Tekkai. La propulsion du Soru combiné au durcissement musculaire du Tekkai offre un cocktail des plus détonnant pour prendre violemment à parti l’adversaire. La créature fut projetée brutalement à tribord, tentant tant bien que mal d’amoindrir cette poussée à l’aide de son tentacule libéré. Il en profita par la même occasion pour lui subtiliser l’otage qui finit par rejoindre la formation de ses collègues.

«Voyez comme cette chose est malsaine et pernicieuse, je ne sais pas ce qu'elle mijote mais elle a bien prévu de causer notre perte. Jetez l’ancre immédiatement et fermez les voiles. Faites en sorte de déplacer tous les objets à bâbord, il est impératif de déplacer le champ de gravité du navire. »


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Mar 10 Juil 2012 - 21:10, édité 1 fois
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Il avait au moins espéré que sa prise d'otage provoquerait une hésitation chez les marins. Mais cela ne dura pas longtemps. Il n'eut même pas le temps de dégager d'autres tentacules que l'agent Kaïto avait proclamé un nouveau discours haineux envers sa personne. Mais il n'était plus temps de déprimer, après deux attaques sur son physique il pouvait faire abstraction et se concentrer sur son objectif. Mais c'était sans compter sur son dangereux adversaire qui, juste après avoir entendu l'annonce comme quoi le navire ne répondait plus, se décida à l'attaquer.

Il fut tellement surpris par le mouvement de son ennemi qu'il n'eut pas le temps de réagir. Sans comprendre ce qu'il lui arrivait, il se trouva projeté de l'autre côté du pont, son otage libéré et une douleur intense au niveau des côtes. Toujours entremêlé dans ses filets, il ne put que se stabiliser difficilement avec son tentacule libre pour ne pas venir percuter la balustrade. Plus que la souffrance qu'il ressentait après le coup et la frustration d'avoir lâché si vite son atout, ce fut la stupéfaction qui domina son esprit. Il savait que les humains pouvaient être rapide, en tout cas plus que lui, mais là il avait littéralement disparu sous ses yeux. Et de même, il savait que les humains pouvaient être forts, mais en cet instant il l'avait frappé avec son corps et il avait l'impression qu'un rocher lui était rentré dedans.

L'agent semblait trop fort, en tout cas sur ce terrain. Un moment il songea à prendre la fuite, mais ils n'étaient plus qu'à quelques minutes d'atteindre les hauts fonds, et à ce moment là la coque serait percée et ensuite il aurait nettement l'avantage. Il fallait absolument qu'il tienne le coup et qu'il empêche ce navire de changer de cap.


«Voyez comme cette chose est malsaine et pernicieuse, je ne sais pas ce qu'elle mijote mais elle a bien prévu de causer notre perte. Jetez l’ancre immédiatement et fermez les voiles. Faites en sorte de déplacer tous les objets à bâbord, il est impératif de déplacer le champ de gravité du navire. »

Monster sentit une sourde angoisse monter en lui. Fermer les voiles et déplacer la cargaison n'aurait qu'un trop faible impact pour éviter l'inéluctable. En revanche, l'ancre parviendrait certainement à stopper la marche en avant du bâtiment, et il ne fallait surtout pas que cela arrive. Mais déjà les marins s'exécutèrent et l'ancre fut poussée à l'eau, libérée de son attache à la proue du navire, à quelques mètres de lui.

"Hors de question !"

Ni une ni deux Monster lança son tentacule vers la balustrade, l'attrapa et se tira en avant pour plonger à l'eau. L'objet en métal filait à toute vitesse vers le fond rocailleux. Mais même presque entièrement entravé, l'homme-poulpe était plus rapide et se lança en avant pour le rattraper. Dans ses mouvements, il parvint à libérer deux nouveaux tentacules des rets, ce qui lui permis d'encore accélérer. Bientôt il fut à hauteur de l'ancre qui était précipitée vers le fond rocailleux.

Ne prenant pas le temps de réfléchir, il enroula un premier tentacule autour du sommet de l'objet en métal, proche de la chaine qui le reliait au navire. Puis il se servit d'un autre membre pour pivoter sur lui même et commencer à brasser l'eau vers le bas dans le but de remonter à la surface. Malheureusement l'ancre était beaucoup trop lourde et avait trop d'élan pour qu'il soit possible de la stopper en pleine course avec un seul tentacule, malgré la force hors du commun que lui procurait sa nature d'homme poisson. Néanmoins, il parvint à ralentir son allure malgré la force qu'elle exerçait sur le membre qui la tenait fermement. Il lui restait un tentacule de libre et il s'en servit pour tenter de libérer d'autres appendices puissants qui pourraient l'aider à inverser la tendance dans son combat contre l'énorme objet métallique.

Trois de ses membres n'étaient pas très bien entravés par les filets, ainsi il parvint très rapidement à les extraire du piège humain. Grâce a eux, il put soulager le tentacule portant l'ancre, augmenter la puissance de sa nage vers le haut et aider le dernier à libérer ses bras et ses deux derniers membres toujours capturés. Bientôt, sa vitesse diminua de plus en plus. Il était temps car le fond de la mer n'était plus qu'à une dizaine de mètre en dessous de lui. En levant la tête, il put voir le navire qui continuait d'avancer tant que l'ancre ne l'arrêterait pas. Il avait maintenant pris plusieurs mètres d'avance, et la courbe que formait la chaine retenant l'objet métallique prit bientôt une forme rectiligne. Toute sa longueur avait été utilisée, et Monster était parvenu à ce qu'elle n'atteigne pas le fond. Maintenant, il se retrouvait tracté par le navire, ce qui lui ajoutait une force supplémentaire pour ne pas être attiré vers le bas. Ainsi, il put se concentrer pleinement dans l'objectif de se défaire complétement de ce filet contraignant.

A force de se débattre, la pression des rets commencèrent à diminuer. Il virevoltait dans l'eau, toujours en tenant l'ancre, pour essayer de faire glisser les mailles petit à petit afin que ses membres entravés trouvent une sortie. Il y parvint peu à peu. D'abord un premier tentacule se libéra, indiquant la sortie pour les suivants et les bras. Il lutta encore un peu pour les dégager mais savais au moins dans quel sens il fallait aller. Puis un second fut libéré. Il s'attela ensuite à rétracter un par un les tentacules qu'il avait fait passer à travers les mailles pour qu'il puisse les sortir définitivement. Pour ce faire, il pris bien soin de toujours avoir de quoi maintenir l'ancre à l'endroit où il était, alternant la position de ses membres en position de nage ou en position de prise sur l'objet métallique.

Finalement, il parvint à sortir du piège l'ensemble du bas de son corps. Dégager les bras et la tête fut ensuite un jeu d'enfant. Il laissa simplement choir le filet, qui lui atteignit les fonds marins. La fatigue commençait à se faire ressentir de plus en plus à force de lutter contre la pesanteur. Il avait l'impression que l'ancre prenait cent kilos chaque minutes qui s'écoulaient. Il fallait vite qu'il fasse quelque chose maintenant qu'il était libre.

Il s'organisa afin que trois tentacules ainsi que ses deux bras tiennent l'objet, tandis que les autres membres lui permettraient de nager. Péniblement, il commença à remonter vers la surface, et la tractation qu'exerçait la chaine diminua, ajoutant encore du poids sur ses membres fatigués. Il sentait ses muscles s'étirer douloureusement, mettant sa concentration à l'épreuve. Mais il lutta au maximum, ne pensant qu'à son objectif de couler le navire. Dans un état second, il continua à battre l'eau, encore et encore.

La surface se rapprochait très sérieusement maintenant. Il n'était plus qu'à quelques mètres du navire et la chaine pendait maintenant sous lui, effectuant une longue parabole inversée plongeant dans les profondeurs de la mer. Il fallait qu'il jette ses dernières forces maintenant. Il fallait qu'il le fasse. Il sentait que sa volonté commençait à céder et s'il n'agissait pas tout de suite, il savait qu'il ne parviendrait pas à retenir l'ancre et le bateau s'arrêterait. En plus, ils ne devaient plus être très loin de la falaise aquatique, il pensait même la distinguer là-bas, au loin.

Raffermissant sa prise autour de l'ancre, il commença à faire tourner ses cinq tentacules derrière lui pour prendre de l'élan. Tout son corps commença à vriller lui aussi, mais plus doucement qu'à l'accoutumée du fait du lourd poids qu'il portait. Mais petit à petit, il prit de la vitesse. Petit à petit il se mit à tourner à une allure de plus en plus impressionnante. C'était éreintant mais bientôt il percerait l'eau et s’élèverait dans les airs, comme il savait si bien le faire en tant normal. Sauf que cette fois, il ne savait pas s'il irait bien haut. Mais il ne fallait pas se poser cette question. Il fallait sauter, c'était tout.

Quand il perça la surface, il poussa un hurlement sauvage pour lancer ses dernières force dans une poussée vers le haut. Il s'éleva en direction du navire. Il s'éleva au dessus du pont. Il s'éleva au dessus de l'agent Kaito qui le regarda d'un air certainement surpris et furieux.

Puis il redescendit. Mais il avait visé juste dans sa trajectoire. Il lâcha son fardeau et se réceptionna à nouveau sur le pont, tandis que l'ancre s'écrasa à côté de lui, arrachant le bois du navire sur plusieurs mètres. Il allait falloir au moins une dizaine d'homme pour la déloger et la remettre à l'eau, et en attendant Monster ferait tout pour les en empêcher !

Adoptant une posture défensive, il éleva autour de lui ses huit tentacules afin de prévenir toute attaque qui viendrait des côtés. Il savait l'agent Kaito rapide, mais la première fois il avait été surpris. Il l'attraperait à la prochaine attaque, enroulerait ses membres autour de son cou et serrerait tellement fort que ses yeux sortiraient de ses orbites.


Dernière édition par Monster le Mar 3 Juil 2012 - 20:39, édité 3 fois
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Tandis que l’ancre s’immergeait à vitesse grand V dans les profondeurs de l’océan, l’homme pieuvre s’était lancé à sa poursuite à toute hâte, tentant d’arrêter la course presque inexorable de l’objet volumineux. Kaitô n’avait pu arrêter sur ce coup toute la vigueur et toute la frénésie de cette abomination qui s’était révélé être plus rapide que lui. Il donna bien l’ordre aux officiers de guetter la surface au cas où la créature profilerait l’ombre d’une écaille ou plutôt d’une ventouse sur l’étendue bleutée. Le navire poursuivait sa trajectoire macabre et cette ancre était sans doute le seul espoir de l’équipage d’en ressortir indemne. L’agent du Cipher Pol avait comme un mauvais pressentiment, il avait bien discerné au travers des orbites visqueuses de la créature, une volonté à toute épreuve tout aussi véhémente et impétueuse que celle qui l’animait. C’était ce point précis qui le chagrinait le plus, l’hypothèse que cette créature parvienne à puiser dans ses ressources pour rattraper l’ancre et la projeter à la surface serait certes exceptionnelle mais pas impossible et dieu sait que c’est toujours les situations les plus rocambolesques qui adviennent au détour de l’existence. Les minutes passèrent sans que la créature ne se manifesta à nouveau, Kaitô était désormais certain que son objectif était l’ancre, les officiers se tenaient prêts à intervenir contre le invertébré, sa seule crainte était désormais de voir l’impossible, l’improbable advenir, c’est toujours lorsque l’homme est poussé dans ses derniers retranchements qu’il dépasse les limites que son esprit lui avait fixé et qu’il devient l’artisan d’exploits monumentaux. Soudainement, l’ancre surgit de l’eau, fendant l’écume et s’élançant à toute allure dans l’atmosphère agitée. Cet enfoiré d’homme poisson était parvenu à la tracter du fond marin jusqu'à la surface pour ensuite la propulser de toutes ses forces dans les airs, tel un barbare qui aurait jeté une hache à tout berzingue pour découper tout sur son passage. L’ancre amorça sa descente et se dirigea droit vers le pont du navire, les officiers essayèrent tant bien que mal de dévier la trajectoire de l’ancre mais sans succès, l’objet vint s’écraser irrémédiablement dans un nuage de fumée sur le plancher du navire dont une partie se brisa violemment en écho au choc subi. Les lourds maillons tombèrent à proximité dans un bruit métallique.

Le silhouette de notre homme se dessinait selon tout vraisemblance, les ventouses s’agitaient tandis que notre personnage restait immobile comme s’il planifiait encore quelque chose, les marines tenaient en joue le bonhomme. Bientôt la fumée se dissipa et tous eurent la désagréable surprise de le revoir se dresser sur leur route, je parle bien entendu du céphalopode aux 8 appendices qui manifestait tout son hostilité en déployant l’allonge de toutes ses tentacules, c’était là un signe avant gardiste de ce qu’il réservait aux malheureux qui chercherait à récupérer l’ancre. Le poulpe n’offrait que peu d’alternatives à l’équipage, il fallait prioritairement relancer l’ancre par-dessus bord et mettre hors d’état de nuire l’homme poisson afin qu’il ne réitère pas quelques prouesses supplémentaires. Un duel singulier permettrait à l’agent de créer une diversion assez longue pour que les marines se débrouillent avec l’ancre, c’était le seul moyen qu’ils avaient à disposition pour entraver les desseins du bestiau. Les marines firent place à Kaitô qui ne traîna pas à rentrer dans l’affrontement. Quelques marines tirèrent des balles en direction du monstre marin tandis que Kaitô se précipitait sur lui au travers d’un Soru magnifiquement exécuté, il apparut en face de la bestiole qui s’aperçut cette fois-ci de l’intention de l’agent et qui en conséquence plaça ses tentacules comme moyen de défense quant à l’uppercut qu’il escomptait de son adversaire. Il n’en était rien, l’agent feinta ce coup-ci et renchérit avec une allonge de la jambe dans la gueule de la bête. L’homme poisson anticipa à peu près l’offensive de Kaitô qui fit suivre son pied suivi d’une multitude de ruades sur le corps visqueux de son opposant. La créature reculait et reculait encore, forcé de devoir laisser place tandis que les marines, conscient que de cette ancre se jouaient leur sort, firent tout ce qui était en leur pouvoir pour déplacer l’objet pondéreux.

La pieuvre arriva bientôt à la balustrade du navire et Kaitô vit le visage hideux du monstre se froncer et revêtir une nouvelle expression, la pieuvre tenta alors de saisir les extrémités du corps de Kaitô et plus particulièrement le cou de notre agent. Il serra alors de toutes ses forces, appliquant une étreinte et une constriction comme il n’avait jamais du le faire auparavant cependant ca ne changeait rien à la donne, l’agent esquissait un large sourire plein de fiel et d’antipathie à l’égard de Kaitô. Il aurait beau serrer aussi fort qu’il le voulait, il ne pouvait outrepasser la défense ultime du Rokushiki : Le Tekkai. Ce métal là était bien plus difficile à faire plier que les parties de charpenterie d’un vaisseau et ce monstre allait l’apprendre à ses dépens. Kaitô profita de l’incompréhension de la bête pour continuer à lui asséner de virulents uppercuts puis la propulsa par-dessus bord avant de se précipiter sur elle, pour continuer à la maîtriser dans son propre terrain de prédilection : l’eau. Il était pertinemment conscient qu’il serait chose aisé de tenir en respect une bestiole native de l’océan mais il ne lui fallait pour l’instant que gagner un temps suffisant pour que les officiers mettent leur plan à exécution.


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Mar 10 Juil 2012 - 21:16, édité 1 fois
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Cet humain n'était pas normal. La plupart du temps, lorsque les hommes lui opposaient une trop forte résistance, il était aisé pour Monster de les tuer. Leurs os fragiles cédaient rapidement sous la puissance hors du commun de ses tentacules. Ils n'avaient absolument aucune chance contre lui. Mais aujourd'hui, c'était l'inverse qui se produisait. Il avait la sensation d'être une crevette en face d'un requin.

Pendant un bref instant de confusion, il trouva la sensation agréable. S'il étudiait la médecine humaine, c'est parce qu'il admirait cette race. Se retrouver dans la même situation qu'eux les rapprochaient, d'une certaine manière. Mais la détresse de sa situation le ramena à la réalité. Il pouvait voir la mort. La mort était commune à toute les espèces, pas seulement l'espèce humaine. Il n'y avait donc pas de quoi la trouver attirante. Et s'il mourait, il ne pourrait plus étudier.

Monster n'avait jamais envisagé la mort comme une libération de sa condition d'homme-poisson. Le fait de ne plus vivre était encore plus angoissant que de vivre seul. Qui pouvait affirmer d'ailleurs que la mort ne se résumait pas en une solitude éternelle ?

Hors de question de mourir.

Alors qu'il était entraîné par l'agent Kaito sous l'eau, il parvint à sortir de ses pensées pour voir s'il était possible de contre-attaquer. Mais l'humain de métal était toujours aussi dur et l'étreinte de son tentacule ne parviendrait pas à lui briser la nuque. Vaincre en combat direct était donc impossible. Ne restait donc qu'une seule solution : la noyade. Monster garda aussi comme atout la fuite, mais ne voulait pas encore en venir là alors qu'il était dans son milieu naturel, et donc avantagé. Il relâcha donc sa pression d'un coup et, d'un geste vif, se propulsa avec ses tentacules vers le haut. Son adversaire ne s'attendait certainement pas à cela car il ne réagit pas à temps pour lui porter un coup.

Surplombant l'humain inhumain, se retrouvant presque au niveau de la surface, Monster se prépara à tournoyer ses tentacules pour prendre de la vitesse. Dirigeant son corps vers les abîmes il atteint presque instantanément une vitesse digne du piqué d'un faucon dans les airs. Son plan était de surprendre l'agent Kaito. Il espérait que celui-ci se prépare à parer l'attaque de l'homme-poulpe et qu'avec la vitesse il ne puisse pas réagir si ce dernier tentait autre chose. Contre toute attente, son plan fonctionna. Il passa en trombe à côté de son adversaire mais sans le heurter. Cependant, au dernier moment, il enroula autour de sa cheville un tentacule. Ne pouvant pas réagir aussi rapidement, l'humain fut entraîné au fond de la mer, Monster comptant sur la pression de l'eau et sur les poumons de l'homme pour lui donner la victoire. Il ne doutait pas de la capacité de l'agent Kaito à renverser la situation dès qu'il aurait comprit ce qui lui arrivait. De ce fait, chaque mètre gagné était un pas vers une victoire inespérée.

Deux mètres.

Cinq mètres.

Dix mètres.

« ... »

La douleur déchirante qui lui traversa le dos lui fit doucement lâcher prise. Il n'eut que la force de se retourner pour voir la faucheuse le mener vers la solitude des fonds marins. Sa mort ressemblerait furieusement à sa vie.
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L’assaut de Kaitô avait porté ses fruits, la bête violement prise à parti, n’avait d’autre choix que de céder du terrain, signe avant coureur d’une retraite anticipé dans les abîmes. Au moment où Kaitô s’apprêtait à regagner la surface en espérant s’être débarrassé de la créature, celle-ci fit étalage de toute la fourberie et de la sournoiserie de sa race ignoble. Le céphalopode surgit des profondeurs à toute vitesse, se propulsant dans les airs et dépassant par la même occasion l’agent du CP9. L’enflure préparait un mauvais coup mais le manque de respiration obligeait Kaitô à remonter à la surface et quelque soit ce que mijotait son adversaire. L’agent touchait au but, les ténèbres s’amenuisaient et laissait place à une luminosité bienveillante, Kaitô sentait presque les rayons de l’astre lumineux effleurer de toute leur chaleur son épiderme. Cette douce réalité passa brutalement au rang de l’illusoire lorsque la bête s’immergea et saisit la jambe de Kaitô avec son immonde appendice. Cette saloperie amphibie jouait une nouvelle fois la carte de la ruse ou plutôt celle de la noyade. Ne pouvant rompre les cervicales de l’agent, la créature devait être désemparé et s’était refugié dans cette solution de fortune pour occasionner le trépas de cet agent coriace. Le risque était réel et à en croire la vélocité de la bestiole, elle comptait bien tirer un trait sur Kaitô en mettant à profit la pression. Rien ne semblait arrêter le monstre dans sa course effréné, tout son corps frémissait d’impatience à l’idée d’en finir une bonne fois pour toute avec cet élément perturbateur. Au fur et à mesure qu’ils s’immergeaient, Kaitô ne pouvait s’empêcher d’entrevoir la fin de son parcours, l’air commençait à cruellement manquer pour son organisme et ses muscles auparavant nourris en apport régulier d’oxygène devenaient de plus en plus apathiques. L’idée qu’il puisse ne pas en réchapper lui traversa subitement l’esprit, l’homme poisson faisait preuve d’une initiative et d’une fougue inébranlable. L’octopus alla même plusieurs tentacules pour renforcer son étreinte sur la cheville de Kaitô et être certain de faire succomber son opposant. Kaitô cherchait à gagner un temps précieux pour mettre en œuvre le plan savamment orchestré. Cette immersion permettait à l’agent de tirer profit d’une vision directe sur la coque du navire et plus particulièrement sur l’aile du gouvernail que cette enflure visqueuse avait désolidarisé. Après une plus mûre observation de la quille, il constata que sa course effrénée à travers l’écume se ralentissait progressivement, le plan commençait enfin à porter ses fruits. Kaitô esquissa un sourire de satisfaction, la pieuvre était bien trop focalisée sur sa descente en piqué pour s’apercevoir de la tournure des évènements. L’agent savait que si cette créature malsaine venait à l’éliminer, il reviendrait aussitôt à la charge sur le navire de l’expédition et tous les efforts de l’équipage, des scientifiques et de l’agent en lui-même se révéleraient vains.

Un agent du Cipher Pol est le garant de la justice sous toutes ces formes, le bras armé du gouvernement pour écraser les contrevenants à l’ordre établi et cette homme-poisson s’était rendu coupable de bien trop de crimes pour qu’il reste impuni. Cette idée inonda son cœur d’une impétuosité violente et bouillonnante, se débattre brutalement ne lui ferait que perdre du temps et une énergie bien trop précieuse. Règle 105 du Cipher Pol, toujours savoir tirer parti de l’environnement dans une situation épineuse et les récifs coralliens sous marin aussi acérés et vénéneux soient t’ils, allaient parfaitement faire l’affaire. L’agent attendit d’être à proximité des dits coraux avant de se mouvoir sauvagement dans leur direction, la bestiole avait senti le coup arriver et repoussait tant bien que mal la tentative de l’agent mais Kaitô avait un atout dans sa manche, une dernière carte dont cette immonde poulpe n’avait pas encore eu l’occasion d’endurer les effets : le pas de la lune ou plus communément appelé Geppou. Il relâcha subitement tout ses efforts afin de désorienter son adversaire puis usa son pied libre pour exécuter la technique. Les deux corps frappèrent le corail puissamment, celui du calmar faisait office de bouclier pour l’agent du CP9. La souffrance ressentie en écho de ce choc donna l’opportunité à Kaitô de se délivrer de l’emprise de son adversaire et de remonter à tout hâte vers la surface. L’agent remontait comme une flèche vers la surface, qu’importe la douleur qu’il ressentait, qu’importe les pensées qui lui traversaient l’esprit, ce n’était qu’une affaire de plusieurs dizaines de secondes avant qu’il ne rende l’âme et que Poséidon s’accapare son corps. Il filait à toute vitesse sans regarder dans son sillage de peur de voir la bête à sa poursuite. Les officiers avaient fait preuve d’un bon esprit initiative, ils n’avaient guère autre solution que de balancer l’ancre de par le fond pour stopper définitivement le navire et éviter le naufrage prochain . L’agent parvint in extremis à regagner la surface de l’eau, cette remontée du fulgurante se suivit aussitôt d’une une grande bouffée vitale d’oxygène. Ces compagnons, atterrés de l’apercevoir encore en vie, exprimèrent toute leur émotions par de grandes exclamations de satisfaction et de bonheur. Ils lui portèrent assistance sur le champ en l’aidant à regagner le vaisseau et lui fournit une couverture de survie.

"On a un problème avec l'ancre, un obstacle semble avoir entravé sa descente si bien qu'on risque de chavirer si on trouve pas immédiatement une solution ! "

Au moment où l'agent Kaitô pensait s'être tiré d'affaire, le sort s'acharnait bel et bien sur lui et sur cette exploration pleine de guigne. Ca allait de mal en pis. La falaise rugueuse se profilait à l'horizon et tout portait à croire que le choc était inévitable... à moins qu'ils ne parviennent à lâcher du leste en se débarrassant de tous les équipements pondéreux jugés superflus. Une analyse rapide du pont du vaisseau le fit se focaliser sur les caisses que l'équipage avait basculées à bâbord. L'agent savait éperdument que celles-ci contenaient des livres volumineux et poussiéreux appartenant aux scientifiques et chercheurs de l'expédition. Fallait s'attendre à ce que ces grosses têtes pensantes et binoclards à lunettes soient réticents à cette idée. La tournure de la situation ne leur offrait que cette unique perspective pour réchapper au désastre.

"Passez par dessus bord toutes ces foutues caisses remplies de bibelots en tous genre. Au grand dam, les grands moyens. On a peut être une chance, grouillez vous, chaque seconde compte !"

"Vous pouvez pas faire ca, toutes ces écrits remplies de connaissances vont être perdues à tout jamais. Arrêtez ca pauvre fou!"

Une frappe directe dans l'estomac fit office de seule réponse à ce léger différend. Le scientifique non accoutumé au combat tomba dans les vapes et c’était bien mieux ainsi La rigueur et l'implacabilité du CP9 oblige à agir de la sorte dans des situations de crises. Ceux qui perdent leur sang-froid et leur assurance doivent être mis hors d'état d'entraver la bonne suite des opérations. Ce type avait fait office d’exemple pour ses congénères, il en faut toujours un que la pilule puisse passer sans encombres. On ne pinaille pas avec le savoir et toutes ces breloques lorsque la survie d'une expédition est dans la balance, ces bougres n'avaient qu’à se faire une raison.

Une quarantaine de caisses furent envoyées les unes à la suite des autres par le fond, le geste de Kaitô avait suffit à calmer les ardeurs des autres scientifiques qui voyaient en l’agent un type déroutant pour qui son devoir était son seul et unique leitmotiv. Bientôt la progression du navire fut complètement freinée à proximité de la falaise rocailleuse, tout s’était joué à une dizaine de mètres. Ils l’avaient échappé de justesse encore une fois. Une question restait en suspens, qu'était t'il advenu du céphalopode ?
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Cette fois, il avait bel et bien définitivement perdu. Le corps écrasé contre la falaise sur laquelle s'était développé le corail aiguisé, il sentait son sang s'échapper de son dos. Et avec lui sa conscience, et avec lui ses espoirs et ses rêves. Il ne pouvait plus bouger. Dans un instant, l'agent Kaito allait lui donner le coup final et lui ôter la vie pour de bon. Résigné, il observa son adversaire avec une pointe de curiosité ; il se demandait comment celui-ci allait s'y prendre pour l'achever.

Mais il n'en fut rien.

Alors qu'il tenait son destin entre ses mains, l'agent donna une impulsion contre le mur en pierre et s'éleva en direction de la surface. Alors qu'il battait furieusement l'eau de ses pieds, Monster compris que l'oxygène lui avait finalement fait défaut et qu'il était urgent pour lui de retrouver l'atmosphère chargée d'oxygène. Le fait que ça soit ses branchies d'homme-poisson qui l'épargnaient momentanément le révulsait. Il préférait mourir maintenant que de devoir la moindre reconnaissance à son immonde nature. Cependant, il n'avait pas le choix, car son corps ne lui obéissait plus. Doucement, son dos se décolla de la falaise et l'attraction des abîmes le fit chuter encore plus profond. Par hasard, un courant marin le fit se retourner, le laissant contempler la surface, loin au dessus de lui. Elle brillait d'un magnifique bleu clair, et les rayons du soleil la traversait pour se rependre en faisceaux traversant la mer.

C'était très beau. Le soleil embellissait toute chose en ce monde. C'est pour cela que Monster aurait voulu vivre à la surface, avec les humains. Là haut, il aurait été plus beau.

Il pouvait aussi voir la coque du navire, qui se résumait en une petite tâche sur le tableau le surplombant. L'agent Kaito devait avoir rejoint son bord maintenant. Allait-il tenter de replonger pour l'achever ? Il en doutait, il devait être affaibli aussi. De toute façon il n'aurait certainement plus put l'atteindre, maintenant que son corps descendait encore et encore, de plus en plus profondément. Alors qu'il fixait son attention sur le bateau, il remarqua qu'il n'avait toujours pas stoppé sa course et qu'il allait tout de même finir par entrer en collision avec la falaise. Une petite victoire ? Si Monster parvenait à se remettre de ses blessures, s'en serait une énorme car il serait parvenu à son objectif et pourrait récupérer son trésor.

Mais alors que toute échappatoire semblait perdue pour l'équipage, Monster put voir un minuscule point grossir. Quelque chose se dirigeait vers lui. Après quelques secondes, l'homme-poulpe put distinguer de quoi il s'agissait : l'ancre. Ils avaient finalement réussi à le rejeter à l'eau. Cette fois, Monster ne pourrait rien faire pour les en empêcher. Il la vit passer à quelques dizaines de mettre de lui, son lourd poids la faisant chuter plus vite. Il l'entendit s'écraser sur le sol rocailleux des abîmes, signe que l'homme-poisson avait bientôt achevé sa descente. Il vit la chaîne se tendre et le bateau commencer à ralentir, à quelques mètres seulement de la falaise. Les yeux rivés sur l'embarcation, Monster attendait de voir si elle allait s'arrêter à temps ou pas, alors que son corps se posait enfin au plus profond de la mer.

En tournant les yeux, il vit avec satisfaction que la chaîne se déplaçait. Apparemment, l'ancre n'avait pas trouvé de prise assez solide pour parvenir à stopper net le navire, du fait de son poids imposant. Ils ne parviendraient pas à se sauver.

Pourtant, il semblait que le navire ralentissait de plus en plus vite, alors que l'ancre raclait le sol de moins en moins vite. Cela n'aurait pas du être le cas pendant quelques centaines de mètres encore, Monster n'en croyait pas ses yeux. Puis il vit d'autres objet couler doucement au dessus de lui. Des caisses en métal, des dizaines. La pluie de parodies de lests devenait de plus en plus importante et son champs de vision en fut recouvert. Il comprenait... Ils avaient largué par dessus bord la cargaison la plus lourde pour pouvoir ralentir plus vite.

Avec rage, Monster sentit proche de lui l'ancre s'arrêter, la chaîne se tendre encore plus et le navire stopper définitivement sa course, à moins de dix mètres de la falaise meurtrière qui était prête à déchirer de part en part la coque de l'énorme embarcation. La douleur dans son dos se fit encore plus lancinante, relancée par la pensée cuisante de l'échec total. Il n'avait pas tuer l'agent Kaito et n'était pas parvenu à couler ce maudit navire contenant tant de connaissance.

Une énorme caisse traversa un instant un faisceau lumineux du soleil, attirant l'attention de Monster. L'objet en métal tombait en direction de l'homme-poisson qui la regardait, intrigué par il ne savait quoi. Sans doute avait-il perçu le signe que lui adressait l'astre bienveillant. Quoi qu'il en soit elle parvint bientôt à destination, et s'écrasa à quelques mètres seulement du corps de la créature destructrice de navires.

En percutant le sol la caisse, non scellée, bascula sur le flanc et s'ouvrit, déversant son contenu dans la mer. Les objets libérés se mirent à s'élever pour tenter de rejoindre la surface et Monster, sans tourner la tête, put donc voir de quoi il s'agissait.

Des dizaines et des dizaines de livres épais, trésor du monde des humains. "Le système cœnocytal des champignons", put lire Monster sur la reliure dorée d'un gros bouquin. Le monde de la connaissance biologique était là, éparpillé au dessus de lui. Bientôt les livres se chargeraient d'eau et leur densité s'éléverait, puis ils retomberaient. Jamais ils n'atteindraient la surface. Quand Monster serait en état de bouger, il aurait tout le temps de les récupérer.

Car il allait survivre, il le savait. Quelle serait l'utilité de mourir maintenant, alors qu'il était parvenu à son objectif : voler ces livres ? Aucune chance. Il se remettrait de ses blessures à coup sûr, se soignerait efficacement et poursuivrait avec encore plus d'acharnement sa quête.

Finalement, il avait gagné.
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