La nuit tombe. Je suis seul dans la chambre. Comme un rituel. Ultime moment de calme avant de me lancer dans une nuit de lumières et d'artifices. Le marché proposé par Hadoc répond à mes attentes. Il est inhabituel de trouver interlocuteur si conciliant dans la Marine, mais la perspicacité semble faire partie du bagage même ce celui-là. Il a une enquête à mener à bien, il y met le prix. Il sait évaluer les risques, intuiter les bons coups. La preuve, le million désormais en ma possession. Symbole de la confiance qu'il porte à ce pari sur mes qualités de joueur et ma loyauté envers lui. Elle sera généreusement récompensée; au Bellagio, je serai dans mon élément, la réussite ira de pair avec les cartes.
Le gérant de la Trinquette aura sûrement envoyé plusieurs sbires suivre mes faits et gestes pendant la soirée; le plus sage est de me laisser mener ma barque en solo, maître de mes actions à l'intérieur du Casino. Il serait fâcheux qu'une paire d'yeux attentive m'aperçoive en compagnie de Gaston, mon futur adversaire de fight, ou de son Mickey. Ça ferait mauvais genre. J'en ai réfèré aux officiers des Ghost Dogs un peu plus tôt; ils n'ont manifesté aucune contrindication.
Trovahechnik semble avoir repris le contrôle de ses émotions. S'il est animé d'émotions, difficile à dire. Il arbore de nouveau ce masque d'indifférence et de déplaisir pour à peu près tout, moi y compris. Le tour que je lui ai joué n'y est pas étranger. Mais c'était mon atout maître pour me tirer de ce guêpier, je ne peux décemment pas m'excuser de l'avoir abattu.
Hadoc lui, est tout à notre mission. Même si je compte bien me cantonner dans mon rôle, je me suis enquis des détails de son plan, par curiosité. Si un coup de filet est organisé, il faudra tout à la fois intervenir à la Trinquette et chez le vieux Eb'. Il n'est pas à exclure non plus la présence de certains individus véreux dans le Bellagio même. Un nouvel établissement de jeu qui s'implante en ville, ça attire toujours les gros portefeuilles. Quelle que soit la couleur de l'argent qui y dort. Une action d'envergure en perspective.
À laquelle j'ai déjà apporté ma contribution. Ne me reste plus qu'à m'asseoir devant un tapis vert jusqu'au petit matin, à jouer les mains et faire gonfler mes piles de jetons; ce que je fais de mieux. Un coup d'œil dans la glace; je suis parfait. Pas une ride de tension, pas une once de stress. Juste le regard confiant du joueur, le sourire en coin, la démarche souple. En somme, cette soirée n'est pas si différente de bien des précédentes. J'ai déjà prêté mes talents cartes en main à plus d'un parti pour faire couler les autres. Seul changement, cette fois-ci, je défends les intérêts de la Justice. Qui l'eut crû.
Le soleil a disparu à l'horizon depuis un moment maintenant. Les petites gens s'endorment peu à peu, l'univers du luxe, de l'argent, du spectacle s'éveille. Il est l'heure. Le million dispensé par Hadoc en poche, je quitte la chambre, retrouve les deux officiers que je vois pour la dernière fois avant le début de l'opération. Pour ne pas prendre le risque d'être repéré ensemble.
D'ici une demi-heure à peine, je serai au casino. D'abord, troquer mes Berrys contre des jetons. Arpenter les lieux, faire le tour du propriétaire, relever les gens importants. Une heure, première table, premier verre. Pour tester l'ambiance. Se prendre au jeu, gagner quelques mains. Puis, monter aux tables à grosses mises. Y faire son trou. Offrir un pourboire aux serveurs, ils se souviendront de ma boisson. Se livrer aux mondanités d'usage en caressant les cartes. S'approprier l'endroit. Et prendre la mesure de la table. Faire fondre les fortunes des autres joueurs sans altérer leur sourire. Tout en doigté. Tout en maîtrise. En Gambler. Et ce pendant huit heures. Aux premières lueurs de l'aube, je serai riche. Et libéré de tous mes soucis. Le rêve de tout joueur. Si tout se passe pour le mieux.
Messieurs, rien ne va plus.
Le Bellagio m'attend.
Le gérant de la Trinquette aura sûrement envoyé plusieurs sbires suivre mes faits et gestes pendant la soirée; le plus sage est de me laisser mener ma barque en solo, maître de mes actions à l'intérieur du Casino. Il serait fâcheux qu'une paire d'yeux attentive m'aperçoive en compagnie de Gaston, mon futur adversaire de fight, ou de son Mickey. Ça ferait mauvais genre. J'en ai réfèré aux officiers des Ghost Dogs un peu plus tôt; ils n'ont manifesté aucune contrindication.
Trovahechnik semble avoir repris le contrôle de ses émotions. S'il est animé d'émotions, difficile à dire. Il arbore de nouveau ce masque d'indifférence et de déplaisir pour à peu près tout, moi y compris. Le tour que je lui ai joué n'y est pas étranger. Mais c'était mon atout maître pour me tirer de ce guêpier, je ne peux décemment pas m'excuser de l'avoir abattu.
Hadoc lui, est tout à notre mission. Même si je compte bien me cantonner dans mon rôle, je me suis enquis des détails de son plan, par curiosité. Si un coup de filet est organisé, il faudra tout à la fois intervenir à la Trinquette et chez le vieux Eb'. Il n'est pas à exclure non plus la présence de certains individus véreux dans le Bellagio même. Un nouvel établissement de jeu qui s'implante en ville, ça attire toujours les gros portefeuilles. Quelle que soit la couleur de l'argent qui y dort. Une action d'envergure en perspective.
À laquelle j'ai déjà apporté ma contribution. Ne me reste plus qu'à m'asseoir devant un tapis vert jusqu'au petit matin, à jouer les mains et faire gonfler mes piles de jetons; ce que je fais de mieux. Un coup d'œil dans la glace; je suis parfait. Pas une ride de tension, pas une once de stress. Juste le regard confiant du joueur, le sourire en coin, la démarche souple. En somme, cette soirée n'est pas si différente de bien des précédentes. J'ai déjà prêté mes talents cartes en main à plus d'un parti pour faire couler les autres. Seul changement, cette fois-ci, je défends les intérêts de la Justice. Qui l'eut crû.
Le soleil a disparu à l'horizon depuis un moment maintenant. Les petites gens s'endorment peu à peu, l'univers du luxe, de l'argent, du spectacle s'éveille. Il est l'heure. Le million dispensé par Hadoc en poche, je quitte la chambre, retrouve les deux officiers que je vois pour la dernière fois avant le début de l'opération. Pour ne pas prendre le risque d'être repéré ensemble.
D'ici une demi-heure à peine, je serai au casino. D'abord, troquer mes Berrys contre des jetons. Arpenter les lieux, faire le tour du propriétaire, relever les gens importants. Une heure, première table, premier verre. Pour tester l'ambiance. Se prendre au jeu, gagner quelques mains. Puis, monter aux tables à grosses mises. Y faire son trou. Offrir un pourboire aux serveurs, ils se souviendront de ma boisson. Se livrer aux mondanités d'usage en caressant les cartes. S'approprier l'endroit. Et prendre la mesure de la table. Faire fondre les fortunes des autres joueurs sans altérer leur sourire. Tout en doigté. Tout en maîtrise. En Gambler. Et ce pendant huit heures. Aux premières lueurs de l'aube, je serai riche. Et libéré de tous mes soucis. Le rêve de tout joueur. Si tout se passe pour le mieux.
Messieurs, rien ne va plus.
Le Bellagio m'attend.