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Réhabilitation : Un nouveau départ. [1623]

Réhabilitation : Un nouveau départ. [1623] 64235310

Spoiler:

Mourir devait être tache plus aisée que l’entreprise d’un tel voyage. Définitivement. Pourtant voilà une chose que tout Être cherchait à éviter. Mais à quel prix ? Certains étaient prêts à endurer les pires atrocités, voir dignité et raison sauvagement écrasée pour en retour avoir la médiocre chance d’assister une aube nouvelle…Non. Tout Homme devait mourir. À chacun de voir comment."Seuls les faibles n’ont pas le choix", finit-il par murmurer, seul, dans sa cabine…Et c’était l’une des principales forces de son peuple. Tous avaient accepté cette fatale destinée…seule importait pour eux de savoir de quelle manière celle-ci finirait par s’accomplir.

Il l’avait lui-même décrété avant d’embarquer : « Aucune escale avant d’être à proximité de Luvneel ». Mais après avoir essuyé vents et marées, tempêtes et abomination marine en tout genre, l’homme avait finalement laissé les regrets lui tenir compagnie. Comme tous bon Targaryen à bord, c’était la première fois qu’il sillonnait la mer. Un brigand des montagnes ne pouvait guère se vanter d’être alaise sur une chaloupe. Il en était de même pour ce peuple qui à son insu resta cloisonné plus d’un siècle sur terre. C’était comme lancer un manchot à l’eau, on ne pouvait pas espérer de lui qu’il flotte. Et ce n’était pas faute de s’être renseigné sur la question. Il avait épluché l’intégralité des livres à sa disposition faisant mention de la navigation, et de tout ce qui en découlait…mais rien ne l’avait préparé à ça.

Ces foutus Gossgon et leur fâcheuse habitude de se soûler à la moindre occasion avaient fait nombre dégats. Dès le premier lendemain de soirée, ils avaient tous fini, sans exception, par être victimes d’un furieux mal de mer, qui ne se concrétisait uniquement que par des crises aiguës de vomissement à la chaine. Le vin ne vous y arrangeant pas les choses, ils finissaient par être malade des jours durant. Et croyez le ou non, ces barbares, malgré tout trouvait le moyen de continuer à s’enivrer entre deux séances de dégobillage, prétextant que "ça faisait mieux passer l’morceau, le vin". Que des conneries. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour décréter que soldat du Levant et du Couchant devaient être soigneusement répartis dans des galères différentes. Ces damnés Pan Dragon savaient, eux, mieux se tenir, c’était incontestable.

Lui-même, après trois longues semaines en mer, avait fini par être victime de ce mal. Mais son sang bleu, son rang lui interdisaient d’être aperçu dans un tel état. Rien ni personne ne devait même se douter que Maekar Pan Dragon avait fini par vomir comme le dernier des péquenots. Non. Hors de question, ce n’était même pas concevable. Son valet de chambre avait fini par se douter de quelque chose. Il en était même venu à lui proposer son assistance. Pour ça il en avait payé de sa langue. D’toute manière le bonhomme ne débitait qu’ânerie sur ânerie, ce n’est pas comme si il en avait grand-chose à faire, de celle-ci.

Après quelques tempêtes des plus vigoureuses, ils avaient fini par perdre deux des six galères qui avaient quitté les eaux glacées de Valyria. Heureusement, seuls des soldats du couchant avaient péri. C’était dans ce genre de situation qu’il se félicitait lui-même pour sa vivacité d’esprit. Étant pour la plupart de simple raclure de la pire espèce, leurs pertes lui avaient fait ni chaud ni froid.. Quelques poignées de Berrys suffiraient à les remplacer. Après un nouveau recensement, il avait compté cent-cinquante Targaryens à bord des galères, sans parler de l’équipage pirate qui avait accepté de les conduire jusqu’à Luvneel…à prix d’or, bien évidemment.

L’alliance avec le plus jeune des Don Tempiesta avait un goût amer, il déplorait même celle-ci puisqu’elle risquait fortement d’aller à l’encontre de l'ensemble de ses projets. Mais le roi n’avait pas été si stupide qu’il l’aurait espéré, et avait clairement vu dans l’ascension précoce du jeunot une assurance de vengeance pour lui et son peuple. Si le petit mafieux réussissait à réunir toutes les familles des océans, l’avènement de cet exploit ne serait que synonyme de révolution. La mafia comme on ne l’avait jamais vu… Voilà une perspective qui pouvait plaire aux têtes pensantes du gouvernement. S’ils avaient un brin de jugeote, il le laisserait faire. À lui seul, il avait la capacité de mettre un terme à l’intégralité des conflits mafieux, qui pour certains duraient depuis plusieurs décennies. Et si le roi obtenait le soutien du gouvernement par le biais de ce don, ses plans tomberaient tous à l’eau. Cela ne pouvait pourtant pas arriver.

Y songer lui foutait le moral à bas, mais que faire ? Tuer le fou qui se bringuait roi, sinon quoi ? Sa stupide royauté, elle, n’aspirait qu’à la vengeance, rien d’autre. Pourtant elle n’était pas la leur, pas la sienne. Pour rien au monde il n’était prêt à prendre part à la boucherie qui les attendait tous. Et pour ça, c’était à lui de faire un pacte avec le gouvernement. Lui, le seul éclairé de tout un peuple enclin à la folie et la vanité comme jamais on aurait pu le voir… d’où sa présence en ces lieux miteux. Toute une mascarade qu’il avait mise en place dans l’espoir que sa royauté daigne rejoindre les rangs du Don Carbopizza. Mais le retournement de situation causé par ce fichu tourne-casaque de Baelor l’avait contraint à se porter volontaire et ainsi se retrouver du voyage, à répondre aux ordres d’un immonde bâtard sous l’influence du parjure le plus connu du royaume.

Alors qu’il se trouvait dans sa cabine, Maekar daigna finalement retrouver sa couche et s’autoriser quelques heures de sommeil. Voilà bien deux jours que le mal de mer lui avait coupés court toute envie de dormir.

    Lorsque ses paupières s’ouvrirent à nouveau, quelqu’un frappait avec ardeur à sa porte. Le temps d’enfiler ses effets habituels, il ouvrit à la volée la porte de sa cabine et toisa avec colère l’homme qui l’avait tiré de son doux sommeil. Il se remémorait un rêve agréable, malheureusement rien d’autre ne lui revenait en tête. Pas même le moindre détail.

    En face de lui, se tenait, tout ratatiné sur lui-même tant il avait honte, son nouveau valet. Son nom ne lui revenait plus. Un jour peut-être réussira-t-il à se familiarisé à l’un de ces jeunots qui allait et venait sans arrêt. Celui-ci contrairement au précédent, était pourvu d’un joli minois coiffé d’une splendide chevelure argentée qui s’épanouissait en de jolies boucles jusqu’à ces épaules, un mélange d’une telle élégance qu'il avait probablement dû faire mouiller toute les minettes du royaume, et davantage.

    « Parle. »

    « Nous ne sommes plus qu’à quelques miles des côtes de Luvneel. Les Galères tiennent leurs positions, nous n’attendons plus que vos ordres. »

    « Sommes-nous suffisamment éloignés des côtes ? »

    « Il me semble que oui, de là, personne sur terre ne risque de nous voir. Les vigies affirment qu’aucun navire n’a été aperçu pour le moment.
    »

    « Très bien. Faites passer l'ordre aux capitaines d’aborder le moindre navire s’approchant de trop près la flotte, et de faire prisonniers les équipages, jusqu’à ce que le dernier Targaryens ait mis le pied à terre. Compris ? Et fait donc venir Duncan, j’ai un mot à lui dire. »


    Sur ce, le jeune page le planta là. Satisfait, Maekar regagna sa cabine. Lui au moins avait eu la courtoisie de se tenir à sa place, aucune familiarité, direct et et efficace. Que demander de plus de la part d’un jeune adulte tout récemment rentrer dans l’âge ? Il veillerait à retenir son nom cette fois ci. Peut-être que lui en valait le coup.

    Il fallut une vingtaine de minutes à Duncan pour enfin se décider à se montrer. L’homme avait l’air de mauvais poil, mais son ton ne laissa rien transparaitre.

    « Lord Maekar. »

    « Il n’y a plus de ça qui tienne. Ici bas, nos titres n’ont plus aucune valeur. Maekar suffira pleinement. »

    « Bien. »Trancha-t-il froidement. Il était définitivement une cause perdue. Il avait eu beau s’essayer à toutes les affabilités imaginables, celui-ci restait impassible à ses charmes. Pourtant, il avait besoin de lui si lui-même voulait aspirer à renverser le bâtard

    « Nous allons accoster les premiers. Si mes souvenirs sont bons, Baelor nous attends à TaraLuvneel ? » Il n’escompta pas que de réponse de la part de son interlocuteur, c’était peine perdue. « Nous devons constater de nous-mêmes l’état des lieux avant même de penser à débarquer sur l’île, à cent-cinquante, qui plus est tous identique, nous n’aurons aucune chance de passer inaperçus. Et les instances du royaume ne doivent en aucun cas avoir conscience de notre présence en ces lieux. Faites passer le message aux Capos et à vos hommes, qu’ils en fassent de même. »

    « Mes Hommes sont parfaitement au courant de la marche à suivre. »

    « Je n’en doute pas le moins du monde, cher ami. » Sur ce, le capo esquissa une grimace. Mais peu importe, il n’en tint pas rigueur. Pas avec lui. « Mais la prudence restera notre maitre mot, rabâcher à vos hommes d’avantages les consignes, un rappel ne pourra pas leur faire de mal. Ni à vous d’ailleurs. N’oubliez pas ce qu’il advient des pirates une fois sur terre. Sur ce, transmettez le message et mettons nous en route. »

    À nouveau, on le quitta sans un mot. Voilà bien une chose qui lui était familière, personne ne trouvait jamais à en redire avec lui. C’était probablement dû à la crainte qu’éprouvait la majorité des Targaryens à son égard. Il avait jusqu’à présent su se montré d’une cruauté implacable envers ses ennemies et ceux enclins à l’être, tout en gardant une facette élégante qui elle-même contribué à la crainte qu’on éprouvait pour lui. Comment ne pouvait-on ne pas craindre un homme qui au premier regard semblait des plus sages et aviser alors que l’on savait que si par malheur on venait à le contrarier, son châtiment n’aurait que pour limite l’étendue de sa cruauté. Non, seul son regard d’aigle était une valeur sûre. D’où le stupide sobriquet qu’on lui avait attribué. Si ce n’est qu’il soit né au sommet du col de l’aigle.

    Il fallut aux pirates une longue heure pour qu’ils les fassent accoster près d’une baie peu habitée, signalée à l’aide d’une vulgaire lampe de poche par l'un de leur contact. Il fut le seul, accompagné d'une mince escorte composée de deux soldats, à quitter le navire. Après s’être dérobé sous une chaude cape, il emboita le pas vers ledit contact. L’absence de ses lieutenants le mettait hors de lui. L’homme qui les attendait avait intérêt à être Baelor, ou il allait faire un massacre.

    Et sans grande surprise, ce ne fut guère le vieillard qu’il avait espéré voir. qui l'attendait là Non il s’agissait de la jeune Shae Pan Dragon, fille de Duncan et prometteuse Lieutenant. Elle le salua poliment, mais d’une voix faible. Elle devait être surement intimidé par l’air terrifiant que lui procurés ses excès de colère. Et c’est bien ça que le parjure espérait, qu’il se met à dos tous ses lieutenants et capos. En y réfléchissant bien, la pauvre petite n’y était pour rien. Ce n’est pas comme ci elle avait eu son mot à dire dans cette histoire. Par contre l’autre…


    « Une calèche vous attend. Vos hommes sont les bienvenues, comme vous pouvez le constater on est en manque d’escorte. Juste une simple calèche qui j’espère vous satisfera le temps du voyage. On n’en aura pas pour longtemps. »

    Trop retourné pour envisager une réponse courtoise, Maekar la dépassa d’un pas vif avant de monter dans la dite calèche. Il pouvait remercier les dieux, celle-ci était suffisamment confortable pour un voyage d’une telle envergure. Plus, et ils s’en seraient mordus les doigts. À l’heure actuelle, il ne désirait rien d’autre qu’un bon bain et une nuit pleine de sommeil. Mais ça allait attendre, attendre qu’il daigne donner ses directives en ce qui concerne les trois galères qui n’attendaient que d’accoster. Mais si il ne pouvait pas trouver un lit pour toutes les personnes que contenaient les navires, ils allaient devoir rester encore le temps qu’il fasse le travail qu’était supposé faire leur fameux conseiller. Il était prêt à parier que ça allait être le cas.

    La jeune femme l’accompagna tout le long du trajet. Fort heureusement pour lui, elle jugea bon de ne pas l’importuner pendant que lui ruminait dans son coin. En voilà une autre qui tenait à sa langue. Après tout, c’était un fait connu que le châtiment favori du terrifiant Hawk-Eye était le taillage de langue. Oui, c’était connu. Et ça lui évitait de nombreux désagréments. En soit, il ne l’appréciait pas plus que d’autres, ce châtiment… mais quoi de plus efficace qu’une rumeur pareille pour tenir sage tous les jacasseurs de ce monde en sa présence ? Il se garda bien par contre de faire mention de son père. Voilà bien quelque chose qui l’aurait distrait de la tâche qu’on lui avait assignée


    Il faisait toujours aussi sombre lorsqu’ils arrivèrent à destination. Il emboita le pas de Shae dans la pénombre, pour quelques secondes après avoir quitté la calèche rentrer dans un bâtiment qui s’avéra vite être une auberge de luxe, et à sa plus grande surprise elle n’était occupée que par des gens de son espèce. Des chevelures argentées et blanches, une dizaine tout au plus, tenaient places dans de confortable et luxueux fauteuils le tout couvert par un faible murmure que sa présence interrompue bien vite. Tous se dressèrent en l’apercevant. Tous ses lieutenants lui faisaient face. Vieux comme jeune, tous le respectaient encore assez pour le considérer comme le noble qu’il avait été, et l’ancien éminent sage du conseil des huit. Ou bien, cette crainte habituelle, qu’en savez-t-il ?

    Après avoir serré solennellement la main de tous ses hommes, Shae l’invita à la suivre au premier étage, là où l’attendaient Viserys et Baelor.
      La jeune Shae le quitta sur le seuil d’une immense suite divisé en deux chambres, et le luxe n’y manquait pas ici non plus. Où donc ce fichu Baelor avait-il pu dénicher un tel bâtiment ? Fallait l’avouer, celui-ci était tout à fait à son goût, mais bien trop voyant pour des gens qui n’était pas supposé exister.

      La pièce était uniquement éclairée par quelques lampes à huile disposées dans chacune des pièces. Baelor était perdu dans un livre, ses yeux qui plissaient de fatigue semblaient avoir du mal à déchiffrer son contenu malgré la faible lueur qui émanait de la lampe près de lui, sans pour autant qu’elle ne réussisse à rivaliser avec la pénombre de la pièce. Le vieil homme leva un court instant ses yeux de l’ouvrage dans lequel il était plongé pour le fixer d’un regard las, avant de reprendre sans égard sa lecture. Se faufila ensuite de ses lèvres la pire insulte qu’il aurait pu lui faire à l’instant présent.


      « Hawk-Eye. » Susurra-t-il, tout en sachant très bien qu’il tenait en horreur ce stupide surnom. Il y a de cela à peine un an, personne, ni même lui ne se serait permis de le nommer de la sorte. Non, ça, c’était bon pour les commis de cuisine et piailleurs invétérés. Ceux qui faisaient des ragots un but dans la vie. Mais voilà qu’aujourd’hui le parjure se tenait au même titre que lui. En tant que conseiller et trésorier de la famille, le vieil homme détenait autant de pouvoir que lui, si ce n’est plus. Baelor le Juste, Baelor le Bienheureux, Baelor le Bon, tout le monde au royaume, malgré son parjure, l’idolâtrait pour sa magnanimité envers les siens. Lui au moins possédait des sobriquets des plus décents. Il devait d’ores et déjà avoir la plupart des Lieutenants et p'tits hommes dans sa poche…ce qui n’allait pas pour l’arranger. Mais quoi qu’il en soit, il ne lui ferait pas le plaisir de répondre à sa pique. Non, il n’attendait que ça. L’enfoiré avait beau se montrer las et fatigué, Maekar savait qu’au plus profond de lui, il jubilait.

      Après avoir avancé de quelques pas en direction du vieil homme, son attention fut attirée par un étrange bruit. Une plainte, ou un sanglot. Il n’aurait su dire. Mais quand il tourna sa tête sur sa gauche, il en comprit l’origine. Dans un coin de la seconde pièce se trouvait Viserys, accroupi, les bras ballants entre les genoux. Devant lui se tenait un homme chauve, recroquevillé sur lui-même. En regardant la scène avec plus d’attention, Maekar distingua un poignard que tenait Viserys, un poignard recouvert de sang. Et sa victime ne devait être que cet étrange homme vêtu d’un costume en lambeau et maculé de sang. Des plaies béantes faisaient place ici et là sur son corps. Il avait eu l’air d’avoir subi un sacré châtiment. Et connaissant le jeune bâtard et sa cruauté sans limites, celui-ci devait prendre un malin plaisir à le faire souffrir davantage. À en voir ses ecchymoses au visage, on l’avait d’abord passé à tabac avant de laisser le petit Don en faire son jouet personnel. Tout comme on savait très bien que lui n’était pas homme de confiance, on savait que le prince était enclin à la folie, et cela depuis le plus jeune âge. On ne lui donnait plus qu’une dizaine d’années avant qu’il ne perde définitivement la raison. Mais en dix ans, tant de choses étaient possibles.

      En le voyant faire, malgré son aversion envers ce petit être, Maekar ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Il était son œuvre à lui et à la prêtresse Eboshi. Durant toute son enfance, du moins jusqu’au retour de Baelor, ils avaient fait en sorte de nourrir la folie qui l’habitait, de telle sorte à en faire une arme. Tandis que paradoxalement il veillait à éradiquer cette tare du côté des fils et filles légitimes du roi. Mais un bâtard ? Qui s’en souciait donc ? Il s’était montré un sujet idéal à ses diverses expérimentations. En voyant ce qu’il était devenu aujourd’hui, une bête asociale qui ne vivait qu’à travers la souffrance d'autrui, Maekar se demanda ce que pouvait bien devenir son deuxième cobaye favori. Drogo, ce petit assassin qu’ils avaient lâché sur North Blue dans l’espoir qu’il y sème une terreur monstre, synonyme de la réhabilitation Targaryenne. Lui s’était montré moins docile, mais avait su à certains moments exprimés son potentiel en ce qui concernait la folie qui sommeillait en lui.


      Une fois assis sur un siège faisant face au conseiller, celui-ci daigna finalement fermer son livre pour le poser délicatement sur une table basse qui les séparait.

      « Baelor. Heureux d’apprendre que vous avez accompli votre tâche sans trop de difficulté. Du moins en ce qui concerne les lieutenants. Pourtant, il me semble peu probable que ce bâtiment puisse abriter plus de cent-cinquante personnes, y avait vous remédier ? » Le questionna Maekar dans l’espoir de trouver une faille, tout en faisant attention à ne pas laisser transparaitre la colère qu’il éprouvait à son égard pour l’insulte qu’il lui avait faite en lui réservant un comité d’accueil si grotesque.

      « Ravis pour ma part d’apprendre que vous n’avez pas trouvé la mort en chemin, l’on m’a dit que la mer avait été des plus capricieuse ces derniers temps. » Plaça le vieillard dans un sourire qui lui paraissait des plus faux.

      « Ne ne vous réjouissez donc pas trop vite, nous avons perdu plus de soixante-dix hommes suite à quelques tempêtes que nous essuyâmes non sans mal. J’ai fait le recensement, nous sommes cent-cinquante, m’entendez-vous bien ? Qu’envisagez-vous donc de faire afin les loger ? »

      « Chaque chose en son temps, mais si ça peut soulager votre conscience, oui j’ai prévu assez de lits et d’hôtes prêts à nous recevoir en échange d’une faible compensation. Mais nous y reviendrons. »

      Cette fois-ci, le vieillard arborait une mine sérieuse, qui lui réussissait des moins bien, lui le coureur de jupons invétéré. Maekar trouvait toujours bon de se rappeler qu’il avait été un parjure pour non pas une, mais diverses raisons. Personne n’était capable de lui enlever l’image qu’il avait de lui dans sa tête. Il n’était rien d’autre qu’un vieil homme davantage intéressé par les dessous de jupes que la politique et ce qu’elle impliquait dans leur mode de vie. Alors son air sérieux, il pouvait se le garder. De son côté, il ne prenait pas. Sa présence en ces lieux ne résultait que d’un désir de contrarier l’intégralité de ses plans, Maekar le savait pertinemment bien.

      « On va traiter les choses dans l’ordre, voulez-vous bien ? Pour commencer, le cas Drogo. Le petit a bien exécuté la mission qu’on lui avait attribuée. Comme on peut s’y attendre, cela a été grossièrement fait, plutôt que l’assassinat, il a préféré se débarrasser de sa tâche en mettant le feu à l’endroit où ils planquaient leur stock d’armes, comme nous l’avait indiqué le jeune Timuthé... Bien évidemment, c’est à moi qu’incombait la tâche de faire le ménage derrière lui. Le Don Al Pinata et deux de ses Capos avaient réussi à s’enfuir, mais le tranchant de ma lame a fini le travail. »

      « Ils sont tous bien morts ? Je veux dire les Capos. Qu’il en reste un seul et celui-ci n’aspira qu’à récupérer ce qui fut jadis sien. »

      Baelor ne put réprimer un léger rire, ce qui bien évidemment le mettait hors de lui. Il l’asséna d’un regard sévère, s’il s’avisait de nouveau à le tourner en dérision, la situation risquait de se gâter. Mais tout de même ! Qu’il soit vieux ou pas, ça ne justifiait pas de telles effronteries. Avait-il oublié toutes les bonnes manières que l’on enseignait aux nobles de son espèce dès le plus tendre âge ? La folie avait peut-être quelque chose à jouer là-dedans ? Finalement, rien de tout cela n’était à l’origine de ce jappement.

      « Tous ? Non. Il en reste un dernier qui la chance de pouvoir toujours respirer. »

      La mine de Maekar se déforma en une immonde grimace. Voilà bien une mauvaise nouvelle.

      « Mais il se trouve que notre bon Viserys s’est fait l’honneur d’en finir avec lui. Ce qui ne serait tarder d’ailleurs. »

      Mais qu’est-ce ? Se jouait-il à nouveau de lui ?

      « Ne faites donc pas cette tête, mon cher Maekar. Vous m’avez très bien compris, l’homme que vous avez vu en entrant est le dernier des Capos du Don Al Pinata. Enlevez-vous donc ça … »

      Cette fois-ci s’en était trop. Il ne put s’empêcher de se relever avec ardeur, renversant son fauteuil par la même occasion. Suite à cela, il plaqua avec force ses poings contre la table basse et toisa le vieillard de son regard le plus dédaigneux et cruel qu’il n’avait jamais accordé. Mais rien, le parjure n’avait pas bougé d’un pouce, ci ce n’est sa mine qui avait perdu son air enjoué qui ne vous procurait qu’un unique désir, trancher la tête de l’ahurie qui vous faisait face. Il pouvait au moins s’accorder ce mérite. Mais plus il se taisait, d’avantage sa colère prennait de l’ampleur.

      « Assez ! Que je vous prenne à nouveau à me porter affront de la sorte, c’est de ma colère et de ma cruauté que vous allez gouter ! Osez ne serait-ce qu’une fois de plus, parjure, et je me ferais un devoir d’anéantir votre misérable vie ! »

      « Toutes mes excuses, ces quelques mois en dehors du royaume m’ont fait oublier à quel point vous, gens du conseil, étiez susceptible et dépourvu du moindre sens de l’humour. Quoi qu’il en soit, vous ne m’y reprendrait pas, soyez en sûr. Il est dans notre intérêt que l’on soit capable de trouver un terrain d’entente. »

      Il n’en pensait pas un mot, mais des semi-excuses valaient toujours mieux que rien. Et ce n’était guère dans ses habitudes de perdre patience de la sorte. Du moins pas en présence des gens de son rang.

      « Très bien. Mais vous êtes avertis. » Dit-il en regagnant sa place après avoir soigneusement redressé son fauteuil, non sans peine. « Continuez donc. »

      « J’ai par la suite rencontré une subordonnée du Don, nous avons, comme prévu, scellé les termes de notre alliance. Il est fort probable qu’il requière nos services d’ici peu, mais en attendant nous avons un trafic à faire tourner. J’ai espoir que le roi et son conseil ont finalement tranché en ce qui concerne la nature de celui-ci. »

      « En effet, ils sont finalement arrivés à prendre une décision. Puisque le Don désire conserver main mise sur la contrebande d’armes, on fera dans les produits illicites et l’extorsion de fond. »

      « Parfait, les mafieux de Pinata étaient pour la plupart chargé de revendre diverses drogues assez communes dans les quelques îles phares de North Blue. Il ne nous restera plus qu’à prendre contact avec ses grossistes, ils se fournissent sur Grand Line et font l’aller-retour une à deux fois par an. J’ai ma petite idée de comment cela pourrait se dégoupiller. Mais en ce qui concerne le racket... »

      Décidément, il y allait avec des termes bien crus pour ce qu’il était supposé représenter. L’homme semblait mieux s’adapter à son nouveau métier, qui aux yeux de tous (nobles du royaume) n’avait rien de plus ingrat.

      « Les commerçants de cette ville feront parfaitement l’affaire. Ne s’agit-il pas de la ville la plus attractive de tout le royaume ? Les touristes affluent par millier chaque semaine, les commerces sont florissants. C’est ici même que les Targaryens opéreront. Je soumettrais à Viserys demain dans la matinée la répartition de nos hommes. Nombre d’entre eux devront s’installer à Manshon, mais nous verrons ça en temps voulu. Je vous laisse vous chargez des galères restantes, elles n’attendent qu’une chose, accostées. Tous à bord doivent être aussi exténués que je le suis. Sur ce, je vous laisse. Ma fatigue prend à nouveau le dessus, mais vous devait connaitre ça, vieil homme ? »

      Tout avait été dit. Baelor souriait à nouveau, probablement parce qu’ainsi que quelques exceptions, il était l’un des seuls Targaryen à pouvoir supporter les voyages en mer. Mais Maekar préféra feindre ne rien voir, et après s’être levé, quitta la pièce, sans un regard pour celui qu’il devait dorénavant nommé Don. En ce qui concernait le dernier Capo, Viserys allait bien finir par se lasser de lui et mettre fin à ses jours.

      Shae l’attendait à nouveau au pied de la porte. D’un air toujours aussi neutre, elle le pria de la suivre jusqu’à la chambre qui lui était destinée. La chaleur que lui procurait celle-ci et la vu du lit fut indescriptible. Après avoir retiré ses effets, il se glissa sous ses couvertures chaudes, tout en ayant une dernière pensée pour les pirates qui à l’heure qu’il était devait avoir tous une épée profondément enfoncée dans le dos. Non, il ne fallait pas faire confiance aux Targaryens, lui le premier.