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Piège en Haute Mer.

L'agitation sur le port bat son plein. Du monde à l'embarcadère; du beau principalement. Tout en costume, en air suffisant et en conversations niaises. Le bourdonnement incessant d'abeilles gorgées de nectar. Un raffut irritant. Mais il faut l'endurer. C'est le prix de la traversée. En plus de celui en argent comptant. J'ai voulu aller me renseigner du tarif d'un aller simple vers Reverse Mountain auprès du contremaître de la Translinéenne. Ossoï m'a devancé. Après avoir avancé sa courtoisie comme prétexte. Grand bien lui en a pris. Un geste déplacé aurait pu partir par pur réflexe si le collet monté m'avait craché solennel comme il se doit de l'être face aux gens de marque le montant à la face. 3 Millions Berrys, cher Monsieur. Rien que ça. Un par tête.

La mienne, celle de Ossoï, et celle de la gosse. Lui me suit par allégeance. Je lui ai sauvé la mise, il m'estime digne de placer sa fidélité et sa lame entre mes mains. Raisonnement stupide, je lui en ai maintes fois fait la remarque. Il est le premier à m'avoir secouru. Nous sommes quittes. Mais arrivé un certain âge, les gens comme lui n'en font plus qu'à leur tête. Alors il me suit. Et Lina. Elle est là. À défaut d'être ailleurs. Sème les turbulences sur son passage, impertinente, impétueuse. Mais on fait avec. Au cours des six derniers mois, le trio a appris à vivre ensemble. Et se rend maintenant sur Grand Line. J'y ai pris rendez-vous avec le flûtiste. Le seul gibier à toujours me filer entre les pattes. Un curieux gibier. Motivations inconnues, caractère changeant. Raison de plus pour ne pas lâcher l'affaire. Seulement, un problème de taille se pose. Comment atteindre la Route des Périls.

J'avais en tête de prendre un rafiot par la force à une bande d'apprentis pirates comme il y en a plein. Le vieux samouraï a émis des réserves. Je l'ai écouté. Son avis est digne d'attention. Lina a suggéré de détrousser quelques gras bourgeois. Ossoï a tiqué à nouveau, moi avec lui. Seulement, les solutions à disposition s'épuisent. Et on se retrouve avec les relances de la môme qui nous balance trois fois par heure la même réplique.

Alors, qu'est qu'on va faire ?
J'en sais rien, qu'est ce que tu veux faire ?
Moi je te dis, qu'est ce que tu veux faire et tu me réponds je n'en sais rien que veux-tu faire; alors je dis faisons quelque chose.
Ok. Qu'est ce que tu veux faire ?
Rhaa !

Mais Lina a pas tort. On est dans une impasse. J'aime pas les impasses. Heureusement, je sais comment en sortir. Il suffit de trouver les idées. Il faut creuser. Creuser là où le doré s'effrite. J'avise Ossoï que je pars en quête de la solution miracle et que je veux pas de la petite dans les pattes. Elle réplique déjà qu'elle est pas petite, je l'ignore; le ronin prend le relai et la raisonne, je file vers les quartiers moins huppés de la ville. J'y trouverai bien une réponse à notre problème. On doit pas être les seuls sans le sou à chercher à poser le pied sur un navire en partance pour Grand Line. J'ai encore trois heures avant que le Fortuna ne file vers le grand large. Ça devrait suffire.

Première heure, premier tripot. Pas plus de lumière que dans des catacombes, même en plein jour. Un coin à pouilleux, des vrais. Deux trois client moins crades que la moyenne, rien qui ne soit vraiment intéressant. Une bière pour la forme, à guetter l'improbable. Et c'est tout. Deuxième heure, deuxième tripot. C'est mieux. Un petit air de musique juste ce qu'il faut entrainant. Pas suffisamment pour faire danser les clients mais quand même assez pour en voir certains taper dans leurs mains. Ça discute paisiblement, ça consomme gentiment. Trop gentiment. Pas de pirates dignes de ce nom ici. Mais j'ai glané le nom du troisième tripot, qu'on me dit plus dans le ton de ce que je cherche. Troisième heure. J'y débarque. On m'a bien renseigné. Ça pullule de crapules, ça pue la coquinerie. Parfait. Y'a plus qu'à repérer qui parmi tous ces forbans sont les gros poissons de l'aquarium. Les oreilles trainent sur les conversations, habitude oblige. Les plus saouls jouent déjà à se mesurer l'entrejambe. Et quand sortir le sabre ne suffit plus, on balance des noms. Jusqu'à prononcer celui qui clôt les débats. Mandrin. Luiz Mandrin.

Inutile de demander, les ragots circulent déjà. Un voleur. Le plus formidable du coin. Un expert. Avec une prime rondelette sur la tête. Il doit rejoindre Grand Line bientôt. Plus d'or à s'y faire. Autrement dit plus de renom à la clef. Il va quitter les Blues sur un coup d'éclat, affirme la grande gueule. Son plus grand chef-d'œuvre.

Et c'est pour ce soir !
Ce soir ??

Ce soir ? Brave homme. Un puis d'informations. Y'a pas à hésiter. Juste à agir. Filer le train au bavard, intercepter Mandrin, le cogner, fort. Et encaisser la prime. Facile. Une demi-heure et une pinte passent. On décolle. Surprise. Trois hommes quittent l'endroit avec celui qui m'intéresse. La garde rapprochée. Ils désertent la taverne en hâte, je leur emboite le pas, vingt mètres en retrait.

Le soleil décline déjà dans le ciel. L'embarcation devrait bientôt quitter le port. Il va falloir intervenir vite. Très vite. Au pire, je présenterai mon billet en la personne de Mandrin. Il couvre largement nos frais. Et si l'on en croit les rumeurs, la Translinéenne n'est pas symbole de probité. Je jetterai un œil plus attentif sur leurs affaires, à l'occasion. Dix minutes d'une filature sans accroc plus tard, on arrive sur les quais. Les quatre en rejoignent trois autres. Cible verrouillée. Perruque, tricorne, air noble. On le prendrait presque pour un vrai. Bref échange. Les uns invectivent les autres pour leur retard. Le ton baisse. On parle d'être prêt pour l'action. Difficile de tout saisir. La faute au bruit, dans mon dos. On vient.

Crr
Alors ?
T'as manqué de t'en prendre une gamine.
Il est où ton plan ?
J'y réfléchis encore.
Ah, bravo.
Ferme la.

La cloche sonne. Un matelot en bord de berge appelle les derniers passagers. C'est maintenant ou jamais.

Nous sommes à court de temps. Le plus sage serait d'attendre en ville jusqu'au prochain navire en partance pour Grand Line.
Non. Suivez-moi. À distance.

Mandrin et sa bande s'avance sur la berge. Je le suis. À découvert, pas le choix. Le temps presse. Le petit groupe arrive à hauteur de l'employé qui les dévisage, suspicieux. Je force l'allure. Serre les poings. S'il monte dans ce navire, c'est perdu. Le voleur gentilhomme lâche quelques mots, jovial. Et sort de son costume une bourse largement garnie. Le commis se détend, fais signe au groupe entier de monter à bord. Puis m'aperçoit.

Monsieur ?

Merde. Y'a plus guère d'alternatives.

On est avec eux.
Avec ces Messieurs ?
Un problème ?
Euh, n...non monsieur. La Translinéenne vous souhaite un agréable voyage, monsieur.
Bien.

C'est passé. Pas dit qu'on voit pas quelques contrôleurs nous rendre visite sous peu; on avisera au moment. On foule à notre tour le pont du Fortuna. L'ordre de lever l'ancre est donné. Le vent vient gonfler les voiles, on part. L'essentiel est acquis. Grand Line m'attend.


Dernière édition par Trinita le Mer 18 Avr 2012 - 21:44, édité 1 fois
    Soir qui tombe, convois de passagers en retard qui nous dépassent sans nous voir. Fortunes dans les poches et sur la proue du navire qui tangue doucement à l’ancre. Et personne, personne à arriver depuis la basse-ville. Par habitude plus que par nervosité, j’allume une cigarette. J’en propose une au chef, mais il me montre le cigare qui déjà s’éteint entre deux doigts gantés de sa main droite. Derrière lui, Leaf. Il a décidé d’arrêter de fumer il y a quinze jours, quand il a commencé à tousser du sang. Son regard de vétéran me suffit : je ne lui propose rien. Dans le silence qui reprend, j’ai le temps de tirer quatre bouffées. Presque les trois quarts de la tige, je jette le reste à l’eau.

    Enfin cet ivrogne de Peek nous rejoint avec ses trois acolytes. Les hommes de main qu’il était parti chercher pour l’occasion très spéciale de ce soir. Mine patibulaire, harnachement et odeur à l’avenant. Mais bon. Ils ont l’air de savoir ce qu’ils font mieux que celui qui les a engagés. A preuve, eux n’ont pas bu. Lui empeste l’alcool frelaté. A l’autre main du chef, Leaf le balafré me précède pour lui passer un bon savon comme il en mérite, mais se fait rappeler à l’ordre dans un jappement encore plus sec que son visage. Et même quand on a vu trois guerres, et même quand on est un des deux seuls hommes au monde auquel il fasse confiance parce qu’on lui a sauvé la vie une fois, on ne va pas à l’encontre d’un commandement de Luiz Mandrin.

    Le Fortuna va partir, prêts messieurs ?

    Ce serait risqué. Un accident sur la route vers Grand Line est si vite arrivé… Six têtes sont hochées et, comme un écho aux paroles du patron, le planton qui surveille le quai depuis le milieu d’après-midi appelle les derniers retardataires. Nous, en somme, comme me l’indique un dernier regard circulaire avant de tourner les talons et d’aller vers la passerelle en queue de cortège. Sept hommes dont trois costumés, un imbibé, et trois louches, l’addition a dû mal à passer pour l’homme de la Translinéenne, mais les formalités se font grâce à la gouaille du meneur et nous embarquons. J’entends des voix juste derrière nous tandis que nous nous glissons vers l’avant du navire en suivant les ondulations de la foule, mais pas le temps de me retourner pour vérifier. Luiz m’interpelle.

    Fenn, tu prends les contacts. Peek, tu ratisses discrètement le pont avec tes bons amis, je veux un état des forces en présence avant la nuit noire. Leaf, avec moi. Et ensuite, on attend mon signal.

    Limpide. Dans mon dos c’est une voix de fillette et celle d’un vieillard que mon oreille gauche capte, alors que l’autre enregistre la confirmation du plan déjà vu et revu. Une famille en retard, tout va bien.

    Mes chers, préparez-vous à être riches.

    C’est le signal, nous nous séparons. D’abord l’ivrogne et ses compères, qui avancent puis à leur tour se brisent en deux groupes arpentant le large pont à la manière d’amis discutant. Discret, il l’est. Alcoolisé, il ne l’est plus comme par miracle. L’avertissement donné par l’intonation de Mandrin était clair : trop de bruit pour ne pas remplir l’engrenage de sable, et tu meurs en premier. Ensuite, Mandrin justement. Et Leaf. Même de dos, ce dernier m’impressionne dans cet habit qui le guinde. Malgré sa haute silhouette et ses cheveux presque ras pourtant très distinctifs au milieu de ce parterre de nobliaux et bourgeois pratiquement tous chapeautés, je les perds de vue. La vague surprise qui me prend alors est le choc dont j’avais besoin pour ne pas m’oublier ; je file vers mes propres objectifs.

    Le premier est un simple matelot. Assez jeune pour être naïf, assez vieux pour ne cracher sur aucun argent, l’homme est mûr. La bourse dédiée va de ma poche à la sienne en un quart de cigarette pour confirmer la transaction. Nos bonnes grâces contre ses services. Une place dans l’organisation qui aura piraté un navire de la compagnie contre l’incident de navigation qui jouera pour nous. Je lui souhaite bonne chance comme à un complice de toujours, omettant bien sûr de lui préciser que quoi qu’il arrive il y ait des chances qu’il finisse par le fond. Luiz Mandrin est ainsi. Changeant avec celles de ses relations dont il n’a pas mis le nom dans ses petits papiers.

    Le second est un membre de la sécurité embarquée. Autant j’avais moi-même démarché le premier sur terre, autant celui-ci a été approché par le Balafré. Entre anciens engagés volontaires aux départs en retraite respectivement prématurés, il avait été jugé que la prise de contact serait plus aisée. Et en effet, moi qui suis plus dans le relationnel facile, j’aurais probablement eu du mal avec le port militaire et les manières carrées de l’individu. Mais les mots de passe prévus remplissent leur rôle et là encore quelques espèces trébuchantes font sans trop de bruit le voyage d’une fripe à l’autre. Deux bras de plus nous sont acquis, nous sommes désormais les neuf que nous devions être, j’ai rempli mon rôle.

    Plus qu’à attendre le signal, je vais prendre l’air sur le pont arrière, d’où je repère les positions de chacun tout en faisant semblant d’humer les embruns. A l’opposé de l’embarcation, Luiz Mandrin fait de même. Derrière lui, les eaux noires de la fin du monde.
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      Traverser reverse mountain et atteindre grand line était une décision grave prise par de nombreuses personnes, parfois sans réaliser réellement l'importance d'un tel choix. Rydd Steiner n' était pas de ceux-là puisqu'il avait déjà effectué un tel déplacement. Pourtant aujourd'hui il s'y rendait sans la protection heureuse de son maitre Manfred Tigan. Mais les derniers événements avaient clairement précipités ses choix et l'option la plus sensée était de prendre la mer pour Grand Line au plus vite. Le réputé chasseur de primes, depuis la fameuse et toute récente bataille de South Blue, avait vu sa condition drastiquement changée. En premier lieu il pouvait dorénavant évoluer non dissimulé, Finnegan n'était plus la menace passée qu'il était...

      Les matelots les plus curieux et les plus observateurs avaient remarqué la présence de l'homme si réputé au sein de Saint Urea et de tout South Blue mais peu de chances qu'ils assimilent ce gaillard au tigre rouge. En effet c'est un Rydd à visage découvert qui s'entretenait avec plusieurs hommes à l'allure dangereuse. Après un bref conciliabule les hommes le saluèrent et le quittèrent à grand renfort de courbettes et de sourires hypocrites. Rydd avança donc seul sur l'embarcadère et se dirigea vers le navire qui devait partir sous peu et emmener ses passagers sur la mer de tous les périls. L'officier chargé de faire monter les passagers vit donc arriver un homme à la chevelure impeccable, rasé de frais et les muscles issus tout droit d'un rêve de pucelle. Son visage se distinguait des autres tant par sa fermeté que par la fulgurance de ses yeux verts et son sourire aussi acéré qu'une dague.

      L'officier l'accueilli donc avec toute la réserve que lui imposait sa fonction mais également avec une curiosité sans borne qu'il dissimulait admirablement. Rydd lui tendit un document élégamment plié.


      -«J'appartiens à la guilde des chasseurs de primes, ma venue a été organisée...»

      Le document changea de mains, fut ouvert et parcouru dans tous les sens possibles. L'oeil expert du responsable allait d'une ligne à l'autre avec célérité puis le document fut replié avec précaution.

        -«En effet, je préviendrai le capitaine de votre arrivée sur le bâtiment. Je vous invite à monter sur le pont, bon voyage Mr Stei...»

      Rydd s'empressa de lui couper la parole d'une voix glaciale avant d'emprunter la passerelle menant au pont du navire. Une fois sur place il rabattit la capuche de son manteau afin de dissimuler quelque peu son visage, son voyage devant se dérouler incognito.

      L'embarquement allait se clore mais l'on vit alors de nombreuses personnes se bousculer pour monter à la toute dernière minute, ce qui ne manqua pas d'agacer profondément le responsable des enregistrements qui avait déjà terminé son rapport sur le nombre de passagers. Le traqueur de tête surprit même quelques pseudo passagers forcer cahin caha le passage à l'enregistrement, ce qu'ils réussirent avec un certain panache. Fort heureusement, Rydd n'était pas réellement d'humeur délatrice et considéra ses passagers clandestins avec un réel détachement.


    Dernière édition par Rydd Steiner le Lun 14 Jan 2013 - 22:14, édité 4 fois
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    Sitôt installé dans un des recoins les plus miteux du navire, j'ai confié la gamine à Ossoï. Je lui fais confiance pour éconduire à sa manière les éventuels emmerdeurs que l'on peut rencontrer à embarquer sans y être autorisé. Le vieil homme jouit d'une aura bienfaitrice que je ne m'explique pas. Son air affable suffit à désamorcer les ennuis. Mais ses méthodes pacifiques touchent leurs limites au contact des gros poissons. Pas les miennes, bien au contraire. Plus ça mord à l'hameçon, mieux je m'en porte. Et cette nuit, la pêche va être bonne. À condition de pouvoir bosser tranquillement. De pas voir une foutue môme trainer entre mes poings.

    Que je t'attrape pas à trainer sur le pont.
    Sinon quoi ?
    Tu veux pas savoir.

    La petite m'a rendu un regard farouche. Le sourire bienveillant de Ossoï a désamorcé toute prise de bec inutile. Vrai qu'il a un don. La mise au point s'est arrêtée là. J'ai remonté le col de ma veste, enfoncé mes mains dans les poches. Et j'suis sorti.

    Nuit lugubre. Brise légère. La lumière proposée par la lune perce timidement, brumeuse, à travers la chape nuageuse qui nous surplombe. J'aime ce temps. Conditions parfaites pour la chasse. Maintenant, il suffit de déterminer qui endossera le rôle de la proie. La totalité des honnêtes passagers à bord est en cabine. M'évite d'avoir à procéder aux analyses préliminaires. Ne reste plus sur le pont que certains matelots de quart, une poignée d'employés de la compagnie. Et les autres. Ceux qui attendent patiemment leur heure en donnant le change. L'air de ne rien faire de particulier tout en restant à l'affût. Ceux-là m'intéressent.

    J'ai taxé une clope à un vieux marin que le tabac emportera bientôt dans la tombe tant il crache ses poumons. Juste manière de faire mon inspection tranquille. Dans un premier temps au moins. J'suis arrivé sur le pont, c'était calme. Parfait. Quelques va et vient à tirer latte sur latte et à localiser les cafards. Qui me lorgnent aussi, pour certains. Un regard indiscret ou deux me visent, je bronche pas. Pas encore l'heure d'assainir l'endroit. Je repère le poivrot croisé plus tôt à la taverne à la proue; accompagné d'un deuxième forban. Cible en visuel. Sans discrétion, j'approche. M'adosse au bastingage pour finir ma cigarette.

    Dernière brindille de tabac consumée. Le gaillard disparait suite aux directives du petit chef. Bête idée. Parfait. Vingt secondes passent. Pas un bruit excepté le ressac des vagues qui s'écrasent contre la coque. Personne en visuel à bâbord, obscurité aidant. Le foc déployé propose un parfait rideau pour le tribord. Nous sommes seuls. Il est l'heure.

    J'abandonne le beaupré pour m'orienter vers le fier moucheron. Il me toise encore. Ce coup-ci, mon œil ne se dérobe pas. Silence. Lourd, malsain. Un sourire niais se dessine sur ses traits brouillons. Je lance un regard par dessus bord et questionne.

    À votre avis, il se passe quoi si on saute ?
    Sauter ? De si haut ? Kéé-héhé ! Tu veux te tordre le cou ?

    Il rit. Son haleine chargée de mauvais alcool vient irriter mon odorat. Je connais un remède radical contre ça. Un bon bain.

    Pas le mien, non.
    Kéé-hé...niéh ?

    Prise au col main gauche. Les épaules pivotent, les appuis forcent. Ses pieds décollent du sol, son corps entier s'envole, passe du mauvais côté de la rambarde. Je relâche ma prise. C'est l'heure de Peeker un plongeon. La silhouette disparait dans les ténèbres, engloutie par l'océan. En voilà un qui n'aurait pas dû se saouler la gueule avant de monter, dira t-on. L'alcool peut faire des ravages, c'est bien connu. Ses gestes maladroits l'auront trahi; il se sera empêtré les pieds dans des cordages qui trainaient là et aura basculé dans le grand bleu. Dommage. Banal accident en vérité.

    Mes pas m'orientent sans tarder vers le tribord, l'esprit réchauffé par cette mise en bouche. Les choses sérieuses vont bientôt commencer. Le Loup part en chasse. Ses crocs luisant dans le noir. Le sort réservé aux suivants sera sans doute moins plaisant.


    Dernière édition par Trinita le Sam 19 Mai 2012 - 0:17, édité 3 fois
      Patron…
      Quoi ?
      Vous avez rien entendu ?
      Toi oui ?
      Peek qui gueulait je crois. Sur le flanc.
      Pu… Si vous trouvez ce connard quand tout est fini je le bute moi-même, compris ? Fenn, dépêche.

      L’heure est avancée, la montagne se profile à l’horizon dans la noirceur de la nuit. Le signal était presque lancé, l’avarie matérielle presque simulée. Ne manquait plus que l’arrivée de l’homme de la sécurité pour nous informer de la relève de la garde sur le pont et tout l’engrenage se mettait en branle. Luiz Mandrin perd son flegme en même temps que le froid nocturne nous prend tous en s’infiltrant par le hublot. Tous sauf Leaf donc, évidemment. Leaf bon soldat, Leaf toujours aux aguets. Peek aurait beuglé ? C’était donc ça qu’il était parti faire, picoler en douce… Sacré emmerdeur. Moi aussi je commence perdre patience face à ses conneries qui risquent de tout faire capoter. Capoter le plan, capoter l’attaque. Capoter la réussite d’un tout parfaitement rodé mais comme toujours plein d’un millier de grains de sable qui menacent de coincer les roues. Les aléas du métier.

      Enervé donc, mais toujours professionnel, je poursuis tandis que le vétéran sort de la pièce après deux mots échangés à voix basse avec le patron pour ne pas me déranger. Je suppose que celui-ci l’envoie prendre des nouvelles du gêneur. De toute façon il est temps que nous nous séparions. Que nous prenions nos positions avant le grand début. Avant le déploiement de la bande sur GrandLine. La perspective de mettre un terme brutal et retentissant à l’hégémonie de Marc Trans sur le domaine maritime me fait frémir d’excitation et pousse mes doigts encore plus vite que d’habitude. Ca y est, le dernier clic fait clac et l’engin est prêt. A l’homme de bord qui nous avait rejoints dans la cabine pendant son quart de repos, je tends la machine. Il sait quoi en faire mais quant à eux mes dix doigts se sentent à l’abandon. Je les occupe avec une nouvelle cigarette pour me détendre une éventuelle dernière fois. Une habitude prise du temps où Leaf fumait : tu peux jamais être sûr de quand viendra ta dernière heure, alors autant pas rater ta dernière clope. Le boss me demande pourquoi je souris.

      Rien chef. Juste une blague de Leaf qui me revient…
      Une blague de Leaf ? On parle bien du même ?

      Vrai que l’idée est paradoxale. Mais le paradoxe crée l’absurde. Et la vie crée le paradoxe. Donc la vie est absurde et l’absurde est la vie, syllogisme imparable. Enfin je crois. Qu’il est imparable. Je crois aussi que je me mélange mais c’est d’une importance minime. J’observe un peu le patron sans oser relancer la conversation. Le moment n’est plus trop propice à la chose, et il a déjà son air concentré de quand l’action va naître. Et soudain l’homme que j’ai payé en dernier tout à l’heure fait son apparition précédé des trois coups feutrés à la porte dont nous avions convenu. Il est censé venir de prendre son poste, c’est l’instant fatidique. Un mouvement du menton de Mandrin déclenche tout. Le matelot s’en va avec mon engin et va le placer près du poste du timonier. Quand la mise à feu se fera, l’homme tombera raide mort et le bateau sera sans maître. Sur le pont les trois hommes de Peek et le mercenaire corrompu s’occuperont des autres. Leaf et moi nous occuperons du capitaine et de son second. Le patron occupera le show avec la foule en panique à l’extérieur.

      La mise à feu s’est bien faite. Le timonier est bien mort. Je me suis bien occupé du second, et Leaf de sa cible aussi sans aucun doute. J’ai même cru que ses instincts d’ancien guerrier refaisaient surface et qu’il allait me tuer moi aussi dans la foulée. Mais non. Il était juste inquiet de n’avoir pas trouvé Peek plus tôt et frustré parce que le signal l’a empêché d’approfondir la chose. Il est reparti à sa recherche. Vu son degré de mécontentement, pas sûr que le patron pourra tuer ce satané ivrogne lui-même… Le patron d’ailleurs qui fait son show sur le pont central, je l’entends haranguer les bourgeois mal réveillés. J’ai hâte de voir ça, un dernier coup d’œil au poste de pilotage parti en fumée et puis.

      Je cours puis m’arrête soudain, rappelé par un brusque instinct. Et, dissimulé dans l’ombre, je m’approche à pas très feutrés en tendant l’oreille pour reconnaître les voix. Je n’en ai entendu aucun.

      Les coups de feu des trois hommes de Peek et du mercenaire corrompu, je n’en ai entendu aucun.
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        Après son embarquement Rydd était rapidement entré dans sa cabine, une pièce propre et au mobilier austère mais subtilement aménagé pour y délivrer une fausse impression de confort. Le chasseur de primes avait quitté South Blue en toute hâte après les récents évènements au QG de la marine. Il avait rassemblé quelques documents et s'affairait à rédiger des lettres aux personnes le plus importantes qui ne manquerait pas de noter son absence prolongée. Tout d'abord une lettre pour Tigan lui indiquant qu'il était l'heure pour l'élève de se désolidariser du maître, Rydd allait prendre le large pour Grand Line où il serait difficile de lui mettre la main dessus. Le Tigre Rouge ne savait pas si la guilde des chasseurs de primes allait toujours être la même après l'attaque conjointe des révolutionnaires et des pirates sur le QG de South Blue mais une chose était certaine, sa vie à lui venait de prendre un tournant.

        Mais si Manfred allait apprendre la nouvelle avec flegme, puisqu'il lui avait déjà dit que son enseignement était clos depuis quelques années déjà, il en allait être tout autrement de Franck. Oui, Franck l'acolyte de Rydd n'allait probablement pas apprécié l'idée de savoir son ami parti vers de nouvelles aventures sans lui. C'est ainsi que Rydd rédigea une seconde lettre invitant son ami à le rejoindre sur Grand Line aussi vite que possible, il lui indique également ses intentions d'emprunter la première voie de Grand Line et de passer quelques temps sur l'île de son passé, Little Garden.

        Après avoir terminé ses lettres il les rangea dans une de ses poches intérieures en attendant de trouver un moyen sûr de les faire parvenir. Il se fit apporter un repas copieux qu'il obtint aisément. Rydd avait décidé de tomber le masque depuis les récents évènements. Il avait également profité du chaos probable régnant actuellement au sein de la guilde des chasseurs de primes pour se faire passer pour l'un des leurs. Grâce à cette fausse carte de visite et également à l'aide de larges sommes d'argent, Rydd avait obtenu une place de premier choix dans ce navire se dirigeant vers reverse moutain. Piètre navigateur Rydd se voyait mal naviguer seul jusqu'à cette montagne et encore moins dans Grand Line où les conditions étaient toutes autres.

        Après avoir dégusté son repas, le chasseur de primes s'installa sur sa couche et s'endormi du sommeil du juste. Il rêva de ses futures aventures, de combats passés et de Finnegan, cette engeance du démon qui ne cessait de hanter ses esprits depuis maintes et maintes années. L'histoire allait s'achever, Rydd ne tolérerait plus éternellement cette situation de traqué. Mais alors qu'il était tombé dans un sommeil paradoxal, des bruits sourds vinrent le déranger. Ces bruits se firent plus importants avec le temps et rapidement le traqueur émergea de son sommeil, passablement énervé. Mais son agacement s'estompa bien vite lorsqu'il comprit que quelque chose ne se déroulait pas comme prévu au dehors. Des hommes parlaient bien trop forts à cette heure pour que cela soit anodin.

        Le tigre retrouva aussitôt son instinct de prédateur et son visage se ferma. Etait ce pour lui que ce vacarme se faisait entendre ? Ne disposant plus de son masque pour protéger son identité, Rydd se sentit presque nu mais il pouvait maintenant affronter ses ennemis les yeux dans les yeux. Il sortit donc de sa cabine et avança lentement vers le pont, affichant un air calme et interdit. Après tout, peut être était ce son imagination qui lui jouait des tours ?
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      Je remonte vers la poupe et le timon, le silence reprend ses droits. Il est le seul à être revenu. Je m'attendais à voir rappliquer l'autre vermine de tout à l'heure, il a disparu. Simple contretemps. S'il ne vient pas à moi, c'est moi qui mettrais le grappin sur lui. On ne peut pas se soustraire à Trinita. Encore moins sur un bateau. Il me suffit de découvrir où il se cache. Je déborde le misaine, la réponse me tombe pratiquement dessus; manque de m'écraser. Une réponse écarlate, la faute au vilain sourire qui parcourt la gorge de la vigie d'une oreille à l'autre. Ma prochaine cible est tout proche; plus important, Mandrin passe à l'action. Toute personne présente sur le pont est une cible potentielle.

      Constat qui inclut le quelqu'un qui s'en prend à moi. Approche à pas grossièrement feutrés dans mon dos. Il aurait dû apprendre la discrétion. Une lame froide tranche l'air, manque de se ficher dans mon buste quand je pivote. Pour faire face à l'agresseur. Le voilà. Mon grand bonhomme. Il croit avoir à faire à un marin de plus. Il se croit fort. Risible. Cette fois, je vois le coup venir. À hauteur des tripes, de bas en haut. Mauvaise nouvelle pour lui; la plus rapide des armes, c'est celle dont on t'a doté à la naissance : ta pogne. Mon poing fond. Broie sa mâchoire. Drraak. Coup de pied chassé au poignet, dernier punch dans la tête dans le mouvement. Son arme et tout espoir s'envolent au loin, lui coule vers les fonds marins. J'vais pour dénicher les suivants mais soudain. Tout s'accélère.

      L'explosion. Le flash lumineux. Les cadavres des matelots de quart qui jonchent le sol, les bourreaux surplombant leurs corps encore chauds. Ça commence vraiment. Du bruit dans la cabine des officiers, un grondement sourd à la cale. La panique. Elle gravite tout autour de moi. Deux priorités. Régler son compte à Mandrin; retrouver Lina et Ossoï. Procéder par ordre. D'abord, m'assurer que le vieux ronin et la môme sont en sécurité. Ensuite, faire place nette. Ma bonté me perdra. Direction la cale.

      Sauf que. J'ai pas fait deux pas qu'on me barre la route. "On" est au nombre de trois. J'identifie deux d'entre eux. Les compagnons de beuverie des indésirables à bord dont je me suis chargé. Statut : menace. À éliminer. Semblerait qu'on prenne le dessert avant l'entrée.

      Tiens, tiens, regardez qui est perdu.
      Ga-haha. On cherche son chemin mon g....


      DRRRAK.

      Silence.

      Pas le temps. Jamais pour les faibles. Ni pour les ordures. Ceux-là cumulent. Pas le temps. Cette nuit encore moins que d'habitude. Alors je les fais taire. Prends l'un pour torréfier la gueule et la connerie de l'autre. Ça marche bien, un éclair de lucidité l'atteint. Il supplie. On arrive à tout avec un peu de violence. Je ne suis pas homme à lésiner sur les doses. Alors je n'arrête qu'une fois les deux loques rendues à l'état de sac de frappe. Satisfait. Le feu de l'action brûle en moi. Une idée me traverse.

      Paraitrait que Mandrin ait le goût du spectacle; je vais lui jouer une représentation de mon crû. Il appréciera sûrement. Respiration saccadée, je charge les deux inconscients sur mes épaules. Leur sang barbouille mon visage, dégouline contre ma peau, encore chaud. J'aime. Et avise de ma prochaine direction. La proue. Gaillard d'avant. Toujours prendre de la hauteur pour juger d'une situation. C'est mieux ici. Bon emplacement, avec vue sur le pont principal. Il s'y trame quelque chose. Les passagers sont rassemblés là; je ne vois pas mes compagnons de voyage parmi eux. En face des civils, le metteur en scène. Mandrin. Parfait. Ça m'évite d'avoir à le chercher.

      MAANDRIIIIIIN !!

      La foule lève les yeux vers la nouvelle attraction. Le concerné se retourne avec emphase. Je balance les deux corps, ils s'écrasent lourdement sur le pont. Un de ses hommes s'approche de lui, chuchote quelques mots à son oreille. Je le reconnais. Le troisième larron, qui a filé pendant que je m'occupais des deux autres. Moustique.

      MAAANDRIIIIIIIIN !!!

      Un pas derrière moi. Je l'entends, mais celui-là n'était pas fait pour être discret. Une toux carabinée. Un homme. Une présence. On m'envoie la légion étrangère. Ou peu s'en faut. Regard de plomb, gueule du loup-de-mer. Je vais pas y couper. Merde. Dire que tout allait se régler gentiment.

      Quand t'auras fini de gueuler.

      Le plat de résistance est servi.
        J’arrive trop tard pour voir le patron en train de parler. Je ne fais que l’entendre. Un peu. Se moquer des bourgeois, annoncer la fin du monopole de Trans, le début de la grande ère de sa bande. Mandrin & Co. Demander à ses premiers financeurs leur part de l’opération, à savoir toutes liquidités qu’ils jugeraient bon de verser ici et maintenant pour s’épargner une mort certaine. Et quand j’arrive, c’est déjà le tomber de rideau. Le tomber de deux corps rougis de leur propre sang qui s’écrasent sur le pont du navire dans un craquement de mauvaise chute. Eux n’en ont sûrement plus cure, mais pour les passagers et même pour moi qui vient de tuer le Second, c’est plutôt lugubre. Et ce cri, cet appel dans la nuit de l’homme là-haut dont je ne distingue pas bien les traits.

        MAANDRIIIIIIN !!

        Le frisson démarre sur mes lombaires et remonte jusqu’aux cervicales sans que je le puisse contenir. C’est à ce moment que j’aperçois le mercenaire à qui j’ai payé bonne fortune pour qu’il nous aide se glisser derrière le chef. Impossible de lire ce qu’il lui glisse à l’oreille. Mais ce cri encore. Sauvage et pourtant très froid. Rêche. Porteur de fin. L’inconnu sait faire son effet.

        MAAANDRIIIIIIIIN !!!

        Un autre homme que cette fois je connais sait aussi faire son apparition. La scène dure une fraction d’instant à peine. Je n’entends pas si des mots sont prononcés entre Leaf et le crieur, c’est à peine si je crois voir des lèvres qui bougent sous la lune pâle. Mais ce que j’entends bien par contre, c’est ce bruit de bois qui se fend sans penser à même résister quand la rambarde du gaillard d’avant cède sous le poids et l’énergie combinés des deux combattants. Leaf et l’anonyme sur qui il s’est rué à la vitesse de l’éclair. Ils tombent et se relèvent tous deux immédiatement comme les deux guerriers toujours prêts au combat qu’ils doivent être, au milieu de la foule qui s’écarte par réflexe, à dix pas l’un de l’autre, à dix pas aussi de Mandrin, et à une vingtaine de moi derrière mon baril et mes cordages.

        Merci Leaf. On s’entendra mieux à même hauteur.

        La voix de Mandrin est rauque, signe qu’il contient sa colère pour avoir été ainsi interrompu. Et depuis ces quelques mois que je le connais, depuis qu’il a sauvé le boss dans cette escarmouche à la banque, j’ai rarement vu l’ancien militaire aussi sombre, aussi menaçant que maintenant. A-t-il trouvé Peek ? Qu’a-t-il trouvé d’autre ? Un regard aux cadavres désarticulés des deux brutes que l’ivrogne avait ramenées avec lui me donne une idée sur les réponses. Un regard aux yeux concentrés de Leaf me confirme la chose. Et m’indique qu’il m’a vu. Ah ! Haha, il m’a fait peur… Mais il ne dit rien et personne d’autre ne semble m’avoir repéré. Le patron reprend, plus calme, plus incisif et de nouveau pleinement dans le coup. Sa main gauche se relève, qui jusque lors m’était masquée du fait de ma position par rapport à lui. Elle tient un pistolet, qu’il devait tout à l’heure braquer sur la foule pour l’inciter à meilleure compréhension de ses menaces et qui maintenant ajuste l’intrus.

        J’ai connu des quidams qui s’intronisaient héros du jour sans en avoir les moyens et qui ensuite mouraient ridicules. Tu n’en es pas un. Chasseur de primes, donc, je présume ? Tu es seul ?

        L’autre ne répond pas. Tout juste si sa barbe mal taillée frémit sous l’apostrophe. Ne nie pas non plus. Consent ? Pas le temps d’aller plus loin, c’est Leaf qui répond, en pointant de la main.

        Patron.

        Derrière celui-ci, le mercenaire corrompu est lui aussi en train d’ajuster sa cible, la même que son nouvel employeur. Et on ne pique pas la proie qu’il s’est choisie à Luiz Mandrin. Le coup de feu part avant que j’aie pu cligner de l’œil et la part du butin pour chacun augmente. Si butin il y a finalement… Depuis le gaillard arrière cette fois une nouvelle fois le nom du chef se fait entendre, résonnant sur les nuages qui brouillent encore la nuit.

        Plus un geste, Mandrin !

        Le Capitaine armé d’un fusil qu’il a l’air de savoir manier le braque sur le chef. Comme moi, la foule ne sait plus bien ou donner de la tête. Je tourne la tête vers Leaf pour le voir qui me regarde, et je crois comprendre ce qu’il me demande. Alors à mon tour je sors de ma cachette et, extirpant à mon tour mon arme je la pointe par en dessous sur ce nouveau gêneur.

        Toi, plus un geste. Lâche ton arme.

        Derrière lui j’aperçois le matelot poseur de bombes les mains entravées et encadré de deux marins aux épaules solides. Et derrière moi j’entends le boss qui m’interpelle, plus inquisiteur que soulagé de mon apparition.

        Fenn ? Pourquoi il est encore en vie, lui ?!

        La question m’apparaît judicieuse en même temps qu’une autre me monte au cerveau : et pourquoi ne m’obéit-il pas ? Et lentement, lentement alors qu’une intuition se fait peu à peu jour dans mon esprit, je me détourne vers Leaf.
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        La mer furieuse noie les faux-semblants, engloutit les apparences. On approche de Reverse. Les courants marins gonflent, s'écrasent contre le navire. Balloté de tout bord, il est une maigre coquille de noix en sursis. Sur le pont, les plus faibles trébuchent. Les pleurs redoublent. Le chaos s'empare de l'endroit. C'est très bien. J'aime le chaos. Plus facile de s'exprimer avec lui. Il est pas farouche quand on le connait.

        Quand la voix de Mandrin tonne, tous, sur le pont, marquent un temps d'arrêt. Comme si le vieux loup de mer venait subitement de se condamner auprès du voleur. Je saisis pas. Quelque chose m'échappe, sans doute. Mais je m'en fous, c'est pas mon problème. Mon seul problème, en ce moment, c'est mes poings serrés qui réclament pitance. Je veux frapper. Blesser. Tuer. Reste à savoir qui, dans ce jeu de dupes.

        Un rouleau plus puissant et plus haut que les autres vient fouetter le pont. On se perd de vue un court instant. C'est le signal. Plus l'heure de manœuvrer le navire. Plus l'heure de faire des plans. Place à la violence. Les trombes d'eau nous tombent dessus, et déjà, certains passent à l'attaque. Des détonations claquent, presque lointaine la faute à l'océan en furie. Le vieux roc avec qui j'ai échangé un début de politesses a disparu, le petit malin de braqueur dans son coin aussi. Un troisième bondit aussi. Moi.

        On va pas attendre de tous finir noyés. Tout le monde ici veut aller sur Grand Line. L'océan de tous les périls, mais aussi des survivants. Surtout des survivants. Si on veut l'atteindre, il faut faire place nette. Mes pas m'orientent vers la position de Mandrin. Disparu. On me déborde sur la droite, tout près. J'arme. Frappe. Un matelot, mauvaise pioche. Dommage, continuer d'avancer. Je remonte le flot de passagers; ils fuient misérablement, désordonnés, irritants. Dans leur masse grouillante, quelqu'un s'agrippe à moi. Je connais cette poigne, fine et nerveuse. J'attrape la main, soulève le corps entier pour amener sa tête à hauteur de la mienne.

        Gamine. Ossoï, où ?
        Comment je le saurais !

        La situation désespérée lui fait presque perdre son méprisable caractère.

        Trouve le.

        Elle râle, je l'ignore et la balance dans la foule. C'est encore le meilleur camouflage pour une petite chose. Dans mon dos, un cri plus strident que les autres. Une bourgeoise s'apprête à faire le grand saut depuis le gaillard d'avant. Un gant de fer la retient par la gorge, son corps entier se balance dans le vide. Je cours. Ça va être juste. J'arrive. Mon regard croise celui de l'agresseur. Pas Mandrin, dommage. Je suis au contact. Il la lâche dans un éclat de rire et se met en garde.

        Ne ris pas. Tu cours la rejoindre.

        Mon coude remonte, percute son menton. Des dents volent, du sang aussi. Ses pieds décollent. La seconde suivante, il disparait dans la mer d'encre.

        Du c'...
        Bang.

        Une brûlure, intense. Mord ma nuque. Trois centimètres plus à gauche et ... Mais on m'a raté. La balle a simplement griffé la peau. Mauvaise idée ça. Quand on a l'occasion de me finir, il faut pas la laisser filer. Maintenant, on va jouer. Je pivote. Scrute les ténèbres. Pas de tireur. Simplement le cliquetis d'une arme que l'on recharge, quelque part dans l'obscurité...
            Manifestement la situation semblait se complexifier encore et encore. Un véritable imbroglio de personnes se dressait maintenant sur le pont. Rydd restait dissimulé au sein de la foule pour ne pas se faire repérer, secrètement il craignait encore que tout ce petit cortège s’affrontait pour lui. Mais bien rapidement sa folie des grandeurs le quitta, il était en effet peu probable que deux groupes différents viennent pour lui et se combattent alors qu’il venait juste de fuir. Qu’en était-il donc ? L’on entendait et voyait un certain Mandrin qui passait indubitablement pour le patron. Mais il y avait sans nul doute différents protagonistes qui ne voyaient pas la prise de pouvoir du gaillard d’un très bon œil. En effet, on pouvait clairement comprendre que la prise de pouvoir sur le navire ne se passait pas très bien. D’autres personnes semblaient voir d’un très mauvais œil l’intervention inopinée de Mandrin.

            Seule une question restait encore en suspens. Rydd devait il intervenir ou pas ? En effet l’homme ne désirait que très peu se faire remarquer sur le navire et ce afin de rendre son départ vers Grand Line le plus discret possible. Mais il fallait encore songer qu’un combat trop long pouvait endommager le bâtiment et empêcher tout départ vers Reverse Mountain. Cruel dilemme que celui de savoir si l’on doit agir ou pas, l’inconvénient de ne plus agir dissimuler derrière un masque…

            Mais alors que le Tigre Rouge avait prit le parti d’attendre tranquillement l’issue de cette affaire voilà qu’un des hommes de Mandrin se met à jouer les terribles. D’une main puissante il s’apprête à jeter une femme par dessus bord. Il y a des limites a tout et Rydd ne pouvait clairement pas ignorer une attitude si détestable. Il commença donc à repousser les passagers pour atteindre la femme mais il fut devancé par un autre homme qui envoya valser le malotru dans les airs et le fit retomber dans l’eau noire. Malheureusement il ne vit pas un tireur qui le gratifia d’un tir en pleine tête. Par l’on ne sait quel miracle la balle ne sembla pas meurtrière et Rydd s’empressa donc de se précipiter vers l’importun. D’un coup de poing sec et nerveux il étala l’adversaire et en profita pour sortir un pistolet de sous son long manteau noir.

            Il s’avança alors vers le sauveur potentiellement blessé.

              -«Tu vas bien ?» Constatant par lui même de la négligeable dangerosité de la blessure il poursuivit sans attendre de réponse. «T’es plus informé de la situation que moi ou pas ? Parce que là je comprend strictement rien à cette foutue affaire. Du Mandrin, des mecs qui balancent des femmes par dessus le bastingage et d’ici quelques secondes tu peux être sûr qu’on va se reprendre un téméraire sur le coin de la figure.»

            Mêlant parole et geste Rydd donnait de frénétiques coups de tête à gauche et à droite afin d’éviter de se faire surprendre par un autre tireur embusqué.
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          Un truc bizarre se passe. On a cogné mon tireur. Ce même On approche, m'interpelle. Me pose une question. Une question. À moi. Dans un moment pareil. C'est une blague ? Les seuls qui ont droit de parole pour l'heure, ce sont nos amis Fer et Poudre. Et mes poings. Le temps des explications est dépassé. Si tu ne sais pas à qui t'en prendre, c'est que tu peux frapper tout le monde. Ils le méritent sûrement.

          Seulement, c'est pas une blague. Le type rigole pas. Tant mieux, j'aime pas rire. Il est même on ne peut plus sérieux. Et il attend une réponse. Hmm. Parler. J'aime pas non plus. C'est emmerdant. Inutile. Tout juste bon à masquer notre nature bestiale avec hypocrisie. Aucune foutue envie de lui répondre. Mais soit, il m'a filé un coup de main. Et même si son intervention n'était pas indispensable, ça mérite bien un effort.

          Simple. Tout ce qui a l'air louche, c'est louche. Tu cognes. Jusqu'à ce que ça bouge plus. Ça fait un danger écarté.

          Si les bleusailles à la marine recevaient le même genre de consignes, on aurait autre chose qu'une bande de bras cassés et de fieffés branleurs dans chaque base qui existe d'ici à Marinford. Hm, utopie. Je rêve d'un monde parfait, où l'on broierait soigneusement tous les criminels, magouilleurs, tires-au-flanc et autres bouseux. Ça serait bien.

          Nouvelle secousse. Le Fortuna change de cap comme une girouette, subit les courants marins sans volonté. La voile du beaupré se déchire largement. Des cris depuis le pont central. Une autre vague bouscule la coque. On manque de perdre l'équilibre. Il faut reprendre le contrôle de la situation. Vite. Nettoyer la place ici avant de finir tous engloutis par le grand bleu. Pour ça, replonger dans la mêlée. Il reste pas loin d'une dizaine d'assaillants. Le temps manque pour appliquer à chacun la sentence qu'il mérite. Les mettre hors d'état de nuire suffira. Autant rassembler toutes les forces vives pour frapper à la tête. Je me payerais bien le brigand-gentlemen en duel, mais on va pas jouer les mousquetaires. L'inconnu en sera arrivé à la même conclusion.

          Un signe de tête, je l'invite à me suivre. Je m'oriente vers l'animation, sans discrétion. Saute par dessus le garde fou du gaillard d'avant et atterrit au beau milieu du pont. On remarque ma présence, déboule depuis l'autre bout du navire en gueulant bien haut, sabre au poing. Je fixe l'autre, œil luisant, toutes dents en dehors. Carnassier. Les premiers arrivent au contact. À table.

          Toi. Moi. On trouve Mandrin, on lui règle son compte, on sauve le navire.

          Plan simple.

          Spoiler:
              Rydd venait de sauver un personnage bien singulier. Peu enclin à la conversation il se contenta d’inviter Steiner à cogner à peu près tout le monde. Un programme net mais assez efficace. De toute façon il fallait régler le problème Mandrin. Une chose semblait sûre dorénavant, personne ne semblait connaître son identité et sa fuite n’était pas compromise. Le chasseur de primes de Saint Urea venait à peine de quitter la bataille du QG de South Blue et se demandait si ce conflit n’avait pas lieu par sa faute. Mais vu les derniers évènements il ne s’agissait que d’un malheureux concours de circonstances et l’identité du blond n’était pas encore dévoilée. Il tâcha donc d’emboiter le pas du gaillard à la parole concise. Les deux hommes quittèrent le gaillard avant pour retrouver le pont où l'on pouvait voir une bonne dizaine de bandits et, collé au bastingage, de nombreux passagers apeurés.

              Il n’y avait qu’une seule chose à faire, attaquer les imbéciles de devant, leur marcher dessus et avancer jusqu'à Mandrin. Une fois la tête coupée, le corps se bouge avec beaucoup moins de cohésion. Mais comme très souvent avant d’atteindre le cœur il faut remonter les veines, puis les artères. Dans ce cas précis il fallait d’abord passer par les sous fifres. Ce fut donc une démonstration de violence qui débuta alors que les premiers pirates de Mandrin arrivait à hauteur de Rydd.

              Le chasseur de primes venait de passer des journées assez difficiles. Il avait fuit un conflit majeur au sein de pirates qu’il combattait quelques minutes auparavant, sa cible le terrible Midas était toujours en vie et allait lui mener la vie dure, il ne s’était pas reposé énormément depuis par peur de se faire surprendre dans son sommeil. Bref ! Rydd était à un stade où comme qui dirait « il ne faut pas le faire chier ». En conséquence l’attaque des pirates de Mandrin allait servir d’exutoire pour le traqueur. Il attrapa donc le premier homme par le poignet et lui fit lâcher son sabre d’une pression virile. Derrière, il lui administra un fulgurant coup de tête qui le fit chuter inconscient sur le sol. Pas le temps de souffler qu’un autre venait à sa rencontre. Il s’élança vers lui de telle sorte que l’attaquant devint rapidement l’attaqué, Steiner donna un crochet violent qui fit voler le pirate sur plusieurs mètres.

              Quelques hommes se stoppèrent alors devant la démonstration de force d’un Steiner très en forme. Il fit craqué les jointures de ces bras tandis que les pirates restaient immobiles, pétrifiés.

              -«Il est temps que j’aille sur Grand Line, ici les pirates ne valent plus rien. Enfin…»

              Et sans attendre il se propulsa en avant une nouvelle fois. Il attrapa le visage d’un ennemi à l’aide de sa main, grande ouverte. D’un geste vif et puissant il le fit basculer en arrière et enfonça son crâne dans le pont du navire. Sans regarder si son partenaire allait bien, Rydd invectiva Mandrin qui devait probablement voir la scène du gaillard arrière ou de l’autre bout du pont. Sa voix se voulait volontairement moqueuse.

              -«Hey Mandrin ! Planque toi on ArRiVe ! HaHaHa ! »



            Dernière édition par Rydd Steiner le Lun 14 Jan 2013 - 22:24, édité 1 fois
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            Le décor se vide. Bien. Très bien. L'allié providentiel – s'il en est un, on examinera son cas de plus près une fois tiré d'affaire – abat sa part de boulot et trois bons hommes sans rechigner. Proprement. Facilement. Il prend même un malin plaisir à le faire remarquer, sa voix narquoise s'élève depuis l'autre flanc du pont. Jme suis ptetre trompé. C'est ptetre bien un comique derrière ses airs de sauveur. Il peut bien être qui il veut tant qu'il remplit son rôle.

            Moi, je distribue les tickets violence à tous les quémandeurs. La file est longue mais je suis pas du genre à me décourager devant les tâches à battre. Après le traitement du bon Doc' Elvis, ils boiront la soupe populaire pour le reste de leur minable existence. Du moins, s'ils survive à ma médecine. Dans le désordre, j'ai dérivé de ma position de base. Il reste encore deux ou trois des pèlerins sans histoire, figés sur place, glacés par cette pluie froide qui tombe violemment maintenant. Tripes nouées. Chez certains, la peur a cet effet là. Il supportent pas la violence. Moi si.

            Le degré qu'elle atteint en ce moment élève en moi une excitation encore plus intense. J'en ai des fourmis dans les poings. Les os qui craquent. Les articulations qui cèdent. Des cris de douleur. J'adore ça. J'en suis ivre. Et ce soir, je vais boire tout mon saoul. J'suis resté à de la piquette au goût de vinaigre, pour le moment. Mais ça va changer. Plus le temps passe, moins il en reste debout. Seuls les grands crûs résistent. Ceux qui flattent les phalanges. Ceux drappés d'une robe de robustesse. Comme lui, là, perché sur le gaillard. Qui s'est cru malin de prendre en otage le Capitaine un peu plus tôt. Hmm, mauvaise idée. Faut pas faire de mal au mec le plus apte à te mener à destination en évitant les esquifs, et en domptant les tempêtes que réserve Grand Line en guise d'accueil à tous ceux qui s'aventurent sur ces courants rebelles. Ça favorise pas tes chances de survie. Mah, il est plus à ça près. Un danger bien plus imminent se précise devant lui. Moi.

            Seulement huit marches me séparent de lui. Il me voit approcher. Ne prend pas la fuite. Rester serein; l'apanage des leaders. À sa ceinture, une arme à feu. Hm, vilain joujou. Il sourit. Ça en serait presque vexant. Presque ? Non. Ça y est, je me vexe. Je le sens. Ça fait une grosse différence. Non content d'être une ordure, je ne t'aime pas. Il entrouvre le bec pour piailler quelque phrase bien sentie. Pas de ça. On est pas au théâtre. Lâche le lyrisme. Abandonne tes manières, comédien. Ce soir, représentation unique. À t'en couper le souffle. Définitivement. Silence public. Maestro, le signal.

            Un éclair fend le ciel. Mouvement brusque, j'achève de déchirer la grand-voile déjà largement éventrée. Il dégaine, je lance le tissu entre lui et moi et m'élance. Son tir résonne. Une griffure au cou. Rien de plus. Dans le feu de l'action, je vais pas m'arrêter pour si peu. Surtout pas à cet instant précis. Trois marches. Deux. Une. Contact. Plaquage. Ça l'amène au sol, je l'y maintiens. Drak. Première note. Pleine gueule. Je donne le la. Le reste de la partition va aller crescendo, champion.


            Tchak.

            … ? Une lame. Fine et silencieuse. Sournoise. Tch. Prendre du recul. Jauger les dégâts. Un avant-bras saigne. Anecdotique. Une respiration. Et repartir. On s'amuse tellem'...

            Clap clap clap...

            Impressionnant. Si, si vraiment.


            Cette voix. Ce visage. Le voilà. Le clou du spectacle. Mandrin.
                  La mer commençait à s’agiter fortement autour du navire, manifestement une tempête semblait vouloir se mêler à la fête. Sur le pont les passagers avaient disparu et les preneurs d’otages jonchaient le sol dans des postures invraisemblables. Rydd était toujours sur place et jetait des regards assassins dans tous les coins, il cherchait plus de cibles, plus de personnes à violenter. Après une fuite difficile et sans grand rebondissement, il était plus que ravi d’avoir l’opportunité de se livrer à une petite bataille en règle. Cela se lisait sur son visage désormais découvert, le combat l’avait vivifié. Et ce n’était pas peu dire pour un homme qui avait passé les derniers jours calfeutré dans une cabine de navire ou dissimulé derrière un large capuchon. De surcroit, il fallait l’avouer, Rydd vivait maintenant avec l’appréhension du traqué. Il ne savait pas s’il était la cible d’un quelconque chasseur de primes mais pour bien connaître la profession il savait pertinemment que quelqu’un ne tarderait, pas tôt ou tard, à se présenter devant lui et à prétendre ramener sa tête à la marine. Mais pour l’heure il n’était aucunement question de cela, seul l’affrontement du moment importait. C’était son exutoire !

                  Malheureusement les hommes commençaient à se faire rares et l’agacement prenait insidieusement la place de la passion dans le cœur de l’ex chasseur de primes. Il voulait se battre, échapper à ses tourments. Mais plus personne, encore que… Loin devant lui son compagnon d’infortune était en train de livrer bataille. Il combattait pour sauver ce qui ne pouvait être que le capitaine du navire. Fondamentalement une bonne chose que cela pensa aussitôt Rydd qui n’y entendait rien en navigation tout du moins pour des bâtiments de cette taille. Il décida donc de se joindre à la fête mais n’arriva pas à temps pour profiter de l’échange puisque celui ci était presque arrivé à terme. Heureusement un autre protagoniste fit son apparition sitôt le précédent terrassé. Si les malandrins n’étaient pas très compétents du moins avaient ils la courtoisie de se présenter en bon ordre pour la raclée.

                  Après quelques secondes d’analyse, il fallait se rendre à l’évidence, l’individu restant n’était autre que Mandrin. Ce chef de bande semblait être tout droit sorti d’un manuel de la marine ; le genre de type qui transpire la malveillance et qui sent le tabac froid et le sang séché. Un homme qui plait à Rydd car il donne toujours du fil à retordre. Pas question de laisser une nouvelle fois l’autre gaillard prendre la part belle du combat, Rydd ne le permettrait pas ! Aussi notre homme s’élança donc avec la vigueur du fauve et se trouva bien vite devant sa cible. Nullement embarrassé par l’apparition d’un nouveau venu, Mandrin afficha un air mauvais qui lui allait à merveille.

                  -«Du souci, du souci, du souci.»

                  Interloqué par une voix calme, Rydd tendait l’oreille d’un air goguenard. Il en vint à mettre sa main par derrière son oreille pour tenter d’y comprendre quelque chose. N’y tenant plus devant tant d’inaudibles marmonnements, il l’invectiva avec véhémence hurlant qu’il n’entendait rien à ces babillages. Mandrin hurla alors plus qu’il ne parla.

                  -« DU SOUCI ! VOUS ME CAUSEZ DU SOUCI !»


                  Et sans crier gare il piqua sur le balafré avec fureur. Les coups pleuvaient sur un tigre rouge bien surpris par une entrée en matière si virile. Une bonne dizaine de secondes furent nécessaires pour qu’il se remette de ces émotions tandis qu’il évitait les coups en homme très respectueux de son épiderme.

                  Mandrin voyait rouge mais son adversaire parvint tout de même à se fondre dans la garde de son adversaire. Il décocha alors un furieux coup de poings dans le ventre capable d’assommer un bœuf. Mais Mandrin tenait plus de l’ours que du bœuf et ne sembla pas plus sonné qu’un boxeur chevronné recevant une gifle. Il se relança donc dans la mêlée avec encore plus de rage faisant reculer Rydd. Celui ci effectuait de grandes enjambées et heurta bien vite le bastingage, derrière lui la mer grondait et les vagues s’écrasaient violement sur la coque. Le regard jetée vers cette mer déchainée fut de trop puisqu’en se retournant vers Mandrin il ne vit que son poing. Un direct magnifique qui fit basculer le tigre rouge par dessus bord. Dans la surprise Rydd tenta bien de se rattraper mais il n’emporta avec lui qu’un morceau de bois de belle taille. Alors il tomba dans l’eau, une eau froide et salée. Oh dieu qu’elle était sombre cette eau, on eut dit une mer d’encre qui semblait ne rien recracher de ce qu’elle avalait.

                  Il fallait rattraper le bateau mais la fureur de la mer était telle qu’il était impossible de nager. On était balloté en tous sens par des vagues impressionnantes. Si bien que du navire on vit rapidement Rydd disparaître emporté par les flots…
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              Ça s'est enchaîné vite. Très vite. Le renfort est arrivé, et a disparu aussi sec dans la nuit d'encre, englouti par des flots déchaînés. C'est à peine si on l'a entendu percuter les vagues. Merci de l'effort. Ça m'a laissé le temps d'échanger deux trois politesses avec mon artiste. Pour la forme rien de plus. Et maintenant, il n'y a que nous sur le gaillard. Hrr.

              Deux adversaires. Une tâche plus ardue. Et alors ? Je ne recule pas devant le challenge. Jamais. Parce que cette situation, ça veut surtout dire, deux fois plus de coups à distribuer. Deux fois plus de flots de sang. De douleur. De haine à déverser. Un raz-de-marée. Nous y voilà. Si mon regard pouvait fusiller les raclures, ils prendraient un plein peloton d'exécution dans la gueule. Hm. C'est une idée. Exécution sommaire. Froide et dure... Non. Ils ne méritent pas cet honneur. On va y aller avec les vieilles méthodes. La Fracasse. Le meilleur moyen de s'exprimer. Y'a des choses qui réclament autre moyen d'expression que la parole. Quand l'alalie prend les rennes, faut conduire ses propos autrement. Par la Force. La Vraie. La Seule. La Véritable. Celle qui ne laisse aucune échappatoire. Celle qui nous amène au Bout de la Route. Là, là où Faucheuse nous attend; tranquillement installée. Entité sûre, immuable. La Mort. Cette nuit encore, elle va apprécier le spectacle. Dans tous les cas, elle sera gagnante. Elle nous appelle. Nous exhorte à la rejoindre en son domaine. T'inquiète ma belle. Jvais t'envoyer deux nouveaux pensionnaires. Ils vont déguster, et pas en mode demi-pension.

              Ces nuisances infectes. Vous êtes tout ce que j'abhorre dans ce monde corrompu. Vermines, misérables, méprisables. Stupides et abjectes. Vous ne méritez pas le pardon. Vous ne méritez rien. Vous êtes le fléau qui gangrène la société. Vous la rongez, la putréfiez. J'ai un bon vaccin contre ça. Je m'en vais l'appliquer; procéder à la boucherie chirurgicale. Pour éradiquer le mal. Éviter qu'il ne se propage. Le jour de votre naissance était marqué du sceau du chaos. Vous ne méritez pas cette vie qu'est la vôtre. La Providence donne. Trinita reprend. Violemment.

              Pas la peine d'en passer par les seconds rôles. Je vise la vedette. Elle, si sereine, si tranquille. Toute en assurance. Engoncée dans son orgueil. Ne prend même pas le précaution de se munir d'une arme. Grossière erreur. Comment peux-tu vouloir me battre sur mon propre terrain. Regarde-moi. Je suis Fureur. Je suis Violence. Derrière cette paupière close, c'est ta défaite. Ta chute. Ta mort. Et tu vas l'entrevoir dès maintenant. Le cache-œil tombe, la pupille revit. Respire, se gorge du spectacle qui s'offre à elle. Gave toi. C'est l'heure de ton festin.

              Les sens exacerbés par cette faim. Insatiable. Le souffle est rauque. Le regard injecté de sang. Les poings serrés à en faire blanchir les jointures. L'organisme entier gagné par l'adrénaline; les décharges me lancent. Mandrin m'attend. Me toise. Patience. Ne cours pas au devant de ton trépas. Il vient à ton chevet.


              Welcome to my Jungle.


              Dernière édition par Trinita le Ven 18 Jan 2013 - 1:59, édité 1 fois
                La scène s'embrase. Le petit cafard ne va même pas s'interposer. Il a fait mine d'intervenir, un signe de main de son maître l'en a dissuadé. Il va assister à un combat à mort. Bestial. Brutal. Un total anéantissement. Tu veux me défier, Mandrin ? Quoi ? Un duel ? Sinistre idiot. Ton pathétique égo va voler en éclat sous les coups de boutoir. Tu ne respectes pas la règle. La seule. Authentique. Élémentaire. Tous les coups sont permis pour survivre. Ton auréole d'arrogance t'aveugle trop pour te rendre compte de la menace qui te cerne. Lorsque tu poseras ton dernier regard sur le monde, tu ne verras que mes prunelles rougies par la haine. Qui brûleront vive ton âme sur l'autel de la Vengeance. Au point de la torturer encore dans l'au delà. Je suis ton bourreau. Ton cauchemar. Je suis Trinita.

                Ses traits expriment curiosité, et envie. Ses lèvres s'entrouvrent. Bougent. Il parle. Je n'écoute pas. Je n'entends pas. Tout est relégué au second plan. La Nature Sauvage passe avant tout. La seule à s'exprimer, maintenant, c'est elle. Mon poing frappe le pont de bois. Furieusement. Les planches volent en éclats. Les échardes griffent mon visage. Toutes hurlent mon message. Mon appel au combat. Il se tait. Ça y est, il comprend. C'est l'heure. Allons-y. La tornade comme spectatrice attentive. Un pas. Lui. Moi. Un autre. Une foulée. Je cours. Il court. J'amorce mon coup. Lui aussi. On est au contact. Nous y voilà.

                Un poing part chercher, loin derrière l'épaule. Dur. Implacable. Chargé de haine. Le torse pivote, pour soutenir le mouvement, lui offrir la vitesse de rotation. Un cri de rage accompagne le coup. Rauque, inhumain. DRAK. Ça part. Ça claque. Vif, violent. Il cogne en même temps. Pleine gueule. Vers le cuir chevelu. Là où je suis déjà ouvert. Bien vu. Il est fort, j'endure. Ne bronche pas, ne suspend pas mon attaque. Ma pogne s'abat. Vers les côtes. Compresse sa garde basse contre la cage thoracique. L'écrase. Il encaisse. Serre les dents. Retient une grimace, presque imperturbable. Mais elle est là. La Douleur. Barricadée derrière cet imperceptible mouvement à la commissure des lèvres. Je souris. Carnassier. Je lui fais mal. La Souffrance. C'est bien. Je m'amuse. On continue.

                Il est doué. Il se meut avec grâce, esquive beaucoup, souple comme une liane. Pour ne pas offrir d'ouverture. Et réplique, incisif, tranchant. Mais je bronche pas. Non. C'est la clef. Refuser de céder du terrain. Par fierté, un peu. Pour prendre l'ascendant, surtout. Malgré la douleur. Un roc qui refuse de subir l'érosion. Planté sur ses appuis. Et frapper. Inlassablement. Encore. Et encore.

                Ma gauche vient chasser sa mâchoire, il recule à temps, encore. Pas grave. Ce coup-ci, j'ai un créneau. Le coude touche sur le retour. Au menton. Dans les terminaisons nerveuses. Là où ça secoue. Où ça bouscule. Il recule. D'un pas. Le signal. Le voilà. J'avance, pour enchainer. Hm ? Un pied fuse. Merde. Garde trop ouverte. Il la transperce. Front-kick. En plein sternum.

                'rgl. L'air n'arrive pas assez vite dans mes poumons. Mon souffle se saccade. … Hein ? J'ai un genou au sol. Tch'. Debout bord'…


                Blam.

                La petite sœur vient gifler ma tempe. Je roule, pars m'emplâtrer contre la rambarde. Le bois craque sous la puissance du contact. Il m'a fait chuter. Il est fort. Il bondit, déjà, pressé d'en finir. Sûr de sa force. Mandrin. Tu n'es pas n'importe qui. Tu es dangereux. Un adversaire digne de réveiller mon instinct de survie. Je le vois. Je le sens. Dans ce poing qui fond, vers moi. Tu souris. Le voilà ton défaut. Tu ne te méfies pas de moi. Tu devrais. On joue dans mon univers. L'obscurité. Je la connais. La comprend.

                My World.

                La nuit et ses mystères. Je m'y abandonne, y puise mon savoir pour prendre à contrepied. Fluide, harmonieux. Imprévisible. Son coup s'envole dans un courant d'air. Je ne suis plus là. Je suis dans ton dos. Cette fois-ci, ce n'est plus de la curiosité. C'est de l'incompréhension. C'est beaucoup mieux. Allez, finissons en.


                Dernière édition par Trinita le Ven 18 Jan 2013 - 2:04, édité 3 fois
                  Il pensait avoir à faire à un quidam. Erreur. Je suis l'émissaire des ténèbres. Partout où l'obscurité règne, je suis sur mon fief. Pour me vaincre, il faudrait plus que des coups. Il ne peut pas me faire plier. Mon esprit est une forteresse. Guerrière, irréductible. Jamais je ne cède. Jamais je ne m'incline. Grand Line n'y changera rien. Mandrin non plus. Il est reparti, pas rassasié. Ça me va. Je ne connais que la Violence. Je ne sais faire que ça. Battons nous. Ses poings touchent; toujours, les encaisser. Et répliquer. Tout en hargne. En animosité. Ne pas laisser un coup in-rendu. Par principe. Faire front. Les giclées de sang pleuvent sur le pont. Les arcades cèdent, les articulations craquent. La fatigue se fait sentir. On se déplace moins vite. On respire plus fort. Mais quand même, toujours, repartir. Le corps tétanisé par un surplus de douleur n'obéit plus qu'au courage. À la volonté. Les muscles sont crispés à l'extrême, armer sa frappe relève de l'exploit. Mais on continue. Inlassablement. Sans montrer la souffrance. Sans montrer la difficulté. Briser le moral de l'autre.

                  Les échanges s'éternisent. Rester au contact. Réduire la distance entre nous. L'empêcher de danser sur le pont, de se défaire de la pression que j'exerce. Ne pas le laisser fuir. S'échapper. Il se sait traquer. Il hurle. Frappe avec l'énergie du désespoir. Son uppercut me fait gémir de douleur, cracher une dent même.


                  ...'hh. Putain...

                  Je cède, un pas. Pas deux. Si tu craques maintenant, c'est la fin. Je le toise. Toutes dents en dehors.

                  RHAAAAAA !!

                  Je gueule. Pour me sentir encore vivant. Poings serrés brandis devant moi. Prêt à en finir. On ne m'échappe pas. Mes jambes me portent à peine, mais j'avance, péniblement. Et lui en colle une en travers de la gueule. Sale, froide. Dans un rictus d'effort. À son tour, il recule. Cherche un second souffle. Il temporise, juste assez pour anticiper le prochain assaut. Pour mieux repartir. Coup au foie, ça me touche, encore. Un peu plus près du précipice à chaque fois. Je grimace. Gronde ma douleur. Obéis, corps. Ne tombe pas. Ne lâche rien. Défie le. Il guette le premier signe de faiblesse. Il faut faire front. Je repars.

                  Merde. Ma jambe se dérobe presque sous mon propre poids. Je ne peux pas avancer. Je suis figé. Il sent que la réplique ne vient pas. Alors il approche. Pour porter le coup de grâce. Non. Je ne veux pas. Hors de question.


                  NOOOON.

                  Je suis Trinita. Je suis implacable. Je suis invincible. Je ne connais pas la défaite. Juste la Violence. Je suis son serviteur. Son ambassadeur. Je suis un concentré de haine et de force. Je ne peux pas perdre. Je ne connais pas la peur. Je l'inspire. À tous ceux qui ont le malheur de croiser mon chemin.

                  It's so easy !!!

                  Je hurle, sens ma rétine se déchirer, presque; il suspend son coup. Incertain. Tremble, Mandrin. Je suis ton supplice.

                  Il s'exaspère. Ne comprend pas. Je rugis, plus fort encore, toujours planté sur mes appuis. Je ne cèderai pas. Mon regard le foudroie. Ma fureur le tétanise. Son bras s'élève une nouvelle fois. Passe outre le doute qui s'immisce en lui. Je l'imite. Nous frappons en même temps. Son poing s'étiole au contact du mien. J'enchaine. Drak. Sa mâchoire se fend sous la déferlante. Il réplique, je l'ignore. Draak. Pleine tempe. Il tombe à genoux. Encore. Draaak. Il est sonné, ne pense plus qu'à se protéger. DRAAAK. La frappe suprême. La dernière. Celle qui envoie tout ce qui reste d'énergie et de haine. Celle où je mets tout mon être, toute mon âme. Je suis ce coup. J'accompagne le mouvement jusqu'au bout. Le pont craque. Se fend. J'ai éventré le navire. Mandrin part s'écrouler en contrebas, à la cale. Inerte. Au beau milieu des passagers transis de peur. Interdits devant ce spectacle. Devant ce corps sans répondant. Devant mon visage qui inspire la terreur la plus primaire.

                  Je hurle. Ma rage, ma colère, ma souffrance. Mon plaisir, ma force, ma Victoire. J'ai gagné.

                  Je peux m'assœir, maintenant. La tension redescend. Ma tête tourne. J'ai l'œil ensanglanté. ...ff'. Du bruit, on vient depuis la cale. Des matelots, on dirait. Je cligne des yeux. Le Capitaine pose une main sur mon épaule. Me parle. Me dit que la situation est sous son contrôle maintenant. L'autre, celui avec qui je me suis expliqué tout à l'heure, n'a pas fait d'histoire sans son boss. Ils l'ont neutralisé. Cool. Je me sens pas d'attaque pour remettre ça de suite. On me me fixe, m'ausculte un moment sans trop en avoir l'air. Appelle un toubib'. Pff...


                  Je vais bien … je vais bien …

                  ''aye, ça me lance dans tout le corps. Une tête pointe, curieuse. Lina. Tch'. T'es bruyante gamine. La ferme. Jme lève. C'est pas facile. On me demande où je vais.

                  Dormir.

                  Y'a pas de mais qui tienne. J'ai bien mérité mon repos. Je ramasse un bout de tissu, m'en sers pour bander mon œil. J'ai morflé. On s'efface sur mon passage. Ça sent la trouille. Jm'en fous. Je traverse le navire, avise un hamac. Parfait. Je veux du repos …

                  C'est ça, Grand Line, alors ? Merde, ça promet.
                    Leaf ?

                    Pst, Leaf !
                    Tiens… Fenn, vieux rat. Tu t’en es tiré en raclant les murs ?
                    Euh…
                    Encore ton sacré instinct de survie, comme à la banque il y a huit mois, hein ? Bien joué.

                    Mais détends-toi, va… tout le monde pensait que Mandrin allait crever aussi ce jour-là, pas vrai ?
                    Non mais là c’est différent, il y a eu cette lame d’eau qui a tout balayé…
                    Ouais, ouais. Tu me détaches ? … Gaffe, le capitaine.

                    (…)

                    Merci, je te revaudrai ça. Attends-moi dans la foule des passagers, je te trouverai.

                    (…)

                    Ah ! Tu m’as surpris. Mais qu’est-ce qu
                    Tu crois quoi ? Que j’allais me balader fringué comme avant alors que je viens de tabasser un garde ?
                    Non mais…
                    Tiens, mets ça. Le seul mec qui pourrait te reconnaître avec un galurin est en train de pioncer.
                    Celui qui s’est fait le patron ?
                    Le patron… Ouais, lui.
                    Quoi, le patron ?
                    Ben. Tu as bien dû voir tous ces types qui sont sortis de nulle part, non ? Depuis l’ombre si sûre.
                    … Et ?
                    Le cher patron voulait nous doubler, Fenn. Réfléchis.

                    Je sais que tu l’aimais bien, mais comment tu expliques qu’il nous en ait pas causé ? Qu’il t’en ait pas causé ?
                    Il avait toujours un plan de secours.
                    C’est ça, ouais. Un plan de secours pour buter Peek en douce ?
                    Hein ?
                    J’ai commencé à avoir des soupçons quand je suis allé vérifier. Des ombres qui bougeaient dans le noir.
                    Et, il était pas mort ?
                    Si, justement. Tu trouves pas ça louche, toi ?
                    Louche peut-être, mais dommage… Et tu ne crois pas que c’était le type qui
                    Non. C’était pas lui. C’était eux. Les sbires engagés pour nous tuer tous. Nous la bande des Blues.

                    Luiz Mandrin voulait redémarrer une petite affaire toute neuve sur Grand Line, on dirait.
                    Connerie.
                    Sans doute. Faut voir où ça l’a mené.

                    (…)

                    On fait quoi là ?
                    Je te cogne, je te planque, tu débarques à ton réveil, tu vis ta vie, et moi je vis la mienne.

                    Ma façon de te revaloir ça. On ne se reverra pas.
                    Hein ?
                    Profite de ta nouvelle vie de liberté, Fenn. Profites-en sagement cette fois-ci et ne la gâche pas.
                    Hein, mais qu’est-ce que tu fais ? Mais quAouch !
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