Ou un peu moins.
L’ballon prend d’la hauteur en même temps qu’le soleil à l’ouest. Ou ptet bien qu’c’est l’est. Ou l’nord, jamais rien bitté aux phénomènes physiques dans cette réalité. Suivant du côté qu’on r’garde, c’est toujours différent. Enfin, en tout cas, en d’ssous, et ça, « en d’ssous », c’est une valeur qu’elle est sûre, en d’ssous Bliss prend son pied d’chaleur après une nuit d’chiens comme y en a peu. Moi aussi, jprends mon bain d’rayons, mais un peu. Jfais gaffe. Naufragé en mer, jsais qu’le clinquant est pas ton ami. Jprésume que naufragé d’l’air c’est un peu pareil. Ptet jcommence à avoir l’habitude des départs à l’arrach’ et des dérives qui durent des s’maines. M’enfin, du coup, donc, jprends mes précautions.
Et jme démène avec le manteau et les trois ficelles restées au fond d’la nacelle pour construire un abri où c’que jserai à l’ombre. L’ombre, c’est bien. J’aime l’ombre. Toi aussi tu vas l’aimer. Quand j’aurai la bouche sèche, la peau sèche, l’zeg sec, et l’reste aussi. L’sec, c’est aussi la raison pour laquelle jme dépoile pas trop en plus du cuirassé. Manière pas m’exposer aux courants d’air qui m’balaient et servent au mouvement. C’t’un peu l’principe du ballon jsais pas s’tu sais. T’servir des courants aériens pour te bouger. Et c’est là-d’ssus que j’compte d’ailleurs. C’pas avec les trois bouteilles d’gaz qu’j’irais loin sinon. Erf. J’me prends à espérer qu’y ait assez. Pas bon. Jviens d’partir et l’espoir c’est pour quand c’est la merde. M’dis pas qu’c’est déjà la merde ? Merf.
Encore et encore, j’monte. C’est pas un problème, les souvenirs que j’ai d’être au pied d’RedLine, c’est pas une colline. Mais ça m’titille la curiosité quand même. Comment on fait pour stabiliser la montée avec ce machin ? Jtriture, jteste, j’joue avec les bout-ouais, bon, y a pas d’bouton. J’joue avec la valve, stu veux. La vanne. La soupape. Les machins qui s’tournent et qui s’ferment, les trucs qui s’montent et qui s’descendent, bref, les trucs qui s’bougent, cordages compris. Même ceux qu’ont pas l’air fait pour ça. Et c’ui-là, y fait quoi ? Et c’ui-là ? Et ? Ah merde, c’ui-là fallait pas. Chieeer.
S’cousse, res’cousse, et chute de cent pieds. Libres. Deux cents, trois cents. C’est là qu’jregrette pas d’êt’ monté en flèche d’puis Bliss. A défaut d’bien profiter d’la vue et d’prendre le temps d’me faire remarquer par la populace, ça m’a au moins permis d’prendre de la marge pour pas m’planter à deux lieues d’distance de l’île. C’aurait pas été top pour la légende du Tahar volant. Sans compter qu’changer d’mer à la nage c’est quand même vach’ment compliqué. Plus d’aut’ choix qu’d’aller à Reverse, et d’sauter d’un canal à l’autre une fois en haut, l’programme fait bander. Les muscles.
Bander. Les muscles. J’prends pas l’risque. La chute s’est arrêtée toute seule, l’câble d’vait pas être bien important au final. On r’monte même à m’sure que la toile r’trouve sa forme. Et pis moi jsuis bien sous mon paravent pare-soleil. Un peu trop. J’m’endors. On flâne. Je flâne. Jpense à tout c’que j’ai fait sur South, au ptit nom qui doit commencer à r’tentir dans leurs sale caboches de sudistes à tous : Tahar, Tahar, Tahar ! Pis jme réveille en sursaut, plein d’sueur et d’flotte, et jme dis merde encore une fois. La sueur, c’est bien, mais une fois g’lée par le vent, c’est froid. Et quand jparle de froid, jparle de froid. A trois mille pieds quand t’es porté à douze nœuds par un vent gentil qui t’a pris en stop, y caille. Sec. Et froid. Jme r’trouve avec le costard rigidifié par le givre quand on sort d’la couche de nuages où qu’on était.
Jdis on, c’pack’ je compte le ballon.
Glagla, c’est l’mot qui m’vient. C’est pas un mot ? Tu veux un bleu ? C’est une question rhétorique pour la transition, réponds pas. Du bleu, y en partout. Du blanc aussi, sous mes pieds. Y a du soleil en plus, généreux. Mais ça réchauffe keud’. Au contraire, m’vient l’impression qu’y frisque encore plus. L’même genre de frisquet qu’quand les pierres éclatent la nuit sous les assauts d’la lune, t’sais. Tout juste si j’ai la présence d’esprit d’me bricoler une gourde avec le fourreau du Narnak et un système qui par capillarité fait goutte-à-goutter d’l’eau pure dedans. Ouais, on dirait pas quand on est pas au courant mais c’est ’achement pratique les fourreaux en plus d’aider à pas s’planter avec son surin. Encore une technique pas mal que j’ai apprise au cours d’une de mes conneries.
Et puis on descend. Et puis on r’monte. Et puis. Encore. Et encore. Et y fait nuit. Pis jour. Jbois. Pis y fait nuit. Pis jour. Jbois. D’temps en temps j’remplis la gourdasse. L’Narnak. L’fourreau du Narnak. Voilà, y m’fait la gueule maint’nant. Même plus jpeux lui parler. Mais bref. Ca fait pas bézéf d’rien liquide. Jour nuit, jour nuit. J’m’emmerde, jmanque de m’casser la gueule en f’sant ma gym du matin. Jcommence à sentir la faim. La vraie. Celle d’quand t’as soif avec. Pas bu. Du ’cool j’entends. D’puis longtemps. D’puis perpèt. Tain, d’puis l’Cimetière d’Epaves, quel déchard. Ha. Parfois j’ai d’la terre en vue. Parfois pas. Mais toujours c’est des îles dont j’ai rien à foutre. Jveux m’barrer d’c’t’océan moi. C’du mont qu’je veux moi. Du gros mont qui t’tend l’énergie. T’m’entends Tyché ? T’m’entends !?
Elle m’entend.
L’ballon prend d’la hauteur en même temps qu’le soleil à l’ouest. Ou ptet bien qu’c’est l’est. Ou l’nord, jamais rien bitté aux phénomènes physiques dans cette réalité. Suivant du côté qu’on r’garde, c’est toujours différent. Enfin, en tout cas, en d’ssous, et ça, « en d’ssous », c’est une valeur qu’elle est sûre, en d’ssous Bliss prend son pied d’chaleur après une nuit d’chiens comme y en a peu. Moi aussi, jprends mon bain d’rayons, mais un peu. Jfais gaffe. Naufragé en mer, jsais qu’le clinquant est pas ton ami. Jprésume que naufragé d’l’air c’est un peu pareil. Ptet jcommence à avoir l’habitude des départs à l’arrach’ et des dérives qui durent des s’maines. M’enfin, du coup, donc, jprends mes précautions.
Et jme démène avec le manteau et les trois ficelles restées au fond d’la nacelle pour construire un abri où c’que jserai à l’ombre. L’ombre, c’est bien. J’aime l’ombre. Toi aussi tu vas l’aimer. Quand j’aurai la bouche sèche, la peau sèche, l’zeg sec, et l’reste aussi. L’sec, c’est aussi la raison pour laquelle jme dépoile pas trop en plus du cuirassé. Manière pas m’exposer aux courants d’air qui m’balaient et servent au mouvement. C’t’un peu l’principe du ballon jsais pas s’tu sais. T’servir des courants aériens pour te bouger. Et c’est là-d’ssus que j’compte d’ailleurs. C’pas avec les trois bouteilles d’gaz qu’j’irais loin sinon. Erf. J’me prends à espérer qu’y ait assez. Pas bon. Jviens d’partir et l’espoir c’est pour quand c’est la merde. M’dis pas qu’c’est déjà la merde ? Merf.
Encore et encore, j’monte. C’est pas un problème, les souvenirs que j’ai d’être au pied d’RedLine, c’est pas une colline. Mais ça m’titille la curiosité quand même. Comment on fait pour stabiliser la montée avec ce machin ? Jtriture, jteste, j’joue avec les bout-ouais, bon, y a pas d’bouton. J’joue avec la valve, stu veux. La vanne. La soupape. Les machins qui s’tournent et qui s’ferment, les trucs qui s’montent et qui s’descendent, bref, les trucs qui s’bougent, cordages compris. Même ceux qu’ont pas l’air fait pour ça. Et c’ui-là, y fait quoi ? Et c’ui-là ? Et ? Ah merde, c’ui-là fallait pas. Chieeer.
S’cousse, res’cousse, et chute de cent pieds. Libres. Deux cents, trois cents. C’est là qu’jregrette pas d’êt’ monté en flèche d’puis Bliss. A défaut d’bien profiter d’la vue et d’prendre le temps d’me faire remarquer par la populace, ça m’a au moins permis d’prendre de la marge pour pas m’planter à deux lieues d’distance de l’île. C’aurait pas été top pour la légende du Tahar volant. Sans compter qu’changer d’mer à la nage c’est quand même vach’ment compliqué. Plus d’aut’ choix qu’d’aller à Reverse, et d’sauter d’un canal à l’autre une fois en haut, l’programme fait bander. Les muscles.
Bander. Les muscles. J’prends pas l’risque. La chute s’est arrêtée toute seule, l’câble d’vait pas être bien important au final. On r’monte même à m’sure que la toile r’trouve sa forme. Et pis moi jsuis bien sous mon paravent pare-soleil. Un peu trop. J’m’endors. On flâne. Je flâne. Jpense à tout c’que j’ai fait sur South, au ptit nom qui doit commencer à r’tentir dans leurs sale caboches de sudistes à tous : Tahar, Tahar, Tahar ! Pis jme réveille en sursaut, plein d’sueur et d’flotte, et jme dis merde encore une fois. La sueur, c’est bien, mais une fois g’lée par le vent, c’est froid. Et quand jparle de froid, jparle de froid. A trois mille pieds quand t’es porté à douze nœuds par un vent gentil qui t’a pris en stop, y caille. Sec. Et froid. Jme r’trouve avec le costard rigidifié par le givre quand on sort d’la couche de nuages où qu’on était.
Jdis on, c’pack’ je compte le ballon.
Glagla, c’est l’mot qui m’vient. C’est pas un mot ? Tu veux un bleu ? C’est une question rhétorique pour la transition, réponds pas. Du bleu, y en partout. Du blanc aussi, sous mes pieds. Y a du soleil en plus, généreux. Mais ça réchauffe keud’. Au contraire, m’vient l’impression qu’y frisque encore plus. L’même genre de frisquet qu’quand les pierres éclatent la nuit sous les assauts d’la lune, t’sais. Tout juste si j’ai la présence d’esprit d’me bricoler une gourde avec le fourreau du Narnak et un système qui par capillarité fait goutte-à-goutter d’l’eau pure dedans. Ouais, on dirait pas quand on est pas au courant mais c’est ’achement pratique les fourreaux en plus d’aider à pas s’planter avec son surin. Encore une technique pas mal que j’ai apprise au cours d’une de mes conneries.
Et puis on descend. Et puis on r’monte. Et puis. Encore. Et encore. Et y fait nuit. Pis jour. Jbois. Pis y fait nuit. Pis jour. Jbois. D’temps en temps j’remplis la gourdasse. L’Narnak. L’fourreau du Narnak. Voilà, y m’fait la gueule maint’nant. Même plus jpeux lui parler. Mais bref. Ca fait pas bézéf d’rien liquide. Jour nuit, jour nuit. J’m’emmerde, jmanque de m’casser la gueule en f’sant ma gym du matin. Jcommence à sentir la faim. La vraie. Celle d’quand t’as soif avec. Pas bu. Du ’cool j’entends. D’puis longtemps. D’puis perpèt. Tain, d’puis l’Cimetière d’Epaves, quel déchard. Ha. Parfois j’ai d’la terre en vue. Parfois pas. Mais toujours c’est des îles dont j’ai rien à foutre. Jveux m’barrer d’c’t’océan moi. C’du mont qu’je veux moi. Du gros mont qui t’tend l’énergie. T’m’entends Tyché ? T’m’entends !?
Elle m’entend.