Hissez-haut ! Le soleil brille ! Le vent souffle ! Le temps des cerisiers est de retour ! Poussé par un nouvel élan délirant, goûtant aux joies d’une liberté retrouvée, Yuwin Mavrokoukoukalis embrassait son nouveau statut de vagabond-clodo-parasite avec un entrain qui laissait vaguement présumer de ce qu’avait pu être sa vie d’autrefois. De fait jamais on avait vu clochard plus épanoui. Au milieu des détritus et des rejetés de la société, Yuwin était à sa place. Ce n’était certes pas un motif de fierté mais quand on nageait dans le vaste océan, mieux valait rester groupé avec les petits poissons de son espèce. Surtout quand les poissons en question étaient aussi faciles à détrousser. Enfin ça c’était ce qu’il avait cru au début. Qui aurait pu croire qu’un mendiant pouvait se révéler comme le plus féroce des combattants lorsqu’il s’agissait de défendre son baluchon de détritus ? Le cuistot, lui, en avait déjà une certaine idée, les marques de dents sur ses avant-bras en attestaient avec suffisamment de force. Mais tout n’était pas perdu, les culs-de jatte restaient encore des proies relativement faciles-lorsque ces petits malins n’étaient pas dans ces amusants chariots à roulettes-et ses victimes préférés. Quoi ? De la honte ? Lorsqu’il s’agit de survie croyez-moi on met bien vite de côté des principes moraux aussi éculés que « l’honneur » ou « la générosité ». Et puis regarder ces types se traîner sur le sol pour lui « courir » après avait quelque chose de pathétiquement hilarant, il fallait le reconnaître. Amer victime du « syndrome de la victime », Yuwin pouvait trouver un exutoire parfait, les Septs Génies de la Souple à l’Oignon seuls savaient combien il en avait besoin !
C’est donc en suivant ce chemin de misère et de plaisirs mesquins, en torturant et en volant tous les mutilés, handicapés, diminués et miséreux-du moins ceux qui l’étaient davantage que lui-que notre homme était arrivé jusqu’à ce lieu, qui n’était pas sans lui rappeler un passé des plus déplaisants. « Le Cimetière des Epaves », on ne s’était guère foulé la rondelle pour trouver cette appellation mais elle collait parfaitement au lieu. Le terme « épaves » devait sans doute réunir sous la même étiquette les pauvres hères décrépis et autres déviants à bout de souffle sentant fort le jus d’aisselle 12 ans d’âge, en plus des vagues esquifs de ce qui avaient dû être autrefois de fiers navires. La déchéance c’était donné rendez-vous ici, et Yuwin comme à son habitude était au premier rang. Appâté par les rumeurs de richesses et de merveilles englouties, notre personnage à tête d’ours avait ramené sa carcasse déglinguée jusqu’ici avec l’espoir naïf, mais sincère, de se faire une fortune suffisante pour survivre les trois prochains jours. C’était sans compter sur la marée de rapaces de son espèce, et bien entendu les forbans qui pullulaient à la mode des lapins lors de la saison de la baise. Très vite il commença à comprendre que le danger ne venait cependant pas des pirates, certes redoutables, mais davantage des vendeurs à la sauvette promettant monts et merveilles. Ils étaient très convaincants.
Le cuisinier en avait fais les frais, littéralement, en troquant ses dernières maigres ressources contre une « baguette de sourcier à trésor » garantit « qualité Grand Line ». Il devait bien avoué que sur ce coup là il avait lamentablement succombé à la verve commerçante. Inutile de préciser que l’instrument en question s’était révélé comme n'étant d’aucune utilité, il avait bien réussi à tuer un rat avec-son festin du midi-mais celui-ci était déjà pratiquement mort. Vraiment il avait imaginé la liberté autrement, il avait même connu des jours plus glorieux dans sa vie de quasi-esclave chez les Cook Pirates. La nourriture là bas au moins avait été au rendez-vous. Il manqua de fondre en larme au souvenir du piteux destin qui avait faillit être le sien lorsque leur navire avait sombré. Une fois encore la Providence revenait à la charge pour lui tourmenter l’existence. Non mais vraiment, il aurait bien collé une bonne branlée au mauvais génie qui tirait les ficelles du chevalet de torture qu’était sa vie. Une organisation criminelle entière devait travailler à sa perte.
Son butin de fin de journée acheva de le lui prouver. Une bouteille vide, une paire de chaussure en cuir moisie, une épée brisée et un coffre…vide. Il essaya de positiver mais trouva plus facile de chercher réconfort dans le tord-boyaux local-qui assurément devait contenir de vrais boyaux-en risquant sa chance, et par la même occasion sa vie, dans un tripot flottant du coin. Le bois vermoulus craquait sous ses pas et l’odeur n’était pas étrangère à celle d’un cormoran crevé. Les loqueteux des environs s’étaient donnés rendez-vous, constata Yuwin en écoutant le parlé fleuri des clients et détaillant leurs tenues…pittoresques. Il échangea ses possessions, fruit de son exploration, contre un verre de l’alcool local, esquivant le regard mauvais du patron sur sa trogne d’ours. A la vision d’un épais clou dépassant du comptoir branlant il faillit s’évanouir, respirant de grandes bouffées d’air vicié face à cet élément perturbant de son nouvel environnement. Tout en essayant de garder son calme, il fit passer une paille à travers son « casque » pour « savourer » le liquide sirupeux, prêtant oreille au moindre renseignement intéressant. On y discutait de tout et de n’importe quoi. Surtout de n’importe quoi.
-Un jour jt’ai chopé un braclet’ d’or ! Par eul’ cul de Tata Marnard ! Jte jure !
-Moi j’ai juste chopé des échardes…
Passionnant. On y trouvait également le modèle courant et répandu du « vieux-qui-raconte-le-bon vieux-temps-d’avant-la-chique-en-bouche »
-Grand Line gamin ct’un bled qu’est pas pour eul’ gamins ! Tu vois ça ? Il exhiba une main mutilée où trois doigts auxquelles manquait la phalange supérieure. C’est eul’ Démon des Profondeurs qui m’la a pris !
Yuwin murmura pour lui-même, évitant de fixer le vieillard.
-Essaye donc de vivre avec une foutu boule d’acier sur la tronche, de trinquer comme un con sur navire remplis de dégénérés, pour finir objet sexuel d’une déviante à couettes…tu sauras ce que c’est la dure vie mon pote.
Comme pour répondre à ce défi masqué le Destin décida de faire une nouvelle irruption, sous la forme d’un pirate au physique puissant et féroce. Le visage marqué, le sourire mauvais, on devinait le mauvais coup fourré derrière chacun de ses gestes.
-Oy les loqueteux ! Aujourd’hui Calvin-sama vous propose un pari !
L’assistance, craintive, se fit néanmoins plus attentive, même les piliers de comptoir levèrent la tête de leur verre. Tout le monde fut définitivement ferré aux paroles du flibustier lorsqu’il exhiba un saucisson de la taille d’une cuisse.
-M’ferait marrer de voir de quoi vous seriez capable pour m’chopper c’te joli morceau mmmh ?
Yuwin manqua de crier scandalisé-si si je vous jure-il était peut être au bout du rouleau mais jamais on ne s’amuserait de sa dignité à ses dépends et que…Le pirate avait lancé la charcutaille en l’air et voilà qu’elle venait de retomber sur ses genoux. Le cuistot leva les yeux à la vitesse de l’éclair sur son voisin le plus proche. Un grand costaud borgne, ses bras massifs semblaient à même de le broyer d’un simple revers de main. Merde…
C’est donc en suivant ce chemin de misère et de plaisirs mesquins, en torturant et en volant tous les mutilés, handicapés, diminués et miséreux-du moins ceux qui l’étaient davantage que lui-que notre homme était arrivé jusqu’à ce lieu, qui n’était pas sans lui rappeler un passé des plus déplaisants. « Le Cimetière des Epaves », on ne s’était guère foulé la rondelle pour trouver cette appellation mais elle collait parfaitement au lieu. Le terme « épaves » devait sans doute réunir sous la même étiquette les pauvres hères décrépis et autres déviants à bout de souffle sentant fort le jus d’aisselle 12 ans d’âge, en plus des vagues esquifs de ce qui avaient dû être autrefois de fiers navires. La déchéance c’était donné rendez-vous ici, et Yuwin comme à son habitude était au premier rang. Appâté par les rumeurs de richesses et de merveilles englouties, notre personnage à tête d’ours avait ramené sa carcasse déglinguée jusqu’ici avec l’espoir naïf, mais sincère, de se faire une fortune suffisante pour survivre les trois prochains jours. C’était sans compter sur la marée de rapaces de son espèce, et bien entendu les forbans qui pullulaient à la mode des lapins lors de la saison de la baise. Très vite il commença à comprendre que le danger ne venait cependant pas des pirates, certes redoutables, mais davantage des vendeurs à la sauvette promettant monts et merveilles. Ils étaient très convaincants.
Le cuisinier en avait fais les frais, littéralement, en troquant ses dernières maigres ressources contre une « baguette de sourcier à trésor » garantit « qualité Grand Line ». Il devait bien avoué que sur ce coup là il avait lamentablement succombé à la verve commerçante. Inutile de préciser que l’instrument en question s’était révélé comme n'étant d’aucune utilité, il avait bien réussi à tuer un rat avec-son festin du midi-mais celui-ci était déjà pratiquement mort. Vraiment il avait imaginé la liberté autrement, il avait même connu des jours plus glorieux dans sa vie de quasi-esclave chez les Cook Pirates. La nourriture là bas au moins avait été au rendez-vous. Il manqua de fondre en larme au souvenir du piteux destin qui avait faillit être le sien lorsque leur navire avait sombré. Une fois encore la Providence revenait à la charge pour lui tourmenter l’existence. Non mais vraiment, il aurait bien collé une bonne branlée au mauvais génie qui tirait les ficelles du chevalet de torture qu’était sa vie. Une organisation criminelle entière devait travailler à sa perte.
Son butin de fin de journée acheva de le lui prouver. Une bouteille vide, une paire de chaussure en cuir moisie, une épée brisée et un coffre…vide. Il essaya de positiver mais trouva plus facile de chercher réconfort dans le tord-boyaux local-qui assurément devait contenir de vrais boyaux-en risquant sa chance, et par la même occasion sa vie, dans un tripot flottant du coin. Le bois vermoulus craquait sous ses pas et l’odeur n’était pas étrangère à celle d’un cormoran crevé. Les loqueteux des environs s’étaient donnés rendez-vous, constata Yuwin en écoutant le parlé fleuri des clients et détaillant leurs tenues…pittoresques. Il échangea ses possessions, fruit de son exploration, contre un verre de l’alcool local, esquivant le regard mauvais du patron sur sa trogne d’ours. A la vision d’un épais clou dépassant du comptoir branlant il faillit s’évanouir, respirant de grandes bouffées d’air vicié face à cet élément perturbant de son nouvel environnement. Tout en essayant de garder son calme, il fit passer une paille à travers son « casque » pour « savourer » le liquide sirupeux, prêtant oreille au moindre renseignement intéressant. On y discutait de tout et de n’importe quoi. Surtout de n’importe quoi.
-Un jour jt’ai chopé un braclet’ d’or ! Par eul’ cul de Tata Marnard ! Jte jure !
-Moi j’ai juste chopé des échardes…
Passionnant. On y trouvait également le modèle courant et répandu du « vieux-qui-raconte-le-bon vieux-temps-d’avant-la-chique-en-bouche »
-Grand Line gamin ct’un bled qu’est pas pour eul’ gamins ! Tu vois ça ? Il exhiba une main mutilée où trois doigts auxquelles manquait la phalange supérieure. C’est eul’ Démon des Profondeurs qui m’la a pris !
Yuwin murmura pour lui-même, évitant de fixer le vieillard.
-Essaye donc de vivre avec une foutu boule d’acier sur la tronche, de trinquer comme un con sur navire remplis de dégénérés, pour finir objet sexuel d’une déviante à couettes…tu sauras ce que c’est la dure vie mon pote.
Comme pour répondre à ce défi masqué le Destin décida de faire une nouvelle irruption, sous la forme d’un pirate au physique puissant et féroce. Le visage marqué, le sourire mauvais, on devinait le mauvais coup fourré derrière chacun de ses gestes.
-Oy les loqueteux ! Aujourd’hui Calvin-sama vous propose un pari !
L’assistance, craintive, se fit néanmoins plus attentive, même les piliers de comptoir levèrent la tête de leur verre. Tout le monde fut définitivement ferré aux paroles du flibustier lorsqu’il exhiba un saucisson de la taille d’une cuisse.
-M’ferait marrer de voir de quoi vous seriez capable pour m’chopper c’te joli morceau mmmh ?
Yuwin manqua de crier scandalisé-si si je vous jure-il était peut être au bout du rouleau mais jamais on ne s’amuserait de sa dignité à ses dépends et que…Le pirate avait lancé la charcutaille en l’air et voilà qu’elle venait de retomber sur ses genoux. Le cuistot leva les yeux à la vitesse de l’éclair sur son voisin le plus proche. Un grand costaud borgne, ses bras massifs semblaient à même de le broyer d’un simple revers de main. Merde…