Précédemment
Un choc sur le crâne. J'ouvre les yeux brusquement. Il fait noir, je vois rien du tout. J'ai trop mal à la tête ! C'est comme si je m'étais fait piétiner par un régiment de Woks. C'est pas lourd, mais, quand c'est beaucoup, ça picote ! Je m'aperçois en fait que je suis allongée de tout mon long sur un sol de pierre. Je tourne la tête sur ma gauche et j'aperçois les pieds de mon lit de camp. Merde. Je suis juste tombée de mon lit ! Comme si c'était pas déjà assez compliqué comme ça. Je me relève difficilement ; mes blessures, sur la voie de la guérison, risquent de s'aggraver si je fais pas gaffe. Lentement, je pose mes fesses sur mon lit qui grince un peu, mais qui tient bon. En même temps, j'ai déjà tenu plusieurs nuits dessus. Je tâte là où je me suis cognée. Je sens un peu de sang, mais ce n'est pas trop grave. Je me palpe ensuite, vérifiant que rien de farfelu n'a été provoqué après cette bêtise. Pas d'os dans une position étrange, pas de blessures ouverts. Rien. Je souffle un coup, rassuré. Toujours aussi lentement, je m'allonge sur ma ridicule couche qui se plaint sous mon poids. Une fois allongée, je ne bouge plus. Je préfère éviter de casser le truc en gigotant dans tous les sens. C'est déjà pas confortable, j'aimerais pas dormir en plus au sol. Il aime déjà mon crâne, remarque.
Je me sens pas trop fatiguer. J'vais penser un peu. Quelle histoire, quand même ! Je me demande si Lilou s'en est sorti. En même temps, j'en ai pas entendu parler ; elle a pas dû se faire arrêter. Tant mieux pour elle. Pour l'autre Tahar, l'autre jour, le gardien a dit qu'il s'était envolé en ballon. Un vrai fou se type. Si je l'attrape, je le crucifie ! … Ah ? Euh, pardon. Ce n'est pas le genre de type qui mérite une punition aussi évangélique. Il mérite… l'enfer, c'est tout. Pour moi, ça s’est quand même plutôt bien passer. Bon, ok, ils m'ont sautée dessus et m'ont passée les menottes sans même avoir pu aider un des blessés. Les méchants. En même temps, je n’étais pas aussi fraiche non plus. J'ai dû m'évanouir une dizaine de minutes plus tard, alors qu'il m'amenait à la base de la marine la plus proche. Au bilan, j'ai de multiples écorchures qui ne sont plus qu'un souvenir. J'ai un trou dans l'estomac qui guérit lentement. Ah ! Ça a fait un mal de chien sur le coup quand même ! J'ai aussi deux côtes casser ; ça pique aussi sévère ça. Je devrais pouvoir m'en sortir. Ça doit être une histoire d'une semaine tout au plus. L'autre médecin disait un mois. Il connait pas son métier, lui. Il m'a quand même bien rafistolée dans la nuit. Chapeau bas, mec. Surtout que t'avais une belle file d'attente. Les pauvres. Tahar le payera.
Maintenant, je glande en cellule parce qu'on ne sait pas quoi faire de moi. D'un côté, ils me cherchent des noises parce que j'ai été vue en compagnie de Tahar et que j'ai aidé Lilou à fuir. Je comprends que ça puisse paraître suspect. De l'autre, j'ai pas l'air très dangereuse. Depuis que je suis sortie de l'infirmerie, j'ai demandé une bible et j'apporte la bonne parole aux gens des autres cellules. Avant, on me jetait des quolibets, maintenant, on écoute mes sermons avec intérêt. Je fais un peu office de curée de la prison. Autre truc, c'est que j'ai pas fait énormément de choses mal ce jour-là. Ça mérite de m'envoyer dans une vraie prison ? Ça mérite combien de temps ? Le débat était lancé et les pontes avaient d'autres chats à fouetter pour s'occuper de mon cas. Le Tahar était peut-être toujours dans les environs et sa traque méritait tous les efforts de la marine. Ça faisait donc plusieurs jours que je restais là avec mon avenir incertain. Certes, l'endroit était propice à la conversion de pauvres hères, la nourriture n'était pas trop mauvaise, mais le lit est quand même franchement pas top. Et comme c'est pas l'hôtel, je peux pas me plaindre.
Non, le pire, c'est qu'ils disent qu'ils vont prévenir mes parents. C'est franchement le truc qu'il ne faut pas qu'il fasse. J'arrête pas de leur dire que tout va bien, mais, s'ils savent que je suis en prison, ça va faire mal. Papa va débouler en ville. Déjà, il va me foutre une rouste sévère, mais il sera tellement en colère qu'il serait capable de foutre le chaos dans la prison, voir la base de la marine. Si mes frères l'accompagnent, ça va être pire que l'enfer ici. J'sens que le pan pan-culcul va faire mal et va être particulièrement humiliant. Je veux pas que ça arrive ! Surtout pas. Le message est pas encore envoyé, mais ça ne saurait tarder. La traque au Rouge semble aller dans le mur, les affaires reprennent dans la base.
Sauf que je ne peux pas trop faire quelque chose. J'espère qu'ils vont me libérer ! J'intercepterais la lettre avant ! Je me cacherais dans un colis postal s'il le faut ! Je prierais pour que la lettre soit perdue ! Je ferais tout pour que ça n'arrive pas ! Même si papa la reçoit et que je suis déjà partie d'ici, il va encore plus tout casser en arrivant. Il a le mal de mer en plus... Il va être en rogne, c'est sûr.
Soeur Marie-Thérèse, vous allez bien ?
Je pense, je pense, mais j'oublie que je fais le genre d'onomatopée qu'y va bien avec la situation. Ouille. Ralala. Aïe, Aïe, Aïe. Ce genre de truc. Du coup, le prisonnier d'un côté, un voleur de bas étage, s'interroge. Il me sert d'enfant de choeur pour mes messes improvisées ans la prison. Au travers des barreaux, il me file son gobelet d'eau. C'est peu, mais c'est l'intérêt qui compte. Pour les hosties, j'crois qu'il me file ces miettes de pain, mais on va pas chipoter. J'fais en sorte de donner ceux tomber par terre à ceux de droites. Faut pas pousser.
Ce n’est rien, mon fils. Je n'arrive pas à dormir. Je crois que je vais te parler du Seigneur. Il est tellement bon.
Je me lève et je prends ma bible. L'enseignement liturgique a l'avantage de me faire oublier mes problèmes. J'espère que tu fais quelques choses pour moi, hein ?
Un choc sur le crâne. J'ouvre les yeux brusquement. Il fait noir, je vois rien du tout. J'ai trop mal à la tête ! C'est comme si je m'étais fait piétiner par un régiment de Woks. C'est pas lourd, mais, quand c'est beaucoup, ça picote ! Je m'aperçois en fait que je suis allongée de tout mon long sur un sol de pierre. Je tourne la tête sur ma gauche et j'aperçois les pieds de mon lit de camp. Merde. Je suis juste tombée de mon lit ! Comme si c'était pas déjà assez compliqué comme ça. Je me relève difficilement ; mes blessures, sur la voie de la guérison, risquent de s'aggraver si je fais pas gaffe. Lentement, je pose mes fesses sur mon lit qui grince un peu, mais qui tient bon. En même temps, j'ai déjà tenu plusieurs nuits dessus. Je tâte là où je me suis cognée. Je sens un peu de sang, mais ce n'est pas trop grave. Je me palpe ensuite, vérifiant que rien de farfelu n'a été provoqué après cette bêtise. Pas d'os dans une position étrange, pas de blessures ouverts. Rien. Je souffle un coup, rassuré. Toujours aussi lentement, je m'allonge sur ma ridicule couche qui se plaint sous mon poids. Une fois allongée, je ne bouge plus. Je préfère éviter de casser le truc en gigotant dans tous les sens. C'est déjà pas confortable, j'aimerais pas dormir en plus au sol. Il aime déjà mon crâne, remarque.
Je me sens pas trop fatiguer. J'vais penser un peu. Quelle histoire, quand même ! Je me demande si Lilou s'en est sorti. En même temps, j'en ai pas entendu parler ; elle a pas dû se faire arrêter. Tant mieux pour elle. Pour l'autre Tahar, l'autre jour, le gardien a dit qu'il s'était envolé en ballon. Un vrai fou se type. Si je l'attrape, je le crucifie ! … Ah ? Euh, pardon. Ce n'est pas le genre de type qui mérite une punition aussi évangélique. Il mérite… l'enfer, c'est tout. Pour moi, ça s’est quand même plutôt bien passer. Bon, ok, ils m'ont sautée dessus et m'ont passée les menottes sans même avoir pu aider un des blessés. Les méchants. En même temps, je n’étais pas aussi fraiche non plus. J'ai dû m'évanouir une dizaine de minutes plus tard, alors qu'il m'amenait à la base de la marine la plus proche. Au bilan, j'ai de multiples écorchures qui ne sont plus qu'un souvenir. J'ai un trou dans l'estomac qui guérit lentement. Ah ! Ça a fait un mal de chien sur le coup quand même ! J'ai aussi deux côtes casser ; ça pique aussi sévère ça. Je devrais pouvoir m'en sortir. Ça doit être une histoire d'une semaine tout au plus. L'autre médecin disait un mois. Il connait pas son métier, lui. Il m'a quand même bien rafistolée dans la nuit. Chapeau bas, mec. Surtout que t'avais une belle file d'attente. Les pauvres. Tahar le payera.
Maintenant, je glande en cellule parce qu'on ne sait pas quoi faire de moi. D'un côté, ils me cherchent des noises parce que j'ai été vue en compagnie de Tahar et que j'ai aidé Lilou à fuir. Je comprends que ça puisse paraître suspect. De l'autre, j'ai pas l'air très dangereuse. Depuis que je suis sortie de l'infirmerie, j'ai demandé une bible et j'apporte la bonne parole aux gens des autres cellules. Avant, on me jetait des quolibets, maintenant, on écoute mes sermons avec intérêt. Je fais un peu office de curée de la prison. Autre truc, c'est que j'ai pas fait énormément de choses mal ce jour-là. Ça mérite de m'envoyer dans une vraie prison ? Ça mérite combien de temps ? Le débat était lancé et les pontes avaient d'autres chats à fouetter pour s'occuper de mon cas. Le Tahar était peut-être toujours dans les environs et sa traque méritait tous les efforts de la marine. Ça faisait donc plusieurs jours que je restais là avec mon avenir incertain. Certes, l'endroit était propice à la conversion de pauvres hères, la nourriture n'était pas trop mauvaise, mais le lit est quand même franchement pas top. Et comme c'est pas l'hôtel, je peux pas me plaindre.
Non, le pire, c'est qu'ils disent qu'ils vont prévenir mes parents. C'est franchement le truc qu'il ne faut pas qu'il fasse. J'arrête pas de leur dire que tout va bien, mais, s'ils savent que je suis en prison, ça va faire mal. Papa va débouler en ville. Déjà, il va me foutre une rouste sévère, mais il sera tellement en colère qu'il serait capable de foutre le chaos dans la prison, voir la base de la marine. Si mes frères l'accompagnent, ça va être pire que l'enfer ici. J'sens que le pan pan-culcul va faire mal et va être particulièrement humiliant. Je veux pas que ça arrive ! Surtout pas. Le message est pas encore envoyé, mais ça ne saurait tarder. La traque au Rouge semble aller dans le mur, les affaires reprennent dans la base.
Sauf que je ne peux pas trop faire quelque chose. J'espère qu'ils vont me libérer ! J'intercepterais la lettre avant ! Je me cacherais dans un colis postal s'il le faut ! Je prierais pour que la lettre soit perdue ! Je ferais tout pour que ça n'arrive pas ! Même si papa la reçoit et que je suis déjà partie d'ici, il va encore plus tout casser en arrivant. Il a le mal de mer en plus... Il va être en rogne, c'est sûr.
Soeur Marie-Thérèse, vous allez bien ?
Je pense, je pense, mais j'oublie que je fais le genre d'onomatopée qu'y va bien avec la situation. Ouille. Ralala. Aïe, Aïe, Aïe. Ce genre de truc. Du coup, le prisonnier d'un côté, un voleur de bas étage, s'interroge. Il me sert d'enfant de choeur pour mes messes improvisées ans la prison. Au travers des barreaux, il me file son gobelet d'eau. C'est peu, mais c'est l'intérêt qui compte. Pour les hosties, j'crois qu'il me file ces miettes de pain, mais on va pas chipoter. J'fais en sorte de donner ceux tomber par terre à ceux de droites. Faut pas pousser.
Ce n’est rien, mon fils. Je n'arrive pas à dormir. Je crois que je vais te parler du Seigneur. Il est tellement bon.
Je me lève et je prends ma bible. L'enseignement liturgique a l'avantage de me faire oublier mes problèmes. J'espère que tu fais quelques choses pour moi, hein ?