J'échange quelques mots avec Saya pour avoir les dernières infos sur la situation. Les autres Walkyries sont dehors. Elles ont emprunté une charrette. J'fronce les sourcils quand j'entends ça, parce qu’à mes oreilles, ça résonne comme voler. Mais parait qu'on en a besoin pour transporter les trucs. Du coup, j'note pour moi-même qu'il faudra redonner la charrette. Qui vole un oeuf vole un boeuf. Qui vole une charrette vole une... corvette. Et c'est un gros. Alors, on redonne. Du coup, j'demande à Saya de s'occuper de la récupération du matériel. Les trucs de valeurs, donc. Qu'elle gère les autres et moi, j'm'occupe de voir comment ça se passe du côté de Sarah. Elle a de la ressource, mais faut pas la laisser seul. C't'une grande irresponsable même si c'est la capitaine. J'laisse donc Saya et je me précipite vers l'autre bout de l'entrepôt. Je prends un couloir serpentant entre les monticules de caisses. T'as même des objets abandonnés sur les caisses et même par terre. Ça semble pas super bien rangé. Je manque de me casser la figure en me prenant les pieds sur une hampe d'un drapeau bouffé par les mites. À part ça, je croise rien de spécial. Je fais gaffe de pas tomber dans une embuscade. Niet de ce côté là. J'finis par arriver au bout du hangar, c'est là que j'entends que des propos sont échangés. J'entends un cri de Rosianne ; elle est surement en danger. J'entends aussi Crow. Elle a pas l'air en danger, mais elle semble être impuissante face à un adversaire qui menace sa fille. À l'oreille, je vois un peu où doit se trouver le groupe. Derrière un gros tas de caisses qui me bouchent la vue. Je grimpe rapidement sur plusieurs. Sur la dernière, je saute en avant en prenant une grosse impulsion, histoire d'arriver en puissance et en rapidité. La surprise, ça fait toujours son petit effet.
J'ai pas trop foiré sur l'audition. Crow est debout près de l'entrée, livide. Juste devant moi, j'ai deux types du service de sécurité qui retiennent en otage la fille de Crow. Le premier a son flingue sur la tempe de la gamine. L'autre a un pistolet braqué vers Crow. La petite sirène se trouve toute à droite et est solidement maintenue par le grand gaillard. Derrière Sarah, il y a un cadavre, aussi. C'est trop rapide, mais j'dirais qu'il a bien été amoché. Qui est-ce ? Aucune idée. Le principal, là, c'est de les mettre hors d'état de nuire. En une seconde, j'suis sur eux. L'un deux sent un truc dans son dos et n'a que le temps de se retourner pour voir mes deux poings s'abattre dans leur face. On part tous s'écraser dans ce qui est un tas de caisses contenant des pièces de métal. On sombre quasiment sous les débris. D'instinct, j'ai poussé Rosianne sur le côté pour éviter qu'elle soit mêlée à un éventuel affrontement qui peut suivre. J'sais pas si j'ai réussi ; j'suis au milieu de bout de planches et de trucs en métaux de formes bizarroïdes. Une fois que la chute s'est terminée, je m'extrais difficilement de la masse et je saute en avant pour m'en libérer définitivement. Je roule sur le sol. Libre. Yeah !
D'un coup, c'est le silence. Total. Comme le calme avant la tempête. J'fais un rapide check de moi perso. Nickel à pas mal de blessures près. Les séquelles de ce que j'ai fait avec l'autre bande ont cessé d'occuper mon esprit. J'ai bien un paquet de coupures en plus après être passée au milieu de tout ce que contenaient ces caisses, mais ce n’est pas non plus l'horreur. J'ai vu pire. On dira ça. Je zieute à gauche. J'vois Sarah qui court. J'vois sa grimace qui déforme ces traits, le genre de grimace que les mères font quand leur progéniture est en danger. Elle a l'air sauve. Je suis sauve. Tout le monde est sauf. Sauf ? Y'a sa fille à Sarah ! Elle est pas réapparue. Sarah plonge dans les débris, là où elle a dû voir Rosianne tomber, et fait voltiger pas mal de bouts de bois en tout sens. J'tends l'oreille et j'entends ce qui semble être une petite voix émergée de la petite colline de débris. J'crois qu'on sait où elle est maintenant. Je me relève et j'm'approche de ce qui semble être le chef, maintenant défait. Il est toujours vivant, mais insconcient. En même temps, Crow n'y a pas été de main morte avec lui. J'sais pas les détails, mais elle aurait pu éviter de trop faire souffrir. J'lui passerais un savon. Au grand blessé, J'lui fais quelques premiers secours pour éviter qu'il crève. C'pas forcément un mauvais homme, hein. J'veux pas avoir sa mort sur la conscience. Et puis, j'ai du temps. Je retends l'oreille d'un coup. Rosianne est de nouveau dans les bras de sa mère ; elle a l'air d'aller bien. Mais c'pas ça qui éveille mon appréhension. Des gens s'approchent. Je me prépare à bondir, me cachant derrière une caisse volumineuse. Une ombre passe. Je prépare à attaquer, mais je me retiens rapidement. C'est Saya. Elle est surprise, mais elle comprend vite que je suis un peu à cran. Crow est plutôt contente de voir Saya. J'me détends pendant qu'elle fait son rapport. Elle et les autres, elles ont récupéré les trucs de valeurs. Elles ont réussi à dégoter un listing répertoriant le contenu de l'entrepôt. T'as de tout. Des trucs sans valeurs ou avec. Des armes aussi. Des munitions. De la poudre. Le genre d'équipement pour armer des malfrats à l'abri du regard de la marine. Comme c'était plutôt bien rangé, elles sont récupérées l'important. Elles ont l'air excitées, mais je jette un regard lourd de signification à Crow. Les trucs volés, c'est retour aux vrais propriétaires. Grimace de sa part. On verra. Je pose ma main sur l'épaule de Saya et j'fais gaffe que Crow m'entende pas.
Saya, tu pourrais aller fouiller les bureaux ? Si c'est possible d'avoir des informations sur la provenance de tout ce que contient cet entrepôt ? C'est important.
Elle comprend. Ça tombe bien, les bureaux sont de l'autre côté, près de là où j'suis entrée. Elle se met en route une fois qu'elle nous a dit le lieu de rendez-vous. Il y a un chariot dehors pour transporter le plus gros. Les autres filles y sont et le protègent. J'hoche la tête pour lui signaler que j'ai compris. Pendant qu'elle s'en va, je m'approche de Crow et je vérifie qu'elle a rien. C'est le cas. Enfin, pas plus que d'habitude. Pas plus que des blessures légères : J'pense pas l'avoir déjà vu sans une blessure visible. J'vérifie aussi pour Rosianne. C'est le cas. Pas une égratignure à part une vilaine bosse. Elle ne pleure pas, mais ça fait mal. C'est mignon comment elle essaie de faire la fière. Elle tient ça de sa mère. On se regarde entre Crow et moi. Dans nos regards, il y a un message. Celui de savoir que tout s'est bien passé et qu'elles sont toujours en vie. Elle se met à rire et à boire au goulot de sa gnôle. Je me fends d'un sourire, parce que j'suis quand même réjouie. Mais ça, c'est sans compter la suite. Parce que là, j'entends du bruit. Les problèmes, parce qu'il y en a deux. Déjà, j'entends du bruit. C'est le truc de base. Le premier souci, c'est que ça vient pas du côté de Saya, ça vient du côté de la porte d'entrée. Le deuxième truc pas cool, c'est que le bruit est fort. Suffisamment fort pour être provoqué par plusieurs personnes. Même voir beaucoup. Je m'approche de l'entrée et j'tends l'oreille. C'est là que j'entends distinctement des phrases. Le genre de phrase disant "encercler le bâtiment", "première escouade à droite" ou "je le veux vivants". Des phrases qui se disent bien dans les rangs de la marine. Et c'est là que je me dis qu'un contingent de marines dans le coin, c'pas forcément idiot comme idée. On a attaqué un entrepôt et ça ne s’est pas fait dans la douceur. Il y a dû avoir des échos du combat dans le coin. Et suffit d'un témoin pour avertir les gens. Ou même un type de la sécurité qui a prévenu la marine. Tout est possible. Quoi qu'il en soit, c'est plus le moment de se réjouir.
Des marines !
Sarah ! Emmène Rosianne, j'vais les retenir ! Ils vont peut-être aussi s'attaquer aux autres !
Crow comprend. Évidemment. C'est un peu de notre devoir de protéger tout le monde. J'la vois se barrer avant de s'arrêter. Elle s'approche des mallettes de billets que j'avais pas trop vues et s'en saisit sans que je puisse lui interdire. Elle pense qu'à ça ! La vile ! Elle vole ! Mais on est ici pour voler. Raaah. Quelle situation compliqué. J'y repenserais à tête reposée. Elle repart après m'avoir souhaité bonne chance. Son sourire en dit long ; il semble que sa journée se soit bien passée finalement. Et ta gaffe avec Rosianne, c'était bien ? Tss. Moi, je finis par regarder le meilleur endroit pour empêcher la progression des marines ; ils vont bientôt entrer dans le bâtiment. Je zieute en hauteur. Il y a deux endroits où les caisses montent haut. De là, j'ai masse de projectiles volumineux pour foutre le chaos aux premières lignes. Et puis, j'zieute une passerelle pour fuir jusqu'à l'autre bout du bâtiment sans problème. J'me dépêche de monter. À peine arrivées à la moitié, les marines entrent. L'entrée principale et une porte plus loin. Une escouade chacune. J'attrape la première caisse que j'ai à porter et j'la balance sur les premiers. Ils m'avaient pas vue et ils se la prennent en pleine poire. Je profite du répit pour monter tout en haut. Enfin arriver, j'suis à une place de choix pour faire ce que j'ai à faire. En bas, on m'a repérée. Ça s'avance pendant que d'autres les couvrent à coup de fusil. Les balles volent, mais l'obscurité régnante en haut m'aide pas mal. Moi, je n’hésite pas à mitrailler. J'envoie tout ce qui passe à portée de main. Tous les projectiles, c'est pour leur gueule. Bam. Une caisse assomme un tireur. Une autre stoppe net un marine qui voulait monter me rejoindre. Nan, désolé, j'aime être seule. Ils commencent à me localiser franchement et les tireurs sont d'un coup plus précis. La guigne. Et là, j'balance un tonneau sur un groupe de fusilier qui vient d'entrer. Premier réflexe, c'est de tirer. Logique. Les balles perforent le bois. Et là, c'est l'explosion. Le souffle fait valdinguer tout ce qu'il a autour de la déflagration : hommes, matériels et débris. Moi-même, j'sens le sol se dérober sous moi, mais j'arrive à me maintenir. Quelle merde ! Quelle idée de prendre un baril de poudre ! Quelle idée de stocker des armes ici ! Mais c'est pas le pire truc, en fait. Je repère enfin ce que contiennent les caisses que j'ai envoyées. Et pas seulement : c'est tout ce qu'il y a dans ce coin d'entrepôt. Les armes et munitions. J'suis debout au milieu d'une vraie poudrière et j'ai allumé les premières flammes. J'vois ces dernières léchées d'autres caisses contenant certainement de la poudre des munitions. Ça risque de tout faire péter, ça va être terrible ! Merde ! Oups ! Pardon ! M'enfin, c'est pas la joie, tu me le pardonneras, non ?
On fera comme si tu me pardonneras. Avec le feu qui s'étend et les réserves de poudres qui menacent tout le coin, mes projectiles sont dérisoires pour foutre le bordel. En plus, balancer des caisses de poudres pour que ça fasse empirer la situation, j'suis moyen fan. Alors, je pense me tirer. Et là, je privilégie la fuite par la passerelle. Je monte sur la plus haute caisse avant de sauter vers ma cible. J'agrippe la rambarde de métal et je me hisse dessus. La structure grince comme si pour dire que j'étais grosse. La blague. J'tiens une ligne d'enfer, moi ! Une autre explosion secoue toute la structure et fait vibrer la passerelle. Trois caisses viennent de péter faisant un gros trou dans la porte d'entrée et faisant jarreter un paquet de marines qui se tenaient à l'extérieur. Ceux encore debout aident les blessés à partir. J'vois celui que j'ai soigné être transporté aussi. Il va pas mourir, c'est déjà pas mal. Mais avant de penser aux autres, j'pourrais aussi penser à moi ! La passerelle mène à une porte qui s'ouvre à la volée. Trois hommes en sortent. Leurs visages sévères en disent long sur leur expérience. C'est pas des marines ordinaires. Je zieute rapidement leurs uniformes et je capte un truc. J'crois avoir déjà vu les insignes. C'est la marine d'Élite ! Le genre de gus qui ne passent jamais leur vie dans une base et qui font de la traque leur vocation ! Bah des blaireaux comme les marines de bases. Les gars d'en bas doivent être des marines normaux. Le premier élite s'avance avec une rapidité déconcertante pour un marine aussi peu gradé, mais il semble que c'est un sergent ; je contre instinctivement et je lui envoie mon poing dans sa face qu'il esquive adroitement malgré la faible largeur de la passerelle. Ouais. Sergent. C'est ce que dit le gars d'en bas. Un grand baraqué avec un uniforme d'officier. Son regard sans pitié passe au travers des flammes et des déflagrations pour me transpercer littéralement. 'tain, si ce type pouvait me massacrer, il le ferait !
Capturez là, Sergent ! Je la veux morte ou vif !
Bien lieutenant !
Lieutenant. Genre lieutenant d'Élite du coup ? Je connais pas la puissance de ce genre de gus, mais ça doit pas être du gâteau. Un regard vers le sergent, et j'vois déjà plus le lieutenant. Ça me fout un peu les pétoches de savoir qu'une brute se cache dans la pénombre pour me fendre la poire en deux. Mort ou vif ? J'parie qu'il préfère mort. Vu la gueule du sergent en face de moi, il le voudrait aussi. Je recule tout doucement tout en me préparant à me défendre. Le marine n'approche pas. Il me jauge. Me dévisage. Et il sourit. Pourquoi ? Parce qu'un marine a toujours une arme à feu et que j'aime pas ça. Sans se presser et avec une lenteur presque horrible, le sergent d'élite prend son arme et vise. Je choisis. Balle dans le dos ou dans le ventre.
Le lieutenant a bien dit mort ?
Oui.
Héhé.
Ouai, balle dans la tête, ça, non ? Pour le challenge. Bon, il arrive quand le miracle ?
Partez d'ici !!!! Tout va pêter !!
Le marine qui vient de dire ça se barre en courant du rez-de-chaussée. Heu. J'aurais pensé à un truc plus soft pour le miracle, c'pas possible.
Et ça ne sera pas possible. Il y a comme un boom. Un petit. C'est l'arme du marine qui tire. Mais tout devient rougeoyant autour de nous. Et un instant après, c'est un gros BOOM qui se produit. Je jette un regard vers le bas pile au moment ou quart d'entrepôt s'embrase dans une explosion infernale. Les flammes montent tellement haut qu'elle me crame les bras. L'explosion est trop forte pour la structure du bâtiment qui plie sous la force de la déflagration. Les suspensions de la passerelle se rompent une par une.Je tombe au sol, évitant de peu une balle perdue. J'ai de la chance. En face, c'est la passerelle qui fait une rotation sur elle même de quatre-vingt-dix degrés puisque toutes les suspensions gauches pètent au même moment. Pas préparer à ça, les marines sont propulsés dans les airs, directement dans les flammes se propageant partout. Leurs cris résonnent longtemps. Pouah. Pauvres types. Mais pas le moment de s'apitoyer sur mon sort. J'ai eu la chance d'être sur une partie de la passerelle qui est toujours un poil fixé au plafond. J'sais pas pourquoi, mais j'sens venir l'explosion. Une autre. Alors faut se barrer rapidement. Je cours vers la suite de la passerelle. Celle-ci penche dangereusement sur le côté. À chaque pas, la structure grince. J'ai fait la moitié que d'autres suspensions pètent sous l'effet d'une nouvelle déflagration. La passerelle se met à tomber, seulement maintenue par les supports du bout. Je suis bientôt à la verticale à ce rythme, mais heureusement, les derniers supports sautent. Heureusement ? Qu'est-ce que je pense comme connerie ! Je saute dans les airs dans l'ultime espoir de chopper la suite de la passerelle. Et c'est ce que je fais. Le précédent morceau s'écrase sur le sol dans un tonnerre de métal. Je monte rapidement et je constate que c'est devenu l'enfer incarné en bas. Pas vraiment envie de le visiter, je fonce. Heureusement, il y a moins de flamme ici. C'est surtout qu'il y a moins de poudre pour aider l'incendie à se transformer en brasier. Mais bon, les explosions ont balancé du combustible enflammé dans tous les recoins de l'entrepôt. Dans quelques minutes, plus aucun mètre carré de cet endroit ne sera viable.
Tout ça à cause d'un pauvre tonneau. Moi et mes idées connes. J'arrive au bout de la passerelle. Je passe sur une autre via un escalier que je descends en sautant. Plus facile, même si l'atterrissage fait grincer la structure ; pas la première fois. Désormais sur une passerelle intermédiaire, je cours vers l'endroit où je suis entrée. Mouvement sur le côté. Une ombre surgit de l'enfer non loin. Une ombre qui prend la forme d'un lieutenant d'Élite particulièrement motiver pour prendre ma vie. D'un coup de poing, il me fait voler dans les airs. Atterrissage trois mètres plus bas et dix mètres plus loin. J'suis près de la sortie, c'est bien ça. Mais ça fait mal à l'arrivée. Et le lieutenant enchaine. Il s'approche de moi avec une rapidité hallucinante. Et j'ai même pas le temps de me relever, il m'enchaine. Ces poings sont d'acier. Il frappe sans discontinuité, sans rien dire, avec une précision draconienne. J'sens que mes cotes prennent cher. J'suis résistante, mais pas au point de résister à cela rapidement. J'essaie de me protéger avec mes bras et mes jambes. Il voit pas le truc venir. Bim. Je détends mes jambes et je le propulse en arrière, mais c'est comme si je lui avais rien fait ; il ralentit le mouvement du plat de ses pieds. Campé sur ses jambes, c'est comme si on lui avait rien fait. Son visage sans pitié se fend d'une grimace.
Pitoyable.
Dans un éclat de métal, il sort un poignard de l'étui à sa ceinture et il fonce. J'ai juste assez de temps pour me relever et attraper ses bras avant qu'il ne me poignarde. Une lutte de force s'engage. Plus fort, il l'est. Mais je suis plus motivée. J'veux pas crever ici. La lame de son couteau pénètre un petit peu dans la peau de mon bras droit alors que ma main essaie de retenir son poignet. La douleur me donne un coup de boost. Je gagne la force de le pousser un peu et m'éloigner du danger, mais c'pas ça qui va me faire gagner le combat. Je le regarde. Ou plutôt, je regarde à côté. Oh ! Pas le temps de réfléchir, de toutes mes forces, je le pousse vers l'arrière. Sentant mon coup, le lieutenant se laisse faire. Pourquoi, parce que du coup, je pars en avant et j'en suis presque à sa merci. Mais ça, c'est sans compter le sabre qui vient lui transpercer le bide. Il s'empale jusqu'à la garde. Surpris, il crache du sang avant de se retourner et de découvrir un blondinet couvert de sang dans le rôle de l'assassin de l'ombre. Le coup de hache que j'ai mis au gus ne l'a pas achevé. Il m'en voulait. Probablement. Il voulait profiter de mon combat avec le lieutenant pour m'empaler. Mais j'ai mis ce même marine sur sa trajectoire. Gros coup de bol. Enfin un peu de chance, quoi. Le marine, dans un accès de détermination, se tourne et plante son poignard dans la jugulaire de mon ex-adversaire. Ouille. Il tombe par terre sans aucune résistance. M'étonnerait qu'il ait survécu. L'autre marine profite de ses derniers instants pour retirer la lame de son corps. Malgré la douleur, il fait face sans crier même si son visage voudrait le faire. La lame finit par tomber au sol, rapidement suivi par le marine, trop blessé pour pouvoir se relever.
Je regarde cette scène et je me dis que c'est franchement l'enfer. Le reste de l'entrepôt crame. J'ai des cadavres devant moi et le sang coule à flot. Monde de merde. J'm'approche des deux types. J'vérifie que le blondinet est bien mort. Dommage. Pour le marine, j'sens son regard fier dans mon dos. Il s'attend à ce que je l'achève. Ça serait normal. Pas pour moi. Des vies ont été enlevées aujourd'hui, j'vais pas en laisser une disparaitre encore. Malgré ses protestations, je l'embarque dans mes bras. J'ai beau être blessé, il est davantage et c'est moi qui finit par gagner au jeu du "je te porte et toi tu veux pas". Saloperie de fierté masculine. Et de la marine en plus. C'est comme ça que je finis par sortir de l'entrepôt embrasé. Dehors, je capte rapidement Crow, Saya, Rosianne et les autres près d'une charrette chargée à ras bord de coffre et de caisses. Plusieurs marines gisent à terre, convenablement assommées et hors de danger. Elles viennent m'aider. C'est tout juste si je leur laisse l'opportunité de me débarrasse du marine. Crow voudrait se casser rapidement. La marine peut débouler à n'importe quelle moment. Et avec l'incendie qui doit être visible de toute la ville, ça va grouiller sévère de monde. Mais j'prends quelques minutes pour soigner le lieutenant. Pas grand-chose. Je désinfecte et je bande sa blessure. Comme il me regarde avec une haine sauvage, je l'assomme. Ça me permet d'anesthésier et de travailler en paix. Une fois sûr qu'il va pas clamser avant l'arrivée des secours, je le laisse là, sur le sol. Il est assez loin de l'entrepôt, il ne risque pas de cramer. Sarah me presse. Tout le monde me presse en fait. Alors je m'en vais alors qu'elles s'en vont déjà. C'te histoire est fini. Enfin, c'est ce que je pense. J'espère.
Pas de dernière surprise pour la route, non ?