>> Jackie Un' Becky! Wesh gros!
Pseudonyme : toutes les insultes sur les nains, les unijambistes, les borgnes Age: 25 ans Sexe : Femme (il paraît) Race : humaine Rang : - Métier : Trafiquante d'armes Groupe : Civile pour le moment, mais va rapidement se rendre compte que la piraterie lui va bien Déjà un équipage : Walkys peut-être But : Fruit du démon ou Aptitude pour la suite : J'ai mon idée, mais j'ai déjà assez spoil sur la CB, faudrait pas qu'on me pique le fruit le plus génial qui soit Équipements : Une jambe de bois; une radio; ses fringues; quelques berrys (à vous de m'attribuer ça au vu d'la bio) Codes du règlement (2) : Parrain : Kyoshi Okabe, c'est un brave... MAIS NAN! Jackie est sa propre marraine! |
>> Physique J'mate par la vitre et, encore aujourd'hui, j'vois traîner cette petite silhouette. Il fait moche, j'la vois mal, j'sais pas du tout qui s'est, mais ça fait quelques jours qu'elle traîne sur mon territoire, et j'aime bien savoir qui sont les types louches qui y traînent. Ça m'intrigue même assez que pour me taper dehors sous la flotte, sortir de ce bar où une partie de poker truquée s'annonçait fort lucrative. Mais vu que j'fais partie de ces gens qui pensent que de bonnes infos valent mieux qu'une bonne vieille liasse, j'me mouille et j'vais chercher les infos. J'pourrais envoyer un pote aux airs de pitbull, mais ils ne sont pas toujours très délicats et rarement très doués pour récupérer des renseignements. J'attends qu'elle repasse dans la petite ruelle où elle passe bien quinze fois par jour depuis qu'elle est en ville. Voilà... Cette silhouette se pointe au bout d'la ruelle. On voit pas grand-chose dans cet endroit, surtout la pluie brumeuse. C'est l'avantage, mais aussi l'désavantage du lieu: on m'voit pas si j'me cache, ou en tout cas on m'distingue mal, mais j'distingue pas plus les autres. Du coup, j'm'appuie contre le mur trempé. Mon imperméable ne perce pas encore, par contre la corniche au-dessus d'ma gueule , c'est pas cool. Les grosses gouttes me tombent dans l'coup. Fait chier... J'rentre un peu plus la tête dans l'col de mon imper. Du coin d'l'oeil, restant non-agressif pour le moment, j'regarde la silhouette grandir... Un peu... Pas beaucoup en fait. Elle semble très courte sur pattes, nom d'un carré. Bah bref, c'est de toute manière pas un gosse qui pourrait traîner dans la rue comme ça. J'patiente encore un peu, le rôdeur avance lentement. J'commence à le voir un peu plus clairement. Qu'est-ce que c'est que cet énergumène? Genre ce type se balade sous la pluie dans des survêtements de sport... Et roses. C'est d'un goût assez infâme. Les baskets jaune flash n'aident pas à relever le niveau. Nan, pas les baskets... La basket! Bordel, au bout du training, il n'y a pas de pied, mais un bout de bois. Le mec est maintenant proche, mais il a une capuche sur la gueule et la tête qui dodeline, en même temps que tout l'corps d'ailleurs, le regard fixé sur le sol apparemment. Il ne m'a pas encore vu cette espèce de banlieusard? Alors qu'il s'apprête à passer sous mon nez, j'l'arrête d'un geste du bras. Mmmh, nan, plus bas le bras. Ce type doit faire à tout casser un mètre trente, un mètre quarante... C'est un nain ou quoi? Il s'arrête et j'lui demande ce qu'il cherche dans l'coin depuis quelques jours. Et c'est là qu'il relève la tête et me regarde droit dans les yeux. Moi j'le regarde... Droit dans l'oeil gauche. Ouais, l'autre est muni d'un cache-oeil. Flippant. Son oeil vert est perçant, on dirait qu'elle me passe au crible. Perturbant. Mais bordel... c'est une femme! Surprenant! Au début, ses traits un peu durs, le cache-oeil, la jambe de bois, et tout... C'était pas très féminin, j'me suis pas douté... Mais ouais, c'est bien une femme. Un peu interloqué, j'mets quelques secondes à réagir. Elle en profite. - Wesh yo! I't'faut quequ'chose, mon frère? Une lame? Un poing en fer de Saint-Urea? D'la toute bonne qualité mec! Sa voix n'est pas super féminine non plus tiens. On entend bien que c'est une femme, mais c'est pas une voie sexy qu'on aimerait entendre chanter. L'accent n'arrange rien, faut dire. Je n'sais pas d'où elle le tire, mais c'est pas d'chez nous en tout cas. En me parlant, elle fait des gestes avec les bras, en agite un de bas en haut, l'index tendu. J'la regarde un peu de bas en haut, histoire de faire le récapitulatif... Bordel, elle cumule quand même. Naine, unijambiste, borgne, une voix à faire fuir un marin, une tenue des plus ridicules... Même sa poitrine n'a rien d'particulier. Enfin, son visage n'est pas moche, hein, mais avec tout l'reste, on n'peut pas dire qu'elle soit très attirante. Du coup, j'lui parle comme à un mec. - Nan me... Ma fille, il me faut rien. Par contre, toi, tu trouveras rien ici. C'est mon territoire, et j'crois pas qu'tu vas foutre ton p'tit bordel ici, nan. Héhé, compris? La réaction, j'la vois pas v'nir du tout. SBAM Sa jambe de bois dans mes burnes... Oh bordeeeeel, ce qu'ça fait chier d'mal! Je tombe à terre sous le coup de la douleur. Et pendant ce temps, elle commence à s'emballer. - Eh mec, t'sais pas qui j'suis! T'étais où ces derniers jours, hein?! T'étais pas là! Depuis que j'suis arrivée, j'suis déjà la seule maître! Eh ouais, gros, c'est comme ça! Tu peux déjà ranger tes affaires, c'est moi la Reine maintenant. Ha! Mais pour qui elle se prend cette demi-portion, nom d'un full pas gagnant! Je tente de dégainer mon flingue en un éclair, mais ma rapidité est un peu bousillée par l'horrible douleur dans mon entrejambe. Elle frappe ma main avant que j'aie le temps de pointer l'arme sur elle. Rah bordel... C'est qui cette dingue? Mon arme est envoyée bien loin dans la rue, et alors que j'suis toujours à terre, elle part tranquillement ramasser le gun. Déjà elle s'éloigne, toujours aussi petite et ridicule, balançant la tête et le corps deux fois plus fort, et faisant de grands gestes avec les bras, ponctués de: - Ha! A. Nonyme >> Psychologie J'ai rencontré la jeune Jackie lors d'un escale forcée à Troop Erdu. Quand y'a plus d'bouffe, faut bien s'arrêter. Elle était venue vers moi cash, avec toute sa franchise, sans prendre des pincettes. Enfin, j'suis quand même un peu connu sur West Blue, et le gens m'approchent pas avec plaisir en général. Héhéé... Mais elle, elle ne savait pas trop qui j'étais. De toute manière, ça n'aurait sans doute rien changé. Y'a des fois où j'me demande si c'est pas un mec avec des couilles bien comme il faut. Imaginez... Un trafiquant d'armes, crapule notoire (faut dire ce qui est), se ramène sur votre île, en mode pas content, et une jeune naine avec une jambe en moins se ramène pour faire la causette: Wesh mon frère! Bien ou bien? T'm'as l'air d'kiffer la vibe! T'veux qu'j'te fasse une démo ou quoi? Ou tu veux qu'on fasse affaire? Elle essayait de me r'garder de haut et tout... Elle se prenait pour de la merde, et elle a négocié ferme. Bon au final, j'lui ai vendu des armes de merde, juste pour voir comment elle allait s'débrouiller. Elle avait pas trop les moyens d's'acheter des trucs cools faut bien avouer, mais elle est revenue avant même que je reparte de l'île avec plus d'argent et les armes revendues. Moi, j'suis jamais contre des intermédiaires fiables, et j'ai compris que j'en avais trouvé un d'intermédiaire. La confiance, ça s'acquiert pas en deux jours dans c'milieu, mais elle était sur la bonne voie, et maintenant... Enfin, avant qu'elle ne disparaisse de West Blue, elle était devenue une très bonne revendeuse qui m'rapportait beaucoup. J'sais pas comment elle faisait. Elle a un truc déroutant en fait, un pouvoir de persuasion plutôt impressionnant. Au-delà des relations commerciales, ça restait un peu tendu quand même entre nous. Une forte tête, et moi, j'aime bien dominer les gens... Elle avait tendance à toujours vouloir me péter la gueule. Une fois ou l'autre, j'ai d'mandé à des gars d'mon équipage de la bazarder à terre en m'barrant. C'était juste histoire de lui faire comprendre qui était l'chef quoi. Mais au final, elle a quand même jamais trop compris. J'pense qu'elle a potentiel pour un jour me faire concurrence. Enfin, il lui reste un gros défaut quand même pour percer dans l'métier. Elle est pas très intelligente... J'sais pas si c'est l'fait d'être naine qui lui donne un cerveau nain, m'enfin... À part compter les billets, établir des plans très basiques, et à la limite faire quelques rimes pourries, bah faut pas lui demander trop d'efforts intellectuels. Dans l'même ordre d'idée, bah faudra voir si elle se laisse pas aller à tous les excès. Elle est née tout en bas d'l'échelle sociale et nourrit des rêves de domination. Et pour dominer les gens, elle aime se la péter, mettre en avant sa richesse et tout... C'est pas top top intelligent. Enfin, on va dire qu'elle compense par sa volonté, sa capacité à se relever et revenir à la charge. Il y a toujours bien un moment où ça passe. Qu'est-ce que j'pourrai encore vous raconter sur elle... Bah, il me semble qu'elle a une peur bleue du feu. J'sais pas trop pourquoi. Sans doute un événement marquant de sa jeunesse. Maintenant, même en voyant simplement une bougie, elle panique et, si elle le peut, elle éteint au plus vite la flamme. J'pense que c'est sa seule vraie peur d'ailleurs. Ouais, elle est du genre berserk quand il faut taper des gens. Surtout si ce sont des gens qui se foutent d'elle. Ça m'est déjà arrivé au début de prétendre qu'une femme naine ne pouvait pas monter, et bien mal m'en a pris. Enfin, encore une fois, mes gars l'ont maîtrisée, mais elle avait vraiment envie de me caler sa patte de bois dans la gueule encore une fois. Sacrée Jackie... Basile Zaharov >> Biographie Il était une fois... Nan... J'vais pas commencer comme ça. Je vais vous conter l'histoire de Jackie Un' Becky. Non pas qu'ce soit vraiment un beau conte fait de preux chevaliers et de grands héros, mais il est plutôt drôle et on n'peut pas lui retirer ça. Quoique... Chronique d'une vie vécue à fond, sans doute un peu trop. Chronique d'un brin d'femme qui pensait valoir des diamants, qui braillait à tout va, mais qui n'avait finalement pas grand-chose en commun avec les humaines de son sexe. Chapitre I : L'enfant seule Tout débute il y a vingt-cinq ans de cela, quelque part sur Las Camp. Comme de par hasard, l'histoire se passe dans un ghetto d'la ville. Bon, c'est vrai, c'est partout l'ghetto, toi-même tu sais! Mais d'là où elle vient la Jackie, c't'un endroit, si j'connaissais pas, j'y emmènerais même pas mon chien... Et même en connaissant, j'le laisserais aller sans moi. Entre combats entre gangs rivaux, pauvreté, chômage, pas beaux... Le paysage est plutôt morne. Tout l'monde s'entasse dans des maisons qui s'alignent entre les ruines de maisons brûlées lors des derniers affrontements. Et comme la place manque, les maisons repoussent vite là où elles sont détruites. Sans cesse les maisons changent. Si mon chien avait survécu à sa première visite dans l'quartier, il aurait pas reconnu le coin un an plus tard. Ce quartier semble presque vivant tant il bouillonne et se modifie. Si jamais elle d'vient vieille, ce dont j'doute avec la vie qu'elle mène, Jackie écrira un book sur c'quartier. Enfin, vous apprendrez à le connaître au fil de l'histoire. C'est là qu'une fille un peu jeune trop jeune pour être mère se fit engrosser en 1599. Elle ne savait pas trop bien quel negro était le père de l'enfant, mais ce dont elle était sûre, c'est qu'elle était bien assez mature du haut de ses seize ans pour élever sa gosse qui naquît à l'automne de la même année. La pauvre, à Marijoa peut-être, et encore... Mais au quartier... Faut l'excuser, dans ce cadre, elle-même avait vécu à la rue très jeune, quittant sa famille venant des belles banlieues de Las Camp où on pouvait se balader seul pour peu qu'on soit armé. La fille, Maria Un' Becky, était passé de main en main, tombant éperdument amoureuse de la moitié des mâles du clan We Tong jusque l'arrivée de quelques rondeurs dans l'bas de son ventre. Elle décida alors d'élever Jackie seule, parce qu'elle était une femme affirmée. Elle ne se rendait pas compte à quel point l'enfer était sur Terre. Le blanc et le noir n'étaient pas roses! Ainsi grandit la petite Jackie, au milieu du quartier, élevée par sa pauvre mère. Enfin, grandit... Justement, pas trop! Au fil des mois, il semblait clair que les guibolles et les bras de la petite étaient courts. Trop courts. Maria ne pût pas se cacher la vérité bien longtemps. Et là, c'est le drame. De ce que m'a dit bien plus tard sa fille, elle devint un peu Marie-couche-toi-là plus que Maria... Enfin, redevint. La naine se souvint du regard de sa mère, déçue à chaque fois. Au début, elle continuait de s'occuper de sa fille. Mais la rue ne laisse que peu de liberté à une femme. Pour pouvoir survivre, il fallait satisfaire le clan. "L'argent régule tout autour de moi" chantaient quelques rappeurs, et ils n'avaient pas tort, elle le savait. La nuit, elle participait aux batailles nocturnes en encourageant les hommes avec d'autres pin-up désœuvrées. Le jour, elle se reposait, tout juste assez valide pour nourrir sa fille qu'elle commençait presque à haïr. Et Jackie grandissait. Seule... Elle regardait la vie de la rue depuis des squats qui changeaient régulièrement. Elle observait les gens se revendre des armes, de la drogue, elle observait le quartier. Elle ne vit d'autres enfants qu'à travers les fenêtres des immeubles voisins. Tous étaient logés à la même enseigne. Pas d'école, pas d'amis, pas de vie... Les plus chanceux avaient deux parents. Les moins chanceux n'en avaient plus. De temps à autres, elle se laissait à parler à quelque racaille qui passait sous sa fenêtre. Enfin... Elle insultait surtout les gens qui se moquaient d'elle lorsqu'ils l'apercevaient. Un jour, la mère revint à la maison avant la nuit, comme souvent, avant de repartir pour la vie nocturne. Elle parla à sa fille, alors âgée de douze ans: Tu sais, Jackie... Maman donne son corps avant son nom. Parfois à ses amis, parfois à d'autres... Quand c'est à d'autres, il lui arrive de les rouler. Tu comprends? Bien sûr que tu comprends, tu vois des gens se rouler toute la journée ici. Enfin... Toujours est-il que maman a fait une connerie. Si des gens viennent ici, n'ouvre pas surtout. Tu n'es peut-être pas la fille dont je rêvais, mais voilà. Et va te coucher tôt! On s'revoit demain. Elle ne la revit jamais, mais les mots trottèrent le reste de la soirée. Sa mère l'avait clairement dit, elle ne l'aimait pas! Bien sûr, quand on est gosse, on interprète rapidement, mais elle n'était pas loin de la vérité. Le soir venu, une nouvelle bagarre commença entre le clan We Tong et les gars d'une faction adverse. The Bomb... À force de traîner aux fenêtres, elle entendait bien toutes les rumeurs. Des gars roulés par une femme voulaient se venger et saigner la miss. Ce soir-là, les affrontements furent terrifiants. Plus qu'à l'accoutumée... Jackie m'a avoué une fois que c'est la seule fois de sa vie où elle avait eu peur. Dans un sens, ça l'avait sans doute immunisée contre ce sentiment. Si vous la croisez aujourd'hui, vous pourriez être Seigneur des pirates qu'elle ne tremblerait pas. Les gars dans la rue ne sont peut-être pas des combattants hors-pairs, mais dans le quartier, on sait se montrer haineux et cruel. Chapitre II : Un cri court dans la nuit Cette nuit l'a tellement marquée que Jackie en gardera sans doute le souvenir à jamais, comme gravé dans la roche. Lorsqu'elle me l'a racontée plus tard, on voyait encore la terreur de la petite naine (c'est l'cas d'le dire) dans ses yeux. D'ailleurs, c'est un peu contagieux, j'vous préviens. Faut vous rappeler qu'à ce stade, elle a douze ans la fille. Une môme qui connaît le monde par une fenêtre qui donne vue sur un ghetto, qui a grandi sans l'amour qui aurait dû faire d'elle une fille normale. Une môme déboussolée par les dernières phrases de sa mère. La nuit démarrait donc dans le deux-pièces qui constituait le logement de Jackie. Même loin de la fenêtre, une pièce plus loin, elle entendait bien bien les insultes. Les "Nique ta mère" fusaient, les punchline des MCs étaient jetées à la gueule des autres. À l'occasion, on entendait un coup de feu... Il faisait noir comme dans l'trou d'cul d'un nègre et l'enfant terrorisée se terrait sous la table. Les alpinistes de la tristesse descendaient en rappel le long de ses joues. Elle sentait dans l'air quelque chose de malsain... De la haine, de la violence gratuite. Lorsque la bataille commença vraiment, on entendait des cris qui se mêlaient une longue plainte du quartier tout entier. Les bouteilles de whisky-Scotch sur les têtes, des paquets d'chips explosifs, les métalliques résonnent... Clic, BOUM! Dans sa tête, la petite voit les corps tomber les uns après les autres, sous sa fenêtre. Quand elle s'imagine quelqu'un se relever, elle sait qu'il se relève pour planter un mec. L'opinel pénètre, dix centimètres dans l'abdomen... Aaaargh! Elle fut incapable de me dire depuis combien de temps la guerre de rue avait commencé lorsqu'elle sortit de sa cachette. L'horreur était insoutenable, il fallait fuir. Elle ne pouvait attendre qu'un type vienne la chercher, là. Pour la première fois de sa vie, elle sortit de chez elle sans sa mère. La cage d'escalier résonnait des cris venant de l'extérieur. Sur ses courtes jambes, Jackie ne dévalait pas les escaliers très vite. Pas aussi vite qu'elle l'aurait voulu. En tentant de fuir, elle se plantait une volée de marche sur deux. Ça avait le mérite de la faire aller plus vite. Arrivée en bas, elle regarda vaguement dans la rue, une bande de jeunes cagoulés passait entre des p'tits tas d'ordures ou d'objets divers en feu. À terre, plusieurs corps gisaient çà et là. Une accalmie, personne dans la rue? C'était l'moment le plus opportun qu'elle choisit pour commencer à courir. Passer dans les petites ruelles, ou dans l'avenue principale? Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle devait faire. Un type déboula d'une ruelle en se viandant la gueule à Terre. D'où il venait sortit un tranchant "Eh connard, c'est à toi qu'j'parle!". Il n'en fallait pas plus pour que Jackie se retourne et fuie dans la direction opposée. Derrière elle, des cris de peur et de douleur s'élevaient. Elle n'avait pas la moindre idée d'où elle allait. Fatiguée, elle se réfugia dans une maison qui semblait être un abri sûr. Il sembla beaucoup moins sûr lorsqu'elle entendit plusieurs gars entrer dans la maison. Elle était montée à l'étage pour se cacher lorsqu'elle commença à entendre des bruits étrange. Des crépitements... Les voix s'étaient tues au rez-de-chaussée. Pas le bruit des flammes qui se propageaient dans le taudis. L'incendie était déjà bien avancé quand la naine osa descendre les escaliers pour voir ce qu'il se passait. Les flammes se dressaient en plusieurs endroits sur le chemin qui menait à la sortie. Tout ce qu'elle pensait pouvoir faire, c'était attendre la mort en pleurant. Pourtant, tout n'était pas fini. Enfin, ça n'allait pas aller mieux mais bon... Le feu avait commencé à attaquer la structure du bâtiment. Le plancher de l'étage et des poutres commencèrent à pleuvoir dans la maison. Jackie ne sentit que trop tard le danger et sauta pour éviter une énorme poutre porteuse. Sorti par la fenêtre, un cri hante les rues sans vie; sorti par la fenêtre, un cri court dans la nuit... Le cri résonna si fort qu'un type le remarqua, cri de douleur d'une enfant innocent. Un mec un peu moins violent, un peu plus brave que les autres racailles de la rue peut-être, il s'appelait Abdel Mâle Hic. La naine le vit arriver à travers les flammes, du sang sur ses vêtements, une machette à la main. Il regardait la petite jambe gauche de la pauvre gosse, écrasée et broyée par une poutre énorme. Rien ne pouvait laisser présager de ce qu'il allait faire. Le quartier pleurait, la rue pleurait, les innocents pleurait, et sous la poutre, Jackie pleurait. Le mec se devait d'agir, et il agit sans doute pour le mieux. La petite se souvint de voir la lame s'abattre violemment sur sa jambe. La suite, elle ne s'en rappelle pas. Elle s'évanouit sur le coup. On peut supposer que le mec fit un garrot et porta la fillette à travers les rues, bravant la violence ambiante, mais il ne raconta jamais à sa protégée ce qu'il avait dû faire cette nuit-là pour la sauver. Cette nuit qui resta une antique nuit de violence qui marqua une grosse partie du quartier pour longtemps. Des rues entières étaient dévastées, à moitié détruite. Le clan We Tong devint de plus en plus décadent et finit par devenir un petit gang parmi tant d'autres sur Las Camp. Chapitre III : Le Mur Vous imaginez bien qu'ça laisse des traces toutes ces conneries. Une jambe en moins, ça vous brise une vie. Enfin, c'est c'que ça m'aurait fait comme effet. J'ai p't-être pas la volonté de Jackie, en même temps. Elle a réussi foutre une belle branlée dans la vue de tous ces p'tits merdeux de la té-ci malgré son handicap, elle a réussi à imposer le onzième commandement: Fais pas l'con, ou tu tomb'ras du balcon! Elle était donc sous la protection d'Abdel. Le gars n'était pas un mauvais bougre par rapport au reste du quartier. Entendons-nous, il aurait planté n'importe quel bourge pour cinq pesos, mais il n'aimait pas la violence gratuite. Il emmena la petite voir la vie de la rue, la forgea, l'imposa. Quand elle avait des soucis avec des jeunes merdeux, il était là pour elle. Il n'hésitait pas à faire ses petites magouilles, ses petits deals, ses vols sous les yeux de la jeune fille. En voyant défiler tant de billet et en remarquant sa nouvelle qualité de vie, Jackie comprit à treize ans qu'elle aimait déjà l'argent, qu'elle était avide avec ses poches arides. Il était temps qu'elle se fasse son blé, qu'elle prenne son indépendance vis-à-vis de son aîné. D'abord, elle ne tenta rien de très profond. Elle volait dans des étalages. Le problème quand vous volez comme ça, c'est que si vous vous faites choper, vous avez intérêt à courir. Et courir avec une jambe et une béquille, en étant naine, bah c'est le truc le plus efficace. Souvent, elle tentait de dépasser ses limites, se viandait lamentablement la gueule la première avant de se faire choper par le commerçant qui se foutait alors allègrement de sa gueule. Ça lui foutait la rage. Pourquoi Abdel pouvait se faire de l'oseille facilement en volant des bœufs alors qu'elle trimait pour voler des œufs? Il fallait trouver une solution pour que ces enflures de commerçants radins la respectent, la craignent! C'est à quinze ans qu'elle trouva un début de solution. Il suffisait de leur péter la gueule. Mais, ça, c'était vraiment le tout début d'la solution. Pour pouvoir se battre, il lui fallait pouvoir bouger plus facilement. Elle demanda donc à Abdel de lui trouver une jambe de bois. Le mec continuait de faire sa vie en protégeant la petite qu'il considérait alors comme une petite sœur. Et il avait les moyens, ce con. Il aida donc Jackie à trouver une jambe de bois. La demi-portion était enfin parée à dominer la rue. Elle s'entraîna longtemps à trouver l'équilibre, à mouvoir sa jambe, à l'utiliser comme arme. Deux ans de plus passèrent ainsi sans qu'elle soit réellement capable de se défendre. Elle continuait de temps à autres à se faire humilier dans la rue. Mais finalement, elle refusa de se laisser faire plus longtemps. Elle recommença à voler çà et là. Elle ne pouvait toujours pas fuir, elle se viandait toujours lamentablement lorsqu'elle essayait. Mais alors elle se relevait et pouvait enfin foutre son pi... Non, son bout d'bois dans la gueule de ces capitalistes qui ne la respectaient pas assez! Petit-à-petit, elle gagnait le respect de certains. Des plus faibles en fait, au début. Il restait toujours pas mal de monde pour la railler. Elle patientait, faisant enfin ses petites affaires, comme son grand-frère. Elle commençait à revendre des objets volés et se faisait un début de carnet de clients. Tous les faibles acceptaient de se faire dominer et de dépendre d'une naine. Il faut tout d'même rappeler qu'elle avait alors dix-sept ans. À cet âge, les filles commencent clairement à faire péter les formes, à devenir des objets de convoitise. Les enfants commencent clairement à atteindre une taille respectable, à avoir un corps d'adulte. Elle... Rien de tout cela. Elle restait moche, avec une jambe et deux bras trop courts. Alors qu'elle se rendit pour la première fois au Mur... Attendez, j'vous ai pas encore expliqué ce que c'était le Mur. En fait, dans l'absolu, c'était simplement un vieux mur, tout crade, couvert de graffitis. Sa particularité, c'est qu'il était planté au beau milieu d'un coin qui avait été dévasté par la grande bataille quelques années plus tôt. Il ne séparait rien, ne servait à rien. Personne ne savait depuis quand il était, ni à quoi il avait pu être destiné. Au final, il était devenu un lieu de rassemblement pour tous les merdeux de cet enfer. Vaincus par l'oisiveté, certains allaient dealer devant les plus jeunes émerveillés par tant de billets, le genre de gâteaux qu'ils se languissaient de goûter. Ces mêmes jeunes, déjà résignés à suivre le chemin qui leur était tracé, ne pensant même plus à lutter. La vie dans le quartier était un film où tout le monde avait un rôle à jouer; le problème, c'était qu'il y avait trop de séries B, trop de seconds rôles croulant sous le poids du premier, trop de modèles sur lesquels les jeunes claquaient de leur démarche jusqu'à leur manière d'être. Ainsi, ils avaient l'impression d'ouvrir une fenêtre sur la vie... Le long des deux cents mètres du Mur, on pouvait voir toute une gradation. À l'est, les petites racailles qui s'la jouaient à mort; à l'ouest, les gros dealers qui s'la jouaient à mort. Un symbole de l'évolution sociale dans l'quartier. C'est là qu'elle commençait à passer ses journées, tentant de fermer la gueule de tous les mecs et de toutes les pétasses qui trimbalaient leur cul sans rien faire de bon de leurs journées. Jackie avait au moins ça de bon qu'elle se bougeait pour se faire accepter. Elle commençait à voler des commerçants ou des maisons de moins en moins pauvres (ouais, i'avait toujours pas d'riches sur Las Camp). C'est en montant dans la hiérarchie du Mur qu'elle rencontra des amis d'Abdel, des gars qui étaient ni des gros boss, ni des miteux. Avec eux, elle apprit ce qu'était le hip-hop. Ils avaient une radio super classe et dansaient ou rappaient tout l'temps lorsqu'ils ne faisaient pas de sales coups. Elle n'était pas acceptée, mais tolérée. Elle sentait que c'était une étape importante pour elle. Elle décida donc de préparer un casse un peu plus important. Le vol d'une armurerie dans un autre coin de la ville. Assurément, un magasin pareil devait être bien protégé et elle le savait. Elle observa donc les lieux, elle rencontra le vendeur, s'informa sur le patron... Une nuit, elle se lança. Quelques types y furent allongés, et elle put emporter quelques brols dans un gros sac. Petit-à-petit, bien sûr, elle se rendit compte que le sac d'armes emportées était bien trop lourd pour elle. Finalement, elle n'emporta que quelques poignards, sabres, quelques explosifs, deux vieux flingues qu'elle trouvait particulièrement classe, mais qui n'étaient que de vieux six coups. Elle ramena tout chez Abdel où elle vivait toujours. Une belle opération qui lui assura de bons deals, pas mal de blé, un respect des potes de celui qu'elle considérait comme son grand-frère. Avec l'argent qu'elle gagna dans les semaines suivantes, elle s'acheta d'autres armes à d'autres gars, progressivement mieux placés dans la société murale. Elle les revendait à prix d'or à ceux qui voulaient se la péter en bas du Mur. Elle commençait enfin à être quelqu'un. Elle pouvait enfin faire taire une bonne partie des connards. Elle avait compris comment fonctionnait la rue, la mère des enfants perdus. Elle avait gagné en ruse, en force, elle avait compris que pour monter en grade, c'était vols et deals. Elle n'avait juste pas encore compris qu'en se faisant pincer, elle n'avait plus de valeur pour personne... Chapitre IV : The World is Yours! Vingt ans et toutes ses dents, la Jackie. Elle avait peut-être une jambe en moins et les autres membres atrophiés, mais ses dents, on n'pouvait pas les lui enlever. Elle commençait à flirter avec les hautes sphères de la société murale. Si j'l'avais rencontrée à cette époque, j'l'aurais sans doute trouvée beaucoup trop imbue d'elle-même. Elle se la pétait à mort, s'affichant avec des chaînes en or. Si elle avait eu un pénis, son médaillon l'aurait touché. Elle parlait de cultures hydroponiques... Bref, elle était devenue détestable, t'entends? Mais plus tard, sa découverte du monde la ramena le pied sur Terre. En c'temps-là, elle commençait à avoir des contacts qui passaient alimenter la ville en arme, en drogue. Les gens qui contribuaient à augmenter la misère de Las Camp en quelque sorte. Jackie pensait très sérieusement faire jeu égal avec eux. Des trafiquants qui voyageaient sur les blues, des bandits réputés, des mafieux... Il lui venait de plus en plus d'idées pour les doubler, pour atteindre le toit du monde. Elle ne se rendait pas compte, la pauvre, à quel point Las Camp était rempli de gens miteux et qu'elle était à des centaines de lieues d'avoir réalisé un business digne de ce nom. Elle trimbalait ses bourrelets dans ses survêt' roses, une radio sur l'épaule, provoquant les gens dans la rue. Certes, elle rossait pas mal de gens à coups de jambe de bois, mais ceux qui la fermaient devant elle continuaient de se foutre allègrement d'elle. Le respect qu'elle avait acquis n'était finalement pas tant du respect... Abdel le sage tenta de l'avertir. Elle avait toujours beaucoup de respect pour son sauveur, mais bon... Allez dire à un mec millionnaire qui n'a vu que des bidonvilles qu'il n'a rien accompli. Inutile. Elle sentait donc qu'il fallait quitter ces lieux pour dominer les gens qui lui étaient encore supérieurs. Doubler ces gens, les dominer, dominer leurs potes, et être au sommet. Elle mit donc en place un plan. Un plan qui ridiculiserait un mec et lui feront monter un échelon supplémentaire. Le plan était parfait. Elle avait acquis la confiance du gars, lui avait mis son gros bout d'bois dans la gueule. Il n'avait pas aimé et avait eu du mal à s'en remettre. Résultat, Jackie avait prit son petit bateau rempli de marchandises en glissant quelques liasses à l'équipage. Tout était tellement parfait. Le bateau s'éloigna de Las Camp en direction d'une autre île qu'elle pourrait dominer. Elle se tenait sur la proue, regardant le monde tomber et s'agenouiller devant elle. La terreur vue de là, ça paraissait loin d'elle, ça paraissait irréel. Chapitre V : Gangster Moderne Heureusement peut-être, tout ça ne dura pas. Les belles illusions ne durent jamais. Elle n'avait pas encore compris comment tournait le monde. Comment aurait-elle pu? C'était juste une gamine encore. À vingt ans, t'es encore un peu un gamin innocent, faut bien l'dire. Encore plus à Las Camp. J'y suis jamais allé, mais bon... Les contacts avec le monde extérieur sont assez limités. Tes seules infos sur les dirigeants sont des tags "Fuck le Gouvernement" sur le Mur. Personne ne sait qui les a faits, personne ne sait ce qu'est le gouvernement... Mais c'est là. Jackie n'échappait pas à la règle. Quand le navire la débarqua sur une nouvelle île, elle se retrouva immédiatement accueillie par des gros balèzes contre qui elle ne pouvait rien. Les membres de l'équipage la regardaient avec amusement et un sourire mauvais sur le visage. Ils la narguaient, l'avaient traîné sur cette île où elle allait comprendre où était la place d'une naine. Les malabars l'emmenèrent dans une luxueuse résidence en la rouant de coups. Tout là-bas était différent de ce que la naine avait pu connaître. Partout ça sentait le fric, la richesse à outrance... Elle était émerveillée par tant de billets, comme les gosses traînant au Mur, dans l'quartier. Peut-être qu'elle était dans la merde, mais elle commençait à comprendre qu'il n'y avait qu'un mec qui était le plus riche au monde, et que c'était sans doute un autre type, bien plus riche. Finalement, elle fut traînée face à un type. Il se la jouait comme un mec du mur, mais pas trop d'la même manière. Il était plus à tomber les femmes à l'aise comme Many, sur Scarface. Jackie savait en le voyant que lui crèverait à la fin. Le costard, c'était une légende à Las Camp, associé à une élite qui n'existait pas. Le gars passa une bonne heure à rire de la naine. Une heure, ça ne pesait rien pour lui. Il se moquait des rêves de grandeur, il pensait déjà être au sommet. Plus que d'argent, il parlait de pouvoir, liant allègrement les deux. Il parlait aussi d'un concept étranger à Jackie. La politique... Ça semblait être un moyen d'exercer son pouvoir via l'argent, d'après ce qu'il disait. Elle était pas trop futée la fille, et en se prenant des coups de pieds dans l'bide par des souliers cirés, ça faisait plutôt mal à force. Surtout quand on n'pouvait pas s'défendre, maintenu à terre par des molosses. Le gars finit son speech en lui lâchant ces mots: Las Camp, c'est mon domaine. Que tu touches à mes hommes, je m'en fous, j'en ai d'autres. Mais n'essaie plus de me doubler si tu souffriras longtemps. Dans l'coin, c'est moi l'boss. Retiens mon nom: Leone Vite-Au-Corps! Bien plus tard, la petite apprit en s'informant un peu partout sur West Blue que ce type était censé être le gouverneur de Las Camp. Un type important qui devait l'île, la faire tourner, la rendre prospère... Il semblait qu'il était plus homme d'affaire que politicien et que l'île était un bon moyen de générer de l'argent pour lui. Il aurait bien fallu nettoyer tout ça au Kärcher, mais voilà, en ce temps-là, Jackie n'était trop en position d'exploser la gueule du mec. Elle fut alors emmenée à nouveau sur un bateau qui devait faire escale sur une nouvelle île. Les geôliers à qui elle put parler alors qu'elle était enfermée sur le navire lui affirmèrent que là où ils allaient la déposer, elle allait avoir tout le temps de réfléchir à sa condition. Elle se sentait humiliée, réduite à l'état dans lequel elle se trouvait quelques années plus tôt. Elle n'avait plus rien. Plus un rond, plus un survêt' du dimanche, plus une arme, plus un berry. Et voilà qu'ils la jetaient comme un malpropre sur une île un peu étrange... Un vrai trou perdu. Chapitre VI : Troop Erdu Transit J'crois qu'il pouvait pas faire pire, dans l'absolu. Le con de Leone avait débarqué sa prisonnière sur une île où il était à peu près sûr qu'il n'en entendrait plus parler. À peu près, parce que finalement, elle s'est barré de Troop Erdu, la Jackie. Et c'est là que j'l'ai rencontrée. Faut dire que quand elle arrivée, dégueulasse, naine, avec une jambe de bois, elle est pas passée inaperçue. Enfin, faut que j'vous r'plante le décor, j'pense. Troop Erdu, c'est une petite île. Y'a pas d'bitume là-bas, c'est qu'des pâtures. Oh, il y a bien quelques rues, mais c'est pas vraiment Las Camp quoi. Le Bled qu'on appelle le coin peuplé de l'île. Dans cet endroit, quand vous débarquez pour la première, c'est pas la joie. Si on vous lance que des pierres, c'est que vous êtes pas si malchanceux qu'ça. J'ai déjà vu des gars se faire tirer d'sus pour un vieux qui traîne souvent dans l'avenue principale. Une espèce de cowboy qui aime bien tenir son ranch et tirer sur les gens qu'il aime pas. Yorge Bûche qu'il s'appelle. Si c'est pas lui qui est là pour représenter le comité d'accueil, il a toujours bien un pote barbu ou l'autre. Faut avoir pas mal de chance pour ne pas tomber d'sus. C'est cependant c'qui arriva à la naine un peu perdue par chance. Malgré cela, elle se rendit vite compte qu'elle n'était rien dans ce bled. Dès ses premiers jours, elle entendait dans son dos des remarques comme "Eh! Passe partout, mais pas ici!" qui s'accompagnaient de lancer de pierres, ou encore "La naine, passe-temps pour mon chien!" qui s'accompagnait de molosses qui lui couraient après. La vie n'était pas facile. Elle n'avait pourtant pas trop le choix. Impossible de reprendre la mer et de se barrer, il fallait s'adapter. J'dois bien dire que j'étais pas différente des autres habitants à l'égard des étrangers à l'époque. J'étais même plutôt bonne au lancer de pierres. Jackie n'était pour moi qu'une des pires étrangères que j'avais eu l'occasion de voir débarquer. Elle était différente de tous les autres bouseux de Troop Erdu. En tout point... Elle n'était pas une ivrogne qui passait ses journées au bar où il ne se passait jamais rien, elle était naine, elle avait suffisamment de volonté pour se sortir du merdier. 'fin bref, elle était pas haïssable. Au début, elle comprit vite qu'il fallait pas trop qu'on la voit traîner. Elle dormait la nuit dans le Boiset, j'crois. La journée, elle rodait dans les quelques ruelles du bled. Elle m'expliqua plus tard qu'elle volait pas mal dans les maisons pour trouver de quoi survivre. Elle avait même trouvé quelques fringues à voler qui n'étaient certes pas aussi classe que son vieux training rose laissé à derrière à Las Camp, mais qui faisaient l'affaire en attendant mieux. Progressivement, les gens se lassèrent de lui jeter des pierres; ça commençait à demander trop d'énergie pour un résultat qui n'était pas à la hauteur de leurs espérances. Elle était toujours mal vue, mais pouvait plus ou moins se ballader sans risques. On ne lâchait plus non plus les chiens sur elle. À force, ils s'étaient pris des coups d'jambe de bois dans la gueule (ou ailleurs... Elle savait viser la Jackie). Il fallut pas mal de temps, mais au final, je fus une des premières à oser parler à la naine. Je cherchais à savoir pourquoi elle s'obstinait à rester ici. Bon, c'est vrai qu'il n'y avait pas des dizaines de bateaux chaque mois pour passer dans l'coin, plutôt quelques-uns par an, mais elle n'avait pas tenté de se barrer. Elle me répondit un truc qui claquait pas mal. En tout cas, par rapport à ce que les gens racontent ici. Yo ma soeur! Moi j'suis Jackie, tu vois! Si j'peux pas m'faire une jambe en or ici, comment j'pourrai être plus riche que les gars les plus riches, hein, négresse! Toi-même tu sais! Yo! À l'époque, j'dois préciser que j'avais pas trop compris pourquoi elle m'appelait négresse, mais bon.. Ça avait la classe dans sa bouche. J'sais pas pourquoi, mais elle exerçait une certaine fascination sur moi. Elle ne voulait pas s'avouer vaincue par un endroit miteux. De temps en temps, je l'observais traîner avec une radio qu'elle avait récupérée je n'sais où. Elle n'avait qu'une cassette avec un instrumental dessus. Elle la passait en boucle lorsqu'elle se baladait, récitant des textes sur la maille, le flouze, le blé... Elle m'a appris plus tard que c'étaient des synonymes d'argent. Parfois elle posait sa radio avant de commencer à exécuter des danses bizarres. Souvent, elle se plantait d'ailleurs. Bah ouais, aussi volontaire qu'elle soit elle était salement déséquilibrée la fille. En deux ans, je me suis vach'ment rapprochée d'elle. J'ai passé beaucoup de temps à l'observer dans sa nouvelle ascension. Elle prit contact avec les rares navires marchands qui passaient dans le coin, souvent par hasard. Et un jour elle en trouva un pour lui vendre des armes et lui promettre de revenir. Moi j'étais là et je r'gardais. Elle n'avait presque pas d'argent, volé çà et là, et voilà qu'elle le dilapidait en échange d'armes miteuses. Enfin, ça restait dans la moyenne de ce qu'on pouvait trouver chez certains habitants du coin. Ça me surprit, mais en assez peu de temps, Jackie revendit les armes à des bouseux trop cons pour entretenir leurs armes. Elle prenait bien soin de vendre des armes dans un état moyen. Tant qu'ils étaient plus ou moins propres, les gens ne s'appercevaient de rien, et deux mois plus tard, elle pouvait leur revendre une nouvelle arme. Le trafiquant dont elle s'était fait la contact sur Troop Erdu, Basile Zaharov, revint, de plus en plus souvent. Pour lui aussi, eh, plus de liasses... Finalement, alors qu'elle pensait doucement à se barrer du coin, où la clientèle se résumait toujours à une cinquantaine de branleurs, il lui arriva un malheur. On venait de récupérer une cassette pour la radio par le biais, et ma soeur voulait me montrer de nouveaux pas de la danse qu'elle appelait le breakdance. Bizarre nom... Toujours est-il que pour le coup, pour la première fois elle me déçut... Enfin, j'veux dire, c'est toujours la personne la plus impressionnante que j'aie rencontré dans ma vie, mais là... Elle avait gardé deux couteaux sur elle, dans une poche. Mais voilà, quand vous faites des pirouettes en tous genres, que vous vous retournez sur un gros, c'est pas comme quand vous bougez la tête. C'est placer le son au-delà d'une rhétorique, c'est rentrer dans un rythme. Ce qui devait arriver arriva bien sûr, elle s'emporta complètement sur un départ trax, comme elle appelait ça, et les couteaux tombèrent sous sa gueule. Mais faut voir l'histoire... Départ trax, t'écrase bien vite ta gueule à terre. Et j'ai envie de dire encore plus vite quand tu pars de plus près du sol. Enfin, voilà quoi... Sous sa gueule, et en particulier sous son oeil, y'avait un des deux couteaux. J'vous dis pas comme c'était frais. C'est une dure hein la Jackie, mais j'pense qu'elle avait bien l'droit de hurler comme un cochon qu'on égorge. Surtout quand on a eu du mal à trouver un type qui accepte de la laisser laver la plaie. Mes parents? Ma famille? Haha, jamais. Ils me détestaient depuis toujours, et encore plus depuis que je traînais avec une naine. Bref, finalement, on s'était introduit chez un type qui n'était pas chez lui, un ivrogne dont on savait qu'il était en train de se bourrer la gueule au bistro. Cependant, au final, on n'a rien pu faire pour l'oeil à part soigner la plaie. Voilà que ma pote était borgne. Ça lui a foutu un sacré coup au moral pendant quelque chose comme une semaine où elle n'alla pas au rendez-vous avec Basile. Faut comprendre aussi, 22 ans à surmonter un handicap... Non, deux... Puis en voilà un troisième qui lui tombait dessus. Mais bon, un d'plus ou un d'moins... Elle finit par se ressaisir. On avait économisé pas mal, il était temps de se barrer de ce trou perdu. Chapitre VI : Demain c'est loin Et nous voilà, trois ans que j'accompagne ma soeur partout où elle traque et étripe tous les chevaliers riches qui pensent qu'une naine ne peut pas les dominer. Elle n'était peut-être pas née sous la même étoile que tous ces bourges prétentieux, et clairement, elle serait pas comme ça si elle avait vu la vie riche au départ. Maintenant, on pense à l'avenir, multipliant les contacts sur des îles diverses. Chaque fois, le même schéma, on arrive, on amasse les clients, on pille les riches, on revend... Money, money! Bon, ok, c'est pas arrivé tant d'fois qu'ça. Et nous voilà une nouvelle sur le navire d'un marchand trop confiant, quelque part sur South Blue. Mais qui peut comprendre les filles, que la vie a frappé sec, poussées par la haine? Bref, on pense pas à demain, parc'que demain c'est loin. Chan Talgoilla |
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- Prénom : Laurent
Age : 23 ans
Aime : Plein de choses
N'aime pas : Moins de choses
Personnage préféré de One Piece : Mmmmh, pas changé depuis Kyoshi
Caractère : (définissez vous en quelques mots) J'ai envie de péter, mais peut-être qu'il ne vaut mieux pas.
Fais du RP depuis : 2 ans
Disponibilité : (en jours par semaine, c'est bien sur, approximatif) Beaucoup, j'pense...
Comment avez vous connu le forum ? C'était par le chimiste du siècle
Dernière édition par Jackie Un' Becky le Mar 12 Juin 2012 - 0:04, édité 22 fois