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Tout commence toujours par une histoire de fric...



Royaume de Goa.
1617.


Certaines histoires ont leurs racines bien ancrées dans le passé. Leur donnant une profondeur et une importance toute particulière. Elles donnent alors lieux aux plus belles leçons d'amitié, d'amour, ou encore de courage. Celle-ci, sera plutôt portée sur la malhonnêteté, la cupidité et surtout la haine. Haine virulente, qui après de nombreuses années à germer comme une plante empoisonnée, portera ses fruit en la personne de Greed, le célèbre capitaine corsaire.
Elle commença pourtant par un doux après midi de printemps, dans un petit café du vieux port. Le souffle frais du large apaisait par intermittence le soleil éclatant, sous les cris joyeux des mouettes. Des enfants couraient autour des tables, une mère riait avec son bébé... tandis qu'un orchestre de vieillards jouaient dans la rue afin de grappiller quelques berrys aux amateurs de musique et aux cœurs tendres.
Et au centre de la terrasse, deux hommes buvaient lentement leurs cafés.


- Tu es sûr de toi ?
- ...
- Une fois lancés, il sera dur d’arrêter. Tu en es bien conscient ?
- Évidemment, tête de pine. Slurp...
- ...
- C'est plutôt à toi que j'devrais demander ça. T'as l'air blanc comme un cul d'nonne.
Décontracte-toi, tu m'énèrves à t'agiter comme ça. Slurp...

- ...
- Le matos est prêt ? Tu as tout ce que j't'ai demandé ?
- Oui oui...
- Le papier ? L'encre ? Les machines ? Les hommes de conf*...
- Oui oui j'te dis ! Me saoule p*...
- ...
- Désolé, mais c'est Don Carlo qui m'a mis la pression...
il a surement deviné que j'bossais aussi pour toi...
Il va m'buter c'est sûr ! Il va m'but*...

- Tsss ! Du calme, tu va effrayer les passants. Slurp...
- ...
- Et bois moi c'café avant qu'il ne r'froidisse.
- Oui tu as raison... Slurp !
- ...
- Reste encore ta part du contrat... Tu sais comment te les procurer ?
- Évidemment ! Tu oublies qui je suis ou quoi ?! J'en fais mon affaire.
Prépare le reste là où tu sais, je vous rejoins demain à l'aube.

- B.b.bien...
- Maintenant tire-toi. On va finir par te repérer avec ta tronche de truand.
- O.o.ok...


Sur ce, le plus petit des hommes se redresse avec un naturel tout relatif, rajuste les bretelles de son costume blanc nacré, avant de lâcher une poignée de berrys pour l'addition et de filer précipitamment entre les tables. L'autre homme, confortablement assis dans son fauteuil en osier, rajuste alors son panaméen tout en sirotant la fin de son breuvage. Malgré sa posture avachie, on devine sous les traits fins de son costume de lin blanc une musculature rare. Inconsciemment, les clients ont fuient les deux tables les plus proches, comme si une aura de menace en émanait. Au dernier moment, la voix intimidante interpella de nouveau son collègue, le stoppant dans sa retraite.

- Une dernière chose !
- O.o.oui ?
- La prochaine fois que tu m'reparles sur ce ton...
- ...
- ...
- Glups... C'est bien compris... Thunder F.


Et tandis que son comparse se sauve la queue entre les jambes, la silhouette massive ricane d'un air mauvais tout en finissant son café. Quelques minutes et un Mondial lu plus tard, il aura lui aussi quitté les lieux, se fondant dans la vieille ville comme une ombre. Les deux hommes qui lui emboiteront discrètement le pas auront vite fait de perdre sa trace dans les dédales de petites ruelles... avant de perdre aussi la vie.




Dernière édition par Toji Arashibourei le Mar 8 Mai 2012 - 17:06, édité 3 fois
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- El Arbol y la ninaaaaa. Tati tati tataaaa....
Aaaah, rien d'tel qu'une petite ballade en ville pour vous mettre du baume au ventre. P'tit brin d'soleil, vent frais et légère odeur d'embrun ; tout c'qu'il faut pour respirer la joie d'vivre, pas vrai les gars ? Non ? Roooh aller faites pas la tronnnnche... C'est pas parc'que vous vous videz d'votre sang et d'vos tripes qu'il faut en faire un drame quoi. Bon j'avoue, ça a d'quoi surprendre, ma sale trogne qui disparait lors de la filature, puis qui réapparait brutal'ment à un angle désert. Mais bon vous étiez flag' aussi... M'répondez pas ? Pas grave, j'le vis bien. Sans compter que j'ai même pas a en garder un en vie pour l'interrogatoire, vu que j'vous connais déjà, huhuhu. Ils bossent pour Don Carlo évidemment. Qui d'autre. Du coup... une main qui relève la tête par les ch'veux, l'autre qui fait glisser mon rasoir à main sur les gorges offertes... et hop plus d'filature ! "Magic Thunder" qu'on pourrait m’appeler ! J'fais disparaitre les gens aussi vite que les emmerdes, huhuhu.

Bon, c'est pas tout ça, mais j'étais en route pour mon objectif du soir quand j'ai dû faire un p'tit détour pour ham'çonner ces deux couilles de loutre. Me voilà donc de r'tour en arrière, avant de m'diriger à grand pas vers les quartiers populaires de la cité. Populaire j'ai bien dit, pas bouseux hein ! Manquerait plus que j'abime mon costard sur-mesure... Sans compter la discrétion du lin... ça jurerait à côté d'la grosse laine crottée... Non non, tenue classe mais discrète, qui dissuade les emmerdeurs de base de v'nir m'chercher des noises. Les plus téméraires éviteront de croiser mon regard une deuxième fois dans l'cas contraire. Thunder F. est d'sortie, et ça risque de faire mal huhuhu.




J'tourne deux rues, une place, longe un p'tit canal qui sent pas forcement la rosée... continue à m'enfoncer dans des arrières-cours aux allures de dédales... on pourrait croire que j'suis chez moi. En tout cas j'fais comme. Comme d'hab' quoi. Puis au bout d'un p'tit moment, j'm'arrête à une porte anonyme, et j'tape. Pas trop fort, mais fermement. Histoire d'montrer qu'y a un mec important et pas patient, mais suffisamment pour pas enfoncer la porte directe. Du tact donc, mais pas trop.

- Mouais qui c'est ?

La charmante voix aux allures de grognements d'homme des cavernes, elle vient d'une trappe qui s'est ouverte à hauteur de regard, grillagée pour éviter qu'on y plonge la main. Le regard suspicieux va bien avec le timbre qui l'accompagne. Adorable, vraiment.

- Un Homme poisson qui voudrait voir Senior Stretzi. Presto.

Blam ! Le clapet s'referme sur un "Va t'faire foutre alors !" relativement horripilant... Visiblement, y en a qui aime jouer avec le destin... Moi perso, quand on commence à m'casser les burnes, j'applique la loi du Talion.
Crack ! Ça c'est le bois d'la porte qui s'est brutalement percé tandis qu'mon poing est passé au travers, comme s'il s'agissait de balza ! "Gleuaiiiiiiiik..." Et ça c'est celui du type qui a ses cacahouètes dans ma pogne et qui commence à sentir monter la pression. J'dis cacahouète et non pas noix d'coco, vu que d'la pression, j'en ai déjà mis une bonne dose. J'sens la douleur qui remonte par vague le long d'sa colonne... les spasmes chaotiques d'son ventre et d'ses jambes qui peinent à l'tenir encore debout. Quelques secondes de silences plus tard, le type arrive avec peine à déverrouiller le loquet. J'pousse alors la porte et not' gars, relâche les burnes pour sortir ma main, puis reprends le mec à la gorge alors qu'il essaye tant bien que mal de s'masser les bijoux à terre. Je serre, encore, mais pas assez pour lui broyer la trachée. Plus tard.

- Qui t'es toi ? J'savais pas que Stretzi avait un ange gardien. Tu taff' pour qui bonhomme ?
- Gleuaaar... P.personne m'sieur. J'suis l'cousin de Stretzi ! Il m'avait dit avoir des soucis alors j'suis v'nu l'protéger !
- Aaaah... mais Stretzi et moi sommes intimes, il n'a donc pas à se méfier de moi voyons.
Il devait donc te parler de quelqu'un d'autre. Aller, sans rancune l'ami, amène-moi à lui.


Sourire de faux-j'tons histoire de s'amuser un peu et d'rester poli, mais la poigne et le regard carnassier n'mentent pas. S'il refuse, il est mort... Alors du coup, il accepte. Huhuhu. On monte une série d'escaliers... passe devant pas mal de cartons... avec les draps sur les meubles en prime, on jurerait qu'y en a un qui s’apprêtait à mettre les voiles. Mmmmh... si c'est ça j'vais pas trouver ça jouasse... Moi qui m'faisais une joie d'retrouver un ami. Bande d'ingrats.




Un "C'était qui ?" filtre à travers une porte, juste avant qu'on ne la traverse presque en pénétrant sans préavis dans la chambre de mon hôte. Hôte mal rasé, avec d'énormes poches sous les yeux, et ses valises à moitiés ouvertes sur le lit. Le type est gras comme une biscotte light, mais on lui d'mande pas d'être un guerrier. Non lui c'est un Maestro du doigté. Le meilleur qu'il m’ait été donné d'croiser. Sauf qu'à son sursaut, j'peux vous dire que j'suis loin d'être accueilli comme un frère. Ou alors le mauvais frère, celui qui casse les jouets et qui fait manger d'la boue et du gravier...

- Ce n'est que moi.
- T.T.Thunder F. !

- Tu partais Stretzi ? Alors que nous avions encore tant besoin de toi...
Tsss tsss tsss... Voilà qui est extrêmement désappointant. Et tu sais à quel point j'ai horreur d'être... désappointé.
Tu as de la chance que ce soit moi qui t'ai retrouvé le premier. Don Carlo aurait été moins clément.
Il apprécie peu les voyages improvisés dans ce genre. Très peu.


- Ce n'est pas c'que tu cr*...
- Allons... où sont elles ? Dis-moi où sont les plaques. Ensuite tu viendras avec moi.
J'ai encore besoin de tes talents pour régler les machines.

- Si je vous suis vous allez me tuer ensuite !
- Non, correction : Si tu ne viens pas je te tue tout de suite.
Et puis, tu tiens à Lydia n'est-ce pas ?

- Lydia ?! Comment savez vous ?!
- Peu importe ! Je l'ai mise à l'abri de Don Carlo...
et de tes égoïstes envies de vacances. Huhuhu.


Abattu, l'homme laisse tomber la tête en avant tandis qu'il s'affaisse sur le sol comme un pantin brisé. Si seulement il savait à quel point je bluff... Sa Lydia est déjà entre les mains de Don Carlo depuis hier, mais ça il ne le sait visiblement pas encore. Voilà un coup d'poker qui passe, alors que c'foutu mafieu m'avait damé l'pion. Moralité : les cartes c'est plus sympa que les plateaux. Enfin bref, après quelques secondes d'immobilité, le pauvre homme de la trentaine me montre une valise que je m'empresse de fouiller sans ménagement. Au milieu des slips et chemises froissées, tombent alors sur le lit deux superbes plaques de métal. A leur apparition, mes yeux s'illuminent de convoitise, brillant comme mille soleils ! Les voilàaaaaa... Finement gravées...un véritable travail d’orfèvre... A la hauteur de la réputation de Stretzi. A nous les faux Berrys par millions ! Un instant, devant tant de beauté, j'en viendrais presque à être sympa avec leur créateur... "Superbe..." puis j'me souviens qu'au moindre signe de faiblesse on s'fait manger les huitres. Du coup, je reprends au mieux un visage impassible, avant de m'adresser de nouveaux aux deux humains impuissants.

- Allez tous les deux à la planque convenue plus tôt. Francesco vous y attend déjà, et je vous y rejoindrai plus tard.
Je serais extrêmement mécontent de n'pas vous y trouver, et j'imagine que Lydia en serait également très... déçue elle aussi.
Elle en mourrait sur'mment de chagrin la pauvre femme.


- Soyez maudit... Me lache-t-il comme un soupire.

- Roooh aller, fais pas cette tête l'ami. Je t'ai promis 5% de la production et la vie sauve.
C'est le double de ce que t'aurait donné Don Carlo... sans compter la vie sauve.
Tu t'en tires bien au final non ? Huhuhu.



Héhé, quand on a un filon, on l'exploite. Signe de tête vaincu, les deux hommes me font comprendre qu'ils ont compris que la lutte serait vaine. Ils seront donc au rendez-vous pour la phase finale du plan, j'en suis persuadé. Car dans le cas contraire... nulle mer ne serait assez grande, nulle ville assez vaste pour qu'ils s'y cachent de ma fureur. J'ai une réputation à tenir à ce niveau là, même s'il faut parfois le rappeler aux plus idiots ou aux plus cupides.
Je garde donc les gravures de faux billets sur moi pour plus de prudence, juste au cas où Don Carlo intercepterait les deux loulouttes en chemin ; puis je reprends sans plus tarder le chemin de la ville basse. Pour être franc, je n'ai pas non plus la moindre confiance en Stretzi, son cousin ou même Francesco. Tous des foutus salopards à la moralité plus sombre que l'trou d'balle d'un ramoneur ! Sans compté leur lâche'té écœurante...



Ceci dit, la journée va bientôt finir, et il me reste une dernière chose à faire avant la tombée d'la nuit. Une dernière personne à aller voir pour que les préparatifs de ma fortune soient complets.



Dernière édition par Toji Arashibourei le Dim 22 Avr 2012 - 10:04, édité 4 fois
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Goa : Ville basse
Bureau du lieutenant de garnison Rackham.
22h30


Au fond de lui, le lieutenant Rackham était content. Épluchant l'épaisse liasse de billet qu'il tenait à pleine main, il prenait la mesure de ses bénéfices de la journée. 20 000 Berrys directement dans sa poche, le tout sans la moindre taxe du gouvernement. Héhé, les pots d'vin avaient leurs avantages. C'est donc avec la mine d'un filou fier de son larcin que l'officier de la marine traversa les couloirs déserts de sa garnison, avant de pénétrer dans son bureau mettre sa recette du jours à l’abri. Plus tard dans la nuit, il finira sa soirée en galante compagnie pour fêter ça. Carpe diem !
La porte s'ouvrit alors sur les ténèbres d'un bureau aux fenêtres fermées, nulle lumière de la rue ne filtrant entre les lattes des volets clos. Tout en s’enfonçant dans son bureau, l'homme chercha à tâtons une lampe à pétrole, qu'il alluma dans un craquement d'allumette. Sifflotant un air léger, il jeta alors la liasse négligemment sur son bureau de l'autre côté de la pièce, juste avant de s'écraser avec soulagement dans son fauteuil. La journée avait été longue, mais fructueuse. Un instant, il se relâcha pour souffler.

- Ne te retourne pas l'ami.
- ... *!!



Une décharge électrique lui parcoure la colonne, au son de cette voix rauque sortie tout droit des ténèbres dans son dos. Elle avait ce petit accent de malveillance, cette pointe d'amusement qu'on pourrait retrouver chez un chat qui joue avec une sourie. Il était pris au piège ! Bon sang, comment avait-il fait pour ne pas le voir ?! Et surtout, comment avait-il pénétré dans son bureau ?! Depuis combien de temps l'attendait-il là ? Tant de question que le cerveau en panique du marine tâchait de résoudre... Puis après quelques secondes d'un silence pénible, l'officier se ressaisit, calmant ses nerfs soudainement mis à vif. Il y a d'ces voix qu'on ne voudrait jamais entendre à l'improviste.

- Thunder F... Tu m'as foutu une de ces trouilles !
- Huhuhu...
- Pfff... tout ce cirque est-il vraiment nécessaire ? Toute ces précautions ?
- Bien sûr... j'ai à peu près autant confiance en toi, que toi en moi.
Mieux vaut pour nous deux que tu ignores mon visage. Crois-moi.

- Pourquoi ?
- Ça m'évite d'avoir à te tuer.
- Ah...


Mais comme le lieutenant Rackham n'est pas du genre à régulièrement jouer avec le feu sans prendre ses précautions, sa main glisse doucement vers le dessous de son bureau, juste au cas où la situation viendrait à dégénérer. Prudemment, ses doigts cherchent à tâtons le pistolet qu'il a toujours gardé accroché là, bien dissimulé.

- Si c'est ton flingue que tu cherches, il est justement pointé sur ta nuque.

La main s'immobilise d'un seul coup, sans pour autant avoir trouvé la précieuse arme qui semble manquer. Au même moment, le contact dur et froid de la bouche d'un pistolet à silex vient appuyer contre l'arrière de son crâne, juste pour ponctuer la déclaration. Devant ce constat de mouise totale, ne reste que la discussion. Si Thunder F. avait voulu le voir mort, rien ne l'en aurait empêcher.



- Allons allons... Qu'est ce que tu me veux Thunder ?
- Te rappeler tes engagements mon cher Rackham.
Es-tu toujours avec nous ?

- Bien sûr. C'était inutile de venir me faire ton show.
20% du total des ventes pour la mise en circulation et le blanchiment.

- On avait convenu de 15.
- Oui, mais de nouvelles normes m'obligent à*...
- Click !
- ...
- ...
- Ok... on va rester sur 15.
- J'savais que j'pouvais compter sur ton honnêteté. Huhuhu.
On fera donc comme il était convenu. Tu recevras la cargaison demain soir.

- ...
- Ciao associarsi.



Figé sur son fauteuil, le marine sent dans son dos se mouvoir une masse, tandis que parviennent à ses oreilles le bruit d'une fenêtre qu'on ouvre discrètement. Le vent frais de la nuit lui balaye alors la nuque, rafraichissant instantanément la pièce et dissipant en partie la tension presque palpable. Mais c'est seulement une minute plus tard que le marine osa se retourner, avant de s'affaler dans son fauteuil, enfin seul pour de bon. Dans la pénombre, l'homme se demandait au fond de lui s'il n'était pas en train de jouer avec sa vie... La mafia locale ne plaisantait pas, Don Carlo le premier... mais Thunder F... c'était encore autre chose. Quelque chose de pas humain.
Sans plus attendre, le ripoux se décida donc à agir, et décrocha son escargophone. Il y avait un sacré paquet de fric à se faire dans cette association, alors mieux valait prendre ça au sérieux. Il appela donc instantanément ses contacts, finalisant les préparatifs nécessaires à sa mission. Plus vite cette affaire serait finie, plus vite il pourrait prendre ses vacances dans sa nouvelle villa sur la plage. Avoir un train de vie plus grand que son salaire présentait certains risques. Thunder F. était l'un d'eux.

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Toc. Toc toc toc... Toc toc !

Le code raisonne le long de la paroi métallique du hangar, contrastant un instant avec le calme de la nuit. Quartier désert, heure tardive... il est rare de trouver un péquenaud dans l'coin, surtout avec la campagne de lutte anti-clochard que j'y ai mise en place depuis plus d'un mois grâce à mon identité d'officier de Marine. Quelques coups d'fil pour préparer le terrain, et hop, on est sûr que l'moindre mec qui zone est plus que louche. Ca a ses bons côtés la double vie, huhuhu.

La trappe dans l'mur s'ouvre presque aussitôt, signe que les hommes à l'intérieur étaient impatients, voir carrément nerveux tel que j'les connais ces andouilles. Tsss... ça a dû cogiter dans leurs p'tites têtes pendant mon absence. J'aurais jamais dû m'absenter pour faire mes affaires si longtemps. Enfin bref, j'entre en me tassant d'mon mieux au travers de la minuscule ouverture cachée dans la cloison. La porte ? Même avec le bon code mes instructions étaient de tirer dans l'tas si quelqu'un l'empruntait. Une précaution d'plus, car on en fait jamais trop. Trois types armés de fusils et de tromblons y sont effectivement postés, m'indiquant qu'à défaut de sang-froid les hommes que Francesco nous a dégotté savent au moins suivre des instructions. En même temps, s'ils venaient à manquer de précaution, Don Carlo ou moi même leur ferions payer le prix fort, chacun à sa manière.




Me voilà donc dans ce qui nous sert de QG pour l'occasion, un grand hangar déserté, ancienne raffinerie de ciment. Depuis plus d'un mois elle est loué par l'biais d'une fausse entreprise par mes soins, dans le cadre de notre p'tite affaire. Pour cela, une partie des anciennes machines ont été poussées sans ménagement, afin d'entreposer à la place deux superbes machines d'impression grand luxe, volées une année plus tôt par Don Carlo, puis par moi-même. Bien qu'il n'ai pas encore d'preuve, il s'est toujours méfié de moi depuis, huhuhu. A leurs côtés, j'ai l'soulagement de voir Stretzi et son stupide cousin qui attendent d'un air abattu, assis sur les cartons de papier pour billet. Francesco trône pour sa part sur une pile de caisse, jouant le caïd du jour tant que je n'suis pas là. Vu ses airs, il a dû s'la péter comme pas permis en mon absence... Que voulez-vous, c'est l'problème de bosser avec des enflures. Elles sont p'tites et mesquines... mais c'est d'ailleurs pour ça qu'on les choisit. Lui seul est assez cupide et déloyal pour faire notre coup dans le dos de Don Carlo, son boss. Une vraie salop'rie d'fouine comme on en fait rar'ment. Mais une fouine qui a su m'apporter le soutient et le matos qui me manquait. Une fouine utile donc.

- Salut les filles.
- ...
- ...
- Ciao Thunder F. Tout est réglé ?
- Ouais. Mon contact dans la marine s'occupera bien de l’écoul'ment.
Ne reste plus qu'à produire nos biftons amigos. Héhéhé.


J'ai l'sourire jusqu'aux oreilles, et ça peut s'comprendre. De ma veste sortent alors les plaques de gravure, qui une fois correctement installées dans les machines bien réglées vont commencer à nous sortir les berrys par liasses entières. Pas moins de deux cents millions pour être exact héhéhé. Le maximum que Rackham puisse refourguer sans attirer l'attention de notre cher gouvernement. Même avec la part de Stretzi , celle de Rackham et de Francesco, jm'en tire avec pas moins de 120 Millions direct dans mes poches. Héhéhé, d'quoi assurer mon avenir et combler les manques de ma misérable solde. Ne crime ne paie pas toujours ; mais quand il le fait, il le fait bien.
Presque soulagé que cette histoire touche à sa fin, Stretzi se met rapidement au travail, mettant les machines en marche afin de les régler.Il doit aussi gérer l'encre et les plaques, comme seul un expert de son calibre est capable de faire. Ses doigts s'activent avec célérité, son expression montre concentration et maitrise... devant ces masses de métal immenses, c'est un autre homme. Un homme que j'ai bien fait de convaincre, puis de garder à mes côtés. Reste le problème ultérieur de Lydia... Allez savoir comment il réagira quand il apprendra que sa tendre et douce n'est pas entre mes mains, mais entres celles de l'homme le plus dangereux d'la ville.




Sauf que pendant que notre imprimeur préféré s'active fébrilement, la tension monte d'un cran sous la taule ondulée du hangar. Hypnotisé par le jeu de ses mains sur la machine, je n'remarque que trop tard les mouv'ments des hommes de Francesco, qui se sont rapprochés douc'ment de nous. J'ai cru au début qu'ils étaient curieux eux aussi... stupide que j'ai été ! Au moment même où mon instinct me hurle d'faire gaffe, une épaisse chaine me tombe dessus, enserrant mes épaules et mes bras avant de s'resserrer d'un seul coup ! La chaine se tend alors vers le plafond dans un même mouvement, me soulevant d'un bon mètre avant de m'immobiliser ! Raaaaaah les enflures ! Deux des hommes les plus lourds tiennent l'autre bout d'la chaine, qui par un système de palant au plafond leur permet de m'tenir comme un vulgaire saucisson. Par toutes les burnes cramées des six enfers ! Je l'savais pourtant ! J'le sentais ! Et pourtant j'me suis fait prendre de vitesse ! Mes jambes s'agitent en vain, mes muscles se bandent...

- Tu te souviens de ce que tu m'avais dis au café Thunder ? Sur la façon de parler...
- Francesco... Fils de catin et d'un porc. Relâche-moi où tu vas me l'payer cher. Très cher.
- Ta gueule connard ! Marre que tu m'traites comme de la merde !
Don carlo m'a promis un sacré paquet si jt'aidais à mener ta petite entreprise à bien, puis que je t'éliminais.
Il est au courant de tout depuis le début tu sais ?

- Tsss...
- Et tu as eu l'audace de te penser plus malin que lui...
Faut vraiment sortir d'une marre croupie et avoir le cerveau d'un poisson pour croire Don Carlo si stupide. Kshi kshi kshi !



De son côté Stretzi regarde ça en spectateur horrifié. Visiblement lui n'était pas au courant, et sera la seconde victime dès que Don Carlo n'aura plus besoin de lui. Du coup, il reste là paralysé, ne sachant comment réagir à la situation. Pas grave, il n'a pas besoin d'bouger, on ne l'payera pas pour ça. Par contre moi, Il va falloir que j'me sorte les doigts du cul si j'veux pas finir en sashimi. Et vite. Ca m'apprendra à croire en un humain... j'aurais dû buter Francesco dès mon entrée dans le hangar, j'avais déjà plus b'soin d'lui. Chier, m'apprendra à vouloir garder mes contacts vivants... histoire de réput'. Une chose est sûre, j'aurais pas dû sous estimer sa loyauté envers le parrain.. c'est loin d'être un traitre. Un sacré comédien et un fils de catin de première oui, mais un traitre non. Bordel !

- Je vais te faire payer tes insultes Thunder. Le boss veut que tu souffres avant d'y passer.
Un message pour tous les têtards dans ton genre. On s'attaque pas au business du boss.
Défoncez-lui la gueule les gars, et mettez-y le paquet.


Je note le visage des deux premiers gars qui s'avancent vers moi, une mine réjouie sur leurs sales gueules. Ils vont enfin pouvoir faire ce qu'il aiment : défoncer un mec sans défense à la barre à mine. Pas très glorieux j'avoue, mais y a pas d'petits plaisirs. Vous essayerez à l'occaz'. En attendant, j'kiffe moyen l'idée d'être du mauvais côté du bâton. Moyen moins même. Alors au moment où l'premier mec -un peu trop sûr de son bonheur- lève sa barre, je le gratifie d'un magistral coup d'pompe dans la mâchoire, qui lui fait éclater toutes les dents du d'ssous dans une explosion d'émail ! Knock-out, le gars vole en arrière avant de s'écraser parmi ses camarades. Haha*Vlam ! Coup d'barre dans les hanches ! Aaargl... J'ai beau avoir des abdos dignes d'un mur en béton, ça picote. 'Culé ! Mes deux jambes se soulèvent d'une contraction du ventre, tenaillant la nuque de l'impoli entre les talons de mes deux chaussures ! Vrille du bassin, le type file dans les airs en un superbe soleil, craquement de nuque en prime ! Et encore j'ai pas mes rangers habituelles, le p'tit veinard.



- Fini d'rire, descendez le.

On range les barres à mines, on sort les flingues... ça daube grave. Il est vraiment temps que j'me bouge. Presto ! Mais s'ils croient qu'ils tiennent le grand Thunder F. aussi facil'ment... ils s'foutent leur barres dans l'fond'ment jusqu'aux amygdales ! J'ai sous estimé la perspicacité de Don Carlo... lui ma force. "Décharge électrique !"
Toutes les cellules électro-génératrices de ma peau se mettent d'un seul coup en branle, poussées à leur maximum par mon envie de survivre. L'électricité s'y accumule de façon exponentielle, avant de se décharger d'un seul coup tout autour de moi. 5000 Volts guidés par ma haine et les lois d'la conductivité passent d'mon corps à la chaine métallique qui m'étreint, avant de s'y écouler avec précipitation ! La décharge se propage alors jusqu'aux deux mafieux qui me maintenait jusqu'là dans les airs, les grillant sur place ! Ils tiennent bon, serrent des dents. Je me concentre, me déchaine... leurs mains fument... un long hurlement enfle entre leurs mâchoires cripées... puis finalement cèdent sous la tension qui les projette comme des fusées dans un mur ! Aussitôt la tension de la chaine s'estompe, me laissant retomber sur mes deux pieds. Une contraction de mes épaules et un hurlement rageur plus tard, la chaines éclatent dans une multitude de fragments de maillons ! Me v'là libre ! Raaaaaah !
Surpris et paniqués, les mafieux baissent un instant leurs armes, avant que Francesco ne les relance d'un bon coup d'gueule ! Son "Mais butez-le ! Viiite !" arrivera juste trop tard, me permettant de m'jeter d'une roulade derrière une énorme pile de caisses. Première rafale de plomb, directement dans l'bois épais qui m'sert alors de protection ! Pfiuu, c'est pas passé loin ! Bande d'enflures, vous allez voir c'que ça donne un poisson des mauvais jours.


Au moment où la demi-douzaine de tueurs tente un encerclement pour me débusquer, je pousse d'une épaule les quatre mètres de caisses, qui s'écrasent ainsi presque avec plaisir sur les mafieux, en broyant trois dans l'affaire. J'sais pas ce qu'y avait d'dans, mais au son des os brisés, ça d'vait être lourd. Bien fait pour leurs gueules, han !
Mais j'peux pas prendre l'temps d'savourer l'moment : les autres gars de Francesco déboulent au même moment de l'autre côté, le premier d'entre eux m'alignant aussi sec de son flingue. Ma main se détend, mon immense poignard vole en tourbillonnant ! Tchak ! Quarante centimètres de bon acier dans l'sternum. Pas même un cri, juste une expression ahurie sur l'visage tandis que le cadavre vole en arrière sous la violence de l'impact. L’adrénaline me battant au tempe, je vole à mon tour ! Coup de pied sauté, directement dans la trachée du second homme, alors même qu'il regardait d'un air horrifié son camarade s'effondrer devant lui. Ne pas laisser l'temps à l'ennemi de s'ressaisir. Garder l'initiative. Être comme un cyclone qui emporte tout sur son passage. "Père Tempête" est dans la place !

Bang ! Aaargl, j'ai parlé trop vite. Une balle dans l'épaule. Profonde ? Pas la moindre idée. J'en suis pas là. Trop d'colère, pas assez d'temps. Il faut que j'continue. Le prochain sur la liste est le tireur : Clé de bras, avec son coude qui cède comme une brindille tandis que l'tord en arrière. Le flingue vole dans les airs, je le rattrape alors de l'autre main avant de le lui coller sur la nuque dans un même mouvement. Bang-retour ! Cadavre qui est aussi sec projeté sur les trois hommes qui arrivent en renfort. ! Ils sont ainsi balayés et s'encastrent dans les débris d'une autre pile de vieux matériel ! Typhon, cyclone, ouragan... Peu importe le nom, je les suis et m'encastre sur eux de toute ma hargne. Lame de rasoir qui apparait dans ma pogne, tchik-tchak, du sang gicle dans toutes les directions ! Et puis Francesco...

Ce sale bâtard de bouffeur de cannelloni à la manque... il est resté en retrait le temps que j'm'épuise. Que j'vide mon adré'... Sauf que j'suis pas encore en manque de carbu'. La rancune : une énergie renouvelable et au combien puissante. Par contre, on peut pas dire qu'elle soit propre, ça non. Sauf qu'il a de la ressource lui aussi. Deux couteaux de lancé pour être précis. J'les esquive avec peine, bondissant à couvert avant de m'effondrer dans une vieille bâche poussiéreuse ! Aargl, un des deux m'a poinçonné la cuisse. Fumier ! Oser m'faire ça à moi ! La colère monte, mettant de côté la faiblesse que la blessure inflige à ma jambe. Je saute donc sur mes appuis, plus décidé que jamais à lui faire mordre la poussière ! Et d'ailleurs j'fais bien , vu qu'aussitôt j'dois renouveler l'opération sous peine de m'faire tranché la jug'. Rapide le type ! Parade, déviation et esquive me mette hors de sa portée, le temps d'reprendre l'initiative. Initiative que j'trouve dans la bâche à mes pieds, que j'tire d'un coup sec avant d'la lancé dans un magnifique soleil vers lui. Une vingtaine de poignards la traversent presque aussitôt ! Mais moi j'suis déjà loin. Dans un angle mort du mafieux. Jaillissant de couverts en couverts je m'rapproche de lui dans un cercle mortel. Une fois à portée, une feinte d'attaque m'offre l'ouverture dans laquelle j'me jette avidement, pressé de mettre à mort mon adversaire !
Cette fois c'est lui qui s'ruera en arrière pour éviter l'coup fatal, avant de bondir sur une passerelle surplombant le hangar. Joli saut, mais qui ne m’empêchera pas d'le suivre. Me voilà donc à ses côtés une nouvelle fois, ne lâchant pas la distance comme si ma vie en dépendait. A vrai dire... elle en dépend. Lame de rasoir contre couteau de lancé, nous enchainons les attaques, feintes et ripostes, gagnant chacun quelques estafilades au milieux des étincelles qui jaillissent entre nous ! Mais peu à peu, ma force et ma vitesse prennent le dessus, à cette distance où son talent pour les armes de jets est inutile. J'le colle comme une tique !

Finalement, je profite d'une pause dans ses enchainement tandis que j'lui entaille le poignet, pour ouvrir sa garde d'un violent balayage de la main. J'encastre ensuite mon talon dans son sternum de toutes mes forces ! Ce direct du pied le souffle comme une brindille, m'offrant une jolie gerbe de sang tandis que même ses dents éclatent sous l'impact. Son corps est projeté en arrière, passant au travers du garde fou avant de chuter vers le sol. Mes yeux émerveillés contemplent alors son vol plané, comme au ralenti... ses bras battent dans les airs, ses yeux s’écarquillent, sa bouche se tord dans un rictus de peur... avant qu'il ne tombe dans les rouleaux de l'imprimante déjà en marche ! Le son de ses cris désespérés et des os qui se plieront dans les mécanismes restera à jamais gravé dans mon esprit... comme un des bruits les plus jouissifs de la création. Le geyser carmin qui s'ensuivra aussitôt sera l'bouquet final de notre petite séance de violence hebdomadaire.


Bien fait pour sa sale gueule !


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- Bien fait pour sa sale gueule ?!
- ...
- Vous venez de trucider six hommes et c'est tout ce que vous trouvez à dire ?!
- Sept.
- Trucidés, broyés, déchiqu* Hein ?
- Sept. Ils étaient sept, pas six.
- Et vous trouvez ça drôle ?! Mais vous êtes un malad* Schlack !

Voilà une jolie gifle dans la gueule d'mon faussaire préféré ! Pas forte, mais assez vive pour le couper en plein délire. J'viens de manger une sale nouvelle, une trahison et quelques blessures en prime. Si on rajoute à ça le costard ruiné, j'suis pas vraiment d'humeur à gérer ses règles mal lunées à la mode diplomate. Beigne dans sa tronche donc, histoire de calmer ses nerfs comme les miens.
Bon, surpris et choqué, il la ferme instantanément, ce qui est déjà un plus. Pari gagné, Stretzi se la boucle d'un air penaud en se massant la joue tandis que je renfrogne d'un air mauvais. Bien que débarrassé des cafards, on en reste pas sacrément plongé dans la chiasse. Ça pue, et ça va coller pendant un bon moment. Don Carlo pourra nous suivre aux coulures comme qui dirait. Si j'étais d'un naturel aussi défaitiste que ce cornichon et son cousin, j'paniquerais. Sauf que la vie et surtout la mort m'ont prouvé maintes et maintes fois que paniquer, c'est mourir un peu. Un peu beaucoup en fait. Totalement voir... A 100% ?.. Raide dead... Kaput ! Finito... Fatality ? Enfin bref j'crois que vous voyez l'délire. Du coup j'ai les méninges qui s'activent à une cadence infernale pour m'trouver un plan d'secours, avant que ma 'ptite affaire tourne en eau d'boudin. Don carlo est au courant... Il attend un rapport éminent de Francesco... et le papier n'est pas encore imprimé... bon... gagner du temps et couvrir nos mes arrières, c'est la priorité.



J'fais donc les cents pas en réfléchissant à toute vitesse, tandis que d'leurs cotés mes deux acolytes adeptes du trouillomètre se font un sang d'encre sans pouvoir décoller leurs regards des deux pieds qui dépassent encore des rouleaux de l'imprimante. Faut que j'les occupe, que j'les empêche de réfléchir et que j'les remette dans une dynamique exploitable. Sinon ils vont finir par avoir plus peur de Don Carlo que d'moi et tenter de s'faire la malle. Adieu les berrys alors.

- Tous les deux ! Nettoyez moi cette machine et reprenez les réglages pour l'impression.
- Qu... quoi ?
- Bougez-vous ! La maille va pas s'faire toute seule !

Sans même que leurs cerveaux s'mettent à donner son aval, les deux types s'activent sous l'ton impérieux d'mes exclamations, se dépêchant de s'activer. Au bord de l’écœurement, les voilà donc en train de tirer sur les deux pieds de francesco, qui viendront presque (tout) seul. Un duo d'vomi plus tard, ils reprendront l'nettoyage d'la machine tout en jetant de rapide coup d'oeil dans ma direction de temps en temps. Bien, j'les tiens encore dans ma paume.
Pour ma part je prends deux minutes pour jeter un œil à mes blessures, que je soignerai à grand renfort de flasque de rhum et de pansements sommaires. Ça piquotte et ça ravive, mais au moins j'me sens encore vivant, pas comme certains. Tin' et ce putain d'costard qui m'a couté une fortune ! Bordel de mes trois couilles ! Foutu ! Y a des bouts qui trainent de partout, j'me prends les pieds d'dans et j'ai l’air d'un clodo passé sous une moissonneuse batteuse ! Plus aucune classe ! Faudrait trouver des costards fait pour le combat... du genre qui même en pièce vous foutent une sacré classe... Dommage que ça existe pas encore. Mais y a un créneau dans l'secteur, j'le sens. Sauf que pour l'moment me v'là forcé d'prendre les fringues d'un des macab', qui forcement fera trois tailles de moins qu'moi... Et un gilet qui s'ferme pas, un ! Foutu Don Carlo qui embauche des espèces de nain qui font même pas un mètre quatre-vingt-dix. Triple enflure de bitte à corne.



Le temps d'faire tout ça et d'ranger hors de vue des deux pucelles les autres cadavres, la machine sera comme neuve, sans la moindre trace de vermeille. Avant même que mes deux collègues n'aient le temps d'souffler, je les lance dans la préparation des billets. Réglage de l'encre et tout l'bordel pour lequel j'ai encore besoin d'eux. Bref, leur assurance vie. Le temps que ça soit fait, il f'ra jour, c'qui nous permettra de lancer la production. Vous avez déjà vue une imprimerie qui fonctionne de nuit ? Moi non, et les voisins du coin non plus. Manquerait plus qu'on s'fasse pincer par la marine pour tapage nocturne. Ça fait un d'ses boucan c'genre de matos faut dire. En attendant, ça me laisse quelques heures pour aller dire deux mots à Don Carlo. Il est au courant d'mes magouilles? Bon et ben dans c'cas, on va aller officialiser les hostilités en lui plantant la hache de guerre entre les deux yeux. Si j'fais pas ça au plus vite, il va s'impatienter de n'pas voir revenir Francesco et finir par nous envoyer son armée. Ça m'fait mal de l'dire, mais de front j'peux pas faire grand chose contre le parrain inconditionnel de toute cette moitié de Goa. Un Capo puissant et qui sait bien s'entourer, ça s'prend pas de face. Ça s'prend de dos, la nuit, alors qu'il est attaché et endormi, et si possible à plusieurs et avec quelques otages sous l'coude. J'ai pas la moitié d'tout ça, mais j'ai pas l'choix, c'est lui ou moi à partir de maintenant. Dans l'métier, tu réussis ou tu crèves, sans séance de rattrapage pour les chancres.

- Tu nous laisses Thunder F. ?!

- Et si Don Carlo envoitdes hommes ?!
- Du calme les loulouttes. Don carlo j'en fais mon affaire.
Vous contentez-vous d'faire les billets comme prévu et tout ira bien.
Vous v'nez d'gagner la part de Francesco en prime pour l'nettoyage au fait. C'est Lydia qui va être contente , hein ?



Voilà. Menace, rappel des règles du jeux et p'tit extra en bonus pour fidéliser les gus, j'sens que ça va l'faire si j'm'absente jusqu'au matin. S'ils font pas d'conn'rie ça d'vrait passer. Si... Mais j'ai pas l'choix de toutes façons, alors va falloir leur faire confiance.

Don carlo, profite bien d'ta dernière nuit. Huhuhu.



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