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Une Nuit Agitée [Reyson]

    Autant une journée de merde, on s'en étonne pas et on souffle et on la laisse passer en attendant avec impatience la suivante. Autant une semaine de merde, ça commence à vous pousser à bout. Enfin, une semaine de merde qu'elle avait choisie. Et par « de merde », comprendre « où on se fait chier ». Pour rester dans champ lexical. Bon, ce langage charretier n'était qu'utilisé intérieurement. Au dehors, les seules paroles -ou du moins les dernières- qui glissaient entre ses lèvres pincées par la frustration d'une semaine de vacances furent :

« -Je ne respecte que ce qui à le mérite d'être respecté. Dis encore un mot, bouge d'un millimètre ou regarde-moi encore avec tes yeux de démon, et c'est moi qui t'envoie en enfer. Je suis désolé pour toi, mais à partir du moment où tu t'attaques à un officier de la marine, les conséquences de tes actes sont bien trop élevées pour tes frais, qui plus est quand son arme est celle de la mort elle-même... Malheureusement pour toi, celle de la Faucheuse est beaucoup moins sophistiquée car elle n'est pas remplie de sel, d'eau et de poudre de charbon. Désolé d'enfoncer encore un peu plus le clou, mais... Tu n'avais pas ...la moindre...petite...chance... »

    Je vous fait un résumé ? Une semaine de vacances plutôt méritées, une île aussi plate qu'ennuyeuse, une ville de bouffeurs d'avoine et dans tout ça, un barman un peu nerveux qui bute les marins qui n'aiment pas sa boisson. En accord avec le nom de l'île, sa boisson d'ailleurs. De la pisse de Tanuki en bouteille orange bonbon. Alors oui, le langage charretier qu'elle ne faisait que penser d'ordinaire, et encore, avait tendance à se frayer un chemin et sortir de lui-même. Mais bon, la semaine se terminait, elle repartait le lendemain faire la chasse aux pirates où elle irait sur Inari. Et puis le barman au regard de tueur avait été écroué grâce à elle. Pas bien résistant, mais assez terrifiant pour le commun des mortels.

    Rachel ne faisait pas partie du commun des mortels.

    Silencieuse, elle entra dans la base de la 412e compagnie. Enfin, 412e, ça aurait très bien pu être la 524e ou la 42e, elle avait un peu de mal avec ces numéros. Elle entra donc, regard bas, blasée de n'avoir même pas pu manger son assiette de fruits chez le barman. Même si elle avait eu le temps, les fruits étaient pourris et assaisonnés avec du sirop d’Érable et de l'huile de tournesol. Il aurait été un cousin de Saru pour la cuisine que ça ne l'aurait pas étonné. Zut, un anachronisme. Tant pis, personne ne l'a vu. Elle parcourut donc le hall, sombre, ses pas claquant sur le sol de pierres, sombres, la faux sur l'épaule, sombre. Tous s'écartaient, faisaient de grands détours sur son passage ou la dévisageaient avec appréhension. Sur cette île, elle n'avait à craindre que le Lieutenant d’Élite. Et tous les autres le savaient. Elle était une pointure pour tous. Respectée mais crainte. Surtout à cause de sa tenue noire, ses dentelles blanches et son nœud papillon sur le côté, sa faux gigantesque et son regard de jade liquide et flamboyant.

    La faucheuse fit un passage par un couloir, un détour par les cuisines et saisit deux pommes avant de monter directement dans sa chambre d'emprunt. Rien ne lui faisait envie et, lasse, elle choisit d'aller se coucher tôt. Plus tôt elle serait couchée, plus tôt elle partirait le lendemain. Plus vite elle reprendrait la chasse au pirates et plus vite elle quitterait cette terre ennuyeuse. Cette île maussade.
    La porte s'ouvrit. Numéro 20.35. Aucune importance, mais ce numéro, elle l'avait retenu. La porte se referma dans un discret claquement. La faucheuse laissa lentement place au Lieutenant Blacrow qui se laissa aller à la porte de sa chambre. Une chambre vide de toutes affaires. Un lit en 110, une table de chevets à 3 tiroirs, un penderie avec 2 cintres, une fenêtres à double battants et une valise unique ouverte sur le lit défait. Avec un soupir de soulagement, Rachel accrocha sa faux au porte manteau qui, comme depuis une semaine gémit sous le poids de l'arme. Mais il ne céda pas. Au loin, à l'Ouest, par la fenêtre de sa chambre, Elle regarda l'astre incandescent embrasser l'horizon passionnément. La lueur rouge-orangée teinta la peau d'albâtre de la poupée de porcelaine qu'elle était. Avec un petit sourire, elle s'en détourna et ôta sa veste noire ainsi que son nœud papillon.

    Lentement, comme si elle se préparait pour sortir, elle plia soigneusement sa veste noire, et traita les dentelles noires avec délicatesse. Puis, elle attacha ses cheveux en une tresse longue pour ne pas abimer ses anglaises noires et soyeuses. Regardant la boule rouge à l'horizon, elle choisit d'ouvrir la fenêtre pour profiter des derniers instants de chaleur. Son visage se détendit perceptiblement. Bientôt les embruns de la mer qu'elle chevaucherait de nouveau. Elle sourit à cette pensée et se détourna du panorama pour ôter la jupe noire. Dentelles blanches suivirent. Ses gants, pliés aussi soigneusement que le reste, furent posés sur le haut de la pile alors qu'elle se retrouvait à demie nue devant le miroir qui ornait la penderie. Elle s'y observa. Se sourit. Se tourna. Non pas qu'elle aimait faire ça, mais ce soir, son reflet au regard vert avait attiré son œil. Plus sombre que d'ordinaire, selon elle. Mais n'y apportant qu'un attention relativement courte, ses yeux avaient glissé sur ses épaules osseuses, ses bras fins, sa poitrine menue à la peau délicate -elle s'autorisa une moue dubitative d'ailleurs- puis sur ses hanches cintrées d'un simple dessous noir à dentelles pour finir sur ses longues jambes fines et terminer sur ces chevilles délicatement ciselées. Enfin, elle soupira et se pencha pour enfiler une chemise de nuit blanc crème. A dentelle, évidemment. Trop grand au niveau des épaules, elle glissait et en dévoilait une. Elle s'observa une nouvelle fois dans cette tenue. Notre poupée de porcelaine se gratifia d'un rictus méprisant à cette attitude et alla verrouiller la porte de sa chambre. Elle tira ensuite les rideaux blancs mais laissa la fenêtre ouverte. D'un geste las elle envoya à bas de son lit la valise qu'elle remplirait demain et se glissa entre les couvertures, sous les draps noirs. Elle soupira, et dans la lumière du crépuscule, se souhaita une bonne nuit ainsi qu'à Black Crow.


Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Jeu 19 Avr 2012 - 3:35, édité 1 fois
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    Shusui, tel est le nom de la lame que je venais d’acquérir il y a peu, une lame que l’on disait maudite, un peu comme moi, à cause d’un simple fruit. Cela voulait-il dire que ce katana ne pouvait pas nager non plus ? Je compatissais… Mais en écoutant la légende de cette arme, il me sembla qu’elle avait une grande valeur. Par conséquent, je voulus lui montrer que j’étais valeureux moi aussi. Ainsi, je pris la décision de la garder sur moi, sans jamais l’utiliser avant d’arriver sur Grand Line. Par contre, après un périple pareil avec Timuthé, il vaudrait mieux quitter cette île d’East Blue le plus rapidement possible. Mais pour aller où ?

    Voilà un certain temps déjà que je vogue sur East Blue, gravant mon nom sur la plupart des îles. Dorénavant, je devrais me faire connaître dans les autres mers, avant de me lancer sur Grand Line afin de m’approcher du QG général de la marine. South Blue. Voilà ma destination. Posant mon arme dans une barque volée, je me lançais à l’assaut des vagues, et oui, je n’avais plus de bateau de pêche. Le seul point négatif était qu’il n’y avait pas de voile sur la barque, il fallait donc ramer pour avancer. Devant cette situation, j’usai de la stratégie employée par tous les grands hommes : ne rien faire et laisser passer, ou couler vu la situation.

    Allongé dans ma barque, bronzant sous le soleil, je vérifiais simplement, de temps en temps, que le gouvernail de mon moyen de transport était orienté dans la bonne direction. Pour cela, rien de plus simple, il me suffisait de prendre un nuage pour repère. Pardon ? Prendre plutôt le soleil pour s’orienter ? Vous me prenez pour un débile ou quoi ? Tout le monde sait que le soleil se déplace au cours de la journée ! Non, mon nuage était plus apte à m’indiquer le chemin.

    Ce fut ainsi que se déroulèrent les prochains jours, jusqu’à ce qu’une île se profile à l’horizon. J’étais enfin arrivé à South Blue ! Comment ? J’étais à Tanuki, sur North Blue ? Balivernes ! Comme si je pouvais me tromper d’autant dans la navigation et l’orientation. Cessez de me prendre pour un demeuré !

    Sitôt parvenu sur l’île, en prenant soin de débarquer à l’écart du port, mon regard se posa sur un bâtiment plus grand que les autres, dont la façade était ornée des insignes de la marine. Encore du travail pour le pauvre pirate que j’étais ? Très bien, ce sera l’occasion de montrer à Shusui que j’étais digne de la porter ! Mais, comment procéder… ? Tout le monde connaissait déjà mes méthodes d’infiltration, et la marine avait probablement trouvé une stratégie pour les contrer.

    Lors de mon dernier coup, Timuthé avait proposé la méthode barbare, pour changer de d’habitude. Certes, cela s’était fini par une baignade dans la mer, mais il fallait avouer que le vol fut une réussite. Par conséquent, je pris la décision de lui faire confiance une nouvelle fois. Mais la méthode barbare, c’était quoi ? Toquer à la porte principale ? Non, bien trop primitif, et surtout irréfléchi. Par contre, la notion de barbare me fit entrevoir une image fort intéressante, une idée pouvant fonctionner !

    Fort de ce nouveau plan, jamais testé auparavant, je me rendis un peu à l’écart de la ville, où se trouvaient quelques arbres, ressource nécessaire pour la suite. Comme j’avais dit que je n’utiliserais pas la lame, je dus couper les troncs à la force de mes bras. Ce qui ne fut pas bien dur, après une petite dose d’hormones, mais la qualité de la découpe laissait à désirer. Malgré tout, cela devait suffir.

    Durant les prochaines heures, sous les rayons de la lune qui venait de faire son apparition, je transportais deux-trois troncs à la ville avant de commencer quelques bricolages. Tada ! Voici la catapulte improvisée ! Placée de façon à ce que la base de la marine soit dans sa ligne de mire, il ne me restait plus qu’à m’installer après avoir fini les calculs de trajectoire. La cible : le toit du bâtiment. Qui penserait qu’un pirate puisse s’envoler et attaquer par en haut ? Mouillant le bout d’un doigt, je le levais dans les airs afin de prendre conscience du vent. Dernier paramètre inclus. Il ne manquait plus qu’à lancer le mécanisme.

    Pouf. Et un pirate volant, un. Mais ce n’était pas son âme qui s’envolait vers le paradis, au contraire il s’agissait du corps d’un pirate volant vers l’enfer. Une fois haut de la trajectoire parabolique, je me rendis compte que la flèche n’était pas suffisamment grande, jamais je n’atteindrai le toit ! Plus qu’une solution : mouvoir ses bras de haut en bas, à la façon des oiseaux. Sauf que ce fut inefficace. Arnaque ! Volatile qui fend l’air là-bas, apprends moi comment tu fais ! Trop tard…

    Je ne compris pas tout à fait ce qui se produit ensuite. Dame la Mort s’était changée en Dame la Chance ? Aucune douleur particulière ne se fit ressentir. Aucun impact contre un mur ou une vitre. Je ne sentis qu’un rideau envelopper mon corps avant de m’aplatir à plat ventre sur le sol. Ce qui maintenait le rideau à la fenêtre se détacha et tomba bruyamment sur le sol aussi. Instinctivement, je me relevais rapidement en regardant tout autour de moi. Armoire, porte, fenêtre, lit. Une chambre ! Mais, j’étais dans la base là… La chambre d’un marine !

    Immédiatement, je me retournai vers le lit où un ennemi s’y trouvait probablement. Dame la Chance m’avait sauvé la vie dans le seul but de me voir dans la gueule du loup ! Seulement, il y avait bien une silhouette sur le lit, mais celle-ci ne bougeait pas. Encore endormi ? Avec le brouhaha que je venais de faire ? C’était du fouttage de gueule !

    " Tu vas pas me faire croire que tu dors encore ! "

    Diantre ! Qu’avais-je fait ? Mes mains se plaquèrent sur ma bouche, mais les mots s’en étaient déjà échappés. Trop tard. Dame la Chance me souriait, et moi je lui faisais un doigt d’honneur. Réflexe à la bip. Et censure à la bip ! Et voilà, le marine se réveilla, content ? Oh, c’était plutôt une marine… Intéressant. Mais ne nous laissons pas distraire, il me fallait un plan ! En attendant, je n’avais pas bougé d’un pouce, comme si j’espérais devenir invisible ainsi. Mes mains toujours sur ma bouche, mes coudes légèrement relevés avec le rideau blanc par-dessus donné l’impression d’un fantôme. Seulement, en y regardant de plus près, les rayons de la lune montrait une silhouette sous le dit rideau…
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    Il y a eu du bruit. Dans son sommeil, Rachel voyait des formes floues aux contours brésillant. Partant en fumée, en cendres, en braises. Et la silhouette éclata soudain dans un fracas assez bruyant. Dans son sommeil, elle fit la grimace et grogna. Mais les cachots d'Impel Down restaient distinctement visibles. Les barreaux, les chaînes, les prisonniers en file indienne. Elle voyait les fours gigantesques, elle voyait l'enfer écarlate, le sphinx et le cocatrix. Elle déambulait dans ces couloirs, faisant tinter avec sadisme la pointe de sa faux contre les cages fermées où gémissaient les prisonniers. Des gémissements bien trop présents d'ailleurs. Dans son sommeil, elle se retourna pour se mettre sur le dos comme un homme grognait dans sa chambre. Mais elle voyait avec joie les ailes dans son dos que le manteau lui accordaient. Et les cornes que le lieu lui offraient. Comme elle était magnifique. Elle avait même grandi et son corps avait pris de plus belles proportions qu'actuellement. Puis un cri. Un prisonnier mécontent. Avec un sourire malsain elle se retourna vers lui.

    C'était de taille humaine. À peu près. Blanc, de la tête jusqu'aux pieds, drapé dans une tenue plus que douteuse. Elle était floue et immobile. Beaucoup trop proche de son lit. Rachel cilla. Son lit ? Un rapide coup d’œil lui apprit qu'elle s'était redressée et assise, la chemise de nuit dénudant son épaule de manière presque érotique, et qu'elle était parfaitement droite sur son matelas. Ce qu'elle ne vit pas, c'était son expression de zombie. Elle n'avait tout simplement pas les yeux en face des trous. Très vite, son regard remonta vers la forme fantomatique qui semblait la jauger. Fantomatique ? Un Fantôme ? Un vrai de vrai ?? Un émissaire du destin ???
    Éveillée ou pas, il ne lui en suffit pas plus pour que son visage s'éclaire d'un sourire béat. Elle le regardait de ses grands yeux à demi-fermés, pétillants de milliers d'étoiles. Tiens, c'est Orion, aurait dit un astrologue. Des grands yeux à demi ouverts et des cernes de six pieds de long. Si elle croyait rêver ? Pas du tout ! Pour elle, c'est la pure vérité ! Elle est absolument persuadée qu'un drap délavé viendrait un jour lui promettre un magnifique avenir. La bave avide qui s'agglutinait à la commissure de ses lèvres en était la preuve parfaite. Mais l'être avait parlé ! La silhouette blanche, floue et fantomatique venait de parler. Vite, lui répondre !

-Je comprends ton désarroi, j'ai toujours rêvé d'être crainte, mais ça n'est toujours pas le cas. Un jour tu pourras toi-aussi être reconnu à ta juste valeur, et désolé de ne pas avoir été effrayée. A moins que tu ne te dises que la personne avec un destin extraordinaire ne ressemble à aucun écrit que tu aie pu lire, ou à une toute autre brute que les Amiraux des anciens temps, ou que Magellan. Mais ne t'en fais pas, je saurai être à la hauteur de la mission que ta présence m'incombera. La féminité bluffera toutes les langues et coudra toutes les bouches ! Je serai à la hauteur de mon destin !

    Et tout ça d'une traite. Sans respirer. Sans avaler sa salive. Sans ciller. Il fallait faire bonne impression. Comme ce discours. Parler n'était pas dans ces habitudes, mais ce n'était pas une occasion qu'il fallait laisser passer. Quitte à s'étouffer avec toute la salive retenue que l'on avale durant la grande bouffée d'air frais que l'on prend après le monologue. Se vendre non plus n'était pas son fort, mais elle ferait un effort avec cet être immatériel. Et puis, que lui importait donc une attitude humaine, à cette créature d'un autre monde ? Ou misérable. Il fallait juste qu'elle fasse bonne impression auprès de ce message du Destin. Ou de la Mort... Et perdue dans ses pensées, Rachel ne remarqua pas le rideau manquant à la fenêtre ni l'homme sous la silhouette que la lune tentait vainement de lui révéler.

-Mais si je puis me permettre, le Noir, avec les yeux rouges, auraient été de cérémonie, plutôt que le blanc crème. Il n'y a même pas de dentelles...
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    Malédiction ! Et oui, je faisais allusion au fait qu'elle se réveilla, et non à ma malédiction ou à celle de Shusui. Pourquoi diable avais-je ouvert ma bouche ? J'avais beau préparé minutieusement tous mes plans, je trouvais toujours le moyen de tout faire échouer, m'obligeant à user de la très célèbre improvisation. Ma foi, elle m'avait bien servie jusque là. Pourquoi arrêterait-elle subitement ?

    Mais laissons là ces réflexions, la situation était plus urgente, plus pressante, plus… belle. La silhouette endormie était en réalité une demoiselle à l'épaule bien dénudée. Une épaule libre, libertine, qui appelait des lèvres à venir lui rendre hommage ! Heureusement que mes mains se trouvaient encore sur ma bouche, empêchant un autre réflexe de se manifester : celui du mâle remarquant la présence d'une belle demoiselle. Vous voyez, ces hommes se prenant virils qui lancent un ronronnement digne d'un félin monstrueux, un fier lion montrant sa plus belle crinière pour appâter la belle. D'ailleurs, à quoi ressemblait l'hurlement détecteur de belles femelles dans les parages de Timuthé qui se disait si viril ? Enquête à approfondir…

    En tout cas, j'ignorais que la marine embauchait parmi l'Olympe, choisissant les nymphes de Vénus, ou la Déesse elle-même. Une beauté que même la nuit ne peut masquer, un corps qui semblait exiger que l'on prenne soin de lui, une peau réclamant caresse et affection, un trésor éclatant, le rubis du One Piece, le saphir de l'océan,…, l'agate du bijoutier, l'ambre du banquier, l'améthyste de la poissonnière, l'orange du marchand... Toutes ces pierres précieuses que j'ai pu dérober dans ma carrière, leur incarnation se tenait devant moi, m'appelait, m'attirait, éveillait mes pulsions…

    Mais sa voix rompit le sort, ramena mon esprit sur terre, me rappela la situation dans laquelle je me trouvais. Je reconnaissais bien là la méthode de la marine, fourbe et sournoise. Attirer pour mieux égorger… Mais elle ne m'aura pas, cette… folle ? De quoi parlait-elle ? Je ne comprenais rien à son discours. Youhou, moi parler l'humain, pas l'extraterrestre. Toi traduire pouvoir ? Ne voyait-elle pas que je suis un pirate ? Je ne voyais aucun mécanisme morphologique témoignant qu'elle était sur ses gardes, qu'elle comptait prendre son arme ou qu'elle allait me sauter dessus. En me regardant plus attentivement, je me rendis compte que le rideau me recouvrait entièrement. Non… Elle ne me prenait tout de même pas pour une apparition, un annonciateur, un signe ? Je sais que j'avais parlé d'Olympe et tout ça, mais être superstitieux à ce point n'était pas possible ! Voilà pourquoi une aussi belle demoiselle s'était engagée dans la marine ! Que voulez-vous, si la nature lui avait donné la beauté, c'était parce qu'elle l'avait délaissée côté neurone. La pauvre, parler à un rideau…

    Hey, mais c'était une superbe nouvelle pour moi ! Il valait mieux qu'elle croit que je sois un miracle plutôt qu'un pirate ! Je pouvais peut-être encore redresser le tir ? Super ! Par contre, elle parlait d'une mission qui lui incombait du fait de ma présence ici… Je devais lui donner une quête ? Mais on ne m'avait pas prévenu ! J'en ai aucune idée moi ! Allé cerveau, cherche, trouve un truc, vite !

    " C'est justement parce que tu ne ressembles pas à ces brutes que l'on m'a envoyé. Le temps des barbares et des monstres est révolu ! Dorénavant, il faut apprendre à se hisser au sommet avec grâce et élégance ! L'on m'envoya choisir quelqu'un qui répondait aux critères du beau, du jolie, du parfait. Ton épaule semble être un bon début. M'en montreras-tu davantage ? "

    Oh ! Ce n'était pas à ce cerveau là que je parlais ! Pourquoi mon corps ne m'écoutait-il jamais lorsque j'avais besoin de lui ? En tout cas, on pouvait dire que j'étais une apparition avec des couilles. Pourquoi, lorsque Dieu créa la matière grise, il en conçut une blanche dotée des mêmes capacités de contrôle corporel ?

    Heureusement pour moi, ou malheureusement, suivant le cas, la demoiselle me donna une échappatoire. Dans sa folie grandissante, elle se mit à juger mon apparence. Comme quoi, le noir et des yeux rouges auraient été mieux pour le coup, bien que je ne compris pas la remarque sur la dentelle. Je n'attendis pas un instant de plus pour rebondir là-dessus, comme si une ampoule s'était allumée dans ma tête.

    " Justement, un camarade en avait besoin et me les avait donc demandés, pour faire une farce au lieutenant d'élite de cette base. Dis-moi où je puis le trouver, j'irai récupérer mes biens et je reviendrai te réveiller en bonne et due forme. "


    D'une pierre deux coups. J'avais entendu dire que le responsable de ce lieu était un lieutenant d'élite. J'avais la possibilité d'obtenir son emplacement afin de remplacer ma forme fantomatique par celle de Dame la Mort. Mon infiltration à la barbare n'était peut-être pas en si mauvaise voie que ça. Je pouvais encore m'en sortir !
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    Quelle voix étrange. On aurait dit... On aurait dit un homme. Une apparition n'est pas censée avec une voix sépulcrale ? Une haleine et un souffle d'airain ? Bon, une apparition n'est pas non plus censée se matérialiser dans une chambre drapé des rideaux de maison. D'appartement d'emprunt. Qu'importe. Le regard de Rachel encore dans les vapes s'éclaircissait comme elle cillait rapidement pour se débarrasser du flou qui obstruait sa vue d'ordinaire si parfaite. Il y avait quelque chose qui clochait. Cette silhouette, déjà. Elle clochait. Pourquoi ? Rachel fronça les sourcils et se frotta les yeux. Qu'est-ce qui n'allait pas avec cet être immatériel ? Il réfléchissait la lumière. N'aurait-elle pas du la traverser ? Non. Le souci, le réel souci avec cette chose...

-Le Lieutenant d’Élite ? Et moi dans toute cette histoire ?


    Une moue désapprobatrice naquit sur son visage aux traits fins. Il n'y en avait que pour les élites. Elle s'en moquait qu'il soit pas vêtu de noir. Certes c'était moins beau et ça faisait moins solennel. Mais qu'importe ! Elle voulait sa mission divine crénom d'un pied de tabouret de Skypie ! Elle bouda. Enfin, manière de parler. Elle se passa la main dans les cheveux. Elle se frotta les yeux pour se réveiller totalement. Quel heure était-il ? L'aube était-elle proche ? D'un mouvement d'épaule notre poupée de porcelaine rajusta sa chemise de nuit trop grande -devenue robe de nuit- et finit par bâiller. C'est une fois résignée qu'elle concéda alors à l'apparition le fait d'aller chercher mieux ailleurs. Mais elle avait déjà décidé qu'elle ne se changerait pas. Ça serait de meilleure condition d'être en habits de nuit, surprise alors qu'elle s'y attendait le moins. Comme Jeanne et Marc avec ses moutons... ou quelque chose comme ça.

-Très bien... Le Lieutenant d’Élite est au rez de chaussée pour intervenir plus rapidement en cas de... mais tu t'en fiches de ça. Après, tu remontes et tu me demandes solennellement de bouter les pirates hors du nouveau monde, c'est ça ?


    Les étoiles dans les yeux de la faucheuse avaient disparues. La candeur aussi. Elle se sentait réveillée, maintenant, et pour de vrai, elle sentait qu'il y avait anguille sous roche. Sentir... oui, c'était un assez bon mot. Un parfum qu'elle n'avait pas mis. Pas elle. Quelqu'un d'autre peut-être ? Elle regarda l'apparition d'un œil critique. Pourquoi diable aurait-elle besoin d'aller voir le lieutenant d’Élite ? Comme si une histoire de draps pouvait être vraie.
    La chose ne semblait pas atteinte par le débat interne de Rachel et se dirigeait presque gaiment vers la porte. Gaiment et à pas réels. À pas réels qui font du bruit sur le sol à chacune de ses enjambées.

-Attends. La porte est fermée...

    La voici soudain debout. De toute sa petite taille, toisant la « créature » dont elle distinguait maintenant clairement les chaussures et la forme des vêtements sous les rideaux. Car elle les avait reconnu. Et elle s'en voulait de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Au moins avait-elle appris une chose : au réveil, à la sortie d'un rêve, elle avait vraiment la tête dans l'...
    Debout, droite et fière, une main sur les hanches et sa robe de chambre ondulant sous une brise nocturne, son regard émeraude aux reflets de jade s'était posé sur ce qui devait être la tête de l'individu. Là où elle aurait dû pouvoir plonger son regard dans le sien. Elle n'avait sur elle ni couteau ni même sa faux, pendue derrière le « fantôme ». Ce dernier se trouvant pile sur la trajectoire vers l'arme gigantesque. Il lui restait toujours son coutelas sous son oreiller, mais plonger pour le récupérer -hum ! Pour le trouver- serait une perte de temps considérable. Elle avait choisi donc l'intimidation. Et pour ça, elle fit un pas en avant. Un pas lourd de représailles si la réponse à la question n'était pas concluante. Quelle question ?

-Qui est-tu et que diable fais-tu dans ma chambre ?

    Cette question.
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    Je n'aimais pas du tout ça… Et mon cœur non plus d'ailleurs. Pour le montrer, il battait plus vite qu'à l'accoutumé, comme pour signifier au corps que cette situation de l'enchantait guère. Surtout que la demoiselle commençait à se frotter les yeux, signe qu'elle se réveillait de plus en plus. Combien de temps ce déguisement tiendra-t-il ? Le metteur en scène ne m'avait pas indiqué la durée de sa comédie ! En plus de ça, le fait que j'ai mentionné le lieutenant d'élite ne sembla pas plaire à mon interlocutrice. Au contraire, elle afficha une moue désapprobatrice. Mauvais signe, très mauvais signe. En tout cas, on pouvait dire que c'était bien tentait. Bien que ce soit mauvais signe, très… Je me répète ? Mais c'est pour que vous comprenez bien l'intensité de la mouïse dans laquelle je venais de me fourrer…

    Ah, elle finit par me donner la localisation de ma cible. Bon signe, très bon signe. Elle pensait même réellement que j'allais revenir. Bon signe, très… Je me répète ? Mais c'est pour que vous comprenez bien l'intensité de la chance qui me suivait au quotidien ! Il me suffisait donc de me diriger vers la porte, de quitter la chambre et de… Ah, la porte était fermée ? Pas de soucie, il suffit de me dire où se trouve les clés… Non, ne te lève pas ! Ne t'approche pas ! Tu remarqueras que je ne suis pas ce que je suis ! Mauvais… Signe ? Tu connais déjà la pièce toi ? Mais laisse donc le suspense pour les autres !

    Revenons à ma situation. La demoiselle, si charmante soit-elle, comportait aussi une menace pour la réussite de mon opération. Et elle se trouvait là, devant moi, à quelques pas à peine. Le regard perçant, elle lança la question tant redoutée, le tout en avançant d'un pas comme pour montrer la gravité de la situation, comme si mon cœur ne balisait pas assez comme ça. Par contre, l'un des mots employé par la demoiselle me donna une idée, comme si cela avait déclenché l'utilisation de mes neurones.

    " Diable, c'est tout à fait ça ! "


    Bon, il allait peut-être falloir détailler un peu plus pour que la demoiselle puisse comprendre. D'ailleurs, ce rideau n'était plus nécessaire pour mon explication. Je l'ôtais donc, lentement, afin de montrer que je ne voulais rien faire de mal. Le tissu tombant au sol, mon visage fut enfin dévoilé, celui d'un pirate. Cependant, peut-être que je pouvais tout de même m'en sortir.

    " Tu es sans doute au courant que nous traversons une crise. Et bien, celle-ci frappa aussi l'enfer. Ainsi, le diable ne possédant plus suffisamment d'apparition sous ses ordres, décida d'utiliser les pauvres âmes errantes des pirates et criminels morts. Je le suis depuis peu, je n'ai donc pas eu le temps de passer l'épreuve d'initiation à l'art fantomatique. Le souci étant que, si l'un des concernés de nos missions porte une critique, le diable en personne nous sanctionnera. Ainsi, comme tu as critiqué ma tenue improvisée, je suis obligé de rejoindre mon collègue qui s'occupe du lieutenant d'élite et à qui j'ai prêté le kit de l'apparition ténébreuse. "

    Bon, j'avais réussi à pondre un truc liant la partie fantomatique à mon identité de pirate, c'était pas mal. De plus, cela pouvait paraître logique, du moins pour un superstitieux ou un fou. Mais comme c'était elle qui avait lancé le sujet sur les apparitions, peut-être que cela pouvait passer ? Me forçant d'afficher, un léger sourire, j'ajoutai :

    " Étrange ironie du sort. D'ancien pirate obligé de transmettre un message contre les siens, et promettant l'un de ses ennemis à un grand avenir. Mais je dois d'abord répondre à tes critères vestimentaires avant de te délivrer le message, sinon je passerai un mauvais séjour en enfer. Quoi que, il ne peut exister de bon séjour là-bas… Mais c'est pour le principe. "

    Faisant ensuite un quart de tour, je montrai la porte à la demoiselle, comme pour lui demander si elle voulait bien l'ouvrir afin que je puisse remplir ma mission en bonne et due forme. Du moins, j'espérais que cela passe. Faites que ça passe.
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-Ah mais ça change tout alors !

    Un sourire montant jusqu'aux oreilles éclaira son visage candide comme elle éclatait d'un rire communément appelé mignon. Son regard perdait sa violence et sa méfiance disparut en un éclair tandis qu'elle resserrait sa tresse, avenante dans ses gestes et son expression. Elle n'essaya même pas de replacer sa chemise de nuit qui glissa une nouvelle fois sur son épaule, la dévoilant inopinément. Elle s'approcha alors du pirate décédé pour prendre la clé dissimulée dans sa faux. Mais, la fameuse clef en main, elle s'immobilisa à ses côtés, rapprochant le visage du pirate à quelques centimètres seulement du sien. Son œil critique le détaillant sous toutes les coutures du rideau qu'il ne portait plus. Une phrase uniquement là pour le jeu de mot stupide. Même Rachel rit doucement à cette pensée. A sa propre bêtise. Notre poupée leva alors le bras au niveau du visage du mort, du fantôme, du messager du Diable, enfin qu'importe, et poka sa joue. Poka. Du verbe poker. Pour tâter sa chair et voir s'il était vivant. Vachement bien imité s'exclama-t-elle en appuyant sur le bout de son nez, son épaule et ayant dans l'idée de lui mettre le doigt dans l’œil pour rire. Pour ce dernier détail, l'arrivant ne se laissa pas faire. Pas si drôle que ça au final. Ah mais oui ! Il devait faire vite et retrouver son collègue. Pour une étrange raison qu'elle n'avait pas compris. Elle s'effaça pour lui ouvrir la porte.

-Bonne chance ! Je vous attends ! Ne traînez pas surtout !

    Une fois sorti, Rachel claqua la porte avec bonne humeur Et alla se laisser tomber sur son lit. Déjà impatiente que l'avatar qu'il était revienne lui porter ce fameux message. Un message qui changerait sa vie. Dans la chambre d'à côté, un marin de base râla envers Rachel pour le boucan qu'elle faisait et elle s'excusa gentiment à travers la cloison avant de se laisser tomber de tout son long sur son lit, le sourire aux lèvres. Il était temps que le destin vienne sonner à sa porte. Elle ferma les yeux. Et les rouvrit de suite. Pas moyen de fermer l’œil. Pas après ça. Ou comment redonner le sourire après une journée harassante de lassitude. Elle se leva d'un bond, ne pouvant tenir en place, et ramassa le rideau. Elle avait dans l'idée de le refixer à la fenêtre. Dans l'idée, parce que le fameux pirate mort l'avait un peu arraché. Tant pis. Elle le replia et le posa aux pieds de son son lit. Et son reflet dans la glace attira une nouvelle fois son regard. Cette fois, elle se sourit, toute joyeuse et pleine de vie.

    Mais elle en mettait du temps, cette apparition... elle s'était perdue ou quoi... ?



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    Elle s'approcha de la porte. Bon, de moi aussi. Mais c'était vers la porte qu'elle devait aller. Mon brillant géni venant de je ne sais où avait-il fait effet ? La clé de cette situation, de cette chambre, de cette porte était dissimulée dans la faux. Plutôt original. Par contre, sa main s'approchant d'autant de l'arme ne m'enchantait guère. Pourtant, elle ne la prit point. De plus, son épaule était de nouveau dévoilée, et je ne lisais plus aucune suspicion dans son regard. Etais-je tiré d'affaire ? Et cette épaule, cette peau à l'allure si douce, juste devant mes yeux, à bout de main, de doigt, … Ne pouvais-je pas la toucher comme elle me touchait ?

    Et mais, pourquoi elle me touchait d'abord ? Me casser la nuque discrètement ? J'avalais ma salive tout en me tenant sur mes gardes, espérant qu'il ne se passe rien. Ce n'était qu'après quelques secondes que je compris qu'elle ne cherchait qu'à étancher sa soif de curiosité, notamment le fait de toucher, palper une apparition. Ce genre de manque de respect me surprit légèrement, même provenant de la marine. Déjà qu'ils engageaient des folles, mais belles, voilà qu'elles n'avaient pas de limite à l'intimité non plus. En tout cas, je n'allais tout de même pas la laisser planter son doigt dans mon œil. En aucun cas je ne souhaitai devenir borgne, à moins que je puisse gouter à cette peau, cela fait si longtemps que je n'avais caressé une belle demoiselle, …

    Cette épaule était entrain de m'hypnotiser, je devais reprendre mes esprits ! Heureusement, la demoiselle ouvrit la porte, l'issue de secours me rappelant le but de ma présence en ces lieux. Immédiatement, je sortis de la chambre avant d'entendre la porte claquer derrière moi. Là, mes jambes me lâchèrent et mon postérieur percuta le sol. Un énorme soupir de soulagement s'échappa de ma bouche tandis que l'une de mes mains s'était posée machinalement sur mon torse alors que mon cœur ralentissait enfin. Je ne me souvenais déjà plus par quelle ruse j'étais parvenu à m'en sortir. C'était tellement irréaliste… Heureusement que j'étais tombé sur une marine superstitieuse et qui n'avait pas toute sa tête. Remarque, vu son degré de folie, il s'agissait de synonyme.

    Je me relevai, me souvenant de la localisation de ma cible. Au rez-de-chaussée. Très vite, je repérai l'escalier un peu plus loin dans le couloir, escalier que je descendis en faisant le moins de bruit possible, tout en prêtant l'oreille au moindre son. Une fois en bas, je tournai la tête de chaque côté. Personne, la voie est libre. Je me faufilai donc le long du couloir, jusqu'à remarquer une chambre où la lumière était allumée.

    " Affirmatif, nous avons trouvé une structure amateur dont la forme avoisinée celle d'une catapulte, l'installation étant tournée vers notre base. En plus de cela, l'un des soldats de garde dit avoir aperçu un objet voler dans notre direction l'espace de quelques secondes, objet dont la taille était à peu près celle d'un humain. Mais je doute que ce soit une réelle menace, vu les bricolages de débutant, il s'agirait probablement d'enfants cherchant une distraction. "


    " Enfant toi-même ! Tu sais combien c'est dur de fabriquer un machin pareil ? "

    Merci égo, merci virilité de l'homme qui sait tout faire, merci moi quoi. Pourquoi ne pouvais pas, juste une fois, garder ma bouche fermée ? Heureusement, j'étais encore dans le couloir sombre et eux dans une pièce un peu plus loin. Mais mon cœur reprit sa folle course d'antan.

    Main plaquée sur ma bouche, je me retournai. Dans la pièce, les deux hommes, le parleur et l'écouteur, se mirent à bouger, demandant qui avait parlé. La lumière s'alluma, dans le couloir, au moment où mon dernier pied s'engouffra dans l'escalier. Quatre à quatre, je montais les marches. Le nombre de battement, de mon cœur, par seconde. Je faillis en rater. Des marches, et des battements. Je ne réfléchissais plus, j'avançais. Il n'y avait que ça à faire, foncer.

    Derrière moi, les bruits se faisaient de plus en plus grands, comme si le nombre de poursuivant augmentait doucement. Je déboulais dans le couloir duquel j'étais parti. Instinctivement, mon corps reprit le chemin que je connaissais, et c'est ainsi que j'arrivais de nouveau dans la chambre de la demoiselle, fermant rapidement la porte derrière moi.

    La demoiselle était allongée sur le lit, mais ses yeux étaient encore ouverts, rivés sur moi qui ne portais toujours pas de rideau sombre. Que faire ? Que dire ?

    " Mon collègue avait déjà fini son travail, j'ai pris trop de temps. "


    Non mais tu pouvais trouver mieux faux cerveau d'apparition ! Dans le couloir, la lumière s'alluma. La luminosité se répondit lentement dans toute la base. Il y avait un intrus, il fallait le retrouver. Petit à petit, un brouhaha se formait derrière la porte face à mon dos. Il me fallait une idée, et vite !

    " Tant pis pour l'apparence, je vais te délivrer le message. Par contre, tu es la seule à devoir l'entendre, et comme tu vois, le son passe assez aisément les murs de ta chambre. Je ne peux donc te dire ce que tu souhaites entendre. Il va falloir trouver un endroit plus calme, plus discret. Par contre, les autres humains ne doivent pas me voir, c'est écrit dans mon contrat. Tu comprends, si tout le monde voyait une apparition, cela perdrait toute son originalité, sa magie, … "


    Crédible ? Pas crédible ? La goutte de sueur qui perlait sur mon front ne m'aidait pas vraiment. Mais de là où elle était, peut-être qu'elle ne voyait pas que mon corps était en état de stress. Peut-être mes talents innés d'acteur suffiront ? Par contre, comme dit, le son traversait facilement l'encadrement de la porte, et il s'agissait d'informations dans ma défaveur qui venaient chatouiller nos tympans. Je ne pouvais pas faire gober une histoire de fantôme à toute une base ! Bon, il fallait capter la concentration de la demoiselle sur autre chose que ce qui se déroulait derrière mon dos.

    " A moins que cela ne t'intéresse pas ? Ce messages, ces mots, cette quête qui te promettra à un grand avenir. Un nom plus connu que celui des amiraux, un rang supérieur à celui des Dragons Céleste, un pouvoir plus grand que celui du conseil du gouvernement. La pourfendeuse des océans, la chasseresse divine, la faucheuse de pirates, Dame la Mort, … La question est, veux-tu accéder à tout ça ? Pour cela, il me faut remplir convenablement les conditions exigées par le diable en personne. "
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    La porte s'ouvrit à la volée sur une silhouette aux airs affolés et à peine fébrile. Un homme sur lequel elle aurait bondi pour s'être introduit de nuit dans sa chambre si elle ne l'avait pas reconnu. Elle s'était rallongée, bras comme oreiller, pour atteindre la fameuse apparition. Enfin, le messager. Qui revêtait les traits du pirate qui venait d'entrer et de claquer la porte derrière lui. Comme s'il avait les diables aux trousses. Ou les marines. Peut-être que les marins signifiaient avoir le diable aux fesses dans quelques temps. Là d'où il venait. Il s'exprimait avoir une voix contrite, comme s'il redoutait la réaction de Rachel. Ou de la Mort s'il se faisait voir. Sortir dans la chambre constituait peut-être une mauvaise idée, au final. Trop tard. Il ne devait pas être vu. Il ne devait pas être entendu. Rachel avisa la porte, soudain préoccupée. Pas besoin d'être une lumière pour comprendre qu'il faut virer ces moustiques de devant la porte. Ouais, pas besoin d'être une lumière pour comprendre que ce type n'était pas ce qu'il prétendait être. Mais bigre, laissez-la rêver un peu, cette pauvre Lieutenante !

    Elle bondit de son lit et rajusta sa robe de chambre qui faisait des siennes, pour changer et saisit l'énergumène paralysé devant sa porte. Par le col. D'une torsion, il vola de l'autre côté de la pièce où il fut dissimulé derrière le lit.

-Pas Bouger !

    Et elle ouvrit la porte à la volée.

    Deux d'entre l'essaim s'écrasa sur le sol alors qu'ils essayaient de l'enfoncer, la porte. Droite dans son vêtement de nuit, visiblement pas très contente, elle les fusillait du regard. Tous les six. Ce serait pour plus tard les bisous de bonne nuit. Pas pour eux. Pas pour ce groupe qui pensait comme un. Un mouvement de groupe les prit face au regard de braise de Rachel et ils firent tous un pas en arrière. Sauf les deux au sol qui rampèrent à reculons. Certains bredouillèrent. Elle posa son regard sur eux. Ils se turent.

-On peut savoir pourquoi tant d'agitation si tard ?
-Il y a... *gloups* on parle d'un fantôme dans... dans la...
-Quelqu'un dans la base.
-Ouais, un fantôme.

    Rachel sourit imperceptiblement. Pas forcément un sourire très engageant.

-Très bien. Vous lui passerez le bonjour de ma part s'il se montre. Si vous y croyez, bien sûr.

    La porte claqua au nez de ces bêtes imbéciles.

    La serrure cliqueta. Notre faucheuse retira la clef et la mit dans sa faux. Ensuite seulement, après avoir frappé à sa propre porte pour faire fuir les derniers gêneurs, elle revint vers son lit et y monta à quatre pattes pour aller chercher le pirate trépassé dissimulé derrière. Avec un sourire amusé, elle déplia les rideaux, pliés en carré au pie de son lit, et l'en couvrit. Pour faire au moins « un peu solennel ».
    Elle se redressa puis décida finalement de s'allonger sur sa couche. Le menton dans ses mains, coudes dressés, elle battait des pieds en l'air avec impatience comme elle le regardait se relever. Allongée sur le ventre, elle allait enfin pouvoir prendre connaissance du fameux message. Alors qu'importe l'épaule et les bouts de chairs que son habit révélait ?

-Faucheuse de Pirates... ça me dit bien. Les conditions sont-elles remplies, messager ?
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    La demoiselle ne sembla pas très contente. Elle quitta son lit, s'approcha, s'approcha peut-être trop même, sa main se posa sur mon col. Allait-elle me menacer ? Je paraissais si peu crédible que ça ? Et pouf, je me mis à voler jusqu'à l'autre bout de la salle, atterrissant derrière le lit avec l'ordre de ne pas bouger. Ravalant ma salive, je n'eus d'autre choix que de bien me cacher lorsqu'elle ouvrit la porte. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était de prier pour qu'elle ne vende pas la mèche, la mèche qui tenait une lame au-dessus de ma tête.

    Ne pouvant me mouvoir, de peur de me faire remarquer, je n'avais que l'ouïe pour suivre ce qui se passait. Je ne pus donc qu'entendre les soldats parler d'un fantôme errant dans la base. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec cette histoire ici ? C'était halloween ou quoi ? Le plus étrange fut lorsqu'elle insinua le fait que ce soit idiot de croire à ce genre de chose, alors qu'elle-même y croyait dur comme fer, juste avant de refermer la porte.

    Honnêtement, je n'arrivais pas à discerner cette demoiselle. Était-elle vraiment crédule, ou bien jouait-elle avec moi ? Elle ferma la porte à clé, preuve qu'elle souhaitait rester seule avec moi, et elle revint sur le lit. S'approchant de moi, elle déposa le rideau que j'avais arraché sur mon corps. A défaut d'être noir, autant être blanc, c'était ça le message ?

    La demoiselle prit la position couchée de l'enfant impatient. Me relevant, j'eus droit à une belle vue, étant donné sa position. Disons que le décolleter n'était pas mal, bien que mes yeux auraient aimé en voir davantage. Qui sait, peut-être pourrais en voir plus par la suite ? En tout cas, elle demanda si les conditions étaient remplies pour délivrer le message. Le souci, c'était que donner le message qu'elle attendait signifierait ne plus avoir sa protection, son refuge. Ce qu'elle voulait, c'était ce message, c'était donc ce que je devais préserver jusqu'au bout. Il me fallait alors jouer sur ces dites conditions.

    " Les conditions ? Pour le rituel oui, mais pas encore pour le message. Vois-tu je ne suis pas réellement un messager, mais plutôt l'installateur du mode de réception. Le message provenant du diable, ces mots ne peuvent être dits que par sa bouche. Je dois donc créer le lien entre ici et sa voix… "

    Où j'allais chercher tout ça moi ? En tout cas, le fait que mon cœur batte si vite, qu'autant de sang passe par ma tête, pleins d'idées plus farfelues les unes que les autres me venaient. Bon, il fallait tout de même que cela reste crédible, mais la demoiselle semblait tellement naïve que je pouvais lui faire gober n'importe quoi. Allez, qui ne tente rien a rien.

    Me dirigeant vers la porte, je pris la faux de son support, avec précaution bien entendu, il ne fallait pas effrayer la demoiselle. Posant la pointe au sol, je commençais à tracer d'étranges figures, pour donner un minimum l'apparence de ce que ça devait être, bien que je n'aie aucune idée sur les croyances sataniques.

    D'abord un cercle, grand, faisant une bonne partie de la pièce. Puis des sortes d'ondulations tout autour, pour rendre le tout plus joli et masquer les imprécisions du cercle. Évidemment, les marques ne faisait pas plusieurs centimètres de profondeur, déjà que je ne devais pas faire trop de bruit. Heureusement que le sol n'était pas en béton armé. Enfin, je dessinais deux cercles à l'intérieur du premier, côte à côte, avec le mot IDIOT dessous.

    Une fois tout cela fini, je rangeai la faux à sa place initiale avant de me retourner vers la demoiselle, le rideau toujours sur moi. Bien que cet accoutrement me rendait ridicule à mon goût, j'allais donner les explications à la demoiselle, mélangeant toutes mes idées, ce sera à elle de se ridiculiser par la suite.

    " Et bien voilà, je viens de finir ma part du travail, ou plutôt presque. Mais maintenant c'est surtout à toi d'agir. Ce rituel se déroule en trois étapes. Tout d'abord, si tu es vraiment l'élue, tu dois montrer que tu n'as pas peur de ton supérieur, que tu es plus forte que lui, plus courageuse, plus audacieuse, plus digne. Pour cela, il te faudra poser un membre du corps de celui-ci, soit du lieutenant d'élite, dans le petit cercle en haut à droite, sachant que la tête est le plus efficace. Prend cela comme une sorte d'épreuve, une offrande au diable et en même temps une preuve de mérite. Ensuite, il lui faudra l'assurance que ce soit bien toi à qui il parle, car ses yeux n'apparaitront pas, il n'y aura que sa voix qui pénétrera dans la pièce. Pour cela, il y a l'autre petit cercle, dans lequel tu devras déposer les vêtements que tu portes actuellement, des habits encore imprégnés de ton odeur et de ta chaleur. Et pour finir, une fois dénudée devant Satan, il ne te restera plus qu'à te placer sur les initiales de 'Institution Des Idées Orientées du Tartare'. Il n'y a qu'ensuite que je pourrais lancer la connexion entre les deux mondes. "

    Voilà, trois étapes. Une pour satisfaire mon cerveau principal et son égo, sa soif de vengeance, son rang de pirate. Car réussir à s'infiltrer dans une base de la marine sans en tuer un seul, c'est comme participer à une course sans avoir parcouru un seul mètre. Enfin, la deuxième étape pour satisfaire le second cerveau de tout homme. Et pour finir, la troisième étape, car il ne faut pas oublier que la personne concernée est la demoiselle, j'étais obligé de la mettre à quelque part. Et quoi de mieux que la placer sur le mot idiot, afin qu'une fois tout cela fini, elle prenne conscience de ce qu'elle était. Mais peut-être que j'en demandais trop ? Fallait-il en rajouter une petite couche ?

    " A moins bien sûr que tu ne changes d'avis, et que tu n'apprécies plus cette appellation de Faucheuse de Pirates. Le choix t'appartient. Rester sous les ordres de quelqu'un, ou te hisser au sommet ? "
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-Sa voix ?

    Rachel se redressa en position assise sur le lit pendant que le pirate drapé de rideaux ne traçait au sol une espèce de cercle de transmutation. Non, Rachel n'y connaissait rien, mais elle voyait bien que c'était un cercle bien étrange. Mais qu'est-ce qui n'était pas étrange ce soir ? Lui l'était, la situation l'était, elle-même devait le paraître.
    Pourtant, elle le fixa sans comprendre avant d'obtempérer et de se lever, remontant sa chemise sur son épaule. Une énième fois. Elle alla saisir la pile de vêtement bien pliés à côté de son lit et les déposa dans le cercle, comme une jeune fille bien disciplinée qu'elle était. Mais elle n'alla pas plus loin et le fixa. Enfin, son regard se perdit sur le tissus blanc qui masquait le pirate apparemment décédé. Depuis quand La Faucheuse parlait-elle ? Et puis, depuis quand parlaient-ils du diable ? Elle avait été dans les vapes avant, pour ne pas remarquer qu'ils ne parlaient pas de la même entité ?

-Qui donc êtes-vous venus chercher ?

    Toc.

    Rachel n'eut pour seule réponse que ce léger bruit du côté de la fenêtre. Interloquée, tous deux tournèrent la tête vers l'ouverture béante sur les ténèbres de la nuit. Pour y découvrir un visage marin abasourdi. En y regardant de plus près, il fixait le couple étrange dans un cercle tout ce qu'il y a de plus satanique. Et il s'était coincé les doigts dans la fenêtre à guillotine.

-Un écureuil volant !?
"C'est un marine, ça crève les yeux !!! Accompagné d'une tarte sur l'arrière du crâne par le fantôme.

    Une tarte impulsive et violente qui le découvrit soudain, laissant voir son visage de pirate recherché au marine, les yeux grands ouverts. Qui hurla. Qui hurla en tombant soudainement de la fenêtre.
    Rachel eut un sursaut et fit volte-face vers le messager. « Il t'a vu ! ». Et « pas besoin de hurler je ne suis pas sourd ». Et dans les trente secondes plus tard, une dizaine de marins se heurtèrent à la porte scellée par le Lieutenant à la faux. A grand renforts de cris et de coups d'épaules, ils tentèrent d'enfoncer la porte qui cèderait dans trois. Deux. Un.

    Rachel saisit une nouvelle fois le messager par le col et lui fit traverser une nouvelle fois la chambre, le laissant déraper sur le sol jusque sous le lit défait qu'elle occupait une demi-heure auparavant. Dire qu'elle ne repartait que demain et que tout ça se passait juste ce soir...
    La porte céda et trois marins s'écroulèrent sur le sol de la chambre dans des échardes multiples tandis que d'autres envahissaient la pièce, séparant Rachel de sa faux. Et dans son dos, celui qui ne devait pas être vu. Disait-il.

-Dîtes... les gars... vous voudriez pas... SORTIR DE MA CHAMBRE ???

    Et la voici qui s'élance sans plus de semonces vers les dix têtes scrutant la pièce avec minutie, inspectant les traces sur le sol. Et de distribuer des baffes à tour de bras et de coups de pieds dans l'fondement de ceux qui sont pas d'accord.

    Hm. Elle était dans de beaux draps. Enfin, dans de beaux de rideaux...


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    Bon, il fallait dire que la suite des événements n'était pas vraiment ce qui était prévu. Comment ça, rien de tout cela n'était prévu ? Hé, c'est ce que tu croyais, mais un comédien de mon rang, dont la spécialité était l'improvisation, sait comment rebondir dans toute circonstance. Changer de rôle ne me dérangeait point, du moment que ce n'était pas celui du pirate pendu, tout me convenait. C'était d'ailleurs pour éviter cette corde que je me trouvais dans cet accoutrement ridicule à jouer les fantômes. Ah, si ma mère me voyait… Et mais, elle était déjà réduite à l'état de simple fantôme. Nous étions donc plus proches que jamais nous ne l'avions étais. Quelle joie de se sentir semblable à sa mère, bien que je dus rapidement effacer cette larme gênant mes capacités d'interprétation.

    D'ailleurs, c'était grâce à ces célèbres talents de comédien que je sus qu'il ne me fallait pas insister sur le dévêtissement de la demoiselle. Elle avait eu la chance, ou malchance suivant le point de vue mâle ou femelle du spectateur, de percuter l'idée de mettre d'autres vêtements que ceux qu'elle portait. Et comme tout le monde le sait, un fantôme pervers n'existe pas. Ils hantent (les rêves), ils harcèlent (sexuellement), il pénètre (votre chair), il traverse (vos habits), il transgresse les règles de la compréhension et de la logique en somme, mais en aucun cas ils ne sont attirés par la luxure. La preuve, aucune liaison n'est possible entre ce domaine et leurs caractéristiques.

    Mais bien qu'une idée fût abandonnée, le spectacle devait continuer. Sauf qu'il s'agissait du moment du coup de théâtre, l'événement imprévisible et sans doute quasiment impossible mais qui arrive tout de même, un deuxième idiot usant de ma catapulte. Si la surprise n'était pas présente, je lui aurais sans doute demandé son avis sur l'efficacité de mon chef-d'œuvre, mais voilà, j'étais surpris. Et je le fus bien plus encore de l'absurdité de la demoiselle. Je savais déjà qu'elle avait un grain, mais en plus de ça il lui manquait des neurones et des yeux ! Un écureuil volant ma parole, et pourquoi pas un second fantôme ? Non mais, on n'allait tout de même pas me voler mon rôle comme ça ! C'était moi le personnage principal de cette pièce, et on ne me fera pas baisser le rideau aussi facilement !

    Ainsi, par réflexe anti-idiotie, car oui, ça existe, je ne pouvais m'empêcher de frapper l'arrière du crâne de la demoiselle. Il y avait des limites à la bêtise tout de même. Déjà, une demoiselle superstitieuse jusqu'au bout des ongles, puis un marine ne voyant aucun souci à utiliser sur soi-même une catapulte dont il ne connaissait rien, et enfin la croyance des écureuils volants. La marine embauchait-elle dans un cirque ?

    Cirque ou non, le fait est qu'ils connaissaient leur travail, ainsi que leurs cibles. Sitôt le drap, et non le rideau, tombé, le marine se mit à hurler comme s'il m'avait reconnu, juste avant de quitter la scène d'une manière qui ne m'aurait même pas effleuré l'esprit. Tant de classe, tant de prestance dans ce départ, tant de "Aie", oui c'est ça, tant de douleur. Euh attend une minute, ça va pas ensemble, si ?

    Mais le temps n'était pas à la réflexion. L'on tentait de défoncer la porte. Et une nouvelle fois, la demoiselle se sentit obligée de se servir de moi comme d'un ballon de rugby, m'envoyant à l'autre bout de la chambre. Bien que cette fois-ci, je me sentais plutôt comme une serpillère, dérapant sur le sol tout en l'essuyant, avant d'arriver sous le lit au moment où la porte tombait au sol, tout comme quelques marines d'ailleurs.

    Evidemment, la demoiselle leur somma de quitter sa chambre, et évidemment, ils n'obéirent pas. En même temps, avec un tel dessin sur le planché de la pièce… Et mais tiens, peut-être qu'eux aussi croyaient aux fantômes et aux rituels ? Un peu comme une coutume locale ? Des bruits de coups se firent entendre, mais la demoiselle n'arriverait probablement à faire face contre tous les marines, elle ne serait qu'un bien piètre bouclier, je devais agir. Prenant mon rôle à cœur, et inspirant profondément, je pris la voix la plus sinistre possible.

    " Que faites-vous misérables mortels ? Comment osez-vous interrompre mon rituel ? Souhaitez-vous tant me rejoindre en enfer, au milieu des flammes et des squelettes ? Quittez cette pièce immédiatement, avant que ma colère ne s'abatte sur vous ! "

    Ah, je devais avouer que j'étais fier de moi. Après une telle réplique, n'importe quel théâtre voudra de moi, même le zénith de Marine Ford, même Chaque-Spire me dédiera des pièces ! A moi la célébrité ! A moi la vie de star !

    " La voix vient de sous le lit ! "

    Quoi ? Non ! La voix vient des enfers ! Non, ne vous approchez pas, vous n'avez pas le droit ! Vous n'avez pas lu le scripte ou quoi ? Vous êtes sensés repartir ! Bon, plus le choix, place à l'improvisation !

    Me relevant brutalement, le lit faillit basculer totalement contre le mur, mon poing partit en direction du curieux le plus proche, curieux qui fit un vol plané jusqu'à la façade opposée de la chambre avant de retomber lourdement sur le sol. Mon regard se tourna vers la demoiselle un peu plus loin.

    " Plus le choix, je vais devoir changer de mode opératoire. Apporte moi simplement l'oreille de ton supérieur, symbole d'écoute, et j'établirais le contact avec ta promesse de reconnaissance et de gloire. Retrouve-moi sitôt l'objet en ta possession ! "

    Message passé, et écouté de tous les marines qui regardèrent la demoiselle d'un air surpris. Le mot traitresse se lisant aisément sur leurs lèvres. Profitant de ce moment d'égarement, je courus vers la fenêtre avant de sauter tout en faisant un demi-tour. Mes mains s'agrippant au rebord de la fenêtre, mes pieds vinrent éclater celle juste en-dessous, ce qui me permit d'entrer dans cette dernière facilement.

    Encore une chambre, mais déserte cette fois. La base s'était sans doute réveillée à la recherche de l'intrus. Une aubaine pour moi, car leurs efforts se concentraient à l'étage au-dessus, pour le moment. Je me dépêchai donc de fouiller l'armoire, mais je ne vis aucun uniforme de la marine. Le soldat avait dû l'enfiler avant de rejoindre les autres, car il n'y avait plus que sa chemise de nuit sur le lit. Pas le choix, faut faire avec ce qu'on a. Et voilà que du rôle de fantôme, je prenais celui d'un marin. Si je n'étais pas un comédien hors pair…

    Injection hormonale, et mon apparence changea de tout au tout. Cheveux plus courts, de couleur marron, taille légèrement plus mince, plus petite, forme du visage différente, … Les préparations finies, il me fallait quitter ma loge pour regagner la scène. Quittant la chambre, je me retrouvais dans un couloir que je longeai en direction des escaliers avant de tomber sur trois marines en uniforme. A leurs regards interrogateurs, je répondis que je n'avais pas eu le temps de me changer. Ce à quoi l'un d'entre eux me répondit d'aller enfiler l'uniforme de suite, sous prétexte que ce n'était pas digne d'un soldat de vagabonder dans cette tenue. Contraint, je leur tournai le dos pour m'éloigner en direction de la chambre d'où je venais, mais l'un des marines me rejoignit, me disant que le lieutenant nous ordonna de ne pas rester seul. Ce qu'il était prévoyant ce lieutenant, si gentil…

    Alors que j'étais de nouveau dans la chambre, l'autre marine patientait devant la porte. Pas longtemps, bien évidemment. Il était la pièce manquant à l'achèvement de mon personnage. Ainsi, ouvrant vivement la porte, je sautais au cou du soldat surpris. Je n'eus pas de mal à l'envoyer en enfer et à mettre son corps dans la chambre avant d'enfiler son uniforme, ainsi que copier son apparence du mieux que je pouvais, au cas où le lieutenant connaissait tous les visages des soldats sous son aile, ne sait-on jamais.

    Rapidement, je rejoignis l'escalier et constatai qu'une majorité de soldat se rassemblait à l'étage du dessus. Je fis donc de même et montai les quelques marches avant de remarquer qu'ils regardaient tous en direction de la chambre de la demoiselle. Au vu de ses gallons et médailles, il y avait même le lieutenant d'élite sur les lieux. Et malgré les quelques mètres qui nous séparaient et la quantité de marines entre nous, j'entendais distinctement sa voix ferme et droite.

    " Que s'est-il passé ici ? Qu'est-ce que ce dessin sur le sol ? "

    L'un des soldats à ses côtés l'informa avoir clairement vu la demoiselle et le pirate Reyson D. Anstis négocier ensemble. Le regard interrogateur du lieutenant ne fixa plus que la demoiselle, mais il passa brièvement sur les soldats l'entourant en apprenant l'identité de l'intrus.

    " Faites attention, cet homme pourrait être n'importe qui ! Et il est sans doute dans les parages ! "

    Erf, mes talents étaient tels qu'ils connaissaient maintenant mes capacités et ma façon d'agir. Je devais être encore plus prudent que jamais. Que voulez-vous, la célébrité a un prix, il n'y avait pas que des avantages de jouer dans tous les théâtres du monde…
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Peut-être en avait-elle trop fait. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû frapper ces pauvres marins. Que ce n'était pas accepté dans ces terres inutiles de Tanuki ou que c'était une coutume locale de déranger les Lieutenants pendant leurs nuits de repos. Elle avait encore beaucoup à apprendre de ces mangeurs d'avoine... Vivre sur l'île de Tanuki leur avait peut-être déréglé quelques trucs dans leurs caboches de marins.

A moins que ce ne soit sur elle que l'atmosphère ennuyeuse de l'île avait déteinte ? Quoi, il était donc si peu ordinaire de se faire visiter en plein milieu de la nuit par un esprit d'un défunt pirate pour vous promettre à un destin hors du commun ? Pourquoi diable ne voulaient-ils pas comprendre qu'ils lui faisaient perdre la chance de sa vie ? Parce que ce n'est pas le cas lui souffla une petite voix dans sa tête. A moins que ce ne soit celle du Lieutenant d'Elite qui dirigeait la base et qu'elle avait parlé à voix haute. Peut-être. Ce n'était pas à exclure. Tout est possible.

Elle fut rapidement maintenue, en dépit de sa robe de chambre fuyante, par des gros bras aux multiples yeux au beurre noir et hématomes bleuissant. Là, Le Lieutenant d'élite proclama quelques ordres avant de s'approcher de Rachel, visiblement pour l'interroger.


-Dis-moi où est Reyson et ce que vous aviez prévu. Sinon, tu seras accusée de haute trahison !
-Qui ? Demanda-t-elle interloquée.
-Le pirate !!
-Bah il voulait que je lui donne votre tête pour me promettre un grand destin.
-Quoi ?!?
-Mais ne vous en faîtes pas, j'ai refusé. Faut pas pousser non plus.
-J'espère bien.
-Par contre il veut une de vos oreilles...
-Mais à quoi mes oreilles pourront bien lui servir ??
-Les voies des mort sont impénétrables...
-Les morts ??? Tu te moques de qui ?!? s'exclama-t-il hors de lui.
-Mais non, c'était son fantôme. Un émissaire de la Mort quoi. Et en le voyant vous avez tout cassé ! Ne vous en faîtes donc pas, je n'en veux plus à vos oreilles du coup. Dit-elle investie dans son discours.
-Je vois... (il soupira en se détournant) Emmenez-là à l'écart. Mettez là même aux arrêts une semaine. On verra ce qu'elle dira après ça. Vous ! Hurla-t-il au reste des curieux rassemblés dans le couloir. Assurez-vous qu'il e manque personne et qu'il n'y ait personne en trop. On ne dort pas tant qu'on ne l'a pas trouvé ! Ratissez-moi cette base. Je veux ce Reyson sur mon bureau avant l'aube. Exécution !

C'est ainsi que Rachel termina ses vacances sur ce bout de caillou que certains appellent dédaigneusement Tanuki. En tout cas, pour Rachel qui passa plus d'une semaine privée de fruits et de Black Crow, bien que parfaitement à l'aise dans une cellule sombre et humide, Tanuki resterait une mauvaise passe, un lieu où elle avait raté son rendez-vous avec le destin.

Reyson? Bonne question...

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    Question dont voici la réponse. Bien sûr, il était inutile de vous annoncer à quel point je trouvais la scène jubilatoire : un marine mettant un de ses consœurs aux arrêts. J’étais plutôt connu pour mes infiltrations et assassinat, jamais encore pour corruption ou quoi que ce soit de la sorte. A présent, je dévoilais une palette de comédien bien plus large au gouvernement. Chose à laquelle je ne pouvais m’empêcher de sourire. Mais il ne dura guère longtemps, malheureusement.

    Malheureusement, le dialogue entre le chef des lieux et la demoiselle tourna court. Et bien que la conclusion était agréable et plaisante et à entendre, le retour du mouvement me rappela la situation réelle. Je n’étais pas devant un écran entrain d’admirer un ennemi sanctionnant un autre, mais j’étais au beau milieu du nid. Nid dont les soldats se mettaient à bouger, selon les ordres du lieutenant, les fouilles commençaient. Par petits groupes, mais jamais en solitaire, les marines s’arrêtaient devant chaque pièce de la base à la recherche de l’intrus. Ironie du sort, j’étais moi-aussi entrain de chercher ma propre personne. Mais je n’osais pas dire au soldat qui m’accompagnait que je pouvais gagner cette chasse au trésor quand je le souhaitais, car oui, je suis un trésor, bien que ce soit la marine qui me poursuive et non des pirates. Mais je m’égare.

    Nous nous retrouvions à inspecter la chambre du lieutenant, qui était bien sûre clean. Mais ce fut à ce moment que me vint une idée, car il fallait bien faire quelque chose sinon ils finiraient par trouver l’aiguille de la motte de foin. D’ailleurs, on entendait une voix crier dans le couloir. Un homme à terre qu’il disait. Oups, je ne l’avais pas très bien caché, ce sosie à qui j’avais pris la tenue et l’apparence. Mais avant que mon coéquipier qui me tournait le dos ne sorte de la salle, intrigué par la nouvelle, il hérita d’un coup à la tête que je lui offris généreusement. N’était-ce pas un fabuleux don caritatif ?

    Fermant rapidement la porte de la chambre avant qu’on ne passe dans le couloir et qu’on voit ma nouvelle victime, les préparatifs de mon nouveau plan allaient commencer. D’abord, je fouillais le bureau du lieutenant. Paperasse en tout genre, une ou deux médailles, un escargophone, des menottes, … Je pris ces derniers avant de les passer à mon ancien accompagnateur. Ensuite, je tentais de copier son apparence, l’ancienne tombant à l’eau du fait de la découverte de l’originale. Enfin, je donnais à ma dernière cible les traits de Reyson D. Anstis, avant de l’installer tranquillement sur le bureau et d’attendre.

    Dans la base, l’agitation se faisait de plus en plus pressante. Les plus incrédules finirent par croire à l’intrusion dès lors qu’un soldat découvrit un corps inerte dans une chambre. Tout le monde se donnait donc à fond pour trouver ce criminel, et cela s’entendait aux bruits de pas dans les couloirs. Toutes les lumières étaient allumées, plus personne ne dormait, je venais d’apprendre à la marine ce qu’était une boite de nuit. Héhé, en plus d’être comédien je suis aussi comique…

    L’attente porta ses fruits, il ne fallut pas longtemps pour que le lieutenant entra dans sa chambre. Probablement pour alerter le gouvernement, les îles alentours ou qui que ce soit de ma présence ici. Peut-être attendait-il des renforts, ou cela faisait parti de la procédure, qu’il devait informer ses supérieurs quant à la situation actuelle. Je n’en savais rien, mais j’étais content de le voir arriver. Inutile de vous dire que son regard fixait le pirate menotté et inconscient sur son bureau.

    Vous le vouliez sur votre bureau avant l’aube, c’est bien ça ? "

    Le lieutenant d’élite se tourna lentement vers moi, et dès qu’il vit mon uniforme, son poing s’abattit dans ma direction. M’attendant à ce que mon plan fonctionne, je n’avais pas prévu cela. Ajouté au fait que je n’avais pas encore l’habitude de ce corps, je me pris le coup en plein nez où du sang ne tarda pas à apparaître. Il me l’avait brisé le chien !

    " Un simple soldat comme toi n’aurait aucune chance face à ce pirate, et ce n’est donc pas lui sur le bureau. Par conséquent… "

    J’ignorais si je devais me sentir honoré par sa reconnaissance de ma force, ou humilié face à l’échec de mon plan pourtant si brillant. Il dégaina son sabre, tout comme moi car les uniformes possèdent tous un fourreau autour de la taille. La technique du fourbe tranquille n’avait pas fonctionnée, il ne restait plus que le duel à la loyal. D’ailleurs, le son des armes s’entrechoquant se fit rapidement entendre dans la chambre. Evitant un coup en bondissant en arrière, je renversais un magnifique vase qui semblait tenir à cœur au lieutenant, cela se voyait à sa combattivité qui augmenta d’un coup. Il multiplia les frappes, changeant d’angle d’attaque à chaque tentative, avançant d’un pas assuré vers moi qui ne pouvais que parer ses coups et reculer. Finalement, je l’avais sous-estimé. Le titre d’élite avait bel et bien une signification.

    " Je vois que tu te défends bien, trop bien pour un simple soldat, j’avais donc vu juste ? "

    Bref moment de répit qu’offrit mon agresseur. Celui-ci semblait contrôler ses émotions à la perfection, car s’il était énervé de voir un criminel pénétrer si aisément dans sa chambre, ou si ses muscles commençaient à fatiguer suite à ces innombrables attaques, il ne dévoilait qu’un visage calme et impassible. Quant à moi, ma respiration se faisait plus lourde, mais je lui souris tout de même, fier d’être arrivé jusqu’ici, avant de planter mes doigts dans ma chaire et de me rendre mon apparence originel. De retour dans mon corps, le combat me sera plus aisé qu’avant. Et même si ce don pouvait impressionner le lieutenant qui assista en directe à ma métamorphose, il ne laissa rien paraître et reprit l’assaut.

    Nos lames s’usaient, tentant désespérément de trancher l’arme adverse tandis que nos bras et nos jambes enchainaient les attaques et les ripostes. Nos muscles étaient exploités au maximum dans l’espoir que cela se finisse rapidement pour se reposer ensuite. Mais la lutte semblait égale des deux côtés, et nous nous trouvions au milieu de la salle. Combattions-nous pour vivre, pour nos idéologies, pour survivre, ou par instinct ? Le fait est que nous luttions telles des bêtes sauvages, comme si c’était notre dernier combat. Et s’il n’y avait pas d’imprévu, j’ignore si je serais encore là pour vous narrer cette histoire.

    Mais le fait est qu’il y a eu un imprévu. Le bruit de notre combat réveilla le faux moi qui n’était qu’inconscient, mais pas mort. A l’évidence, je n’avais pas frappé assez fort. Ses paupières s’ouvrirent lentement, il sortait du brouillard et ne savait pas ce qui se passait, il vit simplement deux silhouettes entrain de se battre devant lui. Et lorsqu’il reconnut l’une de ces personnes, il ne put s’empêcher de dire :

    " Lieutenant…

    Grave erreur de sa part, bien qu’on ne pouvait en vouloir à un revenant, mais le chef tourna le regard un bref instant vers mon ancien appât, instant que j’utilisai pour réitérer une tentative qui porta ses fruits cette fois : l’oreille du lieutenant tomba dans ma main libre. Et alors que du sang tombait à terre et que, pour la première fois, je pus lire la douleur sur le visage de mon ennemi à la place de ce calme perturbant, je me jetais sur la porte pour quitter la pièce.

    " Aujourd’hui j’ai ton oreille, mais je reviendrai chercher le reste de ton corps plus tard ! "

    Etais-je trop lent ou s’était-il remis rapidement ? En tout cas, sa lame s’abattit sur mon épaule avant que je ne puisse sortir de la pièce en claquant la porte derrière moi. Mon épée tomba à terre dans un bruit sourd à cause du bras blessé qui le tenait, mais je n’y prêtais pas plus d’attention. Me baissant, je dopais rapidement mes jambes et je les pris à mon cou, traversant les couloirs en direction de la sortie. Grâce à ce don, le lieutenant ne pourra me rattraper. Mais il risquait d’envoyer des patrouilles à ma poursuite, et je n’étais pas vraiment en grande forme. Tandis que mon sang qui s’écoulait de mon nez et de mon épaule tâchait le sol que je foulais, je repris l’apparence du dernier soldat. Bien sûr, je croisais des marines dans les couloirs, mais je répondais à leurs regards interrogateurs avant qu’ils n’ouvrent la bouche par :

    " Le lieutenant a besoin d’aide ! Il combat le pirate dans sa chambre, il faut aller l’aider ! Vite ! "

    Mon état traduisait aisément la gravité de la situation, bien que cela ne soit qu’un tissu de mensonge. Quoi que cela était vrai quelques minutes plus tôt. En tout cas, les potentiels obstacles de ma route se dirigeaient donc vers le bureau de leur chef tandis que je continuais ma fuite, prétextant la recherche d’autres renforts. Au mieux, les explications se feront une fois là-bas, au pire ils croiseront des soldats envoyés par le lieutenant et leur dialogue me fera gagner un peu de temps.

    Ainsi je quittais cette base de la marine, continuant à courir en tournant dès qu’il y avait une rue afin d’avoir le plus de chance possible de m’échapper. Je parvins à rejoindre ma barque, non sans user d’hormones de vigueur pour tenir jusqu’au bout. Sitôt embarqué que je partais, choisissant un nouveau nuage comme guide. A l’aide de mes hormones, j’accélérais la régénération de la peau afin de stopper le saignement, même si cela ne guérissait en rien l’intérieur de mon corps. Mais au moins, je stabilisais quelque peu mon état, en attendant de trouver un docteur sur la prochaine île où les flots me mèneront , à l’aide d’une nouvelle apparence évidemment. Etais-je digne de mon arme, de Shusui à présent ? Je l’ignore, mais voici l’histoire du lieutenant qui n’entend plus que d’un seul côté et de la futur impératrice d’Impel Down qui a connu le mauvais côté des barreaux avant de connaître le bon. J’espère que cette histoire vous a plu, et si ces blessures n’auront pas raison de moi, j’en écrirais d’autres à l’avenir. Pour le moment, je vais dormir pour récupérer. Dans ma minuscule barque, au beau milieu de la nuit et bercé par les vagues, la marine avait peu de chance de me retrouver…
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