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Hole In My Soul.

J’attrape la poignée de la porte, je la baisse. Je passe l’entrée avec un sac à la main, l’air heureuse, me sentant bien. J’ai l’impression que rien au monde ne peut m’enlever cette risette que j’ai aux lèvres, ce petit air épanoui que les mères ont malgré la fatigue.
Alors, je suis là et je souris toujours, sans vraiment remarquer que quelque chose ne tourne pas rond.

Je suis partie le matin même avec le cœur léger en pensant que rien n’aurait bougé. Je suis partie dans l’optique de revenir pour retrouver une partie de mon existence, de la chérir et de l’aimer encore. En quittant la maison, j’avais dans l’idée d’être une femme exemplaire, prête à tout pour protéger son enfant des maux du monde, pour l’aimer quoiqu’il puisse nous arriver. En oubliant les bêtises du passé, bêtises qui, pourtant, m’avaient amenée le plus beau cadeau du monde, ce que je considérai comme un véritable trésor. J’étais prête à me poser et à assumer complètement mon rôle de mère, malgré mon jeune âge, malgré ce que les autres pouvaient en penser, malgré les on-dit.

Et j’ouvre les yeux pour constater.
Constater sans comprendre ce qui se passe.
Il y a quelque chose de changer, sans que je ne puisse immédiatement mettre le doigt dessus. Devant moi s’étend une pièce immensément vide, silencieuse. Un lieu mué ou la vie s’est éteinte en quelques secondes. Je regarde, je réfléchis. J’essaye, parce que je ne saisis pas l’ensemble du problème. J’avance doucement en lâchant le paquet que j’ai dans la main. Le salon est vidé de tous ses meubles, il n’y reste plus rien, si ce n’est le lustre que l’on a pas eu le temps de décrocher.
J’appelle. Lia ? J’appelle. James ! Encore une fois. Lia ?! Lia !
Je recommence encore une fois, pour être sûre. Parce que j’ai du mal à réaliser ce qui se passe. Et j’ai pas de réponse, pour sûr. Alors je parcours la distance qui me sépare de notre chambre. De notre ancienne chambre. Qui est dépouillée de tout le luxe qu’elle avait quelques heures avant. Même mes affaires se sont faites la malle. Je sors d’ici en trombe, je vais vers la chambre de ma fille. J’ouvre la porte à la volée, je regarde à l’intérieur en appelant toujours, parce qu’il ne me reste plus que ça à faire.

Mes boyaux se tordent, mon cœur éclate. Il n’y reste rien, ni meubles, ni traces de sa présence. De son existence. De quoi me rendre complètement dingue, en y songeant. De quoi faire me demander si elle avait vraiment vécu ici, si je n’avais pas tout imaginé. C’est irréel. C’est surréaliste, surtout. Je pige rien, j’aime vraiment pas ce qui m’arrive actuellement. Je crie toujours son nom, avec l’espoir d’une mauvaise blague, d’une farce. Il n’y a ni blague, ni farce. Ce n’est pas de l’humour comme je le souhaite, c’est une sorte de réalité qui n’a ni queue ni tête. Ils ont disparu. Juste disparu. Enlevés ? Partis ? Pourquoi ? Comment ? Qui donc ? Et bordel de merde, pas de réponses à mes questions !

Je ne sais pas quand est-ce que mon monde s’est arrêté de tourner. Ni pourquoi est-ce qu’on a décidé de l’en empêcher. J’ai du mal à voir le puzzle dans son ensemble, il me manque des pièces importantes pour en saisir le sens. Je crois que je commence à pleurer, je crois que je suis sincèrement en colère et blessée. J’ai l’idée d’aller voir mes voisins pour savoir s’ils ont vu quelque chose, s’ils peuvent me dire ce qui se trame dans cette putain de maison. Je deviens grossière, je craque. Alors je sors en trombe de la chambre de ma fille et vais pour filer chez les autres pour avoir des explications. Je m’approche de la porte à grands pas, et j’entends frapper derrière. On frappe encore plusieurs fois, et on m’appelle. Les coups sont secs et violents, plein de sérieux. Ça pue le coup de pute, mais j’ai l’espoir que ça soit pour m’aider. Je m’attends au pire en restant planter là, essayant de déterminer ce qui va me tomber encore sur le coin de la figure. J’essuie une larme en tentant de rester fière.
Puisqu’il ne me reste que ça…

« Michaela Hope ? Ouvrez, c’est la Marine ! »

La marine ? Oui, la marine ! Ils ont été avertis de mon malheur, ils sont au courant de la disparition de mon époux et de ma fille ! Ils sont venus me filer un coup de main, probablement. Ils ont des questions probablement, pour réduire les pistes, tout ça… Un espoir me tient. Un officier comme James ne disparait pas comme cela, c’est sûr. Ils le cherchent. Comme moi. C’est la seule explication logique à leur présence. Alors, plus ou moins rassuré de savoir que des hommes de la loi sont venus pour mener l’enquête, j’attrape à nouveau la poignée, je m’apprête à leur ouvrir. Et ils tapent encore, cette fois-ci, plus furieux :

« Ouvrez, ou nous défonçons la porte ! »

Pourquoi sont-ils aussi pressés ? J’ouvre. Je m’exécute. Il n’y a que ça à faire. Ils s’empressent de forcer leurs entrées, me bondissant à moitié dessus, les armes à la main, prêts à s’en servir pour je ne sais quelle raison. Je les regarde avec des yeux surpris, réellement désarçonnée. J’évite leurs assauts de justesse, je manque de me casser la gueule salement sur le parquet de ma maison. Je les fixe intensément en attendant des réponses. Ils tiennent leurs épées, les tendent vers moi en me menaçant de celle-ci :

« Nous sommes venus vous arrêter ! Ne résistez pas, pirate ! »

Pirate ? Je m’étouffe à moitié en entendant cela, cette histoire n’a pas de sens. Je n’ai jamais été pirate, je n’ai jamais été contre la loi. Et pour ma fille ? Que vont-ils faire ? Je tente de parler, l’un d’eux tire dans ma direction pour me faire taire et m’intimider. J’évite en me ruant sur le côté.
Je me relève, j’époussète mes vêtements.
S’ils tiennent tant que ça à mordre avant de comprendre, pas de soucis.


Dernière édition par Michaela Hope le Dim 31 Mar 2013 - 18:20, édité 1 fois
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Je les regarde avec beaucoup d’attention, j’analyse comme je peux. Ils me tiennent toujours en ligne de mire avec la ferme idée de me trouer si j’ose faire quoique ce soit. Je constate qu’ils sont quatre, seulement deux d’entre eux ont des armes pour tenir la distance. Des six coups. Les deux autres n’ont qu’une épée pour les soutenir. Et ils pensent probablement m’avoir comme ça. Les deux aux pistolets s’approchent, menottes en main et toujours décidé à me foutre sous les verrous. Je les regarde en fronçant les sourcils, j’essaye de temporiser la situation en essayant de discuter :

« Je ne comprends rien ! Qu’est-ce qui vous arrive, au juste ?!
- Fermez-la ! Rendez-vous, maintenant ! »

J’aime pas qu’on me manque de respect, mais il faut croire que ce n’est acquis pour personne. Quelques jours avant, j’étais « Mademoiselle Hope ». Aujourd’hui, je ne méritais que grossièretés et vacheries du même genre. Le monde à l’envers, en pire. Tout était bousculé, il n’y avait rien de sincèrement logique.

« Ou se trouve James ? Et Lia ?
- A l’abri, loin de vous ! Maintenant, les mains bien en évidence ! »

A l’abri ? Loin de moi ? Mais qu’est-ce que ça veut dire que ces conneries ? Ils se foutent de ma gueule, j’espère ? C’est ma fille qu’on vient de mettre loin de moi, parce qu’apparemment je suis trop dangereuse pour elle ? Non mais, ils se foutent vraiment de ma gueule, n’est-ce pas ?! Ils voient que je comprends pas du tout ce qu’ils me disent, ils veulent pas insister plus parce qu’ils ont un boulot à faire, et très rapidement. Ils ont un ordre, c’est de m’arrêter, quoi qu’il en coute. J’ai l’impression qu’on a monté un sacré bateau pour m’empêcher de m’en sortir, pour me foutre en taule aussi.

Alors quitte à ce que la logique n’existe plus, je peux pas rester là sans tenter de sauver ma peau.

Je mets les mains en avant pour leurs permettre de me passer les menottes. L’un d’eux armé d’un pistolet avance vers moi et me les enfile. Il semble content de voir que j’obtempère. Mais il se fourre le doigt dans l’œil. Je constate que c’est des grosses menottes, en granite marin, un truc qui doit m’empêcher d’agir si j’ai un de ces fameux fruits du démon. Avant qu’il n’ait le temps de boucler la deuxième, je lui envoie un coup de poing dans la tronche. Il bascule en arrière et tombe sur les fesses, vachement surpris de voir une femme se défendre. L’un de ceux à l’épée s’approche en courant vers moi, tentant une attaque verticale qui aurait pu me couper un bras. Je me glisse sur le côté, je bondis et m’accroche au lustre. Entre mes pieds, j’attrape sa tête et la tords brutalement. Un craquement sonore retentit dans la salle, ça fait écho, parce qu’il n’y a plus rien pour combler le vide.
Ça sonne sale.
Très sale.
Ça confirme que je vais pas faire dans la dentelle.
L’homme s’effondre.
Mort.

L’on tire. Un coup de feu atteint le bout qui tient le lustre. Celui-ci tombe. J’ai à peine le temps de le lâcher et de tourner encore sur le côté que l’on m’attaque de front. C’est l’autre à l’épée qui a bien l’intention de me faire payer la mort de son collège. La lame s’enfonce dans le parquet, le défonce complètement. Il tire dessus et l’enlève pour s’en reprendre à moi en un enchainement astucieux. Il me coupe au flanc sans que je puisse réagir.
Ça pique, j’ai sincèrement mal. Je me tiens la blessure pour éviter que ça ne saigne trop. Puis j’essaye d’oublier. L’adrénaline aide, et je continue à bouger. Je lui envoie un coup de pied dans le bide qui l’envoie contre le mur le plus proche. Il en lâche son épée, je l’attrape pour m’en servir. Je sais pas manier l’épée, mais je sais que ça peut faire très mal. Celui à qui j’ai foutu un coup de poing se relève, il me fonce dessus en m’attrapant par la taille, je réfléchis pas trop et enfonce la lame dans son dos. Et le transperce de part en part, tandis que l’on continue à tirer sur moi. Je me protège derrière le corps criblé de balle du marine, jusqu’à ce que ça sonne vide.

Et ça fini par sonner vide.

Alors je lâche mon bouclier improvisé et je fonce vers le plus proche. Agilement, je passe derrière lui et attrape son cou, le pressant dans mon coude fermement pour l’empêcher de respirer. Il commence à s’étouffer, lutte fermement pour garder la vie sauve, en comprenant très bien que j’ai pas l’intention de lâcher prise, que j’ai sincèrement envie de le voir mort. J’en oublie le reste, je suis dans une sorte de transe, dangereuse pour les autres, une lionne qui a très faim et qui n’hésite pas à foncer dans le tas pour satisfaire son petit creux.

J’y suis, j’en jubile presque.
Et puis, je sens une douleur vive derrière ma tête qui me fait lâcher ma proie. Il s’étouffe, se traine. Perd sa jolie couleur bleutée qui lui allait bien au teint, pourtant. Je titube presque, passe une main derrière mon crâne pour voir ce qui m’arrive. La douleur est aigue, très vive, elle m’irradie tout le dos tellement c’est fort. On m’a frappé. Je sens le chaud, sur mes doigts. Qui coule le long de ma paume, puis jusqu’à mon bras. Je ramène la main devant moi pour constater la présence de sang. Un enfoiré m’a ouvert le crâne. Ah, le fils de chien… Je tente de réfléchir, mais plus j’essaye, moins j’y arrive.
Je me relève, j’avance un peu, je titube beaucoup.
Et je me casse la gueule salement.

Trou noir. Plus rien. Et Ouille.
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J’ai des nausées. Sévère. Je me sens pas bien du tout. Pire que pour les premiers mois de grossesse. J’ouvre un œil pour voir ou je suis. De ce que je sens, je suis assise sur une chaise. J’essaye de bouger les poignées. Ils sont derrière mon dos, ligotés. Ils ont troqué les menottes en granite marin contre des plus simples, en acier. Surement parce qu’ils ont compris que je suis pas une si grosse menace pour eux, là-dessus en tout cas.
Je regarde. En face de moi, une table. Plus loin, une fenêtre teintée. Une autre chaise, des murs blancs. Je penche la tête, la douleur est toujours aussi vive et puissante. Ça me donne encore plus envie de vomir, mais je me retiens comme je peux. Ils ont pris le temps de bander mon flanc, pour pas que je me vide de mon sang devant eux, qu’ils aient quelque chose à se mettre sous la dent, je suppose. Un grincement, derrière moi. Comme une porte que l’on ouvre brutalement. J’ose pas tourner la tête parce que j’ai vraiment trop mal. Je lève les yeux et je vois une grille métallique qui cache une voix d’aération.

« Mademoiselle Hope ? »

Je fixe mon interlocuteur. Un vieil homme, l’air avenant et sympathique. Lieutenant Maho, qu’il se nomme. Je le connais. Il me connait. Il pose sur la table un petit dossier, très fin, avec mon nom en gros marqué dessus. Je ne sais pas ce que ça contient. J’ai pas envie de savoir. Probablement des grosses conneries, j’imagine.

« Savez-vous pourquoi vous vous trouvez là ? »

Je secoue la tête pour dire « non ». Il hausse les épaules avec un petit sourire mesquin.

« Allons… A d’autre, voulez-vous. »

Je ne comprends pas. Je préfère me taire, des fois qu’ils aient vraiment quelque chose à me reprocher. Que j’en rajoute pas une couche.

« Vous avoir n’a pas été facile, je l’avoue. James a mis du temps pour retenir tout ce dossier contre vous. Une femme d’officier, mère de surcroit, quand même… s’adonner à la piraterie. C’est d’un pathétique.
- Je ne comprends toujours pas, Lieutenant. Je ne travaille plus depuis un an, au moins. Je n’ai quasiment jamais bougé de là où nous vivons. Et je rentre ce matin, après les courses, pour y trouver ma maison vide. Si ça vous dérange pas de m’expliquer un peu, c’est quoi ce cirque ? »

Le lieutenant me fixe toujours avec un grand sourire. Je crois qu’il croit que je le prends pour un idiot. Mais je ne sais absolument pas ce qu’on me reproche.

« Nous avons un beau dossier, vous accusant de plusieurs faits : violence, agression, acte de pirateries en tout gens. Il semblerait que vous vous servez du cirque comme une couverture pour dissimuler vos actes. »

Bon dieu de bordel, c’était quoi ce… J’ai l’impression de me répéter dans mes pensées. J’écarquille les yeux. Me servir du cirque comme couverture de quoi ? Je ne sais pas de quoi on m’accuse, ni de quel acte en particulier ! Des conneries, j’en avais faite, mais pas des conneries illégales, ça c’est sûr. Je vois le genre du gars… Ah putain, j’étais tombée sur un sacré vicieux, qu’avait bien berné son monde. Depuis combien de temps il réfléchissait à comment se débarrasser de moi par la voix légale ?

« Vous tirez ça d’où ? D’un délire post-gros-joint qu’vous avez fumé derrière les buissons ? Vous êtes dingue. Vous l’avez dit vous-même, je suis mère d’une petite fille, et je n’ai jamais eu ce genre de déviance.
- Vous étiez « mère ». Le Lieutenant James est parti hier avec votre fille. Vous pouvez être sûr ne de jamais la revoir. Surtout parce que vous allez finir en prison, au moins pour le meurtre de deux officiers.
- Meurtre ? Attendez, à vous entendre, on dirait que c’était complètement prémédité. Je dirais plutôt légitime-défense. Et ce que vous faites, c’est pas légale du tout, moi c’que j’en dis. Vous êtes une bande de glands qui fabriquait un truc pour m’éloigner de ma fille... »

Il fit un signe de main. Puis reprit la parole :

« La piraterie est passible de la peine de mort. Rendez-vous compte.
- Non mais vous m’écoutez ? Votre dossier, c’est de la connerie !
- Nous avons des preuves tangibles.
- De la merde, oui !
- Restons polis.
- Que dal ! J’vais certainement pas vous regarder fabriquer une daube pareille pour me foutre en taule alors que ma fille s’est faite enlevé par l’autre castrat ! »

Il rit.

« Qui a fait ce dossier ? Trouvé ces preuves ?
- Votre conjoint.
- Ahun. Et dites-moi, lieutenant, vous vous fiez à un type qu’a pas les couilles pour me quitter de vive voix ?
- Il vous a jugé trop violente, capable de tout. Il a même fait votre profil psychologique, et celui-ci est du genre particulièrement convaincant. Violente, irritable, nerveuse, incapable de se contenir. Vulgaire, probablement capable de tuer. Vous l’avez prouvé il n’y a pas longtemps. »

J’éclate de rire. J’hallucine complètement. Je crois que j’ai les nerfs à vif aussi. Bon dieu de bordel, mon ex me catalogue pirate. Bon dieu d’bordel. Quand on est enceinte, c’est pas normal de vouloir botter le cul à celui qui nous a foutu un alien dans le bidon ? Non mais SERIEUSEMENT ?!

« Lui, si je le retrouve…
- Vous ferez quoi, Mademoiselle Hope ?
- … J’imagine que je lui arracherai les couilles avec les dents pour lui fourrer au fond de la gorge. »

Il me regarde avec le même air serein.

« Tout ce que je vois, moi, c’est que l’autre crétin a monté un bon gros bateau pour me faire arrêter et se tirer avec une blondasse. Putain.
- Un officier passera dans quelques temps pour vous amener dans votre cellule. Je vous apprécie toujours, mademoiselle Hope, je veillerai à ce que le jugement soit plutôt clément. »

Je lève les yeux au plafond. Nous n’avions quasiment jamais eu de relation, avec ce Maho. Je le considérai comme un vieux riche pas très net, mais James l’aimait bien. Je ne suis pas certaine que le gars m’apprécie, comme il le dit. J’ai plus l’impression qu’il suit un peu les traces de l’autre crétin. Qu’ils sont de mèche. Qu’ils font ensemble de trucs pas très clairs.
Je me dis que je dois réagir. L’homme se lève et passe à côté de moi. J’en fais autant. D’un mouvement souple, en sautant, je fais passer mes poignets par-dessous mes jambes pour avoir les mains en face. Il me regarde, étonné, pas certain de ce que j’étais en train de faire. J’attrape ma chaise, je prends de l’élan, je l’envoie contre le vieux. La chaise éclate, lui s’éclate contre le mur à côté de lui. Il s’évanouit. Je retourne la table et la pousse vers la porte avant que les marins n’approchent, pour bloquer l’entrée. Et puis, je prends l’autre chaise pour l’apporter vers le conduit que je vois.
Je regarde, j’enlève la grille d’un coup de poing. Je suis énervée. Derrière la porte, ça pousse sévère, ça tape fort. Je me hisse, je tire.

Et je passe dans le conduit pour me barrer.
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La base marine de notre île était pas bien grande. C’était un peu un truc pour les retraités du genre, ou il se passait pas grand-chose et c’était bien chouette quand on voulait rien foutre de ses journées. Alors, aujourd’hui qu’on venait d’arrêter la femme d’un lieutenant de la marine, ça devait jaser sec dans le coin. Enfin, tout ça pour dire que la base était pas immense, mais que y’avait masse de monde à l’intérieur, et que pour m’y échapper, j’allais devoir la jouer discrète.

C’est mal parti, je l’avoue. On y peut rien. Ça arrive de piquer une crise comme ça et de défoncer des vieux à coups de chaise. N’allez pas me dire que vous l’avez jamais fait… Enfin, bref. J’avance doucement dans les longs tuyaux. C’est étroit, mais je suis assez fine pour y aller. J’essaye de pas donner des coups dans les parois pour pas attirer l’attention selon ou je passe. Par instant, je m’arrête, parce que j’entends des bruits de pas, des cris. L’alerte est lancée, parce qu’une couillonne dans mon genre s’est faite la malle par les tuyaux d’aération.
J’ai connu plus confortable, comme endroit. J’ai connu mieux comme situation, aussi. Je sais pas trop quand est-ce que ça a complètement dégénéré. Probablement quand mon copain a cru bon de mentir à tout va pour me faire enfermer. Ou alors quand j’ai décidé de casser les gueules de ceux qui me barrer la route en pensant que ça serait vachement bien pour partir d’ici en paix. J’avoue, je sais pas moi-même ce qui m’a pris d’enlever la vie à deux mecs, de manquer d’en tuer un autre, de m’échapper tranquille d’une salle d’interrogatoire.

Je me sens pousser des ailes, voyez. Mais un truc mauvais. J’ai la rage, contre l’autre crétin. Je comprends pas comment on peut être aussi con. Je trouve ça injuste, je suis quand même la victime dans cette histoire et personne me croit. Alors, forcément, j’en viens à être obligé de tuer des gens comme ça là…
Bon, vu que l’alerte est lancée, faut que je me bouge quand même de me tirer d’ici, de quitter l’île. C’est pas que… Mais s’ils découvrent que je suis sortie du bâtiment, ils vont vouloir bloquer le port et empêcher tous les navires de partir avant de les avoir fouillé. Et si je peux pas me tirer d’ici, c’est pas du tout une bonne nouvelle. Je sais pas trop ou est-ce que je vais aller pour le coup, avec tout ce bordel. Je sais pas qui voudrait de moi chez lui, en fait.
Personne, probablement. Maintenant, je suis une véritable grognasse. Une pirate. RAH.

Je vois la sortie au bout, je me tords toujours et envois un violent coup. Je m’y glisse, m’accroche au bord et lâche prise pour atterrir sur un meuble contre le mur. En face de moi, je vois six gars qui me zieutent tranquille, pas affolés pour deux sous de voir une nana sortir de là. Puis, y’en a qui réagit enfin, genre « tiens donc, mais c’est bizarre quand même ! Tu serais pas celle qu’on cherche par hasard ? ». Non, non. Surprise mec, c’est ton anniversaire, j’suis celle qu’on a engagé pour sortir du gâteau… CONNARD.
En face de moi, maintenant qu’ils sont redescendus sur terre, j’ai six gorilles qui hurlent à la mort avec la volonté de m’arrêter encore. Les deux premiers se ruent sur moi avec le premier truc qu’ils ont sous la main. L’un d’eux me lance un dossier, l’autre m’attaque avec une règle en fer. J’évite le dossier, j’attrape la règle entre mes mains. Je tire dessus et colle une mornifle à celui qui la tient. L’autre m’attrape la jambe, je lui file l’autre dans les dents. Elles giclent. Toutes. Les dents. Et il tombe avec du sang plein la bouche.
Y’en a un qui essaye de filer tranquille pour aller chercher de l’aide. J’ai le réflexe de foncer, écrasant et prenant appui sur le lanceur de dossier pour me propulser vers le fuyard. Le Fuyard, je l’assomme sévère en imprimant sa tête contre le mur le plus proche. Il le traverse d’ailleurs et s’y coince. Il en reste trois en forme qui se disent que m’attaquer en même temps serait bien une chouette idée. Et moi je me dis que je suis toujours autant dans la merde avec ces conneries.

Alors, ils avancent. L’un d’entre eux tente de me coller une droite, je l’évite de justesse, mais un autre envoie son pied rencontrer mon genou. Je plis. Il tape contre le parquet. Ça lance grave. Mais tant pis, pas le temps. Je ferme la main et elle s’écrase contre les roustons du gars le plus proche. Le gars en question les tient pour vérifier qu’elles y sont toujours et se roule par terre en gémissant. Sous la surprise des deux autres, j’ai le temps de mettre un violent coup dans la rotule d’un autre. La rotule pète sous le coup, la jambe s’en va en arrière.

Pour le dernier, je sais pas quoi en faire. Alors, pour le fun et le spectacle, je le défenestre (non sans difficultés). En bas, on entend des cris d’une bonne femme qui passait par là. Je regarde, je remarque qu’on est au troisième étage et pour une Yamakasi comme moi, c’est du gâteau.
J’enjambe, je me tiens, je lâche, je saute, je me retiens à l’étage en dessous, et je recommence, jusqu’à poser le pied à terre. Je tombe devant la porte d’entrée, qui s’ouvre en grand pour laisser sortir une dizaine de gus. Mh, pour le coup, j’ai pas envie de me coltiner le régiment. Je commence à fatiguer. Alors je me dis que je vais plutôt utiliser mes dernières forces pour me tirer d’ici, très très très vite.

Je prends les jambes à mon cou et tourne les talons. On me poursuit parce que c’est le métier de ces messieurs. Je tourne, je retourne à une intersection, je m’enfonce dans une ruelle, j’escalade un mur, je passe par-dessus, je rentre dans une fenêtre, je traverse la maison, je passe de l’autre côté, je fonce sans m’arrêter ni sans regarder en arrière. Je m’essouffle, mais j’ai l’adrénaline qui me fait tenir.
Et je finis par me planquer dans une ruelle sombre, je saute dans une poubelle et j’y bouge plus.
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Le soir vient de tomber. Je sais toujours pas où aller pour me tirer de là. Je sais encore moins ce qui m’attend. Ça doit bien faire deux heures que je traine là-dedans et que les marins zonent dans le coin pour me retrouver. Ils m’ont pas suivi par tout, on est pas tous des furies, heureusement. Je m’étonne moi-même de l’exploit en question. Je me connaissais pas ce talent. Enfin, si… Mais pas pour péter la gueule aux gens comme ça. J’ai une motivation nouvelle je crois, un truc très fort qui me titille les entrailles et qui me donne vraiment envie d’être violente.
Je suis en colère, c’est un fait. Contre James, particulièrement. Contre le monde aussi, de pas me croire dans cette histoire, d’être assez con pour gober les insanités de ce pourri. Je me sens l’âme d’une guerrière, conquérante. Pirate, un peu. Mais pas trop, parce qu’il parait qu’être pirate, c’est mal.

Je sors la tête. Je vois personne. Alors, je me sors aussi de la poubelle et je regarde dans la ruelle adjacente. Plus personne pour l’heure, c’est désert. J’avance doucement, je vais en direction du port. Je sais pas où je vais aller, mais va falloir que j’y aille de toute façon. C’est con, je trouvais la vie plutôt pas mal dans le coin. Maintenant, plus question de rêver à une petite vie tranquille. Et Lia… Putain.
Rien que d’y penser, j’ai les nerfs, j’ai envie de péter la gueule à quelqu’un. Ça me rend dingue de m’être fait avoir comme une grosse nouillasse. Complètement. Je sais pas trop quoi penser de l’histoire, pour l’instant, je me sens vraiment bête. Sincèrement stupide d’avoir pu croire un instant qu’un mec comme James pourrait tenir en ma compagnie. Bordel, depuis combien de temps est-ce qu’il montait ça pour se débarrasser de moi ? Combien de temps… Tout ce temps où je regardai le monde naïvement, là, comme une clampine…
Je m’énerve encore. Ça m’énerve. Je pensais pas ça possible, je croyais pas qu’on puisse me pourrir la vie à ce point. Cet enfoiré avait tout pour lui maintenant, les lauriers, les beaux gestes, ma fille… La petite vie tranquille, alors qu’il venait de me fourrer dans le sac de ces pirates. J’étais pas ça, moi, à la base. J’étais une petite femme tranquille qui aspirait à la tranquillité, voyez…. Mais puisqu’il le souhaitait tant, on allait jouer à sa manière… Avec des coups de putes et des trucs dans le même genre.
Je me sens d’humeur à conquérir le monde et à lui casser la gueule.
Mais bien comme il faut.

Alors, je suis au port. Et je pense comme un pirate. Puisque c’est ce que je suis. Et je crois qu’une pirate, ça vole, ça demande pas gentiment pour emprunter les navires des gens. Alors, je passe entre deux rondes des marines qui regardent attentivement pour voir si je suis pas dans le coin. Je me jette dans un des voiliers des plus proches. J’entre dans la pièce pour voir s’il y a quelqu’un. Mais nan, y’a personne. Alors je ressors sur le pont, je détache la corde du port et je lève la voile.
En fait, je sais pas du tout manipuler ce genre de bateau. Logiquement, ça devrait m’éloigner du quai. En quelques minutes, j’ai gagné un mètre. Mais on m’a remarqué. Les marines foncent vers moi et tentent de sauter du quai jusqu’à mon navire de fortune. L’un d’eux se rate et tombe à la flotte. L’autre monte, titube. Je le pousse à l’eau comme son copain. Il tombe, refait surface, me regarde, cri à l’aide. Je lui balance un truc que j’ai sous la main, une bouteille d’alcool vide. Le truc s’éclate sur sa tête et le fait couler. Son pote vient l’aider à s’en sortir.
Je leurs fais un geste pas sympathique du tout, ils en profitent pour m’insulter. Et puis d’un coup, une grosse bourrasque se glisse sur la voile et la fait se gonfler. En quelques minutes, je me suis éloignée complètement du port et je me fonds dans la nuit noire. Je vois au loin que ça s’agite toujours sur le quai, pour sortir les deux loustics de la flotte, pour voir ou est-ce que je suis. On me voit plus, c’est déjà ça.

Y’avait plus qu’à se laisser porter quelque part, hein.
Y’avait plus qu’à.
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