Tain j’ai un pivert dans la tête, là…
Pas forcément l’truc à dire en face d’un lieutenant fouineur comme le bouledogue qui m’observe, palme à moitié tendue façon j’te salue packe t’es mon supérieur hiérarchique mais j’en ai rien à carrer d’tes grolles et tu déshonores l’uniforme. Déshonorer l’uniforme, déshonorer l’uniforme… Jvais t’le déshonorer, moi, ton uniforme, tu vas voir c’que c’est. Oh ! Non mais. Bordel. Gaarde àà vous ! Pas l’temps d’entamer les hostilités et d’expulser en m’cognant les neurones réfractaires à l’effort d’puis l’aube, bam, jme r’lève au sacro-saint appel à la discipline, comme monté sur ressort, et jsalue le coloneton qui s’est ramené en scrèd sans que j’l’entende.
L’méchant chien d’garde qu’était v’nu en éclatant la porte de mon bureau m’avertir de l’arrivée d’son maître adoré me jette un r’gard satisfait façon bisque, bisque, rage, puis décarre se branler sur la botte de l’hyper-galonné. Jconnais l’zigue d’aileurs. Frisottis, peau mate, yeux gris délavés comme une capote de soldat resté en sentinelle trop d’jours de plein soleil, jvois pas encore trop net mais c’est bien le colonel Taquin. Comme tous ces gens dont l’nom a été très bien choisi par l’histoire de leur famille, ça lui correspond pas trop mais en fait si. C’est pas un tendre, mais c’est pas un connard non plus. Un mec bien qui fait son boulot bien. Et qui parfois s’paie un rail d’humour. Genre là.
Encore la gueule de bois Commandant ? Vous êtes incorrigible.
Pas ma faute mon Colonel, y avait Clitis, l’lieutenant Wood vous savez, qui pendait sa…
Pas l’savoir. On les a repérés non loin de Baterilla et je venais vous dire que je pensais à vous et votre équipage pour aller appréhender Stockburn et ses six acolytes de malheur, mais finalement je pense que je vais choisir quelqu’un d’autre…
Quoi ?! Non mais déconnez pas. Mon Colonel. Sauf vot’ respect. Ca fait deux mois qu’on a rien eu à s’mettre sous la dent avec les gars, là… Faut qu’on bouge. Pis le Tambour va rouiller à force de rester à quai… Vous m’connaissez en plus, ’savez qu’jserai à la haut-
Pas l’savoir j’ai dit ! Puisque vous vous inquiétez de votre bateau et de votre équipage, j’en confierai la barre à… au commandant David Jaunes tiens, que vous tenez en haute estime, et
Cet enfoiré ?! Non mais z’êtes pas sér-
Commandant ! Il suffit ! J’ai dit, il en sera ainsi. Et en attendant, pour vous rappeler les responsabilités incombant à votre grade, vous irez m’accueillir le groupe de jeunes recrues qui doit arriver dans l’après-midi. Je compte sur vous pour les tester une dernière fois avant qu’ils n’aillent au front…
Humour mon cul…
Jdis rien. Taquin me r’garde le cul en bouche de poule, ou l’inverse, sûrement outré que j’aie pu oser insulter un collègue sous ses yeux. Jle comprends. J’sortirais pas d’cuvée, j’me serais probablement pas permis. Mais bon. Putain, penser que ce connard de Jaunes dirigera mon équipage et mon navire pour aller cueillir cet enchosé de Stockburn et récupérer sa prime, rah ! J’ai l’œil qui fume et la narine qui frémit, mais j’arrive à m’la fermer jusqu’à c’que sa sainteté d’colon s’soit taillée. C’est ça, barre-toi. Barre-toi et prie pour que ta douce soit moche, j’ai la vengeance mesquine.
Et accueillir des nouveaux… Nan mais j’ai une tête de père poule, moi ? Y en a sûrement qu’ont la fibre, mais c’pas moi, l’instruction. Ca s’saurait si j’étais bon ailleurs que dans un pageot ou sur un champ de bataille, bordel. Il est fou, lui… L’a fumé ptetre ? En douce, comme ça. C’est souvent ceux qu’on dirait pas qui s’adonnent à c’genre de trucs, paraît. Barf. Héhé. Il l’apprendra bien, tiens. R’marque. Quand j’en aurai perdu la moitié en route, ptet il s’dira qu’c’était pas le bon choix. Ca m’arrangera pas l’plan d’carrière mais ça lui f’ra les pieds. A taquin, taquin et demi…
J’arrive dans la cour d’honneur deux plombes après. Le régiment d’pimbêches me fait face, d’jà là depuis une, maintenu en place par un sergent-chef à gueule de clebs lui aussi. Ptain, c’est un chenil ce QG ou quoi ? Mh… Phase d’observation sans rien dire. Suis pas vieux moi, j’ai tout juste mes vingt-trois piges. Putain, jsuis commandant à vingt-trois piges ? Haha, c’te classe. Mais bref, eux sont carrément des mômes. Y en a, suis même pas sûr à les voir qu’z’ont les quinze ans d’base. Un r’gard en coin au bâtiment où crèche le Colonel, suis sûr qu’lui prend son pied à m’mater. Pis j’reporte mon attention sur les poucets. Okay les louloutes. Z’avez rien fait pour mériter ça, mais vous m’avez.
Okay, jcommence.
J’les vois s’resserrer les rangs, s’redresser la motiv. S’sentir enfin là où y doivent être. L’armée. Le QG, youpi. Qu’y pensent. J’les douche froid. Enjoué mais froid. La Marine, ça rigole pas, autant qu’ils le sachent vite.
Condoléances, mauvaise troupe ! J’suis l’Commandant Tahgel, mais ’pouvez m’appeler Commandant. Et c’est moi qui vais vous faire visiter les lieux. Des questions ? Tant pis, j’y répondrai pas. Mais par contre vous pouvez m’faire deux cents pompes pour montrer qu’vous êtes bien dignes de vous pointer chez moi. Ouais, là. Maintenant.
Pas comme ça qu’on fait d’hab ? Rien à foutre, comme ça que j’fais moi. T’assumeras, Taquin.
Allez ! Z’attendez quoi ?!
Pas forcément l’truc à dire en face d’un lieutenant fouineur comme le bouledogue qui m’observe, palme à moitié tendue façon j’te salue packe t’es mon supérieur hiérarchique mais j’en ai rien à carrer d’tes grolles et tu déshonores l’uniforme. Déshonorer l’uniforme, déshonorer l’uniforme… Jvais t’le déshonorer, moi, ton uniforme, tu vas voir c’que c’est. Oh ! Non mais. Bordel. Gaarde àà vous ! Pas l’temps d’entamer les hostilités et d’expulser en m’cognant les neurones réfractaires à l’effort d’puis l’aube, bam, jme r’lève au sacro-saint appel à la discipline, comme monté sur ressort, et jsalue le coloneton qui s’est ramené en scrèd sans que j’l’entende.
L’méchant chien d’garde qu’était v’nu en éclatant la porte de mon bureau m’avertir de l’arrivée d’son maître adoré me jette un r’gard satisfait façon bisque, bisque, rage, puis décarre se branler sur la botte de l’hyper-galonné. Jconnais l’zigue d’aileurs. Frisottis, peau mate, yeux gris délavés comme une capote de soldat resté en sentinelle trop d’jours de plein soleil, jvois pas encore trop net mais c’est bien le colonel Taquin. Comme tous ces gens dont l’nom a été très bien choisi par l’histoire de leur famille, ça lui correspond pas trop mais en fait si. C’est pas un tendre, mais c’est pas un connard non plus. Un mec bien qui fait son boulot bien. Et qui parfois s’paie un rail d’humour. Genre là.
Encore la gueule de bois Commandant ? Vous êtes incorrigible.
Pas ma faute mon Colonel, y avait Clitis, l’lieutenant Wood vous savez, qui pendait sa…
Pas l’savoir. On les a repérés non loin de Baterilla et je venais vous dire que je pensais à vous et votre équipage pour aller appréhender Stockburn et ses six acolytes de malheur, mais finalement je pense que je vais choisir quelqu’un d’autre…
Quoi ?! Non mais déconnez pas. Mon Colonel. Sauf vot’ respect. Ca fait deux mois qu’on a rien eu à s’mettre sous la dent avec les gars, là… Faut qu’on bouge. Pis le Tambour va rouiller à force de rester à quai… Vous m’connaissez en plus, ’savez qu’jserai à la haut-
Pas l’savoir j’ai dit ! Puisque vous vous inquiétez de votre bateau et de votre équipage, j’en confierai la barre à… au commandant David Jaunes tiens, que vous tenez en haute estime, et
Cet enfoiré ?! Non mais z’êtes pas sér-
Commandant ! Il suffit ! J’ai dit, il en sera ainsi. Et en attendant, pour vous rappeler les responsabilités incombant à votre grade, vous irez m’accueillir le groupe de jeunes recrues qui doit arriver dans l’après-midi. Je compte sur vous pour les tester une dernière fois avant qu’ils n’aillent au front…
Humour mon cul…
Jdis rien. Taquin me r’garde le cul en bouche de poule, ou l’inverse, sûrement outré que j’aie pu oser insulter un collègue sous ses yeux. Jle comprends. J’sortirais pas d’cuvée, j’me serais probablement pas permis. Mais bon. Putain, penser que ce connard de Jaunes dirigera mon équipage et mon navire pour aller cueillir cet enchosé de Stockburn et récupérer sa prime, rah ! J’ai l’œil qui fume et la narine qui frémit, mais j’arrive à m’la fermer jusqu’à c’que sa sainteté d’colon s’soit taillée. C’est ça, barre-toi. Barre-toi et prie pour que ta douce soit moche, j’ai la vengeance mesquine.
Et accueillir des nouveaux… Nan mais j’ai une tête de père poule, moi ? Y en a sûrement qu’ont la fibre, mais c’pas moi, l’instruction. Ca s’saurait si j’étais bon ailleurs que dans un pageot ou sur un champ de bataille, bordel. Il est fou, lui… L’a fumé ptetre ? En douce, comme ça. C’est souvent ceux qu’on dirait pas qui s’adonnent à c’genre de trucs, paraît. Barf. Héhé. Il l’apprendra bien, tiens. R’marque. Quand j’en aurai perdu la moitié en route, ptet il s’dira qu’c’était pas le bon choix. Ca m’arrangera pas l’plan d’carrière mais ça lui f’ra les pieds. A taquin, taquin et demi…
J’arrive dans la cour d’honneur deux plombes après. Le régiment d’pimbêches me fait face, d’jà là depuis une, maintenu en place par un sergent-chef à gueule de clebs lui aussi. Ptain, c’est un chenil ce QG ou quoi ? Mh… Phase d’observation sans rien dire. Suis pas vieux moi, j’ai tout juste mes vingt-trois piges. Putain, jsuis commandant à vingt-trois piges ? Haha, c’te classe. Mais bref, eux sont carrément des mômes. Y en a, suis même pas sûr à les voir qu’z’ont les quinze ans d’base. Un r’gard en coin au bâtiment où crèche le Colonel, suis sûr qu’lui prend son pied à m’mater. Pis j’reporte mon attention sur les poucets. Okay les louloutes. Z’avez rien fait pour mériter ça, mais vous m’avez.
Okay, jcommence.
J’les vois s’resserrer les rangs, s’redresser la motiv. S’sentir enfin là où y doivent être. L’armée. Le QG, youpi. Qu’y pensent. J’les douche froid. Enjoué mais froid. La Marine, ça rigole pas, autant qu’ils le sachent vite.
Condoléances, mauvaise troupe ! J’suis l’Commandant Tahgel, mais ’pouvez m’appeler Commandant. Et c’est moi qui vais vous faire visiter les lieux. Des questions ? Tant pis, j’y répondrai pas. Mais par contre vous pouvez m’faire deux cents pompes pour montrer qu’vous êtes bien dignes de vous pointer chez moi. Ouais, là. Maintenant.
Pas comme ça qu’on fait d’hab ? Rien à foutre, comme ça que j’fais moi. T’assumeras, Taquin.
Allez ! Z’attendez quoi ?!
Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 30 Juil 2012 - 23:33, édité 2 fois