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De Vieux Souvenirs [En Mer | 1616][Red]

    La barre était à tribord. Vent Debout. Ils viraient donc vent debout, donnant de la gîte vers le tribord visé comme le navire peinait à effectuer la manœuvre que la dizaine d'hommes à bord tâchaient de lui faire effectuer. Voiles ferlées pour ne pas donner trop de prise à cette bourrasque violente qui semblait vouloir les voir sombrer. C'était sans compter sur la volonté de l'équipage de dompter les noirs nuages qui s’amoncelaient à l'horizon. Et de chevaucher la tempête qui s'approchait par tribord. Oui, là où ils allaient, en effet. Coup du sort ou envies suicidaires ? Un regard à la ronde sur l'équipage pourrait nous apprendre que la moitié étaient des suicidaires au vu de leurs sourires de joie pure. Une vague un peu plus grosse que les autres se fracassa contre les sabords de décharge et submergea soudainement le navire, le redressant brusquement et mettant à terre plus de la moitié de l'équipage sous les rires et les quolibets de l'autre moitié. Un Marin hurla. Une écoute venait de lui claquer entre les doigts. « Comme sa pauv' vieille » se gaussa son voisin qui écopa d'un nouveau coquard dans la seconde suivante. Enfin, nouveau. Entendez par là qu'il avait pris un nouveau coup. Car ses yeux avaient adopté ces cernes bleues à plein temps. Comme camouflage, sûrement. L'évolution, certainement. L'instinct de survie, aussi. Face à sa femme. Pour quand elle le reverrait.

    Croc.

    Bien que le navire craquait de partout, ce n'était pas de lui que vint ce son. Mais bien de la pomme qui allait finir engloutie par la jeune fille, assise en tailleur sur le bastingage, le dos droit bien calé contre le Gaillard arrière. Et son œil vert embrassait toute la scène avec une fascination qui ne la quittait jamais lorsque les situations se faisaient plus palpitantes. Il fallait avouer qu'elle vivait au rythme de tous. Ils étaient tous les membres de sa famille. Le plus récent avait trois mois. Le plus ancien... eh bien c'était le capitaine. Et même si tous en avaient une autre qui les attendaient ou qui ne pensaient pas comme tel, tous la considéraient, elle, comme le trésor du navire. L'or de leur équipage. Gold Roger et son One Piece ? Rien à faire. Ils voulaient juste errer sur les mers bleues. Rachel leur suffisait. Rachel qui les observait à longueur de journée, qui les aidait aussi, souvent ; elle qui vivait avec le navire et au rythme de la mer. La piraterie, elle avait ça dans le sang, qu'ils disaient tous fièrement. Et il était vrai qu'elle avait à peine oscillé lorsque la vague avait fait front de sa puissance pour contrarier l'avancée du navire. De l'équipage. Elle, elle restait là, immobile, à observer les manœuvres. À apprendre surtout. Un trognon vola par dessus bord. Une vague l'avala. Pour toi Davy.

    Nouveau paquet de mer. Trois pirates qui ne s'y attendaient pas manquent de glisser à la mer. L'un deux, à qui déjà il manque un œil et une jambe, vient de perdre son chapeau. On l'entend grommeler par dessus les voiles qui faséyaient. Mais il remonte. Une fois de plus, on lui fit remarquer que sa langue, même si bien pendue, il ne l'avait pas perdue. Et que ce n'était pas forcément un cadeau. Un seau vola malgré le vent qui se renforçait. Il y eut de nouveau éclats de rires. Une poulie fit le trajet en sens inverse. Et une voix claqua. Elle tonna par dessus l'ambiance bon-enfant qui régnait sur le navire malgré les vents forts et les vagues hautes. Ce n'était peut-être pas un orage qui leur faisait peur, mais ce n'était pas une raison pour se laisser distraire par des âneries. Tout sourire, ils repartirent sans rechigner à leurs tâches. Chevauchons cet orage.
    Du haut de ses quatorze ans, Rachel fit voler ses boucles noires vers son père en posant sur lui ses grand yeux verts. La pluie commençait à goutter çà et là sur le navire. L'orage ne serait pas long. Pas même violent ou bien dangereux. Je les comprends, à vrai dire, à vouloir leur montrer les crocs luisant de leurs sourires, à ces nuages bas. La Mort n'est pas sur nous.

-Hein ?
-« Hum... Non, rien. ...Hum. »
-Tu ne devrais pas rester allongé, Papa ? Tu vas mieux ?
-« Hum. Tu me vois réellement installé toute la journée ...Hum... dans une pauvre bannette du carré ? Hum... Avec les quatre gus qui ne sont pas de quart ? Hum... Leurs parties de Poker sont insupportables. HahaHum ! »
-Tu restes avec moi, alors, papa ? Demanda-t-elle en sautant sur le pont, le visage éclairé par un sourire lumineux qui éclaira également la journée plutôt sombre du Second, visage livide et baigné de gouttelettes de sueurs. Qu'il faisait passer pour de la pluie.
-« Je pense que oui ...Hum... Ils n'ont pas l'air d'avoir besoin de moi en vigie, aujourd'hui. HahaHum ! »

    Il leur fallut trois heures pour franchir l'orage. Un petit orage. Un enfant gâté qui avait cru pouvoir renverser l'équipage de fiers pirates. Première étape une fois hors du nuage noir, remettre le fanion pirate à sa place. Puis, l'équipage entier se remit en branle, jouant des drisses et des écoutes pour embraquer les voiles. Prenez la cape ! Hurlait un homme sur les enfléchures. Sur la tillace, deux furent réquisitionner pour remettre à la mer l'eau embarquée par sabords et coupées. Sur le pont de la Dunette, le capitaine fixait fièrement l'horizon. Nulle île en vue, mais qu'importe, ils venaient d'en quitter une et ils n'en attendaient pas d'autres avant une semaine au bas mot. Et son second allait bien se remettre d'ici là.

    Le second en question avait repris sa place sur la hune de la vigie, Rachel sur ses genoux. C'était là qu'il lui racontait ses rêves d'aventures, de richesses et de libertés. Un rêve que tous sur ce navire partageaient. Un but commun qui les faisait avancer comme un seul homme. Uni face au destin et à la Dame.
    Et le reste de l'après-midi passa ainsi. Jusqu'au soir où Rachel dût se contenter d'un petit bol de riz et d'une pomme comme maigre diner. Assise sur une des caisses qui jonchaient le pont supérieur, elle fixait le foc et, au-delà, l'horizon qui s'assombrissait comme on allumait des lampes à huiles fixées sur les divers mâts du navire. Et ça parlait, et ça riait, et ça mangeait. Rachel sourit dans son petit coin d'ombre. C'était ça sa vie.


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    Coté cambuse, Red est assis sur un tonneau et regarde l’équipage qui bâfre. Avec la tempête du jour la plupart des hommes n’ont pas eu le temps de manger aujourd’hui. Alors ce soir il a cuisiné deux repas pour chacun. Et fait des efforts pour agrémenter l’ordinaire en liquidant les dernières volailles qui lui restent, il n’y en a pas assez pour distribuer des morceaux de viandes à tout le monde, mais le bouillon donne du gout aux riz. Et en cuistot qui connait bien la relation entre un estomac plein et une bonne humeur, il a aussi préparé des beignets frits en raclant les fonds de farines et les moins frais des fruits… Avec le tonnelet de rhum que le capitaine à ouvert, les hommes se croient à un festin de roi.
    Red reprend l’épluchage des patates pour le repas du lendemain tout en cherchant du regard la môme du second. Même si c’est une gamine de pirate, il l’aime bien la môme. Elle est vive, rusée, et plutôt marrante. Et puis elle ne voit jamais d’inconvénient à lui filer un coup de main en cuisine. Faut dire qu’il est surement celui qui a le plus de temps à bord à consacrer à une gamine curieuse de tout. Alors quand son père à du boulot il lui raconte des histoires de marins. Et ce soir il a une surprise pour elle.

    Red repère la gamine un peu à l’écart des marins qui commencent à chanter et lui fait signe de venir.

    -Alors princesse ? Tu ne bois toujours pas de rhum hein ? Bah, ton père finira bien par te laisser gouter, le rhum, c’est la boisson des vrais pirates. En attendant j’ai quelque chose pour toi.

    Red fait un clin d’œil de conspirateur et attrape un paquet enveloppé dans un torchon posé derrière lui. Il le déplie discrètement, ménageant ses effets..

    -Figure toi qu’en inspectant le fond de mes boites j’ai trouvé un peu de sucre. Pas assez pour tout le monde c’est sur, mais juste assez pour toi. Et comme tu n’as pas droit au rhum, ce n’est que justice non ?

    Et d’un geste triomphant d'illusionniste il exhibe le cadeau sur lequel il a passé la soirée. Un bonhomme en sucre d’orge. Une sucrerie plutôt banale pour n’importe quelle fille de bourgeois, mais un trésor rare et inestimable quand on vit sur un bateau pirate.

    -Alors ? Qu’est ce que t’en dis ? Et j’ai presque fini de réparer ta boite à musique…

      Dans son coin, seule et perdue dans ses pensées aussi calmes que l'était la mer d'huile, la petite pirate fut détournée du courant de son introspection par un cuistot qui lui fit discrètement signe de le rejoindre. Rachel le fixa une seconde, le temps de bien comprendre, mais le sourire mystérieux sur le visage du pirate est contagieux et c'est en souriant joyeusement qu'elle saute à bas de la caisse devenue fauteuil de luxe. Elle court jusqu'à lui dans une série de petits bonds, sa pomme à moitié mangée toujours dans sa main.

      Et les étoiles emplissent ses yeux comme il lui propose de remplacer le rhum auquel elle n'a pas droit. Elle est rayonnante lorsqu'il lui envoie un clin d’œil et que sa main attrape un petit cadeau. Un cadeau uniquement pour elle. Et notre Rachel ponctue chaque mouvement du cuistot d'une série de petits « C'est quoi c'est quoi c'est quoi » jusqu'à ce qu'il déballe enfin le torchon qui recouvre le précieux objet. Du sucre d'orge. Une magnifique sculpture dans du sucre. Un petit bonhomme, avec un tricorne et au visage fier -du moins ce qu'en voyait Rachel.

    -Il est trop beau ! Merciiiii ! Je pourrais jamais le manger ! Il est presque aussi beau que le corbeau que tu m'avais taillé dans du bois.

      Prenant le bonhomme des mains du pirate et père -au même titre que beaucoup sur le navire- elle sautilla sur place en riant et en admirant la sculpture sous toutes les coutures.

    -Ma boite à musique ? C'est vrai ? T'es un magicien, en fait. Tu sais tout et sais tout faire. T'es trop fort !

      Débordante de reconnaissance et de joie enfantine, elle dépose précieusement la sculpture sur la table aux pommes de terre et saute sur le cuistot-magicien, l'étreignant de ses petits bras. Au sol, la moitié de pomme roule encore. Quand l'avait-elle lâchée ?

    -Comment tu as appris tout ça, dis ? Ajouta-t-elle en levant vers lui des yeux pétillants d'étoiles.
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      Red repose la môme sur un de ses genoux et interrompt la découpe du repas du lendemain.

      -Mon père était horloger, et ma mère faisait les meilleures confiseries de la ville. J'ai encore un peu de mal à bouger mon pouce, mais ça s'améliore...

      Dans un geste qui commence à devenir familier Red masse les bourrelets de la cicatrice qui orne l'intérieur de sa paume, reste du coup de crochet qui a bien failli lui arracher le pouce. La derniére dédicace de Tahar...
      Depuis qu'il est sur le bateau il a du raconter une demi douzaine de fois à Louve l'histoire du redoutable chien sauvage géant qu'il a combattu presque jusqu'à la mort pour sauver un village... L'enjolivant à chaque fois...

      C'est tellement facile de mentir aux mômes. Tellement facile de se faire aimer. Et tellement pratique pour s'intégrer dans l'équipage. Entre ses cicatrices qui le classent pour les pirates dans la catégorie trop éclopé pour faire un combattant, ses talents pour des disciplines hautement viriles comme la cuisine ou la sculpture au couteau, et les histoires qu'il raconte pendant des heures à la môme du second, Red avait toutes les cartes en mains.
      Après tout, il a été formé pour ça... Et ce n'est jamais que l’application stricte des recommandations du Cipher Pol. Ne pas se placer en rival, approcher les éléments vulnérable du groupe, se rendre utile à tous, privilégier les postes influant sur le bien être de l'équipe, cuisinier, médecin...

      -Il ne me manque que les derniers mécanisme à installer et elle devrait marcher a nouveau. Mais j'ai les doigts un peu trop gros je crois, il faudra que tu m'aides...

      Red repose la môme au sol et indique de la main la cabine du second.

      -Je n'ai pas vu ton papa ce soir. Dans son état ce n'est pas vraiment recommandé de louper un repas. Je lui ai préparé un bol de soupe, tu lui amènes ? Je l'ai faite avec les légumes que tu m'as aidé à couper, c'est presque toi la cuisinière...

      Des légumes frais... Des légumes frais et une dose de ce produit que lui a fourni le médecin qui l'a briefé sur cette mission. Probablement du poison vu l'état du second depuis qu'il a le truc dans sa bouffe, probablement... Mais Red manque d'infos sur le sale boulot qu'il est en train d'effectuer. Et le peu qu'il en a déduit ne l'aide pas beaucoup... Le second de l'équipage est visiblement un ancien cobaye du gouvernement. Un cobaye sur lequel on n'a pas fini les expériences prévues. Et Red est chargé de s'en occuper et de le surveiller en attendant que la marine intervienne pour coffrer tout le monde er le récupérer.. Administrer des médocs et noter les réactions en attendant que quelque chose se produise. Pourquoi ne pas le capturer tel quel ? Quelles réactions attendre ? Autant de détails dont on n'a pas jugé bon d'informer l'agent...Putains de scientifiques...


      Lou emmène la dose du soir de son père, Red finit ses patates et range le tout. C'est bientôt l'heure du rapport...



    Dernière édition par Red le Jeu 26 Juil 2012 - 22:35, édité 1 fois
      -Tu m'apprendras à faire la cuisine pour de vrai ? Et pas juste à couper des légumes ? Pour que je puisse préparer toute seule le repas de papa, dis ? Et que je puisse aussi te faire un bon bol de riz comme tu m'en fais si souvent ? Dis ?

        Rachel recommençait à s'agiter, à regarder de près, de loin, à détailler les pots d'herbes et les quelques épices encore à bord. Elle fit deux fois le tour de la cuisine avant d'aller ramasser sa pomme qui traînait. Pas de gaspillage. Jamais. Enfin, pas trop. Elle souffla dessus, gonflant ses joues blanches et finit de la frotter avec son haut.

      -Papa a dit qu'il avait la gorge nouillée, je crois. Alors il ne voulait pas de bouillon. Et il est allé se coucher. (Elle s'arrêta et leva vers le cuisinier de bord un regard inquiet) Qu'est-ce qu'il a mon papa ? J'en ai entendu qui parlaient d'un « Score Brut », mais je sais pas ce que c'est. J'ai peur...

        Soudain, elle se précipita vers le plateau qui lui serait réservé et que le cuisinier lui avait gentiment demandé d'apporter au second de l'équipage. Ce qu'elle ferait avec plaisir. Elle aimait bien aller apporter le bol à son père et le regarder manger alors qu'elle restait assise au pied de son lit avec un fruit, pomme, banane ou poire.

      -Mais je vais lui apporter à manger pour qu'il aille mieux ! Et comme c'est toi qui dit qu'il doit manger, ça doit être vrai !
        Et comme un démon sort de sa boite, elle s'échappa de la cuisine, sans oublier d'emporter un fruit supplémentaire de la panière. Qu'il faudrait rapidement remplir au vu de son appétence pour les fruits.

        Dans la cabine du second, quelques petites minutes plus tard de trajet précautionneux à pas de loup, la jeune Louve frappe enfin à la porte des quartiers du second, d'où lui répond une voix fiévreuse. Elle entre, tous sourires et dépose le plateau sur le ventre de son père avant de sauter à ses pieds. Il sourit, évidemment. Il avait eu des jours bien pires que ceux-ci. Et pourtant, il ne montrait aucune inquiétude. Devant le regard de sa toute jeune fille, il se sentit obliger de faire un effort pour avaler quelques bouchées de légumes. Puis il but son verre d'eau plate avant de reposer le plateau encore plein à côté de lui. Louve se rapprocha.

      -Tu me racontes une histoire ? Avec des scientifiques fous et le gentil monsieur qui leur échappe ?

        Le second rit et lui conte la fameuse histoire, pour la trentième fois. Sans se douter qu'elle entend là l'histoire de son propre père. Elle est tellement extra-ordinaire, sûrement tournée avec de belles phrases, de grands faits inaccomplis et enjolivée d'histoires d'amours inassouvies. Rien de mieux pour la faire rêver.

        Hélas, une sérieuse quinte de toux coupe court la fable du second mal en point. Il est soudain secoué de la tête aux pieds. Spasmes. Visiblement douloureux. Et s'il sourit malgré tout à sa fille pour la rassurer, les gouttes de sueur maculent maintenant son visage, son cou et son torse contracté par les convulsions. Son mouchoir se tâche de rouge.
        Quand elle débarque sur le pont, le cœur au bord des lèvres et haletante, les lumières des lampes à huile brûlent déjà sur les mâts et contre les gaillards et ponts supérieurs. Quelques marins de quart, des pères dont elle a soudain oublié le nom. Le capitaine est enfermé dans sa salle des cartes. Elle est face à un pirate au visage noir. Dont elle ne se souvient plus des traits. Elle n'arrive pas à se décider à lui demander de l'aide.
        Elle s'engouffre alors dans le navire, à nouveau, laissant sur place la statue de l'homme sur le pont. Elle croise d'autres silhouettes. Elles n'ont pas plus de place dans les souvenirs de Louve.

        Elle débarque alors une nouvelle fois dans les cuisines. Lui, il savait tout faire. Il savait quoi faire. Il saurait aider son père. Il avait terminé sa corvée de patate lorsqu'elle entra comme un furie sans même frapper.

      -Mon papa va mourir ! Il faut que tu viennes l'aider !! S'il te plait.
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        D'un geste habile Red escamote instantanément le den den blanc qu'il tient dans sa paume et se tourne pour faire face à la môme en pleine crise de panique...
        Merde, ça chie dans le ventilo... Il le sentait venir ce probléme, et depuis un moment. Pas besoin d'avoir fait médecine ou option savant fou pour voir que depuis qu'il fait bouffer au second les pilules miracles qui sont censés le rendre docile et récupérable son état se dégrade de plus en plus. Et Red a suffisamment jouer les marins pour qu'on ne vienne pas lui causer de scorbut alors qu'il fourre du jus de citron dans toute la flotte du bord...

        Mais les consignes sont claires, comme on vient encore une fois de lui rappeler sèchement. Il n'est qu'un sale pion à qui on a fait l'insigne honneur de confier cette mission simple, alors il doit fermer sa gueule et s’exécuter comme un bon petit soldat de plomb. Et continuer à bourrer de drogues sans savoir pourquoi ce pauvre crétin de pirate...

        Mais en attendant la fin de ce bordel il a une couverture à tenir et une môme affolée sur les bras...

        -J'arrive !

        Alors Red se lève, attrape d'une main sa sacoche premier soin en mission et attrape Louve dans l'autre bras pour qu'elle se calme...

        -Du calme princesse, on est parti. Et t’inquiète pas. Ma grand mère connaissait toutes les herbes qui soignent et ma cuisine n'a jamais rendu personne malade...

        Retraversée du navire pour Louve et son porteur qui s'empressent de se coller au chevet du second. Pale, transpirant de sueur et les yeux révulsés celui ci respire encore mais semble tout à fait inconscient. Red étale ses maigres connaissances en médecine pour faire impression sur la gosse. Linge humide sur le front, prise du pouls et de la respiration, paroles rassurantes...

        Mais pendant qu'il joue le mec qui en connait un peu mais pas trop il inspecte attentivement le corps du malade, et ce qu'il voit ne lui plait pas du tout... Des tensions étranges, des mouvements qui ne devraient pas être la, une chaleur brulante qui irradie de partout et cette sensation désagréable qui emplit la cabine comme une menace latente de plus en plus présente... Le type a l'air au plus mal et s'il claque s'en est fini de sa mission...


        -Tu devrais sortir un petit peu prendre l'air d'accord ? Je vais m'occuper de lui mais je vais devoir lui faire un peu mal et il vaut mieux que tu ne vois pas ça... Promis, Je t'appelle dés que j'ai fini...

        Red pousse doucement Louve dehors et sort les instruments qui ne collent pas avec son boulot de cuistot. Enlevant le drap qui couvre le corps du second il tâtonne un petit peu à la recherche des principaux points d'acupuncture. Il y a bien deux trois trucs qu'il doit pouvoir faire pour améliorer son état, ou au moins le stabiliser...

        Putain, mais qu'est ce qu'ils lui ont donné ?

          La porte se referme doucement au nez de Louve. Doucement pour ne pas l'inquiéter. Avec quelques paroles rassurantes en prime. Mais elle se referme et c'est loin de la rassurer. Car de l'autre côté du battant, les gémissements ne s'arrêtent pas. Elle les entends, étouffés. Le cœur serré à chaque bruit et les yeux pleins de larmes qui ne voulaient pas couler. Ses doigts perdus dans ses cheveux, les emmêlant allègrement, elle renifle en silence, livide et tremblante. C'était elle qu'on aurait pu croire malade.

          Il était terrible de se rendre compte que le navire était silencieux. Étrangement. Surnaturellement. Tout bruit semblait suspendu, tout comme le temps. Tandis qu'au contraire, les sons étouffés dans la cabine lui parvenaient comme décuplés. Mais tout irait bien, pas vrai ? Son père n'était pas seul. Et il s'y connaissait. Rachel -ou plutôt Louve- avait confiance en le cuisinier. Il savait tout faire de toute façon. Elle s'essuya les yeux sans succès et renifla bruyamment. Inspirant profondément, elle ferma les yeux et oublia les bruits de l'autre côté. Pendant une minute, elle resta adossée contre le bois du navire. Et c'est finalement avec un regard déterminé qu'elle s'enfuit en direction du carré. Les rares lampes à huile sur son chemin ne sont plus que des lignes de lumière qui la suivent. Elle les ignore. Elle n'en avait pas besoin. Elle se serait repérée dans ce navire dans le noir complet, par tempête et en courant. Et pour prouver le tout, elle se retrouva en quelques secondes devant la porte où se préservait le médecin de bord. Porte à laquelle elle tambourina avec vigueur. Tant et si bien que le médecin ouvrit dans les trois secondes qui suivirent. Comme tout médecin de bord. C'était pas non plus comme si la méthode employée lui avait laissé le choix.

          Il ouvrit, l’œil hagard, comme levé d'un petit roupillon. Bien que la bouteille de rhum dans contredise cette version. Il portait la moustache longue et son débardeur aux couleurs sombres masquaient difficilement les muscles saillants de ses bras et de ses épaules. Détail étonnant chez ce médecin, il avait un œil qui disait merde à l'autre. Et sa voix de bûcheron était loin de laisser imaginer un médecin efficace et attentif.

        -Ouep ? Quel est l'malaise ?
        -Papa a mal ! Il est vraiment pas bien ! Y'a quelqu'un pour rester à côté de lui, mais il aura besoin d'aide.
        -Hein ?
        -Quoi ? C'est bien ta tâche à bord, non ?
        -Houlà, oui, mais tu vas vite, Louve. J'arrive tout de suite. J'prends juste mon attirail. Attends donc su'l'pont. Je viendrai t'chercher, va.

          Il rentre comme un ouragan et ressort aussi vite qu'il avait parlé, attirail dans une main, goulot de rhum dans l'autre. Avec un pas parfaitement adroit et assuré malgré tout.
          C'est Rachel qui referma la porte derrière lui comme il disparaissait dans les ténèbres de la nuit fraichement tombée. Et comme personne ne voulait visiblement d'elle, elle obéit et sortit sur le pont. Elle se sentait inutile. Elle se savait inutile. Mais qu'importe, deux de ses pères étaient sur l'affaire. Et ils auraient fini avant qu'elle n'ait eu le temps de s'endormir.

          Facile à dire. Elle n'aurait pas pu dormir de toute façon. Et assise, le dos droit contre le mât, elle attendit, les yeux fermés, en position fœtale. Bercée doucement par le clapotis des vagues contre la coque, le sifflement du vent dans les voiles et le très léger roulis du navire. Pendant combien de temps ? Elle n'aurait su le dire. Une heure ? Deux ? Peut-être même cinq minutes. Mais lorsqu'elle bondit, saisie par un vacarme soudain, elle était tout sauf endormie. Les lumières étaient toutes éteintes sauf celle qui éclairait faiblement le pont du haut du mât. Au pied duquel elle se trouvait. Tout autour, les ténèbres. Elle devinait les sabords du vaisseau, reconnaissait tout, sauf les éclats de voix qui lui parvenaient depuis les profondeurs du navire. Des sons qu'elle ne connaissait pas. Et qui pour le coup, étaient plus qu'inquiétants. Et puis, parmi les ombres, une silhouette apparaît enfin. Une ombre au milieu des ombres. Mue par l'angoisse, elle ouvrit la bouche avant même de pouvoir reconnaître l'homme qui arrive.

        -Papa ?
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          Dans la cabine Red est de plus en plus perplexe. Le type a une circulation de chi qui n'a rien de naturelle, et les aiguilles qu'il lui a planté n'ont pas du tout les effets habituels.
          En plus de ça le type commence à changer. Ses veines se dessinent partout, ses muscles changent de volume...

          A croire que le type maitrise ce retour à la vie dont parle les manuels de Rokushiki, le truc censé te permettre de contrôler ton corps à un point tel que tu peux le modifier à volonté suivant les besoins. La évidemment les effets ont l'air de correspondre mais il est visible que le mec ne contrôle rien du tout. Et que ça ne lui fait pas vraiment du bien.

          Un pas lourd retentit sur le pont, un pas que Red associe immédiatement au médecin du bord. Un gentil crétin dont la médecine principale reste l'alcool appliquée à haute dose, médication qui pour le citer, doit être appliquée aussi bien à l'intérieur qu'a l'extérieur du malade... Tout un programme.

          Red rafle rapidement toutes les traces de sa propre tentative de soin et fait disparaitre la derniére aiguilles dans les profondeurs de ses fringues quand le doc finit par pénétrer dans la cabine.

          Un rapide conciliabule plus tard et le cuistot à fait son rapport... Laissant le nouveau au chevet du malade Red sort de la cabine pour retourner rapidement à la sienne récupérer son Den Den et faire le point avec la hiérarchie. Bordel, qu'est ce qu'il est censé faire de ce merdier ?

          Une heure de tentatives d'appels infructueux plus tard l'agent Red est cette fois tout à fait persuadé que la hiérarchie lui a filé un seau de merde et une grenade et attend de voir comment il va s'en tirer. Putain de Cipher Pol...


          Un cri étranglé retentit sur le pont et sort Red de son marasme passager. Le genre de cri vite étouffé que pousse un mec au moment de rendre l’âme de façon à la fois moche et douloureuse... La situation peut encore empirer, Red saute sur ses armes...

            Sur le pont, le moindre bruit est devenu une cacophonie macabre. Le moindre son fait vibrer les tympans d'intonations effrayantes. Lourdes de menaces. Et les ténèbres ont pris le pouvoir. L'unique lampe à huile qui éclairait depuis le mât les planches d'un faible halo tremblotant, pâle translucide et pourtant si rassurant, avait disparue. Et ne permettait pas de faire le jour sur le tas obscur et informe qui frémissait, qui gémissait. Le plancher qui craque. Un son habituel qui ce soir fait sursauter et réveille des peurs paralysantes. Pourvu qu'ils ne viennent pas du mur où Louve était adossée, pétrifiée de terreur.. Le clapotis d'une mer calme contre le bois de la coque, apaisant d'ordinaire, alourdissait l'atmosphère et empoisonnait maintenant un esprit torturé. Le vent dans le gréement sifflotait des complaintes à lui en faire dresser les cheveux sur la nuque. Un vent fourbe et traitre qui se glissait sous ses vêtements. Et pourtant chaud, il la faisait frissonner des pieds et à la tête.

            Les yeux grands ouverts, des sillons sur les joues que les larmes ont creusées, les bras crispés autour de ses jambes, des spasmes et tremblements agitant son corps plus fragile que jamais, elle fixe sans plus le voir l'improbable masse qu'elle a vu se former. Petit à petit, elle l'a vu grandir et s'épaissir. Au fur et à mesure que son père y entassait des corps et des cadavres. Les corps et les cadavres de ses anciens camarades. Cueillis pour la plupart dans leur sommeil. Silencieusement pour les autres. Et selon les jeux de lumière des étoiles et de la lune, elle pouvait reconnaître une main qui se tendait vers elle dans une ultime supplique, souvent ponctué d'un râle. Et les larmes coulaient à flot comme jamais. Sans qu'elle n'arrive à faire le moindre mouvement pour endiguer cette source. Alors aider ses pères...

            Puis un nouveau cri. Un cri vite étouffé qui met fin à une pseudo lutte dont les coups ont résonné pendant un poignée de secondes. Dans la mâture, l'unique pendu oscille de plus belle comme pour accentuer le désespoir qui abat son manteau de plomb sur les épaules de Louve. Impuissante.
            Elle avait été impuissante lorsque son père, bien plus grand que d'ordinaire avait saisi la lampe à huile au-dessus de sa tête et qu'il avait commencé par pendre Le Hibou, dans la mâture, surnommé ainsi car il ne dormait presque jamais. Et son père susurrait des paroles d'une voix caverneuse qu'il adressait à Louve, immobile sous son mât, alors qu'il tuait le premier homme du navire.
            Elle avait été impuissante lorsqu'il avait commencé à faucher les âmes sur son propre navire. Josh, sans œil et à la jambe de bois. Il fut le premier à s'échouer aux pieds de Louve, gorge tranchée. Qui marqua la robe de la jeune fille pour toujours. Naru, dont la mère était morte dans ses bras. Il mourut dans ceux de Louve. Le crâne fracassé. Les derniers mots d'Himiko, la seule femme de bord, furent d'épouvantables paroles. Katashin, aux yeux cernés de bleus persistants ne fit pas exception à la règle.
            Elle avait été impuissante alors que résonnait le rire fou de son père entre les planches du navire et dans sa propre tête. Ce qui la força à trouver refuge contre le bastingage. D'où elle ne bougea plus, malgré les allées et venues d'un homme qu'elle ne reconnaissait plus. Et elle avait beau se boucher les oreilles avec toute sa volonté, les râles continuaient d'accompagner les folles paroles de son père.

            Et elle avait été impuissante à se réveiller de ce cauchemar.

            Alors quand une fois de plus, les ombres se murent à l'approche de la lampe à huile du paternel, quand une fois de plus il jeta sur le tas de cadavres le corps du capitaine du navire, elle embrassa d'un regard empli d'horreur la scène sépulcrale. Devant elle, il tenait la lampe à hauteur du visage. Un visage raviné par des douleurs physiques qu'il semblait ignorer. Un visage baigné de sueur, aux yeux rouges et à la peau fendue. Comme du bois brûlé. Derrière lui, en plus du tas de ses victimes, une gigantesque volute d'ombre tourbillonnait sur elle même en une gigantesque ombre d'araignée à peine visible. Qu'elle prit comme une illusion.
            Lui, inconscient de tout. De ce qu'il lui arrivait, de ce qu'elle ressentait, avait le regard braqué sur sa fille et se pencha lentement vers elle, lampe en avant. Dans l'autre main, un couteau rougi attirait la lumière et les yeux verts de Louve. Terrifiée.

          -Maintenant... Oui. Oui ! Maintenant... Nous allons pouvoir. Maintenant... Que je suis capitaine... Oui, maintenant, nous allons pouvoir y aller. Y aller ! Tous les deux ! Maintenant ! Aller le chercher. Y aller, maintenant, chercher le One Piece.

            Comme il tendit la main pour attraper sa fille, elle suffoqua d'un crise de panique et elle s'évanouit.

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            Aussi imperceptible qu'une bouffée de chaleur sur une plage naturiste, Red se glisse façon ninja sur le pont qu'une poignée de minutes on suffit à faire basculer dans le carnage le plus total.
            Pour l’œil exercé de l'agent, les traces du combat sont bien la, mais pas les corps. Du sang et d'autres débris crâniens sur le mat, la ou on probablement écrasé un crane façon fruit mur. Du sang sur la gaffe qui a visiblement traversé quelqu'un de part en part. Du sang sur la cloison du gaillard d'avant, la ou un type à du se faire salement sectionner avant de refaire la déco au gros rouge qui tache. Des traces de sang sur le sol. Celles que laisserait un type trainant deux corps percés de partout, ou un seul corps en deux morceaux. Des débris d'ongles et des traces devant la porte, vestige d'une vaine résistance d'un type qui ne voulait pas se faire découper à l'intérieur...

            Du sang partout, et pas de corps...

            Couteau en avant Red se glisse avec milles précautions dans le gaillard d'avant, pesant chacun de ses pas pour ne pas glisser ou faire de bruit, tous ses sens aux aguets, guettant l'attaque qu'il ressent imminente. Mais rien... Et puis il entend la voix. La voix dans la cabine du bosco. Une voix rauque, malade, dont les accents pressants et menaçant ne sont pas du meilleur augure pour la personne qui dialogue avec le tueur.

            Pas à pas l'agent se glisse jusqu'à la cabine, jusqu’à pouvoir embrasser la scéne qui s'y joue. Le bosco est la, ou ce qu'il en reste... Mais ça n'a plus rien d'humain. Ou plutôt plus grand chose. Même dans les bouquins sur le retour à la vie Red n'a jamais vu une horreur pareille...

            La môme et la béte:

            Gros plan sur le pére:

            Mais ça parle encore, tenant des propos incohérents tout en secouant une gamine qui a l'air aussi molle qu'une poupée de chiffons. Tenant Louvre par un bras la bête tente sans succès de la sortir de l’inconscience en lui caressant le crane de ses griffes tout en continuant à déblatérer sur son avenir et sur le nouveau monde. Et ne bronche pas quand Red se glisse dans son dos comme une ombre et choisit avec soin le meilleur endroit pour frapper.

            Manié avec l'expertise de l'assassin chevronné, la lame de Red s'enfonce sans à-coup entre les cotes du monstre, empruntant le chemin de moindre résistance droit vers les organes les plus vitaux, poumons, cœurs, ceux dont même un monstre a besoin pour survivre...
            Mais la réaction du monstre est si fulgurante qu'elle surprend même l'agent. La chose pivote d'un seul coup et décoche un revers à l'agent qui l'envoie voler à travers la cloison en abandonnant sa lame dans le flanc de l'ennemi.

            Et la bête de se ruer immédiatement sur l'agent pour lui ouvrir la poitrine à coups de griffes. Red n'a que le temps de sauter sur ses pieds et de se jeter en arrière pour éviter de façon très moyenne le coup de griffe qui lui lacère la poitrine. Pour éviter l'allonge et les réflexes du monstre Red se jette en avant, plongeant dans la garde de la créature et la percutant sans la faire broncher plus que ça. Puis profitant de sa gène pour saisir sa seconde lame à deux mains pour lui enfoncer dans la gorge. Droit jusqu'au cerveau. Et malgré ça il faut que Red encaisse encore plusieurs coups et remue plusieurs fois sa lame dans le crane du monstre pour qu'il finisse par s'arrêter de bouger et s'effondre.

            Red se remet rapidement et récupère la môme sur le tas de cadavres. Inutile de vérifier la santé des autres, personne ne peut survivre en étant découpé comme ça. Quand au comptage global, un coup d’œil aux têtes suffit à Red pour être sur qu'il n'y a plus que deux personnes vivantes à bord. L'affaire se termine comme d'habitude, et faute de survivants il est temps de passer au rapport.


            -...
            -Comment ça tout le monde est mort ? Et le sujet ?
            -Ben c'était moi ou lui...
            -Vous auriez pu le capturer, faire un effort. Vous êtes un agent du Cipher Pol ! Et la fille ?
            - Sa fille est morte aussi, il l'a buté lui même...Quand à la capturer, vous avez pas vu sa tête, j'aurais aimé vous y voir tiens...
            -Sa tête ? Il a changé ?
            -Ah ouais, carrément, c'est devenu un putain de monstre !
            -Bon, alors il nous faut le corps, et celui de sa fille aussi. Je vous envoie le bateau de soutien. Vérifiez que tout le monde est bien mort puis coulez moi ce bateau.
            -Aye aye Sir ! Je m'en occupes.


            Et Red se retrouve sur un bateau désert à détruire avec une môme toujours dans le coltard...D'ailleurs en parlant de môme... L'agent sort un nouveau couteau de nul part et hésite. Endormie comme elle est ce serait rapide et sans douleur. Toujours mieux que reprendre la place du père comme rat de laboratoire. Mais liquider Louve?
            Red reste un long moment tout seul dans le noir à regarder la gosse toujours dans les vapes sur le pont. Puis il range le couteau. Le bateau de soutien arrive et il y a beaucoup à faire.

            Un voyage à la sainte barbe transforme le bateau en jolie bombe flottante auquel ne manque qu'une étincelle pour partir en fumée. Un voyage à la cambuse permet à Red de constituer une jolie réserve de flotte et de provision. De quoi tenir deux semaines pour un type normal, le double pour une môme. Un cas extrême, d’après les prévisions de Red les courants locaux devraient suffire à drosser une barque sur la cote la plus proche en quelques jours à peine. Red descend la barque, puis y descend la môme qui commence à sortir des limbes, il faut faire vite...

            Au loin le bruit lent et saccadé d'un bateau à vapeur se rapproche. Red tranche la corde qui lie la barque et le navire et reste un instant à regarder la môme qui commence à bouger en s'éloignant.

            Bonne chance Louve...

            Puis l'agent se secoue, le moment émotion est passé, il ne reste qu'a trainer le corps sur le pont, la ou les soldats pourront s'en charger. Retour à la cabine et choc, à la place du corps ne reste qu'une des lames de l'agent. Le temps de reculer et une main énorme attrape l'agent par la téte avant de le secouer comme un pantin pendant qu'il tente de dégainer quelque chose. La bête n'est pas morte, blessée seulement...
            Le monstre prend trois pas d'élans et balance Red comme une boule de bowling, l'envoyant rouler loin à l'extérieur sur le pont. Et d'un bond il le rejoint pour le découper. Heureusement la lame que l'agent lui a laissé en travers du crane semble quand même le gêner pas mal. Le monstre n'a pas l'air d'y voir grand chose et ses mouvements sont loin d’être agiles. Il saute trop loin et n'arrive qu'a massacrer l'épaule de l'agent au lieu de lui arracher la tête.
            Profitant du monstre qui patine sur le pont pour changer de direction Red bondit vers le dispositif prévu pour la destruction du bateau. Inutile de tenter de lutter contre une bête qui ne meurt pas avec une épée dans le crane..

            Mais le monstre est encore trop rapide pour l'agent. Il faut ruser. Red feint de filer vers les canots et se jette au sol au moment ou le monstre lui saute sur le dos. Il s'en tire avec une nouvelle série de blessures sur le dos et le monstre va défoncer le bastingage et bascule presque par dessus bord. Le temps qu'il se rattrape et se hisse sur le pont et Red est à pied d’œuvre et allume la mèche au plus court avant de plonger dans l'entrepont, immédiatement suivi par la bête.

            La course poursuite dans l'espace réduit tourne à l'avantage de Red qui file sur l’arrière, direction d’où arrivent les renforts. Red file aussi vite qu'il peut et plonge directement par un des sabords de poursuite, normalement trop court pour que le monstre y passe...

            Le temps que celui ci se fraye un chemin il est trop tard. La mèche finit de se consumer, atteint la poudre, et le bateau pirate, son bosco monstrueux et son charnier sont pulvérisés... Et pour de bon cette fois. Fin de l'histoire.

              Les premiers rayons du soleil vinrent caresser sa peau laiteuse tandis qu'autour d'elle le ciel se paraît de miles couleurs chatoyantes. Les vagues qui se mouraient contre la coque de noix où elle reposait toujours goutaient sur son visage. Et le vent froid de la nuit mourante ne se lassait pas de jouer avec les mèches noires de la jeune Louve.

              Ce sont tous ces éléments réunis pour la réveiller qui la tirèrent de son sommeil. Elle ouvrit un œil qui fut ébloui par l'astre brûlant et fut contrainte de le refermer aussi sec. Elle se retourna dans son embarcation de fortune, comme pour se rendormir, mais c'est d'un bond qu'elle se redressa en poussant une exclamation qu'elle n'avait pu contrôler. Réveillée par un cauchemar. Elle fut saisie d'un vertige, de nausées puis une vision d'horreur s'imposa à son esprit. Avisant d'un coup d’œil la barque et les provisions, une terrible poigne lui ceignit l'estomac et un haut le cœur de la saisir. Autour d'elle, le silence ; et pas la moindre trace de son navire. Pas le moindre indice pour la rassurer, lui intimer que tout n'avait été qu'un rêve. Qu'un mauvais rêve. Que le cauchemar était fini.

              Comme une pauvre âme errante, elle se jeta de bâbord et de tribord à la recherche de personnes qu'elle savait être loin. Fouillant l'horizon du regard, elle les appelait. Elle hurlait leurs noms, chacun leur tour, vidant les provisions qu'elle avait dans le fond de la barque à la recherche d'un mot, d'une note. Elle hurlait le nom de son père, surtout. Et la mer lui hurlait en retour un silence cassant.
              Plus elle appelait, plus les sanglots noyaient ses cris et plus elle hurlait leurs noms. Mais personne pour lui répondre, pour la rassurer, pour prononcer son nom à elle. Et même après que les larmes l'aient rendue aveugle, même après que ses cris l'aient rendue muette, même après que le silence l'aie rendue sourde, elle continuait de se briser la voix contre des kilomètres d'eau et un soleil bien trop froid pour elle.

              Jusqu'à ce que le ciel de nouveau s'assombrisse, que le froid reprenne ses droits et qu'elle s'endorme baignée de ses propres larmes aussi salées que son seul compagnon l'Océan.

              Une semaine passa ainsi. Où elle ne mangea presque pas, où son regard vitreux ne trouva de point sur lequel se focaliser. Un regard qui avait perdu toute intensité. Même sa peau pâle prenait une toute autre signification dans cette situation.

              Jusqu'au jour où un îlot fut en vue. Un îlot où elle pourrait s'abriter du soleil. Il n'était pas grand, mais il y avait des arbres et le sable lui semblait plus attrayant qu'il ne l'avait jamais été à ses yeux. Elle qui n'avait connu que la mer et le roulis se prenait maintenant à prier pour qu'elle atteigne cette bande de terre ferme.
              Elle était pourtant très loin de penser que les vents violents qui battaient les côtes ne seraient pas la pire épreuve. Elle n'avait pas la moindre idée que le manque de vivre ne serait pas son principal souci. Et qu'en échappant à un cauchemar, elle se précipitait droit vers l'enfer.

              Qu'elle tombait de Charybde en Scylla.


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