Huit mois. Déjà. Huit mois qu’il avait libéré son maître à penser de son enveloppe charnelle. Il avait continué à appliquer les châtiments préconisés par son livre de foi. Comme un grand. Mais malgré quelques réussites, il s’était vite heurté à un problème de taille, son niveau général.
Il ne lésinait pas sur les entraînements. Son corps gracieux suait bien souvent devant les séances de musculation qu’il s’infligeait. Mais il n’avait pas vraiment de technique. Il restait trop brouillon, maniant ses nouvelles armes comme un enfant apprenait à jouer aux osselets tout seul. Il commençait à sentir ses propres limites approcher, non pas qu’il soit déjà trop rapide ou incroyablement puissant, mais sans une certaine forme de discipline il allait perdre une grande partie de son potentiel, pourtant certain.
Adjudant-chef, le dernier palier avant d’entrer dans le cercle des officiers. Il voulait aborder cette frontière comme un nouveau départ. Vers un futur où il pourrait efficacement suivre ses ordres sans se détourner. Le tout en souriant et en essayant d’appréhender le bonheur.
« La foi n’est pas un sacrifice. Elle protège, éduque et rassemble. En suivant ses conseils, la vie devient une mission qui relègue les sentiments personnels au second plan. Sourions, car en souffrant nous assurons le futur de ce monde, le futur de l’univers. » Chapitre deux verset cinq.
Voilà pourquoi Soren se trouvait en ce moment dans le bureau d’un officier, lui exposant son idée et essayant de le convaincre de lui conseiller un instructeur compétent. Ce qu’il ignorait, c’était que derrière ses lunettes carrées le commandant Tuva était tout sauf un saint. Et qu’il n’aimait pas les petits jeunes qui voulaient aller plus vite que la musique.
« Très bien, tu vas voir du pays mon gars. Je vais t’envoyer voir le lieutenant-colonel Enchié, un bon ami. T’inquiètes pas que tu vas vite te marrer, toi et tes deux étoiles sur le front. »
Le petit air narquois du gradé n’annonçait rien de bon. Surtout quand il apprit que le colonel en question était basé... à South Blue.
Long voyage, premier du nom. Des jours et des jours de bateau. À attendre, à prendre son mal en patience, à imaginer tout ce qu’il allait pouvoir faire de sa vie. La plupart des matelots à bord voulaient devenir amiral ou se faire un nom. Pour Soren, ce besoin était secondaire. Au contraire il savait qu’expier les pêchés de ses pauvres frères deviendrait de plus en plus délicat au fur et à mesure qu’il gravirait les échelons. Mais il n’en était pas là. C’est Rodolphe qui allait monter très haut. Il le savait. Il fut alors pris d’un élan de fierté envers son frérot. La gloire de la famille, qui redorerait un blason entaché injustement.
Le commandant Tuva et le lieutenant-colonel Enchié. Deux noms pour un visage presque identique. Les mêmes lunettes pincées, le même nez aquilin, le même sourire pernicieux. S’ils n’appartenaient pas à la même famille il s’étaient sacrément bien trouvés en tout cas.
« Très bien tu vas voir du pays mon gars. T’as été envoyé par le commandant Tuva, un bon ami. T’inquiètes pas que tu vas vite te marrer, toi et tes deux étoiles sur le front. Allez suis moi. »
Il découvrit le Qg de South Blue. Au final pas de grand changements même s’il se sentait dépaysé au niveau du langage. L’accent était assez prononcé ici-bas. Certaines formulations étaient curieuses. On ne disait pas un sac plastique mais une poche par exemple. Assez incompréhensible, mais bon, comme tout le monde disait, c’était le sud.
L’officier lui fit parcourir une grande partie de la bâtisse. Son costume fétiche attirait l’œil de la plupart des soldats qui, jaloux ou consternés, ne comprenaient pas qu’il puisse ne pas porter l’uniforme réglementaire.
Après quelques minutes il fut placé dans un petit bureau, baigné d’une douce lumière mais assez vide, sans réelle âme.
Le lieutenant-colonel baragouina un « J’ai un bon candidat pour toi petiot. Tu vas l’aimer le Tahgel héhé. »
Et même s’il ne le savait pas encore, sa formation avait déjà débuté. Parce que le bruit de pas qui retentissaient dehors, s’approchant de plus en plus, laissait présager un futur rude, sévère, mais efficace.
« Que la Sainteté me garde. » murmura l’adjudant-chef à lui même.
Il ne lésinait pas sur les entraînements. Son corps gracieux suait bien souvent devant les séances de musculation qu’il s’infligeait. Mais il n’avait pas vraiment de technique. Il restait trop brouillon, maniant ses nouvelles armes comme un enfant apprenait à jouer aux osselets tout seul. Il commençait à sentir ses propres limites approcher, non pas qu’il soit déjà trop rapide ou incroyablement puissant, mais sans une certaine forme de discipline il allait perdre une grande partie de son potentiel, pourtant certain.
Adjudant-chef, le dernier palier avant d’entrer dans le cercle des officiers. Il voulait aborder cette frontière comme un nouveau départ. Vers un futur où il pourrait efficacement suivre ses ordres sans se détourner. Le tout en souriant et en essayant d’appréhender le bonheur.
« La foi n’est pas un sacrifice. Elle protège, éduque et rassemble. En suivant ses conseils, la vie devient une mission qui relègue les sentiments personnels au second plan. Sourions, car en souffrant nous assurons le futur de ce monde, le futur de l’univers. » Chapitre deux verset cinq.
Voilà pourquoi Soren se trouvait en ce moment dans le bureau d’un officier, lui exposant son idée et essayant de le convaincre de lui conseiller un instructeur compétent. Ce qu’il ignorait, c’était que derrière ses lunettes carrées le commandant Tuva était tout sauf un saint. Et qu’il n’aimait pas les petits jeunes qui voulaient aller plus vite que la musique.
« Très bien, tu vas voir du pays mon gars. Je vais t’envoyer voir le lieutenant-colonel Enchié, un bon ami. T’inquiètes pas que tu vas vite te marrer, toi et tes deux étoiles sur le front. »
Le petit air narquois du gradé n’annonçait rien de bon. Surtout quand il apprit que le colonel en question était basé... à South Blue.
Long voyage, premier du nom. Des jours et des jours de bateau. À attendre, à prendre son mal en patience, à imaginer tout ce qu’il allait pouvoir faire de sa vie. La plupart des matelots à bord voulaient devenir amiral ou se faire un nom. Pour Soren, ce besoin était secondaire. Au contraire il savait qu’expier les pêchés de ses pauvres frères deviendrait de plus en plus délicat au fur et à mesure qu’il gravirait les échelons. Mais il n’en était pas là. C’est Rodolphe qui allait monter très haut. Il le savait. Il fut alors pris d’un élan de fierté envers son frérot. La gloire de la famille, qui redorerait un blason entaché injustement.
Le commandant Tuva et le lieutenant-colonel Enchié. Deux noms pour un visage presque identique. Les mêmes lunettes pincées, le même nez aquilin, le même sourire pernicieux. S’ils n’appartenaient pas à la même famille il s’étaient sacrément bien trouvés en tout cas.
« Très bien tu vas voir du pays mon gars. T’as été envoyé par le commandant Tuva, un bon ami. T’inquiètes pas que tu vas vite te marrer, toi et tes deux étoiles sur le front. Allez suis moi. »
Il découvrit le Qg de South Blue. Au final pas de grand changements même s’il se sentait dépaysé au niveau du langage. L’accent était assez prononcé ici-bas. Certaines formulations étaient curieuses. On ne disait pas un sac plastique mais une poche par exemple. Assez incompréhensible, mais bon, comme tout le monde disait, c’était le sud.
L’officier lui fit parcourir une grande partie de la bâtisse. Son costume fétiche attirait l’œil de la plupart des soldats qui, jaloux ou consternés, ne comprenaient pas qu’il puisse ne pas porter l’uniforme réglementaire.
Après quelques minutes il fut placé dans un petit bureau, baigné d’une douce lumière mais assez vide, sans réelle âme.
Le lieutenant-colonel baragouina un « J’ai un bon candidat pour toi petiot. Tu vas l’aimer le Tahgel héhé. »
Et même s’il ne le savait pas encore, sa formation avait déjà débuté. Parce que le bruit de pas qui retentissaient dehors, s’approchant de plus en plus, laissait présager un futur rude, sévère, mais efficace.
« Que la Sainteté me garde. » murmura l’adjudant-chef à lui même.