Krok, le démon des mers.

Le premier mot qui vient à l'esprit lorsqu'on pose le regard sur Krok, c'est qu'il est hideux. Pourtant, il reste dans la moyenne acceptable pour un homme-poisson, même si il est sûr qu'il ne fait rien pour se mettre en valeur. Son teint légèrement bleuté reflète parfaitement sa nature, tout comme ses cheveux raides comme des piques coiffés en brosse qui ont la couleur des profondeurs de l'océan. Son visage très particulier ne le rend pas forcément très engageant de prime abord, mais lorsqu'on le connaît un peu mieux, on se rend compte que c'est encore pire. Son front large met en évidence ses yeux globuleux qui malgré leur apparence, voient parfaitement bien. La couleur jaune de ses yeux permet un contraste inquiétant avec ses pupilles rouges qui donnent l'impression que sa soif de sang n'a aucune limite. Ce qui traduit son appartenance à la catégorie des requins-bouledogue reste finalement son nez court et écrasé, bien loin des requins-marteaux ou des grands requins blancs qui il faut l'admettre, ont une certaine classe naturelle et d'ailleurs, bien plus de succès avec les sirènes. Bien entendu, Krok possède également la dentition exceptionnelle des requins dont la force des mâchoires reste inégalée dans le royaume sous-marin. Ses dents de requin se révèlent être de véritables couteaux prêts à déchiqueter tout ce qui se présente devant elles. Tout comme ses cheveux et le contour de ses yeux, ses lèvres sont bleus foncées, ce qui donne à sa bouche une sorte de sourire sadique qui va parfaitement avec le reste de sa tête en forme de ballon de rudby.

Au niveau de son corps, il n'y a pas grand chose d'exceptionnel pour un homme-poisson. Mince et très grand, mesurant plus de deux mètres cinquante pour septante-cinq kilogrammes, Krok possède de longs bras se terminant par de grandes mains palmées. Malgré son apparence imposante par sa taille, il ne possède pas une musculature ultra-développée comme on pourrait s'y attendre de la part d'un homme-poisson de type requin. Cependant, il compense cette force moindre par une plus grande vitesse de mouvement, ce qui en combat, n'est pas négligeable, surtout lorsqu'il ne faut respecter aucune règle. Tout comme ses bras, ses jambes sont également longues et fines, ce qui est particulièrement utile sous l'eau où un mouvement ample et puissant lui permet de s'élancer à grande vitesse. Il possède plusieurs cicatrices sur tout le corps, essentiellement au niveau du torse. Enfin, ses branchies se trouvent juste derrière ses oreilles, chose habituelle pour un homme-poisson.

Concernant sa tenue, c'est un peu délicat car il n'en change pas très souvent, voir jamais. Habillé tout en noir, dans une sorte de tissu léger partiellement moulant, le plus surprenant reste l'encolure de sa tenue qui est parsemée de dents lui rentrant dans la chair. Cela donne l'impression qu'il se fait dévorer par ses vêtements et le rend encore plus terrifiant, même si il n'avait pas vraiment besoin de ça pour atteindre le sommet de la monstruosité. Sur chacune de ses épaules se trouvent un mélange de plumes et de poils de monstres des mers qu'il a récupéré comme trophée, même si il ne s'est jamais vraiment battu contre eux. Mais bon, il faut admettre que cela impressionne tout de suite. Ironiquement, il arbore une boucle d'oreille en forme de coeur à son oreille gauche. Bien entendu, il ne s'agit absolument pas d'une preuve de tendresse, mais bien du trophée de sa première victime, une sorte de guide pour que jamais, il ne s'écarte de la voie qu'il a choisi. Il porte également un bracelet en métal décoré de plusieurs têtes de mort et une ceinture au ceinturon assorti.


A première vue, toute personne naïve ou légèrement crédule pourrait voir en lui un être complexe, une sorte d'oignon auquel il faut enlever chaque couche pour en découvrir une nouvelle. Malheureusement pour eux, chaque couche que Krok vous montrera après la première, n'est qu'illusion car la première impression est bien souvent la bonne avec lui. En effet, il s'amusera à faire miroiter aux gens une profondeur d'âme qu'il n'a absolument pas et tout cela pour s'amuser de leur bêtise. Loin d'être une lumière, il excelle malgré tout dans le mensonge et surtout, dans la représentation théâtrale d'un faux naïf à qui il arrive un tas de choses sans qu'il le veuille. Bien sûr, il n'y qu'un objectif en tête lorsqu'il fait ce genre de chose et c'est bien loin du diabolique manipulateur qui vous volerait votre femme avec votre consentement. Son seul objectif est en fait de se moquer des gens et de s'amuser à leur dépend. C'est une sorte de gamin de merde, même si le degré de violence est tout autre comparé à celui d'un gosse de douze ans.

Pour en revenir à la première impression qu'il reflète, il suffit de regarder son physique. Souvent, on dit d'une personne qu'elle est belle à l'intérieur et bien, ce n'est pas son cas. Que cela soit l'intérieur ou l'extérieur, Krok est un monstre sans scrupule qui n'hésitera pas à blesser et tuer pour peu que cela le divertisse. La seule chose qu'il respecte, c'est la force. Il n'est pas nécessaire d'essayer de faire ami-ami avec lui si vous ne parvenez pas à lui tenir tête car il vous considérera à chaque fois comme un larbin ou une quantité négligeable, même si vous faites partie du même équipage que lui. Au contraire, ceux qui parviendront à le dompter auront son respect, même si quelques crasses ne sont pas impossibles, après tout, la force de chacun change au fil du temps et tel un jeune loup voulant prendre la tête de la meute, il n'hésitera pas à provoquer ceux au dessus de lui pour se tester et changer le rapport de force. Absolument pas cupide, la force et le pouvoir restent les deux choses qui importent pour Krok et il n'hésitera pas à tout faire pour les obtenir.

En plus d'être infantile, menteur et bagarreur, cet homme-poisson souhaite obtenir la gloire et la reconnaissance suprême parmi les siens, mais aussi parmi les hommes. Pour cela, il n'hésitera pas et mettra tout en oeuvre pour se faire un nom que personne n'oubliera durant des siècles, comme Fisher Tiger. Sa tolérance pour les humains est malgré tout plus grande que celle de la plupart de ses congénères, sans doute car il sait très bien que même chez les homme-poissons, il y en a qui vendrait père et mère pour un peu d'argent. La cupidité est décidément une chose qu'il déteste vraiment, un peu comme les légumes dont il se passe volontiers lors d'un repas. Evidemment, comme tous les requins, un bon morceau de viande, quelque soit sa provenance, reste un régal pour les papilles, surtout lorsqu'il est encore bien saignant, la combinaison parfaite pour entrer dans une transe morfale.

La seule vérité qu'il respecte, c'est celle des poings car le plus fort aura toujours raison. Devenir la personne la plus puissante au monde et imposer sa vision aux autres, c'est un objectif qu'il compte bien atteindre un jour, même si pour ça, il doit se battre chaque jour et chaque nuit durant des années. La reconnaissance ne s'obtient que par la force et le sang, le reste n'est que faiblesse et stupidité. Ses amis seront également ses rivaux et ceux qui ne sont pas dignes de cet honneur, seront les serviteurs de sa vérité. Le compromis ne s'obtient que par la lutte et encore, seulement si c'est lui qui perd. Dans le cas contraire, il vaut mieux que son adversaire soit préparé à tout abandonner, jusqu'à son existence.



Il y a vingt-huit ans, dans le Royaume Ryugu situé au fond de la mer au large de Shabondy Island, une sirène dont la beauté n'avait d'égal que sa gentillesse donna naissance à son fils, sous les yeux attendris de son époux. Malheureusement pour le jeune couple, leur fils était bien loin de la perfection qu'ils attendaient et même si l'aspect physique n'a jamais été une grande cause de problème entre les habitants du fond des mers, l'aspect monstrueux de leur progéniture n'était pas supportable pour eux. C'est donc en toute discrétion qu'ils se débarrassèrent de cet élément gênant de leur vie en l'abandonnant dans le quartier pauvres des hommes-poissons, repère de tous les voyous et les orphelins. C'est de cette manière pathétique que la vie du bambin commença, rejeté par ceux qui étaient sensés l'aimer plus que tout. Laissé sans la moindre chance de survie dans ce milieu hostile, le nourrisson pleurait telle une alarme, attirant quelques regards méprisants qui au fil des secondes, se transformèrent en rage. Un brigand qui habitait non loin du lieu d'abandon, sortit furieux, un couteau à la main pour faire taire cette nuisible petite chose. Malgré l'immoralité d'un tel crime, les passants ne firent que détourner la tête, ne voulant pas être impliqués. L'homme à la tête de raie écarta la mince couverture qui recouvrait le nouveau né afin de voir sa victime et leva le bras pour lui porter le coup fatal.

Soudain, un jeune garçon d'une dizaine d'années se jeta devant l'homme armé, l'empêchant d'assouvir son besoin de silence. Sous les pleures, l'enfant expliqua à la brute qu'il n'était pas nécessaire d'en arriver à cette extrémité, le sourire aux lèvres et la blague facile. Parvenant à calmer le brigand, le gamin de type poisson-clown s'approcha du bruyant bambin et le prit dans ses bras, tentant de le calmer avec des grimaces. Cette méthode assez primaire sembla toutefois faire son effet et les pleures cessèrent pour de bon lorsqu'un sourire monstrueux s'afficha sur le visage du bébé. Le jeune Bozo emmena le nourrisson dans sa modeste demeure ou plutôt l'endroit dans lequel il parvenait à vivre. Il s'agissait d'une vieille bâtisse totalement délabrée qui aurait pu s'écrouler à tout moment mais bon, lorsque vous n'avez pas d'argent, vous prenez ce que vous pouvez. Se souvenant des moments difficiles qu'il avait vécu à la mort de ses parents et la solitude qui l'avait entraîné dans ce lieu de perdition, le garçon ne pouvait ignorer la détresse de ce bébé et afin de sceller leur nouvelle vie ensemble, il lui donna le prénom de Krok. Alors que la vie était déjà difficile pour le poisson-clown, la prise en charge d'une personne supplémentaire ne sembla pas le déranger. Il faut dire que voler pour un ou pour deux ne change pas grand chose au final et même si il revenait régulièrement roué de coups, il parvenait toujours à afficher un sourire lorsqu'il revenait chez lui.

Durant les premières années, Bozo fit son possible pour que son nouveau frère ne manque de rien, lui procurant nourriture et autres choses indispensables pour un bébé. Ce n'était pas toujours simple mais au final, pour la première fois en quatre ans, il n'était plus tout seul et avait à nouveau une famille. De son côté, Krok grandissait de jour en jour et il ne tarda pas à atteindre la taille de son grand frère qui il fallait l'admettre, n'était pas bien grand. A l'age de quatre ans, il commença à aider Bozo à voler et à récupérer de la nourriture et toutes sortes de chose dont ils avaient besoin, ou parfois juste envie. Dans un quartier de brigands et de malfrats, lorsqu'ils étaient pris, cela se résolvait bien souvent par une bagarre et il fallait admettre que même face à des gamins, les adultes ne se retenaient pas le moins du monde, un peu comme si taper sur eux était un exutoire à leur vie misérable. Quoiqu'il en soit, les deux enfants ne craignaient pas les coups et même si pour son grand frère, il fallait beaucoup plus de temps pour s'en remettre, l'admiration que Krok lui portait n'avait pas de limite. Plusieurs fois, ils parvinrent à dérober quelques objets de la surface à des pirates humains en transit et c'est même lors de ces occasions que le gamin se rendit compte de la différence entre humain et homme-poisson, les coups des habitants de la surface étant bien moins douloureux que ceux de ses congénères. Cette différence les poussa à essentiellement se focaliser sur le vol des humains, dérobant nourriture et parfois un peu d'argent afin de vivre un peu mieux.

Bien entendu, cette folie de s'attaquer à des pirates prit une tournure bien plus dangereuse, surtout lorsqu'ils s'attaquèrent au mauvais équipage. Bien loin des brutes dont ils avaient l'habitude, ceux-ci étaient des sanguinaires ne connaissant pas la pitié. Durant leur brève escale sur l'île des Hommes-Poissons, ils créèrent de nombreux troubles et kidnappèrent plusieurs sirènes afin de les revendre à des nobles du Gouvernement Mondial. Inconscients du réel danger qu'ils représentaient, Krok et Bozo s'introduisirent dans leur navire afin d'y dérober un peu d'argent et pourquoi pas une carte au trésor. Encore inconscient des ravages que pouvaient provoquer la cupidité, l'enfant d'à peine neuf ans suivit son grand frère dans les méandres de ce navire lugubre. La première choses qu'ils trouvèrent ne fut pas de l'argent, mais bien l'horreur. Lorsqu'ils ouvrirent la porte tout au fond du couloir, pensant qu'il s'agissait de la cabine du Capitaine, ils firent l'affreuse découverte d'une salle de torture. Dans les amas de corps déchiquetés et mutilés, aucune distinction n'était faite entre humains et homme-poissons, les deux ayant subi les mêmes sévices. Non content de pratiquer le trafic de personnes, ces pirates s'adonnaient également au trafic d'organes lorsque leurs proies s'avéraient invendables. Ayant l'estomac fragile, Bozo ne put contempler ce spectacle bien longtemps et sortit de la pièce, prêt à rendre son déjeuner. De son côté, Krok fut comme fasciner par ce qu'il avait sous les yeux. Cette odeur de mort et de sang avait quelque chose d'excitant, voir même d'agréable pour le jeune garçon qui ne pouvait détourner ses yeux des corps déchiquetés et du sang recouvrant le sol et les murs.



Après cette expérience, la relation entre les deux frères commença à changer un peu plus chaque jour, Krok provoquant sans cesse bagarre sur bagarre alors que de son côté, le fragile Bozo ne voulait qu'éviter ces combats inutiles. De semaine en semaine, l'agressivité du gamin devenait de plus en plus féroce et il parvint à plusieurs reprises à blesser ses adversaires, faisant couler leur sang juste avant de rendre les armes. Cette sensation était presque devenue une drogue pour le jeune garçon, au point qu'il ne pouvait plus s'arrêter. Chaque nuit, la vision de cette pièce sortie de l'enfer venait bercer ses rêves, comme si elle l'appelait pour qu'il participe à ces atrocités. Constatant les changements de son petit frère, Bozo essaya de l'éloigner des bagarres et pour cela, il n'eut d'autres idées que de quitter temporairement le quartier des hommes-poissons pour aller vivre dans un endroit plus calme. Bien sûr, si ce n'était déjà pas le grand luxe auparavant, cela le fut encore moins ensuite. Cependant, désireux de faire quitter ce monde de violence à Krok, il redoubla d'effort et s'engagea dans l'armée royale. Sa condition physique ne lui aurait normalement pas permis d'y entrer mais devant son insistance, le recruteur céda. A vingt ans, c'était la première fois qu'il occupait un travail honnête et même si ce n'était pas toujours simple, il fit son possible pour payer le petit appartement dans lequel ils vivaient à deux.

Bien que cette situation soit une nette amélioration par rapport à leur ancien style de vie, n'étant plus obligé de voler, une chose manquait dans l'existence de Krok. Tout son corps criait à l'agonie, comme si il était en manque de quelque chose de vital pour lui, l'odeur du sang. Ne pouvant se retenir plus longtemps, le jeune garçon sortit régulièrement pour provoquer des bagarres et savourer sa soif de douleur et de sang. L'impression d'avoir ses os qui craquent à chaque mouvement après une lutte acharnée, les muscles endoloris qui crient leur douleur et le sang au goût si exquis qui s'écoule des blessures témoignant de l'intensité du combat, tout cela était devenu sa raison d'être. Son petit manège ne dura évidemment pas très longtemps, Bozo comprenant bien que son petit frère sortait en cachette lorsqu'il n'était pas là. L'éloignement et le passage à la vie honnête ne semblaient pas avoir porté ses fruits et donc, le jeune adulte décida de passer au stade supérieur, au risque de se faire haïr pour toujours. Au petit matin, il sortit de leur appartement comme tous les jours et attendit patiemment que son frère s'en aille. Discrètement, il le suivit avec plusieurs autres gardes, attendant qu'il provoque du remous pour intervenir. Evidemment, cela ne tarda pas et à peine le premier coup échangé, les soldats intervinrent et arrêtèrent Krok sous les yeux de son grand frère qui l'observa avec peine tandis qu'il se débattait comme un forcené.

Malgré ses supplications envers Bozo, ce dernier resta impassible et laissant les gardes emmener son frère au cachot, espérant que cela lui permettra de réfléchir un peu au sens de sa vie. Il ne pouvait pas rester un gamin à tout jamais et chercher le conflit n'était pas une façon de s'en sortir. D'un côté, il se sentait coupable de la façon dont il avait grandi et c'était essentiellement pour cette raison qu'il avait décidé de mener une vie honnête au service du Royaume Ryugu. De son côté, Krok ne comprenait pas l'attitude de son frère, celui-ci venait de le trahir et de le vendre aux soldats comme une vulgaire marchandise. Sur le point d'être emmené, il aperçut un soldat parler avec son frère et lui donner une enveloppe. Immédiatement, l'adolescent comprit la situation et l'absurdité qu'il avait eu de faire confiance aveuglément à quelqu'un d'autre que lui-même. Une fois en prison, son frère essaya plusieurs fois de lui parler, mais il refusa à chaque fois, ne lui laissant aucune chance de s'expliquer. Cette obstination ne semblait pas connaître de limite et petit à petit, le temps se mit à passer. Un jour se transforma en plusieurs semaines et un mois en un an. Durant cette période, Krok eut l'occasion de parler avec plusieurs criminels ayant élu domicile dans les geôles de la prison et l'un d'entre eux en particulier attira son attention, le Capitaine Kitrop. Cet homme semblait dégager une prestance poussant les autres à lui obéir et à ne jamais discuter ses ordres. Plusieurs fois, sans doute attendrit par le jeune garçon, il lui compta certaines des aventures qu'il avait vécu en parcourant les océans et Grandline.

La plupart des gens écoutant ces récits portaient attention aux paysages somptueux que le pirate décrivait, mais pas l'adolescent. Pour lui, seuls les récits de combats épiques l'intéressaient. Savoir qu'il y avait des hommes tellement puissant à l'extérieur qu'ils pouvaient détruire une île totalement le faisait frissonner d'excitation. C'était bien loin des petites bagarres qui lui procuraient déjà énormément de sensations. Un combat aussi titanesque devait être une chose sensationnelle qui ne pouvait se comprendre qu'en le vivant réellement. De plus, imaginer avoir la puissance de détruire une île, le rendit totalement envieux d'un tel pouvoir. Durant quelques mois, il demanda au Capitaine Kitrop si il pouvait l'entraîner et ce dernier, conscient qu'il pourrirait sans doute dans cette prison pour tous les crimes qu'il avait commis envers ses congénères, accepta. Durant plusieurs mois, il apprit au jeune Krok les bases du karaté aquatique et surtout, les différences entre un véritable combat à mort et une bagarre de rue. Malgré les corrections qu'il infligeait au gamin, ce dernier redoublait d'effort pour devenir plus fort, toujours plus fort. Au bout de cinq mois, le gosse d'à peine douze ans était aussi fort qu'un adulte et ne se gênait pas pour affirmer sa force face à chacun de ses codétenus, parfois avec un peu moins de succès. Au final, Kitrop l'avait totalement pris sous son aile et le traitait comme un fils, même si il ne savait pas que la seule chose qui faisait que Krok était encore en prison, n'était que son obstination à ne pas vouloir parler à son frère, ce dernier voulant lui proposer une alternative à tout cela.

Finalement, sans doute par pure provocation, le jeune garçon accepta de voir son frère. La rencontre fut une grande surprise pour chacun d'entre eux, l'année les ayant séparée s'affichait clairement et alors que Bozo n'avait pas énormément changé, Krok de son côté, atteignait facilement les 1m80, soit le double de la taille de son grand frère. Malgré la tension et le froid polaire de cette rencontre, le poisson-clown réussit à faire sa proposition à l'adolescent. En échange du retrait total des charges qui pesaient sur lui, il signait dans la garde royale du Royaume Ryugu. Bien sûr, les motivations de Bozo étaient de lui permettre de prendre un peu de plomb dans la cervelle et d'enfin devenir une personne honnête. Ce qu'il ne savait pas, c'est que les rencontres faites en prison allaient un jour ou l'autre, influencer l'avenir de son petit frère et pas forcément de la meilleure façon qui soit. De son côté, Krok voyait là une double opportunité, celle de sortir de prison bien sûr, mais également de devenir plus fort sous les ordres des meilleurs combattants du Royaume. Mettant sa haine envers son frère de côté, il accepta sa proposition et quelques jours plus tard, il quitta la cellule lugubre qui l'avait accueillie durant plus d'une année. En un an, les choses avaient bien changé et la première surprise fut que son Bozo avait trouvé une sirène pour partager sa ville. Bien entendu, l'arrivée du terrifiant frangin sortant de prison ne fut pas pour lui plaire énormément et par conséquent, il s'installa dans un petit appartement miteux non loin de celui de son frère. Deux jours plus tard, Krok intégra la garde royale et fut mis sous les ordres du sévère Commandant Jinta, un homme-poisson de type requin blanc dont la réputation n'était plus à faire dans le Royaume.



Malgré son jeune age, Krok n'eut aucun traitement de faveur et pire encore, à cause de sa taille, les autres soldats ne firent aucune distinction entre lui et un autre, l'obligeant à suivre leur rythme sans se plaindre. Entre les entraînements et les leçons de protocole, l'adolescent n'avait plus une seule seconde à lui et bien sûr, chaque tentative de rébellion de sa part était sévèrement réprimée par le Commandant Jinta qui n'hésitait pas à utiliser toute sa force de persuasion pour le remettre en place. Tout cela ne lui permettait pas une très grande vie nocturne, chaque journée le vidant littéralement de ses forces. Il ne faisait plus que s'entraîner et étudier durant toute la journée pour finalement s'endormir une fois chez lui. Malgré des tensions toujours existantes, Bozo invitait régulièrement son frère chez lui et même si sa femme eut un peu de mal à l'accepter au début, les choses s'améliorèrent un peu avec le temps, même si elle ne faisait que le supporter. Son attitude bourrue et agressive n'était certes pas une façon efficace d'acquérir la confiance des gens mais bon, Krok n'en avait pas grand chose à faire, ne voyant pas l'intérêt de se lier avec une personne faible et sans importance. Même son grand frère avait fini par être catalogué dans le rang des faibles et d'ailleurs, au sein de la garde, il était cantonné aux tâches administratives, ce qui démontrait bien sa faiblesse. La seule chose qu'il voyait encore en son frère, c'est l'obstacle dont il devait s'affranchir pour gagner sa liberté.

Attiré par la puissance du Commandant Jinta, le jeune soldat ne manquait jamais une occasion de se confronter à lui, souhaitant tester sa force qui grandissait au jour le jour. Bien entendu, il prenait à chaque fois une raclée bien méritée après des provocations toujours plus poussées pour énerver ce monstre de puissance. Bien sûr, ce dernier avait bien compris le stratagème de Krok mais bon, emporté par son tempérament, il tombait à chaque fois dans le piège de l'adolescent, oubliant même parfois de retenir ses coups. Ce qui était le plus bizarre, c'était qu'entre chaque provocation, dont l'espacement pouvait parfois être de plusieurs mois, les deux soldats s'entendaient plutôt bien, rigolant et bavardant ensemble comme des amis. On pouvait même dire qu'une certaine forme de respect émanait de leur relation, ce qui rendait leurs affrontements assez étranges pour les autres membres de l'unité. Ce petit manège dura encore plusieurs années, le temps que sa formation se termine. Il était maintenant totalement apte au service et plusieurs missions lui furent confiées comme protéger l'une ou l'autre personne, voir surveiller les agissements des pirates débarquant sur l'île. Tout cela n'était pas vraiment très captivant mais au moins, lorsqu'il y avait du grabuge, il pouvait intervenir sans se retenir, tout en étant dans son bon droit. C'était un peu comme avoir la permission de se battre et de blesser les autres. Evidemment, son excès de zèle à certains moments lui valut plusieurs remontrances mais bon, ce n'était pas un gros problème.

N'ayant pas oublié son ambition de partir à la recherche des personnes les plus puissantes du monde, Krok profita de la bibliothèque du Royaume Ryugu pour apprendre la navigation. Durant de longues heures après son service, il traînait là-bas, terrorisant à sa simple vue les civils qui voulaient emprunter un livre. D'ailleurs, devant ce manque à gagner, le bibliothécaire lui laissa emprunter tous les livres qu'il désirait, du moment qu'il les lisait chez lui. Avec tout ça, il voyait de moins en moins son frère et malgré l'insistance de ce dernier pour l'avoir à dîner toutes les semaines, Krok trouvait toujours une façon d'éviter le rendez-vous. N'ayant pas oublié la trahison de Bozo, même lorsqu'il n'avait plus le choix et qu'il venait manger, les conversations étaient très succinctes et la tension entre eux bien présente, voir oppressante. Son grand frère l'avait sacrifié et menait maintenant une vie tout à fait banal avec sa femme et leurs quatre enfants. Une vie que le jeune soldat ne pouvait concevoir pour lui et dont d'ailleurs, il ne voulait pas.

Continuant à servir dans la garde tout en poursuivant son apprentissage de la navigation, une situation étrange se présenta à lui lors de l'une de ses missions. En apparence simples, ses ordres étaient d'escorter une femme importante car des pirates humains avaient été signalés dans la zone. N'attendant pas grand chose de cette mission, Krok n'était pas très attentif au briefing, jusqu'à ce que la sirène qu'ils devaient protéger arriva. C'était une véritable beauté et on avait peine à déterminer son âge tellement elle était belle. Cependant, derrière cette apparence attrayante, le jeune soldat eut un sentiment étrange en la voyant, comme si il la connaissait. Son attrait pour elle ne semblait pas être physique mais bien plus profond, un sentiment qu'il ne pouvait s'expliquer. Durant l'escorte, à plusieurs reprises, leurs regards se croisèrent et immédiatement, la femme détournait les yeux, comme si elle avait quelque chose à cacher. Au départ, Krok supposa que comme les autres, elle avait peur de son apparence, ce dont il était assez fier en définitive, mais vu le nombre de regards qu'elle lui lança, cela ne pouvait pas être aussi simple. Quoiqu'il en soit, il continua à remplir la tâche qui lui était confiée, sans trop réfléchir à ce sujet, surtout que les longues réflexions n'étaient pas trop son genre. A la fin de la journée, la sirène remercia ses gardes, tout en ne manquant pas de lancer un long regard sur Krok, comme si elle voulait lui dire quelque chose, mais qu'elle se retenait.

Essayant d'oublier ce trouble qu'il avait ressenti lors de cette rencontre, le soldat continua à apprendre, même si ce n'était pas des choses très simples. Fort heureusement, étant un homme-poisson, il pouvait à loisir aller voir de lui-même certains courants décrits dans les livres de navigation et ressentir avec son propre corps les effets de ceux-ci. Cependant, il était clair pour lui que l'apprentissage théorique n'était pas fait pour lui et petit à petit, cela le frustrait de se voir stagner sans s'améliorer. Comme pour le combat, il devait expérimenter les choses pour se les approprier, sentir ces faits décrits dans les livres pour les comprendre. Evidemment, les événements s'enchaînent toujours pour compliquer la vie des gens et Krok ne faisait pas exception à cette règle universelle. La sirène répondant au nom de Julia, demanda à nouveau la protection de la garde royale, preuve qu'elle n'était pas n'importe qui parmi les bourgeois du Royaume. A nouveau, le jeune soldat fut assigné à sa garde et les choses se passèrent à peu de chose près comme la dernière fois, sauf que l'humeur de l'homme-poisson était loin d'être au beau fixe. Les regards insistants de la belle commencèrent à l'énerver, sa rage montant de minute en minute et c'est finalement dans un accès de colère qu'il se jeta sur elle, l'agrippant fermement par le coup qu'il lui demanda quel était son problème car si elle avait peur de lui, elle n'avait qu'à demander un autre garde.

Les deux autres soldats tentèrent vainement de faire lâcher prise à Krok mais ce dernier les envoyer valser d'un revers de main, comme si il chassait un insecte. Julia était en pleures et ne parvenait pas à s'expliquer devant le soldat à l'air menaçant. Finalement, entre deux sanglots, elle parvint difficilement à lui avouer la terrible vérité. La façon dont elle le regardait, n'était pas par attirance ou même interrogation, mais par culpabilité. En effet, cette sirène à la beauté incroyable n'était autre que la mère de Krok. Au premier regard, elle avait reconnu son monstrueux fils qu'elle avait abandonné voici des années. Elle avait toujours pensé qu'il n'avait pas survécu, trop lâche pour le tuer de leurs mains, ces parents indignes l'avaient pourtant abandonnés à une mort certaine et sans Bozo, il aurait en effet eu une vie très courte. Choqué par cette révélation, le jeune homme relâcha sa prise, permettant à Julia de respirer. C'était la première fois qu'il pensait à sa naissance et à la vie qu'il avait vécu sans parent. Toujours sanglotante, la sirène lui révéla l'horrible vérité sur son abandon, les raisons de celui-ci et bien sûr, le regret qui les avait habité durant des années et encore aujourd'hui. Dire que les habitants du Royaume Ryugu se targuaient d'être bien plus tolérants que les humains, respectant toute vie, c'était clairement un mensonge éhonté qui occultait l'affreuse vérité, celle que seuls l'argent et l'apparence avaient véritablement d'importance.

Le dernier mot de Julia à l'égard de sa progéniture fut « Pardon », mot qu'elle prononça alors que son fils lui broyait la gorge sans la moindre pitié. Les yeux injectés de sang, un sourire démoniaque sur les lèvres, il affirma haut et fort que pour lui, l'ultime vérité était celle de la puissance. Devant une situation qui ne nous convient pas, seul la force brute pouvait faire à chaque fois changer les choses pour les rendre acceptables. Celui qui possède le plus de puissance peut imposer sa vérité aux autres et c'était la voie qu'il avait choisi depuis longtemps. La cupidité, les apparences, tout cela devait s'incliner face à la puissance. En quelques secondes, Krok venait de briser la nuque de sa mère, cette femme qui l'avait abandonné à cause de son aspect physique pas assez bien pour elle. Voulant la salir, il jeta son corps sans vie au milieu des poubelles, arrachant son pendentif en forme de coeur, et se dirigea vers les deux autres gardes qui se remettaient doucement de la claque violente qu'ils avaient pris. Utilisant leurs propres armes contre eux, il les embrocha comme des morceaux de viande sur une pique, avant de s'en aller. Après de telles événements, une enquête allait être ouverte et vu que seul son corps manquait, les autorités ne tarderaient pas à lui rendre visite pour comprendre ce qu'il s'était passé. Pour se laisser un peu de temps de réflexion, il prit quelques affaires et partit s'installer dans l'ancienne bâtisse en ruine où il avait vécu avec Bozo dans sa jeunesse.



Durant plusieurs semaines, Krok resta à réfléchir dans cet endroit délabré, alors qu'à l'extérieur, les rumeurs allaient déjà bon train sur l'attaque perpétrée sur une personnalité importante du Royaume Ryugu et évidemment, les pirates furent les premiers responsables. A aucun moment, ils ne soupçonnèrent le garde ayant disparu, supposant que ce dernier avait été enlevé et réduit à l'esclavage, comme beaucoup d'autres hommes-poissons avant lui. Cette situation permit au jeune homme de vingt ans de réfléchir tranquillement, sans être inquiété le moins du monde par des recherches. Ne se voyant pas revenir tranquillement au palais après tout ce grabuge, il eut l'idée de faire ce qu'il avait envie depuis des années. Pour cela, il lui suffisait de ruser un peu et d'aller voir le Capitaine Kitrop dont la peine de prison était loin d'être finie. Le deal qu'il avait à lui proposer, était sans doute une occasion inespérée pour ce dernier, tout en payant un prix relativement minime. C'est donc avec cette idée en tête qu'il mit son uniforme de garde et partit pour le pénitencier aquatique.

Avec son uniforme, il n'eut aucune difficulté à entrer mais bon, comme toutes les prisons, le plus dur n'était pas d'y entrer, mais bien d'en sortir. Il se dirigea vers la salle des gardes et par chance, il n'y en avait qu'un occupé à manger une salade d'algues. Après les salutations d'usage, il entreprit de faire semblant de voir quelque chose dans le casier derrière le garde et une fois dans son dos, il lui porta un violent coup au niveau de la nuque qui l'assomma. Comme une pierre, sa tête tomba dans le bol d'algues, permettant à Krok de s'emparer de son passe sans difficulté. Histoire que l'alarme ne soit pas déclenchée trop vite, il retira l'homme de sa bouffe et le mit dans une position laissant supposer qu'il s'était endormi sur la table. Ensuite, il sortit de la pièce tranquillement, traversant les couloirs pour arriver aux cellules des détenus. Son lointain camp de vacance dans ces lieux lui permit de se repérer assez facilement et c'est donc en quelques minutes qu'il se retrouva devant la cellule du Capitaine Kitrop. Ce dernier ne reconnut pas immédiatement l'impétueux garde qui osait se mettre devant sa lumière, mais un grand sourire s'afficha sur son visage d'espadon lorsqu'il reconnût le petit Krok qui agitait les clés devant son nez. Les négociations ne durèrent pas bien longtemps, Kitrop acceptant de le prendre avec lui si il le libérait.

En plus du Capitaine, il libéra une dizaine d'autres pirates faisant partie de son équipage. Restant discret et éliminant tout garde se mettant sur leur route, ils réussirent à s'échapper de la prison aquatique sans trop de casse. Bien entendu, l'événement ne passa pas inaperçu et c'est donc toute la garde qui partit à leur poursuite alors qu'il se dirigeait vers la Forêt Marine pour y récupérer leur navire. Caché depuis des années, ils espéraient que personne ne l'ait découvert, ce qui pouvait s'avérer exacte vu le peu de personne s'aventurant dans cette forêt. Le petit groupe n'eut aucun mal à se débarrasser des quelques gardes se trouvant sur leur passage, mais un problème de taille se dressa bientôt face à eux, le Commandant Jinta. Tous les gardes ayant été appelés en renfort, Krok put reconnaître derrière son ancien commandant, son grand frère Bozo. Pour le nouveau criminel, c'était l'occasion de se venger de la trahison sans non qui l'avait mené en prison. Telle deux vagues s'entrechoquant au large, les deux groupes se rentrèrent dedans avec une rage bestiale qui à coup sûr, ferait de nombreuses victimes. Kitrop et Jinta engagèrent un combat titanesque dont il valait mieux rester éloigné pour ne pas être blessé, même si rien que voir se déchaînement de puissance faisait frissonner tout le corps de Krok.

Le combat faisait rage et finalement, les deux frères se trouvèrent face à face, l'ultime confrontation entre les deux orphelins qui durant des années, n'avaient compté que l'un sur l'autre. L'incompréhension les avait éloigné et il était aujourd'hui bien trop tard pour arranger les choses. Les yeux enragés de son petit frère ne laissaient planer aucun doute sur son envie d'en finir. La différence physique entre eux ne fit aucune surprise sur l'issu du combat et après seulement une dizaine de coups échangés, Bozo se retrouva à la merci de son frère. Krok lui dit simplement qu'il savait tout sur sa trahison et que le temps était venu de payer. Alors que le poisson-clown essaya de s'expliquer, comprenant la méprise que la scène avec l'enveloppe avait pu engendrer cependant, il ne lui en laissa pas le temps, le saignant allègrement sans la moindre pitié, rompant ainsi le dernier lien qui le retenait dans cette vie trop tranquille et absolument pas faite pour lui. C'est donc ignorant la vérité sur cette enveloppe contenant en fait l'argent de Bozo pour garantir un traitement de faveur et refusé par le garde, que Krok tua son frère, privant ses quatre enfants de leur père et cela, sans même verser une larme.

Les pirates surclassèrent rapidement les gardes, ceux-ci n'ayant pas l'habitude de faire face à cette extrême violence. Il ne restait plus que le combat de Titans que menait le Capitaine Kitrop et le Commandant Jinta. Chacun d'entre eux maîtrisait le karaté aquatique et cela rendait les choses presque surnaturelles. C'est finalement distrait par les cris de ses hommes à l'agonie que le Commandant perdit sa concentration l'espace d'une seconde, permettant à son adversaire de lui porter un coup direct qui détermina l'issue du combat. Malgré son désavantage du à sa blessure, il parvint tout de même à résister encore plusieurs longues minutes aux assauts du Capitaine pour finalement s'écrouler sous ses coups. Histoire de bien montrer qu'il était inutile de les poursuivre, ils immobilisèrent Jinta contre un tronc d'arbre et lui transpercèrent les bras et les jambes à l'aide des tridents des soldats, lui infligeant encore quelques blessures dont il ne se remettra pas. Krok et ses nouveaux compagnons quittèrent la zone de combat, ce dernier jeta un dernier coup d'oeil à la dépouille de son grand frère qui baignait dans son sang, avant de continuer sa route vers l'aventure dont il avait toujours rêvé. Devant lui, se tenait l'occasion de devenir fort et puissant, de rencontrer des gens dont rien que le nom faisait trembler le monde entier.

Fort heureusement pour les pirates, leur bateau n'avait pas bougé et c'est donc sans tarder qu'ils se remirent en route, embarquant avec eux leur nouvelle recrue. Le Capitaine ordonna de mettre le cap vers les Blues, histoire de se renflouer un peu en volant des faibles humains, cette race inférieure qui se croyait meilleure que les autres. Jori, le navigateur, mit dont le cap vers North Blue.



Le voyage sur le navire Poséidon fut très instructif pour Krok qui apprit énormément de choses auprès du navigateur de l'équipage. Cela lui permit d'expérimenter les événements météorologiques dont il avait entendu parler dans les livres et en plus de cela, Jori lui expliquait avec précision les choses. Durant leur traversée de Grandline vers North Blue, ils croisèrent quelques navires marchands qu'ils ne manquèrent pas d'attaquer et de piller, ne laissant aucun survivant. Durant ces massacres, la sauvagerie de Krok put s'exprimer à son plein potentiel et il fallait admettre que voir du sang couler était un véritable bonheur pour l'homme-poisson. Ce n'est qu'au large du Royaume d'Alabasta que l'équipage du Poséidon croisa la route de soldats de la Marine, ceux-ci n'étant clairement pas prêt à affronter des hommes-poissons et succombèrent après une lutte perdue d'avance.

Cette petite rencontre attira l'attention de la Marine et il ne fallut pas longtemps pour que les rencontres se répètent encore et encore, les affrontements se révélant de plus en plus féroce. Heureusement, ils parvinrent à atteindre North Blue et là encore, plusieurs navires de la Marine les attendaient de pieds fermes. Avec l'avantage de l'eau, les hommes-poissons n'eurent pas trop de mal à réduire drastiquement le nombre d'adversaires, coulant les navires et tuant les malheureux soldats qui tombaient à l'eau. Dans le dernier navire encore entier, se trouvait le gradé menant cette opération à l'encontre de l'équipage des hommes-poissons et il fut bien surpris de voir la différence de force titanesque qu'il y avait entre les humains et eux, surtout dans un combat sur l'eau. Il était clair que pour les vaincre, il aurait fallu attendre qu'ils posent le pied à terre mais bon, c'était hélas trop tard pour lui. De son côté, Krok prenait énormément de plaisir à déchiqueter les soldats, leur arrachant des morceaux de chair avec sa mâchoire de requin. Cependant, malgré le plaisir de voir leur sang se déverser dans l'océan, il lui manquait le challenge du combat, chose que pour le moment, il ne pouvait trouver qu'en s'opposant aux autres membres de l'équipage, ce qu'ils n'appréciaient pas tous forcément.

Voyant qu'il avait une totale supériorité dans ce combat, le Capitaine Kitrop décida de mettre son plan à exécution afin de se débarrasser de deux problèmes lui empoisonnant l'existence. Il laissa ses hommes s'occuper des marins tombés à l'eau, tandis que lui, aborda le navire principal à la recherche du chef. Après quelques combats bien futiles, il lui mit la main dessus et malgré les insultes proférées à son encontre, il lui proposa un marché que ce dernier avait tout intérêt à accepter. Leur discussion dura une dizaine de minutes et ils arrivèrent à un accord. Le Capitaine donna le signal à ses hommes de rejoindre le navire, laissant la Marine penser ses plaies. Une fois tous réunis, il s'approcha de Krok tout en parlant de la victoire qu'ils venaient de remporter, les félicitant pour leur prouesse et leur rage de combattre. Soudain, il porta un coup violent au jeune pirate qui eut l'impression que l'onde de choc traversa totalement son corps. Sous l'effet de cette attaque, il tomba comme une masse au sol et c'est presque inconscient qu'il entendit Kitrop annoncer qu'il avait conclu un marché avec la Marine et qu'en échange d'un responsable, ils ne seraient plus inquiétés. Bien entendu, la jeune recrue, trop violente pour beaucoup, était le meilleur choix pour se sacrifice et surtout, ils ne l'avaient jamais considérés comme un membre de l'équipage.

Les deux navires s'approchèrent l'un de l'autre pour effectuer le transfert du prisonnier. Ce dernier pouvait à peine tenir sur ses pieds et c'est donc quatre soldats qui le portèrent pour l'emmener. Malheureusement pour le Capitaine Kitrop, son plan connut un revers inattendu en l'arrivée surprise de plusieurs navires de la Marine qui se mirent à les bombarder. Regagnant un peu conscience, Krok parvint à se défaire de la garde des soldats et plongea à l'eau sans attendre. Sans perdre une seconde, il se dirigea vers le fond de l'eau, se dissimulant dans une crevasse, le temps que les choses se calment. Le combat dura plusieurs heures et au bout de celles-ci, plus aucun homme-poisson n'était en vie, même le Capitaine Kitrop avait été vaincu par un officier haut-gradé de la Marine. Le Poséidon fut coulé et avec lui, l'existence de Krok au sein de cet équipage qui avait fini par le trahir. Heureusement, ce n'était pas la première fois et tant qu'il ne serait pas devenu fort, il savait très bien que ce genre de chose pouvait se reproduire. Il attendit que les navires de la Marine soient partis pour aller récupérer quelques affaires dans l'épave du Poséidon, avant de partir vivre sa propre aventure. Il lui restait de nombreuses choses à voir et quoi de mieux qu'une Blue remplie d'humains pour commencer son ascension vers le sommet.









Après sa fuite du Poséidon, Krok se retrouva seul au milieu de la vaste mer de North Blue avec pour seul repère, le souvenir d'une carte que lui avait montré Jori, le navigateur. Suivant sa position et ce dont il se remémorait, il savait très bien qu'il ne croiserait pas grand monde avant plusieurs jours. Il décida de se mettre en route, ne comptant pas trop sur sa bouille sympathique pour qu'un navire passant par là l'embarque à son bord. Grâce à son avantage naturel d'homme-poisson, la distance le séparant de la première île ne l'inquiétait pas outre mesure et puis, il trouverait bien quelques casse-croutes sur le chemin, un humain ou même autre chose, il ne fallait pas se montrer difficile. Dans sa tenue noire très aérodynamique dont l'encolure était décorée avec des poils et des plumes de monstres des mers, il nageait à bonne allure, telle une torpille cherchant sa prochaine proie. On aurait pu croire que la trahison du Capitaine Kitrop l'avait atteint d'une quelconque façon, mais c'est pourtant avec un large sourire démoniaque qu'il fonçait vers sa prochaine gloire. La seule raison de tout cela était sa faiblesse et lorsque cela changera, plus personne ne se risquera à le trahir de peur de mourir. Cette expérience était aussi bonne à prendre que les précédentes et grâce à l'équipage du Poséidon, il avait pu maîtriser les principes de navigation, ce qui n'était pas rien.

Histoire de ne pas se faire intercepter par un navire de la Marine patrouillant après les récents affrontements, chaque nuit, Krok plongeait dans les profondeurs de North Blue pour se reposer après des heures et des heures à nager. Il comprenait beaucoup mieux pourquoi, même les pirates hommes-poissons embarquaient à bord d'un navire plutôt que de partir à l'aventure comme un banc de sardines. Se nourrissant de poissons, de crustacés et d'à peu près tout ce qu'il pouvait trouver dans l'eau, l'estomac du requin ne semblait jamais en avoir assez, sans doute car ce qu'il voulait par dessus tout, c'était un bon morceau de viande. Enfin bon, au milieu de l'océan, il ne fallait pas trop espérer croiser un boeuf ou un truc du genre. Même les plus gros mammifères aquatiques comme un orque, un dauphin ou même une baleine, ne se montraient pas sur la route de l'homme-poisson, à croire qu'ils savaient le risque que cela comportait. Comme quoi, cette espèce inférieure de poisson qui doit à chaque fois aller respirer à la surface, avait tout de même le sens du danger. Plusieurs jours passèrent sans la moindre trace d'une île ou même d'un navire avec des encas sur pieds disposés à perdre un bras ou une jambe pour satisfaire l'appétit de leur invité indésirable.

Quoiqu'il en soit, son salut arriva d'une façon assez inattendue quelques heures après un repas assez léger d'une dizaine de poissons. Apparemment, lors de cet arrêt pour manger, une créature le repéra et le suivit sur plusieurs kilomètres, gardant en premier lieu ses distances pour ne pas entrer dans l'espace sensoriel de l'homme-requin. Sans doute curieux, il finit par nager à ses côtés, attirant irrésistiblement l'attention du prédateur qui voyait en ce phoque un casse-dalle de premier choix. La bave au coin de la bouche, Krok s'élança vers lui pour l'attraper, mais ce bougre d'animal était rapide et toutes les tentatives pour l'atteindre furent un échec cuisant. Faisant une croix sur ce hot-dog aquatique, l'homme-poisson continua sa route mais bien vite, il comprit que cette bestiole n'allait pas le lâcher, cette dernière le regardant avec un sourire stupide en nageant à côté de lui, à seulement quelques mètres. Pensant que la situation ne pouvait être pire que cette ineptie voulant que sa bouffe nage à côté de lui en le narguant, le pirate comprit son malheur lorsqu'une voix d'enfant se fit entendre.

« T'es un requin hein ? »

L'espace d'un instant, il tourna la tête autour de lui, désireux de voir d'où cette voix pouvait bien venir, et surtout car il espérait vainement que ce n'était pas son casse-dalle qui commençait à causer. Malheureusement, il dut se rendre à l'évidence et il lança un regard blasé par tant de malchance en direction du phoque. En plus d'arriver à lui échapper sans difficulté, voilà que sa bouffe lui parlait. Si ce n'était pas le pire cauchemar qu'un homme pouvait faire, cela n'en était pas loin. Inquiet de s'être peut-être endormi, Krok se mordit violemment l'avant-bras pour se réveiller, mais à part une vive douleur, la situation resta totalement identique. Ne voulant pas l'encourager, l'homme-poisson ne répondit pas à sa question et continua de nager vers l'Est, espérant que l'île n'était plus très loin. Evidemment, cela n'empêcha pas le petit animal de continuer à parler, ne laissant presque pas de répit aux oreilles du pauvre Krok.

« Je le savais dès que je t'ai vu ! Tu fais peur quand même avec ta tête et tes dents mais bon, je suppose que c'est normal pour un requin ! Tu es quel genre de requin ? Un marteau ? Non, ça n'a pas l'air, même si tu as les mêmes yeux globuleux qu'eux. J'ai déjà vu un requin tu sais et comme toi, il a essayé de faire la course avec moi, mais j'ai toujours gagné ! Je suis une flèche, un vrai bolide sous l'eau ! Même mon grand frère ne sait pas me battre ! Tu vas où comme ça ? Ca doit être chouette d'être grand comme ça. Maman m'a dit que dans quelques années, j'aurai doublé de taille, donc il faut que je m'entraîne tous les jours pour garder la forme et rester le plus rapide. Et tu fais quoi par ici ? C'est rare de voir un requin dans le coin. La plupart sont chassés par les humains, il faut dire que vous êtes lent. Une chose comme ça ne m'arrivera jamais vu comme je suis rapide. Au fait, je m'appelle Riri, ma maman m'a toujours dit de me présenter avant de poser une question, mais j'oublie à chaque fois. Tu vas quand même pas faire la tête car je suis plus rapide que toi ? Hein ? »

La patience est une vertu et Krok comprenait aujourd'hui parfaitement cela voulait dire aujourd'hui car c'était visiblement une des nombreuses vertus qu'il n'avait pas. Chaque couinement sortant de la bouche de ce phoque était comme un poignard qu'il lui enfonçait dans la cervelle. Lui qui avait l'habitude que les gens gardent leur distance à cause de son apparence, il se trouvait face à un gamin bien persistant qui visiblement, ne comprenait pas que si il ne lui répondait pas, c'était car il voulait qu'il se barre sans demander son reste. Durant près d'une heure, Riri n'arrêta pas de parler, posant des questions tout en racontant sa vie sans intérêt. Il énuméra également le nombre infini de conseils que sa mère lui avait prodigué et visiblement, il ne semblait pas en comprendre la moitié. Excédé, l'homme-poisson finit par hurler pour le faire taire, ne supportant plus ses bavardages inutiles. Comment une personne pouvait parler à un mort durant une heure, il était stupide ou quoi.

« MAIS FERME TA GUEULE !!!!!!! »

La réaction fut immédiate et loin de se démonter, le gamin phoque continua son monologue, comme si de rien n'était, sachant maintenant qu'il avait trouvé un public à l'écoute, au grand désespoir de Krok.

« J'en ai pas l'air comme ça, mais j'ai gagné plusieurs courses sous-marines. Ca t'épate de nager à côté d'une star comme moi ! T'es sûr que tu veux pas me dire ton nom, ça serait mieux non ? La prochaine île est encore à plusieurs jours, vaut mieux discuter ça te fera passer le temps. Au fait, tu as déjà vu un requin blanc ? Il parait qu'ils sont supers grands. Tu crois que c'est vrai qu'ils mangent de la chair vivante ? Ca doit foutre les jetons d'en voir un. Au fait, ça te dérange pas si je te suis hein ? Je suis sûr que non. »

Serrant les dents pour tenter de supporter tout ça, Krok ne se fit pas prier pour attraper la perche que lui tendait Riri, espérant ainsi s'en débarrasser une bonne fois pour toute.

« En fait, oui ! Ta présence me fout en rogne alors barre-toi au large et fous-moi la paix ! »

Le jeune phoque ouvrit grands les yeux, fixant son nouveau compagnon de route, avant d'éclater de rire bruyamment, tout en faisant plusieurs tonneaux dans l'eau. Ce petit con savait comment faire enrager quelqu'un même si il ne semblait pas le faire exprès. C'est avec un sourire magistral exposant sa dentition toute blanche que Riri s'adressa à l'homme-poisson, ponctuant ses phrases par un petit rire nerveux qu'il ne parvenait pas à contrôler.

« Tu es amusant ! J'y ai presque cru. Tu sais que je connais une troupe de théâtre pas loin d'où j'habite et c'est Monsieur Raie qui la dirige. Si tu veux, je peux lui parler de toi. J'ai joué dans une pièce quand j'étais petit, mais vu mon talent, je faisais trop d'ombre aux autres acteurs. C'est bête non ? Enfin bon, je serai la star des océans quand j'aurai participé à la course du Corail Nord. »

Visiblement, rien ne pouvait entrer dans sa caboche vide et chaque tentative de le faire fuir se révéla être prise à la rigolade ou simplement ignorée. Fort heureusement, la nuit commença à tomber et avec un peu de chance, il allait pouvoir s'en débarrasser, soit par une imprudence de sa part, soit en partant plus tôt au matin. Il s'enfonça profondément dans l'eau et une fois qu'il eut trouvé un endroit paisible où dormir, Krok s'y installa, essayant d'ignorer les bavardages interminables du gamin. Heureusement, ce dernier s'arrêta et s'en alla, sans doute pour dormir de son côté également. Vu sa vitesse, il était vain de tenter de le suivre, même si l'idée de le transformer en casse-croute n'était toujours pas sortie de la tête de l'homme-requin. Durant plusieurs heures, il put se reposer sans entendre les piaillements du jeune phoque, ce qui il devait l'admettre, était un réel bonheur. Malheureusement, ce plaisir ne dura que le temps de s'endormir car une fois plongé dans ses pensées, les paroles interminables de Riri lui revinrent durant toute la nuit en tête, encore et encore. Plusieurs fois, il se réveilla en sursaut après avoir imaginé que ce gamin lui suivrait à tout jamais, sans doute son pire cauchemar.

A l'aube, sans perdre de temps après son réveil, il attrapa quelques crabes et partit à vive allure pour laisser son encombrant invité à la traîne. En voyant que son plan avait marché, Krok arbora un large sourire qui témoignait de sa satisfaction du moment. Durant deux bonnes heures, il ne ralentit pas une seconde la cadence, trop heureux d'avoir semé ce casse-croute dérangeant. Comme une bonne nouvelle n'arrivait jamais seule, il ne tarda pas à voir au loin une île. Sa taille supposait que ce n'était pas celle qu'il avait en tête en se remémorant la carte mais bon, ce n'était pas vraiment un problème. On ne peut plus heureux, l'homme-poisson déchanta malheureusement tout aussi vite lorsqu'une voix lui parvint derrière lui pour finalement le dépasser.

« Attention !!! Voilà le plus rapide !!! T'es un distrait quand même. Tu avais pas vu que je n'étais pas là ? Heureusement que je savais dans quelle direction tu allais, car on risquait de se perdre de vue. »

Le pot-de-colle étant de retour, le visage de Krok retrouva un air rempli d'exaspération et il n'était pas dur de deviner l'effort considérable qu'il faisait de ne pas hurler comme un dément. Heureusement, dans son malheur, il voyait peut-être un moyen de se débarrasser de cet oursin planté dans son pied. Cette île allait être parfaite pour mettre son plan à exécution et c'est donc avec un sourire pour le moins forcé qu'il s'adressa à Riri.

« Alors comme ça tu es rapide. Ca te dirait qu'on fasse une petite course ? »

« Mais t'es bouché ou quoi ? Evidemment que je suis le plus rapide ! Je suis le meilleur et personne ne sait me battre ! »

Un large sourire plein de sous-entendus malsains s'afficha sur les lèvres de Krok et il poursuivit son explication de son petit défi, poussant le gamin facilement vers la situation qu'il voulait en provoquant un peu son ego.

« Si tu es vraiment si rapide, on pourrait faire un test avec l'île là-bas. Bien sûr, si tu as peur de perdre, je peux le comprendre. »

« J'ai peur de rien ! Je suis Riri la flèche et personne ne peut me battre ! Je suis le plus rapide de North Blue ! »

« Alors, voilà ce que je te propose pour vérifier. On prend deux cents mètres d'élan et arrivé près de la plage, on saute pour voir qui va le plus loin. Si tu es si rapide, tu devrais me battre sans problème, mais je suis sûr de gagner. Tu dois avoir les chocottes de sortir de l'eau, la Flèche ! Hahahahahahaha !!! »

Naïf et facilement provoqué, le jeune phoque ne se laissa pas démonter et accepta le défi. Il n'avait plus qu'à l'esprit de battre son nouveau compagnon de voyage et ne se soucier de rien d'autre.

« J'y vais en premier, histoire de voir ta tête lorsque tu auras perdu. Et ne triche pas en prenant de l'élan ! »

« J'ai pas besoin de tricher !!!!! »

Maintenant qu'il avait bien remonté le gamin, il ne restait plus qu'à terminer son petit cinéma. Riri remonta à la surface pour observer la performance de Krok. Ce dernier démarra d'en une impulsion puissante des deux jambes, poursuivant par plusieurs battements synchronisés pour prendre de la vitesse. Arrivé non loin de la plage, il s'enfonça un peu plus et sauta hors de l'eau dans un bon impressionnant de par sa vitesse. Sans trop de difficulté, il parvint à parcourir une vingtaine de mètres avant de toucher le sol. Histoire de narguer son parasite, il sourit ostensiblement en criant quelques phrases bien choisies.

« Tu peux abandonner tout de suite ! Tu arriveras jamais à me battre ! Comme je vais te mettre la misère ! »

Alors que le gamin phoque s'excitait tout seul de montrer qu'il était le plus rapide et le meilleur, Krok alla chercher un morceau de bois et commença à le tailler pour le planter à l'endroit de son atterrissage. Lorsqu'il fut finalement prêt à prendre note de la performance de Riri, ce dernier s'élança à toute allure. Il était clair qu'il dépassait de loin l'homme-poisson mais fallait-il encore qu'il parvienne à négocier efficacement la sortie de l'eau, ce qui était le passage le plus délicat. Heureusement pour lui, il avait eu l'occasion de voir la façon de faire de son adversaire et c'est donc après une légère descente qu'il remonta pour s'envoler au dessus de la plage. En plein vol, le gamin se voyait déjà gagner, cela ne faisait aucun doute vu sa hauteur et sa vitesse. Tout était réuni pour qu'il batte la distance de Krok d'une bonne dizaine de mètres cependant, c'était sans compter sur le but initial de ce défi. C'est incapable de faire quoique ce soit que le gamin vit arriver droit sur lui un morceau de bois taillé en pointe, lancé par l'homme-poisson dont le visage exprimait tout le sadisme qui l'habitait. Sans la moindre possibilité d'éviter le projectile lancé à une vitesse similaire à la sienne, Riri fut transpercé de part en part, le choc le stoppant presque net sur place.

« Mouahahahahahahahahahahaa !!!! Mais que t'es con ! Tu t'es fais avoir comme un débutant « la flèche » ! On peut t'appeler « le harpon » maintenant ! Hahahahahahahahaha !!!! »

Ne pouvant s'empêcher de rire devant sa victime, Krok observa le jeune phoque agoniser durant plusieurs minutes, avant de retirer son arme improvisée et lui donner le coup de grâce. Sans plus de cérémonie, il embrocha méticuleusement son casse-dalle et le posa sur le côté, le temps de faire un feu. Cela lui avait pris plusieurs jours mais au final, il allait pouvoir enfin manger un vrai repas avec de la viande. Le plaisir ultime étant de sentir couler le sang au fond de sa gorge, il fit juste doré la bête, histoire de la débarrasser des quelques poils pouvant lui rester entre les dents et commença à déguster sa jeune chair tendre et juteuse à souhait dans un silence religieux, chose indispensable pour apprécier une viande aussi fraîche et appétissante.