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Good Will Hunting [OneShot 1610]

Classic Town, aube à peine naissante.

Les détenus dorment encore dans leurs cellules et le directeur dans ses appartements. Seuls quelques gardiens sont déjà éveillés, qui veillent à l’accomplissement des corvées du début de journée. Aux quais, personne pour accueillir le navire de taille moyenne qui accoste. Une goélette de vingt toises de long frappée du pavillon de la Marine Mondiale. Drisses qui battent les mâts, chaîne qu’on relâche et ancre qui sombre. Plouf. Tchac, bruit de métal raclant les fonds marins, le bateau est ferré. Deux matelots en fin de quart sautent à terre dans un bâillement étouffé puis, d’un geste expert et parfaitement coordonné, fixent les amarres. La passerelle est lancée et un homme sort, un manteau d’officier blanc immaculé sur les épaules, l’air contrarié. Regard à gauche, regard à droite. Personne.

Cinq instants trop longs passent. Personne ne les a vus arriver, personne ne les a entendus. Aucune attention. Mal réveillé le gradé s’énerve, peste, tape du pied mais sans effet. Quand les premiers rayons du soleil fouettent les voiles dans la brise matinale, il jappe un ordre et se voit apporter une corne de brume. La cinquantaine d’hommes d’équipage se bouche les oreilles, pas encore assez désengourdies du froid humide de la nuit passée en mer pour supporter le raffut qui retentit aussitôt. L’officier évacue sa colère par sa trompe et fait résonner jusqu’à l’autre côté de l’îlot de sa voix courroucée. Dans les chambres de ce pensionnat pour rebuts humains, deux prisonniers se réveillent pour aussitôt succomber à la crise cardiaque qui les a secoués. Les autres ne se rendorment pas.

Dans son bureau, le directeur paraît, beuglant qu’on dresse les canons. Mais aucun garde n’est là pour l’écouter, son second est en panique dans sa chambre, il est seul et doit descendre lui-même pour constater l’avancée des troupes ennemies. Mais de troupes ennemies il n’y a point. Pas d’armada à l’horizon quand il gravit l’escalier qui mène au chemin de ronde, pas de drapeaux pirates, pas même une coque de noix. Alors quoi ? Tous les regards depuis le centre de la cour principale se tournent vers la hauteur où il se trouve, en attente de réponse qu’il n’a pas. Puis encore ce même cri de mouette enrouée, amplifié par un mégaphone de quelque sorte. Cette fois-ci, aucun mort.

Mais les pulsations cardiaques s’accélèrent, les cerveaux s’agitent, et enfin l’on identifie d’où vient le signal. Les quais ! Le directeur ne sort pas en personne mais une équipe de dix matons est envoyée en reconnaissance. Ils trouvent là-bas spectacle commun, tombant nez à nez avec un commandant de la Marine mécontent et se préparant à s’époumoner une énième fois pour annoncer sa venue et exiger qu’on vienne l’accueillir comme son ordre de mission lui stipule qu’il le sera. Le désigné chef de l’escouade envoyée à sa rencontre ne peut pas résister longuement quand le militaire ordonne à ses hommes de débarquer le prisonnier et le lui met entre les mains. On lui a dit de déposer le colis ici, on lui a dit qu’ils étaient au courant. Tant pis pour eux s’ils ne lisent pas leur courrier.

Sitôt largué l’énergumène encapuchonné, la troupe remonte à bord et repart au large en moins de temps qu’il n’en faut à une brise légère pour devenir vent correct. Les gardiens réalisent enfin ce qui s’est passé et prennent la lettre d’accompagnement et la laisse du condamné puis rentrent à bon port. Furieux d’ainsi se faire forcer la main alors qu’il n’est au courant de rien, le directeur saute dans la cour et s’approche du coupable dont les autorités se sont débarrassées chez lui. D’un mouvement sec il arrache la toile qui lui masque le visage.
Spoiler:
Quelque part au large de Classic Town, alors que le soleil est au zénith.

Euh, Commandant ? Commandant vous êtes réveillé ?
Mais quoi encore !? On peut pas pioncer tranquille bordel !?
Jviens de vérifier. Le mec, là. Good Will. C’est pas à Classic qu’on devait l’lâcher. C’tait au QG. Z’avez confondu avec l’ordre de mission d’la semaine dernière, quand on trimballait le gars Godwin.
Putain, z’êtes sûr ?! … Merde merde merde ! Marche arrière, toute ! Marche arrière !


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Quelque part loin loin au large de l’île de Baterilla, le lendemain, aube naissante.

Euh, Commandant ? Commandant vous êtes réveillé ?

Commandant, c’est urgent !
Mh ? Super-Trempe, c’est vous ? S’quis’passe ?
Appel du QG, Commandant ! Pour vous expressément !

Dix instants trop courts passent, le commandant Tahgel émerge de sa cabine en trombe, habillé un peu fripé comme s’il avait dormi dans sa valise et un escargophone un peu aplati à la main. En trois pas il grimpe les escaliers menant au château arrière et, de là, sa lieutenante du moment et son barreur seuls dans son dos, il harangue l’équipage du Tambour Battant, rassemblé sur le pont principal en deux temps trois mouvements par la cloche du bosco. Ces branquignols de privés de Classic Town ont laissé s’échapper Good Will après qu’on le leur avait confié le temps d’une erreur de dossier, toutes les troupes sont en état d’alerte et eux plus que toute autre, puisque le criminel aurait annoncé avoir un compte à régler sur Baterilla. L’annonce fait son effet.

Good Will, primé du moment, vingt-huit ans, mis à prix pour cinquante-cinq millions de Berries après quelques massacres dénotant un formidable esprit de méthode ainsi qu’une absence de sentiments assez impressionnante, surnommé ainsi parce que paradoxalement parfaitement capable de contenir ses pulsions de mort et même assez atteint pour accepter de se rendre ou de laisser la vie sauve à ceux qui arrivent à le battre dans les défis qu’il propose à ses interlocuteurs avant de les faire passer au statut de victime. Un joueur invétéré du chaos, un parieur fou envoyé par les enfers. Un nom cachant mal la puissance qui se trouve derrière. Un nom qui fait chuchoter. Mais il suffit.

Le commandant Tahgel reprend la parole après avoir accordé deux phrases de répit à ses hommes pour commenter l’information. Il appelle au calme, et au respect de ses ordres, lesquels sont simples : cap sur Baterilla. Il y débarquera avec Super-Trempe pour attendre le fugitif et l’appréhender quand il arrivera ou s’il est déjà arrivé, et pendant ce temps le galion ira se positionner au large de l’île pour couvrir toute fuite de l’ennemi. C’est net, c’est clair, c’est relayé par le maître d’équipage et tout le monde s’affaire malgré la fraîcheur de la journée qui s’annonce. Le temps a changé dans la nuit, le soleil est caché, les albatros sortent couverts. Sale temps, mais au moins on ne suera pas trop à la manœuvre. Le bâtiment vire de bord en quelques encablures et cap est tracé.

On apprend à jouer aux cartes quand on est fille de contre-amiral, Lieutenant ?
Oui Commandant.
Très bien, apprenez-moi tout ce que vous savez d’ici ce soir.

Dans l’intimité retrouvée de la cabine du capitaine, les grades sont oubliés et les plaisirs partenaires retrouvés. Plaisirs à deux et plaisirs aux cartes. Plaisirs aux dés aussi, mais c’est plus ennuyeux, et puis les perdants ont droit à un gage et on continue ainsi jusqu’au soir, en sortant de temps en temps pour accomplir les devoirs des officiers et vérifier que tout se passe bien à bord. Ce qui est le cas, tant mieux. Baterilla est en vue alors que commence le dernier quart de la journée et que la lumière décroît à l’horizon là-bas où il fait beau. Voile qui claquent dans les vergues, odeurs de varech et airs de rien. La chaloupe est mise à l’eau avec à son bord le commandant, la lieutenant, et un matelot qui servira à pagayer. Le maître d’équipage assurera en tant qu’officier marinier la direction du navire en l’absence de ses maîtres, et sait à quoi s’en tenir si l’envie lui venait de mal agir.


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Baterilla, même jour, crépuscule.

Deux ombres debout et une assise en train de ramer, la barque accoste dans un crissement de sable aplati sur le sable de la plage. Sur l’étendue léchée par la marée du soir, un homme attend, seul et armé. Il se met au garde-à-vous quand le commandant Tahgel lui dit bonsoir de son habituel ton brut. Repos adjudant. Alors, il est là ? Pas encore monsieur. Bien, où crèche-t-on ? A la base monsieur. -dame. En guise de base, huit murs, deux portes et vingt-cinq fenêtres constituent le bâtiment où les gradés sont invités à passer la nuit. Il est trop tard pour s’appesantir, l’adjudant leur laisse sa chambre et va sommeiller dans la salle de garde avec les hommes de faction. On a été prévenus, des rondes ont été organisées et on les préviendra au moindre signe suspect.

Les signes suspects retentissent au beau milieu de la nuit quand un bâtiment saute, rappelant au commandant Tahgel son dernier passage sur l’île pour l’arrestation du Chocolatier. Une maison en feu convainc l’adjudant que patrouiller c’est bien mais pas top, il s’en excuse auprès de Tahar et Super-Trempe qui se sentent d’humeur revêche à avoir été interrompus ainsi dans leur activité. De sommeil. Deux maugréements plus tard, le plus haut gradé à dix lieues à la ronde a revêtu frusques et aura de mort et s’enquiert sous les palmiers endormis d’éventuelles traces de passage auprès des extincteurs d’incendie. On lui signale des pas venus du centre-ville, qu’il s’empresse de suivre en sens inverse jusqu’au… centre-bourg, si on peut même appeler ainsi les trois bicoques branlantes qui tiennent lieu de municipalité à l’endroit. Une seule porte peut être la bonne, celle devant laquelle trône un cadavre qui n’est certes pas un vieillard endormi dans son fauteuil. Le commandant entre.

Alors c’est vous qu’on envoie, hein ?
C’est moi. Commandant Tahgel pour quand on vous demandera. Et vous, c’est vous.

Et lui, c’est lui. Good Will. Fidèle à l’image aperçue sur une affiche de recherche quelques huitaines plutôt. Toujours aussi impressionné par le talent des portraitistes mais pas par l’homme malsain qui l’attend assis à la table placée au centre de la pièce sous le lustre allumé de mille bougies, l’officier va s’asseoir, prend place et allume une cigarette pour s’augmenter la tension nerveuse.

Vous savez que je pourrais vous sauter à la gorge sans jouer à votre petit jeu ?
Deux ont essayé. Mon premier adversaire, qui ne me connaissait pas et qui a perdu. Et le dernier, qui a gagné et que j’ai laissé m’arrêter. Pendant les deux ans qui ont séparé l’un de l’autre, personne.
Pourquoi donc ?
Le challenge. La confiance en soi. La certitude de pouvoir me battre. Tout ce qui fait un bon soldat.
Qu’est-ce qui vous fait croire que je suis un bon soldat ?
Vous n’en êtes pas un. Vous, il n’y a que le challenge qui vous motive. C’est dans votre œil.
Commençons.

Langue qui brosse une canine aiguisée et regard complice de démasqué volontaire à joueur qui ne s’assume pas encore complètement. Will se penche sur sa droite, invite son opposant du soir à se servir un verre du whisky qu’il a amené du placard de la cuisine et à trinquer à la santé du pauvre diable dont la dépouille salue le vide de la nuit à l’extérieur sur le perron. Pendant que Tahar s’exécute, il sort de quoi jouer au sort et à la chance et à l’intelligence le sort de toute une ville. Mais point de cartes ce soir, l’entraînement a été vain. C’est un plateau damé de noir et de blanc alternés que contemple le commandant. Huit cases de large pour huit cases de haut, seize pièces chacun et un seul but : tuer le roi adverse. Vous ne connaissez pas les règles ? Non, mais j’apprends vite.


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Baterilla, lendemain du lendemain, nuit noire.

Les mises ?
La vie du pâtelin pour vous, la mienne pour moi.
Tenu.
Menteur, vous tenterez de vous interposer si je gagne. Mais tenez, vous me plaisez.
Ah ?
Oui, et je vous offre une partie à blanc pour le prouver.

Le privilège est bienvenu. Heureux. Le commandant n’est pas un homme de patience, et s’il sait se montrer tactique sur un champ de bataille, il a la tendance naturelle de tout homme de terrain à charger toutes pièces dehors et sans retenue. Mauvaise stratégie s’il en est pour espérer gagner à ce jeu où tous les coups sont permis mais où il est préférable de réfléchir à quatre fois avant de prendre sa décision. Pour espérer gagner face à un adversaire cérébral comme peu le sont. La fin est abrupte mais l’exercice enrichissant, nécessaire puisque désormais les mécanismes de déplacement sont bien intégrés. De même que les réactions faciales de l’adversaire. Mauvais joueur de cartes et de jeux de plateau, certes, mais lecteur de physionomie, ça, non. Qualité primordiale pour un combattant au corps à corps, l’analyse du jeu de visage de l’interlocuteur a porté ses fruits.

Prêt à perdre ?
Plus que vous.

Sourire entendu. Touché, monsieur Good Will. Le commandant a raison, il est plus prêt à bondir sur son sabre et à combattre dans les règles, dans ses règles, que son ennemi ne l’est à assumer une deuxième défaite en une lune, c’est évident. Et les pièces bougent. La chair à canon. Les diagonales. Les droits. Les torturés. A l’extérieur le bruit des bottes se fait entendre mais à la porte le Lieutenant Super-Trempe assure que le souhait de son supérieur soit respecté : personne n’entre, personne ne tire tant qu’il est à l’intérieur, tant qu’il n’en a pas donné l’ordre. Et à l’intérieur la partie va son cours. Et à l’extérieur la trentaine de soldats ronge son frein sans trop réaliser que si le commandant Tahgel est homme de parole lui aussi leurs vies ne tient qu’à un fil. Celui de sa capacité à apprendre.

Pour l’instant, il semble en bonne voie. Dans l’ombre l’horloge murale sonne les laudes et dehors on a déjà enterré le cadavre, cependant que sur le plateau de bois la chair à canon a été évacuée de moitié. Les évêques ont été chassés de part et d’autre sauf un caché dans un coin. Les cavaliers sont tombés avec vaillance. Restent les citadelles et les reines, qui s’en donnent à cœur joie, tandis que les souverains n’osent bouger. Quand enfin. Quand enfin Tahar triomphe.

Echec !
Si près et pourtant si loin… Echec et mat.

A triomphé, puis déchante. L’autre le regarde par en dessous, se gratte le col cheminée et salive déjà derrière ses lunettes teintées malgré la pénombre de se voir confier la clef des champs et des maisons alentour. Mais bien évidemment il n’en est pas question. L’idée serait de lancer l’assaut maintenant mais quand on s’appelle Tahar Tahgel et qu’on a sa fierté, on veut battre son adversaire à son propre jeu, fût-il tordu. Et probablement surtout s’il est tordu, même.

Vous réjouissez pas trop vite. On est entre hommes, on peut bien relancer ?
Qu’avez-vous à m’offrir ?
Mon équipage. Cinquante hommes à l’ancre, vous avez dû apercevoir le navire en arrivant.
Juste, très juste…
Vous avez besoin que je vous signe un contrat ?
Non non, ça ira, je me servirai quand j’en aurai fini avec vous…

Et de remettre les pièces en position initiale. Et de tendre la dame blanche à son adversaire en énième geste de bonne volonté. Attention Will, à trop se monter gentil…


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Baterilla, lendemain du lendemain, aube naissante.

Le village et mon équipage contre vous, nous sommes d’accord ?
Nous sommes d’accord.

Le ventre du commandant Tahgel grogne et comme par magie son adversaire sort de sa besace aux mille merveilles un en-cas qu’il lui tend. Encore probablement un cadeau de feu le propriétaire de l’endroit. Rechignant au début, le soldat se laisse bien vite gagner par son appétit pendant que dehors les hommes font de même. Seuls, Super-Trempe à l’entrée et le psychopathe attablé face l’officier semblent ne pas sentir passer la fringale habituelle venue avec la naissance du jour. Les pions se remettent en marche et cavalent à leur mort certaine avec enthousiasme une fois englouties les premières bouchées. Le jeu se fait plus subtil que précédemment, où les positions de l’un et de l’autre sont observés. Homme du matin ou rapide apprenti, on sent Tahar plus dans son élément cette fois.

Attaque des pièces. Un cheval fou part au galop, décime l’ennemi, tue un prêtre dans sa folie et va s’abattre dans une tour par sacrifice. Défense impeccable en face, emportant les deux centaures qui ne henniront plus. Contre-attaque des équins, qui fendent mais ne passent pas les murailles d’en face. Statu quo, on se regarde et on mange un nouveau morceau. Même le maître du jeu s’y met, conscient qu’il est en moins bonne posture qu’aux parties précédentes. C’est le calme avant la bataille finale. Restent d’un côté une tour, deux apôtres de la foi et la dame sauveuse, et de l’autre une tour et un fou et la dame en noir. Le parfum de la défaite émane des chiffres mais tout n’est pas encore joué.

Pas encore, mais bientôt. Partisan de la défense agressive, Good Will mène l’assaut. La maîtresse d’ébène ravage les rangs ecclésiastiques adverses et semble bien partie pour, protégée par de solides créneaux, percer ceux d’en face. Mais en face on a sa fierté, et Tahar assomme coup sur coup tour et dame adverse d’une attaque éclair de sa candide reine tandis que le roi se retire derrière ses remparts. C’est la débâcle puis la défaite pour le roi adverse qui reste défendu par son pape en pleine apostasie. Au sein de la marine mondiale, on exulte. Dans le camp criminel, on se renfrogne.

Alors, c’est réglé ?
Pas encore… Vous avez renchéri, j’en ai le droit aussi.
Certes.
Baterilla, votre équipage d’un côté. De l’autre, ma vie, et ce papier.
Ce papier ?
Celui-ci. Lisez-moi et dites-moi que je mens à vous dire qu’il indique l’emplacement d’un trésor.

Le commandant Tahgel lit son adversaire qui commence à accuser la fatigue d’une nuit et d’une matinée blanche à jouer à l’échec. Lit et ne dis pas. Non, en face on ne ment pas. Oui, ce papier est bien une carte au trésor de quelque sorte. Alors admettons. Pourquoi ne pas attaquer physiquement, gagner le combat, et prendre le papier quoi qu’il en soit ? Pour le plaisir de rééditer l’exploit, pour le plaisir d’enfoncer le clou dans l’orgueil de Good Will. Pour gagner dans des conditions inattaquables, où chacun a une fois relancé la mise pour assurer sa poursuite du tournoi à mort qui se joue.

Commandant, vous êtes sûr ?
Piquez un somme, Lieutenant, on voit vos cernes d’ici.

C’est un fard que Super-Trempe pique avant de retourner à son ouvrage, à savoir la surveillance pensante de la troupe qui s’émeut à l’extérieur de ne toujours rien avoir à se mettre sous la dent alors que les cloches locales sonnent sexte. Plateau, pièces, partie. Casse-dalle, rebelote.


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Baterilla, lendemain du lendemain, après-midi.

Si près. Et pourtant si loin…

Les hommes ont l’air las des fins de partie, alors que la plupart des pièces sont toujours sur le plateau de jeu. Seuls les pions ont été évacués, on a privilégié le jeu tactique des pièces maîtresses cette fois-ci, s’est débarrassé de la piétaille pour laisser tout leur champ opérationnel aux différentes armes à distance. Et, configuration peu ordinaire, ce faisant on a réussi à pratiquement inverser les couleurs, chacun jouant depuis le territoire de son ennemi à la réserve d’un petit bastion dans lequel le roi est réfugié pour supporter les attaques adverses. Mais à trop vouloir contourner pour prendre à revers, on finit par approcher sa perte. Et Good Will est en train de réaliser qu’à jouer trop fin on perd.

Echec ?

La leçon passe mal dans son cerveau malade des souffrances infligées aux autres. Comment pourrait-il en être autrement ? Lui qui n’a qu’une parole commence à réaliser qu’il vient de parier sa vie en prison de haute sécurité. Encore. Pour la deuxième fois en un mois. Du blafard veilleur, il passe au cramoisi vexé, puis au pourpre énervé, puis au jaune véreux.

Echec et mat ?!
Vous me suivez sagement ? Je prends ceci.

Et de prendre le parchemin déposé sous la première pièce mangée en gage de bonne foi. Une suite de signe sans grande signification pour le profane, comme il était à parier. Mais le commandant Tahgel s’en satisfait pour le moment. Ou plutôt n’a pas d’autre choix que de s’en satisfaire puisqu’à peine a-t-il ouvert la bouche pour demander explications que la plaque de bois ouvragée lui arrive en plein visage. Manifestement, le perdant ne se rendra pas sagement finalement.

Tst, voyons, un grand garçon comme vous, Will…

Même après une veille pareille, garder le sang froid et l’aplomb d’un homme d’esprit. Ainsi sont les Tahgel. Ainsi est Tahar tout du moins. Mais Good Will ne l’entend pas ainsi. Ou ne semble pas vouloir l’entendre ainsi. Peut-être qu’avec un peu de persuasion… Oui, voilà. Tombons les masques, redevenons les êtres d’action que nous sommes réellement. Le malfrat révèle en tranchant la table par en-dessous avec la rapière qu’il dissimulait entre ses genoux qu’il n’est pas si ankylosé qu’on aurait pu le penser après autant de temps sans se lever. Mais tout cela tombe très bien, Tahar a lui besoin de se dérouiller. Il se dérouille, sort son sabre et ordonne à Super-Trempe de tenir les mousquets. Il a commencé seul, il finira seul. Et le duel d’escrime peut commencer.

Commence. Se poursuit. Se pause un peu, quand Will reçoit sa première pointe dans l’épaule gauche, à la première occasion de fendre laissée à l’officier. Laisser respirer les opposants. Reprend peu après, quand dans une taille plus déviante que les autres le joueur souligne sa maîtrise de l’art martial en entaillant le plastron du commandant du Tambour. Haha, à moi Baterilla. Mais non. Loin de là. Endurci par des années de combat à la régulière, il en faut plus pour faire tomber un combattant comme celui qu’il a en face en ce début de fin de journée maussade. D’un estoc, Tahar rétablit la vérité. Narnak fend l’air et embroche la cuisse, cette fois, du bandit. Rends-toi, maraud.

L’heure et le manque de patience rendent Tahar vieux jeu. Mais de même qu’il a fallu la jouer en deux manches gagnantes pour lui faire admettre qu’en face il avait génie plus grand que lui, il en faut toujours et toujours plus pour que Will comprenne que là encore il va perdre. Autant s’incliner tout de suite, pourtant, autant s’éviter les souffrances d’une défaite violente, penserait-on. Mais non. Encore deux estocs sont nécessaires, entre lesquels il aura eu le temps, mais sans que cela le serve, d’entailler lui aussi encore deux fois le cuir du marin. Et puis à la quatrième et dernière pointe, donc, le vainqueur est sans appel. Tahar Tahgel, marin de son état, a gagné. Good Will, meurtrier, évadé, mauvais joueur, a perdu. Et l’adjudant et son équipe d’enfin pénétrer l’arène pour lui passer les fers.

Et quelque part au large de Baterilla, alors que le soleil se couche enfin, dans la cale du Tambour.

Hé mec, t’t’es fait coffrer par le Tahgel aussi ? Y a cinq jours de voile jusqu’au trou, on s’occupe ?
Hm, à voir l’ami… Tu as quoi à mettre en jeu ?


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