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Midnight City

Je sais pas où je suis. Je sais pas d’où je viens. Je sais pas où je vais. Mais j’y vais.
En titubant, la tête qui cogne dure. J’ai une brulure sur la main qui me fait souffrir, y’a une odeur de cochon grillé dans l’air. Ça pue la poule. Je vois pas à deux mètres devant, j’ai la bile au bord des lèvres. Je vais gerber. Je crois. Je me penche, je tousse. Je rends. Mon genou tape fort à terre, ma tête tourne.
Et le noir m’emporte.

Tak.
Tak tak.


« Mh. »

Tak. Cot. Cotcot. Cooooot. Tak tak.

« Oh, qu’est-ce que c’est Bunny ? Ohoh… »

Je tends l’oreille, distraitement. Je souffle. Je sens la terre sous mon visage, je sens l’humidité qui remonte. J’ai mal à la tête, j’ai mal aux cheveux. J’ai trop bu, certainement. La petite voix à côté se rapproche. Qui c’est ? Pas de réponse. Faut dire que j’ai même pas la force de vraiment le demander. Je gémis un peu, j’essaye de formuler une phrase. Je veux ouvrir les yeux. J’y arrive pas. La lumière est trop forte et j’ai un truc qui me courre dans le cou. Qui me pince. Deux trucs. Pas très lourds, mais très chiants.
Aie !
J’ouvre les yeux. Je regarde et je me dis que le monde est bizarre. Sans doute cette bouille ronde qui me fixe sans me parler. Elle bouge les lèvres, elle hurle fort et part en courant.

« MAMAN ! MAMAN ! »

Sa voix aigüe me perce les tympans, je me bouche les oreilles comme je peux. Je fronce les sourcils, je glapis aussi. Autour, les poules s’envolent, des plumes volent. J’en peux plus. J’y crois pas. Je me relève doucement, je pose la main sur le sol. Et je comprends pourquoi le monde me semblait si étrange. La lumière est trop forte, les couleurs ont perdu en intensité.

« MAMAN, Y’A UN ZOMBIE DANS LE POULAILLER ! »

Je me retourne. Son cri me parvient, alors je regarde autour de moi pour trouver le zombie. Je comprends pas. Il n’y a rien. Et puis, je tends les mains pour constater que je suis couverte de sang. C’est pas joli à voir. Mes fringues aussi. L’arrière du crâne qui pèse lourd, je comprends toujours que dal. Mais je me relève et vire du pied les quelques poules qui veulent me picorer. Bordel. Bordel de merde. Je titube un peu, j’entends des bruits de pas.
Y’a un lapin posé près de moi. Je me baisse, je le ramasse, je le regarde. La peluche est sale, couverte de boue. Comme moi. Le sang en moins. Je lève les yeux et je vois deux silhouettes. J’ai du mal à me faire à la luminosité, mais je devine une petite fille et sa mère.

« Rend-moi mon bunny ! »

Je zieute la petite. Je zieute la peluche. Et je la lui tends.

« Viens le chercher. »

La mère attrape sa gamine par le coude, la cache derrière elle. Elle me regarde, elle me détaille. J’en fais autant. Toutes les deux rousses, le lien de parenté est évident. Filiformes, grandes, taches brunes sur les joues, teints de poupée. La gamine est plus ronde, plus gamine. Je souris. Leur méfiance me fait bizarre, mais vu que je ne sais pas ce que j’ai fait, ce qui s’est passé, tout ça, je la comprends. Après tout, je suis couverte de sang, j’ai la tête dans le cul, la gueule de bois qui va avec, probablement une gueule à faire peur. Et plus j’essaye de me souvenir, moins j’y arrive. J’ose pas demander. D’où je viens. D’où vient le liquide sur mon corps. J’ose pas leurs emprunté leur salle d’eau. Je suis l’intruse, après tout. Je lui lance sa peluche. Elle la rattrape. Et on comprend tous que j’ai pas l’intention de faire du mal.

« Venez-vous laver. »

Je souris. Je les suis.
La gamine me regarde toujours du coin de l’œil, pas franchement rassurée par ma présence. Elle se demande ce qui nous prend. Nous, les adultes. Elle, la gamine. Qu’est qu’une gosse qui ferait pas rentrer un zombie afro dans sa baraque. Si on lui avait demandé son avis, elle aurait simplement crié. Là, elle est dans les jupes de sa mère, et moi, j’éponge à l’aide d’un gant le sang que j’ai dans le cou, sur les épaules.
L’eau est glacée, mais je mérite pas mieux. Je veux pas mieux. Ça m’aide à rester éveiller. Ça m’aide à garder la tête froide.

« Vous êtes la terreur afro ? »

Dans le cadre de la porte, la mère me fixe. Je ne l’ai pas entendu rentrer. Je ne savais pas qu’elle me surveillait. Je fronce un sourcil, je cache ma poitrine découverte. Elle me tend du bout des doigts une robe pour me vêtir. Je l’attrape, je la remercie. Et je lui réponds :

« Terreur afro ? Excusez-moi, mais je comprends pas.
- La personne qui a saccagé une partie du village, cette nuit même. »

Je me regarde dans la glace. Je m’interroge :

« Ça pourrait. Mais je me souviens de rien. »

La femme me sourit. Elle est un peu gênée. Je le suis tout autant, si ce n’est plus. Je vois pas quoi lui dire. Saccagé ? Saccagé jusqu’à quel point ?

« Y’a des victimes ?
- Beaucoup.
- Merde. »

Il est peut-être temps.
Temps de demander.

« Qu’est-ce que j’ai fait ? »
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« Vous avez déclencher une bagarre monstrueuse au bar central. »

Je la regarde, fixement, les sourcils froncés, l’air d’essayer de comprendre ce qu’elle me bavait. Bar central ? J’avais même pas souvenir d’y être allé. Et d’ailleurs, comment est-ce que j’avais atterris sur cette île ?

« Les gens disent que vous êtes rentrés, déjà saoule, et que vous avez bu comme douze. Sans vous arrêtez, en chantant des chansons de pirates. Vous avez mis de l’animation, jusqu’à ce que ça dégénère complètement… »

Dégénère ? Je ferme les yeux, je me pince l’arête du nez.

« Jusqu’à quel point ?
- Vous avez tué le gérant du bar, parait-il. »

Le gérant. Putain.

« Un grand brun, moustachu, rondouillard ? »

Elle hoche la tête pour affirmer. Et ça me revient.
Bordel.
Flash.

    Le bar bondé, de ces gens qui me tenaient par la taille en chantant avec moi. L’alcool qui coule à flot. Je monte sur le bar et je les regarde tous, je continue, je mène la danse. Je renverse un verre, je casse une bouteille. Quelqu’un m’agrippe la jambe fermement, m’ordonne de descendre. Je lui échappe et je continue, animant toujours. Et je tournoie, légère, j’ai envie de faire la fête :

    « Adieu port de ma jeunesse, Adieu mon village natale. Chante avec moi quelques couplets, Le navire met les voiles. »

    On me suit. Ensemble. Tous ensembles. Parce qu’on connait cet air, parce qu’il est facile. Et qu’importe ce qu’il signifie, il nous unit. Pour quelques heures, quelques minutes. Et on continue, à tue-tête. Parce qu’on sait ce que ça exprime, parce qu’on goute la liberté. Et l’alcool. Beaucoup d’alcool.

    « Il balaie sur son passage, De grandes vagues d'or et d'argent. Je mets le cap là où la mer, Jusqu'à plus fin s'étend ! »

    A nouveau, ces mains sur mes chevilles. On tire fort. Je bascule en arrière. Les fesses les premières, derrière le comptoir. J’atterris et je me fais mal. Très mal. Ma tête a rencontré une étagère derrière. Je suis sonnée. J’ai du mal à savoir ce qui se passe autour. Des gens se sont penchés pour voir si j’allai bien. Je vais bien. Je crois.

    « Pas de ça chez moi ! Saleté de pirate ! »

    Je suis sonnée. Je comprends pas. Pourquoi ? Et il reprend. J’ai la tête qui tourne, mais je me relève, derrière lui. Il tape sur son comptoir, lui, le gros moustachu, et il menace en tapant toujours. Et les autres le regardent, ils ne savent pas quoi faire. L’euphorie a disparu. On y croit plus.

    « Vous tous ! Là ! Encore une fois, et ça va chauffer pour vous ! Z’avez intérêt à rester calme ! »

    Je ne sais pas ce qui me prend. Il m’irise les poils. Alors j’attrape la première bouteille à ma gauche et je lui éclate sur le sommet du crâne. Et le silence tombe en même temps que lui. Et je lève haut ma bouteille, et je cris :

    « A TA SANTE ! »


« Oh bordel.
- Pas devant la petite…
- Désolée… »

Je me passe une main sur le visage.
J’ai fait une connerie.

Et je crains que ça ne s’arrête pas là.
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« Peu après, vous avez déclenché l’incendie qui a ravagé une partie du village… »

L’incendie. La chaleur. Le feu. Je ferme les yeux et j’essaye de me rappeler. Ça met du temps. Parce que j’ai des images dans la tête. J’ai pas l’impression que c’est moi. J’ai pas pu faire autant de conneries, c’est pas mon genre. J’essaye de me tenir bien, j’essaye. C’est l’alcool. Enfin non. Enfin, si. Je crois. Là. Putain. Ça recommence.
Flash.

    L’euphorie reprend. On salue ma prouesse. Depuis le temps qu’on rêvait de lui en foutre une, à celui-là. En même temps, y’a de l’angoisse. Et s’il se réveille. J’en sais rien. Le sang coule de sa tête, le sang coule de ma main. Il se relèvera pas. Et c’est tant pis. Je souris, je suis fière. J’ai accompli quelque chose, et je ne sais pas quoi. Et l’alcool est répendu partout sur lui. J’attrape une clope, je l’allume. Je la tire. Je la jette.

    Et le feu prend. D’un coup. Comme ça. Pour rien. Bordel.

    Je m’affole, les autres aussi. Au début, c’est petit. Et plus on s’agite, plus ça s’enflamme. On sort du bar. Les gars se relaient pour arrêter les flammes. Moi, j’ai trop bu. Je tombe sur les fesses et j’admire. Je sais pas pourquoi, mais j’admire. Le feu réchauffe. Ça fait du bien. Ça fait bouillir le sang, surtout.
    J’ai plus d’espoir pour le gérant, ça fait du cochon grillé. Haha.
    En parlant de cochon… J’ai faim.


« Une partie village ?
- La moitié, pour être exact. »

Je soupire. J’en entends trop. Qu’est-ce qui m’a pris ? J’étais saoule. Voilà, ce qu’il m’a pris. L’alcool et moi, c’est fini. Je romps. J’en peux plus. J’en ai marre. Ça m’attire à chaque fois les mêmes emmerdes, et je sais pas pourquoi. Et puis, le cochon grillé. Cette odeur qui flotte toujours dans l’air. La femme me sourit, toujours gêné :

« Ce n’est pas tout.
- J’imagine.
- Les cochons…
- M’en parlez pas. Je sais. Les cochons. Putain de cochons. »

    J’ai faim. J’erre à la recherche d’un truc à becter. L’île est grande, mais le village non. Et les quelques fermes s’alignent. Des fermes d’animaux. Au bout de dix minutes de marches alors que les gens s’attèlent à éteindre l’incendie que j’ai déclenché, je tombe sur une porcherie. Une vraie. Une très grosse porcherie. Mon estomac grogne violemment. Très violemment.
    Et un sourire me prend le visage, là. Comme ça. J’ai une idée. Une putain de bonne idée.

    Et le sang gicle, et ça coule de partout. Les uns après les autres, ils tombent en hurlant à la mort. Personne ne les entend. Au loin, l’incendie sévit toujours. Et je cuisine, là. J’allume un autre feu, je sors casserole et marmite de mon bagage. Je vais loin. Je prépare. Et j’en mange un morceau.

    Et là, je me dis que j’en ai trop fait. Mais que ça profitera à quelqu’un d’autre. Pour moi, ça ira.

    Et je repars. Ou, je ne sais pas.
    Mais j’y vais.


Et je reviens. Un autre soupire. Une autre injure. Bordel de putain. Elle me reprend. Je sais. J'ai oublié. Elle dit à sa gamine d’aller dans sa chambre pour que les grands discutent entre eux. Je m’appuie sur le lavabo, j’attends la suite.

Parce que y’a forcément une suite.
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« Vous vous êtes introduit chez le chef du village…
- Ah. La jolie maison, là ?
- Oui, celle-ci. Et vous lui avez volé la sculpture du « ponceur » de Reaudin. Une œuvre historique… »

Le ponceur ? Je penche la tête sur le côté, je croise les bras sous ma poitrine. J’ai enfilé sa robe depuis quelques minutes. Un peu serrée, mais elle et moi, on a pas les mêmes formes, c’est sûr. Je suis plus plantureuse. Elle est plus simple, pour autant très jolie. Je fais mine de réfléchir : je me souviens de la maison, mais pas de la sculpture. Et puis…
Flash.

    Jolie baraque. Putain de jolie Baraque. Je sais pas qui vit là, mais il a du bol. J’ai bien envie d’y aller, moi. Ouais. Là. Dedans. Pour me coucher. Pour dormir. J’ai envie de dormir. Et avec l’agitation, personne ne me dira rien si je pionce un poil à l’intérieur. Je souris, et je passe le grand portail. Y’a personne. J’avance jusqu’à la porte d’entrée, je la défonce d’un grand coup de pied.
    Je regarde. Il fait sombre. Très sombre. Mais tout est trop jolie ici. Je passe la main sur les murs, je regarde les œuvres que y’a. Des peintures. Un truc personnel. J’y toucherai pas. Mais au lieu de pioncer, je vais peut-être me servir, plutôt. Alors, je fais le tour de l’endroit en cherchant de quoi me mettre sous la dent. Y’a pas grand-chose. L’endroit est coquet, plutôt spacieux, bien agencé, mais la plupart des œuvres avec un minimum de valeur se trouve ici.
    Et puis, là. Je vois. Au milieu, derrière une vitrine. Il n’y a qu’elle. La sculpture. Un mec, pas très grand, qui doit faire deux fois la taille de ma main. D’un coup de poing, je défonce la vitre. Elle tombe en morceau. J’attrape la sculpture et je la mets… Euh…


Je la mets ou ?

« Où est la sculpture ? »

Je regarde ma main, comme pour essayer de me souvenir, mais j’y arrive pas. Je n’en ai aucune idée. Absolument aucune. Là, mes souvenirs s’arrête complètement, et je n’arrive plus a les retrouver. J’ai perdu le fil. J’imagine que je me suis trainée jusqu’ici. Que je suis tombée et que j’ai pioncé parmi les poules. C’est forcément ça. Y’a que ça.

« Je sais pas. Je me souviens pas. »

Elle me fait un sourire. Elle a l’air de s’amuser. Au loin, on entend les voix s’élever. Un cri terrifiant, un cri de colère. Contre moi, j’imagine. La femme me rassure du regard, parce qu’elle sait que ma situation est tendue. Je m’inquiète pas de comprendre pourquoi est-ce qu’elle a l’air de mon côté. Pourquoi est-ce qu’elle m’aide. Pourquoi ? Je m’en fou. J’en sais rien. Y’a plus important. Je suis opportuniste, tout est bon à prendre. Et pour le coup…

« Ils veulent me tuer ?
- Oh, ça, c’est sûr.
- Vous allez me livrer à eux, je suppose ?
- Non. »

Au moins, c’est clair. Catégorique même. Elle secoue la tête pour appuyer sa réponse. Je suis plus ou moins rassuré. Je sais pas comment je vais partir d’ici. Mais j’ai l’aide de quelqu’un. D’une mère de famille, d’une bonne femme. D’une personne bien.

« Pourquoi ?
- Vous avez tué Gros Henri, qui est un homme affreux. Il fait chanter tous les paysans du village pour des impôts. L’incendie du village rassemble pour une fois tous les gens, qui reconstruisent leurs maisons ensembles. Le vieux Bernard s’est réconcilié avec son vieil ami d’enfance, le vieux Roger, qui ne s’étaient plus parlé depuis trente ans pour une histoire de pied de cochon. Ils partagent la ferme ensemble et relancent les affaires. Puis, votre banquet de cochon fait des ravages pour la reconstruction, c’est un festin sans nom, un peu comme une fête de village qu’on n’a pas eu depuis un bout de temps. Le vol de la statue a permis au chef du village de se tourner vers sa famille après ce coup dur, qui était désunie depuis un moment à cause de cette sculpture. Il en était devenu paranoïaque, persuadé que le monde en avait après son bien, qu’on voulait le voler. Il en avait oublié les valeurs fondatrices de notre village, tout ça pour de l’art, pour un machin grotesque qui coute cher et qui n’apporte pas grand-chose... Mais ce matin, il m’a appelé, pour me dire qu’il s’était rendu compte de sa bêtise, et qu’il voulait retrouver sa fille et apprendre à connaitre sa petite-fille. »

Ah…
Ah d’accord.
Pourquoi pas.
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« Vous aurez ce qu’il faut là-dedans. Un navire part dans vingt minutes pour rejoindre l’île la plus proche. »

Je regarde la boite en face de moi. J’ai pas franchement envie d’y rentrer, mais il faut ce qu’il faut pour s’échapper et partir d’ici. J’ai causé trop de problèmes. Ou… enfin, c’est compliqué. J’ai causé des problèmes qui en ont résolu d’autres. Mais ça, c’est une autre histoire. Je passe une jambe, puis l’autre, je m’installe dans la boite un peu comme je peux.

« Bien ?
- Pas le choix. »

Elle me sourit.

« Et moi ? Et moi ? Je peux y aller aussi ?
- Non chérie…
- Mais pourquoi la dame elle peut ? C’est injuste ! »

J’éclate de rire :

« C’est que si tu fais des bêtises que tu peux y aller !
- Ah… je reviens maman, je vais faire des bêtises ! »

La gamine tourne les talons et sort en courant de la maison. Elle claque la porte. La femme se tourne vers moi et soupire. Un boute-en-train. Je lui rends un sourire, je la remercie à mi-voix. Elle ne rajoute rien et ferme le couvercle.

« Je vous dois bien ça. »

Elle ne me doit rien. C’est mon métier.
De foutre le bordel. C’est ce que je fais le mieux, apparemment. De là à penser que ça puisse aider quelqu’un, j’en étais loin. Mais c’est tant mieux. J’imagine. La caisse bouge, je l’entends rouler sur un chariot. J’imagine qu’on avance. Ça secoue. Beaucoup. Le temps me parait long. Et ça parle, autour et qu’est-ce que tu as mis là-dedans puce, c’est bien lourd. Des fleurs, papis, elles doivent partir très vite et arriver aussi vite. D’accord, d’accord. Et ça embarque. Crac, paf. Crrrrr.
Et Splash.

Et on y va ! A dans trois jours ! Et reviens vite ! Et attends, j’ai oublié ça. Oh non, trop tard, a toute que j’ai dit. Et je soupire. Et c’est reparti pour un tour.

Et je passe la main dans mes cheveux. Et je sens quelque chose. Et je l’attrape, et j’ai plus mal à la tête. Le poids qu’il y avait, disparu. Alors je tire encore, très fort, je sors ça. C’est lisse, c’est complexe. Je comprends pas. Et je sors ça de ma tignasse folle. Et je regarde. Une sculpture. Là. Dans mes cheveux.

Je souris.
Et je ris. Putain de coupe afro.

Les mains derrière la tête. J'y crois.
J'ai foi.

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