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[Stamphead Island] Jusqu’à plus soif

Cela faisait maintenant plus d’un an que Sharp Jones et Mac Hollister entretenaient des liens étroits. Les deux hommes s’étaient trouvé de nombreux points communs notamment dans l’argent et la magouille, domaines d’application dans lesquelles ils excellaient. Ils avaient partagés leurs expériences et leurs combines pécuniaires pour obtenir de copieux retour sur investissements. Ils avaient noué une certaine amitié cimentée par le vice de l’argent au point qu’ils n’avaient quasiment plus de secrets l’un sur l’autre. Mac avait même initié Sharp Jones aux bases du Close Quarter Combat(CQC), une technique complexe d’auto-défense qui vise à tirer parti de la force de l’opposant à son insu. Ils étaient de véritables associés, des hommes d’affaires qui avaient un profond respect et une loyauté totale en l’autre. Mac Hollister avait su devenir l’homme de confiance de Jones et était de fait son principal conseiller dans ses choix et orientations stratégiques, une part de sa conscience qu’il ne pouvait négliger. La qualité première d’Hollister était son objectivité unanime et sa faculté à anticiper les filons véreux et autres traquenards sordides du milieu de la pègre. Il faut dire qu’au cours de sa carrière de marine, il avait du en avoir fréquenté pendant longtemps de ces malfrats sans scrupules, de ces opportunistes fou à lier aux yeux plus gros que l’énorme panse qui leur servaient d’estomac. Aussi, il avait appris grâce à cette expérience à reconnaître les plans foireux qui battent de l’aile de ceux qui dénotent d’un génie diabolique de la magouille. Il avait foi en la vision de Sharp Jones, il savait que cet homme là avait les moyens de ses ambitions et qu’il pourrait les mener à leur terme. Il pressentait bien que dans les veines de Sharp coulaient les germes de l’escroquerie, la tromperie et tout autre qualificatifs pernicieux, il avait encore en mémoire l’explosion de la caverne de Manshon, évènement qui avait mit en exergue une de ses facettes les plus sombres : l’absence de toute pitié. C’était peut être ce point précis qui l’avait convaincu de suivre le chemin de cette homme a la volonté insatiable ou peut-être était-ce uniquement la quête du pouvoir. Quoi qu’il en soit, il avait rejoint les idéaux de Jones pour le meilleur comme pour le pire. Que pouvaient bien mijoter nos deux confrères sur l’île de Stamphead ? Ce territoire n’avait pour ainsi dire rien de bien lucratif, un territoire sauvage, un sous sol parmi les plus pauvres qui soit, une contrée pittoresque bordés de montagnes et de carrières rocailleuses où des hommes enfin plutôt des esclaves se brisaient ensemble l’échine toute la journée.

Cette île constitue un eldorado pour tous les chasseurs de minerais et plus particulièrement ceux atteint de la fièvre de l’or. Il y avait bien quelques histoires qui corroboraient cette hypothèse ainsi que d’obscures légendes ancestrales quant à la présence de pépites sur cette contrée désolé. Certains hommes auraient même fait fortune sur cette île, passant d’un état de déchéance extrême à celui de pacha richissime qui ne sait plus que faire de ses montagnes de berrys, enfin ca c’est pour le folklore. Ca fait bien longtemps que l’on n’a pas croisé un seul gramme d’or ici à Stamphead Island mais ces orpailleurs ne baissaient pas les bras pour autant et croyaient fermement dans ces histoires désuètes. A vrai dire, c’était peut-être la seule chance qui leur restait pour retrouver une vie descente dans ce bas monde et ils comptaient bien saisir leur chance, armés de leurs tamis et de leurs loupes.Malheureusement pour eux, les zones aurifères du moins les supposé zones aurifères n’attirent pas que de valeureux orpailleurs prêts à se donner corps et âme à leur métier. Tout ce qui clinque mais surtout qui a une valeur intrinsèque à l’instar de l’or suscite l’attention des magnats véreux mais aussi et surtout de la flibuste dont les descentes sur cette île occasionnent des pertes humaines continuelles. La marine a eu beau installer un contingent de marines bien entraîné, ils ne peuvent empêcher la poursuite de tous les règlements de compte à la O.K Corral à la surface de l’île. La raison de leur venue sur cette île n’était pas liée à ces inepties sur l’or, Mac Hollister voulait présenter l’une de ses meilleures connaissances à Sharp Jones, une connaissance qui pourrait s’avérer fort utile dans la poursuite de l’objectif qu’ils avaient tous deux planifiés à huit clos. L’homme vivait sur ce territoire semi-désertique où l’eau reste rare mais la poussière abondante. Un paysage aride, infertile où les fissures profondes parsèment ci et là le terrain déshydraté. Il ne pleut pas beaucoup sur Stamphead Island, les seules intempéries que l’on dénombre sont celles de violents orages dont les trombes d’eau se déversent sur ce panorama presque stérile. Ces jours-là sont bénies par les natifs, ils récoltent un maximum d’eau grâce à d’immenses réservoirs et ainsi faire des réserves lorsque le temps sec reviendra à la charge.


Dernière édition par Sharp Jones le Sam 19 Mai 2012 - 10:56, édité 1 fois
    Les Autochtones avaient du développer des aptitudes physiques inhabituelles pour pouvoir vivre quotidiennement sur Stamphead Island, les rafales de poussières denses, l’acclimatation à l’ensoleillement continu et aux températures extrêmes les ont rendus plus endurants et plus résistants que le commun des mortels. Le climat peu hospitalier et la topologie irrégulière n’avait pas permis d’établir de grandes cités à la surface de l’île, de nombreuses petites villes de plusieurs centaines d’habitants clairsemaient ce décor de Western spaghetti tandis que plus loin dans la pampa, subsistaient quelques comptoirs pour ravitailler les voyageurs aguerris. Stamphead Island devait sa dénomination à la forme atypique de l’île, elle suivait la morphologie rectangulaire d’un timbre poste et était facilement accessible par la mer. Les comportements et usages locaux s’étaient calqués sur le mode de vie des cowboys et du far West. L’île n’était pas très avancé technologiquement, il ne s’agissait pas du royaume de Bulgermore, Vegapunk s’y serait senti comme Sanji la jambe noire au royaume des Okama. Ici on en était encore au six coups, au piano à queue et au cancan de ces demoiselles. Le lieu de prédilection de ces villages ? Le saloon bien entendu, où des parties de cartes endiablés et l’excès d’alcool donnaient lieu à de sacré bonnes roustes. Les gens d’ici avaient beau être pittoresque, ils n’auraient échangés leurs existences pour rien au monde, ils étaient attachés à cette terre ancestrale comme à la prunelle de leurs yeux et autant vous dire que si un étranger essayait de s’accaparer une bande de terre, ca se réglait toujours d’une manière ou d’une autre à coup de tromblon, de winchester et de chevrotine dans le derrière. Oui, cette contrée avait beau être rudimentaire mais elle avait aussi su entretenir son charme, une atmosphère particulière qui certes ne plaira pas à tout le monde mais qui avait séduit bon nombre d’étrangers, lesquelles se sont finalement installés sur cette île. Il fallait déjà gagner la confiance des habitants et c’était ca le plus ardu dans l’histoire, ils étaient réputés comme de farouches incivilités, il fallait dire à leur décharge que le désert n’est pas particulièrement l’endroit idéal pour tisser du lien social.

    Le revers de la médaille ? Lorsque l’on vous dit saloon, parties de cartes et désert, je pense que je n’ai pas à vous énoncer l’envers du décor n’est-ce pas ? Comme vous vous en doutez, les duels à l’aube selon la règle des 12 pas est très usité à Stamphead Island, il n’y a pas de justice qui tienne si ce n’est celle du revolver, lorsque deux pistoleros veulent régler leurs comptes. De plus, bien que la présence de la marine a freiné grâce à l’aide des sheriffs, l’engouement de certains excités du barillet, les braquages de banques et vols de sacs sont encore très courant. Le type qu’allait voir Jones et Hollister n’avait rien de tout ca, ce n’était ni un bagnard ni un bandit en cavale, il n’était qu’un homme d’ici qui se contentait du strict minimum et dont les ambitions se cantonnaient à remplir son auge le soir et à payer ses clopes, le mythe du poor longsome cowboty en quelque sorte. Il n’était pas sanguinaire pour deux sous mais il n’était pas contre faire la fête à une ou deux crapules du coin si elle s’avérait être trop embarrassante pour le bien de la communauté. Le type dont il retournait, Adam Gurlukovich, n’était pas né sur cette île, il provenait d’une île arctique lointaine situé à l’extrême Nord de North Blue, Mac Hollister ignorait les raisons qui l’avait poussé à se rendre sur Stamphead Island mais l’énergumène avait su dés son arrivée se positionner favorablement auprès des natifs. Adam tenait un comptoir mercantile sur l’un des versants rocailleux de la montagne, le lieu idéalement placé est une étape obligé pour les aventuriers et explorateurs désireux d’arpenter la montagne. Il proposait à sa clientèle un vaste éventail de conserves alimentaires, d’équipement d’escalade tels que de solides cordes, des baudriers et des vêtements adaptés aux conditions extrêmes de la montagne. Au regard du débit de voyageurs qui passaient dans le coin, il ne devait pas rouler sur l’or le Adam, c’est pourquoi il avait recours à certains « petits boulots « comme l’énonce cordialement Mac Hollister. Le comptoir était difficile d’accès et à plusieurs heures de route des petites bourgades environnantes. Sharp et Mac avaient emprunté des sentiers sinueux dans la pampa et bien qu’ils aient une carte pour s’orienter, ils devaient faire une halte pour la nuit dans la ville de Abilène avant de poursuivre leur périple dans ce désert aride.

    [Stamphead Island] Jusqu’à plus soif Abilen10

    Abilène, l’écriteau de la ville surmonté d’un crâne en disait long sur la mentalité et l’accueil des habitants de cette petite ville de 500 têtes mais peu importe, Mac et Sharp n’y faisait que escale et ne comptait pas faire de vieux os ici bas. La mode vestimentaire était tout droit inspiré des westerns, la chemise à carreau, le Stetson et les éperons étaient de rigueur à Abilène, vêtements que nos deux comparses ne disposaient pas et furent irrémédiablement identifiés comme des étrangers, des pieds tendre susceptible d’être détroussés comme on dit dans le jargon.
      Après avoir fait le plein de vivres auprès de l’épicier de la ville, ils se dirigèrent en quête d’un hôtel potable où ils pourraient crécher pour la nuit. A vrai dire, ils n’avaient pas vraiment l’embarras du choix en termes de structures d’accueil, toutes les corps de métier avaient pignon sur rues et détenait de fait le monopole auprès des résidents de la ville. Ces petites villes de cambrousses développent un haut degré d’indépendance et d’autonomie, Abilène pouvait vivre dans l’autarcie la plus totale si elle en jugeait nécessaire, les résidents se serrent les coudes au moindre problème en se fournissant une entraide mutuelle. Cette synergie est ce qui a fait perdurer cette ville au point où elle en est rendue aujourd’hui et ainsi lui éviter de sombrer dans des vendettas ou des représailles de bandes mafieuses ou pirates. Après une vingtaine de minutes, ils durent se rendre à l’évidence qu’ils ne pourraient séjourner que dans le seul hôtel miteux du patelin et ils avaient plutôt intérêt, comme dit le dit l’adage, à Rome fait comme les romains et il n’était pas question d’y déroger. Tous deux étaient zieutés de tous bords comme si ils étaient des bêtes curieuses et insolites dont on ne peut s’empêcher d’observer le comportement mais dont on se méfie tout autant. Il était malvenu à Abilène de renverser les habitudes bien ancrés de la population, ces pequenaud n’aimaient pas voir leur train train habituel chamboulé par la venue d’étrangers sur leur sol, il ne valait mieux pas nos compères s’éternisent dans le coin. Sharp et Mac pénétrèrent bientôt dans le saloon de Abilène avec la ferme intention de ne pas faire de vagues, ils se contenteraient de boire une verre et de planifier leur itinéraire du lendemain. Leur incursion dans le café jeta un froid dans toute la salle, ils sentaient bien toute cette tension et ce scepticisme à leur égard, ils restèrent discrets pour ne pas s’attirer des ennuis avec la gente locale. Un voile épais de fumée et d’odeur d’alcools imprégnait l’atmosphère de la pièce, des discussions timides reprirent progressivement puis au bout d’une heure, on ne les regardait désormais plus que du coin de l’œil. Bien que ces abrutis fussent des êtres revêches, Jones devait bien leur concéder que leur Whisky Single Malt valait le déplacement.

      « Il nous reste encore l’équivalent d’une journée de route jusqu’au comptoir d’Adam sur le flan de la montagne. La journée de demain sera rude, les chemins abruptes et raides mais nous verrons finalement notre objectif Sharp. »

      « Ca ne saurait que trop tarder, ce paysage désertique commence sérieusement à me faire suer. J’ai hâte de rencontrer cet Adam dont tu m’as parlé plus en détail. Il a tout l’air d’être un oiseau prometteur. »

      Soudainement, un groupe de 5 hommes pénétra dans l’enceinte du saloon, le genre de gus dont les gueules d’amour s’apprêtent plus à jouer la brute et le truand plutôt que le bon. Ces hommes étaient redoutés dans le coin, vous savez ce que c’est lorsque des types de cette trempe entre dans un café, tous les clients se mettent à regarder leurs pieds ou dans une direction opposé à celle des regards des types en question. Il faut dire qu’une balle est vite perdue de ce coté de South Blue et il serait plus que regrettable de la voir perforer un poumon ou un foie. Bientôt, un coup de feu retentit dans la salle, renforçant un peu plus la tension déjà palpable de la scène, le barman dissimula aussitôt la plaque de verre qui s’épandait sur la longueur de son zinc. L’acte revêtait une signification forte, le boss avait envahi les lieux et il comptait bien tirer parti en toute impunité de son statut. Le tir était véritablement un avertissement, quiconque viendrait s’opposer à ces pistoleros serait transformé sur le champ en gruyère et que celui qui aurait son mot à dire, devrait défier en bonne et due forme le patron en duel singulier. Le barman était aux petits soins avec les nouveaux venus, il devait suer à grosses gouttes de voir son fond de commerce partir en fumée suite au bon plaisir de ces crapules. Depuis l’évènement de l’Iceberg Lounge et la perte de son épiderme suite à son exposition prolongée au froid, Jones portait un masque en faïence pour dissimuler son véritable visage ne serait-ce que pour avoir l’air de n’importe quel quidam et passer inaperçu dans la masse. Il n’était plus question de traîner ici, les deux hommes balancèrent leur dû et tandis qu’ils se dirigeaient naturellement comme si de rien n’était vers la sortie, un nouveau coup de feu retentit et vint perforer la latte de bois juste devant Sharp Jones qui s’arrêta net et fixa longuement le fautif.

      « Amigos, je vous ai jamais vu dans le coin vous, héhéhé. Vous savez ce que ca veut dire non ? Vous êtes comment dirais-je….ah voila, prié de nous verser une petite contribution pour la défense qu’on vous procure ici à Abilène. Maintenant, aboulez le fric et fissa »

      Il essaya aussitôt de se rapprocher habilement de Jones afin de lui subtiliser, il n’allait pas être déçu du voyage. Jones lui asséna un violent coup de latte directement dans le plexus qui l’envoya voler dans la grange de l’autre côté de la rue. Il vint heurter la paroi en bois en emmenant tout dans sa course, il s’immergea des décombres de la grange en dévisageant Jones. Entre temps, Mac Hollister avait eu le temps de saisir son flingue et de tenir en joug le bonhomme malavisé.

      « Ne t’avise pas de me toucher et encore moins d’essayer de me détrousser. Que ca te serve de leçon, mon gars. Allez on met les voiles.»

        Le coyote écrasa son orgueil et son amour propre et les laissa prendre le large, sa fierté en avait prit un coup et bien qu’il ruminait sa rancœur, il sentait bien qu’il n’était pas de taille seul contre Jones et Mac Hollister. Il récupéra son Stetson et frotta quelque peu son futal pour faire disparaître les marques de poussière et de sable caillouteux puis il se dirigea comme si de rien n’était au zinc du saloon. Ce départ prématuré n’arrangeait pas les affaires de nos deux hommes qui se dépêchèrent d’attacher solidement leurs paquetages pour prendre la route et ainsi éviter tout le grabuge lié à la correction de l’autre abruti. Ils souhaitaient pourtant ne pas se faire remarquer auprès des résidents d’Abilene mais il eut fallu que cette espèce de petite frappe veuille se faire mousser auprès de son boss. Jones ne pouvait pas faire autrement que de l’envoyer voler, l’homme avait testé sa patience et surtout avait essayé un tantinet trop tenter de marcher sur les plates bandes de Jones. Il en allait de sa crédibilité et dieu sait que dans ces bleds de plouqs, c’est ce qui fait force le respect d’un homme et prouve sa valeur. Live by the gun and Die by the gun, c’était la devise ici et tout le monde devait s’en accommoder s’il ne voulait pas se voir descendre dans la minute suivant son refus. C’est toujours lorsque l’on veut éviter les noises qu’elles vous tombent dessus sans crier gare, vous savez ce qu’on dit, chassez le naturel et il revient au galop et bien il en avait eu la preuve formelle ce soir. Les nuits à Abilène sont glaciales et venteuses mais elles ont le mérite d’offrir un spectacle fantastique aux habitants, l’avantage lorsqu’on vit dans un trou paumé au milieu du désert, c’est de profiter du somptueux panorama étoilé du désert. Nos deux comparses empruntaient de petites routes non répertoriés sur la carte en leur possession, le petit incident à Abilène ne présageait rien de bon et il ne serait pas étonnant que ces coyotes se soient mis à la poursuite de nos Jones et Mac Hollister. Une faune vivace profitait de la pénombre et du radoucissement de la température pour sortir de leurs antres et assurer leur pénible subsistance, Jones fut surpris de voir émerger autant d’espèces d’un seul coup comme si elles s’étaient toutes données le mot pour se manifester à la nuit tombée, la chaine alimentaire fait foi sur tout le reste. Après plusieurs heures de route sur ce terrain rocailleux, ils firent une halte et improvisèrent l’ébauche d’un bivouaque pour se reposer quelque peu.

        Ils n’avaient pas trainé le pas, ils s’étaient s’évertuer à maintenir un rythme vigoureux tout au long de leur marche, c’était autant de moins qu’ils auraient à faire pour rallier le comptoir d’Adam. Ce campement improvisé ne leur servait pas pour autant à faire griller des marshmallows autour de brochettes sur un feu de camp, ce n’était qu’une histoire de repos bien mérité au regard des péripéties et du voyage exténuant dont ils s’étaient rendus témoins. L’aube se lèverait d’ici quelques heures, ils devaient tirer parti de ce temps imparti pour être hors de portée des hyènes et autres chacals qui devaient suivre leur piste. Ils rentraient dans la phase la plus épineuse, celle où des ponts de singe servaient à faire la jonction entre des précipices béants, celle où les corniches empruntés peuvent céder à tout instant, celle où le destin d’un homme est le seul garant de sa sécurité. Aussi, ils s’attachèrent mutuellement afin que l’un puisse si besoin est, tracter le second s’il vient à perdre pied ou que le terrain s’affaisse. C’était un moyen bien rudimentaire et précaire pour assurer une sécurité minimale mais ils n’avaient pas trop le choix. L’escalade s’avérait encore plus difficile que prévu et ils n’étaient pas encore au bout de leurs peines cependant ils se félicitaient d’avoir fait le plein de vivres et d’équipement à Abilène, l’équipement était mis à rude épreuve mais le jeu en valait la chandelle. Les pierres qui leurs servaient de prises pour s’agripper venaient elles aussi à se dérober sous leurs doigts et il n’y en avait pas bézef de ces appuis incertains. Ils arrivèrent, au terme d’une escalade haute en couleurs, à rejoindre enfin un sol plus stable à l’équivalent de 1200 mètres d’altitude, ils pouvaient enfin entrevoir à l’horizon une cahutte en bois creusé à même le flanc de la montagne, on pouvait y lire ce qui s’apparentait à le nom de l’enseigne « Au bout de ficelle d’Adam ». Une fumée épaisse blanche sortait de la maisonnée, indiquant à deux « alpinistes » improvisés que le foyer était bel et bien habité et que cette perspective était loin de leur déplaire. Ils pénétrèrent dans le comptoir et prirent soin de déposer précautionneusement leur attirail à l’entrée, il était temps de renouer les liens fragilisés par le passé et de reprendre du service.
          Un homme d’une trentaine d’année, colt à la ceinture, barbe de 3 jours et foulard sanguin autour du cou vint les accueillir dans son humble magasin. Paradoxalement, il ne semblait pas reconnaître Mac Hollister qui lui de son côté avait bel et bien identifié le cowboy qui se présenterait bientôt à eux. On sentait bien qu’Adam semblait contrarié, le faciès de Mac lui disait bien quelque chose cependant il n’arrivait pas à remettre un nom sur cet individu, c’était comme si ils avaient radicalement changé depuis leur dernière entrevue. Les regards s’entrecroisèrent encore et encore jusqu'à ce qu’un éclair de lucidité traversa l’esprit d’Adam, qui s’écria :

          « MaaaaC, bordeeeel, je t’avais pas reconnu vieux depuis tout ce temps, t’as bien changé héhé à croire que t’as prit 10 ans dans la tronche Hahaha. La barbe te sied à merveille en tout cas. Qu’est ce qui t’amène voir ton vieux pote Adam dans ce coin paumé ? J’imagine que c’est pas pour discuter comme deux ronds de flan de nos 400 coups hein Mac ? »

          Mac était un peu gêné par la déclaration de son vieux pote, il se frottait l’arrière du crâne pour tenter de cacher son embarras, un sentiment de satisfaction s’empara de lui, ca devait faire un sacré bail qu’ils ne s’étaient pas croisés tous les deux et dieu sait que Jones ne le voyait que rarement dans un état de fait. Jones restait discret et silencieux, il adoptait un comportement cordial sans pour autant prendre part à leur conversation, il attendait surtout que Mac l’introduise auprès de Adam. Leurs discussions allaient bon train, ils évoquaient leur passé tumultueux et se remémoraient les bons moments qu’ils avaient vécu ensemble dans la jeunesse de l’âge. Des éclats de voix, des éclats de rire emplissaient la salle déserte et bientôt Adam les invita dans l’arrière boutique à prendre un verre. L’arrière boutique du magasin donnait sur les vastes étendues désertiques de Stamphead Island, le paysage était agréable à contempler lorsque l’on n’est pas obligé de gravir le pan de la montagne. La cave de ce cher Adam avait quelques bonnes bouteilles en stock, bouteilles qu’il n’hésita pas à faire sauter le bouchon pour célébrer la visite de son vieux pote. La discussion vira de bord lorsque Adam aborda le présent de son Mac, c’est à ce moment précis où les choses commençaient à vraiment devenir intéressantes qu’il immisca Sharp Jones à se mêler de la conversation.

          « Adam, je te présente Sharp Jones, un type que j’ai rencontré il y a de ca 1 an sur Manshon. Il m’a sauvé la vie alors que j’attentais à la sienne. Il m’a proposé dans le rejoindre dans un projet… un projet dont on voudrait que tu sois. «

          Jones tendit en préambule à sa prise de parole, 2 cigares en gage de respect envers ses interlocuteurs et pour bien marquer que les choses sérieuses débutaient à cet instant précis. Tandis qu’ils savouraient les cigares à leur juste valeur, Jones enleva de son visage le masque de faïence, révélant son faciès hors-norme puis il embraya sur le motif de ce qui les amenait dans ce trou perdu.

          « Mac m’a parlé des petits boulots que tu faisais pour te faire de l’argent de poche, de ces petits services que tu rendais à la population de Stamphead Island. Tu m’as tout l’air d’avoir la carrure d’un chasseur de têtes avisé et à en croire les dires de Mac, tu serais d’une précision diabolique. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, on entend construire un réseau mafieux entre les Blues qui s’étendrait même à Grand Line cependant on a besoin de types de confiances, de figure charismatiques pour tenir en main le business quotidien, de types de ta trempe en somme. Je n’ai pas besoin de te vendre l’article, tu sais déjà ce qu’il en retourne. Je dois avouer que je serais bien tenté de vérifier la véracité du surnom qu'on te donne. L'homme qui tire plus vite que son ombre n'est-ce pas? »

          Le doute s’empara de son esprit, Jones ne s’attendait pas à ce qu’il réponde à l’affirmative de suite, ce genre de décision doit être murement réfléchi et doit être le fruit d’une introspection. Il ne s’agissait pas d’une décision à prendre à la légère mais vous savez ce qu’on dit, l’argent est le nerf de la guerre, Adam devait dresser les avantages et inconvénients de la solution apportée par Sharp Jones, c’était une question de compromis entre ce qu’il profitait au présent et des perspectives futures dont il pourrait bénéficier s’il ralliait Jones. Adam restait assez frileux quant à rejoindre Sharp, il ne connaissait pas la mentalité du personnage et ce qui animait véritablement cet homme cependant l’apparence singulière de Jones en disait long sur sa volonté et des épreuves qu’il avait parcouru pour la mener à son terme. Par ailleurs, Mac Hollister était convaincu des aptitudes de celui qui se faisait appeler le Black Mask ou Mr. Bones.

          "Jones...j'apprécie ton offre qui je dois l'avouer est des plus alléchantes cependant j'ai aussi pas mal d'intérêt ici à Stamphead Island. Je dois peser le pour et le contre et les conséquences qu'une telle décision impliquerait. Laisse moi l'équivalent de 48 H pour te donner ma déci.."

          Subitement, 3 pièces de 1 berry chacune furent lancés aux quatre coins de la pièce, ca avait tout l'air du fameux test d'habilité que Jones évoquait précédemment, il n'allait pas être déçu du voyage. Adam l'avait comprit en ce sens aussi, il dégaina à la vitesse de l'éclair le six coups à sa ceinture et décocha trois balles dont les trajectoires diaboliques n’eurent aucun mal à traverser la petite ferraille.

            Les pièces volèrent en éclats, le pistolero avait fait mouche sur chacune d’elle, le résultat était à la hauteur des espérances de Jones. Cet homme méritait bel et bien la renommée qu’on lui accordait, Adam Gurlukovich était à coup sur un chasseur de prime aguerri, l’un de ces types dont on paye grassement les services et l’anonymat pour effectuer le sale boulot, il démontrait là tout l’étendue de son pouvoir. Jones savait que l’homme en question pouvait encore le surprendre à maintes reprises mais il avait eu la preuve formelle que cet homme avait le cran et les aptitudes pour occuper un poste à responsabilités au sein de ce qui allait être Blackgate. La fumée encore brûlante sortant du canon, il rengaina aussitôt le revolver à la place dont il n’aurait jamais du sortir et prit une bouffée concentré de fumée. L’homme avait des réflexes certains et s’il l’avait voulu, il aurait pu aussi trouer la peau de Jones par la même occasion. Cette petite mise en jambe pour le cowboy n’était qu’un hors d’œuvre comparativement à ce qu’il avait du être amené à vivre, il faut dire qu’il avait du essuyer des attaques de raclures, parés à dévaster son business et lui faire passer l’arme à gauche. Pourtant, lui était encore là tandis que ces opposants…on pouvait voir leurs crânes nettoyés par les vautours dans tout le périmètre. Mac Hollister lança un regard complice à Sharp Jones comme pour lui signifier qu’ils ne s’étaient pas trompé de gus. Ce Mac Hollister était une vrai pépite tant au niveau de ses techniques de combat que de son portefeuille de contacts juteux, Jones ne regrettait pas d’être venues sur ces terres arides mais il fallait dorénavant convaincre cette perle rare de s’impliquer dans le projet. 48 H lui laissait un peu de champ pour que Mac puisse le convaincre, preuve à l’appui que le jeu en valait la chandelle. Être entouré de toutes ces personnes aux degrés d’aptitudes élevées fit remettre en question les propres facultés de Jones, avait-il véritablement le charisme et la puissance pour mener ces hommes ? Ne se ferait t-il pas doubler dans son entreprise par des lacunes cuisantes en termes d’aptitudes ? Le doute persistait et cette incertitude latente ne lui était pas permise, s’il voulait être le boss proclamé de Blackgate, il devait attester d’un pouvoir encore plus important que ces associés. Il était pertinemment conscient qu’il devait se perfectionner pour parvenir à ses fins, ce petit séjour de 48 heures en autarcie s’avérait parfait pour optimiser ses capacités et tirer réellement parti du potentiel du fruit des explosions. Ici, il pourrait s’adonner à faire péter n’importe quoi dans tout le périmètre sans être vraiment inquiéter et encore même s’il venait à être repéré par les abrutis qu’il avait croisé à Abilène, il leur accorderait volontiers cette revanche.

            « Je ne m’attendais pas à ce que tu répondes par l’affirmative directement et suis conscient des changements occasionnés par ton éventuel ralliement. Tu as prouvé ta valeur et tu as gagné mon respect. Je profiterai de ton délai de réponse pour m’entraîner dans la montagne. Quant à toi Mac, je préfère que tu restes avec Adam, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver si les débiles d’Abilène venaient à se pointer ici. «

            Jones récupéra le paquetage à l’entrée et se dirigea vers la porte de sortie dans le silence le plus total. Non pas que la réponse de son interlocuteur le dérangeait amèrement, il comprenait à ce moment précis qu’il n’avait peut-être pas la force de tenir les rennes du business de son propre chef. Le Black Mask se remit en route, un gout âpre en bouche, mélange d’amertume et d’aigreur, il entendait bien en imposer davantage à son retour au bercail. Il laissait à Mac Hollister, le soin de convaincre notre comparse de prendre part au projet, Jones savait qu’ils se connaissaient comme les deux doigts de la main et qu’ils avaient vécu des évènements fort d’intensité, il saurait aisément trouver les mots pour le persuader. Après quelques heures de route, il parvint à ce qui s’apparentait être un plateau montagneux lequel était entouré de plusieurs pics rocheux, l’endroit lui semblait totalement indiqué pour s’initier à un entrainement qui promettait d’être long et laborieux. Il comptait se contenter du strict minimum pour assurer sa subsistance, réduire les rations alimentaires et se contenter de ce qu’il aurait à se mettre sous la main. Il lâcha tout son attirail et se mit en condition au travers de quelques étirements pour acclimater son corps. Jones se situait désormais à une altitude intermédiaire de 1800 mètres, l’oxygène dans l’atmosphère commençait à se raréfier à partir de cet hauteur, son entraînement en serait d’autant plus éprouvant et il devra davantage puiser dans ses réserves pour maintenir l’effort.

              La volonté d’un homme contre celle de mère nature, tel était la conception de Jones de ce perfectionnement, il fallait la faire plier coûte que coûte et sortir vainqueur de ce duel gargantuesque. Il arrive fréquemment que les hommes viennent à se remettre en question à des étapes charnières de leurs existences et ce souvent suite à des évènements de grande ampleur dont ils ont été témoins. Dés lors, le doute et l’indécision les saisit à la gorge, le scepticisme et la confusion s’empare de leurs esprits tumultueux pour aboutir à une sorte d’amas informe qui entremêle appréhension et errance. Oui, il y a des hommes qui ne sortent jamais de cet état apathique, qui ne connaissent leur réel place dans ce vaste monde ni même les raisons qui les poussent à agir, à se déplacer et vivre quotidiennement. Ces éternels indécis ne font que se positionner au creux de la vague de l’existence sans pour autant la dompter, la chevaucher et se l’approprier, ils se contentent de se laisser porter par son tumulte jusqu'à s’échouer sur le rivage. Ces hommes là… ils sont faibles, foutrement lamentables, ils ne savent pas ce qu’ils veulent et surtout ne font pas en sorte de mettre en œuvre les actions pour acquérir ce qu’ils convoitent. En ce sens, Jones leur voue un dégout profond voire même viscérale et pourtant il en était peut-être rendu à ce point, aujourd’hui même. Il savait pertinemment les raisons qui l’avaient poussé à mettre sur pied ce projet ambitieux, la vision originelle et la conception qu’il s’en faisait lui apparaissaient distinctement. Ce n’était pas tant le fond de ses motivations qu’il doutait, c’était davantage sur la forme et en l’occurrence les moyens qu’il aurait à mettre en œuvre pour concrétiser son obscur dessein.

              L’idée de pouvoir unifier un réseau complet de mafieux inter Blues et même à travers Grand Line ou même All blue si c’était possible, était une perspective des plus lucratives sur le papier, il ne fallait pas se leurrer sur les intentions de Jones, l’intérêt principal était le retour sur investissement engrangé par les profits du rayonnement mondial des activités de l’organisation répondant au nom de Blackgate et à terme de représenter un contre pouvoir au Gouvernement et même à la révolution qui auront recours à nos services pour faire le sale boulot. Cependant les hommes qui supervisent ces affaires savent s’entourer des meilleurs éléments du milieu et surtout s’en faire éminemment respecter, ils sont d’autant plus nombreux à prétendre à ce titre que les vrais caïds, ceux qui tirent les ficelles dans l’obscurité sont presque invulnérables et continuent à s’en mettre plein les fouilles. Jones n’est ni plus ni moins avec son petit groupe qu’un challenger vis-à-vis de ses pointures expérimentés de la pègre, il était pertinemment conscient cependant il se devait de faire l’acquisition d’une puissance telle afin qu’aucun de ses hommes ne soient pris de l’idée de manquer à leur parole et de le trahir pour un autre.

              Des hommes puissants et influents accompagné d’une garde rapproché puissante, il en verrait beaucoup dans sa soif insatiable de pouvoir, il devait lui aussi avoir de quoi faire face et jouer à arme égale avec ces colosses. L’idée qu’il puisse s’apparenter à la catégorie des indécis éveillait en lui une haine véhémente, la volonté de prouver aux dieux eux-mêmes qu’il ne s’inscrit pas dans cette lignée inférieure à tout point de vue. Cet entrainement lui donnait tout loisir de faire ses preuves, il se lanca à tombeau ouvert dans ce perfectionnement, multipliant enchaînements tactiques et localisés et offensives explosives, il découvrait là tout l’étendue des pouvoirs que lui conférait le fruit Bomu Bomu. Il connaissait brièvement comme tout le monde sans doute, le principe physique qui régissait une explosion à savoir la mise en commun d’un comburant, d’un combustible et d’énergie pour générer un grand Boum. Dans le cas présent, son corps contenait en son sein les trois éléments nécessaires pour un effet des plus détonants, il savait qu’il aurait à davantage se documenter sur ce processus complexe pour produire des réactions explosives encore plus violentes. Les roches se brisaient dans un fracas assourdissant, les explosions ne cessaient de retentir sur le plateau en altitude, elles faisaient état de toute la hargne qui habitait cet homme, les détonations faisaient fuir toute forme de vie à proximité, cette zone d’entraînement était dorénavant le périmètre de quarantaine de Sharp Jones. Un périmètre sur lequel il allait s’adonner à toutes sortes d’expérimentations et d’essais des nouvelles propriétés de son corps. Jones s’auto persuada qu’il était faible et vulnérable, qu’il ne faisait que se reposer sur les compétences de ces associés pour mener à bien son entreprise, qu’il n’était pas la tête pensante du projet et qu’en conséquence il pouvait être substituable. Jones se convaincu que s’il ne gagnait pas en puissance, il viendrait tôt ou tard à se faire doubler et que sa tête empaillé serait exposé triomphalement sur le tableau de chasse d’un autre escroc qui se sera montré plus malin que lui

                Il réitérait sans cesse les mouvements, cherchant à gagner à la fois en vitesse et en précision, maîtriser totalement la fulmination d’une explosion est particulièrement délicat, un tel degré d’habilité requiert patience et doigté, les vrais confectionneurs de bombes sont particulièrement minutieux et consciencieux dans leur travail. Les aptitudes de Jones répondent aux mêmes caractéristiques et spécifications pratiques. On compare souvent les poseurs de bombes à des joailliers notamment en ce qui concerne l’élaboration du mécanisme d’horlogerie en des points comparables à celui d’un kit de détonation. Toute cette haine refoulée ne le mènerait à rien, si ce n’est celle de perdre inutilement son énergie, une énergie qui s’avérait précieuse, il lui fallait se concentrer uniquement sur l’intensité des explosions que son corps générait. Dés lors, il aborda cette session de perfectionnement d’un œil différent et résolument nouveau, ce n’était plus un défouloir sur lequel passer ses nerfs, ca s’apparentait davantage à un entraînement à objectifs. Jones poursuivit dans cette voie en s’efforçant de se donner à son maximum pour repousser les limites intrinsèques et conscientes que son esprit s’était fixé. Il occasionna des éboulements sur les versants de la montagne et dut même faire exploser un roc qui menaçait de s’abattre sur lui. Progressivement, le paysage rocailleux et paisible se transformait en champ de bataille chaotique où l’on pouvait distinguer clairement des cratères de tailles diverses. Jones n’y allait pas de main morte, il mettait toute sa volonté dans cette quête de puissance, il savait aussi qu’il devait gagner en musculature, devenir plus endurant et robuste pour pouvoir mieux encaisser et surtout frapper avec plus de punch.

                Jones semblait avoir gagné en confiance, les détonations se succédaient sans interruption, c’est comme si il défiait l’autorité suprême en personne, qu’il la forçait à reconnaître sa valeur et son existence. Tandis qu’il s’apprêtait à se reposer, il reçut la visite inopiné de la petite bande d’Abilène qui eut au moins la décence et le respect de se manifester devant lui. Jones reconnut l’autre lopette à qui il avait asséné une douloureuse correction, il devait s’en souvenir le bougre, il se tenait en retrait par rapport à ses confrères desperados. Ils avaient dû être attirés par le retentissement des explosions et avaient suivi l’odeur de souffre jusqu'à Sharp Jones, ces pauvres types devaient penser qu’ils allaient à leur tour foutre une raclée à Jones, ils avaient l’avantage numérique après tout. Un homme avertit en vaut toujours deux et malheureusement pour ces types, ils intervenaient au moment inopportun et ca risquait de barder pour leurs matricules s’ils ne prennaient pas intantanément la poudre d’escampette.

                « Tiens vl’a l’étranger d’Abilène, c’est qu’on a vous voulu nous fausser compagnie l’ami ? Hahaha, tu vas apprendre à tes dépens que la loi ici, c’est nous et personne d’autres »

                Jones fit mine d’être surpris de leur arrivée, cette expérience était une véritable aubaine pour tester ses nouvelles capacités. Le groupe d’homme était sûr de sortir vainqueur de l’affrontement qui était sur le point d’éclater, ils frimaient grossièrement en faisant tournoyer leurs flingues autour de leurs falemges afin d’intimider Jones. On réservait un triste sort aux types à l’image de Jones, aux étrangers qui à peine arrivés en ville, faisaient déjà parler de leur cas dans toutes les bouches. Pourtant Jones les mit en garde encore une fois de rebrousser chemin avant qu’il ne doive procéder au châtiment ultime, il avait une idée tortueuse et vicieuse à souhait en tête, il comptait bien faire de ces quelques hors-la-loi, un exemple pour les autres habitants de cette île. Jones se précipita sur ses adversaires grâce à une poussée explosive opéré sous sa plante de pied et fut bientôt à l’équivalent d’une dizaine d’une quinzaine de mètres de ses adversaires, il était dorénavant à portée. L’homme déclencha alors, par l’intermédiaire de son corps une explosion considérable dont le rayon d’une dizaine de mètres brûla au second degré les membres de ses adversaires qui ne s’attendait pas à un tel revirement de situation. Le plus proche de Jones avait lui instantanément succombé à l’explosion, sa chair carbonisé ne faisait plus qu’office de cendres qui se disséminait sur tout le plateau de montagneux. Les autres étaient grièvement blessés et Jones n’eut aucun mal à les tabasser un peu plus en prenant soin de les humilier et de leur soustraire leurs armes à feu et autres armes non létales. Tandis que certains blessés tentaient de s’échapper en hurlant afin qu’on vienne à leur rescousse, Jones n’eut aucun mal à les rattraper après quelque minutes de cavale. Une forte odeur de souffre et de chair humaine avait envahi la zone, causant le vomissement de certaines têtes brûlés de cette petite bande. Ils étaient encore vivant et c’est ce qui comptait le plus, Jones les attacha les uns aux autres et se reprit de la vallée désertique où Abilène était implanté, il comptait mettre à exécution son imagination débordante.

                  Ces saligauds avaient joué avec le feu et bien qu’ils aient été mis en garde comme de vulgaires gamins, ils s’étaient brûlés. Ils avaient échaudé l’esprit de Jones dans un instant critique, un moment où il souhaitait rester solitaire et reclus avec lui-même et ses idées macabres. Ils auraient mieux fallu que cette bande de fous insensé n’interviennent pas comme il leur avait recommandé, Jones leur réservait un chien de la chienne comme il n’avait encore fait à quiconque. Dans la descente de la montagne, certains des abrutis qu’ils avaient attachés, essayaient de lui fausser compagnie, essais vains qui se soldaient irrémédiablement par des coups violents. Tous l’insultait sans se ménager, ils injuriaient Jones comme personne et le qualifiait de tous les substantifs négatifs possibles et inimaginables, il fallait bien qu’il exprime toute leur hargne, toute leur colère intérieur quant à leur défaut d’aptitudes contre Sharp Jones. Ils continuèrent tout au long de la descente à l’invectiver, à menacer ses proches et sa « famille « de ce qu’ils encouraient si il venait à arriver quelque chose à ces types mais c’était comme pisser dans un violon, leurs paroles aussi virulentes soient-elles n’avaient strictement aucun effet sur Jones. Ces hommes ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes, c’était leur excès de zèle qui les avait poussés à leur stade actuel, c’était leur manque de puissance qui était responsable de l’état d’avilissement dans lequel ils étaient plongés et l’enfer ne faisait que commencer.

                  Ils mirent l’espace de 4 heures pour redescendre de la montagne et regagner les environs d’Abilène, la soif commençait à étreindre les corps de nos chères comparses qui tiraient à l’image d’animaux déshydraté une langue pendante, le soleil tapait fort comme à l’accoutumé et ne leur arrangeait pas la donne, l’insolation et la déshydrations était au rendez-vous. Et alors ? Qu’est ce que Sharp Jones en avait bien à foutre de l’état de santé de ces prisonniers. Ils pourraient tous les regarder crever la gueule ouverte sans ne serait-ce que bouger le petit doigt, ces hommes s’étaient rendus coupables, nul doute qu’ils devaient en payer le châtiment. Jones gagna la ville avec sa file de moutons de panurges, les citoyens d’Abilène étaient indignés d’être témoin du spectacle que leur offrait Sharp Jones, les femmes cachaient les yeux des plus jeunes enfants afin qu’ils ne contemplent ce tragique évènement tandis que d’autres scandalisés s’empressaient d’aller chercher leurs hommes et autres saoulards aux quatre coins de la ville. Jones tractait cette bande d’abrutis dont les corps des plus faibles raclaient désormais le sol poussiéreux et rocailleux d’Abilène et pourtant aucun des témoins de cette scène n’eut l’audace d’adresser le moindre mot à Sharp Jones, la gueule du type était toutefois bien revenu en mémoire de tous ces lascars. « Abilène, pour le bétail une étape, pour les coyotes un abattoir », il allait s’adapter à la coutume locale et se comporter tel un cow-boy l’aurait fait à sa place. Même si un fort sentiment d’indignation emplissait les résidents de Abilène, la peur, elle aussi, s’’était immiscé avec bien plus d’intensité dans les cœurs de ces citoyens qui voyaient Sharp Jones tel un danger public implacable et indifférent dénué de toute compassion. Jones se dirigea avec son peloton de coyotes en direction de l’estrade, servant chaque année à organiser la fête populaire annuelle de la ville. Comme il s’y attendait, une meute de personnes effrayés mais surtout bien intéressé par ce qu’il comptait faire le suivit dans son sillage. Le type qui faisait office de sheriff de la bourgade se plaça en tête du cortège. Lorsqu’il fut arrivé sur l’estrade avec ces abrutis, Jones leur fila quelques coups de poings dans le buffet et dans la tronche afin qu’ils s’agenouillent et supplient la population locale de leur accorder leur pardon pour tout ce dont ils s’étaient rendus responsable. Il saisit bientôt un den den mushi mégaphone, destiné à animer les évènements de la cité et qui restait à demeure sur l’estrade.

                  « Alors messieurs, vous ne croyiez pas que j’allais vous laisser vous en tirer comme ca. Regardez vous, bande d’incapables, pauvre de vous à implorer la pitié de ces citoyens que vous méprisez profondément, de ces types qui vont léché les basques pendant des années. Que pensez-vous du retour de bâton HEIN ?!! Le goût de l’humiliation vous plaît t’il, bande de daubes ? »

                  L’assistance ne se prêtait pas qu’à moitié au jeu de Sharp Jones, ils étaient bien trop effrayés par la folie de l’homme qui avait capturé ces bandits. Certains transi de peur tremblotaient comme des feuilles mortes tandis que d’autres chialaient sans interruption, préférant fuir cette scène qui s’annonçait comme épique. Jones se dirigea vers le leader du groupe de bandits et plaça son pied au niveau de sa bouche afin qu’il l’embrasse à l’instar d’un larbin à son seigneur et maître. L’homme hésita longuement, allait t’il renier le peu d’amour propre qui lui restait encore ou préférerait t-il mourir maintenant et voir ce supplice arriver à son terme? L’homme hésita longuement, la foule l’observait avec des yeux ébahis et ne manquait pas une miette de cette humiliation. Bientôt, le leader se résigna et embrassa la pompe de Sharp Jones sous le regard désemparé de ces hommes.

                  « Voyez comme ces êtres abjects n’ont que peu d’estime pour ce qu’ils sont, voyez comme ils renient leur orgueil et leur respect pour continuer à vivre. Voyez ces blattes qui préfèrent perdre leur honneur plutôt que de mourir tel des véritables hommes. Contemplez ca, bande de culs-terreux ! Lapidez ces mécréants, balancez leur des tomates et des fruits pourris, ils ne méritent rien d’autre, vengez vous, appelez la rancœur de votre vœu et condamner les comme je le fais devant vous aujourd’hui. »

                  « Tu me le paieras, enfoiré de Squelette. Tu me le paieras, bordel »

                  Bientôt un huement général retentit dans l’assemblée, des fruits en décomposition leur fit jeté aux visages des individus qui résignés acceptaient qu’on les traite de cette manière. Le shériff essaya alors d’interrompre la petite représentation que Jones donnait, les citoyens le huèrent et le sifflèrent lui aussi.

                  « N’essayez pas d’arrêter l’inévitable Shériff, c’est de votre fait qu’on en est là aujourd’hui. Vous ne vous êtes pas montré assez fort pour emprisonner ces mecs et les avez laisser agir impunément encore et encore en fermant les yeux, vous devriez avoir honte mais je me demande même si vous n’étiez pas de mèche avec ces bandits. Vous en pensez quoi, vous autres ?! »

                  Le ras le bol général qu’avait suscité Jones eut raison de la condition du Shériff, qui se fit à son tour jeter des fruits au visage et conspuer par la foule enflammée. Bientôt des civils l’immobilisèrent, le bâillonnèrent et l’obligèrent à assister à la suite des réjouissances.

                  « Apportez moi du goudron des plumes et des cordes, c’est ce qu’on réserve à des salops de la pire espèce telles que ces abrutis. »

                  Jones obtint bientôt ce qu’il quémandait et put aussitôt enduire les corps de ces scélérats de cette substance opaque et visqueuse. Il fut assisté par les résidents dans son exécution, Jones avait ravivé toutes leurs rancœurs endormies, ils pouvaient dorénavant manifester toute cette colère. Ils furent plongés dans des bacs à plumes et furent attachés solidement un à un à des poutrelles devant le village.

                  « Alors messieurs, ne vous avais-je pas mit en garde, HEIN ? Ne vous avais-je pas avisé de ce qui pourrait vous arriver ? Bande de nazes, votre existence sur terre touche dorénavant à leurs termes. Pourquoi croyez-vous qu’on se trouve sur une estrade et que je vous ai attaché bande d’idiots. »

                  La foule se calma aussitôt, redoutant ce qu’il allait se produire. Jones noua des nœuds coulants autour des cous de nos invités goudronnés et disposa des tabourets afin qu’ils gardent pied.

                  « SUPPLIEZ MOI ou MOURREZ sur l’instant »

                  Il n’eut aucune réponse et vira un à un les tabourets figurant en dessous des panards des volailles improvisés, provoquant la mort subite par strangulation de ces derniers. C’était là le bouquet final, le clou du spectacle, l’épilogue tant redouté par les civils qui s’enfuirent de la scène dans une panique générale.

                    Cette émeute générale, cette masse informe de personnes se déversa dans la ville en hurlant et braillant à toute berzingue tandis que Jones, satisfait du dénouement de cette histoire, reprenait le chemin inverse pour retourner sur l’arpent rocheux qu’il n’aurait jamais dû quitter. Eux aussi n’avaient pas trop intérêt à le faire suer ou à l’empêcher de parvenir à ses fins, ils avaient été témoin de ce qu’il était capable de faire et de son absence total de scrupules. Jones ne comprenait pas ce mouvement de panique générale, il s’en accommodait bien sur mais Abilène devait avoir l’habitude de ce genre de situations comme en témoignait l’écriteau placé en façade de la localité. Tandis qu’il sortait de la ville, il croisa à son grand étonnement le père Adam et Mac Hollister, ils avaient sans doute été mis au courant de tout ce tintamarre et du lynchage en règle opéré par Jones. Les deux hommes affichaient l’un de ces sourires mesquins qui en disaient long sur les intentions, Sharp comprit aussitôt que Mac avait fait du bon boulot et avait convaincu d’une manière ou d’une autre, Adam à se joindre à leur projet fumant. Quelque chose d’indescriptible avait changé dans la personnalité d’Adam, il se dégageait de l’individu, une aura morbide sans doute celle qui l’animait autrefois avec Mac. Les résidents de Abilène s’étaient calfeutrés à domicile et regardait d’un œil prudemment la scène. Le vent s’était levé et des ballots de paille cà et là traversaient dorénavant la ville, comme pour accentuer l’apogée de cette rencontre entre deux monuments. De brefs échanges de regards suffit aux trois hommes pour décider de prendre la direction du saloon, le même saloon qui avait accueilli Mac et Sharp lors de leur arrivée à Abilène quelques jours auparavant. Ils étaient les nouveaux caïds de la cité et n’avaient plus rien à prouver à quiconque ici-bas. Avant même qu’ils ne pénétrèrent dans l’établissement, tous les clients s’enfuirent en prenant leurs jambes à leurs cou, Sharp et ses deux compères en saisirent deux ou trois au passage pour les inviter à leur table héhé. Aussitôt rentré dans la café, ils se payèrent le luxe de poser leurs grolles sur la table et de claquer des doigts pour que l’autre ventripotent de barman leur serre sa meilleure bouteille de rhum. Pour renforcer encore davantage ce climat de peur qu’ils avaient installés à Abilène, Adam tira deux ou trois balles dans le piano mécanique au coin de la salle puis fit feu à proximité des pieds de ces chères hôtes puis tous trois s’esclaffèrent de voir les abrutis danser comme de vulgaires pigeons.

                    « Danse pied tendre, danse haha. »

                    Le barman s’était grouillé d’apporter la fameuse bouteille de rhum. Jones prit l’initiative de servir une lichette à ses collaborateurs comme pour sceller leur union mercantile. Mac fit sortir violemment par le fenêtre le barman qui faisait davantage office de serviteur. Les oreilles pendantes n’ont pas leur place dans une discussion de cette ampleur. Reprenant leur sérieux et leur professionnalisme qui leur sied si bien, Adam lança alors à Jones.

                    « T’as foutu un sacré bordel à toi tout seul, j’ai bien cru que t’allais foutre la ville à feu et à sang bordel, on a pas trop de temps, la cavalerie va pas tarder à se pointer, je vais faire bref. Comme tu dois t’en douter, je veux bien en être, ce cher Mac ici présent a su raviver les vestiges de ce passé empli de pillages et de saccages et il m’a convaincu de te faire confiance. »

                    Jones resta de marbre quant à la déclaration de son interlocuteur, il n’était pas plus surpris que ca par les paroles d’Adam, se livrer à une exécution comme celle là est à la portée de tout brigand qui se respecte. Jones connaissait l’attrait exacerbé des chasseurs de têtes pour le challenge, le piquant d’une situation qui fait que le vainqueur en tire renommée et un certain plaisir. Ces types là ont souvent un besoin identitaire et de reconnaissance, ils aiment laisser une trace de leur passage, une empreinte pour signifier à tous que cette œuvre est bel et bien de leur fait. Adam avait un certain ego et Jones aurait à faire avec au vu de ses capacités, il aurait tort de se priver d’un tel élément. Il est toujours bon d’avoir un certain orgueil et une estime de soi mais il ne faut cependant pas pêcher par arrogance.

                    « Pour être franc avec toi, je m’attendais à une réponse de cet acabit, t’es un mec de talent dont le tempérament te confine à rester en solitaire. Les fardeaux et autres poids, c’est pas ton truc et moi non plus à vrai dire. Sois assuré que tu travailleras en solo, je ne vais pas te placer un boulet à pied dont tu devras t’occuper. T’auras pour ainsi dire carte blanche, si ce que pour seul contrainte que l’objectif fixé doit être rempli. »

                    Mac restait silencieux, observant l’échange verbal entre les deux hommes tout en vérifiant qu’un petit malin ne se pointe pas autour de la baraque pour les épier. Adam acquiesça même s’il restait dubitatif, son intuition lui disait bien que s’allier à Jones comportait plus d’avantages que d’inconvénients et qu’au bout du compte, la balance serait fichtrement rentable. Les hommes descendirent d’une traite leurs verres et les balancèrent aux quatre coins de la pièce. Le miroir du comptoir se brisa suite à l’impact de l’un deux sur la surface réfléchissante. Avant de partir, ils se mirent d’accord quant à un dernier coup d’éclat à opérer ici à Abilène, ils souhaitaient laisser une trace indélébile de leur passage en ville. Ils s’empressèrent de saisir toutes les flasques et autres eaux de vie figurant au dessus du comptoir et aspergèrent les meubles, le plancher et tout autre élément de décor. Tout en sortant, ils répandirent un filet d’alcool tel une traînée de poudre jusqu'à la rue et dessinèrent une sorte de forme géométrique au sol. Le proprio du café essaya bien de les empêcher mais il fut rapidement envoyé dans ce qui lui servait de fond de commerce, un capitaine ne quitte jamais son navire, n’est-ce pas. Jones tapa du pied, créant une explosion qui vint embraser le l’alcool inflammable lequel à son tour enflamma toute la baraque. Jones et ses comparses mirant aussitôt les voiles et se retirèrent de ce trou miteux, il n’était pas nécessaire de trainer plus longtemps dans le coin. Le feu dessina ce qui s’apparentait être un crâne enflammé sur le sol d’Abilène. Le mal était fait et la signature de celui qui se faisait appeler le Black Mask frappait le sort de cette ville telle une condamnation.