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Euh... Y a quelqu'un?

Rain regardait autour de lui. Rien à voir, mis à part des vagues, des nuages et de la pluie au loin. Une tempête s’annonçait, cela ne faisait aucun doute et personne n’était bien tranquille sur le bateau. La « cuisse de la justice », c’était le nom du navire, était trimballé dans tous les sens, effectuant de violentes embardées qui avaient la fâcheuse habitude de foutre tout le monde par terre sans ménagement. Le vent était aussi de la partie et rendait les communications difficiles. Le scientifique du navire savait par expérience que lorsque l’on approchait d’un point chaud, comme sous un orage par exemple, les différents courants d’air pouvaient donner lieu à de véritables cataclysmes ponctuels. Aucun navire ne pourrait encaisser une rencontre avec une lame de fond ou avec une tornade aquatique. Enfin certains peut-être, mais pas le leur en tout cas. Et pourtant, ce genre de choses arrivait fréquemment. Il mit ses mains en porte-voix et cria à Jany Voiger, la vigie.

-Hey ! Tu vois quelque chose ?
-Quoi ?
-TU-VOIS-QUELQUE-CHOSE ???
-HEIN ?!

Le savant grimpa au mat en râlant. Il était idiot ou quoi ? Arrivé en haut, il grimpa dans le panier et mit un taquet au jeune garçon.

-Tu es vigie ! A ton avis, qu’est ce que je te demande ?

Le garçon se frotta la tête en grommelant. Il savait que Rain l’aimait bien, mais il grognait tout le temps et n’était jamais content.

-Ouais ben j’aime pas être vigie. C’est pourri. Et je me tape tout le vent en plus ! Non, je ne vois rien à l’horizon, si c’est ce que tu veux savoir. Si je voyais un phare ou une terre, je vous l’aurais dit !

Rain observa de ses propres yeux l’horizon à trois cent soixante degrés et dut reconnaître qu’il ne voyait pas où ils pourraient aller pour éviter cette tempête. Il redescendit en vitesse pour aller connaître l’avis du navigateur. Il fut stoppé dans son élan par le capitaine qui l’attrapa par le col de sa chemise. Le chimiste se dégagea en suffocant, ne craignait qu’une chose c’est que sa chemise soit déformée par la poigne du capitaine. Après l’avoir bien repassé du plat de la main pour ne laisser aucun faux-pli, il leva les yeux vers son supérieur, daignant enfin connaître la raison de cet arrêt brutal. L’homme était très massif et sa voix caverneuse ne faisait qu’accentuer cette sensation de puissance. Il portait une armure uniquement au niveau du bras droit, non pas pour se défendre mais au contraire pour en augmenter le poids et en accroitre sa force de frappe. Le capitaine James Pathagel était bourru, très fier des valeurs de la marine et aimant la franche camaraderie. Pas de sentiments, on n’est pas des lopettes ! C’était sa devise.

-Ca s’annonce rude ! On va essayer de se poser sur une île intermédiaire. On ne pourra pas atteindre le QG d'East Blue avant la tempête et je tiens vraiment pas à me la manger celle-là ! Je sais pas si t’as vu la gueule de ces nuages mais ils ne m’inspirent rien de bon à moi ! Et à Seth non plus d’ailleurs !

Seth Oudroi était notre navigateur. Un bon gars mais tellement timide qu’il n’osait pas imposer les directions à prendre si on ne le lui demandait pas directement et sans détour. Embêtant tout de même pour un navigateur. Rain entra dans la cabine de pilotage et lui donna une claque dans le dos pour tenter de le remotiver un peu. Il avait toujours d’excellentes idées mais n’osait pas les exprimer, de peur que les autres ne les trouvent pas aussi brillantes que lui.

-Alors moussaillon, tu nous emmène où ?
-Aouch... A Sirup, c’est l’île la plus proche de nous et on doit vraiment se dépêcher. Il faudrait incliner les voiles de trente degré à tribord...

Rain sortit en trombe et donna les ordres en gueulant comme un dégénéré comme si c’était une question de vie ou de mort. Hahaha, là ils réagissaient un peu plus rapidement qu’avec leur mollesse habituelle. Bande de chiffe molle ! Ils s’agitaient avec une précipitation qui pouvait sembler désordonnée, mais en réalité, chacun était à son poste avec une logique millimétrée. Le capitaine regardait et personne ne voulait se faire corriger par « le bras de fer », petit surnom que les matelots lui avaient trouvé. Pas cherché bien loin... Après moins de vingt secondes d’attente, le bateau déviait de sa trajectoire et prenait cap à tribord. Cela ne serait pas long avant d’atteindre Sirup.

Le bateau s’immobilisa dans un vacarme assourdissant. Les hommes voulurent descendre pour se mettre à l’abri dans une taverne locale mais James les stoppa net. L’île était réputée pour être laissée à la merci des pirates depuis de nombreuses années. Il n’y avait pas la moindre base de la marine et avec cette tempête, s’il leur arrivait le moindre pépin, aucun renfort ne pourrait venir. Il ordonna donc à tout l’équipage de rester bien gentiment sur le navire pendant que lui et Rain irait chercher à picoler. Même s’il était rude, James ne pouvait pas être cruel au point de les priver d’alcool. Faut pas pousser. Ils descendirent donc à deux.

Déjà, immédiatement, quelque chose n’allait pas. Un cadavre se trouvait à l’entrée du port. Le pirate avait été exécuté sans ménagement. Le cadavre puait l’alcool mais pas la charogne, la mort était donc assez récente pour que la pourriture n’ai pas encore entamé son œuvre. Les deux compères se regardèrent et se mirent d’accord d’un signe de tête. C’était suffisant pour faire passer le message. Il fallait qu’ils restent sur leur garde. Ils se mirent à marcher dans les ruelles de la ville, cherchant à la fois une taverne et tentant de prévenir une embuscade. C’était idiot, comment pourraient-ils tomber dans une embuscade alors qu’ils n’avaient même pas l’intention de s’arrêter sur cette île initialement ? Bof, on n’est jamais trop prudent.

Soudain, une vitrine explosa et un corps inanimé vola au travers de la rue avant de faire des roulé boulés et de s’immobiliser quelques mètres plus loin. Les marins pénétrèrent dans le bar et virent un civil ! Seul, au milieu de tous ces pirates ! Et apparemment, ça cherchait la bagarre ! Mais la situation était ambiguë. Le marin était en train de boire un verre au bar comme si de rien n’était. Il ne semblait pas s’inquiéter une seule seconde de toute la racaille qui se trouvait autour de lui. Mais un pirate s’était levé discrètement, sabre hors du fourreau, certainement désireux de venger son camarade. James fut plus rapide que Rain et fila à travers la pièce, zigzagant entre les tables avant d’asséner un violent coup de poing dans le dos du pirate qui s’approchait. Le vacarme fut assourdissant, mais difficile de dire si c’était sa colonne vertébrale où la table sur lequel il atterrit qui craqua le plus fort. Le chimiste enfila ses poings américains, prêt à calmer quiconque voudrait s’en prendre une également. Personne ne sembla volontaire. Le savant s’approcha du marin et le salua comme il se devait.


-Rain Maniko ! Membre de la brigade scientifique et voici James Pathagel, capitaine de la « cuisse de la justice ». A qui ai-je l’honneur ?

      Red se retourne d'un bloc mais a visiblement atteint la limite haute de sa consommation d'alcool, alors il tourne sur un pied et ne se rattrape qu'en s'accoudant tant bien que mal au bar derriére lui avant de regarder la troupe d'un œil trouble...

      -Quoi ma gueule? Qu'est ce qu'elle a ma gueule ? C'est pas vrai ce bled de casse couilles ou on peut pas boire un verre sans qu'un connard vienne insister pour se faire péter les dents...Alors ? Qui c'est qu'a dit ta gueule ? Que j'lui remette une dose de tartes aux phalanges dans sa face !

      Red tâtonne jusqu'au verre laissé sur le bar et le vide d'un trait avant de l’envoyer s'écraser contre le mur dans son dos, loupant le barman de peu. Il fait le point sur les uniformes et sur la chape de silence hostile qui vient de tomber sur le rade minable. Il incline la tête vers le type au sol et le sabre planté dans le sol a coté de lui et lui lance un regard noir et méchant, retient un hoquet en tentant vaguement de se redresser pour faire bonne figure.

      -Faites excuse 'pitaine, j'vous avais pas vu... Je suis le Commandant Red...(Déglutissement difficile) Je dirais même (hoquet).... Le putain de Commandant Red. De la putain de marine d'élite... Et... Et je suis pas bourré du tout...Pas du tout...

      Sur la droite un des hommes assis sur un banc se rapproche doucement de la sortie en glissant petit à petit sur son banc mais s’arrête net quand le doigt accusateur de Red se pointe dans sa direction...

      -J'vous vois ! Attention hein ! J'ai dit que personne ne sortirait d'ici sans que j'en donne l'ordre, alors attention. Sinon sur le tas comme les autres !

      D'un geste vague Red indique l'autre coin de la salle ou s'entassent pèle mêle une demi douzaines de corps gémissants et visiblement sévèrement passés à tabac. Il dodeline quelques secondes de la tête en regardant fixement le trouillard, puis revient à son interlocuteur de la marine.

      -Vous buvez quelque chose 'pitaine ? C'est moi qui offre... T'entends taverniste ? A boire pour toute la marine... Alors mon 'pitaine ? Qu'est ce qui vous amène dans ce trou pourri ? Vous z'étes perdu ?

      Au sol le type séché par Rain pousse un geignement de douleur et commence à se trainer lentement à l'écart, mais pas sans échapper à l'agent Red qui le regarde avec tristesse en secouant la tête devant tant de bêtise et d'obstination.

      -Putain de cafard...Tu attaques dans le dos et t'es pas assez malin pour rester couché... (Red se décolle du bar et fait trois pas jusqu'au type avant de lui écraser les doigts de sa botte ferrée ) Reste ! Couché ! (Puis il vise la téte du type au sol, l'écrasant en criant de sa botte contre le parquet jusqu’à que le type ne bouge plus du tout...) Voila... Couché !

      L’homme que Rain venait de rencontrer n’en était visiblement pas à son premier verre. Il était même complètement beurré. Cela se vérifia lorsqu’il se retourna et manqua de s’exploser par terre. Sans la présence du bar, il n’aurait jamais réussi à garder son équilibre. Le scientifique resta bien droit et attendit que son interlocuteur se soit repris. Il ne pouvait pas laisser un civil dans cet état au milieu de ces pirates. L’homme se redressa en vociférant des insultes et des menaces avant de se rendre compte qu’il s’adressait à un officier supérieur de la Marine. Il se présenta comme un commandant de la Marine d’élite. Le vice-lieutenant Maniko jeta un coup d’œil à son supérieur. Ils étaient aussi sceptique l’un que l’autre.

      -Ca te dit quelque chose « commandant Red » ?
      -Rien du tout, capitaine.

      Pendant qu’ils discutaient de la crédibilité de la personne un poil trop inhibé, celle-ci continuait à parler fort et à agresser les clients de la taverne. La population locale étant constituée de voleur, bandits, pirates et autres connards en tout genre, cela ne dérangea pas du tout les deux marins. Il avait déjà tabassé un bon nombre d’entre eux et Rain ne pouvait, au fond de lui, que s’en réjouir. Si cela ne tenait qu’à lui, il organiserait des raids un peu partout dans le monde pour exterminer sans sentiments toute cette racaille.

      Le pochtron était en train de délirer et d’offrir sa tournée aux nouveaux arrivants. De toute façon, il n’avait déjà probablement pas payé toutes les précédentes, alors il pouvait se le permettre ! Rain se retourna soudain en entendant des bruits de coups et des cris de douleurs. Le soi-disant commandant Red était en train de passer à tabac le salaud qui avait tenté de l’attaquer en traître quelques instants plus tôt. La scène était déplaisante à voir, mais jamais un des deux membres de l’équipage de « Cuisse de la Justice » n’aurait levé le petit doigt pour sauver un pirate, encore moins un lâche. Après quelques instants, le corps inanimé était pris de convulsions nerveuses, le cerveau ayant été plus qu’entamé par le talon du saoulard.

      En un rapide regard, James Pathagel et son vice-lieutenant se comprirent. Il fallait sortir d’ici avant que toute la ville ne leur tombe dessus. Il y avait beaucoup trop de pirates dans les parages pour que cela soit normal. Sirup était une ville très réputé pour ses habitants de marques. La racaille était toujours écartée avec force de ce genre d’îles pour des raisons de sécurité évidente. Il y avait quelque chose qui clochait. Le scientifique s’approcha du commandant Red et lui intima de le suivre.


      -Commandant Rei, veuillez me suivre. Je pense que vous auriez bien besoin de prendre l’air. Je connais un petit pub pas loin où les femmes sont charmantes et plus qu’accueillante, si vous voyez où je veux en venir...

      C’était entièrement faux, mais il fallait trouver une façon convaincante de l’inviter à le suivre. Et vu l’état d’alcoolémie avancé, le style bon gros bourrin et la fierté du mec, il ne refuserait surement pas une petite passe avec une jeunette du coin. En tout cas, même à jeun et sans raison, Rain ne refuserait pas ! Derrière eux, James se tenait prêt à l'emmener par la peau du fion si le besoin d'en faisait ressentir.

          -Et mon cul? C'est du poulet ? Si y'avait un rade du genre dont tu parles dans ce bled, tu crois vraiment que j'aurais choisi de m'échouer dans trou à rats ?

          Red fixe Rain en dodelinant un peu de la téte, essaynt probablement de localiser auquel des deux types il est train de parler. Puis il hausse les épaules, signifiant d'un vague geste de la main que de toute façon tout ça n'est qu'un question rhétorique et qu'il se fout de la réponse comme de sa première chemise...
          Et hochant la téte il se met en marche vers la porte, écartant les marines de sa route non sans lancer des regards méchants aux truands qui feraient mine de bouger.

          -Et puis c'est Red bordel ! Commandant Red, pas Rei... Je connais pas de foutu Commandant Rei. Alors que Red burps... C'est moi !

          Et Red de se tapoter la poitrine de l'index pour appuyer le propos, s'agirait pas qu'on confonde un commandant d'élite avec quelqu'un d'autre...

          -Et maintenant ? Tu me dis pourquoi t'voulais que je sorte hein ? t'veux te battre ? Oh ! Attends ! Héhé, j'ai oublié un truc...

          Paume de la main vers Rain pour s'excuser de pas être disponible tout de suite, Red farfouille dans ses poches avec maladresse jusqu’à ce qu'il en extraie difficilement un briquet et une clope. La clope va se caler au coins de ses lèvres et le briquet trouve miraculeusement son extrémité sans même cramer le chapeau de l'agent. L'air d'un type en extase Red aspire et recrache une longue bouffée.
          Puis chopant la clope il se l'enfourne dans ce qui semble être une poche intérieure de son manteau, d’où se fait immédiatement entendre le bruit caractéristique d'une mèche qui se consume.

          -Maintenant il faut compter, tous ensemble... Et un... Et deux... Et euh... deux je l'ai dit...

          Sous les regards atterrés des marins Red s’emmêle dans ses chiffres mais continue de sourire avant de hausser une nouvelle fois les épaules et de pécher la grenade dans sa poche. Il tourne une fois sur lui même en la brandissant pour prendre de l'élan, titube, fait un nouveau tour et la lâche enfin sur une trajectoire qui l’emmène miraculeusement droit dans la taverne...

          -Allez dehors tas de parasites ! Ce soir le commandant Red offre une soirée explosive ! Héhé

          L'intérieur de la taverne est évacué plus vite que l'éclair par toutes les sorties possibles et une poignées de secondes plus tard une explosion vaporise les meubles à l'intérieur, cramant la salle du col au plancher et expédiant volets, vitres et meubles en terrasse un peu partout dans la rue...

          Red continue de rigoler bêtement et tout seul un petit moment, puis remarque les regards courroucés et les sourcils roussis de Rain et des types les plus proches. Il pouffe un peu puis s'efforce de s’arrêter de rire et se met à hoqueter en haussant une nouvelle fois les épaules...

          -Désolé, mais j'avais prévenu que je ventilais !
          Ouais, Red, Rei, c’était pareil. Il articulait tellement mal avec sa voix empâtée par l’alcool bon marché qu’il était difficile de piger quoi que ce soit lorsqu’il maugréait dans son délire. Rain tentait de garder son calme face à cet ivrogne belliqueux et désagréable. Soit c’était un véritable clochard en plein délire, soit il disait la vérité et l’image de la Marine avait alors vraiment du mouron à se faire. Il puait la vinasse à plusieurs mètres à la ronde et son équilibre était toujours porté disparu. Un coup à droite, un coup à gauche, un rototo et on repart. De quoi filer le mal de mer rien qu’en le regardant. Le chimiste eut une pensée de défense en voyant le soi-disant commandant porter la main à sa poche intérieure, mais le laissa faire en voyant qu’il s’agissait que d’une clope et d’un briquet. Mais il ne comprit pas pourquoi la clope allumée retournait à l’intérieure de la poche alors que le briquet restait bien calé dans la paume de la main. Il mit ça sur le compte de l’ébriété avancée et eut même un petit sourire en l’imaginant se cramer le téton.

          **Pssschhhhiiittttttt !!!!**
          -Maintenant il faut compter, tous ensemble... Et un... Et deux... Et euh... deux je l'ai dit...

          Oh putain ! Il ne fallut pas longtemps au capitaine James et à son vice-lieutenant pour comprendre qu’un bâton de dynamite venait d’être allumé à l’aveuglette et que cet abruti était trop beurré pour choper un timing ! Ils se regardèrent avec une pointe d’inquiétude dans le regard. Mais ils n’eurent pas le temps d’avoir réellement peur car le bâton sortit de sa poche et fut propulsé par chance au travers de la fenêtre de la taverne mal famée. A l’intérieur, ça crie, ça court, ça se bouscule, mais c’est mort, il y a plus assez de temps. Un « VLAM ! » sonore retentit, immédiatement suivie d’un silence total. Seul le petit rire de Red subsiste. Un vrai malade celui-là ! Au moins, il n’y avait plus de témoins de leur présence ici.

          -Désolé, mais j'avais prévenu que je ventilais !
          -C’est super tout ça... Si vous nous expliquiez ce que vous faîtes ici ? Vous êtes vraiment un commandant ? Cette île est abandonnée par la marine depuis des années, il n’y a que des pirates ici ! Nous n’avons pas croisé un seul civil depuis notre arrivée ! Mais qu’est ce qu’il se passe ici, bon sang ?

          Rain fut tenté de lui demandé également si l’absence de bordel était une réalité car ils venaient juste de débarquer d’un long voyage et taper la discussion avec un poivrot pyromane n’était pas franchement la première chose qu’il avait envie de faire en ce moment. James Pathagel n’avait pas l’air content de la mort de tous ces pirates. Tuer autant de gens sans même donner une avoine, c’était du gâchis pur et simple. Sur qui il allait bien pouvoir taper maintenant ? Il ne voulait pas se mettre toutes la ville à dos non plus. Au vu de la population locale et de la superficie de l’île, il devait y avoir au moins cinq cent pirates sur cette île !

          Ce serait déjà un miracle si cette explosion ne les faisait pas rappliquer en vitesse....

              Red attrape Rain par l'épaule d'un geste de camaraderie alcoolique classique et tout en s'accrochant au jeune homme pour ne pas tomber il lui saisit le cou pour se rapprocher de lui en mode confidence. Sauf qu'il continue a parler assez fort pour qu'on l'entende de la maison en face.

              -T'vois mon gars, j'vais t'dire un truc. Un truc qui va te servir toute ta vie de marines t'vois? Y'a plein de bleds ou y'a pas un pet de marines. Y'en a plein... Partout... Et le truc vraiment dingue, c'est qu'la plupart s'en portent pas plus mal. Rega'd j'te montre...

              Red lâche Rain un instant le temps de lui coller deux mains sales sous le pif.

              -Le majeur la, c'est le marine t'vois ? Et juste à coté la, y'a le civil. On le reconnait bien parce qu'il est plus petit que le marine... (Red tend laborieusement l'autre main au même niveau et tend l'index) Le pirate lui l'est la. Mais rega'd, si j’enlève le marine, les deux qui restent, c'est les deux mêmes !

              Red a le regard éclairé du mec qui vient de révéler au monde une vérité incroyable. Il hoche lentement la tête pour que Rain ait le temps de bien mesurer tout ce qu'implique ce qu'il vient de dire...

              -T'vois? Z'ont pas b'soin de la marine les gens. Tout ça c'est des conneries, du vent pffuitt... Quedalle... Non mais franchement, si y'a des marines alors les gens y sont gentils gentils et si y'en a pas c'est des méchants méchants pirates ? Faut faire marcher ta tête ptit, ou on te la fera sauter sans que t'ai rien compris à la vie...

              Red fait un pas mal assuré en arrière et se retourne pour dégobiller bruyamment un fond de bouteille avant de revenir souffler une haleine fétide dans le visage de Rain.

              -Pirates et civils c'est kiff kiff, bonnet blanc et tout ça. En fait ça dépend juste de ce dont le gouv... le gouv... Le gouvernement à besoin... Le gouvernement ouais ! Voila le vrai s'cret ! Gloire au gouvernement ! Gloire à la marines et à tout ses enculés d'officiers, gloire aux ... (Red tente d'enchainer simultanément un salut, un garde à vous et de claquer des talons, échoue dans les trois opérations et se vautre par terre en jurant...)