Logue Town, fin 1607.
L'une de mes grosses mains vient plonger dans la poche de mon costard abîmé. Un cigare humide et à moitié consumé en ressort avant de se perdre entre mes deux lèvres. Une allumette se craque et une bouffée de fumée ressort de mes immenses narines. La vie est dure, plus les mois passent et plus je me demande si j'ai fait le bon choix. Mes deux yeux plissés viennent se perdre à contempler par de là la fenêtre. Il pleut salement. La rue est bruyante, immonde. Les gens courent, bourlinguent, vendent, crient. Une journée banale à Logue Town. Des gouttes de pluies viennent perler du plafond avant de tomber dans les quelques seaux posés ci et là. Le mélange du cigare qui se consume peu à peu, des bruits d'au dehors qui viennent murmurer jusque dans la pièce, des perles d'eau venant s'écraser contre le plastic des seaux. Des bruits si familiers. Des bruits d'une vie sommaire, fragile et pauvre. Une vie que mon esprit crie de quitter.
Ma main se renfonce dans ma poche. Un billet. Le dernier.
Trouver du travail et vite : voilà l'objectif, le même depuis des mois.
Mourir de faim, ne pas manger durant des jours, ne pas savoir si je réussirai à payer mon loyer de misère. C'est donc cela que d'avoir quitté la campagne pour vivre dans un milieu civilisé. C'est le prix à payer pour tenter de réaliser son objectif, de se faire une place parmi les hommes.
Mon lourd corps se lève et mes grosses jambes m'emmènent utiliser mon dernier billet. La porte claque, la froideur me réveille. Sale temps pour une sortie, mais je n'ai pas le choix. Le brouhaha de la rue vient claquer dans mes oreilles. Je me dépêche, pas de temps à perdre. Une ruelle traversée, puis une autre, puis encore une. Me voilà arrivé. Une petite porte en bois au milieu d'une minuscule rue se trouve en face de moi et il me faut me baisser pour réussir à passer. Lorsque la porte se referme, elle emmène dans son mouvement un petit panneau de bois se balancer de gauche à droite, rendant pour un temps difficile la lecture du mot « BAR ».
Une vingtaine de personnes présente. Autant de crapules. Ils se taisent, me mirent, puis reprennent leur discussion, rassurés de reconnaître le visage de l'entrant. Arrivé au bar, je me vois offrir un magnifique sourire par le tavernier. Le feu de cheminé à l'autre bout de la pièce se fait couvrir par le vacarme des conversations tout en continuant de réchauffer la pièce de pierre.
_Salut Ishii, c'pas la grande forme, je me trompe ?
_Bonsoir Barry. Non en effet, t'as quelque chose pour moi ?
_Peut être bien. Tu prends comme d'habitude ?
Sans attendre de réponse, le vieillard à la peau mangée par les années et à la taille déjà petite pour un homme se met à chauffer de l'eau. Comme rodé par cet exercice, on croirait le voir fermer les yeux et agir sans même réfléchir à ce qu'il fait.
_Quelqu'un t'a demandé ici.
_Qui ?
_Pas de l'habituel. C'est du gros poisson que[...]
Il sent mon regard se noircir dans son dos.
_Désolé... Pas fait exprès... C'est du gros niveau cette fois. T'aurais attiré leurs regards avec tes 2 mètres quatre vingt.
_De confiance ?
_Pourrait pas dire. J'ai entendu du bien et du mal. Tout dépend de quel côté on est. C'est pas très légal ; mais ça tu t'en doutes.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Bien sûr que je m'en doute. Ais-je vraiment le visage de l'homme jouant dans la légalité ?
_Ils repassent ce soir. Je n'ai pas voulu leur donner ton adresse.
D'un signe de tête, j'approuve la décision avant de prendre la tasse de thé que le barman vient de me servir. Il ne me reste plus qu'à attendre. Et c'est ce que je fais. Jusqu'à ce que la porte d'entrée se ré-ouvre.
L'une de mes grosses mains vient plonger dans la poche de mon costard abîmé. Un cigare humide et à moitié consumé en ressort avant de se perdre entre mes deux lèvres. Une allumette se craque et une bouffée de fumée ressort de mes immenses narines. La vie est dure, plus les mois passent et plus je me demande si j'ai fait le bon choix. Mes deux yeux plissés viennent se perdre à contempler par de là la fenêtre. Il pleut salement. La rue est bruyante, immonde. Les gens courent, bourlinguent, vendent, crient. Une journée banale à Logue Town. Des gouttes de pluies viennent perler du plafond avant de tomber dans les quelques seaux posés ci et là. Le mélange du cigare qui se consume peu à peu, des bruits d'au dehors qui viennent murmurer jusque dans la pièce, des perles d'eau venant s'écraser contre le plastic des seaux. Des bruits si familiers. Des bruits d'une vie sommaire, fragile et pauvre. Une vie que mon esprit crie de quitter.
Ma main se renfonce dans ma poche. Un billet. Le dernier.
Trouver du travail et vite : voilà l'objectif, le même depuis des mois.
Mourir de faim, ne pas manger durant des jours, ne pas savoir si je réussirai à payer mon loyer de misère. C'est donc cela que d'avoir quitté la campagne pour vivre dans un milieu civilisé. C'est le prix à payer pour tenter de réaliser son objectif, de se faire une place parmi les hommes.
Mon lourd corps se lève et mes grosses jambes m'emmènent utiliser mon dernier billet. La porte claque, la froideur me réveille. Sale temps pour une sortie, mais je n'ai pas le choix. Le brouhaha de la rue vient claquer dans mes oreilles. Je me dépêche, pas de temps à perdre. Une ruelle traversée, puis une autre, puis encore une. Me voilà arrivé. Une petite porte en bois au milieu d'une minuscule rue se trouve en face de moi et il me faut me baisser pour réussir à passer. Lorsque la porte se referme, elle emmène dans son mouvement un petit panneau de bois se balancer de gauche à droite, rendant pour un temps difficile la lecture du mot « BAR ».
Une vingtaine de personnes présente. Autant de crapules. Ils se taisent, me mirent, puis reprennent leur discussion, rassurés de reconnaître le visage de l'entrant. Arrivé au bar, je me vois offrir un magnifique sourire par le tavernier. Le feu de cheminé à l'autre bout de la pièce se fait couvrir par le vacarme des conversations tout en continuant de réchauffer la pièce de pierre.
_Salut Ishii, c'pas la grande forme, je me trompe ?
_Bonsoir Barry. Non en effet, t'as quelque chose pour moi ?
_Peut être bien. Tu prends comme d'habitude ?
Sans attendre de réponse, le vieillard à la peau mangée par les années et à la taille déjà petite pour un homme se met à chauffer de l'eau. Comme rodé par cet exercice, on croirait le voir fermer les yeux et agir sans même réfléchir à ce qu'il fait.
_Quelqu'un t'a demandé ici.
_Qui ?
_Pas de l'habituel. C'est du gros poisson que[...]
Il sent mon regard se noircir dans son dos.
_Désolé... Pas fait exprès... C'est du gros niveau cette fois. T'aurais attiré leurs regards avec tes 2 mètres quatre vingt.
_De confiance ?
_Pourrait pas dire. J'ai entendu du bien et du mal. Tout dépend de quel côté on est. C'est pas très légal ; mais ça tu t'en doutes.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Bien sûr que je m'en doute. Ais-je vraiment le visage de l'homme jouant dans la légalité ?
_Ils repassent ce soir. Je n'ai pas voulu leur donner ton adresse.
D'un signe de tête, j'approuve la décision avant de prendre la tasse de thé que le barman vient de me servir. Il ne me reste plus qu'à attendre. Et c'est ce que je fais. Jusqu'à ce que la porte d'entrée se ré-ouvre.