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L'étrange Luvneel de Mr Jones [FB 1614]

1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelgraad. AM.

Au Dafyraf Sushi Bar, deux hommes au bar tapent la discut avec un tavernier okama en simili-tutu qui laisse voir les poils du torse et à bec de lièvre mal fardé. De canard. Mal fardé. Deux se connaissent bien, sont installés ici ensemble depuis longtemps pour faire marcher ce troquet glauque comme un verre vide. Le troisième a un manteau d’officier de la Marine Mondiale sur les épaules, un sabre au flanc et une poulie dans la poche. Il n’a pas l’air d’en revenir.

Putain, c’est vraiment vous les mecs !?
Oui mon chou.
Pour toi ce sera encore « Mon colonel », Dafi. Sinon jte bute.
Oui mon chou, jte sers un truc ?
Raf, putain, dis quelque chose ! Qu’est-ce que tu fous là nom d’une pipe mal taillée ?
Bwerf. V’savez mon colonel, avec la mort du Roje jsuis bon à quoi moi ?
Beh je sais pas, moi. Mais pas à garder un baisodrome pour bosco mal reconverti bordel !
A rien, voilà ! Jsuis bon à rien. Pis il est trop tard pour moi, ça fait sept ans déjà… Jsuis tout rouillé… Bwerfpulupulu.
Chéri, y a ta poche qui crie.
Ta gueule Dafi. Nan mais faut pas dire ça Raf… Hé, regarde-moi ! Ca, ç’est à force de chasser les pouilleux qui viennent dans ce rade minable… Ca peut r’venir, t’es jeune et fringant encore. Allez, fais-moi plaisir, s’coue-toi les miches et viens donc avec moi boire un truc normal dans un coin normalpulupulu. Hein, on fait comme ça ?
Chéri, y a ta poche qui crie.
Mais ta gueule j’ai dit, toi, jte parle plus à toi ! Hein ? La poche ? Merde. Jreviens. Raf, tu bouges pas.

Un escargot dans la paume de la main, l’homme au manteau d’officier s’écarte un peu en direction d’un coin tranquille de l’établissement. Autrement dit, à dix pas dans n’importe quelle direction du comptoir. Puis il se met à parler à l’animal sans avoir honte. Et l’animal lui répond. Scène normale pour troquet anormal, aucun des deux clients n’en a cure.

Ouais, quoi ?
Mon colonel ? Allô mon colonel ? Ici le lieutenant Dafné. On nous a signalé votre présence sur Luvneel et il faudrait qu…
Hop hop hop, jvous arrête de suite Dafné. D’une part jsuis d’repos avant mon départ pour GrandLine et ça vous l’savez, et d’autre part jsuis pas là où vous dites que jsuis. Démerdez-vous, z’avez bien des gars détachables d’Inari ou d’InuTown qui eux sont d’faction, hein. Jvais p
Mon chou ! Tu voudras qu’on aille faire un tour à TARALUVNEEL plus tard dans la j
Dafi !! Je vais t’buter ! Putain je vais t’buter !
Mon colonel ?
Non mon colonel, vous passerez pas. Et vous toucherez pas un seul de ses cheveux.
Raf ?! Mais putain Raf laisse-moi passer bordel, jvais te libérer de l’emprise de cette satanée conasse !
Mon colonel ? Allô ? J’entends tout ce qui se passe mon colonel…
Raaaaah


Deux heures plus tard dans un coin paumé et différemment glauque de Luvneelpraad. Le même homme approche un des tristes hères qui peuplent la zone. Court sur pattes, le teint encore un peu rosé sous la crasse de la vie laisse penser à un petit d’homme qui se serait perdu en cours d’existence. Un gavroche qui renvoie au mantelé l’image de celui qu’il a pu lui-même être quand il n’avait que dix ou douze ans.

Pst, le môme ! Oh ! Approche tu veux ?

Ptain approche jte dis, jvais pas t’bouffer.

Un mec qu’aurait graillé un fruit du démon dans l’coin, y a une rumeur là-d’ssus quelque part d’puis peu ?

… Deux plaques si tu jactes, gamin.
Non m’sieur, rien m’sieur. Jpeux avoir les deux plaques maint’nant ?
Et des explosions qu’on savait pas pourquoi ?

… Deux plaques en plus pour toi si tu réponds encore.
Non m’sieur, rien m’sieur. Jpeux avoir les quatre plaques maint’nant ?
Encore un truc avant.

L’homme extrait de celle de ses poches où il n’y a pas de poulie un carnet sur lequel quelques mots ont été griffonnés à la hâte. Les notes prises à mesure que le lieutenant Dafné lui racontait ce qui amenait le QG à l’appeler en renfort d’urgence. Une histoire de fruit du démon de type paramécia explosif volé à la marine et revendu par un officier peu scrupuleux sur Luvneel. Une histoire qui l’a sauvé d’un affrontement contre son ancien subordonné Raf, lequel finira sa vie dans ce clapier à okama malfamé, tant pis pour lui il aura essayé de le ramener à la raison.

Peach Wilkins, tu connais ? Tu sais c’qui lui est arriv
Hé mais ! Reviens gamin ! Tes thunes, tu les veux pas ?! Reviens !
Raaaaah


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 19 Mai 2012 - 22:52, édité 1 fois
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Cela faisait bien presque une semaine que l’incident de L’iceberg Lounge s’était déroulé et depuis l’eau avait coulé sous les ponts. Il avait trouvé refuge dans les égouts, errant telle une âme sans but dans les conduits, la mésaventure de Jones l’avait profondément ébranlé. Frigorifié et frissonnant, il avait peu à peu repris du poil la bête avant de regagner la surface avec l’équivalent d’un masque en plastique sur le visage. Ce n’est pas tant qu’il avait honte de cette nouvelle apparence, c’était surtout qu’il ne voulait pas être soupçonné et incriminer dans l’affaire qui le reliait au Pingouin et à Peach Wilkins et ce bien qu’il était responsable de leur assassinat prématuré. Jones avait pu se procurer un exemplaire de la gazette et les nouvelles vont toujours vite dans ces cas là, l’explosion de la chambre forte du Pingouin et les circonstances mystérieuses qui entourent le meurtre de Wilkins faisaient la couverture. Bordel, ca n’allait pas arranger ses affaires que d’avoir à ses basques des émissaires de la marine, toute l’agitation suscitée par cette affaire n’était décidemment pas bonne pour les affaires.

L’auteur de ce carnage n’avait cependant pas été identifié du moins c’est ce que la gazette attestait, la marine et le gouvernement mondial devait garder des billes de leur côté, bien conscient que les pires crapules parcourent aussi les journaux de manière exhaustives. 1 semaine c’est long sans tenir les rennes d’un business et Jones devait revenir aux commandes, à sa position antérieure aux évènements de L’iceberg Lounge cependant il savait que la marine garderait un œil avisé sur son retour et l’attendait de pied ferme. La rançon du pouvoir veut que parfois des sacrifices soient à opérer et il était temps pour Jones d’expérimenter pleinement cet adage. Il ne serait même pas étonnant que notre homme soit l’objet d’une enquête plus poussé par la marine voire d’une perquisition, Jones avait beau avoir les mains sales, il portait cependant des gants en velours pour opérer ses agissements, des exactions qu’il prenait soin de maquiller pour brouiller les pistes, ils leur seraient difficile de prouver leurs accusations s’ils venaient à en faire et encore faudrait t-ils qui restent en vie pour pouvoir les lancer. Le chemin des canalisations l’avait mené à une station de pompage désaffecté de Luvneelpraad, le quartier malfamé de la cité principale, celui où l’on rencontre les pires fripouilles du coin. Depuis le temps qu’il séjournait à Luvneel, Jones connaissait tous ces forbans, escrocs et autres requins de bas étage que comptait Lunveelpaad, dresser leur portrait psychologie était une chose aisé pour tout individu ayant un petit peu de jugeote et de sens de l’observation. Jones s’interrogeait sur les répercussions de l’explosion du sous sol et de la chambre forte du Lounge, la marine allait sans doute renforcer la sécurité et les rondes mais quel gradé allait t’il envoyer pour mener une investigation plus poussé ?

Jones s’extirpa des égouts dans lesquelles il avait élu domicile depuis quelques jours et se dirigea vers les faubourgs malfamés de Luvneelpraad pour prendre connaissance des intentions de la marine et ce qu’elle mijotait officieusement. Jones faisait peine à voir, il puait abondamment l’effluve d’égout ainsi teinté d’une odeur rance d’eau croupie, ses vêtements dépareillés et à moitié déchirés le plaçait dans la catégorie des parias et autres marginaux comme Luvneelpraad en compte des centaines. Qui aurait cru que derrière ce physique galeux et nauséabond à souhait se cachait en réalité un homme qui pesait gros sur la scène mafieuse de Luvneel ? Jones lui-même s’étonnait de cette métamorphose des plus troublantes, il n’était pas plus dérangé que ca de ce nouveau physique de squelette ambulant cependant il savait qu’il aurait de nombreuses précautions à prendre au niveau de ces hommes de main. Jones entra dans le premier bar qu’il trouva pour se tenir au courant des rumeurs et prit et commanda avec la petite ferraille qui lui restait une bière. Il avait eu la chance de pas se faire expulser du bar pour cause de fétidité avéré, le propriétaire était sympa et il comptait bien lui laisser un petit quelque chose pour marquer le geste. Vous savez ce qu’on dit, les murs ont des oreilles et c’est souvent bien pratique d’occuper la place de celui qui espionne autrui, Jones avait les oreilles attentives aux conversations et autres ragots qui trainaient ici-bas lorsque subitement il tomba sur quelque chose de foutrement juteux.

« Tu connais pas la nouvelle ? Tu sais tout ce bordel là lié à l’explosion de la semaine dernière, il paraîtrait que la marine a enfin dépêché un type isolé pour enquêter sur cette question épineuse. Paraitrait même qu’il serait Lieutenant colonel et qu’il se trimballerait dans le coin. Bordel il doit être sacrément fort que la marine ne l’envoie que lui et lui seul. »

*Un lieutenant colonel…rien que ca, *

Les craintes de Jones étaient dorénavant fondées, il venait d’obtenir la preuve formelle que la marine avait envoyé des éléments sur place cependant l’identité du personnage en question restait cependant un mystère à élucider.

    1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelgraad. PM.

    Changement de décor pour une chambre d’hôtel. Hôtel et chambre plutôt cossus puisque c’est la Marine qui paie, vivent les notes de frais et les dégrèvements fiscaux pour les fidèles servants de la cause gouvernementale. Et pas de raison en plus de s’esbigner à faire dans le chiche alors que la mission n’était pas prévue et même pas prévisible. Bref. La chambre. Normale, blanche avec des teintes de beige, un lit double, des chandeliers dans deux coins, une salle attenante avec un bac à bains dans le troisième et la porte d’entrée dans le quatrième. Et le blason du royaume placardé par deux clous bientôt rouillés au dessus de la tête du lit pour mieux décapiter les voyageurs inconscients qui ne l’auraient pas déposé avant de dormir ou jouer au docteur avec une galante.

    Mais le lieutenant-colonel Tahar Tahgel n’est pas homme dénué de conscience. Sinon on ne l’appellerait pas « Mon colonel » et il ne résoudrait pas ses problèmes existentiels dans les bras d’une femme amoureuse du genre humain au point de partager avec tous ses magnifiques vertus. Seuls les gens hautement conscients de leurs capacités extraordinaires en font ainsi. Alors l’héraldique est tombée bien avant que le bois ne se mette à grincer ce soir et regarde depuis le tapis où on l’a jetée les ébats qui enflamment la soirée. Et quand enfin tout est terminé, elle se venge en picorant d’un coin plus très net voire carrément pas propre un petit orteil qui se demande pourquoi lui.

    Raaaaah

    Ainsi expurgé de sa frustration mêlée de franche mauvaise humeur alors qu’un instant plutôt ça allait quand même vachement bien, le militaire élargit ses notes de frais d’une bourse tombant aux pieds de la belle, qui pour le rester préfère se retirer sans laisser son nom. La chose étant entendue, notre homme demeuré seul (et non « notre homme demeuré, seul, … ») se verse un doigt de whisky haut comme une main depuis le mini-bar et s’enfonce dans le canapé qui meuble aussi la pièce, avec la pose de l’homme viril qui réfléchit intensément tout en pensant à son public permanent. Après moult considérations complètement anodines comme la qualité du liquide ambré à râper son palais ou la douce fermeté des chairs à peines quittées, il décide qu’il est temps de trouver comment se dépêtrer du merdier dans lequel un de ses collègues l’a mis et a l’idée qu’il faut.

    Comme on est con dans la Marine de manière générale, il est probable que le responsable en charge de ce qu’il y a à prendre en charge se soit focalisé sur la récupération rapide du trésor dérobé et revendu, autant dire le fruit qui fait boum boum dont avait parlé plus tôt le lieutenant Dafné. Ce, en délaissant la piste de la fuite, autrement dit celle du mystérieux collègue de peu de scrupules. Aussitôt pensé, aussitôt concrétisé, et revoilà notre homme, à poil, un verre à vider dans une main et un escargophone qui se cache les yeux dans l’autre, à réveiller le télégraphiste de garde du QG de North Blue. Trois heures plus tard à éplucher les entrées et les sorties des différents hauts gradés qui le soient assez (gradé) pour avoir accès facilement à la pièce où on stockait le précieux perdu, soit à l’aube environ puisque les jambes en l’air emmènent loin dans la nuit chez les honnêtes gens… trois heures plus tard, donc, un nom apparaît clairement qui ne peut qu’être le bon, deux points :

    Commandant Voleh D. Fruicémapacion, jte tiens fumier.

    Et de demander une description physique du bonhomme, et de sauter dans ses bottes et la femme de chambre qui passait pour faire bonne mesure, et de retourner au triple galop d’un cheval matinal parcourir les rues et les docks et partout où il est possible de demander à des quidams s’ils ont vu un jour récent un homme correspondant à la description du commandant machin. Après trois jours sans manger et sans boire pour que l’histoire soit plus intéressante, après trois jours d’accomplissement ininterrompu de son devoir d’enquêteur, enfin une piste. Oui oui, on l’a vu, ici. Et là-bas. Et puis aussi là-bas là-bas. Loin. Oui oui, on l’a vu aussi en compagnie du pêcheur Peach Wilkins. Est-ce que je sais où est ce dernier ? Euh… Tu prends la première à gauche, la troisième à droite, tu fais blah blah blah et il doit encore être dans les décombres. J’y vais de ce pas, merci messieurs. De rien connard.

    Les décombres ? Qu…

    Et notre cher Tahar, fidèle chien chercheur de truffes, trouve les siennes en la qualité d’une bâtisse un peu plus démolie que les autres comme si quelque chose avait explosé à l’intérieur, qui a l’origine doit avoir été belle et massive et impressionnante de mégalo parmi les bicoques sans âme du quartier miteux. Iceberg Lounge, c’est ce que disent les ferrailles à l’entrée. Encore un club pour gars pas nets, hein ? Ca tombe bien, le gars en manteau de cuir, là, avec le sabre contre la jambe et la poulie dans la poche, il aime bien les gars pas nets. Peut-être parce qu’il sait qu’il pourrait en être un à deux ou trois accidents de parcours près.


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    Dernière édition par Tahar Tahgel le Dim 20 Mai 2012 - 16:17, édité 1 fois
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    Tout ce bordel ne lui disait rien qui vaille, un lieutenant colonel avait été affecté pour l’enquête et pourquoi ne pas envoyer la marine d’élite pendant qu’ils y sont. Tout portait à croire que le gouvernement mondial avait mis les bouchées doubles et traitaient l’affaire avec grand intérêt. Jones ne pouvait se risquer à faire disparaître le fameux type dont il était question, ce n’était pas l’envie qui lui en manquait mais la tension était déjà assez vive comme ca pour risquer de se faire mettre le grappin dessus par les chiens de la casse à épaulettes de la marine. Pourquoi est-ce que le gouvernement n’avait pas étouffé l’affaire, bordel ?! Ce ne serait pas la première affaire obscure qui serait jeté aux oubliettes pourtant. Jones allait devoir pas faire de vagues pendant quelque temps s’il souhaitait pouvoir remettre la main sur son business juteux. En parlant de business, Jones devait se rapprocher de l’incapable qui avait pris les rennes du commerce en son absence, du type qui croyant en le décès de Jones, lui avait usurpé son titre et poser ses grosses fesses sur son trône. Cependant, il devait adopter une démarche subtile ne sachant si la marine avait déjà mis sur écoute les locaux de Jones et mieux aurait valu qu’ils ne le fassent pas, ils pourraient découvrir le poteau rose avec la bande d’incapables à la langue bien pendue qui lui sert d’hommes de main. Jones sortit aussitôt de l’auberge en lâchant la mitraille métallique du fond de ce qui lui servaient de poches et commença à presser le pas vers l’emplacement du quartier général des de ses opérations.

    Sa préoccupation première était d’éviter tout contact avec des officiers de la marine et autres affiliés pompeux de cette organisation de bisounours. Il avait au moins la chance de son côté, il est très aise de repérer ces abrutis endimanchés. Ces énergumènes à gallons et décorations adoraient parader dans leurs habits teintés de blanc limpide et montrer leurs gros muscles à la population. C’est toujours la même rengaine lorsqu’ils se pointent, ‘la loi c’est moi ‘et que je te balance des sermons sur la justice absolu puis qu’ils te lâchent un speech quant à leur présence nécessaire et inévitable pour assurer la sécurité des braves citoyens vulnérables. Jones espérait que l’olibrius qu’ils avaient envoyé sur place était de cette trempe là, un coq sans cervelle qui ne ferait que de se pavaner devant les minettes avant de se les taper dans un ménage à trois pendant un 5 à 7 endiablé. Vous savez ce que c’est hein les femmes et le pouvoir... toujours est t’il que Sharp Jones ne faisait pas abstraction de la deuxième hypothèse tout aussi viable, celle du marine en civil, et cette perspective avait de quoi lui foutre froid dans le dos. Qu’on se le dise, la marine compte un bon lot d’incapables médaillés mais derrière eux y’a aussi ceux qui payent pas de mine mais qui sont foutrement efficaces. Jones marchait rapidement tout en veillant à ce qu’il ne se fasse pas prendre en filature par un type louche malavisé, luvneelgraad en compte bien des centaines de ces types inquiétants à la tronche douteuse et dont on se méfie au premier regard. Il contournait les lieux majeurs de passage, empruntait les allées sinueuses et les coupe-gorge obscurs pour éviter toute rencontre inopiné. Les catins et autres filles de joie se donnaient corps et âme à des saoulards et autres clients réguliers, trompant leur femmes et se rendant coupable du pêché d’adultère, luvneelpraad avait un peu de ces villes du pêché où l’on trouve tout ce qu’on veut si on met la somme adéquate dans la balance et ce au plus grand plaisir des riverains comme des étrangers de passage. Jones connaissait bien ces aguicheuses et autres racoleuses, il avait de nombreuses fois fait profiter de leurs services charnelles à des connaissances mais aussi pour sa propre poire. Tandis qu’il poursuivit sa marche rapide, il entendit par inadvertance et sans le vouloir, la déclaration d’une de ces tapineuses professionnelles. La femme au physique des plus plaisant cherchait une clope tout en expliquant qu’elle venait de se taper un beau coq dans la fleur de l’âge qui semblait t’il appartenait à la marine.

    « Je te le dis ma belle, ce type là s’était un étalon, il m’a emmené au septième ciel comme personne auparavant. En plus, il m’a même filé un sacré pourliche le salop. Bordel, si seulement tous les clients pouvaient être de sa trempe. C’était un gradé en plus, file moi une clope bordel. »

    Jones s’arrêta net et vint instantanément à la rencontre de la prostituée en lui tendant la tige qu’elle réclamait.

    « Dis m’en davantage et c’est un paquet entier que je te file avec un petit bifton dans le sous-tif héhé »

    « Baaaah il était grand, beau, le genre de brun ténébreux qui fait chavirer les cœurs sauf que bon je dois bien avouer que y’avait quelque chose de malsain dans ce type. Pendant notre petite affaire, j’ai vu un manteau de la marine avec des épaulettes… »

    Jones lui fila ce qu’il lui avait promis et continua sa route. La description lui servait d’ébauche de portrait physio sociologique du type en question, il se pouvait qu’il s’agisse du lieutenant-colonel envoyé par la marine surtout que les débris fumants de l’iceberg Lounge sont dans les parages eux aussi. Sharp Jones poursuivit sa route, tête baissé, ne bénéficiant que d’une champ de vision réduit à l’espace de quelques mètres devant lui si bien qu’il heurta un type robuste avant de tomber au sol. Il se releva et s’apprêtant à dévisager le type en question, il s’aperçut que le lascar portait un foutu manteau à épaulettes. Décidemment, la poisse n’avait pas fini de le coller aux basques aujourd’hui.

      1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelpraad. Midi mais je retarde un peu.

      Dans une rue quelconque peuplée de misérables comme il y en a tant dans cette zone délaissée du royaume, un homme trébuche. Il a un manteau de cuir, un reste d’épaulettes et une poulie dans la poche. Son haleine fleure l’homme qui n’a pas bu d’alcool depuis plusieurs jours, tant il s’est dévoué à la tâche. Son œil est vif encore malgré la fatigue, son air alerte et ses intentions ludiques mais pas trop. Il déambule à la recherche de quidams qui auront l’obligeance de, petit un, répondre à ses sollicitations et lui adresser la parole en retour et, petit deux, lui fournir des renseignements utiles sur ce qui l’amène ici. En gros, de types qui sauraient ou auraient entendu d’autres types qui sauraient ce qui s’est passé à l’Iceberg Lounge une semaine à la louche auparavant. Le tout contre trébuchante et menue monnaie plus ou moins menue, on a déjà dit que c’était la Marine qui payait.

      Malgré la récompense promise, la pêche est maigre. Parce que les petites gens sont pleines de préjugés peu flatteurs sur les envoyés du gouvernement mondial et parce qu’il a clairement la dégaine d’un émissaire dudit gouvernement mondial. Déjà dans la ville haute, ils ne sont pas très nombreux les hommes de son espèce, et on fait d’ailleurs très bien sans eux avec le personnel royal dévoué à la sauvegarde des intérêts nationaux. Mais dans la ville basse c’est encore pire et, pour tout dire, l’homme dont le pied vient de faillir est en fit le seul dans toute la zone urbaine concernée.

      Raaaaah

      Seul de son espèce mais pas seul au monde même si personne ne lui cause, comme vient en témoigner l’étrange être dont le genou vient de défoncer la cage thoracique. Sans tout de suite réaliser la bonne version des faits, le lieutenant-colonel Tahgel croit avoir percuté un simple épouvantail comme il en a tant croisé dans sa prime jeunesse et dans d’autres coins pourris par la suite comme Kage Berg sur West Blue. Etrange épouvantail, certes, car tous ne sont pas pourvus d’un masque à l’emplacement du visage et leurs doigts sont rarement faits d’ossements humanoïdes parfaitement imités sauf dans des coins vachement glauques comme il en existe quelques uns dans ce monde infâme, divers et varié. Vers et varié. Mais épouvantail ou apparenté, quand même, vu l’état des guenilles et l’aspect assez épouvantatoire du tout.

      Mais après plus ample réflexion, il s’avère que, petit a, que foutrait un épouvantail en pleine ville à des lieues de toute culture, on est pas à la campagne ici ma petite dame et que, petit b, un épouvantail ça n’a pas de jambes, ou alors ça peut mais il reste toujours le problème du piquet en bois qui doit s’enfoncer dans le baba jusqu’à la nuque pour maintenir l’ensemble contre vents, marées, et assauts de corbeaux téméraires. Or, là, point de piquet et deux belles jambes bien dessinées et pas trop découvertes par les lambeaux du pantalon. Autrefois d’assez bonne facture au demeurant. Encore un point qui d’ailleurs infirme la théorie du repoussoir à oiseaux casse-grains puisqu’on a rarement vu paysan faire préalablement passer ses outils chez le tailleur pour plus de réalisme en extérieur, même pour impressionner les piafs. Il faut être sérieux.

      Donc, pas un épouvantail.

      Mais alors quoi ? Mystère et boule de bubble-gum. Alors un être étrange mais vivant, et étrange parce que vivant malgré les apparences, sans doute, qui d’ailleurs se redresse et regarde en sous-main notre assoiffé avec des yeux pas tibulaires mais presque pour reprendre l’expression. Un homme sensé aurait déjà commencé à se méfier de l’énergumène mais Tahar Tahgel, s’il n’est pas homme dénué de conscience, n’est pas pour autant homme sensé. Sinon ça se saurait et, de toute façon, les hommes sensés finissent mal c’est bien connu. Ou seuls, mais ça revient au même. Et puis de toute façon, vigilance constante oblige sinon il serait pas lieutenant-colonel, il est prêt à tout malgré ça. C’est d’ailleurs ainsi qu’on pourrait justifier sa perpétuelle nonchalance, capable de le faire accoster un parfait inconnu en le prenant pour le dernier des imbéciles heureux foulant le globe de son pied sale.

      Hola, mon jeune ami. Ou pas jeune, mais tu m’excuseras je vois pas bien ta trogne avec le machin devant. Saurais-tu par hasard, toi pauvre hère, ce qui s’est passé à l’Iceberg Lounge dernièrement ? Tu peux parler, j’ai dans ma poche bonne récompense pour les langues habiles.


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      Jones regarda plus en détail le type qu’il venait de percuter tout en se remémorant le portrait physique dressé par la racoleuse, beau, brun ténébreux, un regard jaunasse à moitié malsain. Bordel tous les traits énoncés par la demoiselle concordait avec l’aspect du type en question. Ce n’était vraiment pas sa veine et Jones commençait à se dire que le sort s’acharnait définitivement vraiment contre lui. S’il y avait bien un type qu’il ne devait pas croiser dans toute cette putain de ville malsaine, c’était bien cet enfoiré de gradé galonné comme pas un avec sa foutu nonchalance. Quelle mouche avait bien pu le piquer pour qu’il soit témoin de cet incident à la probabilité infime de se produire. La tournure des évènements obligea Sharp Jones à devoir faire profil bas et la jouer sinueusement pour éviter d’éveiller les soupçons du bougre. Lorsqu’on est un truand expérimenté, une raclure de bas étage qui use et abuse des magouilles et traîtrises, on se découvre de fait un talent éminent pour induire en erreur l’interlocuteur et calomnier subtilement une autre proie susceptible de porter le chapeau. Jones n’avait pour ainsi dire pas trop le choix, c’était une des seules échappatoires qui lui restait pour espérer revenir à la tête de ses affaires et assurer leur pérennité. Le lieutenant colonel, appelons le comme il se doit, se retourna lentement et adressa la parole à Sharp Jones en empruntant un ton indolent voire quelque peu insouciant.

      Hola, mon jeune ami. Ou pas jeune, mais tu m’excuseras je vois pas bien ta trogne avec le machin devant. Saurais-tu par hasard, toi pauvre hère, ce qui s’est passé à l’Iceberg Lounge dernièrement ? Tu peux parler, j’ai dans ma poche bonne récompense pour les langues habiles.

      C’est qu’il n’avait pas l’air très fin le fameux lieutenant colonel, il avait même l’air plutôt niais et pataud. Son œil jaunasse ne disait rien de bon à Sharp Jones, on ne savait si le type en question avait trop tiré sur l’alcool ou même sur des substances illicites, toujours est t’il que Jones était dorénavant certain qu’il s’agissait bien du cheval de guerre qui avait procuré mille et une jouissances à la putain qu’il avait questionné. Jones restait dubitatif quant au comportement du demeurant hospitalier du type qui lui faisait face, c’était cette niaiserie perpétuelle qui se dégageait du type. Il avait beau ne pas porter la marine dans son cœur, Jones savait qu’on ne devient pas un lieutenant colonel avec cette naïveté flagrante sinon il aurait été la risée de toute la marine. Aussi, il pensa que le quidam était rentré dans la peau d’un personnage, qu’il jouait le type lambda un peu gauche et lourdaud sur les bords comme Luvneelgraad en compte un bon nombre. Il était cependant pertinemment conscient que le type n’avait pas percé à jour son identité auquel cas, il lui aurait mit directement les menottes ou l’aurait violemment pris à parti. Jones n’était sans doute pas le seul qui portait un masque ici-bas, il était persuadé qu’un duel psychologique germait entre les deux hommes à moins qu’il ne fût réellement niais. De toute façon, Jones pourrait se rendre compte bien assez tôt des véritables intentions de son interlocuteur.

      L’iceberg Lounge… bordel c’est qu’il allait vite dans son investigation le pseudo lieutenant-colonel, bien trop vite au goût de Sharp Jones qui était d’avis de lui mettre dorénavant des bâtons dans les roues afin qu’il ne résolve pas l’énigme mystérieuse de cet hôtel de luxe. Jones devait d’une manière ou d’une autre connaître l’identité du type afin d’obtenir ses états de service et se mettre au courant des actes répréhensibles dont il aurait été l’auteur, actes qui auraient été au demeurant étouffé par la marine et le gouvernement. Qui sait, Jones avait bon espoir de le faire chanter à partir d’une photo compromettante ou d’une bavure qui faisait tâche dans sa carrière, un terrain d’entente ou comme on dit dans le jargon, un échange de bons procédés s’avère toujours plus profitable à ce que la vérité éclate au grand jour. Telles étaient les méthodes de Sharp Jones, l’intimidation et le chantage n’était que deux des milles et unes facettes de cet être malfaisant et profondément pernicieux. Par ailleurs, qui pouvait bien refuser une bourse pleine et tendue si gentiment ? Tentative de corruption ou soudoiement avéré, l’interlocuteur savait donner subtilement à sa question matière à réfléchir pour Sharp Jones. La corruption est l’un des vices les plus vieux de l’espèce humaine, marine ou pirate, l’homme use des mêmes artifices pour parvenir à ses fins. Il serait fâcheux voire incommode de refuser un cadeau offert si gracieusement par son interlocuteur.

      « L’icerberg Lounge Hmmmh… ouais ca me dit bien quelque chose. L’explosion qui a retentit y’a de ca une semaine ouais… 3 hommes avec leurs bandes respectives et euuuuh c'est que j'ai quelque soucis de mémoire parfois pt’et que quelque chose me viendrait encore à l'esprit si vous y mettiez le prix héhé. A qui ai-je l'honneur au fait? Moi c'est Spike, Spike O'Neal. «

      « Je ne paye pas de mine comme ca mais pourtant c’est que j’en sais sur les potins du coin...notamment sur le sort du propriétaire du lieu en question et sur ce qu’il est advenu du fruit du démon autrefois détenu ici héhé. De bons tuyaux contre une bonne bourse, équitable n’est-ce pas ? »

        1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelpraad. La même.

        Dans une rue quelconque peuplée de misérables comme il y en a tant dans cette zone délaissée du royaume, une bourse trop garnie pour être d’ici passe de main à main. S’extirpe des dessous du pardessus en peau d’un militaire en goguette et disparaît dans les méandres forcément sournois des frusques plus qu’élimées d’un homme au masque bizarre et aux doigts non moins bizarres en forme de squelette. Les traditions sont respectées, la transaction entamée, le lien commercial créé. Plus que les présentations à solder et les renseignements feront le chemin inverse, de la bouche masquée qui dit savoir des choses sur un fruit du démon vers les oreilles du chien fou qui ne l’est pas encore trop.

        Enchanté mon bon.

        Et d’ajouter sur un ton gravement mondain pour faire genre :

        Tahar. Tahar Tahgel.

        Et de poursuivre, sur un ton beaucoup plus désinvolte :

        Alors comme ça tu saurais des choses, Spike O’Neal ? Quel genre de choses ? Dis-moi tout.

        Et d’interrompre avant même entame de réponse, pris d’une soudaine inspiration causée par la soif :

        Attends. Tu me diras tout plus tard. D’abord, désoiffons veux-tu ? Tu bois au moins, Spike ?

        Et de marcher sans attendre de réponse, peut-être une idée derrière la tête mais qu’on ne dira pas encore, vers le bouge le plus proche, repéré au matin en quadrillant le quartier en quête d’information. Marcher sans d’apparence se soucier du devenir du renseigneur sur pieds mais sans lui laisser bien évidemment le loisir de s’enfuir, car on ne quitte pas un lieutenant-colonel dans cette posture. Ce serait risquer qu’il vous poursuivez. Direction au bout de la rue, à droite, première gauche, cent mètres et puis voilà. Une porte de verre teintée par la crasse, des murs en tôle, deux marches, une fumée de mauvais tabac, des tables massives en bidons recyclés sur lesquelles s’accoudent des coudes de faible extraction sociale. Des conversations qui s’interrompent et un brouhaha qui stoppe, des yeux qui se tournent et qui pourraient reconnaître quelqu’un. Qui reconnaissent car tout le monde les reconnaît les insignes de la marine mondiale. Qui s’attardent sur le dénommé Spike. Des bruits qui reprennent mais moins fort, avec la méfiance du local dérangé par les gars de la ville.

        Et de s’asseoir là où place se fait sans sourciller, doigts levés au ciel dans le signe universel pour réclamer une bouteille d’eau de feu et deux verres pas trop sales, merci mon brave.

        Et de planter ses yeux dans les orbites noires sur fond blanc du masque d'en face.

        Alors Spike O’Neal, qu’as-tu pour moi ?


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        Tahar Tahgel, Tahar Tahgel… devait y’avoir une couille dans le pâté. Ce type devait vraiment avoir le sens de l’humour pour adopter un pseudonyme de la sorte, ce nom atypique à la fois évocateur et provocateur en disait long sur la mentalité du personnage. Jones était d’avis que ce lieutenant colonel n’avait pas joué franc jeu comme Jones l’avait fait de son côté et qu’il s’était bel et bien revêtit derrière les traits de l’éminemment galonné Tahar Tahgel. Une vaste fumisterie que d’arborer un nom pareil, c’était une question de bon sens et de crédibilité, comment un type dénommé Tahar Tahgel pouvait t’il faire carrière au sein de la marine et se voir gratifier des décorations qui figuraient sur sa veste ? Ce type essayait vraisemblablement de se jouer de lui quoique… les officiers de la marine sont tellement des incapables qu’il se pourrait bien que ce type ait été affublé d’un nom pareil à sa naissance. Jones restait aux aguets quant aux gestes évasifs et au comportement précieux de ce Tahar, on n’est jamais à l’abri de se faire passer les menottes au moment où l’on ne s’y attend le moins et la gueule bilieuse du type en question lui faisait penser qu’il n’attendait précisément cet instant d’inattention. Tandis que Jones s’apprêtait à lui sortir un bobard bien ficelé qu’il ruminait dans sa gorge depuis plusieurs minutes, il eut la désagréable surprise de se faire inviter boire un verre par le lieutenant colonel Tahar Tahgel. Bordel, il ne pouvait pas faire comme tout le monde ce foutu énergumène, il fallait bien entendu qu’il se coltine une putain de discussion avec cette tronche de lard au coin d’un bistrot, c’est qu’il voulait obtenir du biscuit le Tahar Tahgel et mettait scrupuleusement les formes pour recueillir son dû. Fallait le comprendre le bougre, c’est qu’il ne devait pas y’en avoir des témoins de la scène de L’icerberg Lounge héhé… ce type avait bien l’intention de tirer subtilement les vers du nez à Sharp Jones, d’extraire de ce corps la substantifique moelle pour s’en nourrir comme avec la chair des femmes qu’il avait consommé précédemment.

        Ce type là restait à surveiller attentivement, il avait de ces enflures qui usent et abusent de leurs titres pour se taper des minettes à usage unique et leur refiler tout son le lot de virus bien malsains qui véhiculent à travers son métabolisme. Jones suivit Tahgel dans son itinéraire sinueux, les marines ne sont pas différent des truands et autres joyeusetés lorsqu’il s’agit de se vider le gosier, ils ont tous leurs petites adresses gravés au burin dans ce qui leur sert de cervelle. Aussitôt attablés, ils furent dévisagés par la clientèle locale qui voyait d’un mauvais œil les deux types, on n’aimait pas la marine à Inari à fortiori lorsque le type en question se tape les meilleurs volailles que compte le poulailler. La considération porté à Jones ou du moins l’état sous lequel il apparaissait à la vue de tous n’était guère mieux, on réserve ici-bas un triste sort aux pactisant et autres sympathisants des représentants du gouvernement mondial. Il ne fallait pas trop s’éterniser dans le coin sinon Jones risquerait de passer un mauvais quart d’heure.
        Alors Spike O’Neal, qu’as-tu pour moi ?

        Le type avait rempli comme convenu sa part du marché en procurant à Jones, la bourse escompté. Il était temps de faire paraître les faux semblants, de faire preuve de vraisemblance dans ce qu’il allait être amené à déclarer. L’heure des révélations, l’heure où il verrait le sourcil de Tahar Tahgel s’infléchir et sa tronche se froncer à l’écho des paroles soigneusement distillés.

        « Héhé Mahgel, tu me permettras bien ce petit jeu de mot héhé. Figure toi que y’a de ca trois semaines, y’a ce mec là le vieux Peach qui a été apparemment convié à une réception donné par le proprio de l’hôtel, un certain Walter Diamond alias le Pingouin. Sauf que les deux compères n’allaient pas festoyer en tête, un troisième larron dénommé Jones s’est aussi immiscé à cette petite orgie. Un type énorme d’environ 1m90, brun, fumeur de clopes, le mec comme en croise partout à vrai dire. A la suite de l’explosion, les corps du Pingouin et de Wilkins ont réussi à être identifiés malgré l’état de carbonisation de leurs cadavres, Jones quant à lui reste disparu…et entre nous, il me fout fichtrement froid dans le dos ce type-là. »

        Jones s’était évertué à rester très vague et évasif dans la description du type, il lui avait dépeint un mec lambda sans attacher trop de détails au portrait du mec en question et ce de manière à éviter tout recoupement potentiel avec lui. Qui plus est, les traits physiques fournis ne coïncidaient pas bien évidemment avec la feu morphologie de Sharp Jones. Il avait essayé d’insister sur le fait que Jones était un caïd dans le coin, histoire de l’intimider et le décontenancer. Il avait bien entendu conscience qu’il peut résulter de ce type d’annonce, l’effet contraire à celui qui était escompté mais peu importe si cette éventualité venait à se concrétiser, il avait un plan de secours en réserve. Tout truand dispose dans toutes les situations d’une porte de sortie, ca fait partie des fondamentaux du code de bonne conduite du malfrat
        .
          1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelpraad. Plus tard.

          Dans un bar cradingue comme peu osent l’être, un jeu de mots retentit sans troubler personne, un sourcil s’infléchit et une tronche se fronce. Mais pas celle de qui vous croyez. Enfin si, aussi, mais pas que. Et l’autre sourcil qui s’infléchit s’infléchit plus que celui de Tahar Tahgel, et l’autre tronche qui se fronce se fronce plus que celle de Tahar Tahgel. Mais reprenons pour clarifier l’histoire.

          Dans ce bar cradingue comme peu osent l’être, tout d’abord, l’autoproclamé Spike O’Neal fait son laïus de balance qui balance. Balance un peu trop vite, même, un peu trop bien construit, mais mettons ça sur l’expérience du métier. Après tout il s’agit selon ses propres termes d'un gars qui en sait pas mal sur tous les potins du coin. Et donc parties de jambes en l’air entre trois pontes de la pègre locale de pêcheurs. Mauvais final, morts pour les uns et échappée belle pour l’autre, un costaud monsieur gros muscles avec un problème de tabac et une tête commune comme ta sœur.

          Mais rien sur le fruit du démon. Alors notre bon lieutenant-colonel fronce un sourcil et infléchit sa tronche, ou l’inverse, et comme dans une partie de kamoulox relance de huit cases avec une question pertinente de plus en opposition. Avec en menace le retrait de la carte « bourse pleine de pognon ».

          Hmm, je vois je vois. Peach, Diamond Pingouin et… Jones, hein ? Et quid du fruit, mon toujours bon Spike ? C’est lui qui l’a pris ? Il en a fait quelque chose que tu saurais ?

          Et de tenter de mettre à l’aise son interlocuteur, dont le langage corporel sinon facial indique une intense concentration sur les bruits extérieurs voire une certaine méfiance vis-à-vis de la faune locale. A la fois normal et plutôt malvenu chez une balance, profession qui requière une certaine maîtrise de soi et une certaine capacité à s’intégrer dans un bas-fond glauque.

          Tu ne bois pas ? Tu n’as pas touché à ton verre… A moins que ton masque t’en empêche ? Vrai que ça ne doit pas être très pratique... Ou alo

          Raaaaah

          Et de s’énerver parce qu’un truand vient de lui cogner le coude en se dirigeant vers la sortie du troquet, sans malveillance mais avec conséquences puisque le verre tenu dans la main droite a trop tangué pour ne pas se vider en plein sur le costume troué de l’O’Neal, par l’accomplissement imparable de lois physiques qui n’ont aucun intérêt.

          L’occasion pour toi de t’en acheter un neuf… Utilité toute trouvée à la bonne récompense. Je reviens.

          Et le deuxième sourcil s’infléchit enfin et la deuxième tronche se fronce, plus donc que ceux de Tahar Tahgel plus tôt, alors que le méchant truand maladroit à tatouages sort du bar, comme il l’avait prévu, mais à travers la porte pour mettre un peu d’action. Puis pendant que la grogne monte parce qu’ici on aime pas les gens qui viennent fracasser les copains, même s’ils ont payé leur conso :

          Voilà. Et donc, ce fruit, ce Jones ? Je t’écoute Spike.


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          Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 25 Mai 2012 - 23:22, édité 1 fois
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          Le type devenait trop insistant sur les détails de cette nuit là, ce n’était pas tant le meurtre de Wilkins et de Diamond qui l’intéressait, c’était vraisemblablement de récupérer le fruit du démon qui avait été dérobé. L’intimidation grossière que Jones avait mis en place n’avait pas porté ses fruits comme il fallait s’y attendre, Jones avait eu au moins le mérite d’essayer, à croire que ce Tahgel n’avait pas plus peur de la faucheuse que ca. Cependant ce Tahgel n’avait pas murement réfléchi à la portée des actes qu’il pourrait commettre, se livrer à une vendetta contre Jones signifiait mettre sa famille, ses connaissances, ses proches ou tout autre personne d’estime dans la balance. Serait-t-il prêt à conduire ce sacrifice ? La course à la promotion en valait t’elle vraiment la chandelle ? Subitement, le verre de rhum tenu en main par ce demeuré vint lui échapper des mains et le liquide brun se déversa sur le costume rapiécé de Sharp, ce gros nigaud n’avait pas trouvé mieux pour marquer sa hostilité envers Jones. Ce Tahgel se fourrait à n’en pas douter de Lahgel de Jones, le renversement d’alcool était monnaie courante pour signifier qu’on ne portait pas son interlocuteur dans son cœur et cette mouette galeuse lui avait subtilement fait comprendre. L’annonce consécutive à cet accident mit bien en rogne Jones qui se contenait pour ne pas lui foutre un aller-retour en réponse au malencontreux accident provoqué par ce Tahgel. Le lieutenant colonel se leva et mit une volée à l’individu qui avait provoqué cet incident ô combien regrettable bien entendu et ainsi exprimer à Jones qu’il était faussement navré du tournant qu’avait pris la situation.

          Tahgel ne s’était pas attiré que des amis ici-bas au travers de cette intervention musclé, peu importe qu’il soit marine ou révolutionnaire, il était considéré d’égal à égal par les clients bien avinés du bistrot où ils s’étaient installés si bien que sous leurs airs renfrognés et revêche, ils ne souhaitaient qu’une chose, que quelqu’un flanque à ce Tahgel une correction qu’il n’oublierait pas de sitôt. Cela restait de l’ordre de l’utopie de croire que quelqu’un ici, oserait se dresser contre l’émissaire bileux de la marine pour le remettre à sa place, personne ici ne souhaitait voir la marine rappliquer en surnombre et occuper l’île en gage de représailles à la violence opéré contre un de ses officiers. Ce Tahgel était malin, il avançait argument sur argument pour que Jones enlève le masque de son faciès, c’était rondement mené si bien que ce Tahar Tahgel allait pour cette fois obtenir gain de cause. Tout bon malfrat est un vrai pilier de bar, il ne pouvait laisser supposer cet enfoiré que Jones ne pouvait tenir descendre des verres de rhum. Il aurait pu s’évertuer à lui démonter par a+b qu’il avait nécessairement besoin du masque mais il laissa davantage son indignation intérieure et son instinct d’homme s’exprimer.

          « Je dois bien avouer que t’as raison, je te concède ce point Mahgel haha. C’est juste que j’ai tendance à faire peur parfois héhé. Bas les masques !»

          Jones retira la pièce en faïence et dévoila son physique brûlé au troisième degré, l’épiderme avait littéralement brûlé suite à la déflagration de L’iceberg Lounge, occasionnant par la même occasion une douleur presque insondable. Le degré de sa volonté lui permit d’outrepasser cette souffrance et rester en ce monde pour accomplir ses desseins. La rééducation précaire dans les égouts avait été des plus difficiles mais ses principales connexions nerveuses n’avaient pas été affectées bien qu’il a encore parfois des défauts sensitifs notamment quant au domaine du toucher. L’apparence de Jones déclencha le désarroi parmi l’assistance, un vent de panique profonde les saisit comme s’ils étaient témoin du retour sur terre d’un sac d’os. Certains quittèrent immédiatement le bar en ne pouvant s’empêcher de fixer Jones avec un œil préoccupé et fiévreux. Jones n’arrangeait pas les petites affaires du patron qui voyait déferler ses clients les uns après les autres, prétextant des motifs bidon pour se tirer de son bistrot délabré. Le propriétaire n’était pas faire lui non plus mais croyez vous vraiment qu’il aurait tenté d’attenter quelque chose contre la carcasse osseuse de Jones, il écrasait amèrement sa rancœur et laissait désormais nos deux hommes parlementer d’hommes à hommes.

          « C’est que je suis né sans peau malheureusement, maladie dégénérative dés la naissance…. »

          Puis il saisit d’une traite le verre de rhum posé sur le coin de table et le descendit cul sec.

          « Tout ce que je sais par rapport au fruit, c’est que c’est un type de la marine qui l’a déniché et vendu à Diamond pour une bouchée de pain, il voulait s’en débarrasser. Après c’pas que je sois voyant, Tahar Tahgel, mais l’faits sont la. Le Jones, il s’est fait la malle, pas moyen de mett’ la main dessus et je pense qu’il a chopé le magot dans sa course ouais héhé. »

          Jones tentait de déchiffrer le langage non verbal du Tahgel dont il était question. Froncement de sourcils puis réflexion intense puis froncement à nouveau et enfin il esquissa un petit sourire comme s’il était heureux des perspectives apportées par la déclaration de Jones. Un échange de regard puis d’un accord tacite, les deux hommes sortirent à leur tour sans n’avoir à payer leur consommation. Le patron offrait gracieusement les boissons à la marine, du moins c’est ce que Jones avait compris lorsque le barman lui avait sortit « C’bon, payez pas bordel mais faites moi la promesse de ne jamais revenir dans mon établissement ». Les deux hommes déambulaient sans but véritable et échangeaient quant aux circonstances du drame de la semaine passé, Jones s’efforçait de dévier invariablement la discours de Tahgel orienté sur Sharp Jones. Il finirait tôt ou tard par découvrir le fin mot de l’histoire, même les pires cruches de la marine y parviendraient en recoupant les preuves. Aussi Jones devait à la fois gagner du temps et trouver un bouc émissaire pour se décharger des responsabilités de Sharp Jones. Le Black Mask eut une brillante idée pour détourner les soupçons et se mettre dans la poche le lieutenant colonel
          .
          « Je vais rien t’apprendre Tahgel, le royaume de Luvneel est vaste et cet enfoiré de Jones peut s’être calfeutré n’importe où, dans n’importe quel recoin sinueux. Tu m’as payé un coup et je t’aime bien bordel, je propose qu’on se sépare, on aura plus de chance de choper ce requin. Je vais te ramener la peau de ce salopard sur ton guéridon. Hahaha »
            1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelpraad. Plus tôt mais plus tard.

            Dans la nuit, donc, et dans une chambre toujours cossue mais pas la même parce que hein, un lieutenant-colonel ressasse. Allongé sur un lit, un lit cossu qui va bien dans la chambre. Ressasse quoi ? Les éléments de sa super journée de super-héros. Le squelette derrière le masque, la maladie dégénérative de la peau de naissance que et mon cul c’est du poulet, mec, le fruit qui court, qui court, le Jones en cavale, Luvneelpraad et toutes ses saloperies de ville pauvre. Spike et ses dents et ses os partout. Que fait-il le bon Spike en ce moment ? Est-il vraiment en train de courir, dans la nuit noire et glacée (les nuits chaudes et claires, on appelle ça des jours ou des nuits de pleines lunes à la rigueur mais c’est vachement moins dramatique. Et c’est important le dramatique), de courir dans la nuit qui vient de tomber dans un grand fracas de fin de journée, de courir après ce Jones dont tout le monde a les foies ? Sinon, s’il ne court pas, on s’en fout de ce qu’il fait. Chacun a droit à sa vie privée, même les types louches avec des masques pour se cacher leur gueule d’ivoire. Mais si oui, s’il court, là, maintenant, tout de suite, pourquoi le fait-il ? Ou pour quoi ? La récompense, sans doute, mais, eh.

            C’est peu.

            Le désir de plaire ? Un béguin pour l’amirauté, pour les gars aux manteaux de cuirs plaqués or sur les épaules, aux costumes pas percés jusqu’à la substantifique moelle et aux allures vengeresses de juges vachement justiciers sur les bords ? Ca se pourrait. Un mec qui se sent obligé de boire son sky en deux-deux parce qu’on lui a demandé s’il avait pas soif, c’est un mec louche. Et les mecs louches, Raf et Dafi l’ont prouvé, ça peut aller très loin, leur loucheur.

            C’est pas mal. Loucheur. Comme mot. Les deux mains sous les oreilles, en position réflexive intense, Tahar Tahgel s’aime beaucoup. En général, hein. Et surtout maintenant, pour ce néologisme qui n’en est pas complètement un. Et puis après s’aimer beaucoup, il ferme les yeux, et puis après fermer les yeux, il dort. Comme ça, sans ronfler trop fort, sans trop rêver non plus parce que les rêves c’est pour les gens qui n’ont pas tout vu, et sans se réveiller enfin, jusqu’aux premières lueurs de l’aube, quand c’est joli là-bas là où le soleil se lève. A l’est, à l’ouest, ou du côté où ça se fait de ce côté du monde.

            Puis après il se réveille, et il regarde le guéridon à l’entrée de la chambre, là où les gens qui ont des clefs à déposer pour faire genre le soir en rentrant dans la chambre peuvent le faire. Mais lui qui n’a pas de clefs à déposer cherche non pas à vérifier qu’on ne les lui a pas piquées durant son sommeil. Puisqu’il n’en a pas. Non, il regarde en fait s’il n’y a pas la peau d’un inconnu qui serait Sharp Jones et qui aurait été déposée à l’accueil de l’hôtel par un certain Spike O’Neal, inconnu des services de police locaux ça a été vérifié hier mon colonel. Et il n’y en a pas. De peau de Sharp Jones.

            Alors de deux choses l’une. Ou bien Spike O’Neal est un menteur mais ce serait étonnant. Ou bien ce n’est pas un menteur et il a simplement pour une raison ou pour une autre failli à sa mission. Ou bien il est en retard, ce qui n’est pas complètement inenvisageable, même si pour être en retard il faut avoir fixé un délai et même si aucun délai n’a justement été fixé. Ah. Réalisant ceci, le brillant militaire grogne, se gratte le crâne et ailleurs, et se lève complètement, avant d’aller vaquer à ses occupations matinales. Lavage, amidonnage, pas rasage parce que quand même. Et partage. De la chambre. Enfin départ, quoi, mais ça sonnait moins bien dans la foulée. Il part et il va, le brillant militaire. Il a le teint frais de ceux qui se sont levés de bon gré, l’allure imposante de l’homme qui en impose sans le remarquer, et l’air profondément emmerdé. Pourquoi ? Eh bien. C’est que la perspective d’œuvrer une nouvelle fois pour la paix, la justice, et l’ordre mondial dans les bas-fonds de Luvneelpraad, pour réparer les écarts de conduite d’un collègue même pas encore démembré par quatre chevaux, et avec comme fin inéluctable la raclée mise à un gars qui a probablement fini par se faire un quatre-heures avec un fruit qui lui permet de faire boum. C’est que cette perspective ne lui sied guère, m’voyez ?

            Lui, à la base et rappelons-le, il était là pour se tourner les panards en éventails sur une plage ou dans un bar pas louche, pour voir de quoi le grand nord était fait avant d’aller récupérer ses éminentes fonctions sur Grand Line. Mais pour voir en touriste. Pas pour être rappelé par des incapables et commissionné sans avoir son mot à dire parce qu’il sert l’armée et c’est sa joie sur une enquête même pas palpitante. Ou alors, n’est-elle pas palpitante parce qu’il y met de la mauvaise volonté ?

            Raaaaah

            Dans une rue nulle, une mouette traîne la patte pendant qu’une autre, une vraie, s’envole de peur.


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            Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 28 Mai 2012 - 14:28, édité 1 fois
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            La proposition de Jones avait apparemment suscité l’intérêt de Tahgel et son approbation…enfin disons davantage un acquiescement ambigu. Jones sentait bien la suspicion de son interlocuteur, le langage de la pupille ne trompe jamais et à fortiori lorsqu’elle est imbibée de gnôle, c’est l’interprétation de ce type de regard qui fait défaut aux hommes. Les deux hommes s’étaient quittés en de bons termes et avaient emprunté des chemins différents, Jones lui avait assuré que la tronche de Jones lui serait servi sur le plateau d’argent sur lequel ce type doit avoir l’habitude de grailler sa bouffe graisseuse et foncièrement adipeuse dont il devait se délecter lorsqu’il ne s’agissait pas de chair fraiche humaine. Il ne savait où ce dirigeait le Tahgel ou même ce qu’il comptait planifier pour retrouver le Jones ou aller à l’encontre de Spike mais toujours est t’il que Jones devait dénicher le bouc émissaire parfait pour tenir le rôle, être crédible et faire illusion auprès du lieutenant-colonel héhé. Jones aurait à compter avec Big Brother sur ce coup là, personne n’était dupe, Tahgel ferait d’une manière ou d’une autre surveiller ce cher Jones euh Pardon Spike dans ces pérégrinations, restait à voir les modalités de cette surveillance si le col blanc allait se salir les mains ou s’il ferait appel à un tiers pour la filature. Jones avait pas réellement plaisir à s’occuper d’un autre larron, il avait déjà de quoi faire avec l’abruti qui avait osé s’accaparer son business…le demeuré qui ferait office de parfait souffre-douleur et qui au demeurant, rentrerait parfaitement dans les basques de Sharp Jones aux yeux du lieutenant colonel. Jones s’orienta vers son fameux repaire tout en restant aux aguets tandis que Tahgel allait vaquer à ses occupations. Toute cette souillure, toute cette impureté qui se déversait de Lunveelpraad était formellement magnifique, elle traduisait la déchéance la plus avancé de l’homme affaibli et réduit à assurer péniblement sa lente décrépitude vers sa mort inéluctable. Certains ne supportaient pas d’assister à ce spectacle, de contempler ces reclus et autres rebus mais il fallait qu’ils soient là pour que d’autres jouissent des privilèges dont eux ne bénéficieront jamais et ce même dans leurs rêves les plus insensés et improbables. Cette misère, il avait appris à l’appréhender, à en tirer parti, c’était devenu presque un trait de caractère, une composante de la personnalité de Sharp Jones. Au détour une rue obscur, il parvint enfin à la bâtisse dans laquelle il avait élu domicile, Sharp avait intentionnellement mis en évidence son apparence intrigante, Le boss était revenu d’entre les morts et il comptait bien reprendre dés à présent du service en décapitant celui qui lui avait usurpé son trône.

            Il régla le compte rapidement aux loubards postés devant l’entrée principale, les mêmes loubards que Jones avait placé sous ses ordres il y a un mois de ca. Il n’y a pas dire, ces mecs là sont des raclures de bas étage, de la chair à canon bonne à être gaspillé et galvaudé, ils méritaient leur sort. Il s’agissait de faire un coup d’éclat ne serait-ce que pour faire comprendre à ces anciens associés qu’ils avaient tentés de s’approprier un empire qui les dépassaient totalement. Des explosions et des effusions de sang, des mutilations et autres blessures étaient au programme des réjouissances, Jones avait acquis à travers ce nouveau métabolisme une nouvelle identité qui avait profondément changé son état psychologique. Il se définissait lui-même comme le Black Mask, un type qui avait ni passé ni avenir et qui savourait l’instant présent tel un fruit foutrement éphémère. L’accident de L’iceberg Lounge avait éveillé en lui un dédoublement de personnalité, un cas de schizophrénie refréné émergea de cet évènement profondément troublant. Jones devait expulser cette névrose, ce besoin compulsif et ce nouveau « Mask » lui permettait d’exprimer toutes ces envies les plus noirs, celles que l’on garde habituellement pour soi sans jamais passer à l’acte, celles dont on se défend de les concrétiser parce qu’elles sont si obscure et si malsaine que la morale et l’étique nous le refuse. Les corps assommés et ecchymosés gisaient sur le sol collant des innombrables bouteilles qui se sont brisés et vidés ici sur le macadam, Jones pénétrait ainsi dans un lieu qu’il connaissait sous toutes ces coutures, un établissement qui n’avait aucun secret pour lui. Le débile qui devait avoir prit sa place devait avoir été informé de la présence d’un type louche dans son repaire et sans doute allait t’il mettre en places les mesures correctives nécessaires incessamment sous peu pour éliminer l’élément perturbateur. De nouveaux hommes de main virent bientôt à la rencontre de Sharp et se manifestèrent à son insu, après un échange de coups et un souffle explosif Jones perça grâce à la déflagration un tunnel à travers le bâtiment. Parfois il est légitime d’avoir à démolir son quartier général lorsque la vermine qui y a pris place a corrompu et gangréné tout ce qu’elle avait à se mettre sous la dent et ce jusqu’aux racines de votre forteresse. La dévastation pure et simple du lieu s’avérait la seule optique envisageable pour Jones, le feu divin aurait raison de tous ces salopards véreux, de ces êtres abjects.

            "There's no God Here Today...Just Me"
              1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelpraad. On s’en fout.

              Dans la rue nulle où une mouette en perdition s’est envolée en riant tristement comme seules savent le faire les mouettes rieuses, la mouette qui reste se perd. Tourne à gauche, tourne à droite, tourne tout droit, tourne les talons et finit par se résigner en s’asseyant sur un roc posé là comme ça en pleine rue, c’est Luvneel et parfois à Luvneel y a des rocs posés là comme ça en pleine rue. Jour de merde, ville de merde pour mission de merde, la fin approche et heureusement. La mouette qui reste, il faut le dire, commence à en avoir ras la couenne de chercher des sardines qui la concernent pas, pour si ça se trouve pas grand-chose, parce que elle, simple mouette qui se bat avec son bec et éventuellement une ou deux poulies quand l’occasion le permet, qu’est-ce qu’elle peut faire face à un mec qu’a bouffé un fruit qui fait faire boum ? Pas grand-chose a priori, hein.

              Alors bon. Raah encore, mais sans trop de conviction.

              Et même si elle gagnait, la mouette qui rit pas, même si elle gagnait, l’est déjà trop tard pour le fruit a priori. C’est pas buter le mangeur impénitent qui va faire recouvrir son bien à la Grande Mouette, et c’est pas un criminel de plus qui, voilà. Non ? Non. Assailli par un réflexe du devoir dans la gueule, l’officier qui n’officie pas tant que ça dernièrement se relève, va se désaltérer l’absence d’information au puits d’immondices humains le plus proche. Ils sont beaux les immondices humains en question. Tout de cuir vêtu. Cuir noir et clous métal. Dégaine bizarre et moustaches frétillantes comme tu poissons trop jeune pêché. Péché. Va savoir. Tahar Tahgel sans le piège et s’enfuit non sans avoir tabassé deux ou trois outres qui voulaient le retenir contre son plein gré et en petites quantités. Au passage, c’est un fouet qu’il récupère, sans vouloir savoir à quoi il servait mais en se disant que peut-être il pourra servir par la suite. Ou alors il a lu le scénario mais ce serait tricher. Un peu.

              Un puits plus loin, l’aventurier des villes modernes trouve une nouvelle oasis d’humanité dégénérée en les personnes de clodos plus ou moins proprets sur eux. Et quand je dis plus ou moins proprets, je veux dire que contrairement aux précédents ils ont moins des faces de délinquants sessuels, à part celui qui a l’air d’aimer les petites filles, mais ça à la rigueur, hein, bon. C’est courant. Ca passe.

              Et cahin-caha, de rumeurs en rumeurs, de pied de nez en verres de gris, d’insultes en rumeurs déballées face à deux billets de mille ou deux pains de glace, quand plus aucun tas de fiente ne semble avoir été laissé intact dans ces bas-fonds de misère crasse, voilà notre homme-oiseau arrivé face au domicile d’un certain Sharp Jones. Celui-là même que. Odeurs à gerber, flaques de trucs pas identifiés ou qu’on préférerait pas identifier, moellons éclatés à terre et poutres apparentes au sol, l’ambiance se pose vite et elle est à la fin de fête mal terminée. Le sentiment hésite. Massacre gratuit et purement hasardeux, ou

              Oh, un cadavre qui bouge.

              Hola, toi qui te meurs, narre-moi donc les évènements de la nuit.

              "S’est passé quoi ici, parle imbécile" ?
              Oh, ça. Jacte normal, chef, on t’comprend pas sinon. Il est venu et, eh, ehh, fhffd…

              Et il meurt. Le con meurt avant d’avoir dit quoi que ce soit. Mais quelqu’un est venu, donc. "Il". Jones ? Spike ? Les deux ? Du bruit en haut. Dans les étages. Rentrer, grimper, avoir le fin mot. Escaliers quatre à quatre. Quatre escaliers, Seize marches par rampe, Seize sauts plus les paliers. Et étages supérieurs. Désolation encore, cadavres divers et variés, un peu partout, un peu là et un peu là. Ah, et un peu là aussi, glissade sur un foie qui gisait là. Gésir, gésiers, canards. Envie de manger. Malvenue. Le bon lieu-co continue sa route et ouvre les portes fermées qui ne le sont plus d’un bureau qui ne l’est plus. Meubles renversés, papiers déchirés, vêtements déchirés. Oh, vêtements. Un homme, un et demi, deux. Qui luttent ? Qui luttent. Ce bon Spike, aux prises avec.

              C’est lui ?


              L'étrange Luvneel de Mr Jones [FB 1614] 661875SignTahar
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              Dans les étages du repaire du Jones.

              Au moment où Jones pouvait enfin prendre son pied à ruiner les gueules de ces mecs, à leur éclater ce qui leur servait de boîte crânienne et amocher leurs corps déjà bien esquinté, à l’instant où il s’apprêtait à les lyncher dénué de tout scrupules tel des gibiers de potence et les exposer tel de vulgaire bout de viande honteux et misérable, cette foutue mouette répondant au doux nom de Tahar Tahgel n’avait pas trouvé meilleur occasion pour s’immiscer dans ce règlement de compte. Bordel, la poisse personnifiée, l’un des seuls types assez chiant pour priver Sharp Jones de s’adonner à un tel plaisir. Il fallait que ca tombe sur ce mec si bien que Jones pensa immédiatement qu’un mec l’avait pisté jusqu’ici et en avait informé son supérieur galonné qui s’était bien entendu pointé comme de par hasard avec cette nonchalance et cette insouciance qui lui sied si en apparence si bien. Se pouvait t’il qu’il ait découvert les véritables intentions de Jones ? Qu’il ait été mis au courant de la supercherie mise grossièrement en place ?

              Jones tiendrait son rôle jusqu’au bout, il devait faire preuve d’une crédibilité sans équivoque et devait rentrer parfaitement dans la peau du personnage. Sa seule crainte était que le lieutenant colonel mette un terme directement à cette mascarade orchestré et qu’il ne le coffre. La mouette galonnée devait avoir découvert les corps inertes que Jones avait laissés dans son sillage et devait avoir de sérieux doutes quant à l’état mental de ce bon Spike O’Neal. Il savait que quelque chose d’intimement plus fort que le service rendu à la marine animait la frénésie de l’animal enragé qu’il était devenu, il était indiscutable que Spike en faisait une affaire personnelle et qu’il ne comptait s’arrêter en si bon chemin et ce malgré l’irruption du lieut-co. Jones devait cependant réfréner ses ardeurs vengeresses et modérer sa haine à l’encontre de l’usurpateur. Sharp ne pourrait dorénavant user de ses propriétés explosives pour parvenir à ses fins, le méchoui était déjà assez manifeste et perceptible pour en rajouter une couche. Le massacre de Jones avait eu au moins le mérite d’emporter dans son carnage la vie des sbires du faux Jones, il ne fallait surtout pas que l’un d’eux bronche et révèle le pot aux roses. Soudainement, l’un d’eux s’extirpa péniblement des décombres en toussotant puis se traina telle une limace vers l’objet de sa convoitise : un flingue. Jones saisit l’occasion pour verser dans le mélodrame et rendre encore son jeu d’acteur plus vraisemblable, il n’avait pour ainsi dire rien à risquer.

              « Jones va vous faire votre fête…héhéhé »

              « Je ne te laisserais pas faire enfoiré, ton boss a déjà assassiné ma femme et mon gosse. Et toi le suppôt de Jones, une ordure de ton espèce ne mérite pas d’exister. Tu paieras pour les châtiments de celui que tu sers ! »

              Il s’empara du six coups à sa ceinture et régla d’une balle dans la tête, le sort de l’homme de main. L’existence est en soi une grande pièce de théâtre bordé d’évènements qui revêtent une nature profonde, Jones comme Tahgel comme toute âme vivant sur ce monde en sont des protagonistes. Seulement comme dans toute représentation théâtrale, il a ceux qui se produisent au devant de la scène sous les feux la rampe et les piètres acteurs qui font pâle figure à côté de ces monstres sacrés. Cet homicide n’avait même pas éveillé le moindre sentiment chez le lieut-co. Jones espérait vivement que Tahgel ait mordu à l’hameçon, il avait fait en sorte de moduler son timbre de voix et même de donner un brin d’émotion à ses paroles, chose que vous conviendrez est un exercice aisé pour un squelette. Tandis que l’autre rendait son dernier soupir et passait l’arme à gauche, Jones poursuivit ce qu’il avait débuté avec pour escorte le gradé au demeurant blasé. Le tandem s’immisça bientôt dans les travers du bâtiment tout en faisant leur affaire aux types qui se dressaient sur leur route. Le Tahgel n’y allait pas de main morte mais ca avait au moins le mérite d’être franc, net, précis et sans bavure si bien que la poursuite de cette intrusion se révélait une partie de plaisir. On aurait pu s’attendre à ce que ce mec accorde ne serait-ce qu’une once de clémence à ces hommes, il n’en était rien et à l’image de Jones, il ne faisait preuve d’aucune pitié.

              Sharp Jones reconnaissait chacune des pièces de son établissement, les œuvres d’art qui ornaient ses murs avaient été perforés, les sculptures fracassés et le mobilier avait lui aussi prit un sacré coup. Le mec en haut devait à n’en pas douter être un proche de Jones, on ne s’accapare pas les affaires du Black Mask en une semaine de temps à moins de connaître les ficelles du poste. Les deux hommes faisaient face à un dernier escalier dont les marches menaient tout droit aux appartements de Jones. L’agencement de l’escalier, les marches en ébène peint mais surtout l’obscurité omniprésente au sommet du dit escalier mit aussi la puce à l’oreille de ce cher Tahgel. Tandis qu’ils s’apprêtaient à monter pour cueillir Jones, une meute de gros bras en 3 costars pièces taillé sur mesure surgit pour leur chercher des noises. Jones décida de prendre les devants et de laisser tout ce beau monde au lieut-co. Lui avait des comptes à régler avec la tête pensante de tout ce bordel et mieux fallait que le Tahgel n’assiste pas à ce qui allait se tramer dans la pièce. Jones pénétra dans la pièce finale, il entamait le dernier acte, l’épilogue de cette mise en scène où il ne pourra en rester qu’un. L’homme avait pris sa place dans le fauteuil où Jones avait pour habitude de diriger les opérations, il fumait un cigare SW issu de l’une des meilleurs caves à cigare du coin, cette petite frappe avait prit ses aises. Quelle ne fut pas stupeur lorsque l’homme se révéla enfin à la lumière livide, Bordel c’était ce salopard de Harvey Bullock qui avait tiré son épingle du jeu ! Il esquissait un large sourire comme pour afficher sa suprématie manifeste sur Jones.

              « Je savais que tu viendrais réclamer ton trône Jones, je te connais trop bien. Je t’en prie, épargne-moi ce regard haineux, j’ai tout appris de toi. J’ai saisi ma chance au moment opportun voila tout et je compte bien m’en sortir cette fois encore. »

              « Je te reconnais bien la…ton petit air de fouine, cette opportunisme avéré, j’aurais du me douter que tu ne pouvais pas rester à ta place et que tu tenterais de me doubler. Tu n’as pas la carrure pour gérer le business, l’état déplorable du Q.G laisse présager de la façon dont tu traites les affaires. T’as oublié la règle la plus évidente du code du truand, celle de la loyauté sans équivoque. Maintenant lâche ton arme et livrons nous à un duel à main nues et voyons si t’as vraiment du cran gamin. »

              Les deux hommes lâchèrent respectivement leurs revolvers et se livrèrent à une bataille éperdue à coup d’uppercut et de crochets en pleine face. C’était jouissif autant d’un côté comme de l’autre, il se rendait coup pour coup mais Jones prit bientôt l’ascendant sur son adversaire et ce grâce à son expérience. Il retourna bientôt la situation à son avantage et multiplia les coups de pied et autres coups sous la ceinture pour marquer sa pleine domination. Le Faux jones restait là à terre, à supplier celui qui le rouait le coup mais autant pisser dans un violon. Jones continuait son œuvre sinistre et multipliait les contusions, il s’y donnait à cœur joie, c’était de la barbarie pure et simple animé par un désir virulent de faire jaillir l’hémoglobine. Aussi, il décida pour finir en beauté cet usurpateur et d’attester à tous que ce type n’était qu’une brêle finie. Une paroi vitré derrière son bureau offrait une vue d’ensemble de la cité, Jones brisa la vitre en éclatant à plusieurs reprises la tronche du faux Jones sur les paumelles de la fenêtre puis défenestra purement et simplement cette enfoiré qui entama une chute irréfutable vers le plancher visqueux de l’allée.

                1614, Royaume de Luvneel, ville de Luvneelpraad. Dernière heure.

                Dans une bâtisse sombre éclairée de quelques lueurs de fin du monde et des dernières lueurs de l’aube, un lieutenant-colonel réalise que, non, c’était pas lui. Le gars aux prises avec Spike, c’était pas lui. Et donc on continue. L’exploration, l’affaire, on arrive bientôt à la fin, il le sent, alors il se bat avec l’énergie d’un gars blasé qui connaît la fin de l’histoire. Et une armoire à glace, et une armoire à glace, et une armoire à glace. Ca fait trois, le compte y est, et pendant ce temps là Shpike est parti vers les hauteurs encore plus hautes de la bâtisse énorme qu’elle a beaucoup d’étages. Et le gradé en vacances qu’en sont pas tellement de suivre, donc, bon gré mal gré, mais surtout mal gré. Et d’arriver.

                Raaaaah, Shpaike, que fais-tu mon bon ami ?!

                Il le lui faut vivant de préférence, le Jones. Vivant. Et pas défenestré bordel de putain de merde ça va pas sous ton scalp, l’O’Neal ? Pardon c’était l’émotion on coupera au montage. Coupons, donc, et reprenons. L’homme arrive dans un capharnaüm invraisemblable, et voit donc un pigeon voler. Que faire pour le sauver ? Que faire ? Le fouet. Unique solution dans ces cas-là, c’est bien connu. Clac, clac, donc, le fouet claque dans la matinée froide et humide et dans la pièce, la lanière traverse l’espace, descend la fenêtre, dévale le mur extérieur, et agrippe le futur mort qui crie encore par le col.

                Et il est mort.

                Définitivement cette fois. De là à là. Allongé de dix centimètres. Environ. Entre les vertèbres. C3 et C4. Les lois de la physique se sont rappelées à sa dépouille juste après la loi des hommes. La justice est aveugle, Héhé. Tu comprends pas ? Enfin si, toi tu comprends. Déjà. Mais pas Tahar Tahgel. Pas encore. Ou s’il comprend, ce n’est pas conscient. Pas encore. Mais donc, justice est servie. Sur un plateau froid comme la vengeance. Tahar regarde en bas. Tahar regarde un cadavre. Tahar regarde à côté. Tahar regarde Shpaik. Tahar regarde le bonhomme qui lui a apporté la tête de Jones. Les éléments s’agencent. Mal. Mais bon. Il est mort. Alors c’est fini. Le fruit, tout ça. Le fruit, il est pas dans le repaire, comme ils s’en assurent tous deux en retournant pierre par pierre l’endroit. Et quand je dis pierre par pierre, c’est pierre par pierre. Une par une. Tout. Les murs. Le toit. La chape. Tout quoi. Mais rien donc. Pas de fruit. Donc il l’a mangé. Le méchant. Et il est mort. Donc plus de fruit ici.

                Merci pour ton aide précieuse, mon bon Spike. Moi pas trop parce que à la base je devais pas m’en charger mais bon la marine mondiale t’es redevable tout ça. Tiens, j’ai claqué toutes mes économies à m’occuper pendant une semaine, mais je vais te faire un cadeau précieux.

                Et notre lieutenant-colonel tout beau tout plus trop frais de rédiger une lettre recommandant le ci-porteur de la ci-présente lettre et louant sa fidélité aux autorités mondiales et blah et blah et blah. Que récompense lui soit donnée en référence à sa participation au dossier numéro machintrucbiduleF672, et qu’on lui lâche la grappe, c’est un bon. Et de signer, de parapher un peu pour faire genre, et de cracher à terre pour entériner l’accord. Et sur ces entrefaites, il salue et s’en va. Point, amen.

                Adieu, Shpark O’Neal. Plaisir malgré ta gueule.

                Ta gueule, Tahgel, petit jeu de mot final et révérence désinvolte, claquement de talons, décrochage du cadavre et salut aux armes et beuverie de dernier jour. Fin de journée shopping, chambre cossue et soirée de fête au palais de Luvneel parce que c’est quand même pas tous les jours qu’on coffre Shark Jones le bouffeur mort de fruit du démon qui fait boum. Sharp, autant pour lui. Bref, autant fêter ça et il le fête bien. Tellement bien qu’il finit un peu chiffon carpette et que c’est avec difficulté qu’on le voie monter à bord du navire qui.

                Raaaaah.


                1614, North Blue, pleine mer. Au large très loin des côtes de Luvneel, une mouette à la langue de plomb réalise grâce au détail qui fait tache dans l’ensemble du canevas trop lisse que le destin lui a servi qu’elle s’est fait entuber. Il est temps.

                Ouais ?
                Lieutenant Dafné ?
                Oh, colonel Tahgel ? Pardon. Oui mon Colonel ? Vous voulez modifier votre rapport d’hier ?
                Ouais ben justement, à propos de c’rapport, on a comme un problème avec le gars Jones, jcrois…
                Hein ?
                C’pas le bon, m’suis fait entuber par ce connard.
                Quoi ?!
                Tête de squelette, corps de squelette. Alias connu : Spike O’Neal. Fumier de première, démerdez-vous avec.
                Mais…
                Pas de mais, suis en permission. Alors démerdez-vous avec ça j’ai dit.
                Euh… Je peux vous l’échanger contre une autre mission si vous voulez. Au mieux.


                Z’avez quoi en stock ?


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                Il est des choses dont on ne peut entraver la chute, il est des choses dont on ne peut empêcher l’écroulement, l’anatomie de ce cher Harv’ n’était pas de celles là. Le Tahar Tahgel l’avait harponné à l’aide d’un fouet qu’il avait trouvé où ne sait où à moins que cette ustensile soit monnaie courante des officiers de la marine…eux et leurs tendances masochistes v’savez. Ce rattrapage subite et la constriction du fouet autour de la gorge du faux Jones mit fin inéluctablement aux jours d’un type éprouvé qui venait de voir sa vie défiler devant ses yeux. Vous savez ce que c’est ce genre d’assassinat, euh une tentative de suicide pardon… l’intervalle de temps qui nous sépare du plancher des vaches, l’oxygène qui irradie vos sinus et tout votre faciès si bien que vous ne pouvez observer distinctement votre destin désormais inéluctable. Dés lors, votre esprit prend le relais, bien conscient que l’ultime châtiment est proche, que votre corps vit là ces derniers instants et machinalement tous les souvenirs intenses logés dans votre subconscient se précipitent un à un tels des flash lumineux sans lien logique entre eux. C’est là à ce moment précis, seul avec celui qui vous accompagne toute votre vie durant que vous vous sentez happer par quelque chose qui dépasse l’entendement humain. Harvey avait succombé à cette chute accidentelle, à ce malencontreux incident de passage bien sûr, Jones ne pouvait espérer un meilleur dénouement pour cette affaire. Le lieut co l’avait dans l’os, il ne pourrait plus questionner le présumé fugitif et s’assurer que ce type était bel et bien celui qui s’était emparé du Bomu Bomu. Quel épilogue rêvé pour le véritable Sharp Jones, le bouc émissaire avait payé de sa vie son transfuge et Tahar Tahgel ne pouvait désormais plus disposer des aveux de notre défunt ami. Pas de nouvelle décoration pour ce coup-ci la mouette galeuse, il devrait se contenter des remerciements du quartier général comme seule compensation quant à son rôle et son investissement dans cette mission complexe. Tandis que Tahar venait de rejoindre le corps au visage éclaté par la dégringolade fantasque, Jones contemplait le funeste spectacle dont il s’était rendu responsable. Il n’était plus prêt de bouger ne serait-ce qu’un pouce désormais, la cervelle bouillie avait jailli de sa boîte crânienne perforé et se répandait telle un coulis à la cerise sur le macadam. Bientôt l’odeur post-mortem nauséabonde du cadavre se fit pleinement sentir, les vautours et autres rapaces de mort n’allait pas tarder à se pointer pour ingurgiter la carne infecte de ce bon Harv. Vous savez ce qu’on dit dans ces situations, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les deux hommes maintenaient respectivement leurs regards jusqu'à ce que Jones prit le soin de déclarer à Tahar :

                « Ne t’avais-je pas dis que je te rapporterais la peau de Sharp Jones. Eh bien, te voila servi, tu n’as plus qu’a la prendre à l’homme qui git à tes pieds. Elle ne lui sera plus d’aucune utilité dorénavant et l’honneur de ma femme et de mon gosse en sont lavés. Foi d’O’Neal. Comme l’a dit le célèbre Jean Latrophier, rien ne se perds tout se transforme hahaha»

                Il est vrai que le cadavre constituait une belle aubaine pour la faune grouillante et vrombissante qui avait élu domicile sur l’asphalte. Un repas croustillant qui entremêle goûts variés et saveurs nuancés, les blattes et les vautours prirent bientôt place autour du corps de ce bon Harv et extirpèrent tripes et boyaux pour se sustenter et apporter milles et uns plaisirs à leurs papilles transportés par l’odeur alléchante de la chair en décomposition. Jones avait tenu sa promesse et de bien bel manière, c’était comme si il avait fourni la peau de Harv’ sur un plateau d’argent au marine qui allait sans doute dorénavant s’adonner aux orgies habituelles auquel il semblait être accoutumé. A sa grande surprise, vl’a que le Tahgel tenait à remercier Jones pour ses bons et loyaux services en griffonnant un bout de papier sur le coin du mur. Sharp se fut bientôt attribué le dit document accompagné du sceau officiel de la marine signé des initiales du lieutenant colonel…quelle paradoxe, Jones, l’une des pire enflures que compte North Blue se voyait gratifier de la reconnaissance de la marine Hahaha. Ils se faisaient piétiner et ces abrutis revenaient à la charge telle des gros niais. Cette lettre de recommandation était le témoin évident et manifeste que Tahgel avait cru à toute cette mascarade brillamment prémédité, la marine mérite bel et bien la réputation qu’on lui attribue héhé. Les deux hommes se saluèrent et s’engouffrèrent chacun de leur coté dans la noirceur de la nuit, satisfait de la tournure de l’évènement. Au final, c’était bel et bien Jones qui les avait tout floué tel un croupier aguerri, la valeur d’un jeu ne se mesure pas aux cartes que l’on se voit attribuer, c’est de l’usage que l’on fait de celles-ci qu’on reconnaît les hommes talentueux. La carte maîtresse ne sont pas vos figures ni l’as que vous cachez au creux de votre paume, c’est votre bluff et votre aptitude à jouer avec les nerfs de vos proies qui feront la différence. Rien ne va plus, les jeux sont faits, bande d’idiots, c’est le Black Mask qui tire son épingle du jeu en remportant la gagne et en reprenant les rennes de son business.