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[1600]Rouge et Noir


    Janvier 1600. Saint Urea, un soir dans le quartier du vieux port, dans un phare à l'abandon.


    [1600]Rouge et Noir Lizzy11-Hé les gars, y’a les apprentis de la rue des bouchers qui jouent encore les gros durs du coté de l’embarcadère !
    Comme d’habitude c’est Lizzy qui lance le mouvement en débarquant dans le vieux phare en ruine qui est le QG de la bande, lizzy sait toujours ce qui se passe dans le quartier avant les autres. Probablement parce que c’est la seule qui soit vraiment née dans le coin. Laissée sur le pavé par une mère qui avait surement d’autres soucis qu’une bouche de plus à nourrir elle n’a survécue que parce que les miséreux du coin ont décidés de s’en occuper. Elle connait tout le monde, et tout le monde la connait…
    [1600]Rouge et Noir Joris10-Et ben on va devoir leur expliquer encore une fois que ce coin la c’est chez nous…
    Joris, le chef de la bande, ou plutôt le plus engagé, le plus rebelle, celui qui trouve que se contenter de survivre ne suffit pas et qu’il faut en plus faire quelque chose. Belle ambition, alors on l’écoute et on le suit.

    [1600]Rouge et Noir Stan10- Baston !
    Stan, toujours concis, il a déjà la batte en main et s’en sert mieux que de sa langue pour discuter. Faut dire que son enfance dans un orphelinat du gouvernement lui a pas vraiment appris à ouvrir sa gueule. Par contre pour ce qui est de recevoir des coups et en donner, il est plutôt bon.

    [1600]Rouge et Noir Kyl10-Et Red il est ou ?
    Ça c’est Kyle, le premier des jumeaux, l’autre c’est Kenny. Les benjamins de la bande. Rapides, sournois, complètements inconscient. Des vrais mômes des rues. Aussi prompt à jouer du couteau qu’a sauter sur le moindre berry qui traine. Mais totalement dépourvu d’instinct de survie. Sans la bande ces deux la seraient depuis longtemps tombés sur un os du genre mortel. Surtout Kenny.

    [1600]Rouge et Noir Red10-Tout prés. Allez on y va, ça va chier des bulles…
    Et Red, le dernier arrivé, deux ans déjà qu’il fait partie de la bande, deux ans depuis que le bateau sur lequel il était mousse l'a balancé à la mer au large de Saint Urea et que les cinq autres l’ont récupéré.
    Depuis il s’est fait un nom. Et quand Joris hésite, c’est vers Red qu’on se tourne.


    Cinq minutes plus tard toute la bande surgit du phare et file vers l’embarcadère Nord. Ici, dans les bas fonds de la ville, les bandes se partagent les quartiers, chacun le sien. Et en l’absence de titres de propriétés, quand on veut garder le sien, il faut être prêt à le rappeler souvent. Et à coups de poings.

    Sur les quais miteux que les cartes appellent l’embarcadère Nord et que les locaux appellent le trou, une dizaine d’ados musclés sont occupés à traquer un touriste étrangement égaré dans cet équivalent urbain de la jungle. Le tablier et le béret rouge qu’ils portent tous les identifient immédiatement comme des apprentis bouchers du quartier voisin des tanneurs. Ça et l’odeur de charogne et de sang qui les accompagne ou qu’ils vont. Confortés par l’alcool et le nombre, ces crétins ont franchis une fois de plus la limite de leur quartier pour aller foutre le bordel tranquille. Mauvais choix…

    -Alors les ptits veaux ? On a oublié que c’était dangereux de s’écarter de la boucherie ? On s’est perdu peut être ?

    Instinctivement les bouchers resserrent les rangs et font face à Joris qui vient de les interpeller d’un air crane, mèche au vent et mains dans les poches. A coté de lui, batte sur l’épaule,  Stan tire une bouffée de sa clope et rigole méchamment.
    Pendant que ses potes cherchent le piège le meneur de la meute, conforté par le nombre derrière lui, sort des rangs et entame les préliminaires.

    -On m’avait dit que les gars du trou étaient pas très malin, mais la t’es carrément au delà. On va ou on veut ici, et c’est pas des peignes culs dans ton genre qui vont nous en empêcher…
    -C’est marrant que tu dises ça, parce que le dernier type dans ton genre qui s’est pointé ici, le seul souvenir qu’on en a c’est son gros cul tout rouge qui courait vers chez vous en chialant et en appelant sa mère…
    -Viens donc voir par la qu’on voit qui c’est qui va repartir en chialant. On va t’étriller façon steak tartare et te faire manger tes dents…
    -Vu l’odeur que vous trimballez vos viandes doivent êtres tellement avariés que vous devez pas être foutu de faire la différence entre un tartare et une charogne bouffée aux vers…

    Procédure classique pour un début d’engagement informel dans le milieu, bordées d’insultes diverses, ripostes, une manière de vérifier que tout le monde est bien chaud pour en venir aux mains. Et puis on passe à l’action…


    -La bande des quais ? Ou elle est vot’ bande, z’étes que deux !

    Le chef des bouchers se fige au milieu d’une phrase quand Lizzy lui colle en plein front un caillou gros comme un œuf. Personne la vaut avec une fronde, elle est capable d’abattre une mouette en plein vol d’un seul coup. Le gros tire une longue langue et s’effondre pendant que debout sur son toit Lizzy pousse un hululement de victoire à vous glacer le sang.

    Joris et Stan tournent immédiatement les talons pour foutre le camp en courant pendant que comme un seul homme, les garçons bouchers leur emboitent le pas. Droit vers la ruelle étroite ou Red et les jumeaux attendent, prêt à balancer une grosse pile de tonneaux sur les bouseux d’a coté…
    Le reste n’est que de la routine, coincés dans la ruelle ou leur nombre les dessert, empêtrés dans les tonneaux qu’ils viennent de se prendre sur la gueule, les bouchers se font tomber dessus et tabasser en règle par la bande du vieux phare. Joris tient les bras d’un type que Stan allonge d’un coup de batte. Red écrase la tête d’un autre contre un mur avant de le plonger dans un tonneau qu’il envoie rouler dans la rue. Lizzy piétine un mec au sol à grands coups de talons. Kenny se prend un coup de tête monumental qui l’envoie illico au sol avant de se faire venger par son frère qui taillade son assaillant à coups de tesson de bouteille…Red chope une latte d’un des tonneaux et savate à tout va… les bouchers s’enfuient en désordre, raccompagnés à leur frontière par les tirs de Lizzy et un Kyle qui ne lâche jamais sa proie…

    -Oh les salauds, ils ont tués Kenny !
    -Non non, ça va…

    La bande se marre et se prépare à rentrer à la base pour compter les bosses, laisser Lizzy jouer l’infirmière et commenter longuement les meilleurs moments de la baston quand un nouveau type se pointe à l’entrée de la ruelle. Le touriste perdu que la bande d’intrus avait pris pour cible. Un touriste bizarre qui n’a toujours pas compris que le coin n’était pas fait pour les types comme lui. Un touriste qui veut les remercier. La bande en reste sur le cul. Surtout quand il leur sort une liasse de billets plus épaisses qu'une miche de pain et qu’il leur offre…
    Mais ça ne suffit pas, le type est étranger et repart bientôt, et il veut un souvenir de ses sauveurs. Il leur dit qu’il a un truc qui fait des dessins tout seul, un visiodial qu’il appelle ça. Et il voudrait que la bande pose pour lui…
    D’abord sceptique jusqu'à la première démonstration, la bande accepte ensuite avec joie, complètement sous le charme de cette technologie inconnue et quasiment magique. Le portrait est même tellement réussi que Joris décide d'escorter toutes affaires cessantes le nouveau copain jusqu'à un coin ou il sera en sécurité.

    Une baston gagnée haut la main, les poches pleines, et un copain d’un soir plein de merveilles… La soirée s’annonce bien…

    [1600]Rouge et Noir Copie_15



Dernière édition par Red le Mar 8 Oct 2013 - 12:11, édité 6 fois
      Avril 1600, même endroit.


      -Hé vous avez entendu les nouvelles ?
      -Non
      -Quelles nouvelles ?
      -Le colonel, le vieux sans pitié, il a décidé de faire un exemple après l’émeute de l’autre jour. Il a envoyé des troupes dans la rue de la farine, il a dit qu’il allait y faire pendre un homme sur dix.
      -Un type sur dix ? C’est du délire, tout ça parce qu’ils réclament la levée des taxes sur le pain ? Le fils de pute.
      -Tu parles, le vieux est dur mais ça vient pas de lui, la vraie salope dans cette histoire c’est la Dame de pierre. Si seulement quelqu’un pouvait finir par lui coller une balle dans la tête. La multiplication des taxes, les droits de passage aux portes, les contrôles aux ports, l’augmentation du nombre de miliciens, le rétablissement des déportations aux galères… Depuis qu’elle dirige les riches sont de plus en plus riches et y’a eu autant de miséreux en prison et dans les rues.
      -En prison y’en aura bientôt moins. La milice vient de décider de pendre tout les troisièmes délits. Plus de jugements, un type qui se fait coincer pour la troisième fois et qui ne pourra pas payer finira direct à l’échafaud.
      -C’est plus possible, faut faire quelque chose…
      -Faire quoi ? Aller jeter des cailloux sur les gardes, c’est ce qu’ils ont fait rue de la farine, regarde ou ça les a menés.
      -Alors y’a la révolution. L’action directe. Bordel, y’a des gens qui se battent, alors pourquoi pas nous hein ?
      -C’est vrai, pourquoi pas nous ?



    Dernière édition par Red le Mar 29 Mai 2012 - 13:44, édité 1 fois


        Saint Urea la nuit, pas vraiment un coin sympa pour sortir, rapport au couvre feu et aux patrouilles de miliciens qui rodent huit par huit au pas cadencé prêts à bondir sur le moindre crétin qui oserait sortir la nuit sans faire partie de la noblesse locale et de ses affiliés.

        Pourtant, dans un coin de la place Stanhope, symbole du pouvoir locale avec sa gigantesque statue de bronze de la dame de pierre, une ombre surgit furtivement d’un coin de rue.
        L’ombre jette un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche. Se tourne vers une autre ombre qui lui tend un seau et un pinceau avant de disparaitre… L’ombre attend encore une minute puis traverse la place à pas prudent jusqu'au socle massif de la statue. Un arrêt de plus le temps de vérifier qu’il ne rode personne d’autre dans le coin, puis l’ombre commence son dur travail de sape. Graffant en quelques coups de pinceaux un pamphlet aussi virulent et révolutionnaire que libératoire sur le symbole du gouvernement local. Un véritable crachat sur les bottes ferrées de l’oppression.

        LA DAME DE PIERRES VEUX TUÉ LE PEUPLE. RÉVOLTER VOUS

        -C’est quoi ça ?

        Totalement pris par la satisfaction du devoir accompli et plongé dans la contemplation de son œuvre picturale, le jeune révo n’a pas du tout capté l’officier de la milice qui vient de s’arrêter juste derrière lui pour se mettre lui aussi à mater le boulot.

        -Euh rien du tout…
        -Rien du tout ? La dame de pierres veux tué le peuple ?
        -Euh ... oui ?
        -La dame de pierre avec un S à pierres ? Combien il y en a ?
        -Ben, une seule ? Mais il y a plusieurs pierres non ?
        -LA DAME ! (Saisissant le pinceau l’officier barre d’une grosse croix le S de pierres tout en décochant une méchante taloche au jeune révo)
        -Oui pardon…
        -Conjugue moi le verbe tuer !
        -Je tue, tu tues, il tue…
        -Et ça c’est quoi ? (Du pinceau l’officier souligne le verbe incriminé en martyrisant l’oreille du rebelle qu’il vient d’attraper)
        -Euh, un impératif ?
        -Un impératif ? Tu veux que je t’écorche c’est ça ? (Dégainant une épée, l’officier soudain furieux la colle sous la gorge de sa victime) Elle veut tuer c’est du futur proche espèce d’abruti, alors qu’est ce qu’on met au bout d’un verbe à la troisième personne du singulier ?
        -Un T ! On met un T !
        -Bien… Elle V.E.U.T. (Ponctuant sa phrase l’officier corrige scrupuleusement le texte sur le mur) Et maintenant qu’est ce qui se passe quand on a deux verbes qui se suivent ?
        -Ben euh… Je sais pas…sob
        -On met le deuxième à l’infinitif inculte ! L’infinitif du verbe tué c’est quoi?
        -Tuer ?
        -T.U.E.R ! Bien, on continue. Qu’est ce que tu dis aux gens qui lisent ça ?
        -Je… Je leur dis qu’ils doivent se révolter ?
        -FAUX ! Tu leur ordonnes de se révolter, et quand tu donnes un ordre tu utilises quoi comme temps ?
        -L’impératif ! J’utilise l’impératif !
        -EXACTEMENT ! Et les terminaisons du verbe se révolter à l’impératif sont ?
        -Attendez je les sais… euh Révolte, révoltons, révoltez ?
        -E.Z ! Révoltez-vous ! La dame de pierre veut tuer le peuple, révoltez vous. Et qu’est ce qu’on met au bout d’un cri du peuple comme ça ?
        -Un point d’exclamation ?
        -Voila, j’espère que c’est compris ? Bon… Copie le cent fois maintenant.
        -Oui oui, à vos ordres monsieur l’officier !
        -Et tu finis avant l’aube ou je te les coupe…


        (...)


        -Et si on retournait tagguer les murs ?
        -Non c’est trop naze comme plan… La dernière fois j’ai passé la nuit à copier cette foutue phrase sur tout les murs de la place Stanhope et j’ai failli me faire coffrer par la patrouille du matin…
        -Alors faut qu'on se trouve des alliés...


      Dernière édition par Red le Mar 8 Oct 2013 - 12:16, édité 4 fois
          Mai 1600, quelque part dans une cave bondée.


          -Cela, c’est la vieille loi, la loi de la jungle : œil pour œil, dent pour dent. Comme je vous l’ai déjà expliqué, tout mon effort tend précisément à nous débarrasser de cette loi de la jungle qui ne convient pas aux hommes.

          Je désire que le mouvement révolutionnaire imite le courage du soldat mais sans copier cette forme brutale de sa tâche qui consiste à apporter la mort et les souffrances à son adversaire, je me permets de vous affirmer d’ailleurs que celui qui est prêt à donner sa vie sans hésitation et en même temps ne prend aucune espèce d’arme pour faire du mal à son adversaire, montre un courage d’une valeur infiniment supérieure à l’autre.

          Œil pour œil, et le monde entier sera aveugle…


          Au fond de la cave ou se tient l’assemblée révolutionnaire Red et Joris observent d’un regard critique l’orateur qui exhorte depuis un bon moment les rebelles locaux a se diriger vers la voie de la non violence et de la résistance passive.

          -T’en penses quoi ?
          -Pff, du vent. Tu te vois en train de dire non au vieux sans pitié ? L’enfoiré te trucidera pareil. Et peut être même que ça le fera marrer. Non la seule façon de se battre c’est de taper plus fort que ces fils de putes de la marine. Et tout ces jolis discours n’y changeront rien. Si on veut quelque chose, faut se battre pour l’avoir, voila ce que je dis…
          -Ouais. Alors qu’est ce qu’on fait ?
          -On se casse. Laissons ces mous faire de grands discours et espérer que ça marche tout seul.
          -Et nous ?
          -Nous ? Nous on va se battre. Et ça va s’entendre jusqu’aux maisons de tout ces enfoirés de bourgeois la haut.



        Dernière édition par Red le Mar 29 Mai 2012 - 13:43, édité 1 fois
            Juin 1600, sur le port...

            -Ce plan est pourri, on n’est même pas sur que c’est bien ce type la qu’on doit choper.
            -Mais si c’est lui, le gros Tony a dit, il arrivera par la porte des touristes et il portera une robe et un chapeau. Y’a quand même pas beaucoup de mecs en robes !
            -Ouais mais la c’est pas une robe qu’il a, c’est un poncho.
            -Et c’est pas pareil ?
            -Mais non, regarde, tu vois les mecs la ? Ça c’est des robes.

            Depuis leur position sur une charrette à proximité de la porte dite des Touristes, l’une des nombreuses entrés dans le cercle extérieur de Saint Urea, la bande du vieux phare fait le guet et observe les arrivants. En particulier le groupe que Red vient de désigner… Probablement un groupe de religieux en vacances vu les robes de bure qu’ils affichent.

            -Mince y’en a plein… Comment on fait, tu penses que c’est tous des agents du gouvernement ?
            -Mais non, eux c’est des moines. Et puis ils ont pas de chapeau. Gros Tony t’as rien dit d’autre ?
            -Ben heu…
            -Merde essaye de te souvenir, on peut pas capturer un agent dont on a pas la description complète, comment on est censé le repérer ? Il t’a forcément dit autre chose… Non ?
            -Attends j’essaye de me souvenir, il m’a dit que c’était un agent double du gouvernement qu’on doit attraper.
            -Ouais mais justement, un agent double, ça peut ressembler à n’importe qui.
            -Il m’a dit qu’il venait de North Blue, avec un nom en mac quelque chose…
            -Mac, North Blue ? Mais alors c’est pas un type en robe qu’on cherche, c’est un type en kilt.
            -En kilt ?
            -Ouais, regarde, ça c’est un kilt, c’est surement lui.
            -Faudrait me payer pour que je me ballade comme ça…Un mec en minijupe, c'est carrément la honte !
            -C’est culturel tu peux pas comprendre, allez on se le fait ! Plan B.
            -Le plan B? On rentre dans le zoo et on rase tout les castors ?
            -Non ça c’est le plan T, le plan B c’est lizzy l’attire dans la ruelle et on le plante.

            La cible passe devant une ruelle et comme prévue elle s’avère incapable de résister au couinement de damoiselle en détresse que vient de pousser Lizzy et elle tourne le coin pour aller voir. Immédiatement Kyle avance le charriot piqué la veille et l’arrête de manière à bloquer toute retraite pendant que Red et Kenny font mouvement pour aller soutenir Joris et Lizzy dans le piège.

            Un cri sourd dans la ruelle, les deux pressent le pas et s’engouffrent dans le cul de sac ou Lizzy et Joris ont du poignarder le traitre sans les attendre. Mais le tableau n’est pas celui prévu, au lieu d’un type se vidant de son sang devant les potes, Lizzy est au sol et Joris est coincé dans une prise vicieuse du type en robe. Pas le temps de réfléchir.

            Kenny fonce bille en tête et le type lui balance Joris dans les pattes, Kenny saute par-dessus et se mange un coup de pied chassé dans la mâchoire qui l’étend pour le compte. Le type a l’air meilleur que prévu. Red suit le même chemin et emplafonne le type, fonçant avec lui jusqu'au mur le plus proche pour essayer de limiter ses mouvements. Le choc est rude, surtout pour Red qui a donné de la tête, mais ne lâche pas. Le type se débat, frappe au flanc, à la nuque, se secoue dans tout les sens pour se libérer d’un Red qui continue a tenir assez longtemps pour qu’on vienne lui filer la main. Le type finit par lui choper le bras dans une clé vicieuse et l’envoyer voler contre un tas de déchets, mais pas sans qu’une Lizzy qui revient à elle ne lui colle un bon coup de surin derrière le talon. Le type trébuche et commence à s’esbigner mais Red le plaque à nouveau, au sol cette fois. Et il a beau se tortiller comme un ver il se prend quand même le coup de batte de Stan qui vient d’arriver, puis le coup de lame de Kyle…
            La bande s’acharne sur l’enfoiré jusqu'à ce qu’il soit tellement mort qu’on n’ait même pas besoin de prendre son pouls pour vérifier…

            -Merde, je crois qu’il m’a planté avec une lame, je pisse le sang.
            -Et il a buté Kenny !
            -Non non, ça va…
            -Alors on s’arrache. La mort d’un agent du gouvernement ça va faire du bruit. En tout cas cette fois, on est bien dans le coup…
            -Attends juste un truc à vérifier, je me suis toujours demandé s'ils étaient vraiment à poil sous leur kilt...



          Dernière édition par Red le Mar 19 Juin 2012 - 1:15, édité 1 fois

              Juillet 1600, dans les égouts de Saint Urea, sous la caserne de la milice du port

              -Les explosifs sont en place ?
              -Tout est la, dix tonneaux de poudre, je te raconte pas la galère pour les amener jusqu'ici à travers ces tunnels moisis. D'autant qu'il fallait éviter les boueux. Et toi ? Tu as les mèches ?
              -Ouaip, mèche longues, y'a plus qu'a installer tout ça. On prend tous la même longueur et chacun part de son tonneau pour revenir ici.
              -On aurait du prendre des mèches courtes non ? Ce serait plus rapide à installer.
              -C'est pas la taille qui change, c'est la durée de combustion. Si on allume des mèches courtes ici on sera réduit en fumée avant même d'avoir atteint la prochaine intersection. Tu tiens vraiment à finir comme les types au dessus de nous ?
              -Courte ou longue j’espère que t'as bien retenu tout ce que Boum Boum t'a appris, parce que les explosifs c'est pas trop notre domaine...
              -T’inquiète, à partir de maintenant c'est du gâteau. Et dans deux heures on enverra tout ces enfoirés de miliciens diner aux enfer...

              Déroulant les mèches que Red a apporté, Joris et Stan les déroulent dans la pièce depuis les tonneaux adossés aux colonnes massives qui tiennent l'édifice jusqu'au centre de la pièce ou Red est en train de vérifier le matos.

              Quand la bande a décidé de se lancer dans les revendications explosives c'est sur lui que c'est tombé. Quinze jours avec le vieux Boum Boum, un révolutionnaire spécialisé dans les solutions brutales qu'une explosion de trop a rendu à moitié gâteux mais qui a encore de beaux restes au niveau de ses techniques favorites. Assez en tout cas pour que Red apprenne les bases et s'estime prêt à jouer à son tour les dynamiteurs en herbe.

              -Quand même, ça fait beaucoup de poudre non ?
              -Faut ce qu'il faut, et puis je suis pas vraiment sur de la quantité exacte qu'il va falloir pour faire écrouler tout ça, alors j'ai préféré mettre le paquet. Et ça va faire du bruit.

              Red enfonce les mèches dans les tonneaux et revient au centre de la pièce ou il finit de les entortiller pour rendre l'explosion aussi simultanée que possible. Puis il fait le tour de ses poches.

              -Quelqu'un a du feu ? Red récupère la clope que lui tend Stan et se la colle au coin de la bouche avant d'indiquer aux deux autres qu'ils peuvent bouger.

              -Tout devrait marcher au poil, mais on ne sait jamais. Je reste la pour allumer la mèche et je vous rejoins dehors. Je vous laisse dix minutes d'avance. Juste le temps de faire durer la clope. Et évitez de trainer...

              Resté seul Red patiente en comptant lentement les secondes dans sa téte. Jusqu'a ce que l'escargophone qu'il a dans sa poche vienne briser le silence du souterrain.

              -Red ça chie, quelqu'un nous a balancés, y'a des soldats partout qui sont en train de s'engouffrer dans les égouts !
              -Merde ! Joris et Stan ?
              -Ils sont dehors, mais faut que tu foutes le camp tout de suite...

              Red range le den dans poche, allume la mèche et se lève pour foutre le camp. Puis il se ravise. Si les soldats savent ou chercher ils trouveront la salle bien avant l'explosion et tout ça n'aura servi à rien. Il est temps de tenter le diable. Du talon Red écrase la mèche qui se consume et file vers le tonneau le plus proche. Il s'accroupit à coté et d'un coup de couteau il raccourcit la corde, la tranchant et l’effilochant à quelques centimètres du tonneau avant d'y mettre le feu à nouveau.

              -Mèche courte !

              Et sautant sur ses pieds Red file quatre à quatre vers la sortie. Pas le temps de rallier les potes, avec la taille qu'il vient de faire tout va sauter dans quelques minutes et il sera vaporisé bien avant d'y être. Mais Red à étudié le plan et sait qu'en filant vers la mer il a une chance, il suffit juste d'atteindre le collecteur principal et peut être...

              -Stop, plus un geste !

              Les deux soldats qui se dressent sur le chemin du fuyard n'ont pas le temps d'épauler leur fusil. Le couteau de Red se plante dans l'épaule du premier et il bouscule le seconde et l'envoie se vautrer hors de sa route. Débouchant d'un passage latéral d'autre soldats ouvrent le feu, mais pas assez vite. Deux balles tracent des sillons brulants dans la peau du révo, mais ne l’arrêtent pas.
              Décomptant mentalement le temps qu'il lui reste à vivre Red arrive enfin au collecteur. Gigantesque tuyau ou finissent toutes les eaux usés de Saint Urea en partance pour la mer. Red prend une dernière respiration et plonge sans s’arrêter dans le flot d'immondices dont le débit l'entraine immédiatement bien plus vite qu'un coureur. Droit vers la mer.

              (...)

              -C'est bon il respire !
              -Je vous l'avais dit qu'il s'en tirerait.







            Dernière édition par Red le Mar 8 Oct 2013 - 12:22, édité 1 fois
                Aout 1600, au vieux phare

                -Alors? Qu'a dit le conseil ?
                -Bah, les conneries habituelles, des mots, beaucoup de mots. Des promesses et du vent. Le conseil réprouve nos actions qu'ils jugent trop extrémistes. Ils se cachent depuis si longtemps qu'ils n'ont même plus conscience de ce qui se passe dans les rues. Ils ont oubliés que nous servons la cause et que ce n'est pas elle qui nous sert. Des planqué et des lâches, voila tout ce qu'ils sont...
                -Des planqués et des lâches qui ne nous aiment pas.
                -Tu penses qu'ils pourraient s'en prendre à nous ?
                -Je ne sais pas. Il faut se méfier des lâches, ils sont prêts à tout pour protéger ce qu'ils ont.
                -Jusqu’à nous livrer pour se protéger ? Je ne pense pas. Nous sommes trop connus maintenant, ils sont obligés de nous couvrir pour éviter qu'on remarque qu'ils n'ont plus de révo que le nom.
                -Je touche du bois...

                (...)

                -Debout Red ! Y'a un type louche à la porte.
                -Hein?
                -Je viens de le voir se glisser au pied du phare, du coté de la porte marine...
                -Merde, réveille les autres, je vais voir.

                Red glisse sa main sous la pile de fringues qui lui sert d'oreiller et en retire son couteau. Une lame moche, longue et suffisamment aiguisée pour pouvoir se raser avec. Pas le temps de s'habiller. Pendant que Lizzy part réveiller les autres Red rejoint la barre qui traverse verticalement le phare et se laisse glisser souplement jusqu'au niveau du sol, tendant l'oreille pour détecter l'intrus.

                Mais rien ne bouge dans le noir. Avançant aussi silencieusement que possible Red marche lentement jusqu'a à la porte qu'il pousse prudemment du pied. Ouverte ! Un coup d’œil prudent à l'extérieur ou rien ne bouge suffit à le convaincre que l'intrus est surement déjà à l'intérieur. Et s'il n'est pas monté alors c'est qu'il est descendu. Et pour que Red le loupe il doit être aussi discret qu'un putain de fantôme.

                Red longe la paroi du moulin jusqu'à la trappe qui ménage l’accès aux caves ou l'on stockait autrefois la farine. Et ou la bande range maintenant son butin et ses armes. Ouverte elle aussi. Mais si l'intrus est la dedans, il est coincé. D'un geste vif Red rabat la trappe et se laisse tomber à l'intérieur couteau brandi devant lui.

                Dans le vaste sous sol l'intrus est bien la, lanterne posé sur la table et occupé à jeter un œil aux trophées qui y trainent, des extraits de journaux parlant des actions du groupe, des notes sur les prochaines cibles...

                Pas le temps de finasser, Red bondit en avant, tendant le bras pour agripper le cou de l'agent et le maintenir le temps de le poinçonner au creux des cotes. Mais Red n'attrape que le vide. L'intrus s'est littéralement volatilisé. Et Red n'a pas le temps de le chercher qu'un poing dur comme l'acier le frappe au dessus de l'oreille, l'envoyant bouler contre la table. Complétement sonné Red n'a que le temps de rouler sous la table pour éviter l’attaque suivante, un coup de pied qui frappe le sol avec une telle force qu'il en brise la pierre qu'il frappe. Tentant de reprendre ses esprits Red recule précipitamment sur ses coudes pendant que l'intrus le poursuit en fendant négligemment en deux la table en bois massif d'un seul coup de poing.

                Parvenu au mur Red y décroche un pistolet et le braque sur l'ennemi avant de presser la détente. Mais trop tard. Quand la balle part enfin l'intrus à de nouveau disparu et ne réapparait devant Red que pour le désarmer d'un revers de la main avant de le saisir par le cou pour le lever à sa hauteur.

                Red frappe de la paume en plein visage, une frappe assez forte pour briser net le nez de n'importe qui. Mais la sensation telle que Red a l'impression de frapper un casque de fer et l'intrus ne cille même pas en le regardant...

                -Tekkai

                Pendant que Red s'affaiblit au fur et à mesure que l'étau se resserre autour de sa gorge il essaye désespérément de se libérer en frappant de son mieux son bourreau. Mais qu'il vise le visage ou la gorge ses attaques se heurtent partout au même mur aussi dur que de l'acier.

                -Red !

                Le coup de batte de Stan est capable d'enfoncer un casque ou de briser une tête et il a eu le temps de viser. Sa frappe touche l'intrus en plein crane et le fait immédiatement s'effondrer pendant que Red aspire enfin une bouffée d'air et s'accroche à Stan qui le rattrape...

                -Et ben alors, comment t'as fait pour le louper ?
                -L'ai pas loupé !
                -Shigan !

                Red n'a pas le temps de prévenir Stan du danger, derriére lui l'adversaire s'est déjà relevé. Et frappe. Le regard de Stan s'écarquille soudain de surprise et de douleur mêlée. Et alors que Red le sent soudain flancher entre ses mains il dégobille un flot de sang et bascule en avant, lâchant sa batte et laissant voir à Red les horribles blessures que l'intrus lui a infligé en lui perforant le dos...

                -Enfoiré !

                C'est au tour des jumeaux de débarquer dans la cave, pistolets aux poings. Et de braquer quatre canons sur l'intrus qui se sent subitement en danger.

                -Geppou !

                D'un bond formidable l'ennemi se propulse vers le haut, traversant littéralement le plancher pour éviter la grêle de balle qui lui tombe dessus. Et démolissant les planches comme si elles n'étaient faites que de vulgaires papier.

                -A l'étage, vite !

                Vifs comme une paire de chats, les deux jumeaux remontent l'échelle en une seconde, suivi un instant plus tard par un Red nettement plus lent. Et quand il arrive à l'étage tout est déjà joué. Joris est affalé dans un coin et Lizzy couteau à la main fait face au tueur du gouvernement. Red n'a même pas le temps de lui hurler de se méfier que Lizzy se jette sur l'ennemi, aussi rapide et mortelle qu'une panthère. Mais pas assez.
                L'agent dévie ses coups comme un adulte le ferait de ceux d'un enfant et sa main se projette avec une vitesse de serpent pour attraper le cou fragile de son assaillante. Et dans un craquement brutal, il le brise comme une brindille avant de jeter son corps à l'écart.

                Puis c'est au tour des jumeaux, si fiers de leurs attaques combinés et qui, fous de rage, délaissent leurs pistolets pour leurs sabres et se jettent à leur tour sur l'assassin. Le ballet mortel prend fin aussi vite qu'il a commencé, incapable de rivaliser avec un adversaire bien plus rapide et dangereux qu'eux, les deux jumeaux s'effondrent de concert en se vidant de leur sang. Et cette fois Kenny ne se relève pas. Laissant Joris et Red aussi seuls que si la bande n'avait jamais existé.

                -Je m'attendais à mieux. Il n'y avait pas besoin de dépêcher un agent du gouvernement pour s'occuper de votre pauvre petite bande. C'est aussi facile que d'écraser une portée de chatons nouveaux nés.
                -Maintenant Joris !

                Profitant du dialogue Joris s'est jeté sur l'agent pour lui saisir les bras et permettre à Red de le frapper. Et épée en main Red se jette sur lui de toutes ses forces.

                -Tekkai !

                Et l'épée elle aussi se brise sur la gorge de l'agent.... D'un bond en arrière celui ci écrase Joris contre la cloison et lui fait lâcher prise en lui brisant le bras d'une torsion brusque. D'un souffle d'air il balaie Red en plein vol et le rattrape avant même qu'il ne touche le sol pour lui perforer la poitrine d'un doigt aussi aiguisé qu'un poinçon.

                Et pour la première fois de sa vie Red comprend qu'il ne peut plus rien faire pour éviter la mort. Qu'il aura beau lutter avec toute l'énergie du désespoir que cela ne suffirait pas. Que cette fois ci, rien ne suffira.
                Encore une fois il attrape une arme et tente de lutter, et encore une fois l'agent le désarme et l'envoie rejoindre Joris qui se relève péniblement...

                -Des petits chatons qui ne veulent pas s'avouer vaincus... Quelle sottise. Quel courage imbécile. Je suis tellement impressionné que je pense que je vais laisser l'un d'entre vous en vie... Qu'est ce que vous en dites ?
                -Plutôt mourir !

                Et pendant que Joris crache une derniére fois sa bile sanglante au visage de son bourreau, la main de Red attrape à tâtons le poinçon qu'il garde caché dans ses chausses. Et il frappe. A la nuque, un seul coup mortel pour ne pas laisser à Joris le temps de comprendre quelle main l'a frappé.

                Joris rejoint la bande dans la mort et Red tombe à genou devant l'agent...

                -Pourquoi l'as tu tué ?
                -Parce que... Parce que je veux vivre ?

                L'agent regarde Red un long moment, puis détournant les yeux sur les autres cadavres il hoche lentement la tète avant de se remettre en marche, passant à coté de Red comme s'il n'était pas la.

                -Si tu veux vivre, suis moi...