Pulupul ! Pulupulu !
Qu'elle heure est il ? Tsss, pas la moindre idée... J'ouvre un œil, difficil'ment. Puis l'deuxième, encore plus difficil'ment. L'impression d'avoir une dalle de plomb pendue à chaque paupière, et d'avoir manqué les trente-six nuits précédentes. Tout le long de'mon corps, cette même impression d'être passé dans une essoreuse à salade, avec une belle poignée d'clous et de bris d'verre comme compagnons. Alors au fur et à mesure qu'mon esprit reprend péniblement du service, j'ai toutes les fibres de ma carcasse avachies qui tirent la gueule et qui hurlent à la grève générale. Aouch ! Des crampes pleins les muscles, sans compter les multiples coupures et ecchymoses qui me parsèment. Nuit trop courte, ennemis trop nombreux, nouveaux parfum d'chez Thunder F and Co. En tout cas je douille et j'me demande pourquoi j'ai fait la connerie d'me réveiller. Vu la pénombre qui règne dans le hangar, le soleil doit pas encore s'être levé... J'me laisse donc de nouveau bercer par le ronronnement assourdissant des machines d'imprimeries encore à plein régime, qui dans mon esprit embrumé par la fatigue et la douleur font gentiment office de berceuses. Tretzi et son couillon de cousin font leur job, j'ai donc l'esprit tranquille. Mes paupières tombent, mon esprit abdique pour une fois, et mon corps crie victoire avant de s'écraser du peu dont il avait réussi à s'élever. Rooooonfle...
(...)
Pulupul ! Pulupulu !
On refait la même, mais en plus désagréable. Car non seulement j'ai pas vraiment eu le temps de m'rendormir efficacement ; mais en plus j'ai cette horrible impression que le bruit strident qui commence sérieusement à m'casser les bonbons a un lien direct avec mon précédent éveil. Raaaah... Ma flemme lutte de pied ferme, refusant de céder la place à la curiosité sans combattre ! La fatigue lui vient en renfort, contournant les positions de la curiosité en une belle tenaille avec mon mauvais caractère. Mais l'arrivée imprévue et massive de l'instinct du danger et de la conscience professionnelle sonne le glas de l'alliance de l’immobilisme ! Cruelle et laborieuse victoire qui coutera le prix fort aux deux camps... Le bruit continue, avec zèle : Pulupul ! Pulupulu ! Il se fait de plus en plus fort tandis que mes sens reprennent leur boulot à cœur. Je ronchonne, grommelle, maudit le monde... avant de saisir le combiné de l'escargo phone que je trimballe. Putain d'métier à la con.
- Niiiiiiallo ?...
- Toji ?!
- Niiiouais ?...
- Bon sang p'tit gars ! Mais t'es où ?! Une plombe que j'te cherche !
- Nan mais t'es qui d'abord toi ?...
- Comment-ça j'suis qui ?! Ton supérieur ! Le colonel O'Brian !
- *Et merde...*
- T'es pas à l'hotêl que tu avais indiqué au QG en partant en perm'. T'es où mon gars ?
- Mmmmh pas loin, pas loin.
- Bouge toi d'revenir au QG. Tout d'suite ! On doit recevoir un invité de la plus haute importance, alors l'amirauté veut tout le monde sur le coup lors de son arrivée.
- Gnié ?...
- Je t'expliquerai une fois arrivé. T'as deux heures pour être devant moi en uniforme. Exécution.
- Raooh fais chier.
- Euh, c'est moi ou tu viens d'penser à voix haute ?
- Glups... Non m'sieur à tout d'suite m'sieur ! Clong !
Raooooh fais chier ! Putain mais vous pouvez pas arrêtez de m'casser les oursins juste une heure ?! Une putain d'heure sans merde c'est tout c'que j'demande ! "T'as droit à trois jours de perm' garçon." qu'il m'a dit l'vieux con ! Largement d'quoi faire mon business, sauf quand on m'en prive de deux ! Nom de...
Là où j'vois que j'suis assez soupe au lait au réveil, c'est qu'à la pleine réalisation de cette nouvelle et de ses conséquences, j'me suis levé d'une traite, bazardant la chaise sur laquelle je dormais, ainsi que toute une pile de grosses caisses et même une immense poutre d'acier sans même m'en rendre compte. Et un peu plus loin, Stretzi et son cousin qui me regardent effrayés, tremblant de peur en espérant ne pas jouer les victimes collatérales des mauvaise nouvelles. Ils attendent ma première parole, sachant pertinemment qu'un mot de trop pourrait me faire oublier leur côté "irremplaçable". Ils ont raison, mais pas tout à fait. J'ai les nerfs, j'ai les boules, mais pas assez pour perdre de vue mes millions. J'vais pas vous faire de mal mes mignons, pas tant que vous m'aurez pas filé mes thunes et que Rackham me les aura blanchi. Et comme jusqu'ici vous avez été sage, j'compte même tenir mes engagements et vous laissez votre part. Bon pour Lydia c'est autre chose, mais on verra plus tard les histoires de gonzesse et d'mensonge. Non, restons zen. Parfaitement zen... comme la grenouille sur le rocher... voilà... inspire... expire... bien...
- J'dois y aller. Finissez le boulot en mon absence, je reviens vite.
- Mais... tu vas où ? Et si Don Carlo vient ?
- Don carlo est mort, j'te l'ai déjà dit. Au pire je vous enverrai mon contact dans la marine prendre les faux biftons. Flippez pas 'spèce de moules, ça va bien s'passer.
Il faut que ça se passe bien ! Putain, c'que j'aime pas ne pas avoir l'nez direct' dans les affaires. Cette sensation d'être forcé de faire confiance, de compter sur l’honnêteté des gens... une horreur. Bordel j'espère qu'il m'fait pas radiner pour rien le vioque, sinon j'sens que j'vais faire un malheur !
Dernière édition par Toji Arashibourei le Dim 3 Juin 2012 - 14:33, édité 1 fois