Il y avait de l'alcool pour passer le temps. De l'alcool et des cartes. Mais pas de cigare, ni de thé. Mes trop grosses mains ne pouvaient empoigner les cartes sans les marquer. On m'a traité de « tricheur d'foiré de poiscaille » dès le premier tour. J'ai abandonné. Alors j'ai passé le temps à observer ces bandits. Mes narines ont réspiré leurs odeurs de sang, de poudre et de haine, mes oreilles ont écouté le cliquetis de leurs lames et armes à feu. Des bandits qui n'ont eu d'autre choix que de choisir le mauvais côté pour se payer une vie. Comme moi. Mais encore ici, je suis seul, banni des échanges et des discussions par mon physique.
Fichue mère qui m'a fait naître monstre.
Le temps a passé, les bouteilles se sont vidées et les cigarettes se sont consumées. Puis alors que la lune se mettait à briller de tout son éclat, les bateaux se sont mis en route. Trois grands navires déguisés de bleu de blanc et où un drapeau flotte encore dans le ciel avec comme effigie une belle mouette blanche.
Maintenant, le ciel noir brouillé par le vent et la pluie a fait place à une grand toile bleu. Chaque homme est sur le pont. Le Baratie en vue à trois ou quatre encablures. Les trois vaisseaux, cotes à cotes attendent patiemment, l'heure du combat.
Le temps continue sa longue marche. Les bandits s'impatientent. Les gestes se brusquent, les soupirs se multiplient et nombre de jambes ne peuvent s'empêcher de trembler. L'heure arrive enfin. Le vigie crie ce que l'on attendait. Trois mats transpercent l'océan à l'Ouest. Seuls bois déjà visibles des vaisseaux auxquels ils appartiennent.
Les bandits ont troqué leurs habits délavés contre des vêtements marinés. L’habit ne fait pas vraiment le moine sur cette terre. Les trois vaisseaux de la fausse mouette se mettent en route, les ordres ont été donné. Nous avançons lentement vers les cargots emplis de saké. Le capitaine du navire où je suis m'adresse alors la parole entre deux ordres hurlés.
_La poisc... Ishii Môsh, toi qui sait si bien nager, tu vas à l'abordage sur la coque de bâbord. Tu prépares le terrain et on te rejoint dès que nous sommes à portée.
M'envoyer, seul contre un navire entier ? Soit il me surestime soit il se fout de ma vie. J'opte pour la deuxième solution.
_Je n'irais pas seul. Il vient avec moi.
Je pointe le dénommé Tahar observant la scène d'un air amusé. L'uniforme marine lui va comme un gant. Lorsque je sors cette phrases, mes petits yeux fatigués ne peuvent observer sa réaction, trop discrète. Je me méfie toujours de lui, trop tranquille, trop souriant. Il vaut mieux avoir son ennemi près de soi.
_J’espère que tu as du souffle. Monte sur mon dos.
Sans un mot, je lui laisse quelques secondes, le temps d'enlever mon costume et de ne garder qu'un simple pantalon et un marcel blanc, ma lame toujours accrochée à ma ceinture. Le Tahar aura-t-il peur de toucher un monstre hideux comme moi ? Oui non ? Non. Un bon point pour cet étrange homme. Je remercie le ciel que ce ne soit pas l'un de ceux vivant dans la peur des contes et histoires bulleresques de monstres poisseux. Sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrive, je plonge d'un grand bond dans la mer. Mes poumons se taisent et mon cœur se calme aux palpations des vagues sur mon corps. L'homme sur mon dos se calme et fait preuve d'un immobilité presque parfaite. J'avance le plus rapidement possible, sautant de temps à autres pour laisser le Tahar reprendre son souffle un infime moment. Nous avançons si vite qu'à peine en posture de savourer ce moment aquatique, je dois déjà bondir sur le bateau. A peine le pied posé qu'une vingtaines d'armes sont déjà braqués sur moi et mon semblant d'acolyte. Un homme s'avance alors vers moi, un cigare fumant au bout des lèvres.
_En auriez vous un pour moi ?
Alors qu'il m'en tend un, surpris de cette demande vu notre situation, je me prépare au discours qui suit en l'allumant d'une allumette offerte généreusement le cigare aussi généreusement donné.
_Hmm... Vu l'article 7 du code de circulation maritime... Hmmm... Vu la trajectoire prise par votre vaisseaux. Vu la non conformité de votre équipage aux règles régies par les hautes instances Marines. Hmm... Vous êtes en état d'arrestation. Veuillez déposer vos armes.
Fichue mère qui m'a fait naître monstre.
Le temps a passé, les bouteilles se sont vidées et les cigarettes se sont consumées. Puis alors que la lune se mettait à briller de tout son éclat, les bateaux se sont mis en route. Trois grands navires déguisés de bleu de blanc et où un drapeau flotte encore dans le ciel avec comme effigie une belle mouette blanche.
Maintenant, le ciel noir brouillé par le vent et la pluie a fait place à une grand toile bleu. Chaque homme est sur le pont. Le Baratie en vue à trois ou quatre encablures. Les trois vaisseaux, cotes à cotes attendent patiemment, l'heure du combat.
Le temps continue sa longue marche. Les bandits s'impatientent. Les gestes se brusquent, les soupirs se multiplient et nombre de jambes ne peuvent s'empêcher de trembler. L'heure arrive enfin. Le vigie crie ce que l'on attendait. Trois mats transpercent l'océan à l'Ouest. Seuls bois déjà visibles des vaisseaux auxquels ils appartiennent.
Les bandits ont troqué leurs habits délavés contre des vêtements marinés. L’habit ne fait pas vraiment le moine sur cette terre. Les trois vaisseaux de la fausse mouette se mettent en route, les ordres ont été donné. Nous avançons lentement vers les cargots emplis de saké. Le capitaine du navire où je suis m'adresse alors la parole entre deux ordres hurlés.
_La poisc... Ishii Môsh, toi qui sait si bien nager, tu vas à l'abordage sur la coque de bâbord. Tu prépares le terrain et on te rejoint dès que nous sommes à portée.
M'envoyer, seul contre un navire entier ? Soit il me surestime soit il se fout de ma vie. J'opte pour la deuxième solution.
_Je n'irais pas seul. Il vient avec moi.
Je pointe le dénommé Tahar observant la scène d'un air amusé. L'uniforme marine lui va comme un gant. Lorsque je sors cette phrases, mes petits yeux fatigués ne peuvent observer sa réaction, trop discrète. Je me méfie toujours de lui, trop tranquille, trop souriant. Il vaut mieux avoir son ennemi près de soi.
_J’espère que tu as du souffle. Monte sur mon dos.
Sans un mot, je lui laisse quelques secondes, le temps d'enlever mon costume et de ne garder qu'un simple pantalon et un marcel blanc, ma lame toujours accrochée à ma ceinture. Le Tahar aura-t-il peur de toucher un monstre hideux comme moi ? Oui non ? Non. Un bon point pour cet étrange homme. Je remercie le ciel que ce ne soit pas l'un de ceux vivant dans la peur des contes et histoires bulleresques de monstres poisseux. Sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrive, je plonge d'un grand bond dans la mer. Mes poumons se taisent et mon cœur se calme aux palpations des vagues sur mon corps. L'homme sur mon dos se calme et fait preuve d'un immobilité presque parfaite. J'avance le plus rapidement possible, sautant de temps à autres pour laisser le Tahar reprendre son souffle un infime moment. Nous avançons si vite qu'à peine en posture de savourer ce moment aquatique, je dois déjà bondir sur le bateau. A peine le pied posé qu'une vingtaines d'armes sont déjà braqués sur moi et mon semblant d'acolyte. Un homme s'avance alors vers moi, un cigare fumant au bout des lèvres.
_En auriez vous un pour moi ?
Alors qu'il m'en tend un, surpris de cette demande vu notre situation, je me prépare au discours qui suit en l'allumant d'une allumette offerte généreusement le cigare aussi généreusement donné.
_Hmm... Vu l'article 7 du code de circulation maritime... Hmmm... Vu la trajectoire prise par votre vaisseaux. Vu la non conformité de votre équipage aux règles régies par les hautes instances Marines. Hmm... Vous êtes en état d'arrestation. Veuillez déposer vos armes.