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[Ile sans intérêt particulier] Human After All

J'ai besoin de souffler un coup.

Je pose mes fesses par terre, faute de trouver un endroit convenable. Quelle ile pourrie ! J'savais pas qu'on pouvait trouver autant de patelins sans intérêt sur South Blue. Il y a même pas de forêt digne de ce nom ici. Rien de comparable à Endaur, parce que Endaur, ça, c'est une ile ! Bien comme il faut ! On s'y plait, c'est beau ; la vie est belle. Non, ici c'est terne. Quelques villages au bord de la mer et au milieu une montagne. Enfin, si on peut appeler ça une montagne. Plutôt une sorte de colline ou trois bergers se partagent les pâtures pour leurs moutons, et interdictions d'approcher ! Je sens encore le coup de pétoire qui m'a frôlée à ça ! J'suis partie sans demander mon reste. Pas envie de crever juste pour s'approcher de quelques moutons. Ou alors, ils sont juste sur les dents. Peut-être. Ou c'est des cons. Probable.

En même temps, cette histoire de fou est quand même pas très rassurante. Moi-même, j'ai un poil les chocottes. J'suis arrivée par bateau commerciale sur cette ile pourrie. Enfin, j'avais pas envie de m'y arrêter puisqu'on me disait que son intérêt était aussi élevé que celle d'un oursin mort. C'est juste que j'y suis pour une bonne raison. J'étais dans le coin et on m'a transmis, via l'Ordre, une mission que l'on pouvait me confier. J'ai accepté, évidemment. Autant joindre l'utile à la mésaventure et faire en sorte que le passage sur cette soit utile. En plus, il fallait être rapidement sur place, ce que je pouvais faire malgré moi. L'intitulé de la mission était assez bizarre. Ça m'a aussi aidée à l'accepter. Sur cette ile dont j'ai oublié le nom, les habitants parlent d'un démon. Impossible de dire ce qu'ils veulent dire par là. Un démon comme l'Ordre l'entend ? Un criminel tellement sanglant qu'il est comme un démon ? Un utilisateur de l'un de ces mystérieux fruits du démon ? Beaucoup de questions. Peu de réponses, mais une certaine curiosité, finalement. Et quand je passe au-dessus de l'ile qui ne brille pas par son intérêt, ça m'intéresse plutôt beaucoup, cette histoire. C'est que c'est une épreuve de foi, en quelque sorte, de chercher à l'affronter. Être face à lui et lui tenir tête, ça fait chaud au cœur.

J'ai donc débarqué avec sac et hache. Évidemment. Le bateau étant parti, j'avais plus qu'à attendre le prochain. Une journée de rêve. Youpi. Encore heureux qu'exceptionnellement, il y a beaucoup de passage ces jours-ci. Du coup, j'ai un peu exploré le coin en quête d'informations sur ce démon. Les types du coin étaient pas trop au courant ; j'ai cru un moment qu'on s'était foutu de ma gueule. J'ai quand même continué jusqu'au prochain patelin puisque, de toute façon, il y avait pas d'auberge pour que je passe la nuit. C'est là que j'ai pu croiser des types visiblement bien travailler après avoir vu un truc un peu spécial. Après une bénédiction et une absolution pour qu'il ne sois pas damner, j'ai pu récolter les infos sur ce démon. Une espèce de fille. Une démone ? Une succube ? Brrrr ! Ça c'est pas bon ! Je leur ai demandé si elle avait tenté de leur faire des choses pas bien. Ils ont pas compris. Plutôt heureux ça. J'ai pas eu à leur couper la tête. Après la bénédiction, ça aurait été con. Donc, une fille, les cheveux gris, voire blancs, une peau craquelé et un oeuf de poulcuik à la place des oreilles. Qu'est ce qu'un démon pouvait faire avec un oeuf à la place des oreilles ? ? Et qu'est-ce que c'était, un poulcuik ? Deux questions qui pouvaient surement conduire à de terribles désastres si on ne trouvait pas rapidement les réponses. Peut-être pas pour le Poulcuik. À voir.

Du coup, j'ai cherché un peu ou trouvé ce démon, mais ce fut assez dur de trouver des infos convenables. Les démons, ça n’inspire pas à raconter sa vie. Et quand ça l'inspire, ça l'inspire trop. Mamie Gertrude a bien failli m'endormir avec l'histoire de ces douze enfants. Du coup, là, je pose mes fesses et je me repose. Le pire, c'est qu'il y a pas un seul débit de boisson sur cette ile ! Je comprends pourquoi personne s'y arrête. Bon, j'suis pas trop alcool. Un bon sirop de groseille m'aurait bien rafraichie, mais, généralement, y a pas. Alors, une bière, à la rigueur. Mais ça fait trop homme, une bière. C'pas top.
Bon, allez, deux trois prières, une petite chanson et je me remettrais en chasse de ce « démon ». Paraît qu'il se balade dans le village à côté. Il paraît.
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Il paraît.

Avec des « il parait », il pourrait se passer plein de choses, mais il ne se passe pas toujours plein de choses. C'est le souci avec le conditionnel. Il paraît que cette histoire aurait pu se finir rapidement, mais finalement, un an et six mois après, c'est pas fini ? Il paraît ouais. Mais pas vrai. Ça marche dans les deux sens. On exagère. Ou c'est beaucoup moins important que prévu. Dans les deux cas, on se sent un peu con et on se cherche des excuses. Voire même on essaie d'embrouiller et on finit par ne plus rien comprendre.

Il paraît.

Mais y a rien dans ce petit patelin. Rien de démoniaque. Juste des gens terrifiés par le démon. Encore. Et des témoignages, j'en ai eu toute la journée. J'ai même passé la nuit sur place à écouter dans les moindres détails et en sept versions différentes la rencontre d'une vieille avec le démon. Elle l'a approché d'environ septante mètres. Ça a duré douze secondes montre en main. Puis elle s'est cachée derrière un mur pendant une minute. Enfin, elle a jeté un coup d'oeil au coin et le démon n'était plus là. Sept versions. Entre le démon cornu avec des ailes de dragon et une description qui semblent coller aux autres témoignages. Au moins, ça m'a permis de recouper tout ça. Parait aussi que la première fois qu'elle est apparue, c'était sur le port. Elle a fui. Puis elle est réapparue pour la première fois près d'une vieille grande, à l'écart du patelin, là ou les grottes sont nombreuses et pleines de surprises. Des surprises démoniaques. Bref, j'avais tous les détails et j'aurais pu éviter les sept versions. Mais c'est la vieille qui m'a hébergée. Alors on a souri et on a écouté avec gentillesse.

Sept versions quand même. Du gros baratin quand même.

Je la quitte à l'aube. Parce que je voudrais pas manquer le bateau et rester un jour de plus bloquer sur l'ile, surtout s'il faut écouter sept nouvelles versions de la lutte de la vieille contre les forces du pas bien. C'est équipé légèrement et armé lourdement que je suis partie. Le temps est clair. Le soleil est chaud. La route qui zigzague au travers des champs est bien entretenue. Une heure passe ainsi à marcher et le paysage me donne parfois envie de m'arrêter pour flemmarder sous un arbre. Juste envie. J'ai une mission à remplir, moi. Je constate seulement au bout d'une heure que la route fait beaucoup trop de zigzagues et que je vais plus lentement que prévu. Alors, on marche un peu plus vite.

J'arrive au bout d'une deuxième heure à ladite grange après avoir croisé trois carrioles chargées de foin avec des propriétaires qui n'ont pas hésité à me conseiller de faire demi-tour. Au troisième, je lui ai conseillé de ne pas parler. C'est qu'ils sont trop gentils, ces gens. Heureusement, il semblerait que la zone de la vieille bâtisse soit pas le coin le plus fréquenté de l'ile. Je vois même une charrette abandonnée avec l'âne toujours attaché, à moitié mort de faim après avoir bouffé toute l'herbe sous ses pieds ; pas de bol, il était sur un chemin recouvert de graviers.

Les cailloux, c'est dur à digérer.

J'le libère, évidemment, en lui filant aussi une moitié de mon casse-croûte. Ça le revigore un peu et il part gambader tout doucement. Au moins, j'aurais pas perdu ma journée si je fais chou blanc. Et justement, il y a des champs de choux, mais ils ont trop pris le soleil, en rapport aux faits que les gens du coin ne doivent pas vouloir récolter des choux potentiellement habité par les graines du démon. Ou juste parce qu'ils veulent pas s'approcher du coin. Plutôt crédible. Et comme je vois le temps passé rapidement, je me remets un coup de boost pour accélérer. Stop le tourisme.

J'finis par trouver ce que je pense chercher. Un terrain plutôt caillouteux, sur plusieurs niveaux et des ouvertures de différentes tailles ; on m'a dit que les grottes étaient parfois connectées. Ça peut être un labyrinthe. Çà et là, la végétation vit difficilement. Des buissons et des arbres bas. Une herbe poussant au travers d'un sol sans grande terre. L'eau de pluie tombe et coule sur le sol sans imbiber le sol. Au milieu de cette ambiance, je m'avance, à l’affût du moindre problème, du moindre signe annonciateur de quelque chose de pas naturel. Pour ça, je me fis aux animaux. La faune grouille même parmi cette végétation peu luxuriante. Des oiseaux, des insectes, des musaraignes, des écureuils. En même temps, les zones plus prospères ne sont pas loin non plus. C'est pas le désert de cailloux, ici.

Je fouille quelques grottes pas bien profondes. Et la journée s'avance, lentement. J'ai même pas fin tellement il faut rester vigilante constamment. Un moment d’inattention et ça peut être la mort. Mes pas m'amènent vers une zone un peu plus boisée, dans une sorte de cuvette naturelle où la terre s'est accumulée au fil des années, amenée par les eaux de pluie. Des arbres ont su grandir et prendre une ampleur conséquente. Et c'est dans l'herbe grasse que je m'assois un instant, pour prendre un temps de repos. Une baisse de vigilante, certes, mais on peut pas être toujours à fond. Oui. Vraiment. La tête posée, je fais un peu le vide dans mon esprit. Je réfléchis un peu. J'inspire. J'expire. On est bien dans ce calme.

Et c'est là que je comprends le problème.
Il n'y a pas de bruits. Oui. Parce qu'il n'y a pas d'animaux. La faune est partie. Et si les arbres avaient des jambes, ils se seraient probablement barrés. Ça serait cool, ou presque, parce que des arbres qui courent, ça peut être aussi des arbres qui foutent des mandales aux bucherons.

Parfois, ça a du bon de se dire que les arbres sont immobiles. Mais faut les respecter, hein !

Bref. La faune est pas là. Et ça dénote sérieusement avec tout à l'heure où le coin était pas franchement riche en végétation. Là, il y'en a plein et pas une seule bestiole. Je capte même une ruche d'abeille complètement vide ; je regarde de loin, ça pique les abeilles. C'est inquiétant. Et c'est probablement la situation que je cherchais. Un truc pas normal. Un truc en rapport avec le démon. Possible. Les animaux ont peut-être fui. Probable. Je reprends la marche avec encore plus de prudence qu'avant. Pas au millimètre. Yeux en alerte. Rien ne m'échappe. Pas même la brise de vent qui fait agiter les branches d'un arbre.

Et puis soudain, un bruit sourd. Comme des cailloux roulant sur le sol. Des gros cailloux. Mais un son étouffé, lourd, avec des échos.

Je vais vers le bruit et je trouve l'entrée d'une grotte.
Adrienne, il est temps de prendre le thé avec le démon, puisqu'ils ont pas de bière sur cette ile.
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Même en faisant attention, le son de mes pieds est assez fort, se répercutant contre les parois de la grotte en pente douce. C'est trop grand pour moi et je suis forcée de me baisser un peu. J'ai hésité à l'entrée, parce que j'ai trouvé les cadavres pourrissants de plusieurs oiseaux. Il n'y a que les bestioles nécrophages qui n'ont pas déguerpi. Génial. L'odeur est assez nauséabonde et dans l'obscurité, j'imagine bien trouver d'autres bestioles dans un état avancé de décomposition. À tatou, j'avance. Pas que j'ai peur d'être attaqué, je crains plus de me cogner contre une anfractuosité rocheuse de la grotte. Le bruit de cailloux que j'ai entendu, je l'entends à nouveau devant. Ma venue ne semble pas être perçue par ce que je pense être le démon. Mes mains serrent un peu plus le manche de ma hache. C'est proche ; j'aperçois comme une clarté.

Doucement, je passe la tête dans ce qui semble être une grotte de bonne taille. Quelques trous dans le plafond permettent de laisser passer une lumière suffisant pour qu'on y voie. L'espace fait grossièrement une dizaine de mètres de diamètres. Tout est sous forme de cailloux avec un promontoire prenant un quart de l'espace. Lentement, je m'habitue à l'environnement, fouillant les lieux en quête d'une présence.

Ne faites pas le traînard, monsieur P... Les anges n'attendent pas les retardataires.


Une voix. Clair et douce comme une jeune fille innocente. Et derrière moi. Je me retourne vivement et, apercevant une forme, j'exécute un saut en arrière, dressant ma hache, parée à l'attaque. En quelque coup d'oeil, je la détaille. C'est elle. Cette peau craquelée. L'oeuf dans la tête. Il n'y a pas de doute.


Son œil droit est fermé, mais le gauche semble briller dans l'obscurité. Une lueur presque jaune. Assise sur une corniche au-dessus du passage par lequel je suis passée, elle me dévisage, la tête sur le côté, un sourire cajoleur aux lèvres. Dans ses mains, une grosse pierre qu'elle caresse avec douceur comme si c'était un enfant. Elle semble humaine. Peut-être dix-sept ans. Un physique plutôt frêle que je juge malgré l'obscurité ; ça doit être l'endroit le plus obscur de la grotte. Ouaip, vu à quoi elle ressemble, ça m'étonne pas qu'on l'ait traité de démon. C'est assez étrange. Surtout cette lumière dans son œil. Elle en cligne deux fois et bascule sa tête de l'autre côté. Ses pieds pendant dans le vide s'agitent doucement.

Monsieur P ! On va être en retard !
En retard pour quoi ?
Pour aller à Miri Poppy voyons !

Je ne comprends rien. Pourquoi elle m'appelle « Monsieur P » ? Et c'est quoi Miri Poppy ? Jamais entendu parler. J'pense qu'elle essaie de m'embrouiller pour mieux m'attaquer par surprise. Alors, j'éloigne ces questions sans réponses de mon esprit et je décide une approche directe.

Je sais que t'es une démone ! Et je vais te renvoyer d'où tu viens ! Approche et tâte de ma lame ! Je suis Soeur Marie Thérèse.

Elle penche sa tête de l'autre côté. Son sourire se transforme en un « o » de surprise.

Je peux voir les anges … danser dans le ciel.

Euh ? Non. Ne pas se laisser perturber. Elle joue avec toi. Il faut garder son sérieux.

Tes ruses ne m'impressionnent pas, démon ! Je suis sourde à ton fiel !


Elle cligne de l’œil une fois.

Mmmh. Je suis prête pour une vie de rêve, Monsieur P.

Tu dis n'importe quoi !

Tu viens avec moi, Monsieur P ?
Je te suivrais jamais ! Démon !
Les fleurs sont belles.

Elle continue de caresser son rocher comme son chat. Elle le regarde un instant. Le fait qu'elle m'ignore me gêne terriblement. Je m'attendais pas à ça. Plus à gros trucs moches, qui veut me tuer tout de suite. Pas à cette apathie.

Mais qui es-tu à la fin ?!

Elle lève la tête et sourit.

Monsieur P, je suis …

Son sourire disparaît.

Je suis …

Clignement de l'oeil.

Mais qui suis-je ?


Et là, c'est le drame. Son autre œil s'ouvre. Lui aussi est brillant, mais encore plus fort. Et d'une couleur tout simplement unie. Ça me donne l'impression d'un œil aveugle. Mais ce n'est pas le seul changement. Son visage est déformé par la rage et elle me lance soudainement le rocher à pleine vitesse.

TUE-LE ! MONSIEUR P ! TUE-LE ! TUE-LE !


Sa voix est criarde et me fait mal aux oreilles. Je réagis avec un temps de retard et le rocher me rentre dans les côtes.  J'encaisse plutôt bien, mais d'autres pierres me sont balancées. La fille canarde avec tout ce qu'elle trouve à portée de main. Je pare la plupart avec ma hache, mais l'une vient me percuter la tête. Ça fait mal. Assez. Puis elle disparaît quelques secondes. Du coup, je passe à l'attaque et j'essaie de m'approcher du promontoire qu'était relié à la corniche. Et c'est là que je la vois arriver. Avec un énorme caillou. Probablement une demi-tonne. Environ, j'ai du mal à juger le poids, mais ça me paraitrait pas effarant. Ce qui est effarant, c'est qu'elle le porte à bout de bras.

TUE-LE ! TUE-LE, MONSIEUR P ! TUE-LE !


Et elle me le balance dessus. Pas moyen d'esquiver. Le poids du projectile détourne ma hache comme un vulgaire bâton. Et c'est le choc.
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Ça me roule dessus littéralement. J'ai l'impression que mon corps va s'écraser, mais il tient. Tout n'est pas rose sous la peau et les os ont souffert. C'est simple, le caillou me passe dessus et j'arrive pas à me relever. J'essaie, mais tout est en compotes. Pour un temps, hein, mais en compotes quand même. La démone saute en l'air et atterrit à côté de moi. Elle s'écroule sur moi. J'ai le réflexe de lever mes bras pour la repousser, mais je suis pas assez forte. Et j'vois son visage. Il semble calmé. Son œil droit s'est refermé et son œil gauche semble à la limite des larmes.

Non ! Monsieur P ! S'il vous plait, levez-vous ! Monsieur P ! Pourquoi vous ne bougez pas ?

Je ne sais quoi penser. Elle m'a démontée avec son rocher et v'là qu'elle s'inquiète pour moi. Parce que je suis Monsieur P, non ? Gentil pour les monsieurs. Et j'me dis que ça peut être l'occasion d'en profiter. Elle semble complètement distraite par mon sort. J'ai ma hache à portée de main tandis que je sens mes forces revenir un peu. Je n'aurai droit qu'à un coup. Le rater et j'doute qu'elle me fasse des cadeaux. Alors, lentement, j'approche mes doigts de ma hache glissée à mes côtés. Une fois ma poigne solidement prise sur le manche, j'approche mon autre main sous le corps de la démone.

Monsieur P ? Tu bouges ?

Elle sourit. Moi aussi.

Laisse-toi faire.


Et je la pousse de toute la force que je peux. Et j'ai beau me dire ça, c'est qu'elle est lourde la filoute ! J'arrive à peine à la faire reculer d'un pas. Mais ça peut passer. Je canalise ma force dans l'autre bras qui me permet de soulever ma lourde hache et d'exécuter un mouvement de rotation. Direction la démone. Elle regarde sans sourciller la hache qui se dirige vers elle. Faute de force suffisante, je rate la tête, mais pas le bras. Le choc est brutal, comme si je frappais de la pierre. Brisée dans l'élan, je laisse retomber mon arme. Par contre, ma mobilité est revenue. Je fais une roulade en arrière et je me relève tant bien que mal pour me mettre en position de combat, les poings en avant.

Et c'est là que j'en crois pas mes yeux.

Ma hache a percuté le bras. Mais là où j'ai frappé, il n'y a pas de sang. Il y a juste du métal. Des fils. Une étincelle qui apparaît pour disparaître dans l'air.

Monsieur P ! J'ai mal ! Sauve-moi, Monsieur P !
C'est …

Un robot. Ou un cyborg. Pour moi, c'est la même chose. C'est la première fois que j'en vois un. On m'a déjà parlé de ces technologies aussi diverses que varier qui permettaient de remplacer des membres perdus par des membres artificiels. Et parfois, plus que des membres. Des corps entiers, faits de métal. Des corps artificiels qui vivent. Qui peuvent ressentir des émotions. C'est étrange. Trop étrange.

Ce n'est pas normal.

C'est créé par l'homme. Ce n'est pas un être vivant. Ce n'est pas une création de ce monde. C'est juste artificiel. Une existence conçue par d'autres. Ce n'est pas un démon, mais c'est tout comme. Une pièce métallique sans vie qui pense en avoir une. Pauvre chose. Chose horrible.

Démon ou Cyborg, même combat. Aucune pitié pour éliminer ces engeances infernales.
Je m'approche doucement, prête à esquiver, faisant marcher mes articulations endolories. Le cyborg ne réagit pas. Elle me regarde, presque admirative.

C'est comme si tu dansais, Monsieur P !

Amusant. Elle ne voit pas la menace. Alors je fonce. Trois pas et je suis sur elle. Je frappe le visage avec toute ma force. Ça fait mal. Très mal. Le métal qui la compose est solide. La tête tourne et la surprise marque les traits de la fille. J’enchaîne avec une autre mandale bien ajustée. La douleur est moins forte quand les phalanges rencontrent le visage.

Monsieur P ?

Trois nouvelles mandales. Je vise les côtes et je m'aperçois que c'est plus mou. Plus humain. Elle doit être pas totalement protégée. Je vise cette partie-là et j’enchaîne les coups avec une force qui va crescendo. Elle, elle encaisse, recule, sans toutefois réagir comme elle devrait le faire.

Mais ! Monsieur P !!
Prends ça !

Une nouvelle fois la tête. Je prends de la hauteur pour un coup plongeon. La force de l'impact fait chavirer la fille qui tombe par terre, à ma merci. Elle lève vers moi un regard presque implorant, un regard que je sais complètement artificiel. Faux. Inhumain. Sa main touche là ou j'ai frappé ; la peau abimée laisse entrevoir le métal de son corps. Elle ne comprend toujours pas.

Le temps d'une sieste... Monsieur P ?
Oui. Le temps de dormir. Mon démon.


Dernière édition par Adrienne Ramba le Jeu 21 Nov 2013, 13:36, édité 1 fois
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Le poing s'abat, mais il n'atteint pas sa cible. Un mouvement dans le coin de l'oeil me fait hésiter. Je capte trop tard : deux objets volent dans ma direction. Le premier frappe les doigts de ma main avec une précision dévastateurs. Le deuxième me passe juste sous la gorge. Je sens les bords du projectile me chatouiller la peau et je suis certaines d'une chose, c'est que ça peut aisément me trancher la gorge. D'instinct, je fais un bond en arrière et je fais face à l'inconnu qui se dresse devant moi, sortant du passage par lequel je suis venue. Un homme. Une légère barbe. Des lunettes devant un regard perçant et assuré. À sa main, une croix. Une croix aussi longue qu'une dague et il semble s'en servir comme ça. Je ne comprends pas. Je vois les insignes, mais je ne comprends absolument pas pourquoi un prêtre d'Élite de l'Église de la Juste Violence m'a attaquée !


Vous !
Éloigne-toi ! Et ne la blesse surtout pas !

Sa voix est grave et aussi assurée que ses yeux. Il tourne la tête en arrière.

Elle est là. Déployez-vous.

Et de son dos surgissent quatre hommes. Quatre prêtres. Bref, l'Église a envoyé une escouade sur place. Les quatre individus s'approchent du cyborg qui ne semble pas vraiment effrayer. Ils sont armés, mais ils semblent n'avoir aucune volonté d'agression. L'un lui attrape le bras. L'autre lui offre du chocolat. Elle se met soudainement à crier.

Le chocolat est meilleur que le raisin ! Le chocolat est meilleur que le raisin !


Et elle ingurgite le chocolat. Le sourire revient. Les prêtres lui montrent la sortie. Ils l'accompagnent. Je ne comprends vraiment pas. C'est un cyborg. Pourquoi il ne l'achève pas ? Ils doivent se tromper de personne. Alors, j'essaie de m'approcher, arme toujours en main, mais le prêtre d'Élite s'interpose. Sa croix vole et me frappe brutalement mon épaule droite. Je l'attrape avec ma main gauche et je recule d'un pas, baissant les yeux sur l'homme.

Ce n'est plus de ton ressort, Soeur. C'est à moi de m'en occuper.
Qu'allez-vous lui faire ?
L'amener en lieu sûr. Elle a beaucoup souffert.
Souffert ? Mais c'est un cyborg ! Elle est pas humaine.

Il répond par une gifle, puissante et totalement faite par surprise. Sous le coup, je tombe à terre. Je ne comprends pas. Encore. Ma joue me fait mal et je lève les yeux, cette fois, vers le prêtre. Son visage est encore plus autoritaire, mais là où il pouvait avoir une certaine forme de bienveillance, il n'y a plus que du dégout.

Est-ce que les sœurs sont aussi idiotes que toi ? Idiote de t'avoir recruter et former, sûrement !
Mais...
Parce que tu crois que parce qu'elle est une cyborg, parce qu'elle a été modifiée, elle n'a pas de cœur ? Elle n'a pas une âme ? Elle n'a pas souffert d'être comme ça ?! Tu crois que tu vaux mieux qu'elle parce que tu es entière ? Tu crois que la vie, ça se résume à de la chair et du sang ? Tu crois que parce qu'elle ne pleure pas, elle n'éprouve pas de tristesse ? Va dire ça aux plantes et aux animaux ! Va dire ça à tout ceux qui souffrent et qui meurent dans l'indifférence la plus totale juste parce que nous n'avons pas les moyens de les entendre. Ou que nous n'avons pas envie de les entendre !

Les mots sont violents et asséner avec brutalité comme si c'était une leçon que l'on a dû m'enseigner à de nombreuses reprises et que je n'ai pas fait l'effort de retenir. Ni même d'entendre. J'en reste abasourdie et le premier sentiment qui domine, c'est celui de la colère. Qui est-il pour me parler sur ce ton ?! Un illustre inconnu ? Il insulte l'enseignement de mère Isilda ? Et celui de sœur Elza ? Je bouillonne intérieurement. Et j'ai qu'une seule envie. De lui en coller une.

Qui es-tu ?!
Ryan. Ryan Andro.

J'en reste bouche bée. Parce que je le connais. J'en ai déjà entendu parler. C'est le plus connus des prêtres d'Élite de South Blue. Il est compétent et efficace. Il aurait pu être Eveque, mais il a décliné. Mère Isilda m'avait dit un jour qu'il allait passer au couvent. Finalement, ça s'est pas fait. Même Elza avait un respect certain pour l'individu. Et parce qu'il est connu dans le milieu, ces paroles ont davantage de poids. Et ça fait soudainement plus mal. Comme si c'était une vérité, que je n'avais jamais écoutée. Il le dit. Et ceux que je respecte le respectent beaucoup. Il est dans le vrai. Une vérité qui s'impose à mes yeux. Et c'est mes yeux qui se baissent et ma détermination qui fléchit quand je me rends compte de mon erreur.

Les cyborgs ne méritent pas moins que d'être traités comme des êtres vivants.

Je suis … désolée.
Maintenant, tu sauras.

Et il me tend une main secourable. Une main que j'hésite à saisir tellement je suis honteuse. Mais il insiste. Beaucoup. Alors, je la saisis. Une deuxième bouée de sauvetage après m'avoir sauvé de mon erreur.

Sortons.
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Qu'a t'elle fait ?

Côte à côte, on s'avance en baissant la tête dans le passage menant à la sortie. Devant, les quatre prêtres sont déjà sortis, emmenant la cyborg.

Rien.

Rien ? Alors pourquoi vous la pourchassez ?
Tu n'es pas censé le savoir.

Ton sec. Mais il sourit doucement.

Elle n'a rien fait. C'est juste une victime. Elle aurait dû mourir, mais elle a croisé la route d'un de ces experts de la mécanique capable de grandes prouesses. Il lui a sauvé la vie au prix d'être différente.
Ah… Mais son état est…
Oui. Instable. C'est pour ça qu'on doit l'emmener.
En liberté, elle est dangereuse.

Il s'arrête un instant et souffle comme exaspéré.

Ce n'est pas animal que l'on enferme dans une cage…

Désolée ! Désolée !
Nous nous en occuperons...
… Vous savez qui est ce « monsieur P » ?
Probablement quelqu'un qui l'a recueilli un temps et qui l'a abandonné. Il a été un repère. Elle l'a perdu.
Ah.

On sort à l'air libre et je m'aperçois que le soleil est plus bas que je ne le pensais. Pas que le passage dans la grotte ait été long, mais je ne m'en étais pas rendu compte en avançant dans le coin.

Rah. On a raté le bateau. On va devoir attendre demain...
Nous sommes venus avec notre propre navire.
Ah ? Vous pouvez m'emmener ?
Non.
Mais… ?
Une journée de plus ici ne te tuera pas.

Il en a des bonnes lui. Il connaît pas la vieille.

Mais, j'y pense, ma mission… j'ai échoué ?
Non. Pas vraiment. Ta mission était de trouver le problème. De voir ce qui se passe. Tu l'as fait. Notre mission, c'était de la trouver et de la ramener. Nos deux taches se sont juste jointes.
Ah. Mais pour...

Un cri. Devant. Je n'ai pas le temps d'en dire plus. Ryan bondit en avant sans me regarder. Je marche dans ses pas en essayant de ne pas me faire distancer. Le problème ? C'est la cyborg. Son œil droit ouvert tout grand, elle a balancé les deux prêtres qui la tenaient au sol. Les deux autres ont sorti leurs armes, prêts à se défendre. La cyborg balaie des yeux la scène, à la recherche de quelqu'un.

TUE-LES ! MONSIEUR P ! TUE-LES ! MONSIEUR P ?


Ryan rejoint les deux prêtres.

Qu'est ce qu'il s'est passé ?
On ne sait pas Ryan ! Elle a soudainement appelé Monsieur P. On lui a dit qu'il était absent. Elle a insisté et d'un coup, son œil s'est ouvert et elle nous a attaqués !
D'accord...
Qu'est ce qu'on fait ?
Ne pense même pas essayer de la battre. Son sauveur a fait des miracles.

J'arrive enfin à sa hauteur.

Recule. Tu n'es pas de taille.
Mais j'ai déjà été confrontée à ce genre de situation !
Ah ?
Lai... Laissez-moi faire…

Il hésite.

Vous avez une meilleure solution en stock ?
Oui. Moi.

Le connard.

J'insiste.

MONSIEUR P?! MONSIEUR P !!
Allez-y.

J'ai ma chance. Une chance de me racheter. Car maintenant, j'ai compris. J'ai un autre regard sur cette personne. Une chance de faire une bonne chose plutôt que de vouloir tuer sans raison. Alors, je lâche mon arme, parce que je n'en aurai pas besoin. Je m'avance, les paumes ouvertes, lentement, vers elle. Elle me voit venir. Elle penche la tête sur le côté et ne dit rien. Derrière, je sens Ryan qui est tendu. Mais je continue d'avancer. Deux mètres. Un mètre. Toujours rien. Ça semble bon. Et c'est quand ça semble bon que ça dérape. Elle bondit pour frapper mon bras. Et elle touche. Ça fait très mal ! Ça me désarticule l'épaule droite. Je sens Ryan qui veut intervenir.

NE BOUGEZ PAS !

Et pendant ce temps, j'attrape son bras qui se rétracte, m'envoyant vers elle. Je l'attrape dans mes bras de sorte qu'elle ne peut vraiment me frapper. À part un coup de boule qu'elle me fout et qui me fait sonner les cloches dans la tête, évidemment. Ses brillants yeux me fixent, presque interrogateurs.

Monsieur P ?
Oui. C'est moi.
Monsieur P ?
Je suis désolée. Pour tout à l'heure.
Monsieur P.
Et c'est madame.

Madame P ?
Oui...
Madame P !

Dans mes bras, son œil droit se ferme. Le gauche semble tomber aussi. Sa tête se pose sur mon épaule.

L'ange dort, madame P.
Alors, dors bien. Mon ange.

Son autre œil se ferme et elle semble tomber, sans force. D'un signe, je signale aux hommes qu'ils peuvent s'approcher. Ils me déchargent d'elle tandis que Ryan vient relever les deux autres. Tout le monde va bien. C'est le principal.

Bravo.
Ça aurait pu être pire.
Oui. Mais c'était bien.
Il fallait... que je le fasse.
Je ne juge pas.

Peut-être que je devrais venir avec vous ?
Non.
Mais pourquoi ? Vous avez vu que…
Ce n'est plus de votre ressort. C'est tout. Et puis, si une autre crise survient à l'avenir, je ne pense pas que tu seras en permanence à ses côtés. On doit pouvoir se débrouiller sans toi.
Mais !
C'est non négociable. Merci pour ton aide, mais elle s'arrête là.

Intraitable. Je n'aurais droit à aucun recours. Je boude un peu, mais la douleur de mon épaule m'empêche de refuser l'aide de Ryan pour marcher. Le programme est déjà fixé. Une fois revenus à la civilisation, ils partiront. Et moi, je continuerai ma route. Toutefois, je pense devoir rester quelques jours chez la vieille. Cette épaule va mettre un peu de temps à s'en remettre. Combien d'histoires ça fera ? Trop.

Et on finit par se séparer. Avec un goût d'inachevé dans la bouche. La cyborg ne s'est pas réveillé. Je lui ai dit au revoir en silence. Sa rencontre m'aura permis de me rendre compte de certaines choses importantes. Une rencontre courte. Toutefois, j'ai le sentiment que ce n'est qu'un au revoir. Je la reverrais. Et lui aussi.
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