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On se met au vert!

Journal de bord : 07 avril 1624
Kage Berg… Depuis le temps qu’on traînait sur cette île, je connaissais par cœur chaque petite ruelle, chaque bar, chaque boutique… Et franchement, je vous parle en connaissance de cause, il y a vraiment rien à foutre sur cette île pourrie. Des vaches, des bouses et de la bouffe qui te retourne les boyaux. Voilà tout ce qu’on pouvait espérer de cet endroit. Heureusement qu’on y avait rencontré Alphonse, sinon, on serait vraiment venus pour rien. Dépité, je me suis rendu dans le bar de l’île. Oui, LE bar, il n’y en a qu’un. Bref, alors que j’étais en train de boire, le mec à coté de moi parlait fort en faisant des grands gestes. Il me saoulait profondément et j’avais bien l’intention de le lui faire savoir. Saisissant ma batte, je me suis retourné pour lui en foutre une bonne de derrière les fagots, mais je l’ai soudain entendu parler ainsi :

-Je te jure, un monstre énorme, personne ose plus approcher, il paraît. Le mec était traumatisé par ce qu’il avait vu.

Un monstre énorme ? Un courageux est demandé ? Du défi ? Mais ne cherchez plus, je suis là ! Ca me donnera l’occasion de me dérouiller un peu, et surtout une bonne raison de nous barrer de là ! Il parlait d’une île juste à coté, nommée « l’archipel vert ». En prenant le bateau qui y faisait la navette, on y serait dans l’après-midi. Cool ! Je retrouvai Alphonse et Sören pour leur annoncer la nouvelle. Alphonse approuva d’un violent coup de tête vers le bas pendant que Sören ronchonnait. La perspective de se battre contre un gros monstre sans récompense à la clef ne l’enchantait guère… Mais c’est comme ça, de toute façon, il n’avait pas de contre-proposition à faire. Et puis c’est moi le chef et puis c’est tout !

Plus de cinq heures après, et deux milles litres de vomi quittant mes entrailles, nous mîmes pied à terre, comme des conquérants arrivant en territoire vierge… Mais alors pour le coup, vraiment vierge… C’est simple, il y avait rien, pas de villages, pas de gens et le port où nous avions débarqué ne méritait vraiment pas ce nom. C’était un quai, tout au plus. Et encore, un petit. Je remarquai une petite cabane juste avant la lisère de la forêt. Peut-être y avait-il au moins un habitant qui accepterait de m’indiquer où dormait le monstre ? C’était peut-être lui qui avait tout rasé d’ailleurs ! Si c’était le cas, il devait être vachement balèze parce que les tas de planches et de cendres que l’on pouvait voir ne rappelait qu’avec beaucoup d’imagination ce qui avait du être autrefois un village.

-Ohé ! Y a quelqu’un là dedans ? Allez ! On se réveille !

Je mis trois gros coups dans la porte avant d’entendre une petite voix me demande d’entrer. C’était une petite vieille, assise dans un rocking-chair, un chat roulé en boule sur ses genoux. Un chat ! Il fallait surtout pas que Sören le voit, sinon on allait se retrouver avec un autre chat à bord. Je fis barrage de mon corps et fit mine de rien, le coude posé dans l’embrasure de la porte.

-Hey, vieille femme ! Montres-nous donc la tanière du monstre.

La femme leva des yeux intrigués vers moi. Elle tendit un bras tremblant en pointant plein Nord.

-C’est là bas… Mais il n’y est plus…
-Pas grave, je vais le trouver, merci ! Tu es laide mais bien aimable !

Si ce satané monstre était partit se promener, j’allais le traquer, Sören et l’odorat de Morgan allait nous être utiles ! J’entendis la vieille crier derrière nous « Les Saigneuuuurs…. ». Pas le temps pour la flatterie, on avait du pain sur la planche. Je pris l’initiative de nous séparer en trois. Trois groupes de un. Comme ça si l’un d’entre nous à problème, ben il se démerde. Sans attendre, je m’enfonçai dans la jungle, n’ayant aucune idée de se que je cherchais. Je savais même pas la gueule qu’il avait ce truc.

Après une bonne demi-heure de marche au milieu des lianes, des ronces et des moustiques, j’en avais plein les plumes ! Je vit une souche et décida de me poser cinq minutes. Mais il y avait quelqu’un ! Un mec tout bizarre, tout noir avec une dégaine de fossoyeur. Pas spécialement aguichant le mec, mais j’étais vraiment pas en mesure de faire le difficile. A lui seul, il représentait 20% de la population de l’île à ma connaissance. Je m’avançai vers lui et criai.

-Hé ! Salut ! Tu saurais ou je peux trouver une grosse créature, plutôt méchante, avec sûrement des griffes et des dents pointus ?


Dernière édition par James Fermal le Ven 3 Aoû 2012 - 10:32, édité 2 fois
    D’abord à l’ouest, puis avant les contreforts de la chaine de montagne, prendre au sud Est et continuer par la vallée avait dit le pêcheur, et bin non, toujours pas de village, il n’avait même pas vu la vallée!
    C’était quand même bizarre, Sam avait beau tourner la carte dans tous les sens, pas moyen de se repérer. La jungle, ce n’est pas la mer, moins simple de s’y retrouver, on y voit pas plus loin qu’à dix mètres devant et tous les arbres de ressemblent.

    Il y a douze heures, Sam était arrivé par l’est de l’ile où un bateau marchand l’avait déposé. L’idée de départ était de rallier Kage Berg pour retrouver un peu de civilisation, mais pour l’instant, il n’avait croisé que le pauvre type sur la plage armé de sa canne à pêche.
    Le gars en question était maigre comme un clou, en loque, et semblait être particulièrement altéré du ciboulot. Sitôt qu’il avait vu Sam, il s’était écroulé de terreur avait reculé les fesses dans le sable jusqu'à ce qu’un arbre lui coupe sa retraite. Quand Sam s’était approché, le bonhomme avait changé de couleur et était devenu aussi pale que lui, puis il s’était redressé d’un bond, brandissant sa canne à pèche comme si c’était un sabre. Bien qu’amusé, Sam n’était pas parvenu à afficher autre chose que son air glacial, il avait alors avancé calmement. Le pauvre gars, lui serrait les dents à se briser la mâchoire. Bon Sam avait bien conscience que son allure était un peu…particulière mas bon, quand même ! Le mec semblait se préparer à devoir en découdre.

    Juste par principe, Sam avait regardé le bougre façon « western », vous savez, comme quand la caméra passe d’un personnage à l’autre en resserrant le plan à chaque changement d’axe, et qui finit sur un zoom ou les deux paires d’yeux se lancent des éclaires.

    (…)

    Le type n’avait pas pu soutenir longtemps le regard de Sammy et était tombé à genoux, jetant sa canne au sol puis il s’était mis à chialer en bredouillant :

    Siouplé, me tuez pas m’sieur !

    Il en avait la morve au nez. Sam avait soulevé son chapeau melon noir et s’était gratté la tête. Il se demandait bien pourquoi il lui foutait tant les chocottes.

    Euh, j’veux juste savoir ou se trouve le village.

    L’inquiétude du pêcheur n’avait pas disparu mais cette réplique l’avait un peu tranquillisé.
    Encore tremblant, il avait sorti de ses loques une vieille carte tachée, l'avait dépliée et jetée sur le sable avant d’oser un :

    Euh, d’ici, faut d’abord aller à l’ouest, puis avant les contreforts de la chaine de montagne, prendre au sud Ouest et continuer par la vallée… J’peux y aller M’sieur l’Saigneur ?

    Sam avait hoché la tête et le type avait aussitôt pris la poudre d’escampette, oubliant sa canne à pèche.

    Sam avait regardé le bonhomme se sauver avant de récupérer la carte et la canne, qui sait, ça pouvait toujours servir une canne à pêche.

    *Vraiment étrange ce plouc. J’me demande s’il ne m’a pas confondu avec quelqu’un d’autre. Seigneur qu’il m’a appelé.* avait pensé Sam.


    Sam s’était ensuite tartiné la tronche de crème solaire et s’était enfoncé dans la jungle,bien décidé à trouver au plus vite un bateau pour Kage Berg. Douze heures et au moins un millier de coups de machette plus tard, il du se rendre à l’évidence : Il était bel et bien paumé!


    Sam décida de s’assoir un moment. Perdu pour perdu, autant faire une pause. Il pausa la canne à pêche et s’assit sur une grosse pierre, sortit une petite boite en osier et une paire de baguette puis attaqua une portion de pieuvre aux petits légumes. C’est à mi-repas qu’il entendit une voix sur sa gauche :

    -Hé ! Salut ! Tu saurais ou je peux trouver une grosse créature, plutôt méchante, avec sûrement des griffes et des dents pointus ?

    Sam se retourna, un tentacule dépassait de sa bouche.

    Devant lui se tenait un drôle de visiteur, une espèce de bellâtre la peau mâte, habillé de rouge et de noir, une batte de Base Ball sur l’épaule…Pas courrant en pleine jungle.

    Sur le coup, Sam se dit que vu qu’il étaient la première personne qu’il croisait depuis douze heures, il allait tenter une prise de contacte correcte. Il aspira le tentacule vinaigrette et le goba d’une traite, se leva, et se força d’un un sourire constipé qui se voulait polie, dévoilant une superbe rangée de dent jaunes, puis reprenant son visage impassible, puis répondit de sa voix éraillée :

    Euh, non.

    Il y eu un silence de près d’une minute et Sam compris que son interlocuteur attendait probablement une réponse un peu plus complète, il ajouta :

    J’viens de traverser la moitié de l’ile et tu es la premières personnes que je croise depuis presque treize heures que j’ai débarqué dans ce bled, et toi, t'as pas vu un village avec des gens un port et tout ça ?

    Le beau gosse eu l’air un peu dégouté...


    Dernière édition par Sam Sylvius le Lun 2 Juil 2012 - 15:36, édité 1 fois
      Le mec avait un tentacule qui sortait de sa bouche. C’était peut-être lui le monstre, déguisé en humain ! Je pris inconsciemment ma batte de base-ball, prêt à le réduire en bouilli si jamais il changeait de forme. C’est qu’on me la fait pas à moi, je sens le danger arriver ! Mais le tentacule disparut dans un déglutissement assez repoussant et le mec avait maintenant l’air tout à fait normal. Enfin façon de parler, il avait une crispation des lèvres qui lui donnait l’air agressif, gêné et surtout débile. Lui accordant le bénéfice du tout, je considérai ça comme un sourire maladroit. Ses dents étaient toutes jaunes, il avait vraiment un coté « non-humain » dans certains aspect. Mais j’aperçus alors une cane à pêche à ses cotés et compris qu'il était en train de manger un truc qu'il avait attrapé. Un truc avec des tentacules. Je savais pas que les humains pouvaient bouffer des trucs aussi dégoûtant.

      -Euh, non.

      Non, quoi ? Ha oui, ma question. Donc il n’a pas vu le monstre, probablement parce que c’était lui, le monstre, tout simplement ! Le doute continuait de subsister dans mon esprit. Je le détaillais des pieds à la tête, cherchant une faille dans ce déguisement, quand il reprit sa réponse, plus d’une minute après.

      -J’viens de traverser la moitié de l’ile et tu es la premières personne que je croise depuis presque treize heurs que j’ai débarqué dans ce bled, et toi, t'as pas vu un village avec des gens un port et tout ça ?
      -Ba non, justement, il y a personne, le gros monstre terrorisait les villageois alors ils se sont tous barrés. Et le village, il a visiblement été détruit aussi. C’est pour ça qu’un mec courageux comme moi a décidé de lui régler son compte. C’est une affaire d’homme !

      Punaise, je tourne depuis des heures sur cet îlot désert et le seul type que je rencontre est encore plus paumé que moi ! C’est vraiment pas de chance ! Dégouté, je lâchais ma batte contre le tronc d’un arbre et posai mes fesses sur une souche en soupirant. C’est pas vrai, je le trouverai jamais à ce rythme là. Je rejetai ma tête en arrière, cherchant à regarder les nuages, ma chère patrie, mais la cime des arbres m’en empêchait. J’étais bien là haut en fait… Pas d’humains, pas de monstres, pas de soucis, juste des nuages moelleux et du soleil tous les jours. Un seul mec qui nous prend la tête tous les deux cents ans… La belle vie, quoi ! Pas étonnant que les humains, jaloux, aient appelés le ciel « le paradis ».
      Après cet instant de nostalgie, je me relevai et repris mon arme fétiche. Jetant un coup d’œil derrière moi, je fis un signe du menton vers le croque-mort.

      -Hey, ça te dirait pas de venir le chercher avec moi ? Cette île est grande et la main d’œuvre ne court pas les rues. Plus on sera nombreux, plus on aura de chances de le trouver. Si tu as peur, je comprendrai, c’est un gros monstre… Et vu que l’île est déserte, il doit être affamé !

      Héhé, La simple évocation d’un monstre affamé devrait suffire à faire peur à ce simple humain. Les « sans-ailes » sont tous des couards, ils ne cherchent qu’à fuir. Mais peut-être que celui-là était différent, après tout, même s’il ne le savait pas, il marchait depuis des heures sur le territoire de la créature. Et puis, il avait une cane à pêche, ça pourrait m’être utile si les recherches se poursuivaient jusqu’à tard. J’aurais surement faim !

      Je me demandais si Sören et Alphonse allaient bien. Nous étions séparés, ils avaient peut-être trouvé la bestiole avant moi, ils l’avaient peut-être vaincu sans moi ! Ca, ils avaient pas intérêt…
        Le type avait tout d’abord affiché un air suspicieux, Sam ne voyait pas bien pourquoi, Sam n'était qu'un type assis dans la jungle en train de manger!
        L’arrivant avait d'ailleur fixé son attention le plat, faut croire que le gars n’avait probablement jamais mangé de poulpe à voir l’expression de dégoût affichée sur son visage. Il fit une sale grimace lorsque Sam avala sa bouchée, ce bonhomme ne savait pas ce qu’il ratait.
        La préparation du poulpe vinaigrette aux petits légumes, il faut savoir que c’est plus qu’un art, c’est un culte.
        Faut pas croire que c’est simple, d’abord faut attendrir la viande, et puis y’a la marinade, la farce, la cuisson qui doit être impeccable, la vinaigrette et puis la découpe, qui doit êtres précise et franche, la cisaille des légumes, enfin bref, c’est du boulot ! Mais bon, certains ne savent pas ce qui est bon.

        Le gars habillé en rouge et noir continuait à toiser Sam de haut en bas.

        *Qu’est ce qu’il y à, j’ai une feuille de salade coincée entre les dents ?*

        Il avait gardé la main crispée sur sa batte, vu que Sammy n’avait vu aucun terrain de baseball dans le quartier, il jugea plus prudent de glisser une main dans sa poche, près d’un ou deux couteaux.

        -Ba non, justement, il y a personne, le gros monstre terrorisait les villageois alors ils se sont tous barrés. Et le village, il a visiblement été détruit aussi. C’est pour ça qu’un mec courageux comme moi a décidé de lui régler son compte. C’est une affaire d’homme !
        Déclama t'il.


        Un monstre ? Qu’est ce que c’était que cette histoire ? Mis à part le peigne-zizi de la plage, deux mouette et un ragondin, il n’avait rencontré rien ni personne qui puisse s’apparenter de près ou de loin à un quelconque monstre. Sam vit alors le type lâcher sa batte et se poser les fesses sur une souche, il avait vraiment l’air dégouté et levait les yeux au ciel. Mince alors ! C’est maintenant que le gars lui tournait quasiment le dos en marmonnant on ne sait quoi que Sam remarqua une paire d’ailes d’un blanc immaculé dans son dos ! Bon sang, un ange! C’est la première fois que Sam en voyait un. Bah, en vrai, passé la surprise, il était un peu déçu, il en avait une autre image en tête, un truc plus prestigieux en fait. Finalement il n’était pas si différent de lui.
        En attendant, pas de village et pas d’habitants, ça allait être coton pour se barrer d’ici.

        -Hey, ça te dirait pas de venir le chercher avec moi ? Cette île est grande et la main d’œuvre ne court pas les rues. Plus on sera nombreux, plus on aura de chances de le trouver. Si tu as peur, je comprendrai, c’est un gros monstre… Et vu que l’île est déserte, il doit être affamé !

        Sam fut tiré de ses pensées!

        *Dedjieu!!!*


        Manquait pas d’air le gonze, Sam avoir peur ? Manquerait plus que ça, qu’un grand Duduch emplumé du dos se taper avec une affreuse bestiole pleine de crocs et pas lui !
        Sam se redressa d’un bon, le sang bouillonnant à l’intérieur mais, impassible à l’extérieur puis ramassa sa canne à pêche. En fait, le céleste venait juste de lui expliquer qu’il aurait probablement les foies s’il l’accompagnait, c’était pourtant largement à sa portée.
        Il n’avait jamais rencontré de monstre, c'était l'occasion et, petit bonus, l’énergumène représentait peut être sa seule chance de quitter cette ile avant un moment ! Bien sur qu'il fallait l'accompagner, surtout s'il y avait du danger!
        Ceci dit, l’insulte à son courage ne pouvait rester impunie, un défi en valait un autre, ailes ou pas ailes, et Sam pensait avoir trouvé un défi à la hauteur du préjudice :

        -Même pas peur des grosses bestioles affamées l’Ange, j'veux bien te montrer que j'suis pas un froussard! Si j'vois un monstre, un croco géant plein de piquants, j'le transforme en sashimi, mais m’est avis que tu ne devrais pas partir à la chasse au dinosaure l’estomac vide…

        Sam avança de trois pas et tendit à l’ange la boite de bambou ou trois magnifiques tentacules trônaient, préparés sauce wazabi maison.

        Vas y, finis, moi j’ai déjà bien mangé, à moins que t’aies… Peur...?
          Pfff. Peur, moi ? Déjà, partons du principe que je n’ai peur de rien (à part de la foudre et des démons), donc c’est certainement pas de la nourriture qui va m’effrayer ! J’ai même affronté une vache avant hier ! Et il espère que je vais reculer face à son bol de… de… putain, mais c’est quoi ce truc ? D’un coup de baguette, je pris un morceau et me rendis compte que c’était mou, visqueux et que ca gigotait quand on bougeait. Il bouffait ça, lui ? Je le portai à mes narines et sentit uniquement un parfum acide de vinaigrette. Mouais… En le regardant de plus près, je vis des petites ventouses collées et eut un mouvement de recul.

          A Skypiea, il n’y avait pas d’eau, donc pas de poissons, ni de coquillages et encore moins de mollusques. Alors me retrouver avec ça devant moi, je vous raconte pas. Ca ne rentrait même pas dans ma définition du « comestible ». Je lui jetai un regard pas rassuré, mais le mec avait l’air sur de lui. Et puis, il venait de le faire après tout. Mais d’un autre coté, il ne semblait pas en pleine forme, il était tout pâle avec des cernes. Je me demandais si ça allait me transformer en croque-mort si j’avalais ce truc. Peut-être que c’était ça que les humains appelaient un fruit du démon ! Ca allait peut-être me filer des superpouvoirs ! Ou me tuer… C’est peut-être pas compatible avec les anges…

          -Peuh… J’ai pas peur… Tu vas voir. Laisse-moi juste un peu de temps pour me concentrer… C’est pas meilleur chaud ? J’ai l’estomac un peu difficile en ce moment et…oh et puis merde !

          Sans me laisser le temps de réfléchir, je mis le truc dans ma bouche, croquai un coup (c’était gluant) et déglutis, écœuré. Je repris rapidement mon souffle et me rendis compte qu’en fait, c’était pas mal. Un peu acide, mais ça avait du goût ! Par contre, je ne me sentais pas particulièrement surpuissant et les objets ne se mettaient pas à bouger selon ma volonté. Dommage… J’en repris un morceau, puis un deuxième et avant de m’en rendre compte, j’avais finit le bol entier. Seul problème, ça arrachait un peu. C’était super épicé et je ne m’en rendis compte qu’après. Essayant de garder ma dignité je pris la direction de la plage d’un pas rapide, lui passant devant.

          -Allez… kofff !! On y va. Theuh !!

          En arrivant vers la plage, je me mis à courir et pris une grande gorgée d’eau de mer. Cela apaisé le feu de mes papilles, mais bon Dieu que c’était dégelasse ! C’était super salé ! J’eus un haut le cœur et recrachai tout l’eau que j’avais dans la bouche. Mais qu’est ce que c’était que cette eau ? Quand je l’achetais, elle était bien meilleure ! Bref, on s’en fout ! Je me remis debout et repartis mine de rien vers le croque-mort.

          -Au fait, moi c’est James ! Bon, ce monstre, on le cherche ou on se lisse les plumes ?

          Je pris la direction de la jungle. On entendait par moment des gros coups sourds et des oiseaux qui s’envolaient paniqués. Ca c’était probablement Alphonse qui essayait de casser des arbres avec son crane. Je me retournai régulièrement pour voir si l’autre ne s’était pas encore fait manger. Après tout, c’était bien possible. En regardant partout autour de moi, je voyais bien quelques bestioles, des serpents, des trucs, mais rien qui ne mérite le nom de monstre. Nous arrivâmes finalement au pied de la montagne qui trônait au centre de l’île. On avait vraiment tout ratissé et rien trouvé, pas une empreinte de 10 mètres, pas une crotte de 60 kilos, pas un passage où tous les arbres sont cassés. Pas de traces du monstre, quoi !

          Devant nous, se tenait l’entrée d’une grande grotte, bien sombre et humide. Ben voilà ! On aurait du y penser avant ! C’était la tanière parfaite pour un truc moche et méchant, ça ! Prenant les devants, je fis signe au dépressif mangeur de poulpe de me suivre. S’il y avait un monstre sur cette île, il était forcément là dedans…
            Bon, Si cet ange aimait le poulpe, il avait forcément du gout! Ou un minimum parce que pour la boisson, y’a mieux que l’eau de mer mais bon, sans doute une différence culturelle.

            -Au fait, moi c’est James ! Bon, ce monstre, on le cherche ou on se lisse les plumes ?

            Sur un ton monocorde, Sam répondit:

            -Bah, bien sûr qu’on le cherche, j’ai jamais ratatiné de monstre alors ça me tente bien. Moi c’est Sam.

            Sam ne laissait jamais une occasion de mettre son courage à l’épreuve car il espérait bien qu’un jour cela le rendrait assez gaillard pour pouvoir soutenir un jour le regard d’une fille... Mais ça c'était pas gagné.

            Allez, allons casser du monstre.

            Sur la piste de la créature, Sam se demendait d’où pouvait bien provenir ces coups sourd qu’il entendait régulièrement. En attendant, ils continuaient à crapahuter dans la foret, observant les alentours, mais toujours rien qui puisse passer pour un monstre. Par contre, la chaleur devenait suffocante, Sam (qui n’est pas du tout dépressif au détail, il à juste un petit peu de mal à extérioriser ses émotions) transpirait à grosse gouttes et suffocait sous sa gabardine noire.
            A force d’exploration dans la jungle, James et lui finirent par arriver au pied d’un montage, au centre de l’ile et comme souvent au pied d'un montagne, il y avait une gigantesque caverne. James en regarda l’entrée en faisant signe à Sam de le suivre à l’intérieur.
            La grotte empestait le renfermé mouillé. Avec un peu de chance, Sam pourrait y trouver quelques champignons rares pour cuisiner de la seiche.

            Juste avant d'entrer, Sam attrapa l'ange par le bras:

            -Attends, j’ai beau avoir une bonne vue, on ne verra rien sans lumière.

            Sam ramassa un bout de bois sec et sorti de son sac un petit pot de terre, puis il enduit le bâton avec la pâte verte qu’il contenait, la pâte semblait presque fumer.

            C’est une préparation spéciale, « Wazabi » extra fort et « Piment Oiseau ».T’as gouté tout a l’heure, y’en avait une pointe dans mon plat.

            Sam attrapa sa machette dans la doublure de sa redingote et en frappa le dos sur une pierre à proximité du bâton. Grace à l’étincelle produite, le bout de bois s’enflamma instantanément. Sam passa la torche à James et commença alors à se déshabiller. James le regardait éberlué,comme une poule qui aurait trouvé un couteau, James trouvait le croque mort de plus en plus bizarre. Au bout d’un petit moment Sam se sentit obligé de se justifier.

            Bah, c’est que j’ai pas envie de salir mes vêtements c’est super humide là dedans, ça doit être tout boueux et si on rencontre ton monstre,je vais pourrir mes fringues. En plus je crêve de chaud.

            Sam plia méticuleusement ses vêtements à l’entrée de la grotte, ne gardant qu’un caleçon noir et ses bottes dans lesquels il glissa une multitude de couteaux, puis récupéra sa machette et sa canne à pêche.

            J’passe devant.

            Ils entrèrent dans la grotte. Sam se sentait bien mieux débarrassé des ses vêtements. Au moins la température devenait supportable. Ils progressaient à pas lents et bientôt, la lumière de l’entrée s’effaça au détour d’un virage.
            Après quelques minutes, Sam s'arrêta net :

            Chut, j’crois que j’ai entendu un bruit…
              Sam eut la bonne initiative de créer du feu à partir d’une pâte bizarre. Apparemment, il m’en avait fait bouffer un peu dans son bol tout à l’heure. Tu m’étonnes que j’avais la bouche en feu, après ! Vu comment ça s’est enflammé facilement, c’était du costaud quand même. La torche nous permettait de nous éclairer facilement dans la grande grotte. Ces humains étaient assez ingénieux finalement, ils avaient inventé un moyen de faire du feu sans pyro-dial ! Quand on est pas en haut de l’échelle, ben on s’adapte, que voulez-vous ! Il me tendit la torche et j’allai m’aventurer dans la cavité mais Sam (il avait dit s’appeler ainsi) s’arrêta immédiatement. A ma grande surprise, il commença à se déshabiller.

              Il m’inquiétait de plus en plus ce type ! Il espérait quand même pas que… Enfin déjà c’est pas un ange, mais en plus, c’est un mec, et en plus c’est pas le moment, et en plus il fait chaud, et en plus... et en plus... JE VEUX PAS !!! Je fis un pas en arrière.

              -Mais putain, qu’est ce que tu … ?!?!
              -Bah, c’est que j’ai pas envie de salir mes vêtements c’est super humide là dedans, ça doit être tout boueux et si on rencontre ton monstre, je vais pourrir mes fringues. En plus je crêve de chaud.


              Non mais franchement, ca ressemble à quoi ça ? Des aventuriers qui explorent une grotte, probablement habitée par un terrible monstre, et l’un deux se balade en caleçon ! Heureusement que personne ne nous voyait…. Je remarquai qu’il avait de nombreux couteaux cachés dans ses bottes. Enfin quand il avait des vêtements par dessus, ils étaient cachés. Il passa devant, ce qui m’arrangeait bien car je ne le voulais surtout pas dans mon dos. Il était vraiment bizarre ce type. En plus, une fois dans la grotte, il ne faisait pas chaud, même un peu frais, pour être honnête.

              La grotte était très constituée d’un large couloir et haut de plafond. C’était bon signe, une grande créature pouvait s’y déplacer. Mais par contre, c’était très étrange ! Des morceaux de pierres pointus semblaient tomber du plafond ! Et d’autre sortir du sol, comme une flèche ! Trop bizarre ! Je mis le pied dans une flaque d’eau et lâchai un juron qui me fut répété une bonne dizaine de fois. Je sais pas qui c’était, mais il me rendit mon insulte. Mais à chaque fois, il parlait moins fort, surement intimidé par mon charisme naturel. Il finit par se taire et je décidai de passer l’éponge.

              Chut, j’crois que j’ai entendu un bruit…

              Je tendis l’oreille et, effectivement, il y avait un bruit. Quelque chose qui se brise, des grattements, des mouvements, des coups sourds… Bref, y avait quelque chose devant nous ! Je pris ma batte à la main et accélérai le pas. Il n’allait pas nous échapper ! Au détour d’un virage, je ressentis une vive douleur au front et tombai sur les fesses en me frottant la tête. Surement un maléfice du terrible monstre que je venais d’encaisser avec panache ! Sam me rattrapa rapidement avec la torche et la lumière de la flamme éclaira une grande pierre blanche. Elle était parfaitement lisse, presque ronde et faisait au moins trois mètres de hauteur, pour deux de largeur. C’était d’elle que provenaient les bruits bizarres. Elle était fendue sur une façade et cela bougeait à l’intérieur.

              D’un coup de batte, je cassai un morceau de la pierre, au niveau de la fissure. C’était creux à l’intérieur. Je collai mon œil pour essayer de voir à l’intérieur, mais ce faisant, je bouchais la lumière et, du coup, n’y voyait rien. Je reculai de quelques centimètres en faisant signe à Sam de s’approcher pour m’éclairer. Je vis alors un rond jaune brillant avec un trait noir vertical le barrant.

              -Mais qu’est ce que c’est que ce délire ? Je pige rien ! Hein ? Le rond vient de se fermer et de se rouvrir!

              Avant que je comprenne que l’œil face à moi venait de cligner, un tentacule vert sortit de l’ouverture et m’attrapa par la jambe avant de me soulever en l’air ! Il m’agitait comme un trophée l’enfoiré ! J’avais la tête qui tournait et je pouvais rien faire, j’avais lâché ma batte dans la surprise ! J’essayai de parler, même si les mouvements saccadés ne m’aidaient guères.

              -Pu..u..u..tain..ain..ain ! Sa…a..am ! Fais..Que..ee…lque…ee…e cho…o…se !!!!
                Mais quel Barjo !

                Sam en était resté pétrifié de surprise, ce dingue venait tout bonnement de coller un coup de batte en plein dans l’œil d’un monstre presque dix fois plus gros que lui !
                Le croque mitaine reprit ses esprits, pas question de lui balancer une dague, il risquait de blesser l’ange au passage, il faisait bien trop sombre pour qu’il ajuste correctement son tir. James était en train de se faire secouer comme un prunier.

                -Pu..u..u..tain..ain..ain ! Sa…a..am ! Fais..Que..ee…lque…ee…e cho…o…se !!!!

                Il fallait faire vite ou la bestiole risquait de le broyer ! Sam planta la torche dans le sol, arma sa canne à pêche, ajusta son tir et balança sa ligne en direction de James.
                L’hameçon plombé fila dans l’air à toute berzingue et s’enroula autour de l’autre cheville du beau gosse à plumes, le fil, c’était du 04, une vraie corde à piano, parfait pour pêcher du gros. Sam décolla instantanément du sol, entrainé par la terrible force du tentacule. Il eut le reflex de s’accrocher avec les jambes à une stalagmite qui passait par là, à ce moment, James hurla, agrippé par les deux chevilles, il était en train de faire le grand écart la tête en bas. Sam eu l’impression que son corps se disloquait sous l’effet de la tension et ça ne devait pas être plus rigolo pour James, Il s’agrippait de toutes ses forces à la canne en rembobinant le moulinet tout en étant suspendu au dessus du sol, la course de James avait été stoppée à moins d’un mètre d’un immense bec d’où émanait une odeur pestilentielle. C’était peine perdu le monstre était bien trop puissant, Sam risquait de lâcher d’un moment à l’autre et son nouveau copain allait se faire croquer par une espèce de » pieuvre géante ». Sam percuta soudain :

                -James, ce truc est comme une grosse pieuvre, le bras qui te tient est un héctocotyle, y doit y avoir une espèce de nervure bleu entre les deux grosses ventouses près de ton pied, chatouille la là !

                -Hein, tu veux que je la chatouille ? Mais t’es pas bien ! J’vais me faire boulotter et tu veux que je lui fasse des guili guili ?!

                -Fait ce que j’te dis ! C’est une zone innervée très sensible !

                Le corps de Sam était en feu, chacun de ses membres prêts à céder.
                James tira sur ça jambe pour se rapprocher du tentacule et dans la pénombre aperçue la zone bleutée, il plongea sa main entre les ventouses :

                Guiliguiliguili !

                Le tentacule commença à s’entortiller, James ne lâcha pas le morceau et continuait ses chatouilles, au bout de quelques secondes, n’en pouvant plus, le monstrueux céphalopode lâcha prise, créant un effet lance pierre et James s’envola dans l’autre direction. James réussit à se redresser en l’air et fit un chouette atterrissage juste à côté de sa batte alors que Sam se vautrait lamentablement sur le sol boueux. Il se releva, haletant et gueula :

                Même pas peur tête de poulpe ! Ça va chier pour ta race !

                Sam n’était pas grossier d’habitude mais là, il allait pas se priver.

                James, tu crois qu’on peut l’avoir ?


                  Putain, on peut dire que ça avait été rock & roll ! Je reprenais légèrement mes esprits en regardant la scène devant moi. Je venais d’être ballotté dans tous les sens, j’avais du gratter un tentacule gluant pour me libérer pendant que cet idiot de Sam n’avait rien trouvé de mieux à faire que de m’attraper l’autre jambe et de tirer dans l’autre sens. La douleur avait été si forte que j’avais maintenant l’impression d’avoir couru des kilomètres. Je ne ressentais plus rien à l’entrejambe et la simple idée de marcher me semblait irréaliste. Heureusement, mon talent inné m’a permis d’atterrir sur mes jambes, et à coté de ma batte en prime. Le monstre semblait énervé d’avoir perdu sa proie d’une manière aussi bête.

                  Il fit voler en éclat la pierre blanche qui l’entourait et poussa un cri de rage. Enfin je crois que c’était de la rage. En tout cas c’était bruyant ! Il agitait ses membres flexibles dans tous les sens. Il ressemblait à une grosse fleur, sa tête était entourée de nombreux petits pétales blancs, roses et rouges. Au milieu, il y avait deux gros yeux jaunes et un bec d’au moins deux mètres de largeur. Son corps était une énorme boule recouverte de feuille d’où s’élevaient ces fameux tentacules. Je vis son extrémité arriver droit sur moi et ne réait qu’un quart de seconde avant de me le prendre en pleine tronche. Ça eut pour effet de me rependre mes esprits.

                  -James, tu crois qu’on peut l’avoir ?
                  -Bien sûr qu’on peut, sinon on serait pas venu ! On a bouffé tout à l’heure, alors c’est pas lui va faire la loi !

                  Je me mis à courir vers le monstre en zigzagant entre ses attaques. Lorsque je fus face à lui, je pris une balle dans ma cartouchière, sautai en l’air et frappai la balle directement dans son œil. Il ferma l’œil et se mit à hurler, m’envoyant directement son haleine dans les narines. Bizarre, pour un nouveau né, il ne devrait pas tuer autant. Il n’avait rien mangé de sa vie. Et bah pourtant, je vous assure que si, il puait franchement de la gueule ! Mais son œil allait bien, apparemment, ce ne serait pas aussi simple de le blesser. Je me tournai vers Sam et lui criai :

                  -Sam, essaye de lui immobiliser au moins un de ses bras mou avec ta canne à pêche, j’ai un plan !

                  Ça allait pas être évident, mais il allait falloir que je fasse confiance à ce mec bizarre que je connaissais depuis même pas une heure. Je pris mon élan et je sautai et atterris sur le tentacule le plus près de moi. Assis à califourchon dessus, je tentais de me maintenir agrippé comme je le pouvais, mais s’accrocher à un machin gluant avec une batte dans la main, c’était pas évident et le rodéo n’était pas particulièrement mon point fort. Espérant que Sam avait réussi à immobiliser l’autre tentacule, j’attendis que le monstre se débatte. Il se déplaçait pour essayer d’échapper à l’emprise de Sam et agitait son tentacule dans tous les sens. Lorsqu’il fut pile au bon endroit, je sautai du tentacule, frappai une pierre pointue qui descendait du plafond et atterrit au sol avec grâce et délicatesse. Si on oubliait l’épaisse couche de liquide semblable à de la bave d’escargot qui me recouvrait maintenant, ça allait. Le son que j’entendis dans mon dos me fit savoir que j’avais réussi mon coup.

                  Je me retournai et vit que la pierre était tombé dans l’œil du monstre qui commençait à laisser couler un liquide vert pâle. Une balle rebondissait peut-être, mais là, on l’avait bien niqué. Enfin, façon de parler, un œil en moins, certes, mais il était loin d’être cané l’animal ! Regardant le plafond, je vis qu’il n’y en avait plus d’autres à disposition et que de toute façon, un plan qui marche ne marche jamais deux fois de suite. C’est une règle élémentaire de combat.

                  -Sam, si t’as une idée n’hésites pas...
                    -Sam, essaye de lui immobiliser au moins un de ses bras mou avec ta canne à pêche, j’ai un plan !

                    *Sam réveille toi mon pote*

                    Encore sous le coup de l’effort qu’il avait du fournir pour retenir James, il lui fallait cependant réagir immédiatement. Pendant que James esquivait les attaques du premier tentacule, Sam faisait de même avec le second, il fallu qu’il sprinte sur vingt mètres, pour récupérer sa canne à pêche. Il se servit de son élan pour optimiser la portée du lancer et dans un mouvement circulaire projeta sa ligne droit vers la bestiole. L’hameçon lesté fila pour s’enrouler autour du gigantesque appendice, et avant qu’il n’atteigne son but, Sam avait noué l’autre extrémité du fil à un gros stalagmite.
                    Le tentacule se figea dans l’air, entravé dans sa course par le fil à peine à un mètre de la tête de l’ange qui était en train de jouer à saute mouton sur l’autre bras de la créature. Aussitôt après, Sam envoya une volée de lames dans l’autre tentacule, ce qui n’eu que peu d’effet, les couteaux se plantèrent mollement dans la chaire grise. Au moins James aurait un outil tranchant à sa portée maintenant.

                    -Vas y, fait ton truc !

                    L’horrible fleur tentaculaire émit des borborygmes affreux qui résonnairent dans toute la caverne quand le stalactite décroché par James s’écrasa au milieu de la masse gélatineuse. Cette fois ils allaient pouvoir montrer à « monsieur le monstre qui pue » qu'il fallait pas chauffer un ange et un croque mort !

                    -Sam, si t’as une idée n’hésites pas...

                    Oui il en avait une mais il n’était pas bien sur qu’elle soit bonne. Qu’importe, il était hors de question qu’un ange se montre plus courageux que lui !

                    Sam revint sur ses pas et s'approcha du fil toujours tendu à bloc, l’agrippa avec les dents et le sectionna d'un coup de machette. Sam fut immédiatement propulsé au dessus du monstre. Il serra le fil de toutes ses forces, mordant à s’en briser la mâchoire et brandissant son coupe-coupe à deux mains. Lors qu’il fut au dessus du monstroplante, Sam balança sa machette en direction de l’autre œil. il croisa James, toujours à califourchon sur son tentacule.
                    Ouais touché ! La machette avait filée comme une trombe pour s'écraser dans l'amas de chair, il était quasiment sur d'avoir touché l'autre œil.
                    Un geyser de morve verdâtre érupta recouvrant Sam des pieds à la tête, il se dit bêtement qu’il avait bien fait de quitter ses fringues. Sam tenta de se redresser mais le tentacule l'avait projeté à toute vitesse, il alla s’encastrer dans la paroi de roche, il cru que tous ses os explosaient, il n'avait jamais pris une telle mornifle. Il retomba violement sur le sol, le choc avait été d’une telle puissance que Sam cru perdre conscience. Il ne sentait plus qu’une douleur aigue dans tout son corps et son visage était couvert de sang.
                    Au moins il n’avait pas été ridicule mais, il était dans un état pitoyable. Il eut tout de même assez de force pour dire :

                    Euh…. James…. J’ai… pas d’autre idée là…
                    Frappes... le au... cœur.


                    Dernière édition par Sam Sylvius le Sam 7 Juil 2012 - 23:29, édité 1 fois
                      Complètement malade ce croque-mort ! A ce rythme, il allait effectivement mordre la mort à pleine dent ! Quelle idée de jouer Tarzan avec du fil de pèche entre les dents. C’était un coup à se faire de vilaines plaies au niveau de la gencive et c’était très douloureux ! Bon, certes, il avait réussi à s’envoler au dessus du monstre et à lui balancer une lame aiguisée au niveau de son œil restant, mais est-ce que ça valait vraiment le coup de risquer de se choper un vilain aphte ? Je ne le crois pas. Surtout si c’est pour se faire envoyer valser droit dans le mur après. Sam avait été propulsé comme une balle dans la roche et s’était éclaté comme une bouse un peu trop fraîche. Je vis son sang sur son visage et en déduisis qu’il n’était pas en train de faire emblant. En gros j’allais devoir finir tout ça tout seul.

                      Au moins, il avait les deux yeux explosés, cela risquait de me faciliter la tâche. Encore fallait-il que je trouve un moyen de l’achever parce que la perte de la vue n’avait eu l’air que de l’énerver un peu plus. En le regardant comme ça, agiter les tentacules dans tous les sens, péter toutes les pierres qui dépassaient du sol et du plafond et émettre ce cri suraigu, il ne semblait pas franchement affaibli le bestiau ! J’aurais même plutôt dit qu’il était furax ! Je pris ma batte et m’élançai sans attendre. J’allais pas me faire emmerder par un bébé truc qui se bouffe, quand même !

                      -Viens là saloperie !

                      Et BIM, un coup de tentacule dans la gueule ! Quand on affronte un ennemi aveugle, on évite de parler, sinon il sait quand même où on se trouve. Je me relevai péniblement et repris ma charge, en évitant de parler. Le simple bruit de mes pas suffisait à donner des renseignements au monstre et je dus éviter de nombreux coups donnés de manière approximative. J’en ai esquivé deux ou trois, mais il y en a un qui a finit par s’écraser sur mon pied, m’arrachant un cri de douleur. Je mis mes mains devant la bouche pour retenir le cri, mais le mal était fait. Si l’haleine du monstre manqua de me faire tourner de l’œil, le choc y parvint. Je me retrouvai à terre, dans la boue et j’étais certain qu’il m’avait retourné un ongle d’orteil, ce con. Ça me faisait un mal de chien !

                      Je me remis debout tout doucement et me mis à marcher lentement, faisant le moins de bruit possible. En fait, c’était tout con ! Il suffisait de marcher, sans se presser, du coup il ne m’entendait pas et ignorait où j’étais. Lorsque je fus à quelques centimètres de lui, je ne pus m’empêcher de lui faire des grimaces pour me foutre de sa gueule, c’était tellement facile. Je pris ma batte, la retournai et la levai au dessus de la tête du poulpe vert et feuillu. Avec une impulsion de violence, de sadisme et de vengeance mêlés, j’enfonçais le manche de ma batte dans la gorge du monstre. Je sentis une résistance pendant quelques instants, mais avec un peu d’huile de coude, je parvins à l’enfoncer dans... je sais pas trop, en tout ça a saigné, c’était le principal. Du liquide verdâtre se mit à couler de sa bouche, et après ça, il gueulait plus.

                      Un bon truc de fait, il pouvait plus me péter les oreilles, mais il pouvait toujours me péter les genoux. Sa rage était entrée dans un stade frénétique. Il commençait à frapper partout, à une cadence extraordinaire pour une bestiole aussi grosse. Ça commençait à sentir le roussi, surtout avec Sam qui se prenait pour un phénoglyphe encastré dans la caverne. Je me précipitai vers lui et l’extirpai péniblement de son sarcophage de pierre. Je le mis sur mon épaule et le bloquai avec mon aile pour pas qu’il glisse et me précipitai vers la sortie. Le monstre continuait à frapper partout dans sa folie. On m’avait prévenu qu’un animal blessé pouvait réagir violemment m’enfin là quand même... Il pétait carrément son câble, là !

                      -Rooo mais ta gueule ! Crève !

                      Me retournant, je pris ma batte et mes balles et en envoyai des dizaines en visant toutes les colonnes de la caverne. Plusieurs se brisèrent sous l’impact des balles, d’autre furent réduites en poussières par le monstre. Résultat, après quelques instants, le toit de la caverne se mit à trembler, des petits morceaux commencèrent à se détacher. Au moment où on sortait, la caverne s’effondra totalement. Alors, là, s’il était pas crevé, je savais plus quoi faire ! Le seul problème, c’est que ça allait devenir coton pour récupérer le corps et prouver qu’on avait bien buté ce truc. En même temps, qui pourrait douter que moi, James Fermal, ange talentueux, charismatique et très puissant aurait pu échouer face à une bestiole débile ?

                      Je posai Sam dans l’herbe parce que j’en avais marre de le porter et regardai l’entrée de la grotte. Ce n’était plus qu’un tas de pierre à travers desquels s’écoulait le sang vert du monstre. Pas de doute, il était niqué. Je fis un sourire à Sam et lui tendit la main pour qu’il claque dedans. Je savais pas si les humains avaient ce code de congratulation aussi et je me mis à craindre de me manger un gros vent...
                        Il y avait d’abord eu le choc puis plus rien pendant un temps, puis le fracas de l’effondrement de la caverne l’avait fait reprendre conscience mais il était trop faible. Il avait alors senti James le charger sur ses épaules puis plus rien à nouveau. Quand Sam émergea, il reposait dan l’herbe tiède, il n’y avait plus que le bruit des oiseaux. Il se redressa et regarda la caverne dont l’entrée était à présent bouchée. Une espèce de liquide verdâtre suintait de l’éboulis. La bestiole avait son compte. Tout près de lui James le regardait, il semblait plutôt en forme malgré tous les gnons qu’il avait encaissé. Les anges qui vous sauvent la vie, c’est dans les contes de fée normalement ?

                        James était probablement aux anges ce que Sam était à l’humour, ou tout du moins cet ange ci était bien loin de ce qu’il avait imaginé. Par contre, ce type avait du cran, et il était balaise en plus.
                        James tendit la main à Sam en souriant et après un cout instant, Sam fit de même.

                        "Clap !"

                        Sam toujours assis dans l’herbe se releva péniblement, il devait avoir plusieurs cotes fêlées et il n’était pas pressé de voir sa tête dans un miroir.

                        Koff ! Koff ! On l’a eu finalement ! C’était un chouette travail d’équipe. Koff ! Koff !

                        Si Sam était vraiment amoché, à l’intérieur, il se sentait pourtant étrangement bien dans ses bottes. Il regarda James dans les yeux et se fendit d’un vrai sourire, qui ne dura qu’une seconde certes, mais un sourire quand même.
                        Sam se retourna vers la grotte.

                        Merde, j’avais laissé mes fringues à l’entrée de la grotte, et y’a plus d’entrée… Chuis bon pour rentrer en caleçon, j’vais chopper un méga coup de soleil.

                        Sam se gratta la tête.

                        Alors, on fait quoi maintenant ?
                          Une fois débarrassé de cette créature, la pression était retombée et je me sentais crevé. Je m’assis dans l’herbe à coté de Sam qui n’avait pas l’air en forme. Il toussait et faisait la gueule chaque fois qu’il essayait de faire un mouvement. Faut dire qu’il avait bien mangé quand même. Pour un humain, il en avait dans le caleçon. Même s’il était bizarre, il était plutôt sympa finalement et s’il n’avait pas été là pour se manger les coups à ma place, je m’en serais surement pas sorti avec un état aussi agréable. Ce serait peut-être moi qui aurais valsé dans le mur. Il m’avait claqué la main et avait souri, pour la première fois depuis que je l’avais croisé. Finalement, il n’était pas si effrayant. Juste un petit peu laid et glauque, mais pas méchant pour un sou. De toute façon, qui pourrait avoir peur d’un mec blessé en caleçon sur l’herbe d’une île abandonnée ? Ce dernier s’était plein de cela d’ailleurs, car ses vêtements étaient restés à l’intérieur de la grotte effondrée et il n’avait rien d’autre à se mettre.

                          -Ben t’as qu’à venir avec moi ! T’es plutôt utile en combat et tes bras ne nous seraient pas de trop pour capturer des mecs qui valent plein de sous ! On est des chasseurs de primes, on tabasse des mecs qui ont leur tête sur un papier jaune et en échange, les marins nous donnent de l’argent ! C’est vraiment cool comme métier ! Attends !

                          Je mis mes doigts entre mes lèvres et me mit à siffler le plus fort que je pouvais. Des oiseaux proches de nous s’envolèrent et on se mit à entendre des bruits sourds qui se rapprochaient rapidement. Après quelques instants, Alphonse déboula en frappant tous les arbres qui se trouvaient sur son chemin. Les plus frêles s’écrasaient au sol, déracinés par l’impact ou cassés net au milieu du tronc. Il avait une grosse tâche de sang au milieu du front mais j’étais persuadé qu’il ne s’était pas battu. Ce grand malade aimait renforcer sa résistance frontale et frappait tout ce qu’il trouvait d’un violent coup de boule. Il avait probablement essayé sur quelque chose de trop solide. Cette fâcheuse manie avait des répercussions sur son intelligence qui régressait perpétuellement.

                          -Lui, c’est Alphonse. Il est notre charpentier et aidera à fabriquer un bateau quand on en aura un.

                          Quelques instants plus tard, Sören arriva en marchant tranquillement, Morgan sur son épaule. Visiblement, il n’avait rien trouvé non plus. A moins qu’il n’ai fait complètement autre chose. Qui sait ?

                          -Et lui c’est Sören, il aime les chats, il aime chanter et il perd tout notre pognon !

                          Je lui reprochais encore d’avoir dilapidé notre butin en l’offrant à un paysan soit disant plus méritant. Et au final, on s’était pas fait une thune avec tout le mal qu’on s’était donné. Je ne lui en voulais pas vraiment, mais j’aimais lui faire des petites piqures de rappel. Voilà, notre petite troupe était au complet. Si Sam nous rejoignait, on serait alors quatre. Je le regardais et une fois que les présentations respectives furent faîtes, j’attendis sa réponse. Il avait une canne à pêche et savait préparer les prises qui venaient de la mer. Ce serait une excellente nouvelle de ne plus devoir bouffer les trucs que Sören récupérait au détour d’une ruelle et qui avait passé sa date de consommation depuis longtemps.

                          Je me dis alors que je pouvais toujours lui piquer sa canne s’il refusait. De toute façon, dans l’état où il était, il ne pourrait pas me poursuivre, mais j’aurais tout de même préféré avoir une nouvelle tête dans l’équipe. Ça aurait été plus sympa. Et puis, s'il venait avec nous, on pourrait peut-être essayer de le soigner, ça pouvait toujours être utile. Parce que moi, je sais pas réparé un humain tout cassé. Un ange non plus d'ailleurs...

                            -Ben t’as qu’à venir avec moi ! T’es plutôt utile en combat et tes bras ne nous seraient pas de trop pour capturer des mecs qui valent plein de sous ! On est des chasseurs de primes, on tabasse des mecs qui ont leur tête sur un papier jaune et en échange, les marins nous donnent de l’argent ! C’est vraiment cool comme métier ! Attends !

                            James siffla et quelques minutes après, une espèce de monstre au front ensanglanté apparu, sortant de la jungle. Celui la nous aurait probablement filé un sacré coup de main dans la grotte, il paraissait vraiment très fort, en revanche, il avait une bonne tête d’abruti et il était certain que ce type ne brillait pas par sa finesse d’esprit.

                            -Lui, c’est Alphonse. Il est notre charpentier et aidera à fabriquer un bateau quand on en aura un.

                            Puis après quelques minutes de plus, apparut un type habillé comme un vagabond, un chat roux sur l’épaule. A priori, cela faisait quelques semaines qu’il n’avait pas prit un bain.


                            -Et lui c’est Sören, il aime les chats, il aime chanter et il perd tout notre pognon !


                            A priori, il semblait que James en voulait à Sören pour une sombre histoire d’argent.
                            En résumé, Sam avait devant lui un ange mégalomane, une brute épaisse pas bien finaude et un clochard trop généreux pour garder l’argent qu’on lui confie. Sam n’esquissa pas l’ombre d’une expression face à la brochette d’hurluberlus qui lui avait été présentée mais n’en pensait pas moins, au fond, ces types étaient comme lui, différents, et qu’on lui propose à lui, Sam l’asocial névrosé, de rejoindre une telle équipe était plus qu’une aubaine, c’était l’équipe parfaite pour lui.


                            -Je suis chasseur de prime aussi, c’est mon métier depuis un an. Si vous voulez de moi, j’peux m’occuper de la popotte, mais je vous préviens, chuis pas très doué pour les relations sociales…

                            Sören faisait un câlin à son chat, Alphonse regardait les petits oiseaux dans un arbre, James avait l’air crevé, il était assis dans l’herbe à coté de lui. Sam se releva comme il pouvait, récupéra sa canne à pêche et regarda l’ange. Quelque chose lui disait que cette rencontre cachait probablement un lot de galères inimaginables, mais que l’aventure serait au rendez vous et que les rencontres avec d’autres types bizarres allaient certainement s’enchainer.

                            -Alors, on y va ?