(Deux semaines plus tôt, juste avant le départ en mer des Sea Wolfs...)
Seul dans mon bureau, je m'attelle avec ferveur à faire le grand ménage avant de prendre la mer. Entendez par là que je fais un tri drastique dans la tonne de paperasse qui s'est entassée au fil des jours. Sifflotant une marche militaire avec enthousiasme, je répartie les monticules de rapports dans deux cartons distincts.
Les rapports en retards ainsi que les plaintes et autres blâmes se retrouve dans celui nommé « poubelle », qui sera irrémédiablement déchiqueter sans pitié. Les fiches de renseignements, les notes de frais impayées et les dossiers de chantages vont dans celle marquée du symbole des Sea Wolfs.
Autour de moi flotte une agréable odeur d'aventure ! Bientôt je vais pouvoir reprendre la chasse avec mes chiens de guerres. C'est donc tout naturel que je sois d'excellente humeur, ceci malgré l'intervention de ce Jack Sparrow moins d'une heure plus tôt. Reste quelques détails... mais lesquels déjà ?... Une histoire de vivres... à moins que ça ne soit de recrues... Bah ! J'ai autre chose à penser alors je vais pas m'emmerder pour autant.
Mais alors que je viens de vider sans ménagement mon dernier tiroir au-dessus de la poubelle, voilà qu'une étrange pitchounette viens se foutre devant moi sans ménagement. Je ne suis nullement intrigué par son allure débraillée ni même le ton qu'elle ose employé avec moi. Mes hommes ayant les mêmes attitudes, quoique légèrement teinté de crainte en général. Celle-là non. Bien au contraire, elle semble ici chez elle. Putain mais oui ! Ça doit être cette emmerdeuse que tous les officiers se refilent ! Comme aucun d'entre eux n'a réussi à la mater, ils espèrent s'en débarrasser dans mon équipage. Quelle bande de tarlouzes ! En tout cas, aux vues de son dossier je ne risque pas de m'ennuyer avec elle ! Voilà qui pourrait être amusant.
« Tiens moi ça la mouflette. »
Avant qu'elle n'ai le temps de parler, je lui fous dans les bras une pile de paperasse inutile tandis que je soulève d'une main mon bureau afin d'en inspecter le dessous. Une fois assuré que je n'oublie rien de compromettant, je la lui reprends des mains avant de tout bazarder à la poubelle encore une fois.
Prenant une seconde de tranquillité je me vautre dans mon ancien fauteuil, croisant les pieds sur mon bureau vide. Un cigarillos à la bouche, je lui lance une provocation avec autant de mépris que j'en suis capable.
« Lin Ayzami... T'es une sacré chieuse en plus d'être une incompétente d'après tes supérieurs. Pour être franc j'ai rien contre une gonzesse dans mon équipage, mais à condition qu'elle sache faire autre chose que la vaisselle. T'as l'air d'avoir un minimum de cran, mais si c'est pour te voir chialer ou te péter un ongle à la première occaz'... j'te l'dis tout de suite ça va pas le faire. T'as quoi à répondre à ça la mouflette ? »
Tandis que sa poitrine se gonfle sous le coup de la colère pour lancer une tirade pleine de verve, je l'interrompe encore une fois, la malmenant au maximum par ma voix autoritaire. Je veux la pousser à bout. Voir dans quel bois elle est réellement faite ! Ma mine sévère cache parfaitement la joie qui m'habite à la taquiner.
« Voilà ce qu'on va faire la pisseuse. Si t'arrives à m'enlever mon cigarillos des lèvres, j'te prends à mon bord. Sinon tu peux toujours retourner jouer à la poupée avec ces lopettes de la base. Et puis merde dépêche-toi, j'ai pas que ça à foutre. »