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[FB] Alors c'est ça ... la puissance de la Marine

    « On ne va pas tarder à arriver ! »

    Ouvrant à peine un œil, je venais de passer une semaine dans le navire, j’avais dormis sans doute plus de la moitié du voyage, je ne m’occupais de rien, je ne faisais de rien, après tout, il y avait déjà un équipage au complet pour se charger de tout. Nous n’avions que très peu de choses à faire : regarder, manger et dormir. Certes, j’avoue qu’au début j’étais tellement tendu que je ne parvenais pas à aller dormir, mais je m’allongeais sur le ponton, les bras et jambes écartés, observant le ciel. Je devais bien avouer n’avoir rien à laisser sur les blues, ni femme, ni enfant, ni maison, ni dette, je n’avais rien qui m’y attachait, rien ne m’appartenant. Je n’étais qu’un Marine, je ne vivais qu’à travers cela, et à travers les idéaux auxquels je ne parvenais à donner vie pour l’instant, pour cause de mon peu d’influence.

    Mon esprit était toujours occupé par cette mer, calme, morte, où on voyait au loin des formes hideuses et terrifiantes des Rois des mers, repoussés par la nature de notre coque, je ne comprenais pas, je ne pouvais pas concevoir une mer sans même un vent, un courant. Et pourtant, c’était bien le cas sur Calm Belt, nous avons mis quelques jours à traverser cette mer, et j’étais resté sur le pont tout ce temps, à observer, à chercher le moindre nuage, la moindre intempérie, le moindre clapotis d’une vague sur la coque. Mais il n’y avait rien, le vide. Et depuis, je n’étais sorti de mes quartiers que pour faire le peur d’ablutions qui était possible sur un bateau, je me sentais puant, j’avais des irritations à diverses parties de mon corps tant je me démangeais de manière obsessionnelle. Je me frottais aussi tellement souvent avec des sels odorants que j’avais pris avec moi que cela abîmait ma peau, mais je ne pouvais pas faire autrement, j’avais un besoin d’être propre, d’être parfait, et même mes vêtements me révulsaient actuellement, mais je ne pouvais rien mettre d’autre. Après tout, de tout de façon, rien n’était vraiment propre sur ce navire, cela ne pouvait qu’aller comme cela.

    J’avais beau me convaincre, je me grattais à nouveau, observant mes ongles et observant du sang sous mes ongles, je devais fou sur ce navire, mais enfin ma libération allait être pleine, j’allais enfin pouvoir prendre une douche, descendre de ce putain de bateau et me laver, ne plus être enfermé avec les autres marins comme des sardines dans une conserve. J’avais besoin d’un minimum d’espace, et le QG d’East Blue n’avait pas gréé nous le donner, jugeant sans doute qu’il fallait un peu nous renforcer, ou alors l’Ancien m’avait encore servi une petite blague dont il avait le secret. Il en aurait été tout à fait capable, et il savait que ma rancune pour ce genre d’affaire était suffisamment tenace pour que je retraverse tout Grand Line ainsi que les blues pour le retrouver et lui botter le cul.

    M’extrayant de ma banquette une fois le brouhaha de mes compagnons de dortoirs terminé, je me levais, torse nu, affichant un corps assez décharné et couverts de marques rougeâtres aux endroits que je passais mon temps à gratter, et ils étaient nombreux. Je montais de la cale la tête baissée, une main sur mon dos qui semblait grincer rien qu’à devoir monter une dizaine de marches, mes yeux dévoraient les lattes en bois qui me faisaient tant peinés après autant de temps à ne rien faire et à bouffer, j’avais presque l’impression d’être bedonnant alors que c’était tout sauf le cas. Et je l’étais peut-être bien un peu oui.

    Levant légèrement la tête, je me retrouvais face à une sorte de mur, je fus saisis, manquant de dégringoler les escaliers qu’il m’avait fallu tant de temps à monter, je tombais en arrière en me raccrochant par réflexe à une latte plus haut que moi dans mon dos, mes yeux agrandis et exorbités se levant toujours plus, toujours obstrué par la vue de ce mur qui prenait la forme d’une immense tour.

    « Na..Navarone ? »

    Le son avait eu du mal à sortir de ma bouche, comme étranglé, j’étais toujours dangereusement agrippé à une partie de l’escalier, le visage tourné vers le ciel, vers le drapeau de la Marine qui battait au vent à son sommet, je ne pouvais faire que le deviner, car je savais qu’il y était, mais je n’en voyais pas les détails. Ainsi donc, c’était ça Navarone. Cette titanesque tour, violant la pureté du ciel. C’était donc ça la puissance du gouvernement mondial sur Grand Line ? Était-ce vraiment possible ? Pouvais-je vraiment croire ce que j’avais sous les yeux, c’était pourtant hors de ma portée. En tout cas, quand l’Ancien me disait que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre, j’avais la preuve sous les yeux. Je ne connaissais en fait, du haut de mes trente ans, rien de la vie, c’était pitoyable.

    Nous étions tous des nouvelles recrues, couvées par le regard moqueur des membres de l’équipage du navire qui connaissaient bien Navarone alors que l’ombre de la bâtisse nous engloutissait. Alors que je pensais que nous étions proches de la bâtisse, il nous fallut pourtant un temps fou pour rejoindre le port d’attache, impressionnant. Une fois à quai, on nous guida jusqu’à l’intérieur du bâtiment, visiblement, on devait encore rester une journée entière, le temps que les autres Marines arrivent jusque Navarone et que les navires soient affrétés pour le voyage jusque la Gueule de Requin.

    Il nous fut vivement conseillé que l’on profite des installations, si certains voulaient, il y avait même plusieurs hommes détachés dans certaines salles d’armes afin que l’on puisse se dérouiller un peu après un voyage pareil. Directement, je me dirigeais vers ce qu’ils appelaient leur stand de tir, j’étais, comment dire, le premier sur les lieux, après bien sûr l’homme au centre de la pièce, munis d’un fusil d’une longueur assez dantesque, lui-même faisait plus ou moins ma taille, mais non seulement son fusil touchait le sol, mais il le dépassait en plus. Une arme pareille devait avoir un recul monstrueux, ce qui expliquait tout de même la forte musculature de l’homme.

    « Hoï … J’suis un marin d’élite, s’tu veux, on se fait un tripe tous les deux avec des cibles mouvantes. Par contre, c’d’un pitoyable d’avoir qu’un misérable ptit gun comme ça, tu pourrais au moins en avoir un deuxième, stupide bleu. »

    Il ouvrit sa veste, sa main s’engouffrant à l’intérieur, je pouvais voir des ceintures traverser son corps en diagonal, celles-ci remplies de flingues, il devait bien y en avoir une vingtaine sur son torse ainsi que cinq à sa taille. Ce mec était une véritable armurerie, et vu à la vitesse à laquelle il prit son arme pour me la lancer, il savait jongler avec tout cela avec une facilité déconcertante. Saisissant l’arme au vol, je dégainais la mienne, un sourire se dessina sur son visage, il semblait un peu se moquer de mes mouvements peu fluides et quelque peu mal assuré. Il pointa les encoches autant placées dans le plafond que sur les murs, certaines s’ouvrirent, il avait lui aussi deux pistolets dans les mains, et une corde laissa tomber une cible d’un encoche, j’eus à peine le temps de lever le pistolet que déjà sa détonation retentit. Je voyais la cible se faire détruire sous mes yeux, un peu dépité alors qu’il riait visiblement aux éclats face à mon désarroi.

    « J’ai l’impression que les Blues deviennent de plus en plus faibles ! Encore bien que tu n’as jamais eu à te battre sur Grand Line jusqu’à maintenant ! »

    Je serais les mâchoires, encaissant la remarque et la moquerie de l’homme, il fit un nouveau signe et là cinq cibles tombèrent, dans la seconde il parvint à en détruire deux, quant à moi je ne parvins qu’à tirer trois fois, deux fois en touchant la même cible et une fois en loupant de peu la dernière cible qu’il parvint à toucher avant moi. Plusieurs fois des cibles tombèrent, venant de n’importe où, et petit à petit je commençais à toucher de plus en plus de cibles bien qu’il ait toujours largement le dessus sur moi. Je parvenais enfin à tirer en même temps avec les deux pistolets et dans deux directions différentes avec une certaine aisance. Mon partenaire utilisait de plus en plus d’armes au fur et à mesure que les cibles se multipliaient et par moment il en laissait tomber par terre, trop pressé pour reprendre une autre arme. Montrant ainsi qu’il avait un peu plus de mal à imposer son hégémonie et qu’il ne savait pas toujours rengainer avant d’en sortir un autre.

    BANG – BANG - BANG

    La violence de ces trois détonations me prit par surprise. Tout mon être venait de vibrer par la force de frappe qui venait d’être déployée. Me tournant vers l’homme, je voyais le canon encore fumant de son énorme fusil, ainsi que les trois trous qui venaient d’être formé dans le mur, autour de lui il n’y avait que des cadavres de pistolets fumants ainsi que des cartouches, mais d’un côté, il avait eu nonante des cent vingt cibles de la salle d’entraînement, je n’étais parvenu qu’à lui en voler trente.

    Il était tout sourire, me dévisageant comme un bleu qui venait tout de même de lui prouver qu’il pouvait faire quelque chose de sa vie. Il me tendit la main, que je pris avec une certaine surprise, je n’avais pas hésité un seul instant, mais je venais en quelque sorte de participer à un ballet guerrier dont je n’avais jamais pris connaissance avant. Nous étions tous les deux entrés dans une certaine transe, ne portant plus attention qu’à notre concurrent et à nos cibles, j’étais assez impressionné par cet homme, il venait en quelque sorte par la pratique de m’apprendre à ressentir la cible plutôt qu’à la voir. Pourtant il n’avait pas pipé mot, sauf pour lâcher un juron édulcoré quand je parvenais à lui voler une cible. Je venais en quelque sorte d’apprendre sur le tas, c’était une méthode différente de l’Ancien, qui amenait ses recrues jusqu’à la conclusion qu’il souhaitait, il les laissait plus réfléchir, pour qu’au moins ils comprennent ce qu’ils venaient de faire. Ici, je n’avais pas compris, mais tout mon corps l’avait ressenti, et j’espérais pouvoir me resservir de cette transe dans le futur.

    « Rends moi mon pistolet et fonce, à mon avis, ils doivent être sur le départ ! Cours gamin, ne rate pas l’occasion de ta vie ! »

    Je lui lançais son arme qu’il attrapa au vol, et je m’élançais hors de la salle d’entraînement, suivant un flot de personne assez pressé qui se dirigeait vers le port, nous allions tous dans la même direction et sans doute tous avec le même objectif : Rejoindre la garnison du Contre-Amiral KandyZiva. Et à nouveau, c’était reparti pour un voyage en navire. Je n’avais au final même pas eu le temps de me laver et déjà je sentais tout mon corps me démanger, me frottant les mains afin de ne pas me gratter, j’avais le plus grand mal à me concentrer sur autre que mes démangeaisons qui étaient plus psychologiques que réelles.

    Approchant du navire, je pouvais constater qu’il était tout de même assez différent du pitoyable rafiot qui nous avait amené à Navarone depuis East Blue. Ici, il s’agissait d’un véritable navire de guerre, il en imposait, il était bien plus grand déjà, munis de plus de mâts que celui dans lequel j’ai fait la première partie du voyage et surtout, il était beaucoup plus lourdement armé. J’observais les voilures du navire tandis que nous étions répartis sur les différents navires présents, chose faite avec une rigueur militaire assez impressionnante, en même pas une demi-heure tout le monde se trouva avec son paquetage sur le navire qui lui était attribué et déjà quittant le port.

    Je sentais bien que j’étais en réalité à l’aube de ma vie, et ce fait m’impressionnait énormément. A présent je me trouvais envoyé au cœur même de l’action : la Gueule de Requin, afin de récupérer une île qui nous avait été volée par la Révolution.