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Les cigares de la tortue.

La p'tite Marie, elle a toujours rêvé du beau, du grand. Mais vu qu'ici, y'a qu'du sale, du crasseux, l'a jamais trouvé sabot à son pied. Alors forcément, l'est restée seule à s'occuper d'l'auberge d'son fieu père. 'Fin auberge... Un grand mot. Y'a juste plus de tables, plus d'alcools qu'ailleurs. Beaucoup plus en fait. Faut dire aussi qu'ici, les bûcherons, chasseurs, pêcheurs ou éleveurs, z'aiment bien s'rincer le gosier une fois les tâches finies. Bien comme il faut, qu'ils s'rincent le gosier. Y'en a qu'ont bien tenté d'faire du gringue à la p'tite Marie, mais c'toujours par un pied là où il faut qu'elle a répondu.

M'enfin, ça c'tait avant. C'tait le bon temps.

Parc'que d'puis, y'a l'croque mort qu'est arrivé. J'dis « croque mort » rapport à ses frusques, à ses aires d'la ville qu'il se donne. L'prend pas mal hein. C'pas parce qu'il s'frusquait en noir. C'plus des hauts du dimanche, lui. Forcément, ça a pas fait long avant qu'la p'tit Marie s'en amourache. Deux s'condes, p't'être trois. Le temps qu'il sorte ses billets verts. Tant qu'on n'en avait jamais vu dans toute not' vie. L'a dit qu'il avait du travail pour tout le monde. Certains l'ont cru. D'autre, non. Mais on a vite compris qu'il fallait pas l'emmerder, l'croque mort.

Il nous tenait. Il tenait l'île dans sa paume de gars d'la ville.

L'curé, un bon bougre, l'a tenté d'jouer la résistance, mais l'a rien pu faire. Histoire d'fausse propriétée, d'contrat caduque, d'machinchoses qu'des gens comme nous n'comprennent pas et sont obligé d'croire. Alors une bonne partie d'la forêt a étée rasée et certaines barraques ont du être reconstruites ailleurs. Paraitrait qu'la terre est bonne pour la plantation d'tabac. Du coup les pâturages ont poussé à la place des arbres. Pis un grand toit a été construit. Comme j'en avais jamais vu.

Alors on a trimé pour lui. Dans c'qu'il appelle son usine. Fallait bien vivre ! Les bûcherons n'pouvaient plus couper d'arbres, les eleveurs n'avaient plus d'terre pour leurs quelques brebis, …

Ça fait trois printemps maint'nant, et y'en a qu'une qu'a gardé sa place. C'est la p'tit Marie. Avec ses beaux tifs blonds et son minois d'jolie fille, l'a sû s'mettre bien avec le croque mort. Pis la besogne a beau avoir changé, les hommes ont toujours besoin d'se rincer l'gosier quand la nuit tombe.

J'piaille de tout ça, mais ta trogne étrange, elle m'fait penser à un autre truc. Y'en a un qu'est rentré hier. L'monstre comme le clampin moyen l'appelle. L'curé est v'nu à lui, ou l'inverse. Ch'ais plus trop. L'avait l'air perdue, la bête quand elle a vu comment son chez soit était d'venu un chez lui. Vrai qu'ça faisait un moment qu'on avait pas vu sa tête, à c'lui là. L'curé lui a d'mandé comment c'était, la ville. Faut dire qu'y a bien quelques bateaux qui passent, mais pas grand monde ose à s'y risquer. Alors lui, l'monstre, l'a répondu ça :
« La ville, c'est la jungle. L'homme remplace juste l'animal ; le goudron, la pature ».

J'ai beau m'être creusé, j'pas tout compris.

M'enfin, vrai qu'il en impose l'Ishii. L'a beau être aussi moche qu'un cul d'jatte en short, l'a toujours la chose qui laisse un goût étrange dans la bouche quand tu l'vois. Un truc que j'saurais pas expliquer sans t'le montrer. 'Doit être chez l'vieux faux pirate à c't heure. Un vieux lubrique qu'est v'nu s'enterrer ici et qui, quand l'a vidé un ou deux verres de trop, s'met à raconter des exploits qu'on n'saura jamais si c'est vrai ou pas. L'aurait traversé Grand Line, l'aurait vu d'choses incroyables. M'enfin rien n’empêche, quand il dit ça l'soir, on sait qu'on n'le reverra pas ici le lendemain. 'S'ra p't'être à train d'décuver ou d's'occuper d'ses quelques cigares qu'il garde pour lui malgré l'croque mort.

Tiens, j'viens d'le mirer, mais tes yeux s'sont p't'être un peu plus ouverts, quand j'parlé du vieux aussi vieux qu'moi. T'voudrais l'voir ? Faut suivre l'sentier qui quitte l'patelin au nord et longer la rive quand t'arrives en cul d'sac. Si tu t'perds pas entre deux fourrés, t'peux y être en une heure. Quoi ? Tu t'sauves déjà ? Sans dire mot ? Sans m'remercier pour l'verre ? Sont tous drôles, ces gens d'la ville...


Dernière édition par Ishii Môsh le Dim 22 Juil 2012 - 11:21, édité 1 fois
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Alors que j’avançais sur un chemin de terre boueuse, je repensais à ce que m’avait dit le vieux:

-Un croque mort venu faire son bizbi dans un coin paumé et qui avait doucement fait main-basse sur l’île; probablement une pourriture de première.
-Une petite paysanne entichée du nouveau maitre des lieux.
-Un vieux baroudeur pirate qui aurait navigué sur Grand Line ; rien que ça!
-Un indigène monstrueux de retour au pays et qui ne reconnaissait plus son « chez lui »
-Une usine de tabac…

Bref, un cadre et un scénario qui sonnait comme dans une pièce de théâtre à deux berryes.
J’étais sur une île paumée, un endroit pathétique qui tentait de me dépeindre le très classique: « Quand les forts grignotent les faibles ».

Ubura était l’archétype de la zone de non droit, pas de marine, juste une poignée de pauvres types incultes. Chaque bonhomme que j’avais croisé, chaque parcelle de terre, chaque case faite de bric et de broc puait la misère, un tableau digne des grandes fresques coloniales du temps jadis.
De ce que j’en savais, Nobunaga, c’est comme ça que s’appelait le pacha de ce bled, contrôlait tout de « A à Z ». Même le débit de pêche était sous sa coupe, pour ça, il n’avait probablement eu qu’à racheter les quelques embarcations du petit port pour une poignée de billets.
Nobunaga... Je connaissais bien ce genre de type sans foi ni loi, pour eux, qu'importaient les moyens, seul le résultat comptait. Y’avait pas mieux que la misère, la faim et la peur pour tenir des clampins. Tous tenaient à leur famille, ceux qui n'en avaient pas tenaient à leur vie, aussi misérable fut elle.

Heureusement que l’argent déliait un peu les langues. Je n'avais eu qu’à filé quelques billets au vieux bonhomme et j’avais eu droit à un topo en règle de la situation, on avait même du mal à l’arrêter de parler tellement on sentait qu’il en avait gros, le pauvre vieux.

*Allez Sam, c’est pas ton problème.* que j’me disais.

Moi, j’étais qu’un chasseur de primes, on me payait pas pour jouer les redresseurs de torts, mais juste pour comprendre pourquoi un certain « Toshiro Watanabé » ne donnait plus signe de vie depuis six mois. Un marchand de l’ile de Goat m’avait filé une coquette somme pour ramener ce gars et pour cause, des navigateurs capables d’éviter le tourbillon de Goat n’étaient pas légion, et d’après mes informations, c’est bien ici qu’il s’était rendu avant de disparaitre.

Le premier endroit où j’avais décidé de me rendre était l’église, ça n'avait pas été dur de la trouver car des églises, y en avait qu’une, et heureusement parce que j’crois pas que si j’avais demandé ma route, personne n'aurait pas pris le soin de m’indiquer mon chemin.
Dans ce genre d’endroits, on parlait pas trop aux étrangers et les gens d’ici faisaient pas exception, dès que je croisais un pauvre berger avec ses trois biquettes maigrichonnes ou un bouseux maculé de terre avec sa bêche sur l’épaule, les types baissaient la tête et accéléraient le pas.

Un peu à l’exterieur du village, l’église délabrée se tenait debout comme elle pouvait, y’avait rien ni personne autour.
Alors je suis rentré dans l’église, elle était vide et empestait l’encens, un gars en soutane me tournait le dos.

-Voulez vous vous confesser mon Fils ?

Un curé, ça sait toujours plein de choses.

-C’est peut être vous qu’avez des choses à me raconter mon Père… Avais-je répondu sur un ton glacé.

Non pas que je n’avais pas envie d’être sympa, c’est juste que savais parler que comme ça.
Il s’était alors retourné et là, je m'étais dit qu’il devait effectivement en savoir, des choses : l’ecclésiastique avait la tête en quatre épisodes la figure tuméfiée, des points de suture tout frais sur le front et la joue, un œil presque fermé ; j’aurais pu parier le couteau de mon père qu’il lui manquait même une ou deux dents depuis peu. Ce qui était certain, c’est qu’on cognait rarement sur un prêtre sans une bonne raison.

-Vous pouvez partir, j’ai pas changé d’avis, j’signerai pas votre fichu papier ! Si cet espèce de chacal veux mon église, il l’aura par la force, mais je signerai jamais rien de rien ! Vous m’aurez pas comme le vieux Tobby !

Comme à mon habitude et même si ce pauvre curé faisait de la peine, pas moyen que mon visage montre le moindre signe de compassion, je restais comme d’habitude, glacial.

-Ce n’est pas votre église qui m’intéresse, je recherche quelqu’un, un marin, Toshiro qu’il s’appelle, il vient de Goat, ça vous dit rien des fois, il est passé par cette ile avant de disparaitre ?


Le prêtre me regarda un instant de son œil ouvert d’un air suspicieux.

-Pt’etre bin que oui, pt’etre bien que non. Ya beaucoups de choses qui se sont passé ici depuis trois ans, et des gens qu’on disparu sans laisser d’adresse, y’en a quelques uns.

Je glissais ma main dans ma poche, le prêtre eut un mouvement de recul, je sortais alors une petite poignée de billets et les jetais par terre.

-Si vous êtes amnésique, ça pourrait peut être vous aider à vous souvenir d’un détail.

Le curé me regarda avec un air mauvais :

-Vous les gens de l’extérieur, vous pensez que tout s’achète avec une poignée de berryes. Vous êtes bien comme tous les autres.

-J’ai jamais prétendu le contraire. Alors ? Toshiro ?

L’homme de dieu me toisa de haut en bas.

-Oui, j’ai vu un Toshiro, il y a environs six mois de ça, on m'a rapporté qu'il était en affaire avec Nobunaga et partait que ça aurait mal tourné, et puis on l’a plus vu.
Et ramassez votre pognon, si vous voulez vraiment faire quelque chose pour moi, vous avez cas nous débarrasser de cette ordure de Nobunaga…


Un silence de mort plana un instant dans l’église, « un ange passait » comme on dit, mais cet ange, ce n’était pas moi. J’pouvais pas m’occuper de tous les chats perdus d’East Blue. Fallait déjà que je fasse le travaille pour lequel j’étais payé.

*Allez Sam, trace ta route*

Désolé mon Père, j’ai pas le temps pour ça, sitôt que je saurai ou est mon gars, j’mettrai les voiles.


Le curé me lança un regard de dédain, qu’importe, le travail c’est le travail.

-Hmm, m'étonne pas.

Je fis demi-tour et sortis de l’église. Sur le peyron,je restais immobile un instant et me retournais.A mon tour, je toisais le curé des pieds à la tête.

-Admettons que j’vous file un petit coup de main, j’peux pas faire ça tout seul, qui pourrait m’aider ici ?


Après un instant de surprise, le prêtre répondit :

-Y’a bien qu’Ishii qui doit rien à personne ici et qui soit susceptible de vous aider, il est revenu sur l’ile depuis peu.

D’un coup, il paraissait plus détendu, je croyais même avoir perçu une lueur d’espoir sur sa gueule cassée, l'espace d'un instant.
Ishii hein ? Le monstre comme l’avait appelé le vieux, C’était ma prochaine étape. Je descendis les marches de bois sans me retourner et repris le chemin du village, et je pensais :

*Sam, t’es vraiment qu’un con !*



Dernière édition par Sam Sylvius le Mar 31 Juil 2012 - 11:51, édité 1 fois
    P't'être bien qu'au fond, toi, l'lecteur t'en n'as pas un brin à faire, de cette histoire. Mais moi, ça a beau s'être passé il y a maintenant quelques lunes, j'en ai toujours le cœur au bord de la crise quand j'y repense. Ça me retourne le cœur comme s'il se faisait soutirer au milieu d'une barrique de cidre. Le genre de palpite qu'il ne fait pas bon à avoir à mon âge.

    Lorsque le gosse tout frusqué en noir est parti, je me suis demandé ce qu'il venait foutre ses sabots dans le coin. J'ai su bien plus tard. J'ai su qu'il était parti voir le curé, ce bon bougre et qu'il lui avait fait une peur bleu avec sa gueule de croque mort pis qu'le vrai croque mort. Lorsqu'il a tourné les talons, le pauvre curé savait pas s'il devait se réjouir ou s’apeurer de cette venue pas attendue. Faut dire aussi que déjà qu'on avait pas trop de courage devant l'inconnu avant que l'croque mort n'arrive, alors d'puis qu'il avait imposé ses règles de la ville...

    Mais le gosse, j'sais pas trop s'il comprenait tout ça. P't'être bien même que comme vous, l'en avait pas trop grand chose à curer. L'était là pour faire son job et c'est tout. Il donnait cette impression de s’attacher qu'aux bouts de ses sabots et de ne mirer que le petit nez que l'bon Dieu lui avait donné, sans jamais se rendre compte du foutu cadeau que mère Nature nous avait fait sur cette magnifique île. Alors que chaque bon Dieu de péquenots, même le plus ignard et l'aussi bête que le cabot de l'ancien berger Grigri ne pouvait s'empêcher d'admirer cette belle forêt... Bah lui, le gosse de la ville, il a traversé la forêt en gardant cette mine du pauvre guss prêt à partir de l'autre côté.

    Et lorsqu'il est arrivé devant l'monstre d'Ishii, c'est à peine si ses lèvres se sont plus retroussées, si ses yeux se sont plus agrandi. L'Ishii, lui, était venu comprendre ce qu'il se passait, venu acheter quelques cigares et prendre des nouvelles de sa mère. Il avait cru entendre dire qu'elle trimait à l’intérieur d'un machinchosetropcompliqué et qu'seul le vieux faux pirate pourrait lui dire c'qu'il voulait entendre.
    Apparemment, la tension avait monté, et demander des infos sur sa maman était pas de bon ton d'après le Joe Peabody. Ce vieux pirate avait sorti sa vieille dague, Ishii avait montré les dents et dégainé aussi. P't'être bien qu'ils voulaient juste jouer à qui a la plus grosse. Peut être même que si le gosse n'était pas rentré, aucun sang n'aurait été versé.

    Mais le gosse est rentré. Sans frapper. Il a du entendre quelque chose comme :

    « Ca t'regarde pas ! Ta mère pourrait être au fond d'un trou que ça t'regarderait toujours pas ! »

    Alors quand la porte s'est ouverte, et que le gosse a vu deux visages pleins de haine se tourner vers lui, même si sa trogne est restée la même, même si ses lèvres n'ont presque pas bougé, son cœur a dû battre comme pas souvent l'avait du battre.


    Dernière édition par Ishii Môsh le Lun 13 Aoû 2012 - 13:20, édité 1 fois
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    J’ai écumé beaucoup d’endroits sombre et dangereux depuis que je parcours les Blues, j’ai vu de tout et surtout beaucoup d’endroits qui puaient la misère, la putain de misère humaine. Des endroits où des pauvres types affamés vendraient leur môme à un marchand d’esclave pour pas crever de faim, où des hommes se battraient à mort avec leurs frères pour manger un crouton de pain ou parce que ça faisait plaisir au "parrain" du coin.
    J’ai aussi vu des hommes sans foi ni loi faire main basse sur des trous paumés comme ici, qu’ils soient pirates ou lobbyistes, je les ai vu, et pas qu’une fois quand la pauvreté et le désespoir font que les hommes s’abandonnent à la servitude. Je les ai vus distiller le cocktail misère, violence, alcool et faim. L'humanité dans sa splendeur, à bien y réfléchir, je suis certain que j'apprends rien à personne...

    La règle d’or dans ce genre d’endroits, c’est de fermer les yeux. Tout ce qui fait que vous auriez une bonne raison de fourrer votre nez dans ce genre de micmacs, faut l’oublier. Faut pas se mêler de ce genre de choses, ça ne peut que vous attirer que des emmerdes.
    Le seul problème c’est que vu ce que je comprenais de la situation, je commencer à me dire que Toshiro risquait d’être difficile à retrouver en vie.
    Alors autant aller jusqu’ au fond des choses; quitte à se mettre dedans, autant s'y mettre jusqu’au cou.

    Sur le chemin boueux qui me ramenait vers le bourg, j’croisais un morveux qui devait avoir dans les douze ans, il était habillé comme une loque, crasseux au possible et avait la morve au nez. Le môme semblait pas spécialement ravi que je l’interpelle, il semblait même terrorisé.

    -C’est quoi ton nom gamin ?

    Il répondit d’une voix tremblotante.

    -Peter, m’sieur.

    Il faisait peine à voir, ce gosse devait pas manger beaucoup, il puait la peur à plein nez.

    -Alors Peter, je sais que j’ai pas une tête qui rassure mais t’as rien à craindre de moi, j’ai juste une ou deux questions à te poser et après ça, je te laisserai tranquille.

    Peter acquiesça en reniflant.

    -Je cherche un type qui s'appelle Ishii, un grand costaud, un homme poisson à ce qu’on raconte, tu l’aurais pas croisé des fois ?

    Peter répondit oui de la tête.

    -Tu voudrais bien me dire ou il est s’il te plait ?


    Ca faisait une heure que le ciel s’était couvert de nuages noir et la pluie commençait à tomber.

    -J’lai croisé tôt c’matin m’sieur, l’allait vers la fabrique. C’qu’on raconte c’est qu’il cherche sa vieille mère, j’ai entendu mon vieux qu’en causait, j’crois qu’ils à la cabane de Peabody, l’vieux Joe comme qu’y s’fait appeler, y bosse pour l’croc mort, y fait tout un tas d’trucs pour lui, des trucs que j’préfère pas en causer, sauf vot’ respect m’sieur…

    Le gamin resta un instant à me regarder, attendant probablement un geste qui lui aurait permis de savoir s’il avait répondu ce qu’il fallait et comme il fallait. Je fouillai dans ma poche et lui tendis une poignée de berrys.

    - Dis-moi juste où j’peux trouver le Vieux Joe et je disparais.

    Après avoir pris l’argent et m’avoir indiqué le chemin, le gamin avait filé sans demander son reste, j’avais fait de même. La pluie tombait plutôt dru et quelques éclairs commençaient à zébrer un ciel sacrément sombre. Il m’avait fallu deux bonnes heures pour trouver cette cabane, je n’étais pas mécontent de me sortir de ce bourbier, j’étais trempé jusqu’aux os. J’ai collé mon oreille à la porte, ça causait plutôt sec à l’intérieur :

    -Ca t'regarde pas ! Ta mère pourrait être au fond d'un trou que ça t'regarderait toujours pas !

    Alors j’ai ouvert la porte. Deux ombres colossales se faisaient face, chacune armée d’une dague. Je fis un pas dans la pièce. Le plus grand, l’homme poisson était un des types les plus imposants que j’avais jamais croisé, l’autre, un barbu ventripotent, n’avait pas grand-chose à lui envier.
    Au moment où un éclaire illuminala pièce, je pus voir leurs visages déformés par la haine se tourner tournés vers moi. Malgré le flux d’adrénaline, je gardai mon calme et sortit doucement ma machette de sous mon manteau. Je ne sais pas combien de temps on est resté comme ça à se regarder les uns les autres, mais ça m’a semblé durer une éternité. La pièce baignait dans une atmosphère éléctrique. Les choses commençaient à prendre une tournure qui ne me plaisait pas du tout. Je ne ferais probablement pas le poids face à ces deux monstres, j'espérais donc que l'homme poisson se rangerait à mes côtés. Le problème c'est que moi je le connaissais, pas lui.

    Spoiler:
    *La règle d’or Sam, la règle d’or! Tu le savais que t’allais te fourrer dans la mouise, mais t'as préféré te mêler de ce qui ne te regardait pas, t'es qu'un con Sam.*

    Soudain, tout s’accéléra…
      Le Sam. L'aurait pu lever les bras en l'air, l'aurait pu v'nir apaiser la tension qu'était loin d'être faible. Mais non. L'a décidé de sortir une sorte de p'tite lamelle qu'on prendrait presque pour un coupe tout par chez nous. Alors là, deux voix ont volé dans l'air, avant que ce ne soit au tour des épées. De voler.

      _T'es qui toi ?

      La vieille voix abîmée du pirate a surgit au même moment que celle d'Ishii, p't'être un brin plus distincte, plus fracassante, moins burinée par la vie dans la cambrousse.

      Sauf qu'ils z'ont pas attendu de connaître la réponse, trop pressés d'planter leurs lames quelque part. Trop bouffés par la pression qu'était haute à en faire exploser un barrique plein de litrons. Même l'Ishii, pourtant pas du genre à se faire manger comme ça par la peur était aussi tendu qu'une corde à linge. C'était pas beau à voir, ces trois gueules là à se mirer en chien de faïence une demi seconde avant que les coups ne volent.

      L'chiot de Berny qu'arrêtte pas de beugler au nord de l'île, bah l'aurait pas sû où se mettre tellement le vacarme était grand. Même comparé à ce foutu cabot. La pauvre baraque du vieux pirate devait pas faire plus de 10 mètres carrés. Y'avait tellement d'objets en tout genre dans chaque coin de la pièce qu'à chaque coup d'éstoc c'était une vingtaine de feuilles de tabacs qui finissait dans la poussière, un encrier qui se fracassait par terre, un tabouret d'bois qui se brisait, des photos qui s'déchiraient sur l'fétu du lit. D'temps à autre une voix s'faisait entendre entre deux chocs d'épés. L'genre de phrase que l'on dit plus sans réfléchir qu'aut'chose parce qu'au fond, y'avait pas trop de réponse à donner :


      _ « Vous allez foutre le camps d'chez moi ! Bon sang d'bois ! »
      _ « Tu vas me dire où est ma mère ! »
      _ « chuis p'tet pas celui à découper en priorité »

      Cette discussion d'sourds a bien duré un moment. Tellement qu'à la fin on confondait la pauvre baraque du vieux pirate à un champs d'patate après récolte. Et encore, un moche champs d'patate après récolte. Quand l'un des lurons prenait le dessus sur un autre, le troisième guss se sentait obligé d'aider le deuxième, ce qui fait qu'au final ils n'savaient plus trop bien pourquoi ni comment ils en étaient arrivé à se foutre sur la caboche ainsi. Mais ils continuaient parce qu'il n'y avait plus moyen d'arrêtter ce combat. Pour le vieux pirate c'était d'venu une sorte d'histoire de fierté. L'Ishii lui, se rappelait de sa pauvre mère lorsqu'il commençait à douter de l'utilité des coups donnés. Sa lame gagnait alors en hardeur et en violence. Jamais trop compris pourquoi d'ailleurs... Parce que faut l'avouer, sa mère, quand on la voit.... On s'dit qu'on s'portait pas plus mal avant d'la connaître...

      Rien n'empêche les lurons ont continué à se mettre sur le crâne jusqu'à c'que la solution vienne d'elle même. C'qu'on appelle la fatigue. C'est l'vieux pirate qu'a lâche en premier. Ses gestes sont peu à peu devenus plus lents. Moins fracassants. C'était plus des gouttes qui tombaient de son front. C'était la grande rivière de l'île. Alors l'a lâché son arme et l'a levé les bras bien haut. Le problème c'est que du coup l'Ishii et le gamin savaient pas trop quoi faire. Savaient pas s'ils devaient continuer à se foutre sur la tronche ou se réjouir de leur victoire. Mais pour eux aussi la fatigue a été la plus forte. Alors Ishii a parlé le premier. Il a fracassé le peu de stable qu'il restait de la pauvre barraque avec sa grosse voix entretaillé d'une réspiration qu'il n'pouvait empêcher d'être laborieuse après ses efforts.


      _C'est quoi, ce bazar,Aaaaaah sur cette foutue île ! Et toi, gamin, pffffff qui es tu ?



      Dernière édition par Ishii Môsh le Lun 13 Aoû 2012 - 13:17, édité 1 fois
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      Il y a des moments où les choses vont plus vite que vous, des moments comme maintenant, ou tout s’emballe, en fait, c’était allé tellement vite que je serais incapable de vous dire qui avait donné le premier coup. Ce qui est certain, c’est que dans ce ballet mortel, j’avais bien dansé et heureusement que le vieux pirate avait craqué parce que vu la constitution du Ishii, j’aurais probablement pas tenu beaucoup plus longtemps. Je restai debout à reprendre mon souffle, ma machette tendue vers Ishii qui faisait de même, son énorme couteau à la main. Le vieux pirate ruisselant de sueur levait les mains.

      -C'est quoi, ce bazar,Aaaaaah sur cette foutue île ! Et toi, gamin, pffffff qui es tu ?

      C’est certain qu’à coté de ce monstre, je devais avoir l’air d’un môme, même du haut de mes trente quatre piges. Ishii avait la voix qui allait avec son physique, lourde et rocailleuse.

      -Chuis Sam…Pfff… Je cherche un type, pffff pfff. Toshiro qu’il s’appelle…Et j’crois que pour le bazar, Pfff, le vieux Joe, c’est bien comme ça que tu t’appelles hein Joe, il pourrait surement nous en apprendre un peu plus, pour peu que tous les deux, on s’mettait d’accord pour ne pas s'étriper, pfff, voir pour se rendre un peu service…

      Je baissais mon arme, doucement, très doucement, Ishii imitait mon geste et baissait également lentement son arme.
      Je fini par ramener ma machette sous mon manteau comme Ishii fini par engainer sa dague.
      A présent, nous avions tous les trois les mains libres, bien en évidence pour que la tension retombe un peu.

      -Voilà,on va pouvoir discuter. Je m’adressai à Ishii.

      -Comme j’disais, moi c’est Sam et je suis payé pour retrouver quelqu’un. Lui, c’est Joe Peabody, l’homme à tout faire d’un certain Ronald Nobunaga mais je pense que je ne t’apprends rien. Et toi Ishii tu cherches quoi ici ?

      Ishii continuait d’afficher un air prudent mais me répondit tout de même.

      -Hummmm, je cherche juste ma vieille mère.

      - C’est peut être maintenant que Joe peu nous aider, hein Joe ?

      Joe avait un peu dérougis, il avait toujours les mains en l’air et affichait un air résigné, le regard bas.

      - Vous ne savez pas dans quoi vous mettez les pieds les gars, si vous saviez tout ce que je sais moi, vous auriez qu'une envie, de vous tailler d’ici, et même que ça vous rendrait un gros service.
      Nobunaga possède toute l’île et ici, tout le monde bosse pour lui. Que vous le vouliez ou non, sois vous bossez pour lui, soit vous y passez. Pour ma part j’ai pas bien le choix, il n’hésiterait pas un instant à me balancer à la marine si j’refusais de m’plier à ses quat’ volontés...
      Moi quand j’ai débarqué ici, tout ce que je voulais, c’était finir ma vie dans un endroit tranquille, sans faire de vagues, mais quand Nobunaga et ses sbires ont débarqué, il n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour se rendre compte que j’étais primé et m'expliquer que j'avais tout intéret à etre sympa avec luisi j'voulais pas finir mes jours à Logue Town. Ce type est une ordure de la pire espèce…


      Difficile de croire que le gars qui me parlait était le même que celui qui avait tenté de me zigouiller y’à quelques minutes. A l’entendre parler, je vieux Joe en avais gros et j'étais certain que ça lui ferait du bien de continuer à vider son sac, il se sentirait probablement plus léger après ça, d’ailleurs, je vous parie un repas au Poulpe d’Or que le compère Ishii avait aussi tout un tas de questions à lui poser.


      Les cigares de la tortue. Cigare10

      Quelque part par terre, au milieu des débrits et des meubles renversés, un cigare fumait encore.
        Il y’a de ces moments où l’abcès doit être crevé. Lorsqu’un moustique pique un homme emplissant sa peau de pu, le pauvre bougre doit prendre son courage à deux mains. Alors quand l’abcès d’vient trop grand et fait si mal que même après une bouteille de gnole la douleur l’emporte sur l’alcool, alors le bougre se risque à l’explosion. Et tout c’qui doit sortir fout le camp. Ca brûle à en faire pleurer le plus valeureux des pêcheurs d’monstre marin. Mais sacrebleu c’que ca fait du bien.

        Le pauvre vieux pirate était v’un finir sa vie ici. L’en avait mare de risquer chaque jour que lui donnait le bon Dieu. L’en avait mare de se faire prendre de chaque côté par la marine. L’avait voulu se poser quelque part. Un endroit où personne ne le connaitrait. Où il pourrait faire pousser ses quelques plants d’tabac, et aimer la vie. Simplement comme on aime sa femme en l’enlacant après une foutue journée d’labeur.

        Alors quand il a ouvert son bec, qu’il a vidé son sac et crevé l’abcès, les mots ont coulé. `Vec un débit plus gros qu’celui de la grande rivière quand les temps des crues viennent. Il en avait gros et chaque mot qui sortait rougissait ses yeux de tristesse. Parce que même le plus grand des pirates a un coeur et qu’au fond chaque bon Dieu d’homme est un homme bien. Faut juste plus creuser pour certains.

        Il a tout raconté. Vite, souvent mal, trop embrûmé par sa peur, les guibolles tremblantes et le regard perdu d’celui qui voit déja la fin venir. L’a dit au monstre que s’il voulait voir sa mère, faudrait aller là où on ne peut aller. Qu’il faudrait cogner, gesticuler et passer des endroits qu’on ne peut, qu’on ne doit pas passer. L’a dit au Sam que s’il voulait savoir où était le bougre qu’il cherchait, il devrait trouver le patron. Et que c’foutu croque mort était salement protégé.

        Alors quand l’abcès fut crevé. Quand le vrai faux pirate n’eu plus rien à dire, alors et seulement à ce moment là, Ishii prit un cigare fumant qu’il coinca entre ses deux grosses lèvres avant de s’oser à parler.

        -Hmm… Tu viens avec nous pirate. Tu seras notre guide.

        Le pirate eu beau gesticuler, brailler qu’il s’était promis de n’plus combattre, d’vivre en paix comme un Bon Dieu d’homme, Ishii n’eu rien voulu entendre.

        Et y’a pas à dire, quand un monstre comme lui d’mande quelque chose, fait pas bon de désobéir.

        A c’moment là, l’vieux Joe aussi vieux qu’moi savait. Savait qu’s’ils échouaient, l’était bon pour finir comme tous les disparus d’l’île. Au fond d’un trou, l’cou à une corde ou bouffé d’une balle entre les deux yeux. L’pauvre bougre n’savait pas exactement mais ca n’le rassurait en rien. Ca l’bouffait pire qu’un bouton d’moutique, pire qu’la faim les grands mois d’hivers où rien n’pousse par chez nous et oú les poissons partent dans la grande mer s’reproduire.

        Alors ils prirent l’chemin menant à la libération. Ou à la mort.
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        Pirate d’un jour, pirate toujours, voila ce que disait mon père. Il les fuyait comme la peste tous ces forbans, mon père et les pirates, c'était pas une histoire d'amour.

        -Fils, ne sert jamais à boire à un pirate, fais le une fois et ta maison deviendra une maison de pirates, remplie de brigands, de voleurs, de tueurs, rien de la racaille.

        Voila ce qu’il me répétait sans cesse. Fallait bien un jour, ce qu'il craignait arrive.

        Je me souviens qu’un jour où on finissait notre service du soir, cette bande de scélérat avait débarquée au restaurant, « les affranchis » comme ils se plaisaient à se nommer, d’anciens pirates à ce qu’on racontait, soit disant reconvertis dans le commerce, une sale réputation qu'ils avaient. Ils voulaient qu’on leur serve à boire, mon père avait dit non.

        Le ton était vite monté, je devais avoir six ans, pas plus mais je m’en souviens comme si c’était hier. Le plus surprenant n’avait pas été que le patriarche refuse de les servir, ça j'm y attendais, c'était qu’il se prenne une telle raclée, ces salauds s'y étaient mis à cinq et ils ne lui avaient fait aucun cadeau, moi, j'étais pétrifié, caché derrière le comptoir.
        Au combat, mon père; c'était pourtant pas un guignol, je pense qu’il était plutôt fort même, je l’avais déjà vu allumer une dizaine de gars à lui tout seul et là je ne comprenais pas comment il avait pu se laisser rosser de la sorte, comme une fillette.
        J’en pleurais de le voir comme ça se faire tabasser et de l'voir gémir dans son sang, les pirates eux, ils s’étaient bien marré, ils étaient partis sans même boire un coup, comme ils étaient venus.
        J’en chialais vraiment et surtout, je me sentais humilié, blessé autant que lui, pourquoi n’avait il même pas levé le petit doigt. J’ai honte de le dire aujourd’hui mais sur le coup j’ai cru qu’il était lâche.
        Le visage en sang, il s’était relevé en chancelant dans le restaurant désert, était allé derrière le bar et s’était servi un grand verre de rhum brun, de sa cuvée spéciale, celui avec les épices dedans.

        -Sam, viens t’assoir mon garçon. M’avait-il appelé.

        Sans souffler mot, j’m’étais assis sur un des tabourets du comptoir, je le regardais, la figure en quatre épisodes en train de siroter son verre.

        -Tu sais pourquoi j’ai fais ça Sam? Pourquoi j’ai laissé ces bandits me mettre un rouste ?

        Je fis non avec la tête.

        -Parce que ces sales types sont des pirates et pas des hommes libres, contrairement à ce qu’ils racontent, ils ne sont libres que de parcourir les Blues avec la marine aux fesses, c’est tout. "Koff Koff"
        Et pirate d’un jour, pirate toujours…

        Il s’était servi un autre verre.

        -Tu dois te dire que j’aurais probablement les mettre au pli en quelques instants n’est ce pas ? Mais que je ne l’ai pas fait. En vérité, j’aurai pu leur mettre une telle correction qu’ils auraient filé en pleurant leur mère, mais je ne l’ai pas fait. J’imagine que tu demande pourquoi ? hein Sam ?

        Je refis oui de la tête.

        -Parce que si j’avais fait ça, ils se seraient probablement fait un plaisir de revenir et de mettre le feu au restaurant, parce qu'aussi, ils auraient pu revenir discrètement s’en prendre à vous, toi et ta mère, sitôt que j’aurai eu le dos tourné.
        Là, vois tu, ils sont déjà passé à autre chose, ils m’ont déjà oublié…


        -Je me contrefiche que tu me prennes pour un couard, et je suis presque certain que c’est ce que tu dois te dis dans petite tête de moineau, mais je m’en fiche pas mal, j’ai bien plus à perdre qu’à gagner en jouant les têtes brulées ou les hommes d’honneur. Tu sais Sam, les cimetières sont pleins d’hommes d’honneur, ouaip, remplis d’hommes téméraires.
        Moi j’ai choisi de vous protéger toi et ta mère, et ça demande une autre sorte de courage, c’est un truc plus amer, qui vous pique l’amour propre, mais qui fait qu’aujourd’hui, je n’ai pas à m’inquiéter de la suite de cette histoire. J’ai choisi la voie la plus dure, la plus tortueuse, celle du père de famille… Je pense que tu comprendras ça un jour.

        J'oublierai jamais ça.
        Et oui vieux Joe, je t’ai à l’œil, sous couvert de ta bonne bouille, tu restes un pirate...

        Il nous avait tout de même balancé pas mal d’infos, la façon dont chaque habitant devait se plier aux quatre volontés de Nobunaga, la façon dont il s’y était pris pour acheter les terres à bas cout et comment les gens qui ne voulaient pas vendre disparaissaient subitement. Toutes ses petites magouilles, toutes ses grosses magouilles et surtout, la façon le Croc Mort avait « convaincu » Joe de renouer avec de vieilles connaissances, pour faciliter l’export.
        Joe nous avait expliqué comment deux fois par mois, il faisait affréter un convoie spécial, du genre très discret, du genre qui sent les emmerdes, du genre dont Joe ne voulait surtout rien savoir.
        En tout cas, il était certain d’une chose le vieux, c’est que ce n’était pas des cigares qui allaient remplir les cales de ces maudits rafiots.

        Pour le coup, Ishii avait su se montrer très convaincant, probablement son charisme disons ; massif.
        Il semblait toutefois préoccupé… Sa mère, probablement.

        -Ishii ça te dirait une petite ronde de nuit du coté interdit de l’ile ?

        -Hmmmm…

        On avait décidé que le vieux Joe resterait nôtre invité le temps qu'il faudrait, il avait pas bien le choix de toute façon, j'avais pas bien de scrupules à l’entraîner là bas, et Ishii semblait n' en avoir aucun.
          Au moment où les trois guss sont parti, on aurait pu croire que l’faux vieux pirate était au bord d’la crise qui fait pas bon à avoir. Celle qui met par terre l’plus costaud, celle qui envoit au fond d’un trou plus rapidement qu’un cobra. L’avait la gueule si plombée par des rictus qu’il en dev’nait encore plus moche qu’il ne l’était déja. Et j’peux vous dire que c’en est fichtrement difficile, de l’rendre encore plus moche.

          Mais l’a quand même suivi le p’tit gars en noir et l’gros monstre en costume de ville. Parce qu’il ne savait pas s’il devait plus se méfier du croque mort et de ses menaces ou de l’inconnu de plus de deux mètres quatre vingt à la gueule d’amour. Il n’savait pas. L’aurai du suivre l’dicton qui dit qu’il vaut mieux s’méfier de ce qu’on perd plutôt que de c’qu’on n’est pas sûr de gagner. Oh oui il aurait dû. Mais l’était trop tard. L’avait fait ce choix qui empêche d’en prendre un autre. Parce que faire un choix c’est perdre les autres possibilités. C’est perdre cette foutue libérté qu’il avait de toute facon un peu perdue depuis longtemps.

          Enfin ca c’est ce qu’il se disait alors qu’il amenait les deux compères d’une histoire vers le port caché. Mais ce vieux pirate n’avait pas pensé à une chose. Oh non. L’avait pas pensé que la plus belle des libértés, ca reste la vie.

          Sur le chemin menant au convoit, la petite troupe de trois dû souvent s’arretter, déblayer la brousse qui reprenait toujours le dessus. Couper des branches, sauter par dessus d’immenses troncs d’arbres morts, ratisser des champs d’ronces pour pas se démanger le reste de la journée et boire. Boire beaucoup pour résister à ce foutu temps oú même au milieu de la nuit le ciel est si lourd qu’il en devient irrespirable. Le vieux Joe avait beau s’essuyer inlassablement le front à l’aide d’un immense mouchoire à carreau, il dégoulinait toujours autant si bien qu’il ne fallut pas longtemps pour que son vieux haut marron décoloré en devienne aussi noiratre que le costume d’Ishii, aussi boueux et sallasse que le vieil ivrogne Padchen. Et l’est vraiment sale jusqu’à la moindre parcelle, cet ivrogne.

          Puis alors que le cigare finissait de se consumer dans la grande gueule de l’Ishii, alors que l’pirate commencait à suinter si fort que les deux autre prenaient maintenant deux mètres de précaution et que le nez du monstre respirait d’moins en moins fort, alors ils arrivèrent à l’auré du chemin coincé entre deux immenses Baobab. L’chemin finissait en cul d’sac et pour continuer fallait descendre une grande falaise de terre d’plus de 30 pieds de hauteur pour arriver là où valait mieux pas arriver. Là oú une trentaine de guss chargaient dans un silence pire que celui de l’enterrement du vieux Francky de grandes caisses de bois.
          C’qu’il y avait dedans? Ah ca… Ils se le demandaient bien, les trois loustiques.

          Ils miraient les vas et viens des guss sans faire de bruits, cachés derrière les immenses troncs si grands qu’même le monstrueux Ishii pouvait s’y fondre. Les bourlingueurs du dimanche observaient, tentant de comprendre ce qui pouvait se cacher sous les immenses boites, écoutant les ordres lancés par le croque mort, debout, à hurler à tout va pire que la mère Michelle lorsqu’elle a perdu son bon René.

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          On était resté planqué là un bon moment à observer le ballet des torches dans la nuit, le va et vient des manouvriers. Ils n’étaient pas loin d’une trentaine et y’avait le chef d’orchestre au milieu qui beuglait à droite et à gauche, le croque mort. L’air était saturé d’humidité et malgré la nuit tombée, l’atmosphère restait étouffante. Le chemin le plus cour pour aller voir ce qui se passait là bas, c’était bien sûr la falaise mais je doutais qu’Ishii soit un bon grimpeur.

          -Ishii, je vais descendre faire un petit tour, je suis discret rapide et je peux me cacher dans un trou de souris, et si notre ami Joe t’emmenait faire un tour du côté des champs de cultures ? M’est avis que t’auras plus de chances de croiser ta mère là-bas qu’ici, si on se perd, on se donne rendez vous ici à l’aube.

          -Hmmm, comme tu veux, mais fait attention.

          Il me plaisait bien ce bonhomme, j’aime bien les gens qui causent pas à tort et à travers et ceux qui prennent soins de leur Maman.

          -Hmmm, viens Joe, et en silence.

          Ishii et Joe avaient pas attendu que je entame ma décente qu’ils s’étaient déjà enfoncé dans la jungle. J’avais la chance d’avoir une excellente vue, même de nuit, je parvenais à distinguer les aspérités de la paroi et le voyage fut lent mais aisé. je prenais tout mon temps pour ne pas faire de bruit, observant les dockers charger des caisses et des caisses dans une petite caravelle amarrée aux quais de la crique, planqué tantot derrière un buisson, tantôt derrière une caisse ou un gros rouleau de cordage.
          Le croque mort avait filé depuis un quart d’heure et moi, j’avançai à pas de loup. Il me fallu près d’une heure pour avancer jusqu’aux quais sans me faire repérer, le reste avait été un jeu d’enfant, prendre un bout d’amarre et monter jusqu’aux sabords ouverts, puis se glisser à l’intérieur du pont inferieur, passer par la cambuse et descendre à la cale, puis se cacher derrière un tonneau, te temps que les marins disparaissent.
          Je contemplais la cale éclairée par une lampe à huile. Elle était remplie de caisses de bois estampillées au logo des « Cigares de la Tortue ». J’attendis d’être certain que le bateau fut désert et quand il n’y eut plus un bruit, je sortis de ma cachette. je passais les doigts sur une des caisse, jai toujours aimé le contacte du bois sous mes doigts.Un pied de biche trainait, appuyé sur un rouleau de corde, parfait.

          "Crack"

          Je fis sauter je couvercle, la caisse était remplie de fruits qui ressemblaient à s’y méprendre à des oranges, à un détail près, certains étaient tachés de pois d’un orange plus clair, d’autres rayés d’un orange plus foncé…
          Merde, maintenant, je comprenais pourquoi il y avait tant de bordel sur cette île, y’a pas pire came que le jus du pois rayé.

          Spoiler:

          -Sam ?

          Mais c’est la voix de Joe ? Qu'est ce qu'il foutait là l'enfoiré?

          -Sam, c’est Joe, je suis venu te chercher, sort sans faire d’histoire et il t’arrivera rien !

          Joe était entré dans la cale, les mains bien en évidences pour que je vois bien qu’il n’était pas armé.

          -Qu’est ce que tu fais là, Joe.

          Je faisais face au vieux pirate qu’avait pas l’air d’en mener large.

          -Je suis désolé Sam, mais j’ai pas envie de finir mes jours en taule, je...j’étais obligé…

          - T’es rien qu’un pirate, Joe.

          -Allez viens sans faire d’histoire et Nobunaga m’as promis que tout se passerait bien pour toi.

          -Mensonges… Il est où Ishii ?

          -J’en sait foutre rien, je lui au faussé compagnie dans la jungle, j’connais le terrain, ça a pas été bien dur. Les gars sont à sa recherche maintenant, ils vont retourné toute l’ile et ils vont commencer par aller voire chez sa chère Maman, allez Sam, ils te tueront si tu viens pas gentiment, t’es pas de taille contre toute l’équipe et le croque mort réunis.

          Joe me fit un signe de la tête vers la sortie. J’voyais pas bien quoi faire d’autre que de sortir, mais il puait encore la peur par tous les ports de la peau.
          Sur le pont, y’avait plus d’une trentaine de forbans qui m’attendaient en souriant, et au milieu d’eux, le croque mort, putain, il portait bien son nom.

          Spoiler:
          -Bande de fils de chiens.

          -Oh mon chère Sam, allons, cela ne sert à rien d’être insultant, où est donc passée la courtoisie ?

          La réplique qui s’imposa fut :

          -J’t emmerde Nobunaga.

          Le Ronald Nobunaga me regardait avec un sourire narquois, j’étais maintenant encadré d’une dizaine d’hommes et Joe s’était mis à l’écart.

          -Voila m’sieur, J’vous l’ai amené comme conv…

          -Ta gueule Peabody ! T’as beau dire que t’as pas cherché à me trahir, toi et moi on va une petite conversation en privé tout à l’heure…

          Le ton de Nobunaga était bien moins affable, Joe lui il était devenu plus blanc que moi.

          "Bunk !"

          Tout tourne, je ne vois plus rien, je… Je tombe.

          -Bonne nuit monsieur Sam, on se revoit plus tard.

          (…)

          Depuis combien de temps j’étais là, je ne pouvais pas dire, une heure, dix heures, qui sait.
          J’étais fait comme un rat, suspendu debout à ces chaines. Tout ce que je savais c’est que j’étais plus sur un bateau mais dans une espèce de cellule miteuse. J’avais la gorge desséchée et ma tête résonnait comme un tambour. Je sentais le sang coagulé sur le coté de ma figure. Et ces cris que j’entendais et qui semblaient venir du fond de la pièce, ils me faisaient froid dans le dos, j’aurais parié un tonneau de rhum que le mec qui couinait était le vieux Joe. Puis les cris se sont arrêté et une minute plus tard, la porte s’ouvrit, le croque mort était là, il se tenait droit comme un i et se frottait les poings…

          -Maintenant que je me suis bien échauffé, on va pouvoir passer aux choses sérieuses, hein Mr Sam.
          Ou est ton ami Ishii, qu’est que tu fous sur MON île ? Tu sais Mr Sam, tu vas mourir comme tous ces petits fouille merde qui sont venus fourrer leur sal petit museau dans mes affaires, le truc, c’est que soit je te tue d’un seul coup, soit je prends mon temps et autant te le dire, j’aime prendre mon temps.


          -Vas… te faire voir..!

          -Ha ha ha ! Ahhh, Mr Sam, là tu me fais plaisir, on va bien se marrer toi et moi.…

          Nobunaga referma la porte et s’approcha de moi, un sourire vicieux bien affiché sur le visage... Merde!
            Là, m’sieur le lecteur, tu t’dis que le pauvre petit Sam, il est bien dans le bousier pire qu’en temps d’tournoyement de composte, quand vient l’heure de puriner.

            Et bien t’as raison lecteur. Mais l’gros Ishii, faut le savoir, n’était pas mieux à cet instant. L’avait entendu l’faux pirate faire demi tour et courir comme si la mort elle même lui courait derrière. L’avait tenté de le poursuivre, de se rappeller de ses virés dans les bois quand il était gosse. Mais cette foutue nature aime se jouer des gens et les arbres et buissons y poussent si vite, y disparaissent si rapidement que d’un printemps au printemps suivant elle change complètement jusqu’à paraitre une autre. Alors forcément, le pauvre monstre qui n’y avait pas foutu les pieds depuis plus de quinze années, il s’est vite trouvé perdu.

            Mais il savait. Et c’bien pour ca qu’il avait voulu garder l’pirate pas tout à fait pirate près d’lui.

            Parce qu’il s’disait depuis longtemps qu’il vaut mieux avoir son ennemi près d’soi. Et que ca permet de voir quand il nous la fait à l’envers. Quand il retourne sa veste. Un oeil toujours miré dessus. Ca évite les surprises.

            Maintenant, l’monstre d’Ishii savait que s’il croisait quelqu’un, ce quelqu’un serait pas là pour causer autour d’un café. Oh non.

            Alors l’Ishii a repris sa route. Un poil plus fatigué, la carcasse plus pesante. Les sens encore plus en alerte. L’a marché dans cette foutue jungle un bon moment. L’a tourné de gauche à droite, de droite à gauche. L’a perdu le nord jusqu’à ne plus connaitre le sud. Puis l’a senti une chose qu’aucun de nous n’connaissait. Ou presque. Que seul un gars d’la ville peut comprendre.

            L’monstre avait trainé dans tous les mauvais endroits d’Logue Town, alors forcément, il connaissait le jus d’pois rayé.

            Ce monstre a beau voir aussi mal qu’une taupe, l’a beau être presque aveugle. L’a un nez qui ne trompe pas. Et son nez lui disait qu’après le barbelé devant lui, après les champs d’tabac encore frais et humides, y’avait ces saletées d’oranges rayés à l’odeur si forte qu’il les sentait à plus de cent mètres.

            Alors l’a sorti sa lame d’son fourreau et l’a coupé dans l’barbelé aussi facilement que l’gros Bertik du pays d’en bas croque dans sa mie d’pain. Et l’aime sacrément ca, le pain.

            Puis l’a couru, comme pas souvent il avait couru. Parce que trop de choses clochaient sur cette foutue île et que cette sacrée odeur faisait siffler son oreille plus fort encore que l’plus grand siffleur des Blues. Lui qui voulait juste embrasser sa mère, qui voulait simplement boire un café et parler du temps, de tout, de rien. Il se trouvait maintenant à courir au milieu d’un champs de tabac, à écraser les plants dans de grandes enjambés, à remuer toute la terre sous sa carcasse, trop préssé de voir, de sentir. Trop préssé de comprendre.

            Puis l’a enfin vu, sa foutue mère. Là, plantée au milieu d’un champs d’oranges rayées , à moitée morte. Toute amaigrie à force de tirer sur les gros bosquets d’orange rayées. Affamée par le manque de nourriture, par les repas infames qu’on lui servait depuis trop longtemps. Elle, sa grosse mère, rageuse et bruyante. Elle était devenu imorfe et silencieuse. Lorsqu’elle a vu son fils arriver, c’est à peine si ses yeux ridés et affaiblis par d’immenses cernes ont compris que c’était son fils qu’elle avait en face d’elle.

            -Maman! Qu’il a beuglé. Fort d’un cris de peur et d’rage. Son sang froid habituel s’étant envolé par cette vision qu’il ne voulait pas croire vrai. Le pauvre était remué. Salement. Comme jamais on devrait être remué dans la vie. Voir sa mère ainsi, ca ne le mettait pas bien. Oh non. Elle a répondu “mon fils”, d’une voix lasse et fallait vraiment chercher pour y trouver tout l’réconfort qu’elle avait à voir son filston debout. Grand et fort. Presque beau. Mais c’soulagement a vite fait place à autre chose. Une peur immense, qu’a fait vibrer tout son corps. Toute sa voix dans les mots qui ont suivi.

            -Mon fils, tu ne dois… pas rester ici … oh non. Laisse ta vieille mère, et vas t’en… Ils sont trop forts …

            Forcément, le bon Ishii n’a rien voulu savoir, et même s’il tentait de garder son calme, sa voix s’enrayait peu à peu de colère. J’ai jamais vu l’Ishii énèrvé. Mais j’suis sûr que ce bon bougre, lorsque sa colère prit place sur son calme habituel, alors à ce moment là, plus personne ne pouvait l’arretter. Il a demandé à sa mère de tout lui dire. L’a tenté d’faire de la resistance, elle l’a supplié de partir. Mais l’a rien voulu savoir, l’Ishii. Ils s’se sont miré dans l’blanc des yeux puis la mère n’a eu d’autre choix que de tout raconter. Le trafic de jus d’oranges rayés, les bateaux de transport. L’exploitation des travailleurs, leur enfermement lorsqu’ils travaillent dans les oranges, la couverture de marchand de tabac, la faim, la soif, la tristesse …

            A ce moment là, lorsque la mère eu finit son histoire, alors Ishii avait retrouvé son calme. Il était serein maintenant. Il savait ce qu’il restait à faire. Et ca n’allait pas être beau.


            -Hmmm... Je vais régler cette histoire. Je viendrai te chercher une fois tout ca fini. Attends moi ici.
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            Par moment, je me détestais, chaque coup de poing que je prenais en pleine face m’y faisait penser encore plus fort.

            *Voila c’que tu mérite Sam. Tu savais depuis le début que toute cette histoire puait, mais comme d’habitude, t’as préféré prendre la voie compliquée… On ne se refait pas hein ?*

            De toute façon, ca ne changerait pas grand-chose de se refaire maintenant, j’allais probablement finir ma vie ici, dans cette taule miteuse.
            J’étais en tête à tête avec mon bourreau et l’entretien semblait se prolonger indéfiniment. A chaque cho, je le voyais se marrer, un sourire bestial affiché sur sa sale gueule d’enflure et, à chaque fois, cette fiente y mettait tout son cœur.
            A chaque coup, les chaines qui tiraient sur mes poignets me donnaient l’impression qu’ils allaient se briser comme du verre, ma tête, à présent trop lourde, tombait en avant. J’pouvais voir le sang tomber à grosses gouttes sur la pierre froide du sol. A ce moment là, j’étais plus vraiment ici, avec Nobunaga, son rire était lointain. Je crois que j’étais à la frontière de la conscience.

            Splash !

            -Thurrr Thurrr.

            Cet enfoiré venait de me balancer un seau d’eau de mère en pleine tête, j’avais l’impression qu’on venait de mettre le feu à ma figure, et mes poumons n’en parlons pas.

            -Gnnnn ! Rhhhhh !

            J'en bavais vraiment, durant ma vie de baroudeur, j’en avais pris des châtaignes mais jamais comme ça, j’avais jamais dérouillé comme ça te toute ma chienne de vie et malheureusement pour moi, je savais que j’étais pas au max de ce que je pouvais encaisser, j’avais des réserves. Y’a quand même eu un moment ou j’ai pensé que j’étais arrivé au bout de ma vie, au bout du supportable, et à ce moment là, les coups se sont arretés.

            Alors Mr Sam, tout va bien ? J’peux faire quelque chose pour toi maintenant qu’on se connait un peu? T’as envie d’un truc ?

            -J’veux …bien... une…ci… Thurr Thurr…une cigarette…

            Va savoir pourquoi j’ai dit ça. Je n’avais jamais fumé de ma vie.
            Il se releva et fouilla dans une de ses poches, en sortit un paquet de tabac et alluma une clope.Il en tira quelques bouffées puis pencha son visage devant le miens et me souffla la fumée acre dans la figure puis, il prit la cigarette et la déposa au coin de mes lèvres…

            -Tu sais Mr Sam, on va retrouver ton pote et on va lui faire la même chose…

            Ishii, j’l’avais presque oublié. Un moment je m’étais dit qu’il était peut être à ma recherche et qu’il débarquerait avec ses deux cent kilos de muscle pour me sauver la mise, mais est ce que moi je me serai mis en danger pour un type que je connaissais depuis à peine une journée ? Je n’en sais trop rien, j’étais probablement le cadet de ses soucis après tout, lui il était là pour retrouver sa vieille mère, pas pour jouer les redresseurs de tort. Le pire c’est qu’il aurait bien raison, j’espérais juste que ça roulerait mieux pour lui que pour moi.

            -Je suppose que tu connais le jus du pois rayé Mr Sam ? T’es pas sans savoir c qu’on ressent quand on absorbe le mélange de ces deux jus hein ? Par contre je suis certain que t’as aucune idée de l’effet que ça peu procurer quand on passe ce liquide acide sur une plaie, ça te dirait de savoir ?

            -j’t emmerde.

            -Pardon je n’entends pas bien ? T’as des choses à me dire ?

            Nobunaga approcha son oreille.

            -J’t’emmerde, enflure.

            Il approcha encore son oreille de ma bouche afin d'essayer de comprendre ce que je baragouinais.
            Quitte à y rester, autant le faire avec panache, je mis mes dernières forces dans un violent mouvement de tête et lui collai ma cigarette allumée au plus profond de son oreille. L’effet fut immédiat, il hurla, probablement autant de douleur que de colère et de surprise, il se recula la main sur l’oreille, son visage était déformé par la haine. Il souffrit de sa brulure quelques minutes, alternant petits cris de douleur et petit cris de rage puis sans dire un mot, les mains tremblante, il sortit deux oranges devant lui, une rayée, une à pois.

            Quoi qu’il m’arrive, j’étais certain d’une chose, lui aussi se souviendrait longtemps de moi.



            Dernière édition par Sam Sylvius le Sam 8 Sep 2012 - 23:09, édité 1 fois
              Dans la vie, ça s'passe jamais comme on l'aurait voulu. A moins d'avoir une vie aussi calme et ennuyante que celles des bougres de cette île. Et même là l'foutu destin décide de s'jouer de nous en envoyant un bâton en plein milieu d'la roue entre deux rayons d'un vélo comme c'lui du curé quand il va d'maison en maison. Et quand on n'est pas habitué, ça fait bien mal. Ça nous fait tomber du cycle d'bien haut et la chute nous fout une foutue douleur qui nous rappelle à la galère. Mais l'Ishii lui, commençait à en avoir l'habitude après avoir vécu comme pas un homme parmi les hommes.

              Alors l'Ishii fit face. Et lorsqu'il aperçu une vingtaine de mauvais bougres arriver d'toute part l'encercler lui et sa mère, il n'lacha même pas un rictus de peur. Il sortit juste sa lame qu'il aime pas utiliser. Un énième cigare vint s'perdre entre ses lèvres et il resta là, immobile. A attendre qu'les guss du croque mort viennent sur lui. Et qu'les épées s'entrechoquent. Ça ne tarda pas, pour sûr.

              Les guss coururent vers la bête si vite qu'il lui fallut toute sa tristesse pour n'pas se faire engloutir, pour parer toutes les lames volant vers sa caboche et réussir à s'en tirer. L'était dans une sale posture. Trop concentré qu'il était à survivre, l'avait pas vu. L'avait pas vu qu'ils n'étaient que quinze sur lui. Il en manquait cinq. Savait pas où ils étaient.

              Et cette p'tite erreur. Plus p'tite qu'un nouveau né. Plus infime qu'la plus infime des failles. Il la regrette encore aujourd'hui. Et il la regrettera chaque putain d'jour que le bon Dieu voudra lui donner. Parce que lorsqu'il recommença à voir claire. Lorsqu'il se rendit compte qu'il n'avait pas usé que l'plat de sa lame et qu'les corps entassés autour de lui n'avaient plus trop d'vie à donner. Alors à c'moment là il vit sa mère. Entaillée, coupée en tranche. Plus moribonde que l'plus mort des mort. Sa langue pendouillait au bout d'ses lèvres dans un rictus horrible. Sa jambe gauche était trop loin du reste de son corps.

              Alors à c'moment là il hurla à la mort. Si fort qu'même à l'autre bout d'l'île on entendit son cris et qu'il réveilla chaque âme du patelin dans un gros sursaut d'angoisse. Ce cris là réveilla jusqu'au corps enfouis dans les tombes, jusqu'à la moindre parcelle de vie. Chaque putain d'oiseau s'mit à voler pour fuir ce cris d'rage et chaque bougre d'homme en frissonna d'angoisse. Il courut à la carcasse presque sans vie d'la vieille mère. Il pleura comme un gosse en la prenant dans ses bras. Comme si ça pouvait la réveiller. Mais la vieille mère voyait déjà les portes de l'Ankou s'ouvrir à elle. L'avait à peine de quoi grom'noler une dernière parole pour son fils. A peine consciente. Elle lui raconta cette légende qu'elle lui racontait toujours avant qu'il ne se couche quand l'était pas plus haut que trois pomme. Chaque foutu mot sortait dans une gerbe de sang et c'est à peine si l'on pouvait comprendre l'sens de la phrase tellement c'était goûtu d'mort. L'poisson ne comprit qu'au moment où la vieille mère s'endormit sur ses derniers mots.

              « Il n'y a que là ... »

              Il comprit mais n'en avait que faire. Pour la première fois d'sa vie la bête perdait contrôle et fallait tout son sang froid pour n'pas ach'ver les derniers vivants des malfrats. Il allait se venger. Ce serait moche, Môsh même. Mais il se promit de n'plus faire venir la mort. Parce que ce jour là les portes de l'enfer s'étaient d'trop ouvertes.

              Alors il courut. Comme jamais. Il traversa l'champ d'orange, puis celui d'tabac. Il courut comme un dératé, faisant fi des arbres le gênant, les branches lui griffant le visage, des hommes qu'il croisa. Il n'avait plus qu'une seule envie. Dire sa façon d'penser à cet enfoiré de croque mort. Lui faire regretter d'avoir un jour foulé l'sol. Lui faire dire que l'enfer est bien plus paisible.

              Lorsqu'enfin il vit l'entrepot, il ne s'arrêtta pas. Oh non. Des coups d'feu retentirent en sa direction, mais il continua à faire trembler l'sol de tout son poids. Ses poings volaient sur tout ce qui passait à porté. Il défonça tant de portes qu'on pourrait pas dire le nombre encore aujourd'hui. Il courait en tout sens sans réfléchir jusqu'à arriver là où il voulait arriver.

              Comme une tornade il enfonça la porte la faisant gicler de l'autre côté de la pièce. Et lorsqu'il mira le pauvre Sam à se faire palucher salement par un homme, il sut que c'était le croque mort. La vermine n'attendit pas pour sortir son pétoire. Mais alors que l'bout de métal se métait à pointer vers la bête, le poing de l'animal giclait déjà dans la trogne du croque mort. S'en était trop pour Ishii. L'méchant valdingua sur deux mètres, laissant l'temps à la poiscaille de détacher son acolyte d'un soir.

              La guerre commençait.

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              Dans un crane humain, on distingue trois type de cerveaux : Le néocortex, le système limbique et le cerveau reptilien. Le premier permet le raisonnement logique, le langage, l anticipation des choses. Le second dévolue aux principaux comportements instinctifs ainsi que la mémoire, permet les émotions et déclenche les réactions d'alarmes du stress. Le dernier contrôle tout ce qu’il y a de plus primaire en vous, les automatismes physiologique et surtout, l’instinct de conservation.
              Ca faisait quelques heures que le premier était « out » et le second n’en était pas bien loin.
              Surement que les brulures du jus de pois rayé m’avaient évité de sombrer dans l’inconscience, et peut être que les alcaloïdes qu’il contenait avait permis que mon cœur rebatte un peu plus fort, j’en sais trop rien, j’étais surpris d’être encore en vie.

              Alors le Ishii à débarqué. Il avait défoncé la porte d’un coup, J’ai vu son énorme masse passer le seuil trop étroit pour lui puis se déployer jusqu'à presque toucher le plafond, il était couvert de carmin, pas du maquillage pour sûr. Son visage, je l’ai entraperçu dans la faible lumière, juste avant qu’il n’aligne mon vieil ami Ronald d’un coup de poing qui aurait tué un bœuf, et ce visage là, il avait vraiment de quoi vous foutre les foies, puis il était venu vers moi et d’un seul coup avait brisé mes chaines. A ce moment là, et va savoir pourquoi, je me suis mis à me marrer d’un rire qui aurait fait pleurer ma mère.
              Tout mon corps vibrait d’une vie nouvelle, pulsant d’adrénaline et probablement dopé par le pois rayé qui avait pénétré via mes blessures, c’était une sensation incroyable. Malgré l’épuisement et la douleur, malgré les blessures et mon état semi-conscient, je ne m’étais jamais senti aussi vivant. Le plus marrant c’était qu’Ishii venait de m’offrir deux armes redoutables ; une lourde chaine de plus de deux mètres reliées à chacun de mes poignets par deux solides anneaux.
              Maintenant, j’étais armé, alors j’ai débranché dans ma tête ce qui me restait d’humain pour faire parler un peu mon instinct de survie, mon système reptilien, et me suis remis sur mes jambes, j’m’étais jamais senti aussi vivant, aussi animal.

              J’avais déjà verrouillé ma cible, ce bâtard de Nubunaga ; moi aussi je voulais lui montrer que je savais prendre mon temps. Il avait filé comme une fillette, Ishii et moi on l’avais suivi dans une grande salle qui ressemblait à un entrepôt plein de tout un tas de bordel et aussi d’une bonne quarantaine de types qui nous attendaient armes à la main, apparemment, l’entrée fracassante de l’homme poisson avait été plutôt remarquée, bonne nouvelle.
              Je ne me suis pas fait prier, j’ai foncé. Je vous parle que ce dont je me souviens, j’étais dans une sorte de transe, un état second, je voulais juste cogner. J’ai frappé fort et de loin, pas un seul ne pouvait m’approcher sans prendre en pleine face un coup de mes fouets métalliques. Quand j’en ai eu marre, je suis passé au corps à corps, enroulant les chaines autour de mes poings, les rendant mortels.

              J’pouvais pas bien vous dire ce qui se passait du coté d’Ishii , j’étais bien trop occupé de mon coté. Ils tombaient comme des mouches. Bientôt il eut plus grand-chose autour de moi, alors le dernier gars à eu droit à un bonus, ça devait bien faire une minute qu’il était mort, et je continuais à lui marteler le visage, je n’arrivais pas à m’arrêter, chaque mine qu’il prenait en pleine tête résonnait dans mon corps comme un coup de canon, éclaboussant mon visage de centaines de gouttes chaudes, chaque fois, je sentais son crane se disloquer un peu plus, j'ai fais durer.

              Et puis, comme venu de nulle part, j’ai vu une ombre fondre sur moi et me frapper si fort que j’en avais perdu le contacte avec le sol, j’étais parti dans les airs pour fracasser les caisses en bois derrière moi ; même pas mal. Sûrement que le coup avait fait du dégât mais je l’avais à peine senti, j’m’étais relevé pour faire face à deux grands gars, plutôt costauds, des brutes même.

              Le premier, un cornu, avait tourné les talons et s’était dirigé vers Ishii, l’autre m’adressa la parole en faisant craquer ses doigts, j’avais jamais entendu un type parler avec une voix aussi rocailleuse, on l'aurait cru sortie d’outre tombe.

              Spoiler:

              -Alors p’tit gars, on fait le malin ? Viens voir Papa Bobo.



              -Ishii, j'crois que le plat de résistance est servi...

                Comprends bien, lecteur. Comprends bien qu'au fond, Ishii est un chic type. Et même l'plus enfoiré des racistes de l'île n'oserait plus dire le contraire. Alors forcément quand il voyait l'sang s'écouler de la lamelle du p'tit Sam, la bête pouvait pas s'empêcher de s'en attrister. Il savait pourtant, il savait qu'c'était la faute de ce foutu jus d'pois rayé. 'Savait bien que l'Sam n'était pas du genre à s'entacher la ch'mise de rouge carmin par envie. Et c'sûrement pour ça qu'il n'tenta pas d'se faire une place pour dire sa façon d'penser. Par chez nous il y a cette phrase qui dit "faut pas tenter d'raisonner l'déraisonnable". J'crois bien que c'est cette phrase qui faisait l'allé retour ent' l'oreille gauche et l'oreille droite dans la caboche de la bête. Y'avait aussi une autre qui devait ête du genre "je n'suis pas fou, je suis raisonnable", parc'que l'pauvre Ishii, à cette heure, l'avait du mal à garder sa caboche bien comme il faut. Fallait c'que vous autres app'lez de la lucidité. C'que j'appelle de "la substance". Et j'parle pas de celle que v'nait d'absorber l'pauvre petit croque mort pas tout à fait croque mort mais qui d'venait de plus en plus croqu'mort..

                T'es perdu?

                Tout ça pour dire qu'c'était la guerre. C'tait autant le bordel des lames que celui des caboches. Un moche mélange de haine, de peur et de tristesse. Surtout de tristesse quand Ishii vit que que le Sam prenait la cervelle d'un gus pour un sac à pétrire. Il voulu l'arrêtter, lui dire que ça servait à rien et qu'il fallait qu'il se calme. Mais l'eu pas le temps. D'autres guss venaient d'arriver, et z'avaient pas l'air du genre à dire des politessse. Plus à écraser leurs poings avant d'poser des questions quand l'pauvre cible survivait. Ishii tenta quand même de s'la jouer politesse. Mais c'fut pas un grand succès. Il osa s'risquer à un "Hmm... navré mais je crois que vos lunettes sont cassées". Sa grosse voix caverneuse fit presque reculer la brute mais quand il s'rendit compte de ce qu'Ishii avait voulu dire, il n'put s'empêcher d'rire. D'un rire de foutage de trogne comme même l'gentil m'nuisier du village pourait pas supporter. Le plat d'resistance était servi. Du genre qu'même après avoir fait la diette durant une s'maine on en voudrait pas. Du genre d'plat trop épicé pour mettre même un p'tit peu d'langue. D'genre qui fait fuire.

                Mais l'Ishii n'fuya pas un instant. il rangea juste sa lamelle parc'que pour lui un combat équilibré, c'quand c'est à la même arme. L'est comme ça, l'Ishii.

                L'petit Sam avait raison. L'plat était servi et restait plus qu'à y planter l'couvert. Mais c'serait sacrément dûr et faudrait pas avoir peur de s'brulet la langue. Sauf que l'Ishii, il trembla pas un brin. Même un p'tit. 'Resta droit comme un baton d'champs à Marcel. L'visage aussi simple et sans peur qu'celui d'un mort crevé dans l'fétu. Il mirait son adversaire d'un soir comme d'une étrang'tée qu'il comprenait pas. Qu'il comprendrait jamais. Mais rien n'empêchait, l'allait faire dans le violent et lorsque l'méchant voulu planter son poings dans la gueule de cachalot, Ishii répliqua lui aussi de la même façon. Les deux bras s'choquèrent si fort qu'ça en fit trembler les deux hommes comme d'pauvres épouvantailles balaillés par le vent. ils s'reculèrent sous l'impact avant d'réattaquer. Encore plus fort. L'Ishii cognait dûrement, si dûrement qu'ça aurait pu casser des briques. Mais quand son poings réussit à toucher l'torax d'son adversaire, l'impact n'fit qu'à peine perdre l'contrôle au vilain guss. C'tait du violent. Deux immondes bêtes qui s'battaient comme des forcenés, pis qu'les combats d'coqs qu'faisait à une époque l'vieux Gouilli. Bien pires, ça oui.

                L'genou d'Ishii tenta d'perforer l'bide surmusclé de l'autre guss mais c'lui ci bloqua avec une vitesse qu'en rendrait jaloux plus d'un avant d'enchainer par un coup d'trogne dans l'front. Les deux bêtes regiclèrent chacun d'son côté. Aussi assomés l'un qu'l'autre. L'front dégoulinant des quelques s'condes de combat. Parce que z'étaient c'genre de personnes à pas perdre leur temps en jaug'ment et qu'chaque coup qu'ils donnaient n'avaient qu'un seul foutu objectif. Foutre l'autre à ramper l'sol. Ils repartirent presque aussitôt. L'un sur l'autre. Les g'noux, les coudes et les trognes s'volaient les uns contre les autes dans un bordel sans nom. Ca f'sait un boucon, et ça sentait la mort pire qu'chez l'vieux Trey qu'on attend toujours qu'il crève.

                Alors l'Ishii sortit l'attaque qu'l'aimait faire chez les p'tits hommes comme nous. Il n'lança pas son poings mais juste un doigt dans l'ventre du vilain. Son index vint perforer si fort l'méchant, ça l'surprit tant qu'il s'en écroula. L'genoux à terre, il s'mit à dégobiller du sang. Il voulut l'ver les yeux vers Ishii, comprendre c'qu'il se passait, mais il n'vit que le pied du cachalot venir percuter sa trogne dans un énorme fracas.


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                Papa Bobo, puisqu’il fallait l’appeler comme ça, m’avait envoyé planer comme une fillette, je ne sentais toujours pas la douleur mais je retrouvai un peu de lucidité.
                J’m’étais relevé en m’appuyant contre les caisses, j’avais du mal à respirer et je crachais du sang, il m’avait probablement cassé une ou deux côtes. Il fallait que je gère, mon corps ne pourrait probablement pas en supporter beaucoup plus, j’étais dans un très sal état.
                L’assaut a repris très vite. J’avais bien qu’une chance de m’en sortir; esquiver et placer des coups sûr, ne pas à baisser ma garde.
                Ce type c’était un boxeur, malgré sa taille, il se déplaçait vite, il frappait fort. Ses coups je les esquivais, je les parais, mais la fatigue était en train de me rattraper. Il avait une sacré amplitude, difficile d’arriver au contacte. J’ai bloqué un autre coup, heureusement que j’avais les chaines sinon, il m’aurait broyé la main. L’impacte m’avait quand même soulevé de terre et projeté deux mètres sur le coté. J’ai rétabli mon équilibre comme je pouvais, il était déjà sur moi. J’ai esquivé le coup d’après de justesse et il s’est découvert. J’ai frappé un méchant coup au foie, il a eu mal, très mal, mais ça n’a pas suffi, il a continué à attaquer et j’me suis retrouvé acculé contre un mur.

                Là j’étais mal, j’avais plus qu’a subir, plus moyen de s’échapper, j'étais coincé, alors j’ai pris des risques, il a reçu des coups, j’en ai pris. Chaque fois que j'en prenais une, je sentais tout mon corps qui tremblait ou qui était soulevé du sol.
                Ce type il encaissait sacrément bien, même avec les chaines autour de mes mains, ça suffisait pas pour le tomber. J’ai pris de plus en plus de coups, et finalement, mes poings sont devenu lourds, trop lourds, ma garde a baissé, j’ai pris un coup dans la mâchoire, je suis tombé à genoux. Il portait bien son nom, Papa Bobo, et on voyait qu’il aimait ça, faire bobo. Il m’a regardé d’un air méprisent, en souriant, il à armé sa droite bien haut, il était à découvert, j’aurai pu le tuer d’un seul coup au plexus, mais j’arrivais plus à bouger, tout mon corps semblait peser une tonne.

                Allez, frappe mon salaud, qu’on en finisse, mais j’baisserai pas les yeux, j’ai pas la trouille de mourir.
                Marrant, j’étais aux portes de la mort, et j’avais pas peur, j’avais plus peur de rien, même pas des filles. Pour la première fois de ma vie, j’pouvais penser librement à la petite Jenny sans trembler, ou à cette beauté rousse, Bloody Cécile qu’avait bien faillis avoir ma peau l’an passé, alors j’ai souris en pensant à elles, pas un sourire crispé, comme j’faisais d’habitude, mais un vrai sourire, un qui vient d’en dedans. J’crois que ça à énervé Papa Bobo, son coups est parti. Bye bye Sam, c’était sympa cette vie sur les Blues, un peut court peut être. Bye bye Ishii, on se sera pas connu longtemps, dommage t’avais l’air d’être un chic type, j’espère que tu retrouveras ta mère…

                BAMMMM !

                Toujours là…

                Le poing de Bobo s’était figé à quelques centimètres de mon nez, si près que je pouvais sentir l’odeur de mon propre sang sur sa main, puis il est tombé comme une masse.
                J’voulais bien être pendu...
                Derrière l’énorme masse se tenait un grand bonhomme ventripotent, c’était le vieux Joe, il avait une sale gueule, bien amochée, ça c’était signé Nobunaga. Il tenait une grosse barre de fer, avec la force qu’il avait dans les bras, Papa Bobo était probablement out pour un bon moment, et peut être même mort.
                Deux fois la vie sauvée en une heure ; une fois par Ishii, un parfait étranger, une fois par Joe, l’archétype du pirate. Si on m’avais dit ça ce matin, je ne l’aurai pas cru.

                -Bin merde Joe, là tu me la coupe.

                -Nobunaga m’a laissé inconscient, il n’a même pas pris le temps de m’attacher correctement. J’suis un spécialiste de l’évasion, héhé.

                Joe à voulu m'aider à me relever, j’me suis pas fait prier, il m'a fallu un certain temps pour retrouver des forces. Alors quand' j'ai pu me remettre à marcher, on a fouillé l’entrepôt avec Ishii et Joe, Nobunaga avait filé, il était introuvable, dans son bureau, un tas de paperasse, et un coffre bien costaud.
                J’avais pas envie de voir cette enflure disparaitre dans la nature et quand Joe nous à expliqué que le chargement de pois rayé était parti depuis belle lurette, j’me suis dit qu’il avait pas pu partir avec, et qu'on avait une chance de le rattraper…
                  Quand l'vieux Joe s'approcha du Monstre, c'lui ci ne voulu pas lui serrer la main ni même lui dire un mot. Il le mira noir comme le gars qui n'comprend pas. Et il lui sortit une phrase qui voulait tout dire. L'genre de phrase qui fait jamais plaisir à entendre des esgourdes.

                  _"Hmmm... Il faut choisir son camps un jour. On ne retourne pas sa veste au gré du vent."

                  L'pauvre vieux Joe fit les yeux du chien d'la mère Gerty qui s'fait mettre à sac tous les foutus soirs que lui donne le bon Dieu. Et il lui répondit d'cette voix si basse et pleine de c'que les gens d'la ville appellent « culpa »... « culpapi » ... 'Fin z'avez compris. Il lui répondit si douc'ment que même les grosses oreilles du monstre en eurent du mal à comprendre tous les mots.

                  _"J'suis désolé... J'crois bien qu'cette foutue retraite m'a fait perdre mon honneur... J'saurai pas me trouver d'excuses hein..."

                  _"Hmm... Accepter ces erreurs, c'est la seule vraie excuse."

                  Alors l'Monstre adressa c'qui ressemble le plus à sourire. C'qui pour nous paraîtrait comme une grimace qu'en ferait fuir plus d'un, mais qui pour lui était la plus belle preuve d'pardon. Mieux que c'lui du curé. Mieux que celui du bon Dieu. Celui d'un gars comme un autre qui r'donnait la main pour repartir. Et c'est ce qu'ils firent. Repartir.

                  Ils s'mirèrent un instant. Histoire de savoir s'il fallait partir à gauche ou à droite, foncer tout droit, continuer à torgnoler ou chercher c'foutu croque mort. Par'que l'avait disparu, l'croque mort. Ils comprirent qu'il lui restait plus que l'centre de c'qui ressemble le plus à un village par ici. Que c'était l'seul endroit où il pouvait s'terrer pour encore croire à c'belle vie.

                  Alors ils mirent un pied d'vant l'autre. Le plus vite qu'ils purent. L'monstre en avait mare de courir. L'avait l'coeur qui palipait trop fort, mais il continuait parce qu'il savait que ça n's'arrêterrait pas tant que l'croque mort serait pas les poings liés à une corde, la gueule pendante. L'avait la rage, de ceux qui veulent en finir avec une histoire qu'a commencé depuis trop longtemps.

                  Ses poings gueulaient tellement qu'on aurait cru qu'la forêt lui laissait une place. De peur d'finir aussi séché qu'après la faucheuse du vieux Meik qu'habite loin au Nord. Ils arrivèrent vite d'vant l'auberge de la p'tite Marie. Le monstre avait la langue pendant et l'petit Sam s'courbait l'échine tell'ment l'était essoufflé. Mais ils comprirent vite que l'histoire tournait à sa fin. Tout l'village était d'vant chez Marie. Chaque bon Dieu de péquenot du coin avait sorti sa fourche, sa lamelle, son vieux canif ou sa pelle et piaillait à qui veut pour la mort du croque'. L'était à l’intérieur. L'six coup posé sur la tempe de celle qu'avait toujours été là pour lui. Les péqu'not comme moi avaient beau gueuler... Personne n'osait rentrer.

                  Alors l'géant, l'petit gars et l'vieux pirate sont entrés. Z'ont ouvert la porte comme on ouvre celle d'un bar pour y s'déssecher le gosier. 'Vec tranquillité. L'croque mort les mirait noir, caché derrière la p'tite Marie qu'avait depuis longtemps perdu en couleurs. Aussi blanche que l'soupape du curé.

                  _"N'avancez plus" que l'vilain a dit.

                  L'Sam lui, l'avait l'air d'en avoir rien à curer. L'a dégainé son arme, l'a pointé cette p'tite lamelle vers la trogne emmitouflé du vilain, l'était prêt à envoyer son lot d'mort. Sauf que l'Ishii, l'était pas d'accord. Et chaque bon Dieu d'péquenot sait bien qu'un gars comme ça, on n'lui désobéit pas.

                  _"Sam, ça suffit, il y a déjà assez de tombes à creuser."

                  La tempe dégoulinant, le p'tit gars n'avait pas l'air d'vouloir écouter. Son poings s'cramponnait trop à la lamelle. Trop prêt d'la lancer. Trop vite. Trop forte. La grosse main du géant avait beau s'rapprocher d'larme, ses p'tits yeux plats avaient beau s'révulser d'colère. Ça n'changeait rien. Même l'vieux croque mort sentait l'Ankou se rapprocher trop près d'lui.

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                  Y’avait peu de place pour le doute dans mon cœur. Mon cœur, il m’expliquait que se sacré fils de pute était bien capable de griller le cerveau de la gamine qui pleurait toutes les larmes de son corps. Mon cœur, il m’expliquait que des types comme lui, fallait pas les laisser vivre. Le laisser vivre lui, c’était juste une chance pour qu’un jour il se reproduise ailleurs ce qu’il s’était passé ici.
                  Des tombes à creuser, y’en avait pas mal, c’est sûr, mais bon, une de plus une de moins…

                  Ronald était comme un renard pris au piège, acculé contre le mur de bois, il jappait, il couinait, il avait peur, il semblait même terrorisé. A chaque seconde qui passait, il appuyait un peu plus le canon d’acier sur la tempe de la môme, il menaçait, il jurait.

                  Moi, j’étais haletant, à peine lucide, la vision troublée par la sueur qui coulait dans mes yeux, je tremblais de fatigue, je crois que j’avais mon compte. Dans le reflet de la lame terne que j’tenais fermement, j’ai aperçu la main d’Ishii qui se rapprochait de moi, fallait que cette histoire se termine, fallait qu’elle se termine maintenant.

                  Pendant une seconde, j’ai hésité. Cette seconde, elle m’a semblé terriblement longue, assez longue pour prendre une décision ; pas de place dans mon cœur pour le doute, enfin j’crois.

                  J’ai fermé les yeux et quand je les ai rouverts, ma dague fendait déjà l’air. Ishii m’avait attrapé le bras au même instant, si brutalement que j’avais pivoté d’un quart de tour vers lui. Trop tard, ma dague était partie, et je ne loup jamais mon coup.

                  Tout en regardant dans les grands yeux tristes d’Ishii, j’ai entendu :

                  Poc !

                  Puis :

                  Blam !

                  Et enfin ; le son étouffé deux corps qui tombent sur le plancher…Ca aura été une drôle de journée, une journée dont je me serai bien passé.

                  (…)

                  Quand on est sorti de la bicoque, les premiers rayons de lumière commençaient à poindre. Dans l’aurore grise et humide, la foule rassemblée s’était tu et tout le monde nous regardait. La gamine fut la première à sortir, tant mieux, j’ai toujours eu du mal avec les filles. Puis avait suivi l’vieux Joe qui se tenait la jambe; quand Nobunaga avait lâché son arme, le coup était parti tout seul lorsque elle avait heurté le sol ; il était un peu poissard ce Joe quand même.
                  Ensuite, c’est moi qui suis sorti et comme un fait exprès, quand j’ai mis un pied dehors, la pluie s’est remise à tomber, cette nouvelle journée commençait comme celle de la veille, sous la pluis.

                  Ils étaient tous là, les habitants de l’ile. Au milieu de la foule, je distinguais Peter, je gamin que j’avais croisé, L’vieux qui m’avait offert un verre quand j’avais débarqué et le Père Archibald qui se tenait devant tout le monde. Quand il m’a vu avec ma gueule cassée, il m’a adressé un hochement de tête, comme pour dire merci.
                  Tu parles, ça me faisait une belle jambe, j’en avais probablement pour plusieurs mois avant que je ne retrouve la forme.
                  Puis ça a été au tour du monstre de se pointer, les épaules basses, et le regard triste. Il tenait une corde à la main, il à tiré violement dessus, alors Ronald Nobunaga l’a rejoint, accroché à l’autre bout, saucissonné comme un rôti de fête, la démarche chancelante, le front en sang.

                  -C’est bien la première fois que je loupe mon coup.

                  C’est ce que j’avais dit à Ishii juste après que l’autre enflure se soit écroulée. Va savoir pourquoi, j’ai pas réussi à lui faire gober que j’avais manqué mon tir, que la dague avait frappé côté manche par maladresse.

                  -Hmmm, c’est fini, vous pouvez rentrer chez vous.

                  C’est ce qu’Ishii avait dit à la foule. Dans un silence de mort, les gens on commencé à se disperser. Nous on est retourné au dépôt et on à enchaîné le Croque-morts dans une des ses cellules. Je l’ai laissé parler avec l’homme poisson, en tête à tête, à ce qu’il m’a dit le lendemain, ils en avaient des choses à se raconter tous les deux.
                  Joe et moi, on a ouvert le coffre dans le bureau. Joe, ça lui avait pas pris plus de dix minutes .A l’intérieur, des papiers, des liasses de billets, des lingots d’or, y’en avait pour un bon paquet. Les yeux de Joe brillaient comme des billes, il regardait les lingots comme un gamin aurait regardé un gâteau au chocolat.

                  -Tu devrais y’aller Joe tu sais ? Faudra bien qu’on livre nôtre petit copain à la Marine, vaudrait mieux que tu sois plus là quand ils arriveront, hein ?

                  Alors j’ai sorti deux lingots et quelques liasses de billet et je lui ai donné.

                  -Bonne retraite, Joe. Si j’te revois, j’te fais mettre en taule.

                  -Merci Sam.

                  Qu'il avait répondu, j'étais pas à une connerie près, j'l'ai donc laissé filer.

                  Joe m’a fait un sourire, il s’est retourné et s’en est allé, je l’ai jamais revu.
                  Qu’est ce qu’il fallait que je fasse ? Que je le livre à la marine lui aussi ? Je réservais ça à des types qui méritaient plus que lui…
                    C'qu'il s'est passé quand Ishii s'est trouvé seul à seul avec l'croque mort ? J'en sais fichtrement pas grand chose et j'crois bien que même le Sam ne le saura jamais. J'crois bien qu'on veut pas l'savoir et qu'on est bien content que l'Ishii n'ait rien dit à c'propos quand l'est enfin sorti, trois heures plus tard. L'avait les poings en sang. L'croque mort avait la gueule morbide.

                    Quand l'est sorti, la tête basse, le front tout trempé et les yeux rougis d'larmes, l'a pris un chffon blanc qui traînait. S'est essuyé lentement les poings comme si ça pouvait lui laver les mains. L'a tiré sur son cigare qu'était presque éteint et m'a miré moi, qui l'attendait à l’extérieur j'sais même plus pourquoi.

                    Nos deux yeux s'sont perdu l'un dans l'autre. J'ai pas compris mais c'que je savais, c'est que j'avais interêt à avoir les esgourdes prêtes à entendre, à voir.

                    _Hmm... Vieillard, mon nom est Ishii Môsh. Et vous c'est Silvestre Unedertake , non ? On m'a dit du bien de votre travail. On m'a dit que de vos deux mains pouvaient faire renaître les morts le temps d'une cérémonie. Allez au nord de l'île. Là où habitait le pêcheur Johntran avec son vieux chien à trois pattes. Passez le barbelé. Traversez le champs de tabac. Vous y trouverez ce que vous avez à faire.

                    L'Ishii remit son nœud en place, se redressa sur ses grosses pattes et repartit sans un mot. J'avais oché la tête un brin surpris. J'savais que l'sang avait coulé, mais j'pensais pas qu'mon talent aurait d'utilité pour ces vermines d'la pire espèce. Alors j'suis allé voir et quand j'ai vu la carcasse d'la vieille mère d'Ishii toute bouffée et déjà presque à s'faire piacter par les condors j'ai compris.

                    J'ai compris que c'serait le travail d'ma foutue vie.

                    Après, l'Ishii partit voir le petit Sam. Il lui dit d'voir un papier qu'était tout bien beau et qui commençait par « Acte de propriété », qu'était signé du croque mort et qu'attendait plus que celle d'un autre. D'un plus puissant. D'un plus dangereux. D'un gars qu'même l'Ishii avait peur, j'crois bien. Mais c'papier ne l'verrait jamais, il verrait juste la belle plume du Sam parce qu'l'île lui devait bien ça. Ishii lui, il prit les lingots parce qu'à lui aussi, on devait beaucoup.

                    Quand j'lui montra sa mère, la veille de la messe, il m'en donna un, d'lingot. L'était pas belle, non, l'avait jamais été belle. Mais si un jour elle l'avait été, alors c'était ce jour là. Avec ses moustaches de disparues. Avec cette moue sérieuse et cette peau lisse. Avec ce beau costume qu'était presque efféminé. Ishii resta la nuit là. Assis sur une chaise, les mains pliées sur son front, comme à réfléchir.

                    Lorsqu'eut lieu la messe, tous les foutus guss de l'île étaient présent. Faisait pas beau. Faisait pas moche. C'tait le temps qu'il fait comme pour nous faire supporter la chaleur. L'petit vent d'Est venait rafraîchir les gueules et l'soleil se faisait verser quelques larmes, d'temps à autres, par un nuage plus gris qu'les autres.

                    Certains avaient sortis l'costume noir, d'autres gardaient leurs frusques dégueulasses qu'sont leurs seules frusques qu'ils ont. Ça s'passa joliement. Y'avait de ces chants qui f'saient lever le cœur de tout l'monde et même les foutus guss qui croyaient en rien crurent un p'tit instant voir une chose.

                    L'espoir.

                    L'espoir qui r'naissait avec Sam comme propriétaire, avec Ishii comme protecteur. Avec l'croque mort au fond d'une cage.
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                    Les Blues sont pas si grandes, j’sais pas pourquoi, mais je sentais qu’un jour ou l’autre, je reverrai Ishii.
                    Il est parti comme il est venu, quelques jours après qu’on ait enterré sa mère. Le pauvre vieux.
                    Quand je l’ai raccompagné au port, on s’est regardé, ce type faisait presque deux fois ma taille alors quand il m’a tendu la main, j’ai pu serrer qu’un doigt.
                    On s’est rien dit, y’avait pas besoin, puis, il à tourné les talons. Ishii ne serait plus jamais un étranger sur « Son Ile ».


                    Je suis resté un mois sur place après le départ de l’homme poisson, les habitants avaient retrouvé le sourire. On a du nettoyer pas mal de trucs, les habitants ont abattu les orangers et brulé la came, ils ont enterré les morts. On a trouvé un charnier derrière le dépôt, dans une petite clairière, on y a trouvé près de quarante corps, mon client Toshiro devait probablement s’y trouver et Silvestre Undertake a eut encore un peu plus de travail.

                    Moi j’ai pris le temps d’organiser un peu la nouvelle vie de l’ile, le commerce du tabac était florissant, mais y’avait du boulot.
                    Chaque habitant désireux de bosser à la fabrique à eut droit à un contrat en bon et due forme, tous rédigés par le père Archibald, histoire d’en garantir l’équité. Si cette affaire était bien gérée, y avait de quoi assurer la prospérité de ce bled…
                    Les gens m’appelaient parton dans la rue, on m’appelait Monsieur, On me disait bonjour, et ça faisait bizarre.

                    Un soir j’étais assis à mon bureau, je regardais la masse de papier devant moi, au milieu, une pochette de cuir avec les actes de propriété, un mois qu’ils étaient là et je n’avais pas pris le temps de les signer…
                    J’ai ouvert le dossier et l’ai lu tout ça de A à Z. En mettant mon nom dans la case en blanc, ça faisait de moi le propriétaire de la fabrique et des champs de plantations, de l’infrastructure et même d’un petit voilier de fret. J’ai pris la plume:

                    « Grat Grat. »

                    Depuis tout gamin, j’ai la fâcheuse habitude de faire les choses de travers, c’est comme cette aventure sur cette ile, je n’avais fait que prendre les mauvaises décisions : Me mêler de ce qui ne me regardait pas, mettre un coup de pied dans une fourmilière mafieuse qui ne pouvait que m’apporter que des emmerdes, laisser partir un pirate primé, laisser partir un ancien repris de justice avec le magot de Nobunaga et mettre ce con en taule alors qu’il était même pas connu des services de la Marine; pas un sou de prime.

                    Ce coup ci, j’prenais la bonne décision.

                    (…)
                    Le lendemain matin, je regardais ma gueule ravagée dans le miroir de ma cabine. Le petit bateau que j’avais pris à l’aube filait en direction de Cocoyashi. Sam patron d’une ile qui fabrique des cigares, ben voyons, j’ai jamais fumé de ma vie.
                    J’me suis miré un moment, au delà de la glace j’ai vu tous mes travers, toutes mes angoisses. J’me suis vu tel que j’étais, et là, pour la première fois, j’me suis souri…


                    Spoiler:

                    Peut etre même que j'me suis trouvé beau.