La p'tite Marie, elle a toujours rêvé du beau, du grand. Mais vu qu'ici, y'a qu'du sale, du crasseux, l'a jamais trouvé sabot à son pied. Alors forcément, l'est restée seule à s'occuper d'l'auberge d'son fieu père. 'Fin auberge... Un grand mot. Y'a juste plus de tables, plus d'alcools qu'ailleurs. Beaucoup plus en fait. Faut dire aussi qu'ici, les bûcherons, chasseurs, pêcheurs ou éleveurs, z'aiment bien s'rincer le gosier une fois les tâches finies. Bien comme il faut, qu'ils s'rincent le gosier. Y'en a qu'ont bien tenté d'faire du gringue à la p'tite Marie, mais c'toujours par un pied là où il faut qu'elle a répondu.
M'enfin, ça c'tait avant. C'tait le bon temps.
Parc'que d'puis, y'a l'croque mort qu'est arrivé. J'dis « croque mort » rapport à ses frusques, à ses aires d'la ville qu'il se donne. L'prend pas mal hein. C'pas parce qu'il s'frusquait en noir. C'plus des hauts du dimanche, lui. Forcément, ça a pas fait long avant qu'la p'tit Marie s'en amourache. Deux s'condes, p't'être trois. Le temps qu'il sorte ses billets verts. Tant qu'on n'en avait jamais vu dans toute not' vie. L'a dit qu'il avait du travail pour tout le monde. Certains l'ont cru. D'autre, non. Mais on a vite compris qu'il fallait pas l'emmerder, l'croque mort.
Il nous tenait. Il tenait l'île dans sa paume de gars d'la ville.
L'curé, un bon bougre, l'a tenté d'jouer la résistance, mais l'a rien pu faire. Histoire d'fausse propriétée, d'contrat caduque, d'machinchoses qu'des gens comme nous n'comprennent pas et sont obligé d'croire. Alors une bonne partie d'la forêt a étée rasée et certaines barraques ont du être reconstruites ailleurs. Paraitrait qu'la terre est bonne pour la plantation d'tabac. Du coup les pâturages ont poussé à la place des arbres. Pis un grand toit a été construit. Comme j'en avais jamais vu.
Alors on a trimé pour lui. Dans c'qu'il appelle son usine. Fallait bien vivre ! Les bûcherons n'pouvaient plus couper d'arbres, les eleveurs n'avaient plus d'terre pour leurs quelques brebis, …
Ça fait trois printemps maint'nant, et y'en a qu'une qu'a gardé sa place. C'est la p'tit Marie. Avec ses beaux tifs blonds et son minois d'jolie fille, l'a sû s'mettre bien avec le croque mort. Pis la besogne a beau avoir changé, les hommes ont toujours besoin d'se rincer l'gosier quand la nuit tombe.
J'piaille de tout ça, mais ta trogne étrange, elle m'fait penser à un autre truc. Y'en a un qu'est rentré hier. L'monstre comme le clampin moyen l'appelle. L'curé est v'nu à lui, ou l'inverse. Ch'ais plus trop. L'avait l'air perdue, la bête quand elle a vu comment son chez soit était d'venu un chez lui. Vrai qu'ça faisait un moment qu'on avait pas vu sa tête, à c'lui là. L'curé lui a d'mandé comment c'était, la ville. Faut dire qu'y a bien quelques bateaux qui passent, mais pas grand monde ose à s'y risquer. Alors lui, l'monstre, l'a répondu ça :
« La ville, c'est la jungle. L'homme remplace juste l'animal ; le goudron, la pature ».
J'ai beau m'être creusé, j'pas tout compris.
M'enfin, vrai qu'il en impose l'Ishii. L'a beau être aussi moche qu'un cul d'jatte en short, l'a toujours la chose qui laisse un goût étrange dans la bouche quand tu l'vois. Un truc que j'saurais pas expliquer sans t'le montrer. 'Doit être chez l'vieux faux pirate à c't heure. Un vieux lubrique qu'est v'nu s'enterrer ici et qui, quand l'a vidé un ou deux verres de trop, s'met à raconter des exploits qu'on n'saura jamais si c'est vrai ou pas. L'aurait traversé Grand Line, l'aurait vu d'choses incroyables. M'enfin rien n’empêche, quand il dit ça l'soir, on sait qu'on n'le reverra pas ici le lendemain. 'S'ra p't'être à train d'décuver ou d's'occuper d'ses quelques cigares qu'il garde pour lui malgré l'croque mort.
Tiens, j'viens d'le mirer, mais tes yeux s'sont p't'être un peu plus ouverts, quand j'parlé du vieux aussi vieux qu'moi. T'voudrais l'voir ? Faut suivre l'sentier qui quitte l'patelin au nord et longer la rive quand t'arrives en cul d'sac. Si tu t'perds pas entre deux fourrés, t'peux y être en une heure. Quoi ? Tu t'sauves déjà ? Sans dire mot ? Sans m'remercier pour l'verre ? Sont tous drôles, ces gens d'la ville...
M'enfin, ça c'tait avant. C'tait le bon temps.
Parc'que d'puis, y'a l'croque mort qu'est arrivé. J'dis « croque mort » rapport à ses frusques, à ses aires d'la ville qu'il se donne. L'prend pas mal hein. C'pas parce qu'il s'frusquait en noir. C'plus des hauts du dimanche, lui. Forcément, ça a pas fait long avant qu'la p'tit Marie s'en amourache. Deux s'condes, p't'être trois. Le temps qu'il sorte ses billets verts. Tant qu'on n'en avait jamais vu dans toute not' vie. L'a dit qu'il avait du travail pour tout le monde. Certains l'ont cru. D'autre, non. Mais on a vite compris qu'il fallait pas l'emmerder, l'croque mort.
Il nous tenait. Il tenait l'île dans sa paume de gars d'la ville.
L'curé, un bon bougre, l'a tenté d'jouer la résistance, mais l'a rien pu faire. Histoire d'fausse propriétée, d'contrat caduque, d'machinchoses qu'des gens comme nous n'comprennent pas et sont obligé d'croire. Alors une bonne partie d'la forêt a étée rasée et certaines barraques ont du être reconstruites ailleurs. Paraitrait qu'la terre est bonne pour la plantation d'tabac. Du coup les pâturages ont poussé à la place des arbres. Pis un grand toit a été construit. Comme j'en avais jamais vu.
Alors on a trimé pour lui. Dans c'qu'il appelle son usine. Fallait bien vivre ! Les bûcherons n'pouvaient plus couper d'arbres, les eleveurs n'avaient plus d'terre pour leurs quelques brebis, …
Ça fait trois printemps maint'nant, et y'en a qu'une qu'a gardé sa place. C'est la p'tit Marie. Avec ses beaux tifs blonds et son minois d'jolie fille, l'a sû s'mettre bien avec le croque mort. Pis la besogne a beau avoir changé, les hommes ont toujours besoin d'se rincer l'gosier quand la nuit tombe.
J'piaille de tout ça, mais ta trogne étrange, elle m'fait penser à un autre truc. Y'en a un qu'est rentré hier. L'monstre comme le clampin moyen l'appelle. L'curé est v'nu à lui, ou l'inverse. Ch'ais plus trop. L'avait l'air perdue, la bête quand elle a vu comment son chez soit était d'venu un chez lui. Vrai qu'ça faisait un moment qu'on avait pas vu sa tête, à c'lui là. L'curé lui a d'mandé comment c'était, la ville. Faut dire qu'y a bien quelques bateaux qui passent, mais pas grand monde ose à s'y risquer. Alors lui, l'monstre, l'a répondu ça :
« La ville, c'est la jungle. L'homme remplace juste l'animal ; le goudron, la pature ».
J'ai beau m'être creusé, j'pas tout compris.
M'enfin, vrai qu'il en impose l'Ishii. L'a beau être aussi moche qu'un cul d'jatte en short, l'a toujours la chose qui laisse un goût étrange dans la bouche quand tu l'vois. Un truc que j'saurais pas expliquer sans t'le montrer. 'Doit être chez l'vieux faux pirate à c't heure. Un vieux lubrique qu'est v'nu s'enterrer ici et qui, quand l'a vidé un ou deux verres de trop, s'met à raconter des exploits qu'on n'saura jamais si c'est vrai ou pas. L'aurait traversé Grand Line, l'aurait vu d'choses incroyables. M'enfin rien n’empêche, quand il dit ça l'soir, on sait qu'on n'le reverra pas ici le lendemain. 'S'ra p't'être à train d'décuver ou d's'occuper d'ses quelques cigares qu'il garde pour lui malgré l'croque mort.
Tiens, j'viens d'le mirer, mais tes yeux s'sont p't'être un peu plus ouverts, quand j'parlé du vieux aussi vieux qu'moi. T'voudrais l'voir ? Faut suivre l'sentier qui quitte l'patelin au nord et longer la rive quand t'arrives en cul d'sac. Si tu t'perds pas entre deux fourrés, t'peux y être en une heure. Quoi ? Tu t'sauves déjà ? Sans dire mot ? Sans m'remercier pour l'verre ? Sont tous drôles, ces gens d'la ville...
Dernière édition par Ishii Môsh le Dim 22 Juil 2012 - 11:21, édité 1 fois