Crock.
Mon poing s'abat une dernière fois, résistance et os se brisent. Mon arcade saigne. Superficiel. J'essuie l'entaille du revers de ma manche et avise la dernière personne à se tenir devant moi dans le bar. Une fieffée loubarde de treize ou quatorze piges. Une connaissance.
Vaudrait mieux pour toi que ce soit pas une blague.
Elle hoche de la tête pour faire signe que non, c'est pas une blague. Grognement de déplaisir. Mon défouloir retombe lourdement sur le parquet, inconscient, tandis que je lâche le col de sa veste.
On y va.
Le doigt de la petite pointe dans une direction, elle sort de son silence pour me dire que c'est par là, en sortie de ville. Elle ouvre la voie, je la suis.
Comment tu m'as retrouvé ?
Je n'ai eu qu'à suivre les coups.
Ça se tient. Je fais rarement dans le discret. Ces derniers temps ne m'ont pas vu déroger à mes habitudes. Hinu Town autorise ce genre d'écarts. La marine n'est pas moins incompétente ici qu'ailleurs, l'endroit regorge de gibets de potence, connait son lot quotidien de faits divers nauséabonds. Dans ses conditions, difficile de végéter. Je ne fais que participer à purifier la cité. Quand le Crime danse au Royaume d'une Justice déchue, j'interviens. Réhabilite le Bien, lui restitue son trône. Éclaboussé du sang de ceux qui lui ont tourné le dos.
Un travail de longue haleine. J'ai du souffle à revendre. Et de la hargne. Ces longues semaines ont été bercées au rythme de mes rixes. Un soir, en découdre avec un gang de voleurs, un soir, remettre de l'ordre dans les lignes de compte floues d'un commerce florissant. Ou, comme à l'instant, aider à désaouler des poivrots un peu trop remuants. Un travail ingrat, mais il faut bien que quelqu'un s'en charge.
Cela aurait même été une nuit plutôt tranquille sans l'arrivée à l'improviste de la môme. Elle a fait irruption au beau milieu de échauffourée de bar à laquelle je participais pour mieux la juguler. Sa frêle silhouette a sillonné entre les tessons de bouteille et les tabouret qui fusaient pour me trouver, occupé à rappeler le politesse à un merdeux du revers de ma main. Distraction que je ne boude pas, il faut inculquer le respect des valeurs à la jeune génération.
Hé toi.
... Gamine ?
J'ai besoin de toi.
J'suis occupé, tu vois pas ?
Elle voyait, mais elle s'en moquait. L'absence d'air malicieux chez elle m'a surpris. J'ai demandé ce qui n'allait pas.
Ossoï, le vieux ronin, s'est mis à dos un cartel de contrebande du quartier.
Sale surprise. Cet homme est sans doute l'un des rares modèles de probité de la basse-ville. J'ai distribué deux trois pralines autour de moi pour nettoyer la place, ai porté ensuite pleinement mon attention à son histoire.
...on dit qu'il aurait été kidnappé. Voire éliminé. Tu dois l'aider.
Pas eu le temps de répondre. Une bouteille vide s'est brisée sur ma tempe gauche. Le coupable ? Un pouilleux dont l'instinct de survie s'est noyé depuis dix ans déjà dans la gnôle. L'a pas flairé le danger, m'a même harangué, pour couronner le tout. Bête idée. Mes pognes l'ont attrapé, pour ne plus le libérer avant de lui avoir concassé soigneusement le crâne.
Crock.
Le dernier coup de poing jette un froid sur le tripot. Terminé pour ce soir. Je demande à Lina si elle est sûre d'elle. Elle confirme. On sort. Aux bastons de tavernes, je préfère tirer le vieil homme de ce mauvais pas. S'il en est encore temps.
Une nuit sans lune guide nos pas. On abandonne les quartiers zonards pour un secteur moins fréquenté. Les bâtiments ont pour la plupart des allures d'entrepôt, ici. Certains semblent gardés par deux ou quatre hommes en noir. Je serais curieux de lorgner les marchandises qu'ils renferment. Plus tard, peut-être.
Elle s'arrête en bout d'allée. Passe la tête à la dérobée pour observer la prochaine, je l'imite.
Tu vois ce baraquement, tout au bout ?
Oui.
C'est un bon endroit pour commencer à y poser des questions.
Ok.
Le vieux samouraï m'en voudrait de plonger dans un nid à vipères accompagné de la gosse.
Tu restes là.
Un regard appuyé la dissuade de m'emboiter le pas, elle opine du chef en signe d'assentiment. Bien. Je m'oriente vers l'objectif. Mains dans les poches, le pas serein. Allons jeter "un œil" à l'intérieur.
Mon poing s'abat une dernière fois, résistance et os se brisent. Mon arcade saigne. Superficiel. J'essuie l'entaille du revers de ma manche et avise la dernière personne à se tenir devant moi dans le bar. Une fieffée loubarde de treize ou quatorze piges. Une connaissance.
Vaudrait mieux pour toi que ce soit pas une blague.
Elle hoche de la tête pour faire signe que non, c'est pas une blague. Grognement de déplaisir. Mon défouloir retombe lourdement sur le parquet, inconscient, tandis que je lâche le col de sa veste.
On y va.
Le doigt de la petite pointe dans une direction, elle sort de son silence pour me dire que c'est par là, en sortie de ville. Elle ouvre la voie, je la suis.
Comment tu m'as retrouvé ?
Je n'ai eu qu'à suivre les coups.
Ça se tient. Je fais rarement dans le discret. Ces derniers temps ne m'ont pas vu déroger à mes habitudes. Hinu Town autorise ce genre d'écarts. La marine n'est pas moins incompétente ici qu'ailleurs, l'endroit regorge de gibets de potence, connait son lot quotidien de faits divers nauséabonds. Dans ses conditions, difficile de végéter. Je ne fais que participer à purifier la cité. Quand le Crime danse au Royaume d'une Justice déchue, j'interviens. Réhabilite le Bien, lui restitue son trône. Éclaboussé du sang de ceux qui lui ont tourné le dos.
Un travail de longue haleine. J'ai du souffle à revendre. Et de la hargne. Ces longues semaines ont été bercées au rythme de mes rixes. Un soir, en découdre avec un gang de voleurs, un soir, remettre de l'ordre dans les lignes de compte floues d'un commerce florissant. Ou, comme à l'instant, aider à désaouler des poivrots un peu trop remuants. Un travail ingrat, mais il faut bien que quelqu'un s'en charge.
Cela aurait même été une nuit plutôt tranquille sans l'arrivée à l'improviste de la môme. Elle a fait irruption au beau milieu de échauffourée de bar à laquelle je participais pour mieux la juguler. Sa frêle silhouette a sillonné entre les tessons de bouteille et les tabouret qui fusaient pour me trouver, occupé à rappeler le politesse à un merdeux du revers de ma main. Distraction que je ne boude pas, il faut inculquer le respect des valeurs à la jeune génération.
Hé toi.
... Gamine ?
J'ai besoin de toi.
J'suis occupé, tu vois pas ?
Elle voyait, mais elle s'en moquait. L'absence d'air malicieux chez elle m'a surpris. J'ai demandé ce qui n'allait pas.
Ossoï, le vieux ronin, s'est mis à dos un cartel de contrebande du quartier.
Sale surprise. Cet homme est sans doute l'un des rares modèles de probité de la basse-ville. J'ai distribué deux trois pralines autour de moi pour nettoyer la place, ai porté ensuite pleinement mon attention à son histoire.
...on dit qu'il aurait été kidnappé. Voire éliminé. Tu dois l'aider.
Pas eu le temps de répondre. Une bouteille vide s'est brisée sur ma tempe gauche. Le coupable ? Un pouilleux dont l'instinct de survie s'est noyé depuis dix ans déjà dans la gnôle. L'a pas flairé le danger, m'a même harangué, pour couronner le tout. Bête idée. Mes pognes l'ont attrapé, pour ne plus le libérer avant de lui avoir concassé soigneusement le crâne.
Crock.
Le dernier coup de poing jette un froid sur le tripot. Terminé pour ce soir. Je demande à Lina si elle est sûre d'elle. Elle confirme. On sort. Aux bastons de tavernes, je préfère tirer le vieil homme de ce mauvais pas. S'il en est encore temps.
Une nuit sans lune guide nos pas. On abandonne les quartiers zonards pour un secteur moins fréquenté. Les bâtiments ont pour la plupart des allures d'entrepôt, ici. Certains semblent gardés par deux ou quatre hommes en noir. Je serais curieux de lorgner les marchandises qu'ils renferment. Plus tard, peut-être.
Elle s'arrête en bout d'allée. Passe la tête à la dérobée pour observer la prochaine, je l'imite.
Tu vois ce baraquement, tout au bout ?
Oui.
C'est un bon endroit pour commencer à y poser des questions.
Ok.
Le vieux samouraï m'en voudrait de plonger dans un nid à vipères accompagné de la gosse.
Tu restes là.
Un regard appuyé la dissuade de m'emboiter le pas, elle opine du chef en signe d'assentiment. Bien. Je m'oriente vers l'objectif. Mains dans les poches, le pas serein. Allons jeter "un œil" à l'intérieur.