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Entre Chien et Loup

Crock.

Mon poing s'abat une dernière fois, résistance et os se brisent. Mon arcade saigne. Superficiel. J'essuie l'entaille du revers de ma manche et avise la dernière personne à se tenir devant moi dans le bar. Une fieffée loubarde de treize ou quatorze piges. Une connaissance.


Vaudrait mieux pour toi que ce soit pas une blague.

Elle hoche de la tête pour faire signe que non, c'est pas une blague. Grognement de déplaisir. Mon défouloir retombe lourdement sur le parquet, inconscient, tandis que je lâche le col de sa veste.

On y va.

Le doigt de la petite pointe dans une direction, elle sort de son silence pour me dire que c'est par là, en sortie de ville. Elle ouvre la voie, je la suis.

Comment tu m'as retrouvé ?
Je n'ai eu qu'à suivre les coups.

Ça se tient. Je fais rarement dans le discret. Ces derniers temps ne m'ont pas vu déroger à mes habitudes. Hinu Town autorise ce genre d'écarts. La marine n'est pas moins incompétente ici qu'ailleurs, l'endroit regorge de gibets de potence, connait son lot quotidien de faits divers nauséabonds. Dans ses conditions, difficile de végéter. Je ne fais que participer à purifier la cité. Quand le Crime danse au Royaume d'une Justice déchue, j'interviens. Réhabilite le Bien, lui restitue son trône. Éclaboussé du sang de ceux qui lui ont tourné le dos.

Un travail de longue haleine. J'ai du souffle à revendre. Et de la hargne. Ces longues semaines ont été bercées au rythme de mes rixes. Un soir, en découdre avec un gang de voleurs, un soir, remettre de l'ordre dans les lignes de compte floues d'un commerce florissant. Ou, comme à l'instant, aider à désaouler des poivrots un peu trop remuants. Un travail ingrat, mais il faut bien que quelqu'un s'en charge.

Cela aurait même été une nuit plutôt tranquille sans l'arrivée à l'improviste de la môme. Elle a fait irruption au beau milieu de échauffourée de bar à laquelle je participais pour mieux la juguler. Sa frêle silhouette a sillonné entre les tessons de bouteille et les tabouret qui fusaient pour me trouver, occupé à rappeler le politesse à un merdeux du revers de ma main. Distraction que je ne boude pas, il faut inculquer le respect des valeurs à la jeune génération.

Hé toi.
... Gamine ?
J'ai besoin de toi.
J'suis occupé, tu vois pas ?

Elle voyait, mais elle s'en moquait. L'absence d'air malicieux chez elle m'a surpris. J'ai demandé ce qui n'allait pas.

Ossoï, le vieux ronin, s'est mis à dos un cartel de contrebande du quartier.

Sale surprise. Cet homme est sans doute l'un des rares modèles de probité de la basse-ville. J'ai distribué deux trois pralines autour de moi pour nettoyer la place, ai porté ensuite pleinement mon attention à son histoire.

...on dit qu'il aurait été kidnappé. Voire éliminé. Tu dois l'aider.

Pas eu le temps de répondre. Une bouteille vide s'est brisée sur ma tempe gauche. Le coupable ? Un pouilleux dont l'instinct de survie s'est noyé depuis dix ans déjà dans la gnôle. L'a pas flairé le danger, m'a même harangué, pour couronner le tout. Bête idée. Mes pognes l'ont attrapé, pour ne plus le libérer avant de lui avoir concassé soigneusement le crâne.

Crock.

Le dernier coup de poing jette un froid sur le tripot.
Terminé pour ce soir. Je demande à Lina si elle est sûre d'elle. Elle confirme. On sort. Aux bastons de tavernes, je préfère tirer le vieil homme de ce mauvais pas. S'il en est encore temps.

Une nuit sans lune guide nos pas. On abandonne les quartiers zonards pour un secteur moins fréquenté. Les bâtiments ont pour la plupart des allures d'entrepôt, ici. Certains semblent gardés par deux ou quatre hommes en noir. Je serais curieux de lorgner les marchandises qu'ils renferment. Plus tard, peut-être.

Elle s'arrête en bout d'allée. Passe la tête à la dérobée pour observer la prochaine, je l'imite.

Tu vois ce baraquement, tout au bout ?
Oui.
C'est un bon endroit pour commencer à y poser des questions.
Ok.

Le vieux samouraï m'en voudrait de plonger dans un nid à vipères accompagné de la gosse.

Tu restes là.

Un regard appuyé la dissuade de m'emboiter le pas, elle opine du chef en signe d'assentiment. Bien. Je m'oriente vers l'objectif. Mains dans les poches, le pas serein. Allons jeter "un œil" à l'intérieur.
    Quelques heures auparavant...

    La main du commerçant se rabat sur les billets comme l'aurait fait une araignée ayant emprisonné sa première mouche du mois. L'homme est grand et très costaud, archétype étrange pour un tailleur. Il fixe son client de ses yeux cernées d'un fin trait au crayon noir faisant écho avec les reflets sombres de ses excentriques moustaches. Le client est Gharr. Pas Capitaine Hadoc, juste Gharr aujourd'hui. L'année 23 touche à sa fin et les marines ont obligation de prendre une vingtaine de jours de congés payés, offerts au Ghost Dogs après une lourde année de traques et aventures. Le marine touriste a profité de son temps pour prendre le soleil et le raffinement à Hinu Town, ville qu'il apprécie car elle est sécurisée, sèche et peuplée de gens riches. A l'intérieur des murailles en tout cas. Bon endroit pour y dépenser son argent, et cet ensemble du désert allant à merveilles au teint et au style du vacancier, le voilà travesti en samouraï oriental. Le temps de ranger ses nouvelles acquisitions sur le chameau et le voilà reparti pour de nouvelles découvertes. Les services à thé sont d'une sophistication qui tranche avec la culture de Hadoc, il en achète un bien riche en décorations qu'il comptera testé dès ce soir. Aromates et épices ne tardent pas à alourdir le bête et Il prend même le temps de chercher le cadeau rituel de fin d'année pour ses officiers. Les simples soldats auront une solde majorée durant leur permission, de quoi se permettre quelques plaisirs avec leurs familles.

    Sont-ce les biens qu'il transporte qui font que Gharr se découvre suivi ? La ville a beau présenté un beau visage et charmants commerces emplis d'une presque authentique insouciance, nombre de révolutionnaires séjournent également dans les environs. Et depuis l'affaire Endemolia, Hadoc sait que son visage a filtré du côté du réseau criminel. Les gens prêts à le reconnaître demeurent rares, surtout quand il porte le keffieh et un dishdash fait sur mesure et transformé pour libérer les jambes et permettre de se battre sans s'emmêler dans ses tissus. Une décision plus que sage compte tenu des derniers événements. Feignant l'ignorance, Hadoc s'engouffre volontairement dans une ruelle hors circulation qui offrirait à sa filature une occasion rêvée de se distinguer si elle le désire. Entre l'arrière de maisons aux volets fermés et la muraille séparant la ville construite des tentes des nomades et plus pauvres, le duo poursuivant sort enfin de l'improbable ombre des lieux pour constater que Gharr les attend. Ils avancent. Aucun n'est grand ni gaillard par rapport au marine, mais leurs ceintures portent deux pistolets.

    Gharr: Puis-je savoir ce que vous désirez ?
    Kheb: Je me trompe ou ce sont des katanas ça ?
    Gharr: Pour l'un d'entre eux seulement, les autres sont un dotanuki et un wakizashi.
    Bahab: C'est un samouraï, seuls les samouraïs ont des katanas.
    Gharr: Plus maintenant, même si la plupart des gens qui prétendent détenir un katana ont un autre type de sabre. Le mot est passé dans le langage courant, l'erreur s'est généralisée.
    Bahab: Il est très aimable ce type. Vous ne seriez pas Ossoï par hasard ? Interroge t-il avec une pointe d'agressivité inquisitrice et le bout des doigts aux abords de la crosse d'un des pistolets.
    Gharr: Vu votre façon de le demander, je crois que personne dans cette ville n'aimerait être Ossoï.
    Kheb: J'ai lu dans un livre que les samouraïs aimaient bien faire de l'esprit. C'est bien Ossoï Bahab.
    Bahab: Veuillez lâcher vos armes Ossoï, notre employeur aimerait vous parler en privé.
    Gharr: Et si moi je ne désire pas lui parler ?
    Kheb: Alors c'est par la peau du col qu'on va t'y...

    L'homme de main ne poursuit pas sa phrase, un fourreau lui percute la temps et le foudroie sur place. Il s'écroule en faisant fuir un peu de sable, puis s'éteint.

    Gharr: Il n'est pas mort, mais ça n'a dépendu que de moi. Ramenez-le chez votre patron et dites-lui que s'il désire me parler, je serai disponible dès ce soir à l'hôtel du "Songe du Djinn". Inutile d'employer les armes, je suis homme de paix. Et pour que cela reste ainsi, ça ne dépend que de vous. Bonne journée, Bahab.
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    Ils arrivent !
    ...'chier.

    Le ronin bloque l'accès aux fenêtres. Tant pis pour lui. S'élancer. Au contact, sauter, sacrifier un bras au sabre qu'il ne manquera pas de dégainer, porter un fouetté à hauteur du cou, prolonger le mouvement jusqu'à ce que sa tête heurte le sol. Knock-out. Dix secondes au plus. Et la voie sera libre.

    On y va gamine.

    [...]

    J'approche de l'entrepôt, tranche l'air frais, le pas animé. Sans rencontrer d'opposition, ni me sentir épié de près ou de loin. Sécurité inexistante. Sensation de vide. De malaise. La môme avait raison, ça pue l'embrouille. Pas de problème. J'aime les embrouilles; j'en fais mon pain quotidien. Je suis devant l'entrée, close, et toujours rien. Soit. Pour découvrir de quoi il en retourne exactement là dedans, il faut entrer. Le meilleur moyen, se faire remarquer. On va pas s'emmerder à être discret. Perte de temps et d'énergie. Je tabasse l'édifice plus que je ne toque, le vacarme est relayé d'un écho insoupçonné. On pourrait croire que tout est vide là dedans. Ce n'est pas exactement le cas. Des pas, balourds. Une voix mal réveillée depuis l'intérieur qui lance des " j'arrive, j'arrive ". Une lucarne s'ouvre, une tête pointe.

    Crok.

    Mon poing s'engouffre par l'ouverture, heurte la tête anguleuse de l'individu à l'intérieur, ma voix tonne. Commande d'ouvrir. Un bruit de cliquetis, on m'obéit sans faire d'histoire. J'entre.

    Quelques secondes sont nécessaires pour s'adapter à l'obscurité qui règne. Personne ne m'assaille. Pas que je m'y attende, mais c'est pas loin d'être la procédure habituelle quand on entre par effraction dans une baraque louche. Ici, non. Pas d'hommes de main dégénérés, pas de rafale de coups de feu. Rien de tout ça. Juste le jeune idiot qui se tient le nez depuis que je le lui ai écrasé, et un collègue à lui tout aussi impressionné, qui a accouru en braillant " Pytta ! Pytta !" et gémit abondamment maintenant.

    Bouh-ouh-ouh. Mon Dieu... on aurait jamais dû accepter ce boulot, Pytta...ô monde cruel...on est bon pour la mitraillette... bouh-ouh-ouh...
    Kefffta...
    Tu m'agaces. Arrête de couiner.
    Par..pardon.
    Monfieur, ne nous tuez pas. F'est notre première miffion. Pitié. Efplique lui, Kefffta.
    O...oui... Dürum-Aniki nous a confié la garde de l'entrepôt, lui et les hommes sont sur un gros coup.
    Lequel ?
    Ils disent avoir trouvé le Samuraï qui leur cause du tort en ville. Il est au "Songe du Djinn".
    F'est tout fe qu'on fait, on vous vure ...
    Vous n'allez pas nous faire de mal, dites ?
    Pas cette fois. Dégagez.
    Oh, merci ! Merci mon dieu.
    Hé.
    Voui ?
    Sympa les prénoms.

    Je leur tourne le dos et disparais dans les ténèbres. On progresse. J'ai une adresse. J'avertis Lina de me conduire au Songe du Djinn; un hôtel en haute ville, qu'elle me dit. Il sera difficile de s'y introduire. La marine fait régner l'ordre dans cette partie là de la métropole. Si d'aventure on m'y identifiait, porter secours à Ossoï tout en échappant aux enquêteurs serait délicat. Reste à savoir comment un mec mal intentionné comme semble l'être ce Mr Dürum a pu s'installer dans Hinutown, la belle. Proprio d'hôtel véreux ? Marines ripoux ? Une enquête de plus à mener.

    La remontée vers notre objectif se fait sans hâte ni conversation. La gamine entrouvre bien le bec quelques fois mais je l'ignore sciemment. Elle râle que je suis pas bavard, que je marche trop vite puis se tait. Et remet ça toutes les cinq minutes. Jusqu'à ce que le Songe du Djinn se dresse devant nous. Sobre. Haut. Imposant.

    On va passer par l'accès de service.
    J'ai une bonne idée. Laisse moi faire.
    Hein ?
    Tu vas voir.

    Et la petite disparait aussi sec. Méfiance. Avec elle, la définition de bonne idée prend une tournure assez inquiétante. Foutue gamine. Limite, je la laisse en plan ici. Je ne l'aurai pas dans les pattes pour agir. Hmm. Ça, c'est une bonne id...

    Ta-daa.

    Je me retourne. Elle est là, vêtue d'une robe mauve, boucles d'oreilles bien en évidence. Une valise devant ses pieds.

    C'est quoi ça ?
    Ma valise, cher monsieur.

    Elle a lâché ça avec l'emphase qui sied aux nobles. Juste ce qu'il faut pour me contrarier.

    Et tu vas aussi prendre une chambre, tant qu'on y est ?
    Chi-hi-hi...

    Son sourire s'étire. Sa main agite distraitement une clef, victorieuse.

    Comme ça, on peut aller et venir librement à l'intérieur. Nous sommes d'honnêtes clients.

    Un soupir. Pas le temps de faire la fine bouche. On restituera leurs affaires aux malheureuses victimes de Lina une fois Ossoï retrouvé. Je hoche la tête, on entre. Un garçon à l'accueil nous interpelle, je lui montre la clef. Il ne bronche pas, on s'engage dans l'escalier.

    Brillant, non ?
    Tais-toi.
    Chi-hi-hi...hié ?

    Son rire s'éteint. Une petite troupe nous dépasse à la hâte. Leur dégaine parle pour eux. J'identifie celui au centre, le leader. Sûrement Dürum. Ça mord à la ligne. Le groupe nous dépasse sans nous prêter attention. On les suit de loin s'engager dans un couloir, vers lequel on s'oriente à notre tour. La bande nous croise à nouveau, il manque plusieurs unités. Certains ont pénétré dans une chambre. Je repère laquelle au bruit qui en provient. Les autres repartent patrouiller dans l'établissement. Plus personne en vue. Bien.

    Tu surveilles ici. Si on vient, préviens.

    Lina opine du chef. Le feu de l'action ne va plus tarder à crépiter. Je toise la porte. Poings serrés, prêt à défier quiconque se trouvera à l'intérieur. Oeil chargé de conviction, de violence. On y retombe tout le temps. Puis recule sur toute la largeur du couloir et viens percuter l'épaule en avant l'édifice de bois qui sort de ses gongs. On nous a sûrement déjà entendu. Maintenant, agir vite. Ecraser du poing les sources de lumière les plus proches, sur les murs. Deux hommes, au premier plan, deux au second. Je reconnais deux petites frappes, et Durum. Mais pas le quatrième. Un homme en tenue de samouraï. Sans doute en contact avec Dürum. À éliminer. Ossoï est absent.

    Ossoï... où ?

    Pas de réponse. Au lieu de ça, deux premiers individus se ruent sur moi. L'un me porte même un coup. Je bronche pas. Frappe à mon tour. Les insectes tombent. Le boss s'écroule à son tour à terre, séché par un uppercut au foie foudroyant. Il rejoint ses hommes de main, étalés dans la chambre d'hôtel, dans un état peu reluisant. N'en reste qu'un, immobile, face à moi. Le samouraï. D'ordinaire, les rats fuient quand ils se sentent pris au piège. Lui non. Il attend, debout, stoïque dans la pénombre qui s'est emparée de la pièce depuis que j'y ai fait irruption. Ses yeux luisent dans l'obscurité; un regard serein, impassible. Comme l'eau qui dort. Curieux. Mais ça ne fera aucune différence. Plus fou que les autres, sans doute. Plus dangereux aussi, probablement. Tant mieux. Il doit savoir des choses. Je vais me faire un plaisir de lui poser mes questions. Mais la voix de Lina m'oblige à reporter l'interrogatoire.

    Merde. Pour peu, la marine est aussi dans les parages. Je ne peux prendre ce risque. Je toise le dernier homme debout avec moi dans la pièce. Incruste son visage dans mes souvenirs. Il nous sera donné de nous revoir bientôt, s'il est concerné par cette affaire. On se recroisera. Son regard a quelque chose de serein qui rappellerait Ossoï. Mais ce n'est pas Ossoï. Et il est sur ma route. Il faut se charger de son cas.

    Lina apparaît, je lui dis de me suivre. Et m'élance vers le ronin.


    Spoiler:
      Gharr attendait ce moment. Depuis plusieurs secondes, ils s'y préparait et après avoir entraîné ses gestes à chaque éventualité, le hasard n'avait plus sa place. Avant que le bras de son opposant ne se dresse, ne s'impose, il porte la main à sa ceinture et dégaine d'un geste vif. Le visiteur s'immobilise un moment, surpris par l'initiative du samouraï. Le billet glisse jusqu'à sa main avant même qu'il ait eu l'impression de la tendre pour avoir monté les bagages - nombreux - de Hadoc. Il le remercie d'une révérence et retourne à son travail. Gharr organise ses emplettes, les déballe, les nettoie, les polit quand elles sont susceptibles de rouiller et les désencrasse de tout ce sable qui s'insinue comme un parasite dans chaque recoin. Puis il réemballe les objets destinés aux siens, mais à sa façon. Chaque papier a été sélectionné, préparé et plié de façon entièrement personnalisée. L'emballage du Colonel Lawblood, blanc parfait, a été béni et le ruban, rouge cardinal, disposé en croix parfaite. Celui du Commandant Trovahechnik a la couleur du gris moyen, et le pliage n'offre aucun rebord visible car tous se cachent sous le ruban, du même gris. L'ingénieure Jaccob a droit à un origami qui se déplie en spirale comme un objectif d'escaméra, le Caporal Achilia une gigantesque grille de sudoku, l'Ex-Amiral en Chef Céldèborde du papier à bulles. Hadoc avait songé à en faire le cadeau en lui-même d'ailleurs, jusqu'à être tombé par hasard sur un livre jugé illégal jusqu'à il y a quelques années car provocateur et qui affirme que le massacre d'Ohara est un mythe, que les ponéglyphes ont été écrits par des hommes-lézards qui nous manipulent en secret et que l'Amiral en Chef Céldèborde est le plus grand héros de la Marine. De moins en moins crédible, mais l'important est que le vieil homme puisse poncer son égocentrisme et mettre assez de temps à se lire et relire pour ne rien casser à bord.

      Avec tous ces préparatifs, l'idée de la venue - éventuelle - des deux agresseurs agressés de tout à l'heure s'est distillée. Les heures ont défilé et Gharr a profité de la vue, de la compagnie et des services de l'hôtel. Le dîner lui a permis de rencontrer deux commerçants qui l'ont convaincu de passer commande chez eux pour la cantine de la Marine. Dès 1624, Harr Habhika et Robb Hustah de la maison Dukhaffé. Il a également décliné deux invitations de "femmes d'affaires de passage" à prolonger la soirée avec elles. La première avait une culture générale très intéressante mais cherchait un homme riche auquel se pendre comme un collier pour en recevoir jusqu'à ce que son corps flétrisse. La seconde était trop jeune et jugeait la valeur d'un homme au nombre de combats qu'il avait mené et aux cicatrices qu'il arborait en trophées. Sûr que dans ce type de critère, le Commodore était qualif à la place du qualif pour le carré final de l'hôtel, voire de la ville. La phrase répulsive avait marqué un premier obstacle. "Je suis marié". Dans certaines villes, c'est "je suis de la marine" qui clos très bien l'ardeur plus ou moins voilée d'une discussion. Ici, les femmes se voilent plutôt bien, le charme et la séduction sont des arts codés, subtiles, patients. C'est ce que Hadoc aime et entretient par jeu, mais sans jamais laisser trop de souplesse aux espérances. Sitôt le souper terminé et les derniers saluts rendus, Gharr a retrouvé sa chambre et, voyant la porte ouverte minutieusement au rossignol, le souvenir de cet après-midi. Shishk et Bahab sont là, bien que le premier reste anonyme pour le marine. Le troisième se présente très vite, c'est Dürum.

      "Salam Monsieur Ossoï, je suis ravi d'enfin faire votre connaissance", qu'il dit. Gharr le salue comme le ferait probablement son imposture et s'invite dans sa propre chambre. Dürum demande a Bahab si c'est bien lui. Bahab confirme.

      "Vous savez, Monsieur Ossoï, je suis un homme de lois. Enfin, pas vraiment, mais disons que je suis un homme de principes. Qu'un étranger peu rôdé aux systèmes de cette ville décide de passer un coup de torchon, c'est aussi louable qu'impoli, mais je le comprends. Que ce même homme envoie un des deux émissaires envoyé pour négocier la paix à l'hôpital, cela devient gênant. Contrariant même, et remarquez que je le dis dans un calme exempt de toute menace déguisée. Disons pour parler peu mais bien, que j'ai un problème avec vous et que j'aimerais que nous le réglions ici et maintenant, d'une voie amiable autant que faire se peut, cela va sans dire."

      L'homme est courtois, il a l'habitude de traiter avec des nantis. Sans doute en est-il un lui-même, mais il respire celui qui s'est fait son empire au ciment rouge. Dans son esprit, Hadoc statue. Tomber le masque ou chercher à en savoir plus sur le lien entre Ossoï et eux. Il n'est pas en service certes, mais on peut toujours aider un samouraï à faire justice, pourvu qu'elle ne soit pas trop expéditive. Fort heureusement le justicier dans la ville semble être fait de ceux qui emploient la violence avec parcimonie.

      Crak!

      Nouvelle entrée, fracassante. Pas de rossignol pour lui, le loup a faim et collectionne son gibier à coup de poings comme s'il avait une famille nombreuse à nourrir. Même Dürum, qu'on en viendrait à plaindre, se fait calmer par un sous-marin rude qui le fait sombrer aussi sec. L'étranger a parlé d'Ossoï, toute la ville sera bientôt là pour trouver Ossoï. Sauf que ce nouveau, il cherche un visage précis qu'il ne retrouve même pas chez quelqu'un habillé comme le suspect décrit. Il le connait et il est toujours conscient, deux choses dignes d'en faire un sujet intéressant. Mais au lieu de le laisser parler, l'hystérique à qui lia de mauvaises intentions un empressement aussi incompréhensible que la petite bourgeoise transportant sa valise comme un doudou se mit en tête de tenter le strike d'emblée, et de vouloir ajouter Gharr à sa brochette de knock out.

      Pas le temps de sortir son arme, le Ghost Dog foudroie l'agresseur d'une violence aussi vive qu'invisible. Trinita s'arrête dans son mouvement que le temps semble avoir distordu à sa guise, comme s'il avait conscience des ralentis. Gharr possède la tête de Hochman et un son de flûte pénètre dans sa tête. Son corps est celui d'un enfant et il ressent sans les voir la morsure d'une nuée de rats tournoyant autour de lui. Ils rongent son coeur et son courage, leurs incisives sont froids comparées au sang qu'elles aspirent. Les attaques se changent en frisson. Ils n'ont jamais été autre chose.

      Il ne s'évanouit pas, ce n'est pas bon signe. La plupart des gens qui vivent un cauchemar éveillé et ressentent l'étreinte d'un prédateur effrayant car immatériel se préservent en se déconnectant, ou en s'effondrant pour gémir, et cramponner à soi-même, pleurer. Même les hommes forts le font, ce n'est plus une question de fierté ou de virilité, mais d'attitude face à la mort. Trinita est toujours debout et même si son assaut a été bloqué par cette sape mentale, cela ne laisse à Hadoc que le temps de saisir ses deux sabres les plus courts et d'esquiver le poing ankylosée depuis le jeu de la mort. Malheureusement, ça ne marchera plus aussi bien les prochaines fois.

      L'enfant derrière le forcené l'intrigue, elle est trop inquiète de ce qui va arriver à son compagnon pour que cela ne devienne pas contagieux. Les sabres restent dans leurs fourreaux, mais Hadoc compte quand même s'en servir. C'est son tour d'attaquer. Il est temps de voir comment le loup s'en sort face à l'école des deux sabres.
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      Il se passe quelque chose de bizarre. De … d'inquiétant. Un halo de souffrance qui transperce mon corps, des visages familiers et haïs qui flottent dans la pièce. L'apparence de l'adversaire change aussi. C'est éphémère, ça ne dure qu'un instant pour se dissiper de suite après, mais je sais ce que j'ai vu. Ce que j'ai ressenti. Un sentiment depuis longtemps oublié refait surface. La crainte. Ça n'éteint pas la hargne qui me parcourt, mais l'engourdit au moins. Une suée glacée, le corps qui se crispe, se fige, comme tétanisé. Et les fourmis qui viennent vous saisir aux tripes, le cerveau secoué par quelque chose qu'il ne comprend pas. Qu'il n'attendait pas, surtout. Des sensations que je n'ai pas l'habitude de côtoyer. Ce n'est pas normal. L'inconnu est dangereux. Il est une menace.

      Mon poing fuit le visage du samouraï, son étrange sortilège m'a fait manquer mon coup. Il profite de l'ouverture pour empoigner ses armes. Sage décision; s'il comptait me faire plier à coup d'illusions, il se trompe de client. La peur, je l'ai domptée il y a bien longtemps; à trop la fréquenter, elle est devenue une alliée. Je me nourris de Terreur pour mieux la susciter chez l'ennemi. Trinita ne fléchit pas face à la menace, elle décuple son instinct. Attise l'ardeur du chasseur, du traqueur inlassable. Ici plus qu'ailleurs, ma conviction exclut toute possibilité d'échec. L'enjeu est trop important pour se le permettre. Je dois secourir un homme de bien, un des rares que l'on puisse croiser en cette époque tourmentée. Et derrière moi, Lina; cette môme dissipée, c'est ma pénitence, ma rédemption. Elle est importante. Ils sont importants. Parce qu'ils me supportent, parce que j'ai le sentiment d'accomplir quelque chose, avec eux. Mon bras est le prolongement armé de ma volonté; de la Justice. Pas n'importe laquelle; la mienne. Celle que j'ai instaurée, infaillible, implacable. On ne se met pas en travers de mon chemin, encore moins lorsque je suis investi d'une mission. L'inconnu va l'apprendre à ses dépens.

      Mon premier coup s'est perdu dans les ténèbres, parti chasser mes fantômes. Je ne peux pas me permettre de me retenir, je le sens. Cet homme, il faut le prendre au sérieux. Il s'est saisi de ses katanas, je déploie mes atouts. Le cache-œil est ôté, ma pupille noire de colère gronde, vient sonder à son tour le bretteur. Un défi mental pour jauger sa résistance, sa nature néfaste aussi. Tu as voulu jouer dans l'univers des songes, je te rappelle une brutale réalité. Immuable, entière, indiscutable. Je suis une source de terreur, et tu vas en faire l'amère expérience, à hauteur de tes pêchés.


      It's so easy.

      Il est saisi, confronté à ses actes. Il n'est plus le maître à bord, quelqu'un met le désordre dans ses pensées. Un étranger fouille son âme, la chamboule. Tout ce qui l'aura vu faire le mal le ronge. Suffisant pour offrir l'ouverture. S'engouffrer dans la brèche tandis que sa volonté s'effrite sur l'autel du Jugement. Un poing chargé de colère fend l'air, fuse sur la cible. Viser le sternum, au plus simple. Lui briser la cage thoracique et le forcer à parler ensuite. Dur comme l'acier. Froid comme la mort. En plein torse.

      Boom.

      Ce n'est pas le choc de mon poing contre son corps. ... Des sabres en croix ? Les siens. Mon poing vient de les percuter de plein fouet. Il a réussi à constituer une parade. Le choc est tel qu'une bourrasque claque tout autour de nous deux. Les rideaux se soulèvent, un courant d'air siffle de la fenêtre jusqu'à la porte que j'ai éventrée plus tôt; j'entends Lina m'appeler derrière, inquiète. L'impact contenu force l'étranger à reculer de plusieurs mètres, balayé par la puissance emmagasiné dans le coup et le contre qu'il lui a opposé. Sa jambe d'appui part derrière lui pour stopper le recul juste avant qu'il ne percute le mur. Comment a t-il fait ? Ce n'était pas prévu. Il ne devrait pas pouvoir.

      Tant pis. On fonce.

      On a assez joué avec la poudre aux yeux. Un combat se règle toujours à la manière forte. Il a des jouets tranchants, et sait sans doute s'en servir. Soit. Il y a une table, jute à côté de moi. Ronde, plutôt petite, mais d'un bois tout à fait remarquable. Un parfait projectile. La pogne droite la prend sur le tranchant, un demi tour sur moi-même et le meuble vole vers l'épéiste. Il va parer, ou esquiver, forcément. Mais c'est la suite qui sera plus intéressante. Parce que moi, je suis déjà en pleine course, prêt à orienter mon punch sur lui. Quelque soit son prochain mouvement.


      My World : Black Terror.

      Parce que je suis dans mon élément. Sauf que …

      On ne bouge plus, enfoirés ! Qu'est ce que vous avez fait de Dürum-Aniki !?

      Les intrus. Lina m'avait prévenu qu'ils arrivaient. La gamine crie, se rapproche de moi. La table vole en éclat, je suspends ma course pour me placer entre la môme est les nouveaux arrivants. Ils ne semblent pas considérer l'inconnu comme l'un des leurs. Je note. Ça n'en reste pas moins que s'il est là, c'est pour une raison et il va falloir tirer ça au clair. Mais chaque chose en son temps. S'en tenir aux priorités. Faire place nette, recueillir les indices pour trouver Ossoï.

      Premier et dernier avertissement. Ceux qui savent où se trouve le vieil homme parlent. Maintenant.
        Peu de gens utilisent l'esprit de l'autre comme arme. Gharr avait toujours tiré un avantage sérieux de sa faculté à personnifier les peurs des adversaires, mais rarement les siennes avaient été exploitées en dehors de l'entraînement sur Shimotsuki. Pas de la peur cette fois, juste une chose intangible et tenace comme une mauvaise impression. Suffisamment pour ralentir et stopper l'assaut, et identifier cette aura qui l'englobait. Un retour de sa propre attaque contre lui ? Non, aucune cauchemar éveillé ne l'agresse et il n'est pas exempt de craintes, même si elle se fait très rare à sa porte. C'est le sentiment de culpabilité qui l'étreint et l'impression d'un jugement dernier avant l'heure. Le corps se trouble, certains actes déjà regrettés surgissent d'un coin de la mémoire comme des bandits de grand chemin. C'est l'image qu'il leur donne, parce qu'on doit voir ce qu'on désire combattre. Ce malaise, bien moindre chez lui que chez la moyenne des individus confrontés aux dangers de l'aventure, lui demeure intolérable et il se doit de résoudre la source de ce procès muet qui lui est imposé. Les bandits prennent le visage des êtres susceptibles de lui apporter un quelconque remord. Des victimes du temps où il était assassin, des soldats perdus par ses fautes de commandement ou la nécessité de la guerre, les familles des victimes des truands et pirates qui ne méritaient pas le deuil précoce, même si c'était inévitable et bien légitime. Les bandits se dédoublent. C'est la grande confession.

        La technique de Trinita qui n'aurait dû à la base pas lui causer grand tort a été accentuée par l'empathie du samouraï. Se poser pour faire le point, même s'il ne dure qu'une seconde, même si une seconde face à Trinita, c'est un luxe irresponsable. Ne pas sombrer dans le monde des esprits, dans son propre esprit. Garder les réflexes et affûter sa technique. Gharr se met en position défensive, campe sur ses appuis et voit au milieu des brigands le poing de Trinita fondre vers lui. Le samouraï concentre la force sans ses bras et les raidit en expirant quand ses armes forment un bouclier devant sa poitrine. Le choc du coup fait voler en éclats sa garde, il ne peut contenir cette force, ni dans le monde de la chair ni dans celui de l'esprit. Alors il ne lutte pas, il absorbe l'impact et recule, reporte la puissance dans la souplesses de ses pas retranchés. Ne pas perdre l'équilibre, ne pas chuter face aux brigands. Il recule de plusieurs enjambées et son talon qui heurte le mur de la chambre lui permet d'évacuer le résidu de force restante. Il se stabilise en sentant des mains fantômes lui bloquer doucement le dos. Toutes ses bonnes actions l'épaulent. Les marines qu'il a sauvé durant ses innombrables missions, les civils qu'il a protégé de tous les dangers pour lesquels son devoir était impliqué, les familles de ceux qui lui doivent un acte en faveur de la justice. Et son équipage, en première ligne, avec en guise de meilleurs éléments des parias et indésirables qui auraient pu mal tourner ou se faire virer, et sur lesquels il a misé pour leurs valeurs. Ca fait du monde, bien plus que que les colères compréhensibles, mais plus ou moins justifiées d'en face. Et dans cette armée s'ajoutent les anonymes d'un futur plus sombre où il n'aurait pas existé, où les criminels auraient continué à voler et tuer par besoin ou par vice. Ceux qui vivent sans jamais se salir les mains n'ont aucun brigand sur leur route, mais c'est parce que la marine donne sa vie et la solvabilité de leur âme qu'ils peuvent écouler des jours plus heureux, même s'ils ne le réalisent pas. Cette onde épaisse et positive qui avale le néfaste des remords fait naître la fierté et la satisfaction du devoir accompli. Les brigands sont et doivent demeurer car le Commodore regrettera toujours leur funeste destinée, mais ils n'ont pas le droit de vouloir faire flancher sa cause et ses conséquences. Personne pas même les dieux ne peuvent entraver la route du samouraï, de celui qui sert. Le malaise se dissipe et ne reviendra pas. Trop d'alliés les combattront pour leur offrir cette opportunité et lavé de ses fautes, Gharr laissera l'Histoire ou les dieux faire le bilan de ses actes. Car lui non plus n'a pas le loisir d'être le maître des lieux, il ne se permet que de croire que son coeur sera plus léger que la plume sur la balance de l'objectivité. L'âme décrassée, il revient au monde commun et sourit à Trinita comme un Jésus. Ces vacances valaient vraiment la peine pour décompresser.

        A défaut de rendre le sourire, il propose une table. Ce soir au menu du barge, c'est hot dog de marine, avec un meuble et un mur en guise de pain. La moutarde, il l'a déjà montée au nez. Trop massif pour le Commodore, il alourdit ses fourreaux en employant la technique du Plumbdog Millionaire, avance d'un pas et brise la table tout en gardant l'autre sabre prêt à porter l'estoc, au cas où Trinita aurait eu l'idée de suivre de près son projectile. Ce n'est pas le cas. il s'est interposé entre la gamine qui l'accompagne et les hommes de mains de Monsieur Dürum, assez cois de voir leur boss et sa suite sous les débris de table. Trinita somme de répondre à ses questions, mais la réponse vient de la poche intérieure des sbires. Monumentale erreur, l'enragé se poste devant la porte et, sans remuer les mains qu'il a pourtant bien volontaires, les gardes se figent et volent contre le mur du couloir opposé. Hadoc ignore de quoi cet être est capable, mais il doit posséder un fruit du démon pour avoir autant de techniques psychiques sans en avoir fait une spécialité. Ou alors il combine les deux, mais cette nouvelle serait assez mauvaise. Le plus gros des hommes de main a droit à une poigne avant de tomber et, promotion sociale toute relative, vient remplacer la table de l'hôtel en guise de projectile. Cette fois, plus question de couper en deux, Trinita doit le savoir maintenant que son adversaire ne verse pas dans le meurtre. Gharr se sert du pas léger pour s'appuyer sur le serf volant sans en dévier la course et, sitôt dépassé, constate que la forêt cachait un arbre. L'homme en colère juste sous lui le gratifie d'un uppercut qui passe la garde de ses jambes en suspension et manque de peu son bassin pour atterrir dans le haut des abdominaux, près du plexus. Gharr n'a pas paré, mais cela ne lui aurait apporté qu'un désagréable effet de balle magique contre le plafond. A la place, il cale le poing toujours enfoncé douloureusement dans son ventre en bloquant le bas de la main ennemie entre son avant-bras et son sabre tenu à l'envers, comme le ferait une mante religieuse pour caler la tête d'une proie. Malgré sa carrure supérieure à celle de Trinita, il sent qu'un duel de force explosive pourrait tourner à son désavantage, alors il mise sur la force brute et la technicité. On peut toujours augmenter le nombre de fibres musculaires, mais on ne peut jamais renforcer une articulation. En retombant de son saut, Hadoc tient la main dans sa pince et donne le choix à Trinita entre la chute mutuelle ou un poignet cassé. Le berserk sait qu'il servira encore, alors il choit vers l'arrière en tournoyant dans les airs pour suivre la rotation effectuée sur son membre. La chute fait mal aux deux hommes mais le samouraï est bien plus meurtri au ventre suite au coup qu'au dos. Son emprise sur le bras de Trinita n'est en rien défaite, les deux adversaires se relèvent vivement en gardant cette étrange menotte entre eux. Hadoc tente un coup de sabre dans les côtes mais Elvis bloque son poignet à son tour et tous deux se font face dans une pure épreuve de force, sans qu'aucun ne prenne l'avantage. Le poignet tordu de Trinita commence toutefois à montrer des signes de détresse, la douleur vive s'empare de son articulation et le contraint à trouver une manoeuvre rapide pour enfin se libérer de la prise. Hadoc a les jambes rapides et attend une tentative de coup de genoux de sa part pour le déséquilibrer, il le sent. Alors il y va, non pas avec les mains, ni avec jambes. Trinita vote...avec la tête. Elle percute celle de Gharr qui accuse le choc et sent son front éprouvé par la boule de pierre et de nerfs qui lui fait face. Sa main armée bloquée à l'avant-bras par la poigne d'Elvis décrit un vif geste du poignet qui lance son sabre jusqu'à son visage tandis qu'un nouveau coup de tête, plus fort encore, se prépare. Hadoc saisit la garde avec les dents et pivote vivement du visage pour fouetter la pommette de Trinita au moment de son nouvel assaut. L'impact se fait net et claquant malgré l'angle aigu d'attaque, Elvis profite que Gharr aie dû détourner le regard pour lever un genou et le foudroyer en plein estomac tout en le poussant pour le faire basculer, quitte cette fois à y perdre la main; pourvu qu'il remporte la manche. Le samouraï ne doit surtout pas laisser le frappeur acquérir une position montée sur lui, même s'il ne possède plus qu'un bras valide, alors il profite de son déséquilibre pour bondir en arrière, fléchir les jambes contre son ventre, pieds joints et frapper à son tour le ventre de Trinita. Le choc les sépare et la pince de crabe laisse assez de mou pour que le civil se dégage avant d'être renvoyé quelques pas en arrière. Hadoc profite de ce temps précieux pour se relever et vérifier qu'il ne saigne pas du front. Une sérieuse bosse l'attend demain, mais la chair a tenu bon. Le cogneur se masse le poignet tandis que Gharr sort son troisième sabre pour s'en équiper. Ca va être une longue journée.



        Spoiler:


        Dernière édition par Gharr Hadoc le Ven 10 Mai 2013 - 5:21, édité 1 fois
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        La transpiration. Elle perle le long de ma tempe. Je sue. Je respire fort. Le bretteur aussi. L'effort nous marque. Mon poignet a failli céder sous la torsion, son front a enflé sous le coup de boule que je lui ai asséné. Mais ce n'est pas assez. Il y a comme une entrave dans notre duel, je n'aime pas cette sensation. Il n'y a pas le feu, il n'y a pas le flot torrentiel de rage et de hargne qui coule habituellement dans mes veines. Il manque quelque chose pour allumer l'étincelle, briser le barrage. C'est cet ensemble; ça n'a rien d'un combat académique. Ce n'est pas un échange de coups, francs et violents. C'est différent. Ça ressemble à ... une guerre. Le samouraï a quelque chose de plus que les autres; ce quelque chose qui lui confère la capacité d'esquiver le rapport de force direct. Une science de l'affrontement, un bagage technique. Il sait comme se battre, tirer au mieux profit de ses armes et de son corps pour triompher. Il n'a pas flanché devant la menace mentale que j'ai immiscée en lui, il n'a pas rompu pendant notre échange au corps à corps. Pire, il ne s'est pas abandonné à un déversement de violence. Un être tout en réflexion et en retenue. Il pourrait me rappeler Ossoï. Mais lui n'est pas mon allié. Je le combats. Je veux le combattre. Sauf que depuis tout à l'heure, on se jauge mollement. Je n'aime pas ça.

        Tous les mecs que j''affronte passent un accord tacite avec moi. On se frappe. Méchamment, sans relâche. C'est la règle. On souffre, on crie, on saigne. Les os craquent, les articulations rompent. Le premier à flancher mord la poussière et abandonne la victoire à l'autre. C'est la jungle, la loi du plus fort. Mais, lui, là. Il ne fait pas ça. Il joue de son corps, de l'espace. Feintes, pirouettes et prises. Ça ne suffit pas à libérer la bête en moi. Ça ne contente pas sa faim, ça ouvre tout juste son appétit sans l'assouvir. Il manque la haine, il manque la douleur. Il manque le Sang. Et pourtant, je le sais. Si on arrive à atteindre ce point de rupture, quelque chose va se passer. Parce que cet homme est différent. Et qu'il doit forcément cacher un démon en son sein, lui aussi. Tous les grands guerriers en habitent un. Si les nôtres se réveillent ici, simultanément, le chaos frappera, ce sera sans précédent. Je veux. Je dois. Combler ce vide en libérant la fureur du monstre. Il faut faire sauter le joug. S'offrir au carnage. Embrasser la mort. Danser avec elle. Danser.


        My World : Black Terror.

        Ce coup-ci, plus personne ne viendra nous interrompre. Plus d'intervenant inopiné. Nous sommes seuls. Il y a toujours Lina, un peu sur le côté, pas loin de la sortie. Elle ne dit rien, mais elle sent. L'angoisse l'étreint dans un mutisme figé parce que tout ceci ne ressemble à rien de que je côtoie d'habitude. Patience, gamine, on va retrouver le vieil homme. Mais d'abord, je dois savoir. Parce que c'est dans mes tripes, dans mon sang et que j'en crève d'envie. Il y a quelque chose au bout de ce combat, qui m'appelle. Quelque chose, derrière le regard fermé du bretteur. Il a dégainé un troisième sabre. On passe à la vitesse supérieure. J'aime.

        L'obscurité. Partout, autour. Je ferme les yeux, et je les sens. Ces millions de particules qui flottent, minuscules, légères, discrètes. Pour former des passerelles, des flux. Des sentiers invisibles à l'œil du simple prophane. Des chemins méconnus de tous, que personne ne sait emprunter, exceptés ceux qui vivent dans les ténèbres, qui se livrent à elle. Comme moi.

        J'ouvre les yeux. Un pas sur ma gauche, je glisse sur un courant d'ombre comme sur de l'eau. Je me perds dans un monde totalement étranger à mon adversaire. Et j'approche. Léger, vif. Il m'a perdu de vue, je surgis devant lui. Silencieux, implacable. L'effet de surprise suprême. Le poing droit revient depuis derrière l'épaule, le torse pivote pour accompagner le crochet large, lui imprimer toute sa force. Les appuis fléchissent, poussent vers l'avant. Chaque fibre musculaire est investie dans le mouvement. Son visage ne bouge pas, mais ses pupilles brillantes dans le noir se posent vivement sur moi. C'est la première fois que je décèle une lueur dans son regard. Est-ce un trouble ? Peu importe, il m'a vu. Mais trop tard. Le coup porte, à la tempe. Ça résonne. Ça craque. Ses réflexes le sauvent, il serre les dents, amortit l'impact en laissant sa tête épouser la trajectoire du coup encaissé. Mais il chavire. Il l'a sentie. Ma force. Ma hargne. Je suis un concentré de férocité. Que je dévoile à peine. On ne fait que commencer, j'en veux plus. Je repars.

        Partout autour, il y a ces flux qui ondulent, il n'y a qu'à les emprunter. Il a reculé de quelques pas pour se redresser, mais je le lâche pas. Il est ma proie. Et je vais l'étouffer. Constricteur, tout-puissant. La distance entre nous est déjà comblée. Un nouveau coup. Et un autre encore. Torse, épaule. Je prends le dessus. Il flanche. Recule chaque fois un peu plus sans parer, ni contrer. J'approche, exploite les ouvertures, approche depuis un angle nouveau à chaque fois. Et je sens monter en moi ce plaisir qu'il y a à se livrer à ce monde de pénombre.

        ...

        Encore un assaut. Je touche. Mais il y a l'imprévu. Une lame fend l'air. Juste devant moi. J'ai failli les oublier, elles. Une fine mèche de mes cheveux retombe au sol. Quelque chose ne va pas. Il ne bronche pas depuis tout à l'heure; pas comme il devrait. Il est forcément marqué, physiquement. Mais à chaque fois, il se repositionne, reprend sa garde, et se concentre. Comme habité, dans une méditation. Sans lâcher un cri, sans perdre son sang-froid. Et, à chaque nouvelle touche, la marge se réduit. Il m'étudie. S'adapter pour survivre. C'est réfléchi. C'est sale, c'est fourbe. Je n'aime pas. Encore une fois, sa maîtrise est troublante. Tant pis. Il ne faut pas lui laisser le temps de reprendre ses aises. Pas avec ces sabres. Trop dangeureux. Je le finis sur ce coup. J'ai touché jusqu'ici, et je vais continuer. Toujours la même stratégie. Naviguer dans le monde des ombres, approcher, sans un bruit, sans même respirer. Armer la frappe. La charger de toute la puissance, de toute la férocité dont je suis fourni. Et cogn... Il a disparu. Où est-il p... ? Derrière. Il a contourné. Un pas parfait, muet. Un pas Fantôme. Je suis pris. Il faut esquiver. Bondir sur le côté.

        Deux lames viennent transpercer ma veste de cuir sur mon flanc droit, trancher la chair au dessus de ma hanche, de tout le long et sur trois centimètres de profondeur pratiquement. En deux hauteur distinctes. Ça griffe, ça brûle. De la douleur. Je manque de poser un genou au sol mais résiste.

        To-doom.

        J'ai mal. Exquise sensation et colère sourde mêlée. Quelque chose de tiède et poisseux coule le long de ma jambe. C'est mon sang. Ma vie qui s'exfiltre. Ma jambe droite chasse dans mon dos, cherche les appuis du bretteur pour le forcer à reculer. Il évite le chassé, envoie un kick descendant. Sa semelle me percute au niveau du coccyx, l'impact m'envoie me ramasser au pied du lit, cinq mètres plus loin.

        To-doom.

        Quelque chose arrive. Mon cœur s'emballe, mon corps s'agite. Il m'a pris sur mon propre terrain, c'est vexant, humiliant. Mais au delà de ça, il y a cette joie. Ce bonheur de savoir qu'en face de moi, j'ai un ennemi de taille. Je dois le vaincre. Aujourd'hui, je grandis encore. Ou je meurs. J'en lâche un soupir d'aise, rauque, sombre.

        Il attend. Je lui fais face. On repart, simultanément, tous les deux. La surprise est dépassée, on se connait. Un sourire me barre le visage. Le sien reste invariablement fermé. Mais il est marqué de mes coups. Je ris. On se croise, sans se toucher. Mon poing manque son menton, son sabre se perd derrière mon épaule. On se retourne, pour recommencer. On est des chevaliers. C'est notre tournoi. On fond l'un sur l'autre. Lui, virevoltant, pas léger. Moi à glisser sur mes courants. Ses déplacements en dent de scie croise mes courbes circulaires. Et à chaque point de rencontre, un coup. Un impact qui retentit dans toute la pièce. C'est parfait. La chambre d'hôtel est notre terrain de jeu. On la traverse indifféremment, on danse des rideaux jusqu'à la porte dans un duo unique. Ses lames contre mes poings. Ses outils de mort contre les miens. Plus l'on danse, plus ma soif de combat se décuple. Elle va se manifester. Se matérialiser. Bientôt. Très bientôt. On se pourchasse l'un l'autre. Chaque appui me lance comme si on me plantait une aiguille. C'est horrible, c'est parfait. Petit à petit, coup après coup, cette douce chaleur gonfle, gonfle, dans ma poitrine. C'est l'extase. Le paradis. Ce sera bientôt une fournaise, là dedans. Mon souffle se fait de plus en plus fort. Mon corps se nourrit du brasier. Nouvel échange. Je rase sa joue, il zèbre la mienne. LÀ.

        To-Doom. La voilà.

        Il repart. Prend appui contre un mur pour se donner une impulsion. Je le vois. Ce coup-ci, la donne est différente. Je veux aller plus loin. J'exige plus. Il faut découvrir quelle est la prochaine étape. Il s'approche. Je me fige. Brusquement. Comme ça. Mes mouvements ne m'appartiennent plus. Ils sont dictés par mon instinct. Guerrier, meurtrier. Mes appuis se buttent. Je me fléchis, mes deux poings partent en arrière, le plus loin possible. Je rugis. De plaisir. Il n'y aura pas d'esquive. Juste de la violence. De la rage. Du sang. Tout ça est là. Autour, en moi, partout. Et ça remonte, le long de mon corps. Ça remonte.

        Un truc froid vient déchirer ma chair. Mais c'est négligeable. Mes deux poings fondent, à l'oblique, pour prendre entre deux feux le bretteur. Et droit devant lui, la nouvelle étape. Là. Au fond de cette pupille noire. Dans l'œil du traqueur. L'œil du chasseur.


        Eye of The Hunter.

        Mon œil se referme, la paupière écrase, presque, ivre de tout. Et l'onde part. Pour tout balayer.

        Spoiler:
          Il n'avait pas attendu ce combat comme une chose espérée, mais il s'y était préparé. Tous les jours. Parce que ne pas le faire l'aurait tué aujourd'hui et sa mort aurait été surprenante. Hadoc, le Capitaine samouraï traquant la mort et l'ayant trouvée pendant ses vacances. Cynique épitaphe, mais fort heureusement le guerrier qui emprunte la Voie ne connaîtra jamais aucun moment de relâche. Des Trinitas, il peut en surgir à tout moment et la brutalité du spécimen invoqué aujourd'hui personnifie bien la mort surgie de nulle part pour surprendre le quidam. La vraie mort - la neutre - qu'importe son visage, elle est là et observe le duel avec l'impression de plus en plus nette qu'elle devra porter l'ultime botte pour apaiser le débit d'attaques sans sources. Gharr est son élu, pour l'instant. Plongé dans une obscurité pourtant relative, le voilà roué de coups qu'il ne peut parer malgré les armes, malgré l'allonge et la vigilance.

          Le Dark Odor a verrouillé Elvis, mais n'est pas très utile au moment où sa combattivité lui fait enchaîner les assauts à bout portant. Ne pas chercher à échanger, céder du terrain là où la zone est conquise. Garder ses appuis pour ne pas tomber, surtout pas avec lui, et compter sur l'endurance du corps à la douleur pour couvrir un plan de retraite. Le marine craint fort peu la douleur, mais les poings du berserk cherchent à tuer. Il faut donc accepter de mourir à chaque impact potentiellement décisif pour focaliser sur l'ouverture. Si elle survient avant sa fin, Hadoc ne donnera qu'un coup, mais il suffira à conclure le combat. Autre avantage, l'espace. Un corps martelé, ça recule. Il y aura bientôt un mur ou un simple meuble, quelque chose qui puisse servir d'arme ou de prise. Un nouveau poing claque contre la mâchoire. Le genre qui coupe la langue si on la laisse dépasser des dents. Celles de Hadoc se desserrent du manche du sabre pour éviter un désagréable effet de Derek Vinyard. Plus que deux armes, et toujours dans leurs fourreaux. Plus le choix, il va falloir dégainer. Gharr va devoir tuer Trinita.

          La porte d'une étagère bloque la getta du samouraï. Enfin. Un bruit de glissement de lame avertit le puncher que quelque chose change. Hadoc a frappé en négligeant la défense, avec pour seul but de couper la tête du serpent. Mais il survit, grâce à ses réflexes et au fait que son état d'adrénaline pourtant saturé depuis un moment lui permet malgré tout un contrôle de lui. Le dark odor a confirmé au bretteur que l'ennemi était un véritable berserker, et que comme les maîtres de cette discipline, il peut malgré tout réfléchir. Et surtout agir, le voilà qui repart malgré la tentative de meurtre. L'étagère toujours derrière lui, Hadoc a réduit la marge de manoeuvre adverse. Si le poing de Trinita le rate et s'encastre dans la porte, il aura le temps d'une hémorragie massive pour conclure le combat, sauf s'il a dans ses tours un moyen de remplacer en un éclair un bras coupé. Manquerait plus que ce soit un cyborg. Des crochets, c'est ce qu'il faut s'attendre à essuyer. Ca évite le meuble et ça peut en déloger le bushi. Cette fois il l'esquive. Aucune réplique des sabres, ce n'est pas le moment. Gharr doit récupérer, s'aménager une fenêtre d'air pour se reprendre de la correction qui lui donnera un autre visage dès le lendemain au réveil si ce n'est pas au moment de faire venir Lou au bureau du coronaire pour confirmer son identité. Eh puis Trinita brûle ses calories comme s'il avait le forfait illimité. Sa transe, sa rage, ça consomme. Il n'est pas habitué aux combats si longs, c'est le Clubber Lang de West Blue. Laisser passer l'orage en tenant le coup et en évitant les siens, puis trancher. Mais ne pas attendre l'ouverture, trop long pour être viable. Il faut la créer.

          Le sabre acéré du marine se tend en direction du coup porté d'Elvis. Terminer son mouvement, c'est l'amputation. Trinita récupère son bras mais le geste d'arrêt créer un instant de vulnérabilité. L'autre lame surgit pour traverser les intestins et offrir un seppuku sans cérémonie. Réflexes étonnants, il épargne les points vitaux pour laisser le flanc encaisser l'empalement et n'attend pas que le sabre se retire, il s'en dégage en sacrifiant un trait de chair jusqu'à l'extraction du corps étranger. Ca force l'admiration, il est vraiment prêt à tout donner dans ce combat. Un tel adversaire, c'est une mine d'or pour progresser. Trinita percute le lit et la distance permet un bref délai. Très bref.

          Malgré sa blessure, il ne tombe pas, ne faillit pas. Le danger à présent mortel des lames et leur démonstration l'ont mis encore plus en rage, mais toujours de cette façon étrangement contrôlée. Il est le chaud, Hadoc le froid. La croisée des courants crée les éclairs et chaque nouvel assaut se solde soit par une esquive mutuelle, soit par une blessure mutuelle. Toujours équivalente, plus personne ne domine. La mort est patiente, mais à présent indécise. Elle se flatte même du balais qui lui est offert, les deux combattants lui font une véritable déclaration d'amour en chassant sa glorieuse offrande. Mais s'ils affrontaient leur double d'avant le combat, Elvis et Gharr n'auraient aucune chance. Le premier est cramé, ralenti par le manque d'oxygène et la perte notable de sang. Le second a un oeil tuméfié, une hémorragie interne et les bras presque paralysés par le poids des sabres et les parades des coups. Mais le plaisir chez l'un et le devoir chez l'autre les force à reporter un peu plus loin l'ultime assaut, comme s'il fallait que cette opposition soit éternelle et ne se rompe qu'à la décision d'un tiers. Mais rien ne vient. La petite ne crie pas à Trinita d'arrêter de s'entretuer, Durüm ne se réveille pas pour tirer un coup de feu en l'air, Ossoï ne surgit pas de l'embrasure de la porte pour ordonner la fin de la guerre. Le monde accepte ce combat et ses conséquences. A ce rythme, il n'y aura aucun vainqueur. juste deux tombes à creuser et pour une chose que le monde considérera comme pur gâchis. Mais un affrontement comme ça mérite le risque. Il faut le faire au moins une fois dans sa vie quand on choisit de porter les armes.

          Nouvel échange, nouvelles blessures. Une côte de plus se brise chez Gharr, un muscle de plus s'entaille chez Trinita. La mort mutuelle permet de moins en moins de doute. Plutôt que de se contenter de mourir sur une égalité, il est temps de songer à faire la différence. Quitte à perdre, au moins on joue le jeu. Curieusement, la résolution semble complice. Gharr renonce à respirer pour bondir en arrière au moment du nouvel assaut. Rengaine ses sabres mais garde ses mains dessus. Fermant les yeux, plissant les sourcils plus que d'accoutumée, il entre en état de méditation express et couvre mentalement ses bras d'un halo lumineux. L'état d'apaisement lui fait oublier un instant la lourdeur de son corps et le pénible de sa mobilité. Un hurlement de bête le tire de son état de stase, une immense boule de choc fonce vers lui en dévastant toute la suite sur son passage. Hadoc ouvre les yeux, ou plutôt le seul oeil encore capable de l'être et dégaine ses sabres. L'énergie lumineuse se transfert dans ses armes mais n'arrête pas sa route à la seule rotation de l'acier. Elles suivent la direction dictée et plonge vers Trinita en tranchant tout le long de sa vague invisible. Les deux ondes se rencontrent. La contondante et la tranchante se poussent l'une et l'autre puis, dans un fracas assourdissant de tonnerre, explosent et balayent tout. Absolument tout.

          Les meubles sont vaporisés, les murs soufflés comme des brins de paille et les résidences voisines tremblent puis s'effondrent partiellement comme sous l'effet d'un tremblement de terre, suivies du toit qui compose fort heureusement l'unique étage supérieur. La chambre du marine devient vite un champ de ruines et de poussières qui asphyxient les alentours et forment une coupe afro grise en guise de couvre -chef de l'hôtel. Le souffle a projeté le samouraï quelque part et lui a fait perdre connaissance.

          Quelque chose lui chatouille la jambe. Un insecte ? Non trop gros. Une main. Il sent la chose remonter sur son haut et la saisit par réflexe en ouvrant l'oeil sur la petite occupée à lui faire les poches. Il se redresse en laissant glisser quelques gravats et la tient dans sa menotte de chair en identifiant le post apocalyptique de l'endroit. Trinita est plus loin, à quelques mètres. Calme et couvert de poussières qui de toute façon continue de voler calmement tout autour pour former une brume artificielle. Autour de lui, comme de Hadoc, des pierres ont été entassées. L'enfant a passé son temps à déterrer leurs corps à moitié ensevelis. Gharr se relèverait bien, mais il constate qu'un de ses pieds est cassé et qu'à moins que Trinita aime particulièrement frapper les infirmes, le combat semble terminé, et sur une égalité non-létale. Un sabre rescapé, celui qui avait chu de sa bouche, a échappé à l'enterrement. Ramené entre les jambes et calé sur l'épaule, il fera une bonne canne, si jamais le cogneur renonce à faire persister son rôle d'arme. Mais il semble vraiment plus calme, à croire que ce n'est pas le même homme. S'il est devenu amnésique suite au choc, inutile de tout lui rappeler tout de suite. Pour l'instant, il vivait. Le reste pouvait attendre, ne serait-ce qu'un court moment.

          Histoire de détendre l'atmosphère, le marine poursuit le mouvement de la petite dans sa poche intérieure pour lui faire saisir un étuis à cigare et le lui reprendre avant de la laisser filer. Il s'appuie à un morceau de toit effondré et s'en allume un comme s'il fumait toujours après la mort. Avant de proposer un autre étuis à Elvis, il interroge sur la chose la plus importante à l'heure présente.

          J'espère que la fumée ne vous dérange pas.
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          Il n'y a plus rien. La chambre est ravagée.

          L'inconnu et moi avons lancé notre ultime assaut. Une onde de choc qui en percute une autre. Deux courant de force identique mais opposées. J'ai verrouillé mon regard sur lui, malgré la rafale. J'ai grogné, j'ai résisté, campé sur mes appuis. En serrant les dents et les poings. Avec toute cette rage, ardente, totale. Faire face, dur, implacable. Mais, j'ai cédé. Un pouce de terrain d'abord, puis un autre. Irrémédiablement. Juste un tout petit peu trop faible. Et c'est là que j'ai réalisé. Lina. La protéger du souffle, de la vague. Je l'ai vue nulle part. Les éclats de verre ont dansé autour de moi , les meubles ont éclaté, des échardes m'ont griffé, sauvages. Mais j'ai cherché sans m'en soucier. Jusqu'à ce que l'intensité de l'onde prenne une nouvelle dimension encore. Là, mes pieds ont décollé du sol. J'ai hurlé. Braqué à nouveau mon œil noir sur le bretteur en désespoir de cause, l'écume aux lèvres. Jusqu'au dénouement. Un éboulement qui l'engloutit. Mon corps qui vole sans m'obéir et percute le mur. Un choc, sourd, dans la nuque. Et le noir. Total.

          ...

          Des sensations. Une douleur. Totale, profonde. Du mouvement. On me tire par le bras. Y'a du bruit. Des paroles. Ça résonne, mais je reconnais le timbre de voix. C'est elle. Elle, qui me tire les cheveux.


          B...bordel, gamine …
          T'es vivant ?
          J'ai l'air mort ?
          Peuh, remercie moi plutôt. Qui t'a sorti des gravas d'après toi ?


          Merde. Je me redresse, m'accroupis. Plus rien autour de nous. Notre dernier échange a fait du dégât. J'comprends mieux. Y'a qu'elle, fraîche comme une fleur, à fouiner au milieu de tout ça, qui s'en est sorti indemne par je sais pas quel miracle. Jlui demande. Faut croire que j'suis plus forte que toi, qu'elle répond. Tch. En un sens, elle a pas tort. Jme lève. Mes guiboles me tiennent pas hyper bien au début, mais ça se stabilise. Ma patte gauche se lève pour masser mon crâne. Ça réveille un tiraillement désagréable plus bas. Aye. Une plaie, sérieuse. C'est pas beau à voir. Le flanc en vrac, du sang séché autour et deux-trois gouttes qui perlent à travers la cicatrisation. J'déchire un rideau qui traine devant moi et bande la blessure avec. Moche. Il aurait voulu me braquer un rein qu'il s'y serait pas mieux pris. D'ailleurs … Il est où ?

          Juste devant moi, y'a une de ses armes. Un peu plus loin, un fourreau. Et, à l'autre bout de la pièce, sa tunique, largement recouverte de débris. Dans la tunique, y'a lui, encore sonné; que Lina est déjà en train de tirer des gravas. C'est bien, petite, quand tu veux, tu vois qu'tu p... Et elle lui fait les poches. Putain de môme. J'vais pour gueuler. Il se réveille. L'attrape. Rh' ? Non, sans méchanceté. Il en a assez pour aujourd'hui on dirait. Et moi ?

          Cogiter, vite. Il a plus qu'un katana à proximité, et un pied dans un étau rocheux. Si j'attaque, c'est peut-être la meilleure ouverture qui se soit présentée depuis le début. Si j'attaque. Est-ce que ça vaut le coup ? Il a pas l'air d'en redemander. Et y'a une question restée en suspens tout notre combat qui m'incite à penser qu'il mérite ptetre pas mon châtiment. Sinon, comment aurait-il pu en réchapper ? Mes coups marquent tout particulièrement les esprits corrompus. Le cas contraire ...

          L'cerveau analyse, le corps marque une pause. Lui me demande si la fumée me gêne, sans prêter gare. Hin. Curieux individu. J'fais signe que non de la tête, il me propose un de ces cigares persos, manière de pas s'en griller un tout seul. Soit. La confiance règne pas pour autant. J'ramasse celle de ses lames qui traine à mes pieds et la range dans son étui. Puis approche en la gardant en main. Je pioche, sans montrer d'engouement. Juste une gueule sale et stricte. Et j'fume en silence. Ça le dérange pas, on dirait. Il a dû piger sans mal que j'ai rien du gai luron. Bien, admettons, il est pas criminel. Ça explique pas ses facultés sabre au poing, mais ça, c'est une autre question. Y'a plus urgent.

          Jme retourne, mire un peu plus en détail le tableau. Des bouts de bras, de tête, de postérieurs, ici et là. Un pied en particulier dépasse de l'amas de briques et de bois qui constitue tout ce qui reste de la chambre désormais. Ça ressemble à une des gaudasses de Dürum. J'tire en grimaçant, le corps fait surface. Deux claques réveillent le mafieux minable. J'ai plus la force de le mettre en garde, mais lui n'a plus celle de crier. Ça m'épargne quelques beignes préventives. Je le force à s'asseoir à côté du bretteur.


          L'un de vous deux au moins sait où se trouve Ossoï. Si la réponse tombe vite, on sera d'accord pour en rester là pour aujourd'hui, je crois.

          J'ai toisé le duelliste, il garde un silence entendu et reporte son regard sur mon principal suspect, pour signifier qu'il est celui des deux duquel j'obtiendrai mes informations. Dürum hésite, la situation le met un peu mal à l'aise.

          Attendez, ce n'est pas lui, Ossoï ?
          Tu trouves qu'il lui ressemble ?

          Mais, je ne sais pas à quoi il ressemble !
          Alors pourquoi ce serait lui ?
          Je ... je ne sais pas ...
          Et pourquoi l'attaquer ?
          Je ne sais plus ... pitié ... comprenez moi, je suis un homme d'affaires réputé dans ma branche. Je ne peux laisser n'importe qui colporter des ragots sur mon compte. Je ne suis pas de ceux que l'on roule dans la farine. Je fais mes affaires à ma sauce et tant pis pour ceux qui y goûtent peu. Quand j'ai appris que deux de mes hommes avaient été agressés par un étranger, la moutarde m'est montée au nez. J'étais venu ici pour agir mais … J'étais loin de m'imaginer que vous étiez aussi puissants.
          La ferme, j'en veux pas de tes explications. Tu pues la faiblesse.


          Il s'écrase. Un bruit étrange, un craquement sourd suspend le bretteur qui entrouvrait la bouche. Le plancher. Qui s'effondre, juste sous Dürum. L'oiseau vole aussi mal qu'il chaparde mais sa chute est amortie par la surface qui constitue l'étage précédent. De l'eau. Tout le premier est un immense Sento.

          'gblm ... à moi ... sais pas nager ...

          Une main extirpe le pitoyable trafiquant de l'eau. C'est celle d'un homme qui déjà, rassure le noyé. Un vénérable ancien, au regard serein et bon. Des cheveux longs et blancs, un bouc soigné, un corps encore fort en dépit de son âge avancé. C'est ... une blague ?

          Vieil homme ... c'est vous ? Ossoï ?
          On m'a donné ce nom, oui.
          Mais qu'est ce que vous faites là ?
          On vous croyait disparu.
          Disparu ? Allons ... Cet homme est de vos amis ?
          Non. Gardez le à l'œil jusqu'à l'arrivée des marines. Ils ne tarderont pas. Le quart-d'heure de retard syndical qui sied aux incapables.

          Dürum proteste, je l'ignore. Par la trouée du plafond, Ossoï aperçoit le bretteur, qu'il salue poliment. Il fait remarquer qu'on a tous les deux de sacrées mines. J'réponds que j'lui expliquerai plus tard et me retourne vers celui que tout le monde prenait pour quelqu'un d'autre, manière de clore le débat avant de m'orienter vers la sortie.

          Y'a eu méprise.

          On a bien failli s'entretuer pour rien. J'ai mal à peu près partout et la quantité de sang perdue commence à se faire sentir. Y'a plus que ma force de conviction pour me maintenir d'attaque. Contre ce qui reste d'un mur, je dépose le katana que j'ai gardé le temps de notre court échange, par précaution. Lina me suit. Elle tient quelque chose d'étrange en main. Elle me montre ce que c'est, sur ma demande. Ça ressemble à une boite, avec un emballage cadeau déchiré. Le bretteur signale que c'est visiblement à lui.


          Gamine...
          Bon, bon …


          Elle couche à côté du sabre l'objet de son larcin. Je grimace. On sort.

          Allez, on y va.

          Quelle histoire.


          Spoiler:
            Le calumet de la paix fumé, Ossoï retrouvé, Dürum humilié, la journée commence à se replier. L'effondrement a permis au pied brisé de se dégager tout seul. Pendant que Trinita retrouve son ami, celui que tout le monde cherchait partout, sauf là, Hadoc inspecte sa jambe et défait sa ceinture pour y attacher le fourreau de son sabre comme une attèle de fortune. une attèle qui peut offrir un sabre. Il s'essaye à quelques pas employant le pas léger pour le bout du fourreau qui constitue sa jambe artificielle et constate que mis à part l'inconfort d'avoir un membre légèrement plus grand que l'autre, et l'effet à long terme sur les muscles du dos, le voilà à peu près rétabli. La suite mettra considérablement plus de temps à redevenir fonctionnelle. Laisser partir Trinita, c'est laisser partir le responsable de dégradations significatives. Et Gharr étant l'agressé, la marine refusera de couvrir les frais. Le gérant des lieux est parti pour rayer le samouraï de la liste de ses bons clients. Sauf...

            Gharr accompagne Trinita et Lina jusqu'à l'étage du bas, où l'autre samouraï et le truand se sèchent. Des présentations s'imposent, Hadoc se présente en tant que Gharr Hadoc, senseï de l'école au sabre de bois. Le vieil homme connait et en sait assez par ce titre pour accepter de confier Dürum et sa bande aux bons soins du marine, malgré ses blessures. Ce dernier leur certifie qu'ils peuvent partir, et qu'ils ne s'en fassent pas pour les dégâts. Trinita et Lina ne s'en faisaient pas plus que ça, mais Ossoï est visiblement la bonne conscience du groupe. Savoir que le berserk est ami avec un homme aussi sage conforte Gharr dans son idée de le laisser filer. Il apparaît même indispensable que la quiétude du sage absorbe la colère du jeune loup. Le trio du jour reprend la route, non sans régler la chambre du disparu. Le bon, la brute et la cinglée laissent place au silence, un silence teinté du malaise du bandit envers le guerrier qui le surveille an attendant les forces de l'ordre.

            Vous savez, je passerai peut-être à la casserole si la marine arrive, mais c'est vous qui paierez l'addition.

            ...

            Et l'amende sera salée, croyez-moi. C'est vous qui avez détruit l'établissement, moi je n'ai fais que m'inviter dans votre suite avec votre accord et tout le reste n'est qu'agression aggravée avec coups et blessures. Une nuit de déposition pour moi, une amende exagérément onéreuse pour vous et un temps bien plus long dans le panier à salade. Vous êtes cuit, Monsieur Hadoc.

            ...

            Senseï Hadoc ? Mais parlez donc, vous devriez être en train de vous emporter et moi de vous poursuivre.

            Connaissez-vous la causalité entre la faute et le dommage dans le droit civil ?

            Je fais plutôt dans le pénal.

            Selon la loi, l'auteur de la faute ayant causé un dommage entraîne la responsabilité civile. Si vous n'aviez pas recherché Ossoï, la suite serait intacte.

            Ha ha, non non, je vois de quel article vous parle,z mais vous vous trompez. Si l'autre dingue n'avait pas agressé tout le monde, la suite serait intacte. C'est sa faute qui a entraîné le dommage.

            Mais il est entré parce que vous recherchiez son ami.

            Et que vous vous êtes fait passer pour lui.

            Et que je l'ai fait parce que vos hommes m'ont agressé dans la rue en me prenant pour lui.

            Donc, vous vous faites passer pour quelqu'un parce qu'il est recherché en ville ? Il vous faut un bon avocat, vous voulez que je vous en trouve un ?

            Inutile, vous irez en prison.

            Alors pour vous rendre visite.

            Je ne travaille pas au personnel de sécurité. Mais je suis sûr que quelqu'un d'aussi habile que moi saura prendre vos empruntes comme je le ferais.

            C'est amusant tout ça mais la loi reste pour moi Hadoc. Cette petite joute ne sert qu'à passer le temps et vous le savez.

            Savez-vous pourquoi on a créé les lois ?

            Pour les appliquer ?

            Non. pour protéger les citoyens. Ma plus proche relation de travail est un légaliste pur. Une loi peut-être stupide, si elle existe, il faut l'appliquer. Je reconnais l'utilité de cet homme et respecte le fanatisme de sa conduite, mais je ne partage pas la même doctrine. La loi est faite pour protéger les citoyens, et c'est pour cela qu'on l'applique. Ossoï et ses amis sont des filous, des criminels potentiels et des fripons sûrs pour au moins un tiers d'entre eux. Mais le loup calme la furette et le renard blanc apaise le loup. Leur système est sain. Vous, vous conduisez les vôtres à commettre des crimes et offrez un visage de propreté pour vous couvrir. Une loi juste condamne les coupables et c'est vous le mauvais de cette ville.

            Merci Hadoc, vous m'avez ouvert les yeux. Ha ha, mais je m'en nappe les pâtes de vos aspirations. Vous comptez sur de la culpabilité ? Faites assistant social auprès de ceux que ça intéresse.

            Je ne cherche pas à vous sortir du trou mais à vous expliquer pourquoi vous allez plonger. Si la loi condamne les coupables et que les légalistes appliquent la loi, il faut que les faits accusent les coupables.

            Les coupables ?

            Le coupable en fait. Vous. Si le loup n'a jamais soufflé la maison de bois, c'est que le cochon l'a détruite lui-même. Vous n'auriez pas dû m'attaquer dans la suite Monsieur Dürum.

            Ghh ! Votre histoire ne tient pas. Et ce sera ma parole et celle de mes hommes contre la mienne.

            La parole d'un citoyen contre un groupe de criminels. Je pense pouvoir tenir la distance. La voie du crime comporte quelques désavantages et celui-ci en est un.

            Mmh. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Je suis peut-être un saligaud, mais j'ai des relations. Et vous, que vous soyez ou non un riche bonhomme, vous n'êtes qu'un touriste ici. Votre parole sera celle d'un passant, la mienne celle d'un citoyen suspect mais permanent et utile à la ville.

            Retenez seulement ceci: Si vous ne vous engagez pas à payer de votre poche tous les dégâts de la suite, je porterai plainte pour coups et blessures et en plus de devoir régler le civil, vous aurez affaire au pénal. L'un de nous devra mentir pour s'en sortir et puisque vous êtes expérimenté en la matière, je propose que vous soyez le menteur.

            Et si je devais suivre votre jeu, quelle serait la version officielle ?

            Nous avons discuté en bons pères de famille de l'art du combat et deux de vos hommes en sont venus aux mains. Les échanges musclés ont généré une secousse de trop pour le bâtiment, le ciel nous est tombé sur la tête. Embêtant mais cela arrive. Je ne vais pas vous en vouloir de saccager ma suite et mes cadeaux si vous les remboursez.

            Un peu trop piquantes les choses à ta sauce, samouraï. On verra quelle version le juge préfère au tribunal.

            Souvenez-vous simplement de mon offre. Faites amende honorable et vous évitez la prison.

            Trop tard pour le plaidoyer l'ami, j'entends la marine qui vient.

            Les uniformes envahissent la salle d'eau et ne tarde pas à se distinguer de la masse lumineuse un officier au visage stricte qui ne manque toutefois pas de tiquer un instant en voyant le trou béant au plafond et les états misérables des deux suspects. Il les place en état d'arrestation mais Dürum proteste poliment, comme si on venait de lui proposer de la glace avec son whisky.

            Merci mais j'ai mieux à faire messieurs. Je suis Dürum, le frère du Commandant Pitta, votre supérieur. Vous aimez les sauces barbecue de vos cantines au fait ? Je me suis battu pour que mon cher frère vous en pourvoie au plus tôt. Je lui disais "Pohr, mon frère, les marines ont fait du bon boulot dans l'affaire des lasagnes, tu devrais lâcher du leste". Bien, le prisonnier est à vous, j'ai fini mon quart.

            Tout marine qui a fait ses classes dans la région connait Pitta Gordo et la démonstration de ses poings carrés dans les deux côtés. Dürum jubile intérieurement en voyant les marines s'approcher de Gharr pour lui passer les bracelets quand celui-ci apostrophe la seconde classe venu remplir sa mission.

            Je ne risque pas de vous rendre votre salut si vous m'entravez les poignets, soldat.

            Une seconde passe, puis...

            Commodore Hadoc, Capitaine de la 408ème division de la marine. Veuillez informer le Commandant Trovahechnik que je suis placé aux arrêts suite à une corruption aboutie.

            Tout marine ayant fait ses classes a dû bloquer pour ses examens les 15 tomes de 1000 pages du code de la marine. Plus que le combattre, lui parler est une hantise. Le Lou souffle el Gordo, échec aux maths.

            Le frère du Commandant est arrêté. La solde de ses crimes servira à payer des frais d'hôpitaux et de réparation. Celui qu'on appelle Trinita ne sera jamais évoqué. Officiellement.
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