Un canard gambadait tranquillement. Il marchait dans les champs, sans but, sans soucis et sans vraiment penser. L'animal s'éloignait de la ferme derrière lui. Une ferme tout ce qu'il y a de plus banale, avec des animaux, du blé et des vieux fermiers un peu cons. Aujourd'hui pourtant, il y avait une différence. C'était la "journée des visites improvisées" dans l'école du patelin le plus proche. Dans un monde comme celui de One Piece, on oubli bien vite qu'il y a aussi des enfants qui ont des parents, qui vivent dans des villages normaux et qui s'ennuient dans des écoles. Evidemment la possibilité de voir l'école se faire exploser à tout moment change quelques aspects de la vie. Mais en général, c'est assez ennuyant. Ainsi, pour allier de la pratique à la théorie, les enseignants décidèrent d'inventer une journée particulière pendant laquelle les élèves visiteraient un lieu de la vie quotidienne. Une ferme dans ce cas. La ferme peut sembler être un choix sacrément chiant, mais en y réfléchissant bien elle a son utilité. Effectivement, la moitié des enfants partiront à l'aventure -que ça soit en tant que pirate, marine, révolutionnaire pour les plus inutiles, ou chasseur de primes-, mais les autres deviendront eux des civils. Et les civils ça s'occupe soit d'une boutique qui sera dévalisée par des criminels, soit d'un travail manuel. La ferme permettant d'apporter beaucoup d'avantages différents à un village, c'est un lieu important des visites. Bien sûr, cette argumentation peut aussi être vue comme une excuse pour ne pas dépenser d'argent et envoyer des gamins à la même ferme une fois par semaine. On entendant donc des cris s'échapper de la vieille grange tandis que Robert le péquenot montrait aux enfants comment découper un cochon et quel morceau donnait quel plat. Un canard ne s'occupait pas des sons aux alentours, se contentant d'avancer. Il ne s'occupait d'ailleurs de rien, préférant regarder le ciel. La volaille aimait énormément le ciel. En même temps, lorsque l'on est un animal volant, c'est toujours plus pratique. Le ciel, lui, ne devait pas l'aimer, puisqu'il l'empêcha de voir la roulotte qui écrasa le pauvre palmipède. Le véhicule -après avoir légèrement tremblé- continua sa route vers le village le plus proche.
Pendant ce temps, un canard -le héros cette fois-, volait doucement, traversant les nuages. Lorsque l'on est dans un avion, on s'y habitue vite. Qui plus est les humains connaissent et comprennent un minimum l'univers qui les entoure. Notre protagoniste, n'appartenant -malheureusement- pas à la catégorie des hommes, ne pigeaient pas du tout. Ainsi, il pensait à chaque fois qu'il percuterait les grandes formes blanches. Il était à chaque fois étonné de passer au travers. Seulement, les nuages n'étaient pas les seuls obstacles. Dans l'air, il y a des bestioles. Toutes sortes de bestioles. Que ça soit des oiseaux ou des insectes, aucune n'est motivée pour changer de direction. Un canard étant incapable de calculer les distances, il se contente de se payer ses camarades volants. Aujourd'hui pourtant, il tenait. Cela faisait plusieurs minutes qu'il avançait sans percuter un quelconque objet. Et il en était assez fier. Pour ne pas risquer de briser cette série, et puisqu'il y avait du sol sous ses plumes, le palmipède se dirigea vers l'île. Contrairement au vol en ligne droite, l’atterrissage n'étant pas quelque chose que le pirate maîtrisait, il percuta avec force un toit, pour tomber finalement au milieu de la rue. Puis, l'air de rien, il se releva rapidement et continua son chemin, en espérant que personne ne l'avait remarqué. On a beau être un canard, c'est pas très glorieux de s'écraser lamentablement.
-Et alors là le mec lui a dit "Heu non fais pas genre !"
-T'es sérieux ?
-Je te jure ! Tout le monde a fermé sa gueule et le gros barbu lui a collé une tarte.
-J'avoue, j'aurais fais pareil si j'étais un gros barbu.
-Trop. Mais du coup... *BOUM*
Les deux hommes parlant sur la place principale, devant la grande fontaine, s'arrêtèrent. Plus que s'arrêter, ils bondirent même dans le coin d'herbe le plus proche. A cet instant ils étaient heureux que le maire du village n'ait pas écouté les opposés au plan "Pour une île plus verte" qui proposait de simplement peindre le sol en vert au lieu de foutre de la pelouse partout. Parce qu'étonnement, le béton peint -même en vert- ça fait toujours mal aux coudes. Au départ motivés pour hurler contre le véhicule qui les avait obligé à plonger, ils se calmèrent en le voyant. Une énorme salle, peinte de toutes les couleurs -mais qui devait faire mal comme un chariot banal lorsqu'elle vous percute- était posée sur des roues. La roulotte était ornée d'énormes lettres formant les mots "TROUPE DESCROQUANTSFARFADETS MYSTIQUES". Le mot croquant étant barré avec un grand morceau de tissu rose, censé s'accorder avec le font. Le véhicule, et c'est ce qui effraya les deux habitants, était tiré par un type -haut de trois mètres- qui portait de grandes lunettes. Les théories différaient. Certains juraient que ses lunettes étaient aussi grosses pour rester dans le thème du type énorme, d'autres qu'il était simplement super bigleux. En réalité, le petit géant pensait que, plus on portait de grosses lunettes, plus on avait l'air intelligent. Une théorie qu'il argumenta dans son livre "Gloire à mon genou cassé" et qui fut accepté par la communauté scientifique pendant de nombreuses années. Finalement un type prouva le contraire, en ayant l'air complètement con même avec de grandes lunettes. Aussitôt le véhicule arrêté, une porte s'ouvrit à l'arrière. Un homme, arborant une longue perruque blanche et une tenue digne d'un Molière du pauvre, en sortit.
-Salout mé bone méchieu ! Pouvé vous mé montré la tavelne ?
-Wouha, c'est un vrai accent ça ?!
-Non non, je fais semblant, crétin.
-Ahah, c'est vrai que c'était stupide comme ques.... ET MAIS ATTENDS TU FAIS VRAIMENT SEMBLANT !
-Bah bien sûr que j'fais semblant, je viens de te le dire. Je suis un acteur moi, je suis payé pour faire semblant.
-J'pensais que c'était trop du sarcasme quoi.
-Du hein ?
-Heu... du sarcasme, tu sais, le registre humoristique ?
-Ah putain, ça pourrait vachement me servir pour écrire des pièces un registre ! Merci, mec !
Et il quitta les deux villageois, sans remarquer que, en plus de ne pas savoir ce qu'était le registre en question, il ne connaissait toujours pas la direction de la taverne. Heureusement, puisque nous vivons dans un monde de pirate, une loi sur l'île oblige tous les villages à faire de la taverne le lieu le plus visible. Ainsi les forbans décident moins de tout casser, déjà parce qu'ils sont occupés à boire, ensuite parce qu'une bonne raison pour tout casser est qu'on ne trouve pas la taverne. Un canard, qui ne savait jamais vraiment quoi faire lorsqu'il s'écrasait dans un village, décida de suivre l'excentrique voyageur. D'abord parce qu'il était lui même un excentrique voyageur, ensuite parce qu'il aimait bien les couleurs qui brillent. Et la roulotte du dramaturge était pleine de couleurs qui brillent. La taverne était une taverne tout ce qu'il y a de plus banale. A vrai dire, je ne crois pas avoir déjà lu une personne décrivant une taverne particulière. On s'imagine tous le lieu chaleureux mais pas trop, avec un comptoir et quelques tables -un peu dégueulasses-. Comme d'habitude il y a des vieux alcooliques, quelques criminels de passage et un barman étonnement discret pour sa taille. La taverne était tellement standard, que le seul détail non habituel était quelques papiers, accrochés aux murs, la récompensant pour être "L'une des tavernes les plus habituelles". Il y avait une belle ironie à voir. Malheureusement le comédien ne savait pas ce qu'était l'ironie. Il se contenta donc de commander un verre, de rester quelques secondes au comptoir, puis de se diriger vers un tableau d'affichage improvisé. C'est à dire un bout de mur sur lequel il grava au couteau "Tableau d'affichage". Là il colla le premier papier avant de quitter la taverne. Un canard, oubliant qu'il ne savait pas lire, s'approcha de l'affiche.ON RECHERCHE
COMÉDIENS POUR PARTIR EN TOURNÉE AVEC LA GRANDE TROUPE DES FARFADETS MYSTIQUES
TALENT PRÉFÉRABLE MAIS ON PEUT S'ARRANGER
Un peu de comédie dans ce monde de brutes
La troupe descroquantsfarfadets mystiques était atypique. Déjà parce qu'elle se définissait elle-même pas comme un conglomérat de comédiens itinérants et fauchés, mais plutôt comme un attroupement de douce poésie bucolique. Et ensuite, parce qu'elle se constituait d'un seul et unique représentant. Certes Shake S. Pire appartenait à la catégorie des hommes qu'on pensait habiter de plusieurs personnes, mais il devait reconnaitre que jouer des pièces à lui seul réduisait drastiquement ses possibilités théâtrales. C'est pourquoi en arrivant dans cette nouvelle ville, la première chose qu'il fit fut d'afficher des affiches quêtant les tragédiens dont il avait besoin afin d'ajouter des cordes supplémentaires à l'arc de ses spectacles jusqu'ici boudé par le grand public. Quant à la raison de placarder son avenir dans une taverne décrépite dont la clientèle se résumait à des gros types bien gras bien incapables de vous épeler "vaudeville", eh bien..."Jvais te dire moi ce qui cloche avec les spectateurs...
-Hum...?
-C'est que c'est des gros cons !"
...Shake était alcoolique.
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Lorsque Ging redressa la tête après avoir passé la porte de la taverne, la première chose qu'il vit fut une dinde lorgnant sur une affiche. Puis en plissant les yeux et se concentrant deux secondes, il découvrit avec stupeur -un peu comme si la bête avait tentait d'usurper la place d'une autre- que c'était en réalité une drôle de loutre. Oui bon, notre héros était effectivement encore meilleur en cuisine -et il n'a jamais comprit la notion de cuisson- qu'en zoologie. M'enfin ça ne freina en tout cas pas son excentricité, puisque il fondit de ses enjambées suffisamment grandes pour sauter une table sur la bête. S'approchant dans le feutré quand il arriva à son niveau, il employa quelques secondes à observer l'animal sous toutes les coutures. Décortiquant dans son esprit torturé le plumage, les pattes et le bec du canard pour savoir s'il avait bel et bien affaire à une loutre à queue plate, il avança soudainement sa tête à coté de celle autrement plus petite de la bestiole. Il resta comme ça, sans bouger, fixant le papier avec la même intensité que pouvait avoir la créature hypnotisé par ces sigles singuliers. Notre héros lui, savait que ces étranges symboles signifiaient quelque chose, et tandis qu'il hasarder à leur déchiffrage, sa main vint tout naturellement se poser sur la tête du canard pour le caresser sans gène. La réponse ne tarda pas. La sale bête vrilla dans les airs et propulsa sa palme au visage de Ging avec une sauvagerie qu'on n'attendait ni d'une loutre ni d'un canard. Le colosse en tomba sur le cul avec l'air du type ne comprenant rien qui ne l'avait jamais quitté que pour mieux le retrouver depuis sa naissance. Ses grands yeux ronds fixaient la bête lui rendant son regard. Il lui fallut comme ça une bonne minute sur le sol crasseux de l'établissement avant de commencer à admettre qu'il semblait s'être fait étaler par une salope de loutre. Une loutre sans queue qui plus est. Son sang n'eut pas le temps de faire un tour que déjà son égo lui avait dicté la procédure à suivre. Se relever. Rire comme si tout était normal. Et lui coller une trempe. Il se leva. Rit. Et lui colla..."Alors comme ça, vous voulez devenir comédiens ? Venez, on va voir ce que vous savez faire.
Tout alla trop vite pour Ging puisse comprendre tous les aboutissants de la scène. Il n'avait que la trame principale à se mettre sous la dent, et elle-même semblait être réservée à un public initié. Un homme affublé d'une extravagante moumoute argentée avait embringué le canard et le colosse dans son départ de la taverne avec une énergie comparable à un ouragan ; si bien que nos trois quintaux de muscles ne purent rien faire pour éviter cela. Et cela, c'était son ennemi juré, cette foutue loutre entrain de chanter devant lui et surtout devant les applaudissements du dramaturge ravi. Il lui avait même monté une sorte de mini-esplanade sur laquelle l'animal n'avait pas tardé à trouver ses marques. Dès les premières notes il avait attiré quelques curieux s'amassant peu à peu pour juger de leur propres quinquets improbabilité d'une telle scène, et à la fin c'était une foule en délire qui clamait leurs louanges avec vigueur. Ils demandaient même un rappel. Manque de bol, c'était le tour de Ging. Il confessa d'abord qu'il ne connaissait aucune chanson par cœur -trop de syllabes à se rappeler, encore plus à apprendre-, alors le comédien lui donna un texte qu'il devait. Il s'agissait du monologue de fin de la pièce maitresse de Shake "Ode aux catins" dans lequel le personnage principal apprenait que son premier et seul amour, la première femme qu'il avait connue, était en réalité son frère. Une conclusion tragique, emplie d'émotions et qui avait plus d'une fois fait pleurer son auteur ne pouvant alors pas finir la représentation au grand damne des deux ou trois vieux sourds muets qui y assistaient malgré eux. Mais le géant ne comprenait manifestement pas les sentiments profonds du personnage, pas plus qu'il ne semblait comprendre ce qu'il lisait. Et encore c'était quand il reconnaissait les mots, puisque sur plus deux tiers du texte il s'était contenté d'inventer une suite de phrases totalement dépourvues de sens ; le tout en agitant les bras avec tout le crédit qu'il donnait au théâtre. Donc à peu près le même qu'on accordait d'ordinaire à une mouette autiste, si tant est qu'il en existe une quelque part.
Quand Ging, transpirant à grosses gouttes de malaise, mit un point final à son humiliation en public ; il ne restait plus un seul villageois pour lui balancer une pierre. Seul le canard le fixait avec ce qu'il pensait être un ersatz de sourire en coin. Mais tandis que le forban s'apprêtait pour la première fois de sa vie à connaitre la honte, Shake applaudit à s'en rompre les mains. Il ne pouvait retenir ses larmes en enserrant ses deux nouveaux compagnons."C'était une...snif...une improvisation totalement magnifique. Et ton chant...snif...est magique. Je suis tellement heureux... Snif. Snif. Oui. Je pense qu'avec vous, je peux le faire !Parce que oui, Shake S. Pire était le pire comédien que ce monde enfanta.
Un canard se faisait traîner au sol, accompagné de son nouvel ami de bar. Notre héros avait une vision très particulière de l'amitié. En général il considérait comme son ami quelqu'un avec qui il faisait quelque chose. Dans ce cas le quelque chose avait été de coller ses palmes dans le visage du grand type. Grand type qui n'avait pas contre-attaqué, mais était simplement resté debout, à fixer notre protagoniste. Ce dernier prit ça pour une marque de sagesse. Bien sûr, toute personne un minimum saine d'esprit ne qualifierait pas Ging "BAM" Dong de sage -dans tous les sens du terme-. Seulement le palmipède était bien trop con pour être saint d'esprit. Ainsi l'animal était traîné au sol. Du moins il le supposait. Trop concentré sur son nouveau compagnon, il n'avait pas écouté Shake et ne comprenait ainsi pas pourquoi il avançait sans bouger. Le pirate ne pensa évidemment pas à tourner la tête pour voir qu'on le tirait. Un canard n'aime pas essayer de comprendre. Il préfère que tout devienne logique sans lui demander de travail. Ainsi, dans ce genre de situation, il se contente de se laisser traîner, de toute façon il devra bien s'arrêter un jour. Puisqu'il ne s'est jamais jamais arrêté, il n'a pas encore réfléchit à sa réaction si cette situation arrivait. Il improviserait certainement sur le moment. Finalement le comédien les balança au milieu de la place, et proposa une estrade à notre héros. Ce dernier acceptant toujours quelque chose qu'on lui proposait grimpa. Ce n'est qu'après une minute passée debout à regarder devant lui qu'il comprit qu'on attendait quelque chose. Pire, qu'on attendait quelque chose de sa part. Shake le fixait, pensant qu'il s'échauffait avec une technique peut courante. Ne sachant que faire, un canard commença à chanter. Lorsqu'il ne savait pas quoi faire, il chantait, souvent ça améliorait la situation.
Un canard possédait un certain don pour choisir ses chants. Il savait pas exemple très bien qu'une chanson du vieil artiste Claude Francis, pirate adoré des femmes, fonctionnerait bien dans un quelconque village pommé. C'était réussit. Le nombre de ménagères était le plus élevé de la région, les attaques de forbans pilleurs, violeurs et tueurs étant peu nombreuses dans ce sympathique patelin. La petite foule était en délire. Notre protagoniste accompagnait sa propre voix d'une danse des plus originale qui semblait beaucoup plaire au dramaturge. Les nombreux couples quant à eux, appréciaient simplement la musique. Enfin, les femmes. Elle semblait prendre un malin plaisir à dire à leur maris que "Tu vois, même un canard peut le faire, alors pourquoi tu me chantes jamais rien ?" Les ménagères du village était aussi connue pour être parmi les ménagères les plus stéréotypées qui soit. Quant les acclamations de la foule devint une multitude de disputes conjugales, le palmipède s'arrêta. Il ne voulait pas travailler avec des amateurs. Ici les amateurs étaient le public, préférant discuter qu'écouter la représentation. Comme tout humain, ils remarquèrent ce qu'ils avaient perdu qu'après l'avoir perdu, et les rappels ne changèrent rien. De toute façon c'était le tour du deuxième type. Deuxième type qui décida de parler. Un canard décida de manger un truc trouvé sur le sol. Il supposait que c'était un petit insecte, mais ça ressemblait plus à un caillou qu'autre chose. Un caillou assez différent des autres, il faut l'admettre, mais toujours un caillou. Le temps qu'il s'étouffe et recracher le caillou et Ging avait terminé.
Une embrassade plus tard et notre nouveau groupe se retrouva dans la roulotte du comédien. Une seule grande pièce, avec table, canapé et c'est à peu près tout. Il y avait bien des toilettes improvisées, mais elle n'inspirait pas assez confiance pour que quelqu'un de censé les utilise. Heureusement personne n'était censé dans la pièce. Et encore plus heureusement, personne n'avait envie d'y aller, aux toilettes. En tant que mauvais artiste qui se respecte, Shake possédait évidemment de l'alcool. Alcool qu'il s'empressa de servir. Ainsi un canard se retrouva debout sur la table, le bec plongé dans un verre, le dramaturge lui était assit sur la seule chaise. Quant au futur capitaine pirate, il s'allongeait sur le canapé entier, en bon type insupportable.
-Les gars, on a pas tous les jours la chance qu'on a ce jour ! Se trouver comme ça, trois types aux allures différentes, mais avec autant de talents, ça n'arrive qu'une fois pas siècle ! Je sens qu'on va faire de grandes choses ensembles !
-Hé boss ! Cria le porteur de chariot en faisant passer son large visage devant la seule fenêtre. Ca avait un certain effet oppressant de voir des lunettes géantes autour d'une tronche tout aussi gigantesque ce coller à une vitre. Sans doute ce que ressent un playmobil en regardant les gamins qui jouent au dessus de lui. J'ai tout installé !
-Très bien, très bien ! Venez mes camarades !
En sortant de la roulotte, les deux pirates remarquèrent deux estrades, installées sur la place par Jean-Blizzard l'immense porteur. Immense porteur qui se contenta d'un signe de tête en guise de salut avant de retourner à son post -devant le véhicule- pour se préparer psychologiquement à devoir repartir. N'étant pas une flèche, il passait tout son temps en préparation psychologique qui durait de trois à quatre heures. Comme ça aucun risque de n'être pas prêt si la troupe devait fuir rapidement. Ce qui arrivait étonnement souvent. Les deux estrades étaient posées face à face, Jean-Blizzard avait fabriqué deux pupitres avec des branches.
-Même si vous avez chacun des talents différents, il faut améliorer certaines caractéristiques pour être comédien. J'ai déjà des moyens de vous faire progresser de prêt, ça date du dernier inscrit à la troupe. Un vieux type tout pourri qui a bien tenu une représentation mais a préféré aller vivre dans une cabane sur la plage plutôt que de continuer. Bien sûr ça fonctionnera mieux maintenant que vous êtes plusieurs ! Précisa Shake avant de se placer devant les deux estrades Maintenant vous allez chacun vous mettre devant un pupitre. Je vous donne des textes et vous devez les réciter en mettant le ton le plus approprié possible. Bien sûr vous n'avez pas le même texte, il faut se concentrer sur le sien pendant que l'autre récite. Ca permet d'améliorer pleins de truc pratiques !
Un canard, debout sur son pupitre, regarda le feuille. Il oublia qu'il avait oublié qu'il ne savait pas lire, pour se rappeler qu'il savait en fait très bien lire. Lorsqu'il était une rockstar mondialement connue, son agent l'avait obligé à apprendre pour qu'il puisse lire ses futurs contrats. Bien sûr il était absolument incapable d'associer un sens aux phrases, mais ce n'était qu'un détail. Second détail un peu plus important, même en lisant, il avait le réflexe de remplacer les mots par ses phrases toutes faites. C'était tout de suite plus problématique. Ainsi, lorsque le concours commença, l'animal se lança dans un espèce de charabia incompréhensible, qui n'avait plus grand chose à voir avec le texte original. Evidemment ce n'était pas bien pire que le texte original, qui était déjà très mauvais, mais ça n'avait plus beaucoup de sens. La phrase "O mon frère, mon pauvre frère, moi qui cru un instant, un moment, qu'une jeune fille insoucieuse tu étât, mais dans un état d'erreur depuis le début j'étais, que Dieu et les saintes me pardonnent pour mon horrible et malencontreuse erreur, qui si je le pouvais je l'effacerais... l'erreur !" devint
-Hé là le clodo ! Hé là le clodo qu'a pas d'argent ! Oups pardons, j'pensais que t'étais une gonzesse ! V'la que j'me suis gouré, boudiou ! Robert j'suis désolé mon vieux, vl'a que j'me suis gouré, boudiou ! Efface mon ardoise Denis, soit sympa !
A la fin, trop perdu, le palmipède finit par simplement répéter ce que disait Ging en espérant qu'il aurait bon.
L'aria du canard se teintait d'une mélodie melliflue parsemée des quintes rauques de Ging, comme une tartine à la confiture saupoudrée de verre pilé. Les extraordinaires cordes vocales de la bestiole avait beau rester une incartade aigüe de plus en ces mers en regorgeant, elle ne pouvait néanmoins prétendre lutter face à celles du colosse, formées depuis trop d'années pour qu'un pauvre palmipède puisse les compter -notre héros non plus, remarquez, mais là n'était pas la question- à grand renforts de chansons paillardes aboyées dans les tavernes. Si le concours avait visé à savoir qui gueuler le plus fort, Ging aurait eu une largeur d'avance. L'un des soucis, puisque ils étaient légion, demeurait que Shake leur avait demandé de réciter le texte ornant leur pupitre de fortunes non pas le plus fort possible, mais le plus justement. "Un ton approprié" qu'il avait dit exactement. Si le forban se faisait une nébuleuse idée de ce que signifiait "approprié", il savait en tout cas toutes ses tentatives vaines pour percer la définition mystérieuse du mot "ton". C'était trop en demander à un homme qui confondait sa main gauche avec un pot de crème de fraiche. Mais Ging ne pouvait décemment -et ce, même s'il ne suspectait pas l'existence d'un tel mot- pas perdre la face devant ce qui avait pris la forme d'une créature mi-canard mi-loutre et re mie de pain derrière dans son esprit plus fertile encore que la belle-de-jour Josianne et ses quarante-huit mouflets."O MON FRERE, mOn PAUvre frèrE, MOI qUi cru un INSTANT, un MOMENT, qu'UnE jeUNe fille insoUCIEUse TU étât, MAis daNS un état d'erREUr dePUIS le début J'ETAIS, que DIEU ET LES saintes ME pardonNENT poUR mon hoRRiblE et mALEncontREUse erreur, qui SI je le pOUvaIs je l'eFfacErAiS... L'ERREUR !"
Les pics que la voix éraillée et déplaisante de Ging prenait auraient suffit à provoquer un infarctus à la plus tenace des vieilles cardiaques rabougries. Il avait non seulement lu ses lignes avec à peu près autant de naturel qu'aurait eu, disons par exemple, une loutre dans la même situation ; mais il s'était également mis en tête de gesticuler dans autant de sens qu'il le pouvait tout le temps qu'offrait son récital. Si bien qu'à un moment il renversa son pupitre. Il meubla comme il put de ses propres répliques le temps de ramasser le manuscrit, sans arrêter de remuer tapageusement presque à la manière d'un paon, et remarqua par le plus grand des hasards qu'il pouvait tenir les feuilles dans ses mains, et ainsi éviter de se rompre le cou comme cette lecture à un mètre du sol le voulait. Voyant alors son lutrin vide et inutile, il ne put s'empêcher de lorgner en face, sur celui du canard. Ce dernier n'avait aucun problème de torticolis en lisant le sien. Ging trouva cela injuste. Et s'il y avait bien un truc qu'il pouvait pas sacquer, c'étaitl'injusticeles canards. Le pupitre du colosse fendit les airs pour s'encastrer dans celui de son adversaire, expédiant le truc à plusieurs lieues de distance en une fraction de seconde. (Mal)heureusement la bestiole avait pu esquiver d'un pas chassé rappelant le talentueux danseur-chorégraphe qu'il était. Elle fixait maintenant notre héros. Tout comme Shake. Mais celui-ci, impassible, feintait l'ignorance en poursuivant sa prestation malgré les grosses gouttes de sueur qui lui perlaient le long de la tempe.
La seule réaction qu'eut le comédien fut une oscillation de la tête réprobatrice, un peu celle qu'aurait eu un père découvrant que son fils avait mangé le flan qu'il s'était exprès réservé. Mais c'était comme ça chez les saltimbanques sans un sou, on avait plus de théâtre que de protéine dans le sang ; si bien que l'importance des choses quotidiennes -ou non- de la vie était inversée. On encaissait mieux la mort d'un père inconnu qu'on venait de rencontrer que la raison de foutre des saucisses dans le cassoulet. C'était un art de vivre.Comme le découvrit nos deux péquenauds.
On ne sait pas ce qui retint les deux compères au près de ce dramaturge raté qui aurait eu plus de chance de réussir comme tenancier ou encore tenant en titre du plus gros buveur de South Blue. En réalité on ne sait pas ce qui retint le canard. Puisque pour Ging, qui n'avait jamais apprécié toute activité demandant plus de subtilité qu'on lui en avait fourni à la naissance, c'était une raison d'égo. Il suffisait que le volatile s'élance dans les airs avec la grâce d'une ballerine exécutant un entrechat pour faire oublier au pirate tout rêve de piraterie. C'était pour clouer le bec à son comparse qu'il avait enduré toutes ces soirées de jeûne dans une roulotte merdique, ces représentations qu'ils ne parvenaient pas plus à comprendre qu'à conclure à cause des lapidations de la foule. Pourtant, au cours de cette tournée péteuse et stérile, une alchimie s'opéra entre les trois pitres. Peu à peu les pièces arrachèrent cette parcelle de vie qui leur manquait. Peu à peu les géants choisirent des pierres moins grosses pour caillasser ces acteurs, certes incroyablement mauvais, mais qui mettaient tout de même du leur. Et un soir de plus où Ging essayait de voler d'un air plus majestueux que cette foutue loutre, Shake S. Pire refusa un verre. Il avait déjà la main prise, et l'esprit occupé. Mu d'une volonté céleste, il gratta son papier bon marché toute la nuit de la même plume merdique qu'il n'avait pas pu changer depuis ses débuts. Il se surprenait lui-même dans cet état de transe mais s’efforçait aussitôt de ne plus y penser pour que jamais son bras ne s'arrête. Lorsqu'il se figea enfin, les premiers rayons de soleil filtrèrent par la fragile fenêtre de la roulotte pour éclairer le sourire du plus mauvais dramaturge de ces mers. Et juste devant lui, un chef d’œuvre.______________________________________________________
Pour la première fois la débilité de Ging avait laissé place à un stress grandissant. Plongé dans une demi-pénombre, il ne pouvait ignorer le brouhaha s'amplifiant de l'autre coté de cet imposant rideau. Ses dialogues en main, il s'agitait seul dans un coin, répétant et répétant les mêmes répliques inlassablement, butant sur les mêmes mots, craignant les mêmes passages ; il ne voulait plus le faire. En cet instant il avait même oublié le canard. Et alors qu'il forçait en vain son esprit à se concentrer sur ses répliques et non sur la foule qui s'entassait derrière la draperie qui, il le savait que trop bien, était le seul rempart se dressant entre lui et ce qui devenait peu à peu son pire cauchemar. Le rideau se lèverait dans quelques instants, et rien qu'à cette idée le géant, qui aurait sans mal pu étaler tout le public, était pris de nausées. Lorsqu'il lâcha finalement son manuscrit, il n'avait plus qu'une idée en tête : s'enfuir. Quand une main se posa dans son dos. Même en tremblant comme une feuille, Ging ne put s'empêcher de voir la mine la plus radieuse qu'avait eu à ce jour Shake S. Pire. Alors son cœur n'explosa pas. Puis d'une voix douce, il lui dit.
Tu sais quoi ? J'ai pas réussi à boire un seul verre dans ma roulotte. A chaque fois je le renversais avant qu'il n'arrive à mes lèvres. Moi aussi je suis mort de peur. Alors sais-tu pourquoi je ne tremble pas ?
Il s'approcha de Ging avec un sourire brûlant, et le fit se baisser pour lui confier au creux de son oreille :
C'est parce que je suis encore plus heureux qu'effrayé.
Les tremblements de Ging cessèrent. Le comédien fit volte-face et commença à se diriger vers le milieu de la scène.
Ging ! Canard ! Ne vous inquiétez pas ! Jouer dans le plus grand théâtre de South Blue et dans la rue, c'est exactement pareil ! Il suffit d'y prendre le même plaisir. M'enfin, ce ne devrait pas être très difficile pour vous puisque après tout...
Il tourna son sourire vers ses deux compagnons.
...je suis le plus grand comédien de ce monde !
Et le rideau se leva.
Un canard se tenait débout dans les coulisses. Contrairement à son partenaire de théâtre, le stress n'était pas particulièrement perceptible sur son visage. Il se contentait de fixer devant lui. On pourrait penser qu'il était dans une intense phase de réflexion d'avant représentation. En réalité il fixait juste devant lui. Tout en sachant ce qu'il se passerait à ce moment, l'animal était incapable de comprendre l'enjeu caché derrière le levé du rideau. Par contre il entendait très bien le brouhaha peu dissimulé derrière ledit rideau. Ainsi la palmipède ne bougeait pas, se demandant s'il devait mordiller un machin trouvé sur le sol après la mésaventure du caillou. Quand il se décida à avaler le machin trouvé sur le sol en question, Shake arriva. Il se lança alors dans un discours écouté en parti par notre héros. En parti signifie ici un mot de temps en temps, histoire de répéter quelque chose si c'est une interrogation. Il est intéressant de voir que la volaille est préparée à toute éventualité seulement quand les éventualités en question n'ont que très peu de chances d'arriver. Ainsi, il n'était pas du tout préparé à l'éventualité, pourtant assez évidente, que le rideau allait s'ouvrir. Ainsi il se retrouva debout comme un con sans bouger. Evidemment, le "comme un con" est ici une description assez vague, un canard ayant l'air con une grande partie du temps. Ging quand à lui, après avoir déglutit, s'avança, en tremblant beaucoup moins qu'avant l'intervention du dramaturge. Voir son camarade bouger rappelé à notre protagoniste qu'il était lui, censé se trouver devant la scène depuis plusieurs secondes déjà. Il avait le grand honneur de réciter la première réplique. Après plusieurs dizaines d'heures de travail, Shake avait finalement réussit à faire comprendre au pirate qu'il devait apprendre les textes originaux et non ses propres versions. Pour ça, il lui récitait syllabe par syllabe, en demandant au piaf de répéter. Ce dernier apprenait ainsi le texte modification. Une technique qui prenait quand même sacrément longtemps pour pas grand chose. Mais c'est grâce à ça que le forban était capable de s'avancer et de dire
-En cette belle journée, le soleil m'éblouit autant que le visage de l'inconnu qui m'approche !
La salle, devenue silencieuse, recommença son brouhaha en découvrant que l'animal faisait bel est bien parti de la pièce et était même capable de jouer. Pas très bien, c'est vrai, mais jouer tout de même. Seul Steve McKentucky restait de marbre. C'était en fait un grand fan de la troupe, depuis l'arrivée des deux criminels, il avait assisté à chaque représentation. En même temps, elles étaient toutes très différentes les unes des autres, tout en se basant sur le même texte. Aujourd'hui c'était une première. La première d'un chef d'oeuvre. Ainsi, même si son visage restait de marbre pour impressionner sa voisine, il avait en réalité envie de bondir de joie et de crier comme une adolescente. Le genre de bond de joie et crie d'adolescente qui fait énormément baisser ses chances avec la voisine de fauteuil. Alors que la pièce continuait, les deux acteurs commençait à prendre leurs marques. Ging bougeait ses bras dans de grands gestes censés évoquer certaines émotions. Un canard quant à lui, se lançait dans des pas de danse pour se déplacer sur la scène. Les deux personnages semblaient se disputer sur l'appartenance à l'un ou à l'autre d'un cochon mort. Étonnement la scène était assez bien jouée. Cela venait certainement de la rivalité comédienne des deux acteurs et du fait que le futur capitaine pensait en parti qu'ils se disputaient véritablement.
Soudainement ils s'arrêtèrent. Personne dans l'assemblée n'avait remarqué que le rideau s'était refermé derrière les acteurs. Ils remarquèrent qu'il s'ouvrit à nouveau. Shake S. Pire surgit, accroché par une corde subtilement cachée, à quelques mètres du sol. C'était un moment tendu. Lors des répétitions, le dramaturge n'avait jamais réussit à atterrir sans s'écraser. Il n'avait pourtant jamais voulu baisser la hauteur, prétextant qu'il faut viser haut dans la vie. Littéralement. Cependant aujourd'hui c'était différent. Aujourd'hui il sauta et ne tomba pas. Le comédien se trouvait désormais entre les deux criminels, et pointait ses bras vers eux. Symbolisant dans une magnifique allégorie la place de Dieu dans la société et dans les disputes au sujet de cochons morts.______________________________________________________
Les scènes s'enchaînaient, l'histoire avançait et les trois acteurs se trouvaient désormais assis sur des tonneaux. Derrière eux on pouvait voir un grand mur, avec un paysage peint par les comédiens eux même. Ainsi, à part un arbre que Ging avait réussit -et tenté plusieurs fois de refaire sans succès-, il était impossible de reconnaître quoi que ce soit. Les arbres laissaient supposer que l'action se passait dans une forêt. Seulement une zone orange ressemblait beaucoup -dans le sens "un peu plus que le reste des dessins ressemblent à quelque chose" et non vraiment beaucoup- à un désert. Evidemment c'était en réalité un pot de peinture renversé, mais ça n'avait pas d'importance. Finalement, alors que l'on n'arrivait à la scène d'enterrement d'un canard, un applaudissement résonna dans la pièce. Un lent applaudissement. Le genre d'applaudissement qui sonne étonnement machiavélique.
L'homme s'était levé et rangeait ses mains dans les poches de son costume cliché. Il fixait notre héros, qui lui fixait le ciel -étant apparemment mort-. Tout le reste de la salle fixait le mafieux. Celui ci, en remarquant que tous les regards -sauf celui qu'il voulait- étaient tournés sur lui commença à parler.
-Tu pensais pouvoir nous arnaquer comme ça hein ? ... Vous pensez qu'ils viennent d'où ces superbes tonneaux et cette magnifique peinture ? Demanda-t-il à l'assemblée. Puis, sans attendre de réponse, l'homme se déplaça vers l'allée la plus proche. Pardon, désolé, oups je crois que c'était votre pied, excusez-moi, désolé de déranger votre spectacle, pardon, vous avez fait tomber un morceau de sandwich là et excusez-moi. Dit-il en se frayant un chemin jusqu'à l'allée en question. Là il commença à descendre les marches pour atteindre la scène en continuant. Tu nous dois de l'argent. Et s'il y a une chose que l'on sait bien faire, c'est réclamer notre argent... Enfin et les boulots qu'on nous demande aussi. Ouais, s'il y a deux choses qu'on sait faire c'est réclamer notre argent et les boulots... Et puis on a la classe en costume... Donc s'il y a trois choses que l'on sait faire c'est bien...
-Où tu veux en venir, mec ! Cria un spectateur impatient.
-Désolé... Je disais, que tu vas payer... et si tu peux pas payer... on va te faire payer.
Aussitôt, il s'arrêta et s'élança dans l'air, le poing propulsé dans son dos, dans le subtil but de l'écraser sur le canard. Lorsqu'il commença son geste, deux autres types sautèrent de leur places. Ils arrachèrent les robes de camouflage qu'ils portaient pour laisser voir leurs costumes de gangsters. En réponse, la narration envoya un flash-back explicatif.FLASH-BACK EXPLICATIF
Les trois artistes se trouvaient dans la roulotte de Shake, dans leur position habituelle -table, fauteuil, canapé donc-. Le dramaturge venait d'annoncer la grande nouvelle. Il avait terminé d'écrire la pièce. Son chef d'oeuvre.
-Alors on va s'y mettre tout de suite ! Ging tu vas aller aider Jean-Bliz' à déplacer le matériel dans le champs le plus proche, on aura besoin d'espace. Canard, toi je veux que tu fonces en ville pour me trouver des accessoires ! J'ai une liste ici, il te suffit de la montrer aux gens pour qu'ils comprennent.
La technique ne fonctionnait pas très bien. Lorsque l'animal lançait la feuille dans le visage des passants, ces derniers se contentaient de s'éloigner d'un air apeurés ou interrogatifs. Finalement c'est dans une allée sombre, le palmipède ne pensait pas à entrer dans les boutiques, qu'il trouva son bonheur. Le grand mafieux aux cheveux roses se tenaient, accoudés contre des caisses, en compagnie des deux gardes. Ils discutaient tranquillement devant une énigmatique porte. Quant un canard colla le papier devant la tronche du gangster, ce dernier leva simplement un sourcil, sans reculer ou partir en courant. En lisant la liste, il exhiba un léger sourire.FIN DU FLASH-BACK EXPLICATIF
Le poing se trouvait à quelques centimètres de l'animal quand ce dernier le remarqua et leva sa palme d'un geste rapide. Dans la salle, tout le monde s'exclama de surprise en découvrant qu'il n'était pas mort. Ne sachant pas vraiment quoi faire, et puisque les deux autres mafieux prenaient une position de karaté ne correspondant pas du tout avec leur stéréotype, la volaille se releva. Puisqu'il n'arrivait pas à se souvenir de ce passage dans le script, notre héros supposa qu'ils étaient arrivés à la fin. Il n'arrivait jamais à se rappeler de la fin entière. Ainsi une scène qu'il ne comprenait pas devait être la fin en question. Le pirate commença donc la chanson finale.
La chanson était brillamment inappropriée pour un enterrement. Qui plus est un enterrement attaqué par des mafieux. Pourtant, le public, excité par l'action, commença à accompagner l'animal. Faisant les coeurs et l'aidant dans les refrains. Et à mesure que le combat avançait, les cris étaient de plus en plus fort.Et Shake S. Pire admirait la scène, pleurant presque devant la magnifique improvisation. C'était véritablement son chef d'oeuvre.
Même l'ovation de la foule euphorique ne put couvrir le fruit des phalanges disproportionnées de Ging s'enfonçant dans la trogne d'un des mafieux. Ce dernier partagé entre la rage et la rédemption, se demanda tout d'abord pourquoi est-ce qu'il avait foncé sur le plus mastock' des comédiens. A défaut de s'offrir le canard, le petit bizarre qui ne cessait de pleurer aurait très bien fait l'affaire. Mais il n'eut pas le temps de regretter le peu de vivacité qu'avait son esprit où sa vie passée à opprimer les honnêtes gens bien longtemps. Il fut projeté sans difficulté vers les spectateurs, ravis d'être impliqués dans ce qu'ils prenaient pour une pièce d'un nouveau genre ; celle où ils ne restaient pas passifs mais contribuaient bel et bien à l'histoire. Un projet avant-gardiste s'il en est, qui fut accueilli par les patauds comme ils accueillent les nouveautés, en s'efforçant de trouver ça novateur et franchement sympathique. On aurait pu leur expédier des gadins dans la tronche, il aurait suffit de prétexter ça moderne pour que leur dégout laisse place à la perplexité puis à l'acceptation qui se répandrait alors dans la foule plus vite encore que se répand une rumeur salace dans un groupe de mégères à la retraite.
Ainsi il ne fut pas réellement surprenant de voir des parents faire un signe approbateur de la tête à leur enfant leur accordant le droit d'encastrer leurs chaussures dans la bouche du monsieur en costume noir. Il était là pour ça qu'on pensait. Il faisait seulement semblant de convulser qu'on pensait. Dieu qu'il était brillant de réalisme. C'était surement pas le premier venu qu'on avait ramassé dans un bar et à qui on avait filé un texte trois semaines plus tard. Non, lui c'était quelqu'un. Alors, après avoir observer trois garnements coller des beignes avec un sourire béat au mafieux inconscient, tous les regards se tournèrent vers son acolyte qu'on ne suspectait pas moins bon. Il suffisait de voir comme il feignait la peur, tremblant et claquant des dents avec un réalisme tout simplement inouï. Il avait sorti un couteau mais ne semblait pas près à l'utiliser, fixant tour à tour Shake et Ging. De longues secondes passèrent ainsi tandis qu'on laissait le canard se dépatouillait avec le chef des deux compères en noir, celui là même dont les cheveux roses témoignaient soit d'un daltonisme aigüe, soit d'un manque de goût pas moins important. L'animal, bien que pas forcément imposant, avait démontré des pics de talents pour vous coller ses palmes dans la tempe avant même que vous n'ayez le temps de serrer les dents qui suffisaient à rassurer nos héros quant à la suite des choses. Non ce qui clochait, c'est que le dernier mafiosi restait planté comme un con et n'était pas enclin à mettre sa vie en jeu pour assurer le spectacle. Et ça, c'était inadmissible.
Le premier à réagir fut Shake. Dès qu'il vit que l’émerveillement retombait dans la salle, son sang de dramaturge ne fit qu'un tour et il se jeta sauvagement sur l'homme en costard. Il n'avait pas travaillé si dur pour voir son chef d’œuvre ruiné par trois débiles. Il bondit les quatre membres en l'air prêt à empoigner sa proie, le tout en gueulant un prétexte bidon désireux de servir l'histoire ; quelque chose comme "tu vas payer pour avoir tué le fils que je n'ai jamais connu salop !". Et tandis que les spectateurs médusés retenaient leur souffle et écarquillaient les yeux devant une telle révélation, Ging se demanda si Shake était meilleur combattant qu'il était comédien. Malheureusement il ne se posa pas la question bien longtemps. Quelques secondes après ce saut magistral, le comédien était à terre occupé à cracher son sang et appeler à l'aide entre deux mandales de son adversaire. Le Lion fit un pas et de nouveau la salle trembla. On pouvait sentir l'excitation des gosses aux trépignements qu'ils faisaient, levés sur leur siège. Ils n'attendaient que de revoir le colosse en action. Ce qui n'était certainement pas le cas du gangster. Celui-ci sachant pertinemment qu'un type de trois mètres et avec une gueule d'ahuri n'avait et n'aurait jamais l'idée de retenir l'un de ses coups quand il en filait un, empoigna Shake et lui mit sa lame sous la gorge, menaçant de le tuer au moindre geste. Il avait non seulement provoqué un coup de théâtre magistral mais aussi entubé tout le monde. Sauf le comédien lui-même à vrai dire qui, voyant les spectateurs se levaient un à un, pleurait de joie devant la réussite de sa pièce.
Vas y, Ging ! Ne t'occupes pas de moi ! Et venges le fils que je n'ai jamais connu ! Tu dois le faire ! Puisque c'était ton frère....
ET OUI ! JE SUIS TON PERE ! qu'il cria en se tournant vers le public, oubliant totalement la lame qui lui égratigna le cou.
Le truand affolé se demandait à quoi pouvait bien rimer tout ceci. Son otage pas foutu de comprendre son rôle pleurait de joie tantôt alors que la mort le guettait et finissait ensuite par improviser une histoire sans queue ni tête devant un public qui ne cessait d'en réclamer. Etait-il le seul être doté de réflexion ici ? Il s'apprêta à gueuler pour savoir ce qui clochait chez tous ces bouseux autistes, mais c'était sans compter sur la faculté d’adaptation de Ging qui, alliée à son inconscience, le fit bondir et se positionner à l'horizontal pour plaquer yakuza comme père improvisé. Il faisait pas dans la distinction notre capitaine. Mais l'ombre de trois quintaux de bidoches lui fondant dessus à la manière d'un catcheur -le trucage et l’expérience en moins- finit de faire perdre les pédales au maffiosi qui fit ce qu'il ne fallait surtout pas faire en pareille situation. Il paniqua. Lui-même ne sut pourquoi il poussa Shake hors de la ligne de mire du colosse. Pas plus qu'il ne sut comment son corps devant le danger de mort imminent qui l'attendait put avoir pour seule réaction de fermer les yeux en serrant les dents. Enfin c'était sans compter sur la fougue naturelle de Ging qui, ayant pris trop d'élan, se ramassa plus loin sur un groupe de spectateurs ravis de toucher un tel acteur, mais moins ravis que ce soit en de telles circonstances.
Le mafieux rouvrant les yeux après quelques secondes passées sans bouger se fit alors pas prier. Il resserra sa prise sur son couteau et fusa vers le colosse avec l'attention de porter un coup mortel. Celui-ci était en train de se relever dans le nuage de poussière qui l'aveuglait et n'avait surement pas la présence d'esprit de se demander ce que tramait alors son adversaire. Il aurait dû. L'acier de la lame vrombit en direction de la tempe du colosse. Elle pénétra la chair, et le sang gicla. Le public debout et le cœur prêt à rompre cessa de respirer.
MAINTENANT GING ! scanda Shake S. Pire avec trois centimètres de métal enfoncés dans l'abdomen.
L'homme voulut bien sûr retirer son couteau mais le comédien, un filet de sang perlant de ses lèvres arquées en un sourire qui paraissait satisfait, lui retint le bras avec une force surprenante. Il n'eut pas le temps de retenter l'expérience que les bras du colosse, dans son dos, le ceinturaient à la taille. Le soulevaient à un mètre du sol. Et le faisait basculer en arrière à la vitesse du son.
Pour un german souplex improvisé, il fut étonnant de féérie.
Tandis que les enfants s'amusaient à mimer l'action dans les airs et que les parents leur interdisaient aussi sec de faire une telle chose arguant que c'était des acteurs entrainés qui avaient répété et répété ; ils virent tous Shake tomber dans une marre de sang. Pas un seul ne douta une seconde que cela était joué.Alors, ils applaudirent.
Carl n'a pas eu une enfance facile. Alors qu'il avait tout du personnage cliché de couleur impressionnant et agressif, et qu'il aurait ainsi dû se trouver au plus haut rang de l'école primaire, il possédait un défaut. Carl avait les cheveux roses. Naturellement. Quelque chose qui, selon les spécialistes, touchait "une personne de temps en temps, on sait pas vraiment et j'ai d'autre chose à faire que des calculs... non c'est pas vrai, j'en ai juste rien à foutre". Ceci permet de préciser que la famille du garçon n'était pas aisée, en tout cas pas assez pour payer de sérieux spécialistes. A cause de son apparence, l'enfant était souvent victime des insultes ou tabassage des autres gamins. Dans la rue, c'est la loi de celui qui a pas les cheveux roses qui l'emporte. Selon une logique propre aux shonen, lorsque l'on a une mauvaise enfance, on devient forcément un méchant ou un personnage principal au grand coeur. Puisqu'il est évident que Carl n'est pas un personnage principal au grand coeur, il devint un méchant. Il rencontra la mafia dans son adolescence et ne la quitta plus depuis. La criminalité lui permettait de se venger contre le monde. On pourrait prendre pitié de Carl s'il n'était pas un gros connard.
La mafieux frappait de tous les côtés, dans une chorégraphie improvisée digne du plus mauvais chorégraphe improvisé imaginable. Comme tout adversaire cliché, il ne comprenait pas que son ennemi puisse esquiver les coups et ainsi, en réponse, il faisait de grands moulinets avec ses bras. Il pourrait toucher plus d'endroit afin d'empêcher le canard de bondir une nouvelle fois dans les airs. Evidemment, comme tout adversaire cliché encore une fois, son plan ne fonctionnait pas. En plus de se ridiculiser devant un public, prenant la scène pour une touche humoristique, le criminel se prenait de rapides coups de patte à chaque atterrissage de l'animal. C'est alors que la vision de l'assemblée riante provoqua en Carl un effet flashback. Il était de nouveau le petit garçon victime des moqueries. Il n'assumait plus ses cheveux roses, malgré son costume de mafieux classe.
-JE VAIS T'ECRASER RACISTE ! S'écria-t-il au canard sur qui il semblait rassembler toute sa haine. JE NE SUIS PLUS L'ENFANT QUE J'ETAIS ! PLUS PERSONNE NE PEUT SE MOQUER DE MES CHEVEUX !
-Fais toi une teinture, gros malin ! Répondit le spectateur qui s'était déjà fait entendre plus tôt. Marco qu'il s'appelait, et il aimait donner son avis sur tout ce qui ne le regarde pas. Par contre, il perdait toute envie de s'exprimer au moment où le sujet le touchait. Alors Carl se tourna rapidement vers le public. Il commença à ouvrir la bouche. Ne bougea pas quelques secondes. Fronça les sourcils, ne bougea pas quelques secondes.
-A vrai dire je n'avais jamais pensé à ça... Une partie du public éclata de rire devant ce qu'il pensait être une blague. L'autre partie se demandait si l'histoire ne commençait pas à utiliser un peu trop d'excuses narratives pourries. Un canard lui, se contenta de coller son NINJA STAYLE dans le visage du mafieux désappointé.
-NON MAIS CA VA PAS ?! J'étais en plein questionnement philosophique, mais si tu veux la guerre, tu l'auras !
Puis, à nouveau, Carl fonça vers son canard d'adversaire pour de lui coller une mandale. Mandale que l'animal se paya, le projetant ainsi dans le décor. Littéralement. Il percuta le faux ciel. Le fait de creuser un trou dans le paysage sembla d'ailleurs poser des problèmes à la compréhension du mafieux. Ce dernier regarda la zone de l'impact plusieurs secondes avant d'arriver à la conclusion qu'il frappait si fort que son ennemi avait traversé l'espace. Il s'empressa donc de jeter un tonneau dans le trou afin de ne pas être aspiré. Tonneau qui revint dans sa tronche. C'est là qu'il ne comprit plus rien. Le criminel avait toujours supposé qu'un trou dans l'espace aspirerait tout ce qui l'entoure, comme dans les BD, mais là c'était tout le contraire. Il repoussait ce qui l'approchait. Carl réfléchit à nouveau afin de comprendre, qu'en plus d'avoir traversé l'espace, il avait inversé les lois de la physique par sa force monstrueuse. C'est donc dans un excès de confiance qu'il ne vit pas le canard lui foncer dans le bide. Après avoir craché du sang dans un effet des plus shonenesque, le brigand se releva.
-D'accord, si tu veux jouer comme ça... Lança Carl avant de sortir, dramatiquement, un couteau-suisse de sa veste.
-Oh mon dieu il a un couteau ! Ajouta sarcastiquement Marco.
-BON TOI TU VAS FERMER TA GUEULE ! ALLEZ TU DEGAGES ! ... NON SÉRIEUSEMENT CASSE TOI !
-Ok, ça va... Répondit le spectateur tout en quittant la salle, accompagné par les rires du public.
Motivé par sa puissance découverte, avec en bonus sa nouvelle arme, Carl fonça une troisième fois vers la canard. Et il agita ses bras dans tous les sens à nouveau. Notre héros, déprimé devant une si mauvaise chorégraphie décida de l'aider. Le tabasser d'accord, mais pas de cette façon. Alors notre protagoniste se concentra, il gonfla tous ses poumons, il avait déjà échauffé sa voix. Il était prêt à tout lancer.
Trop occupé à se concentrer pour chanter, un canard n'avait pas réfléchit à la chanson. N'étant pas un problème important, il se lança dans la première chose qui lui passa dans l'esprit. Le résultat fut là. La magnifique voix de l'animal était convaincante, puissante. Carl commença à danser. Après lui, le public l'accompagna. Mais même s'il ne pouvait s'empêcher de danser, il n'arrêtait pas pour autant d'attaquer. Par contre, ses mouvements étaient tout de suite plus gracieux. Dans un vieux disco pas approprié à la chanson, le mafieux tentait de frapper au couteau. Levant le bras, le redescendant aussi rapidement tout en tournoyant. Lorsqu'il tournait, ses cheveux roses formaient une traînée de lumière fluorescente. Un canard quant à lui évitait toujours, le couteau passant à quelques centimètres de ses plumes ne l'empêchant pas de chanter, ni même de bondir dans une danse improvisée, mélangeant du classique à du disco pour accompagner le mafieux. Alors que le combat intense continuait, le public frappait sur les sièges, jouant des instruments imaginaires pour participer au spectacle, tout en s'intéressant aussi au côté de Ging et Shake, devenus personnages mélodramatiques. Soudainement Carl, après avoir tourné, frappé vers la canard en tendant son bras et que ce dernier ait esquivé en bondissant dans un magnifique entrechat, s'arrêta de combattre.
-Alors ça c'était super classe ! Viens on le refait, mais cette fois tu sautes au dessus de mon couteau en tournoyant, moi je frapper vers tes pattes ! Accompagnant ses paroles, il tourna et tendit son bras vers le sol en tentant de couper les palmes de l'animal. Ce dernier, après avoir bondit et tournoyé, colla une palme en question dans le visage du danseur aux cheveux roses qui fut propulsé un peu plus loin. JOLI ! Sympa l'improvisation ! S'écria-t-il avant de compenser à tourbillonner en ajoutant Ahah c'est super ! C'est super !
Emporté par la musique et le combat chorégraphié, il en oublia qu'il était justement dans un combat. Alors il attrapa notre canard préféré et se lança dans de la chanson parlé des plus dynamiques et des plus improvisées. Le pirate, n'étant pas le genre d'animal qui réfléchit beaucoup, l'accompagna avec plaisir. Mettre la musique à 2:36 si dépassé ou trop avant Même si les deux ennemis disaient n'importe quoi, il y avait une certaine beauté à voir deux adversaires chanter ensemble. Le public, qui pensait depuis le départ que tout ça faisait parti du spectacle, était aussi enchanté que les comédiens. Et finalement, Carl commençait lui même à se prendre au jeu, il faisait VRAIMENT parti du spectacle. Dans son coeur il était maintenant un personnage. Il bougeait, il se jetait sur la scène, faisait danser ses cheveux autour de son visage, jusqu'à ce que, finalement, il terminé son solo parlé pour se trouver debout, essoufflé, au côté du canard qui reprenait le refrain. Canard qui colla ensuite au mafieux son plus grand coup de patte, envoyant le criminel dans le décor et dans les vapes. Au même instant, le public se leva et applaudit. Dans un timing qui aurait été impressionnant si tout ça n'était pas fictif, Ging et Shake avaient terminé au même moment.______________________________________________________
-BON ALORS IL EST OU MACHIN ? Lança Ging en ouvrant, avec puissance comme tout ce qu'il faisait, la porte de la roulotte. Jean-Blizzard ne tourna pas la tête, penché sur les blessures du dramaturge.
-Il va s'en sortir, je dois juste lui mettre un dernier bandage sur le genou
-Hm Jean-Bliz', j'ai aucune blessure sur le...
-Je suis le médecin !
-Oui, oui, pardon Jean-Blizzard n'était pas un médecin, mais à force d'accompagner Shake S. Pire dans toutes ses représentations, il avait apprit à le soigner des différentes lapidations. Alors que le comédien servait à ses deux compagnons un verre -ayant lui prit l'habitude de ne plus boire depuis l'écriture de son chef d'oeuvre-, on frappa à la porte.
-SALUT LES ACTEURS ! Hohoho, superbe repréz' ! Repréz' ça veut dire représentation expliqua l'inconnu en se tournant vers un canard et Ging Terme d'expert... Et vous Shake ! Ca vous dérange pas que je vous appelle Shake ? Non ! J'ai une proposition ! Votre pièce, du génie, le genre de génie que vous DEVEZ montrer au monde. Marie-Joa, j'en viens, il y a un rassemblement d'auteurs dans quelques semaines ! Je venais chercher quelqu'un pour m'accompagner chez ces chiants, vous êtes parfait ! Avec votre génie vous allez révolutionner ces vieux couillons de comédiens du dimanche ! Votre nom ne résonnera pas que sur les Blues, mais à travers Grand Line ! La gloire éternel ! Le seigneur des pirates ? Des conneries, ce sera vous le maître des mers !
C'est ainsi que, convaincu par le discours de l'homme, Shake S. Pire décida de quitter South Blue et nos héros par la même occasion. Partir vers son destin. Les deux pirates se retrouvèrent ainsi seuls. Ils restèrent bien trois minutes dans l'émotion avant que Ging ne parte en courant poursuivre un vendeur de glaces itinérants qu'il voyait quitter le port et qu'un canard s'envole, n'aimant pas rester debout au même endroit trop longtemps.