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Un après-coup mémorable

Un après-coup mémorable.

Scéna : Après l'intervention dans le petit village d'east blue, le lieutenant rappelle à l'ordre ses troupes sur son bateau. Pendant le retour au QG de la marine, des explications s'imposent et une surprise de dernière minute viens s'ajouter à la liste des péripéties

Le son des coups de feu s'étaient atténués, les villageois étaient tous de sortie observant la délicate intervention de la marine. Le visage des personnes âgées en disait long, on pouvait facilement deviner que cet événement allait être la source de tout commérages.

Malk avait repris ses esprits accompagné par deux de ses camarades, il était blessé au niveau des côtes, une entaille plus ou moins profonde. Cette douleur obsédait ses pensées, c'était insoutenable. La plupart des marines se repliaient avec les prisonniers menottés en direction de leur quartier général provisoire pendant que certains officiers faisaient dans le social : Explications sur la situation, le pourquoi de l'intervention et les quelques excuses pour ce vacarme. Au loin dans la brume du matin, une silhouette accompagnée de deux ombres se rapprochait de l'entrée de la localité. Malk se dirigeait inconsciemment vers ces trois individus, il avait perdu toute vigilance. Au fur et à mesure les personnes approchaient et laissaient apercevoir leurs uniforme de la marine, celui au centre se pavanait ; un sourire béat et les yeux rivés vers le ciel tout en avançant à de petites enjambées. Quant aux deux autres, c'était les mêmes ; des jumeaux sûrement, aucunes expressions se laissaient entrevoir sur leurs visages. Tous deux de même taille, de même corpulence. Le regard du jeune marin blessé s’arrêta sur l'insigne du personnage qui avait une allure de clown, il était son supérieur, son lieutenant. La douleur s'adoucit pendant l'espace d'un instant.

*Un vrai bouffon qui viens savourer sa victoire après avoir pris son café assis sur sa petite chaise et devant sa petite carte d'opération à la con*

Pas assez de temps pour apprécier ses idées que la douleur reprit d'un coup. Le visage crispé de Malk était incontestablement un plaisir aux yeux du supérieur, qui arriva au niveau du jeune marin afin de lui glisser ces quelques mots tout en arborant un sourire narquois.

Tu as l'air désorienté, la sortie c'est par là-bas.

Il pointait son doigt vers les escouades qui repartaient en direction du campement, par la même occasion il feintait de ne pas voir la blessure du marin. D'un air snob le gradé passa son chemin tout en bousculant le reste de l'escouade de Malk pour rejoindre ses autres soldats. Ce dernier ne supportait plus la sensation de tiraillement dans sa côte et rebroussait le chemin avec ses compagnons sans broncher. Pendant l'acheminement au camp de la marine, le vaniteux lieutenant fanfaronnait de sa victoire au tout devant de la marche, son triomphe et uniquement le sien. La marine chantait en cœur pendant que certaines prises de l'assaut tentaient par moments de s'enfuir. A l'arrière, il y avait les présumés « retardataires » qui étaient pour la plupart blessés, Malk essayait de penser à quelque chose de joyeux mais son attention se détournait vers les hommes qui sont morts en suivant son plan. Il pensait que c'était de sa faute, que c'était comme s'ils avaient succomber de ses propres mains. Des regrets en somme.

Une fois arrivée au camp la marine se divisait en plusieurs groupes afin de préparer le voyage, certains préparaient le bateau en vue des prisonniers à accueillir, d'autres démontaient le camp afin de tout ranger sur le navire et pour les quelques blessés, des médecins apportaient leurs savoirs. Quant au lieutenant, il était déjà sur la frégate afin de divulguer ses exploits, une tasse de café à la main et les pieds posés sur la table. Malk se trouvait parmi les victimes de l'assaut, allongé sur une table en bois il se faisait soigner par un médecin. Il regardait autour de lui des marines qui ont eux aussi des entailles, certains des déchirures et d'autres des impacts de balles dans les différents membres. En détournant encore un peu les yeux il pouvait voir les derniers hommes qui arrivaient au QG portant les dépouilles de l'affrontement, l'imposant marin comptait les cadavres au fur et à mesure qu'ils se présentaient. Malk regarda ailleurs au moment où il vit le visage de l'un de ses subordonnés temporaires.

*Ce visage... Ce visage est redevenu comme avant, sans expressions... J'avais réussi à le faire sourire, à lui faire sortir des éclats de rires pour au final le rendre muet et pâle par ma propre faute*

La douleur s'apaisait et le visage de la défunte recrue hantait les pensées de l'ancien chef d'escouade à un point où il commençait à avoir des doutes sur lui-même. Entre temps, le médecin avait fini les soins ; cela ressemblait à un début de momification tellement le traitement était bâclé. Le marin tout juste soigné cherchait du regard le reste de son ancienne unité mais en vain, sa vision était plus ou moins floue et restreinte, sûrement les symptômes d'un début d'infection. Il se leva tout en s'adossant au poteau en bois qui retenait la tente des secouristes. La poutre trembla dû au poids du bonhomme, le remarquant assez vite il quitta l'endroit pour rejoindre le bateau puis s'arrêta, se retourna en direction de l'hôpital de campagne en prononçant ce mot.

Pardon.

Il était destiné aux médecins qui ont failli voir leur tente s'écrouler sur eux, mais surtout à ses subalternes morts au combat.

Tout en marchant en direction du bateau Malk scrutait l'horizon, un magnifique soleil levant agrémenté de quelques mouettes qui migraient vers un autre endroit. La vision trouble du marin lui donnait l'impression des déserts arides, l'environnement qui bouge sous l'effet de la chaleur. Les plantes, les rochers et l'eau avaient l'air de prendre vie. Malk attrapa son torchon accroché à sa ceinture et s'essuya les mains à deux reprises avant d'en profiter pour éponger les quelques gouttes de sueurs qui coulaient le long de son visage. Il reprit sa marche la serviette à la main vers le pont du navire pendant que plusieurs marins lui passèrent à côté en courant. Il y avait plus d'agitation qu'a terre, le plancher qui vibrait, qui grinçait, la frégate qui basculait à cause des vagues ainsi que le bruit de leurs chocs contre la coque. C'était comme une fourmilière, les marins faisaient des allers-retours, criaient, commençaient à lever l'ancre. Deux recrues passaient devant Malk qui avait pris le temps de s'arrêter pour regarder tout ce spectacle.

Encore une victoire et presque aucunes pertes de notre côté, heureusement que notre lieutenant connais le terrain mieux que quiconque.

Tu l'as dis bouffi ! On va fêter ça comme il se doit !

L'imposant marin regardait la scène tout en se cognant la tête avec son poing droit. Il n'arrivait pas à enlever de sa tête la décision du lieutenant, son manquement à la règle et ses camarades de l'au-delà. Il marcha instinctivement en direction des quartiers pour rejoindre son canon mais fût arrêté par le caporal du navire, ce dernier déposa sa main sur l'épaule de Malk en lui murmurant quelques mots d'un ton sérieux.

Le lieutenant te demande, toi et le reste de l'équipe dont tu avais la charge, ils t'attendent déjà dans le couloir menant à la cabine. J'ai eu écho que la stratégie d'attaque n'avait pas été suivie à la lettre et que ton comportement à la sortie de la réunion d'information laissait penser que tu y étais pour quelque chose.

Malk ne fût pas surpris et répondit de manière relativement courte.

Oui caporal, j'y vais tout de suite.

Le gradé rejoignit les deux recrues qui fêtaient la victoire pour leur faire part de son émotion toute aussi joviale qu'eux. L'ancien meneur pensait que le caporal changeait rapidement d'attitude, spécial comme gars. Malk avança jusqu'à arriver dans un couloir sale et peu éclairé. Trois de ses collègues étaient immobiles en attendant que la porte de la cabine du lieutenant s'ouvre. Les trois hommes fixaient Malk du regard, ce dernier essayait de sourire ; mais ils n'avaient plus foi en rien et étaient surtout en colère contre leur ancien chef. La porte s'ouvrit lentement réduisant nettement l'éclairage du couloir, Malk regardait les ombres se mélanger avec la lumière, la fièvre lui montait à la tête. Soudain le supérieur fît un bref signe de la main pour inviter Malk et son ancienne escouade à entrer.
    Les quelques soldats passèrent la porte en premier sans un mot puis vînt au tour de Malk, ses yeux étaient complètements écarquillés, cette cabine était pour le moins luxueuse. L'espace était assez grand, un seul lit qui avait l'air si confortable qu'il avait pris la forme du corps du lieutenant. Un bureau spacieux orné par des décorations en textile en plein milieu de la pièce. Une petite bibliothèque personnelle et une vue imprenable sur la mer se trouvait derrière la chaise qui ressemblait plus à un trône qu'autre chose. Un changement d'environnement radical pour l'imposant marin qui passait ses nuits dans une pièce où les hamacs servaient de lit et étaient superposés de manière à tasser le plus de soldats possibles ; pas de livres pour étudier, pas de décorations, seulement le bois et son humidité comme papier-peint.

    *C'est donc ça vivre aux frais de la princesse*

    Puis en arrière-plan se trouvait le lieutenant assis sur sa chaise royale accoudé sur son bureau et prêt à bondir sur les différents soldats. D'ailleurs, sur le bureau se trouvait un peu de tout, de la pomme pourrie au Den Den Mushi en passant par le revolver rouillé. Le lieutenant remarqua que Malk analysait la cabine et lui lança une remarque tout en levant ses bras vers le haut ainsi que ses épaules.

    Pas mal n'est-ce pas ?

    Le marin se sentait au plus mal et répondit d'un air complètement indifférent.

    Mouais.

    C'était exactement la situation que voulait le lieutenant, une bête réplique pour amorcer sa colère ou plutôt passer ses nerfs. Cela rima donc avec un changement d'attitude, le lieutenant tapa des poings sur la table et se leva.

    Mouais ? Mouais qui ? Mouais quoi ? Mouais Lieutenant ! On est pas au même niveau moussaillon, ne me compare pas à un larbin comme toi.

    Malk avait toujours cet air indifférent, il n'était pas dans son assiette, la fièvre et le visage pâle de son compagnon étaient ses priorités. De ce fait il n'écoutait pas réellement son supérieur. Le lieutenant détestait par-dessus tout que l'on ne réponde pas à ses provocations. Il s'avança en direction d'un des anciens subordonnés qui avait la tête baissée et d'un sourire lui mit une gifle qui résonna dans la cabine.

    T'as eu mal ?

    Non lieutenant ! - répondit le mousse intimidé d'une manière spontanée

    Le lieutenant donna un coup de poing dans son ventre et la recrue s'agenouilla devant le lieutenant en se protégeant le ventre. Malk regardait la scène et ne paraissait pas tellement perturbé.

    Peux-être que si t'aurais suivis mes ordres...

    D'un coup magistral le lieutenant donna un coup de pied dans la tête du marin agenouillé comme s'il tirait dans un ballon. Ce dernier tomba sur le plancher, inconscient. Les deux autres recrues étaient en panique et n'osaient plus faire un seul mouvement au point de vouloir se fondre dans le décor.

    Alors Malk, pourquoi avoir subitement changer de stratégie ?

    L'imposant marin bouillonnait intérieurement, il était prêt à faire exploser sa colère mais il savait pertinemment qu'un excès de zèle retomberait sur lui alors il répondit comme s'il était à cran.

    Je pensait que votre plan n'était pas approprié pour ce type de terrain, j'en ai pris l'initiative donc mes collègues n'ont rien à voir avec cette décision.

    Le lieutenant se dirigea vers l'avant dernier membre du groupe en regardant Malk dans les yeux. Il savait qu'il commençait à le rendre nerveux.

    Tu crois ? Alors si c'est vrai pourquoi ils t-ont suivis ?

    Le supérieur donna une béquille au mousse qui était immobile puis piétina sa tête tout en rigolant.

    Par conséquent c'est de ta faute si ils en prennent plein la vue.

    *Il n'a pas tord, si tout ça est arrivé c'est uniquement de ma faute*

    Ça aurait été un suicide si tout le monde aurait suivis votre décision !

    Peux-être, peux-être pas. Cette opération aurait été une réussite sans pertes, c'est la parole d'un officier contre celle d'un moussaillon. C'est uniquement de ta faute s'il y a eu des morts dans notre camp.

    Malk n'acceptait plus les paroles du lieutenant et commençait à en devenir rouge de furie. Le supérieur profitait de son grade.

    Tu sais que si tu poses ne serait-ce qu'une main sur moi, non seulement je pense te faire mordre la poussière mais en plus tu risques d'avoir des problèmes ? - disait-il en laissant apercevoir un sentiment d'inquiétude.

    Le gradé riait comme une hyène. L'ancien chef d'escouade ne supportait plus le sentiment de supériorité que se donnait le lieutenant. Sa vue se déformait au fur et à mesure sous l'emprise de la fièvre. Qui a dit qu'hallucinations et furie ne faisaient pas bon ménages ? Malk se rua sur le lieutenant, il l'attrapa par le cou et le colla contre la charpente prêt à lui enfoncer la gueule dans le bois avec son poing. Soudain le Den Den Mushi sonna et Malk se dirigea en direction du bureau tout en tenant le lieutenant. Il décrocha et mit la tête du supérieur contre la table d'une façon violente.

    Moshi...... moshi – disait-il d'une voix hésitante.

    Lieutenant, je viens de recevoir les rapports de l'assaut, la stratégie était comment dire, parfaite ! Je souhaiterais que vous soyez promu Lieutenant-colonel, il me faudra l'avis de deux de vos supérieurs mais au vu du rapport vous le serez haut la main.

    Mer.... merci Contre-amiral, vous me prenez au dépourvu.

    Malk écoutait la conversation les dents serrées et le regard vide. Cela devait rentrer d'une oreille et sortir par l'autre.

    Par contre l'unité de reconnaissance m'intrigue vraiment, cet aspect commando est très intriguant, pourriez-vous m'envoyer le dossier de ces quelques marins d’exceptions.

    Je... je le … fait de ce pas contre-amiral.

    Très bien lieutenant ! Je vous attends dès votre retour au QG pour discuter de cette éventuelle promotion.

    Le vice-amiral semblait avoir raccrocher. Le marin furieux lâcha le lieutenant et partit en direction de ses quartiers toujours atteint de frénésie. Il avait réussi à se raisonner.

    Enfoi... enfoiré de ma..telot de pre...première classe.

    Le supérieur était intimidé. Il regarda le dernier membre de l'escouade de Malk tout en lui criant dessus.

    Bouges de là ! Retournes à tes quartiers avant que je ne change d'avis !

    La recrue terrifiée courra rapidement en direction de son affectation. Malk quant à lui tomba dans les vapes en remontant sur le pont du navire. Une perte de connaissance après un excès de rage et de fièvre.