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Kung-Fu Fighting ! ♫

Luvneelgraad, il y a un an.

« Ami ! J'ai besoin de renseignements. D'après les ragots, le roi est un maître de Kung-Fu. Paraît même qu'il est super fort, n'est-ce pas ? Si c'est vrai, c'est la classe ! La méga classe même. Je maîtrise un peu cet art moi aussi, vraiment un peu, enfin pas vraiment en fait mais qu'importe. Je vais apprendre, je veux apprendre. Tu saurais pas où il est possible de trouver un maître en maniement de bâtons ? Tu sais, un homme genre comme les vrais moines qu'on voit à la télévision ? Hein, tu le sais n'est-ce pas ? Hein s'il te plait ? Allez-dis le moi, je suis sûr que tu sais ! Ça se voit à tes vêtements. Toi tu vis le Kung-Fu, tu le respires, tu le sens même... Quoique ça m'a plutôt l'air d'être l'odeur du poisson pas frais...  »
« C'est normal abruti, je suis poissonnier ! Pas maître d'école. Allez, va-t-en si tu veux rien acheter, je ne peux pas t'aider ! »

C'est sur ce bref entretien que je repartis à la recherche d'un maître. On était ici dans la ville des arts martiaux et rien d'exceptionnel ne s'était produit en deux jours. Pas de scènes de combats dans les rues de la ville, pas de maître de Kung-Fu se défiant selon la bonne vieille tradition chinoise, pas de cri guerrier, rien. C'était à ce demander si je n'avais pas atterris dans la mauvaise île. Pourtant, les panneaux sur les sentiers ne mentaient pas. J'étais bien à Luvneelgraad, ville principale du royaume de Luvneel. Mais malgré son statut de berceau du Kung-Fu, je ne trouvais pas le moindre adepte d'arts martiaux dans ce lieux.

Si je résumais bien tout depuis le début de cette folle journée, j'avais abordé quatre personnes. Ces dernières étant respectivement : Un cordonnier, un boucher, un meunier et enfin un poissonnier. Et vous savez quoi ? Parmi eux, aucun ne maîtrisait les bases du Kung-Fu. Comme quoi, les traditions se perdent vite par ici. Dans mon esprit étroit et corrompu par mes lectures d'enfance, je voyais Luvneelgraad comme étant une sorte de réincarnation de la mythique ville de Foshan* mais croyez-moi il n'en était rien. Cette cité, au même titre que bien d'autres ville dans ce bas monde, était jolie et sympathique, point. Le prestige culturelle dont elle jouissait était à mon humble avis exagéré. C'est vrai après tout, j'ai parlé à quatre personnes et pas une ne maîtrise les arts martiaux ! Pire encore, pas une n'est fichue de me dire où se trouve l'école la plus proche, pensais-je désabusé.

C'était bien ma veine ! Moi qui voulais maîtriser mon bâton histoire de ne plus me faire racketter par les caïds du coin, j'allais devoir attendre. En effet, ce n'était visiblement pas aujourd'hui que quelqu'un allait venir m'aider en m'apprenant à me défendre. Assez déçu, je déambulais tête baissée dans les rues de la ville quand soudainement, boom ! Voilà qu'un petit nain d'un mètre soixante à peine se cogne la tête contre un mur. Et malheureusement ce nabot, c'est moi. En même temps, cela m'apprendra à ne pas regarder où je marche. Quoique...Qui sait, peut-être était-ce un signe du destin ? Peut-être que quelqu'un désirait de moi que j'ouvre les yeux plus attentivement ? Avec un peu de chance, les Dieux avaient certainement vus pour l'artiste que j'étais ce que je recherchais – c'est à dire une école de Kung-Fu – et avaient ainsi dressés ce mur devant ma sainte personne dans le seul but de m'informer de cela. Oui, c'était certainement ça. Ainsi, après m'être relevé, je levai la tête tout sourire. Si les dieux avaient bien fait leur job, l'école de Kung-Fu était là.

« Et merde...Encore une poissonnerie. »

Encore une, oui ! Comme quoi, faire confiance aux divinités était une mauvaise idée. À moins que... Non, c'est impossible m'étais-je dis dans un soupire... Voyez-vous, à quelques mètres de la poissonnerie se trouvait un passant. Physiquement, il était assez grand, costaud et velu comme un lion. Les cheveux mi long, la barbe bien mise en valeur. Définitivement, l'image du roi des animaux me venait en tête en voyant cet homme. Sûrement un maître de Kung-Fu, ou bien un pratiquant, ou bien un fan de Kung-Fu désireux d'apprendre tout comme moi. Enfin bref, lui, c'est sûr, les Dieux l'ont envoyés pour moi. Pensant cela, je m'avançai fièrement d'un pas déterminé, me raclai la gorge dans le but de me donner un air solennel et d'interpeller mon interlocuteur futur puis entamai :

« Hoy, l'ami ! J'ai besoin de toi, je dirai même plus, j'ai extrêmement besoin de toi. Oui, de TOI ! Par le plus grand des hasards hasardeux, tu serais pas un maître Kung-Fu ? Et si tu n'en es pas un, tu ne sais pas où je peux en trouver ? Un bon de préférence. Ah et par pitié, ne me dis pas que tu es poissonnier, sinon je fais un malheur. »

Je vous jure que s'il me dit : « Je suis poissonnier », je me casse illico de cette maudite ville.

Foshan* : Pour les incultes, c'est la ville où est né Yip-Man, maître de Bruce Lee et elle est considérée comme étant LA ville du Kung-Fu. Par ailleurs, c'est là-bas qu'ont étudier grand nombre de prodige du Kung-Fu dont Bruce Lee comme vous vous en doutez.
    Cela faisait un bon moment qu’il était arrivé sur North Blue avec son équipage de bras cassé. Le navire ne possédait aucun port d’attache, personne ne souhaitait avoir cet équipage sous leurs ordres, naviguaient d’île en île, de mer en mer, cherchant (à éviter) les pirates. Et ce, au plus grand désespoir du navigateur, qui rêvait de combat depuis un moment. Son lieutenant le poussant toujours dans les directions les plus sécuritaires, il ne pouvait qu’en rêver. Le seul hic, c’est quand tu recherches à éviter un malheur, un autre s’abat généralement sur toi.

    Dans ce cas si, c’était une tempête.

    Le navire merdique sur lequel se trouvait l’équipage de Gyatso n’avait pas eu beaucoup de chance durant cette tempête. Le bateau commençait à prendre de l’eau et ils durent s’arrêter sur l’île la plus proche. Luvneel! Ce royaume fabuleux où parc d’attractions, terribles bandits et révolutionnaires sanguinaires font sa marque de commerce! Imaginer la déception de ce cher Kazuma lorsqu’il apprit qu’il devait diriger le navire dans la capitale, le seul endroit sans danger, sans plaisirs, sans marine... Et ouais, en plus d’aller dans cette ville toute pourrie, il ne devrait pas sortir?!? Enfin, c’est ce que lui avait demandé son supérieur. Ne pas sortir, ou du moins, pas en uniforme, pour ne pas avoir des problèmes avec les gardes.

    Les réparations allaient durer un moment, un bon moment selon les estimations de l’expert du navire. Donc, pendant que l’équipage s’occupait à clouer des clous sur des planches, Kazuma décida d’aller se promener dans la ville, n’ayant que ses uniformes de marines, il ne garda qu’un pantalon et une camisole dont il arracha l’insigne, qu’il allait recoudre plus tard. Il sauta en bas du bateau, les mains dans les poches, puis parties du quai.

    Se promenant nu-pied et la tête basse il se promena dans la ville. Il n’y avait vraiment rien à faire dans cette ville! Il y avait des gardes partout, donc pas de voleur. Le monde t’ignorait tu t’approchais, ne pouvant commencer une discussion. Il était entré dans une taverne, toute bonne aventure commence dans les tavernes, et Kazuma le savait! Il prit place sur un tabouret, tout souriant à l’aventure qui allait se précipiter sur lui! Il commanda une bière. Ses doigts tapotant frénétiquement le verre, les yeux grands ouverts observant autour de lui. Sa jambe commença à trembler.

    Une heure qu’il avait attendus et rien! Rien! C’est certain qu’il n’était pas dépassé dix heures du matin, mais bon…


    C’est quoi cette ville de merde!!!


    Hurla-t-il en sortant du bar, devant tous les passants qui le regardaient avec de gros yeux, surpris devant autant de laisser-aller.

    Il continua à se promener. Puis tomba devant une poissonnerie. La poissonnerie avait un drôle de poisson dans la vitrine. C’était un blobfish qu’il disait, le poissonnier. C’était drôle, laid et pas très bon qu’il disait, mais il réussissait seulement à pêcher ça alors… est-ce qu’il voulait en ach…

    « Hoy, l'ami ! J'ai besoin de toi, je dirai même plus, j'ai extrêmement besoin de toi. Oui, de TOI ! Par le plus grand des hasards hasardeux, tu serais pas un maître Kung-Fu ? Et si tu n'en es pas un, tu ne sais pas où je peux en trouver ? Un bon de préférence. Ah et par pitié, ne me dis pas que tu es poissonnier, sinon je fais un malheur. »

    Kazuma plissa lentement les yeux et pencha sa tête sur le coté pour montrer une totale incompréhension devant le petit homme qui venait de couper le poissonnier. Puis il leva son gros index dans la direction du jeune homme. Il lui répondit.


    Pourquoi t’as du maquillage ?


    Puis il ouvrit grand les yeux, agrippa le jeune homme par les épaule, approcha sont visage poilu du visage imberbe de jeune homme et prit le ton le plus sérieux du monde.

    Est-ce qu'un groupe de okama vient de t'attaquer et tu recherche une façon de les combattre?




      Montrer quelqu'un du doigt, c'est mal. Répondre à une question par une autre question, c'est impoli donc très mal. Conclusion de l'histoire : Ce vieux barbu manquait indubitablement de manières, de classe, de tact, de courtoisie et de pleins d'autres qualités de ce type. D'autant que sa question était quelque peu...Bizarre. Oui, mon interlocuteur aux gros doigts me demanda dans un premier temps pourquoi étais-je maquillé. La réponse à cette interrogation était assez simpliste : J'étais, comme le montrait bien mon uniforme, un artiste. De ce fait j'attachais énormément d'importance à mon physique. Ainsi, me détacher des autres via un maquillage original était, selon moi, quelque chose de tout à fait normal et de logique compte-tenu de ma profession et de mon rang.

      J'aurai bien évidemment pu répondre à cela à celui que je m'amusais d'ores et déjà à surnommer « Le Lion » mais pour des raisons qui m'étaient propres, je m'étais abstenu. Et pour cause, le ton qu'avait pris ce vieil homme pour me parler résonnait étrangement dans mes oreilles. Je n'avais pas de diplôme en psychologie et je n'étais pas non plus mentaliste cependant j'étais presque sûr qu'il me considérait comme un « Mec bizarre », un « Fou », ou bien encore « Un travelo ». Par expérience, je savais que les hommes comme lui – comprendre par là : Les grands, les musclés, les barbus, les hommes virils en bref – me voyaient comme une aberration de la nature. Sûrement une histoire de goût ou bien de point de vue mais pour eux, je n'étais pas normal du fait de mon physique particulier et de mes manières. Enfin qu'importe, passons.

      Ce gars-là n'était probablement pas en mesure de m'aider. Et quand bien même ce fut le cas, je doutais fortement qu'il le ferait. J'avais l'habitude de ces gros bras moqueurs et en général, ce n'était jamais bon pour moi de leur faire face ni même de leur demander quoi que ce soit. Mais alors que je m'apprêtais à ignorer la question stupide du gros animal, ce dernier me saisit l'épaule et me regarda étrangement, l'air sévère. Pendant un moment, j'avais presque cru qu'il allait me sortir une phrase grave, du style : « Je suis ton père ». Mais fort heureusement, il n'en était rien. Ah et pendant que nous y sommes ; Notons je vous prie, que cette pensée, après avoir traversée mon esprit, me fit esquisser un léger sourire en coin.

      À défaut de m'annoncer sa paternité, le barbu désirait savoir si oui ou non je m'étais fait agresser par une horde d'okamas. À ces mots, mon visage se décomposa. Sur ma figure était désormais lisible en lettres capitales et en caractères gras la phrase suivante : WHAT THE FUCK. Mais le pire dans cette affaire, c'est qu'il était totalement sérieux en me posant cette question. Oui, vous ne rêvez pas, mon interlocuteur pensait sincèrement que je m'étais fais battre par une bande de travelos et que donc, je désirais prendre ma revanche sur ceux-là. Soyons franc, d'un coté, il n'avait pas totalement tort, si je voulais apprendre le Kung-Fu, c'était bel et bien pour me défendre des brutes en tout genre néanmoins, moi, me faire battre par des okamas ? Quelle insulte à ma puissance, à ma magnificence, à ma force, à ma grandeur d'âme, à mon intelligence à … Bon, okay, j'arrête. Tout ça pour dire que j'étais outré par les propos du Lion.

      Une moue dessiné sur le visage, je réfléchis quelques instants. D'un coté, il pouvait m'être utile dans bien des domaines, d'un autre, j'étais assez gêné par l'intérêt que l'homme me portait (je vous rappelle qu'il pensait que je m'étais fais massacrer par des travesties, hein). Après avoir déglutis difficilement, je rétorquai à l'inconnu de la manière suivante alors que quelques goutes de sueurs perlèrent sur mon visage :

      « Euh...Si je me maquille, c'est pour mes spectacles. Je suis jongleur et artiste de cirque. Sinon, non, désolé, je ne me suis pas fais tabasser par une bande de travelos. Je cherche juste à maîtriser les bases du Kung-Fu. C'est pour ça que je suis venu ici, histoire d'apprendre à me défendre. Cela dans le but d'éviter d'être racketté par quelques caïds, bien sûr mais je vois pas ce que des Okamas et des « attaques » comme tu le dis viennent faire là-dedans. À part ça, t'as pas répondu à ma question. Tu sais vraiment pas où trouver une école ? Si non, t'as pas les bases en combat rapproché ? Tu m'as l'air assez costaud, tu pourrais faire l'affaire comme prof'. Après tout, en attendant d'avoir un vrai maître, je peux toujours apprendre deux ou trois mouvements d'un vieux Lion, euh, je veux dire d'un grand barbu balèze. Par contre, je te le dis tout de suite, j'ai pas d'argent, donc tu m'entraîneras gratos. J'ai pas non plus envie de finir en sueurs ni même à moitié mort, donc sois gentil. Ça te convient ? Oui, ça te convient, pour sûr. Adjugé, vendu. Tope-la l'ami. Ah et pendant qu'on y est, ton nouvel élève improvisé s'appelle Aeko Rin. »

      Ah lala... Comme toujours, je m'étais comporté en véritable sangsue. Dès que je trouve quelqu'un d'intéressant, hop. Je m'agglutine à lui et ne le laisse pas s'en aller. Voilà ma façon d'agir. Espérons que cela ne le dérange pas trop...