- Euh oui, très bien, mais... Enfin, qu'entendez-vous plus exactement – et je vous demande ici une précision visant uniquement, n'est-ce pas, à satisfaire au mieux vos besoins, je suis un honnête commerçant, soucieux du bien-être de ma clientèle, moi, monsieur, voyez-vous – qu'entendez-vous, disais-je, par ''un bateau pas trop compliqué'' ?
- BAH, UN TRUC SIMPLE QUOI, SINON C'EST TROP CHIANT ! PAS BESOIN DE VOILES, DE CORDAGES OU DE GOUVERNEMENT !
- Oui oui, bien entendu, alors alors, je vais vous paraître tout à fait obtus, j'en suis confus, mais qu'entendez-vous – et je vous demande ici d'être particulièrement spécifique – par ''gouvernement''?
- VOUS SAVEZ PAS CE QUE C'EST ? VOUS ÊTES SÛR QUE VOUS VENDEZ DES BATEAUX ?
- Ma foi, dans la mesure où, voyez-vous, il y a un panneau qui se tenait au-dessus de la porte, avant que votre tête y fasse un trou, où l'on pouvait lire – et je vous demande ici de faire appel à votre mémoire, n'est-ce pas, soyez attentif s'il vous plaît, enfin, si ce n'est trop demander bien entendu, faites à votre aise, monsieur, je vous en prie – où l'on pouvait lire, disais-je, ''François Bitoniau, manufacture navale de père en fils depuis environ huit mois'' ; et dans la mesure où il se trouve que François Bitoniau, voyez-vous, c'est moi, c'est tout à fait moi, du moins c'est ainsi que tout le monde m'appelle, on peut affirmer, n'est-ce pas, que j'exerce cette activité, c'est à dire, vous savez, la manufacture navale. Vous comprenez ?
- OUAIS !
- Bien, donc, disais-je, voyez-vous, c'est à dire que...
- NAN JE DECONNE, J'AI RIEN COMPRIS EN FAIT ! BWAHAHAHA ! MAIS DONNEZ-MOI JUSTE UN BATEAU SANS GOUVERNEMENT !
- Oui, voilà voilà, tout à fait, à ce sujet donc, voyez-vous, je ne suis pas sûr d'avoir réellement saisi, n'est-ce pas, ce que vous appelez ''gouvernement'', ne vous en déplaise, ce n'est pas par mauvaise foi de ma part, je vous assure, je suis un honnête commerçant, croyez-moi – et je vous demande ici de desserrer un peu vos doigts, voilà, encore un peu, oui, attendez, je respire, voilà, c'est fait, vous pouvez resserrer si vous voulez, à votre guise, je vous en prie – et je cherche uniquement à comprendre, voyez-vous, votre requête avec un peu plus de, si ce n'est trop demander, de précision.
- BAH, LE TRUC QUI SERT A DIRIGER LE BATEAU ! C'EST PAS UN GOUVERNEMENT QUE CA S'APPELLE ?
- Alors, très bien, voilà, donc, voyez-vous, vous faites allusion, je suppose, à ce qu'on appelle communément, n'est-ce pas, du moins dans ma profession, un gouvernail.
- … GOUVERNAIL, C'EST PAS TOUT CE QUI EST A LA CAMPAGNE ?Le capitaine Ging ''BAM'' Dong avait toujours eu du mal avec les négociations.
♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Le soleil tapait sur les épaves avec l'efficacité d'un bon forgeron, produisant en série tout un paquet d'ombres plaquées aux contours tellement nets qu'ils semblaient découper le bois. Rien ne bougeait – et tant mieux d'ailleurs, le moindre mouvement de ces ombres métalliques aurait sûrement suffi à trancher tout ce qui se trouvait aux alentours. Mais il est bien difficile de trouver la motivation de se lever lorsqu'il fait si chaud que l'air lui-même semble transpirer ; peut-être était-ce pour cette raison qu'un homme restait amorphe sur un reste de mât incliné, glissant petit à petit vers le bas sans paraître s'en rendre compte. Pourtant, cela faisait bien trois heures qu'il était resté là, un chapeau posé sur le visage pour le protéger de la lumière, descendant de plus en plus vite au fur et à mesure que sa sueur dégoulinante lubrifiait la piste – à moins que le bois ne soit en train de fondre, ce qui semblait une hypothèse franchement envisageable.
L'homme ne prêtait aucune attention à ce qui se passait autour de lui, probablement parce qu'il ne se passait rien autour de lui, ce qui ne favorisait évidemment pas l'intérêt qu'il aurait pu avoir pour un quelconque quelque chose, n'eût-il été qu'un simple pas grand-chose ou un banal je peux tout t'expliquer. Malheureusement, force est de reconnaître qu'il n'y avait rien, ou plus exactement trois fois rien, ce qui grâce à une curieuse loi de l'arithmétique lexicale, est toujours un petit peu plus que rien du tout (l'arithmétique lexicale fourmille de contradictions de ce genre, telles que celle qui consiste à dire que l'opinion est divisée, alors qu'en réalité elle est multipliée par le nombre de camps en question, ce qui évite à chacun le désagrément de ne posséder qu'un tiers, un quart ou un trente-huitième d'opinion sur le sujet). Et en effet, si le mouvement autour de l'homme-luge-au-ralenti se résumait à trois fois rien, il n'était pas inexistant pour autant : une silhouette rampait presque imperceptiblement au milieu des décombres de bateaux, avec l'air d'un morceau de chocolat essayant désespérément de fondre en direction d'un coin d'ombre. Sa lenteur était en partie due à son désir de rester discret, et en partie à la nécessité d'infléchir sa trajectoire au fur et à mesure que le dormeur glissait le long du mât, changeant constamment de position ; car le mystérieux inconnu se dirigeait bel et bien dans sa direction, l’œil luisant d'un éclat qui ne laissait aucun doute sur ses intentions – du moins aucun doute que la dague qu'il tenait entre ses dents n'aurait suffi à disperser aisément. Trois quarts d'heure et huit mètres d'avancée précautionneuse plus tard, il était enfin au-dessus de sa cible. Ses yeux lancèrent un éclair, un sourire mauvais dévoila ses dents jaunies, la dague s'éleva au-dessus de sa tête...
- Vous auriez quand même pu attendre la fin de la sieste.
L'assassin se figea. Sous ses yeux ébahis, l'homme qu'il s'apprêtait à tuer releva le chapeau qui lui cachait le visage, et se redressa d'un air vaguement contrarié en s'allumant une clope.
[1110 DORIKI]
- C'est pas croyable ça... On peut plus lézarder tranquille...♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Certains animaux, et c'est bien normal, sont bien plus sensibles aux températures élevées que d'autres. Ainsi, un habitué des petits murets de pierre chauffés par le soleil – mettons, un lézard – supportera bien mieux la chaleur qu'un plongeur invétéré en eaux glaciales – au hasard, un pingouin. S'il est donc tout à fait logique de trouver un lézard exposé en plein cagnard sur un morceau de mât qui réfléchit sérieusement aux avantages de la liquidité, il serait plus avisé de chercher un pingouin dans un lieu frais, isolé des rayons tapageurs d'un soleil un peu trop festif. Un lieu comme une gigantesque coque retournée par terre, tout ce qui restait d'un cargo spécialisé dans le transport des fourrures, lesquelles tapissaient ses parois pour que leur puissance isolante garde l'intérieur au frais même par grande chaleur. Cette installation astucieuse était bien entendu le fruit de l'imagination d'un barman, sûrement le seul corps de métier qui peut encore se soucier de mettre des trucs au frais sur une île peuplée à 10% de pirates et 90% de morceaux de bois bousillés. Son idée s'avérait néanmoins largement rentable par certains jours comme celui-ci, où s'imbiber de divers breuvages était (pour une fois) réellement nécessaire aux forbans locaux pour éviter la déshydratation.
Lord Boroyal, lui, n'était pas un forban. Il aurait mis un point d'honneur à châtier comme il se devait toute personne qui mettrait en doute sa nature de parfait aristocrate en lui apposant un tel nom. Mais ils étaient, en réalité, peu nombreux ; le premier mot qui venait à l'esprit, lorsqu'on l'avait sous les yeux, n'était pas exactement ''forban''. Non, c'était plutôt...
- Un pingouin ?
[1700 DORIKI]
- Tout à fait, j'habite le corps d'un pingouin. J'ose espérer que cela ne vous pose pas problème.
- Ben c't'à dire, j'sais pas moi. J'ai pas trop l'habitude de servir les pingouins. Pis j'sais pas si ça serait une bonne chose. Parce que mettons, j'vous sers, qu'est-ce qu'y dirait un clébard qui passe par là ? Ben, qu'il voudrait bien une chopine lui aussi. Y sert bien un pingouin, alors pourquoi pas moi, qu'il se dit. Et au fond, il a raison. Sauf que si j'dois servir toutes les bestioles du coin, à crédit en plus, bah j'vais me retrouver sur la paille, comprenez.
- Dois-je comprendre que vous refusez de me servir ?
- Doivez-vous comprendre que oui, monsieur.
- Je vois. Boris ?
Une bonne douzaine d'armoires à glaces fabriquées à la chaîne dans la série ''crâne chauve et lunettes noires'' débarquèrent pour se placer en ligne derrière Lord Boroyal ; leur largeur d'épaules et les dimensions du bar ne leur permettant pas une telle disposition, ils se résignèrent à adopter une formation à la queue leu leu franchement moins intimidante. Le pingouin poussa un soupir.
- Mon Dieu, j'avais oublié qu'ils s'appelaient tous Boris.
- Vous savez, faut pas s'énerver hein. On peut s'arranger.
- Un Lord ne s'arrange pas, cher ami, il décide. Et je décide que cet établissement m'appartient.♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Une flammèche crépita. Ce qui était plutôt dangereux dans un cimetière d'épaves, a fortiori lorsque les rayons du soleil s'étaient chargés de rendre le bois aussi sec qu'un vieil instituteur qui surprend un chuchotement dans une salle de classe au silence de mort. Mais peut-être le côté dangereux de la chose était-il recherché, peut-être ce chuchotement n'était-il pas innocent, mais visait à répandre le bavardage dans la classe comme une traînée de poudre, à le nourrir, le faire enfler jusqu'à ce qu'il engloutisse tout l'espace en grondant tel un brasier. Un brasier qui ne tarda pas à naître de la petite flammèche, sous les yeux ravis de deux moines aux tenues flamboyantes et au bourdon muni d'un rubis.
- Capitaine ! La flamme s'élève !
- Je la vois, mon fils.
- Qu'elle est belle !
- Je le sais, mon fils.
- Puisse-t-elle accomplir son œuvre purificatrice !
- Je le souhaite, mon fils.
- Capitaine ?
- Oui, mon fils ?
- Avons-nous terminé notre tâche en ces lieux ?
- Certainement pas, mon fils. Maintenant, il nous faut châtier ces connards d'infidèles, ces fils de putes d'hérétiques et ces petits pédés de nihilistes.
Sur ces saintes paroles, l'illustre moine se retira, bientôt suivi de son acolyte après un dernier regard fasciné jeté à l'incendie qui commençait à se propager. Tous deux se dirigèrent à grands pas vers une épave de caravelle couchée sur le flanc, où toute une bande de moines à l'apparence similaire les attendait, perchés à des endroits improbables en position à l'équilibre acrobatique, dans le plus pur style shaolin. L'acolyte pressa le pas pour se retrouver au niveau de son capitaine.
- Et comment allons-nous les châtier, capitaine ?
Le moine s'arrêta sur place.
[1110 DORIKI]
- On va leur cramer la gueule, mon fils.♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
L'homme regardait fixement l'incendie. Il était habitué aux flammes, mais d'habitude il s'agissait plutôt de celles qui brillaient dans les yeux de ses groupies, ou celles qu'elles allumaient grâce à leur briquet pour lui montrer qu'elles étaient là dans le noir, lors de ses concerts. Ce qui, tout en paraissant assez stupide, l'aidait beaucoup à réellement savoir qu'il avait un public, puisqu'il considérait toujours que ce qu'il ne pouvait pas voir n'existait pas – et à ce titre, ses trois mètres cinquante de hauteur le faisaient passer à côté de l'existence d'un sacré paquet de trucs, à commencer par les petits chiens. Ainsi, celui qui lui était tombé accidentellement sur la tête quelques mois auparavant faisait pour lui office de créature légendaire, puisqu'il n'avait jamais pensé à regarder plus près du sol pour constater qu'il existait une multitude de ses semblables (au mieux, il se méprenait à cause de sa hauteur et les cataloguait comme des bonnets en laine). Par peur de courroucer un être mythique, il n'avait pas osé déloger le chien, lequel se trouvait parfaitement à l'aise sur son crâne et avait de toute manière un trop grand vertige pour en descendre tout seul. Personne n'avait plus vu son faciès depuis des mois, ce qui n'était, somme toute, pas bien grave puisque les personnes qu'il fréquentait avaient bien plus souvent son entrejambe que son visage en guise d'interlocuteur.
Toujours intéressé par les flammes, il sortit un calepin de la poche arrière de son pantalon, fit quelques mouvements de majorette avec son crayon à papier et commença à écrire sa prochaine chanson. Une fois le texte terminé, il y jeta un œil critique.Le feu
Ouh, le feu
C'est bon du feu de Dieu
Un peu comme tes yeux
Sauf que tes yeux sont bleus
Pas comme le feu
Le feeeeu !
C'était vraiment très mauvais. Il hésita à ajouter J'ai hâte de te mettre au pieu / Pour te mettre mon pieu afin de pimenter le tout, mais son manager désapprouverait sûrement. Ou alors, il ne comprendrait pas. A sa décharge, il n'avait que huit ans. Le chanteur arracha la page de son calepin et la déchira en soupirant, puis s'avança vers l'incendie en réajustant le chien sur sa tête.
[1230 DORIKI]
- Hé toi, le feu. Tu m'as fait grave perdre mon temps. Paraît que le temps c'est de l'argent, alors je vais genre te démolir la face.♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Le bras de fer est probablement le face-à-face le plus viril auquel deux pirates peuvent s'adonner, devant le duel au pistolet et très légèrement au-dessus du concours de beuverie et chansons paillardes. Étant donné que la virilité n'était pas en reste sur le Cimetière d'épaves de South Blue – et les pirates encore moins – les championnats de bras de fer étaient monnaie courante. Sous la pluie, la neige, le jour, la nuit, au sommet d'un mât, au fond d'une cale, avec règles spéciales, handicaps ou appels à un ami, tous étaient totalement improvisés et aucun d'entre eux ne ressemblait aux autres. Toutefois, ils gardaient un dénominateur commun, parfaitement invariable – en plus du fait qu'ils opposaient tous une élite de forbans dont les biceps se situaient à mi-chemin entre un bras de body-builder et un tonneau. Depuis des années, tous les championnats de bras de fer organisés sur cette île couronnaient le même vainqueur.
Ce dernier était, une fois de plus, en train de dominer une finale de tournoi avec brio. Fumant un épais cigare de l'autre main, bavardant avec ses amis pendant ce temps-là, pendant que son adversaire s'exténuait à s'en faire péter les veines du bras, sans réussir à incliner celui du champion d'un seul centimètre. De temps en temps, celui-ci forçait légèrement pour soumettre son opposant à rapprocher le dos de sa main à quelques centimètres de la table, puis revenait à sa position initiale, droit comme un I en reprenant sa conversation. Au bout d'un moment, jugeant que l'humiliation avait assez duré, il abattit rapidement la main de son adversaire sur la table sans que cela ne paraisse lui demander le moindre effort, puis se leva sous les applaudissements pour aller chercher son prix. A bout de souffle, le vaincu réussit néanmoins à rassembler assez de force pour lui hurler :
- T'es qu'un enfoiré de tricheur !
Les applaudissements cessèrent d'un seul coup. Le champion s'arrêta sur place, ses subordonnés s'approchant de l'impertinent d'un air menaçant. Leur capitaine se retourna pour fixer le pauvre homme droit dans les yeux.
- Qu'est-ce que tu viens de dire ?
- T'as parfaitement entendu ! Tricheur !
- Et pourquoi je serais un tricheur ?
- Ces bras que t'as... C'est de la triche !
- T'as pas un vocabulaire bien varié, mon gars.
- Je m'en balance. T'es rien qu'un sale vieux connard de tri...
Un puissant coup de poing le dispensa d'une énième répétition en l'envoyant voler cinq mètres plus loin. Les spectateurs s'écartèrent prudemment tandis que le vainqueur s'avançait vers l'homme qui l'avait défié. Celui-ci se releva péniblement, le regard haineux, ne rencontrant en face que les lunettes aux verres opaques de son adversaire, qui se mit en garde en faisant craquer toute une galerie d'articulations au passage. Il adressa une dernière parole au malheureux qui s'était mis en tête de le défier :
- T'as tort, gamin...
[930 DORIKI]
- J'ai jamais triché au bras de fer. Je suis le bras de fer.♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Une légère brise perturba la chaleur étouffante qui régnait sur le Cimetière d'épaves, bousculant avec effort les gros tas de mélasse quasi-tangibles que formait l'air lourd. Prenant de l'assurance, elle surfa sur un mât incliné à la limite de la fusion, contourna un bar investi d'un nouveau propriétaire, virevolta parmi les cendres d'un incendie mystérieusement allumé et tout aussi mystérieusement éteint, survola un combat particulièrement déséquilibré. Fatiguée de toutes ces cabrioles, elle se traîna encore sur quelques mètres, avant de finir sa course en agitant légèrement une longue et épaisse chevelure d'un roux profond. Le propriétaire de la chevelure examina la direction depuis laquelle venait cette brise, la mine songeuse. Après quelques instants de réflexion, il sauta de la figure de proue sur laquelle il était assis et se mit à courir.
Il courut à travers tout le Cimetière d'épaves, sans savoir exactement ce qui le guidait. Il courait sans se soucier des obstacles sur son chemin ; pour la plupart, ils étaient en bois et il passait à travers. Pour les autres, le temps qu'ils se relèvent pour l'agonir d'injures, il était déjà loin. De toute manière, il ne craignait pas grand-monde. Peut-être parce qu'il était très fort, ou peut-être parce qu'il avait toujours confondu les verbes ''craindre'' et ''peindre'', ce qui fait qu'il n'avait aucune raison d'être craintif puisqu'il n'était pas peintre.
Il s'arrêta en pleine course, au grand dam du malheureux pirate qui se retrouva coincé sous ses pieds sans pouvoir faire grand-chose d'autre que lutter pour faire entrer l'air dans ses poumons. Il venait de comprendre ce qui l'avait poussé à courir. C'était beaucoup plus net à présent. Une légère odeur flottait avec la brise. Il inspira longuement, humant l'air avec concentration, les yeux fermés.
Puis il ouvrit les yeux, et un grand sourire éclaira son visage. Il avait trouvé.
[1500 DORIKI]
- Bordel, ça sent le lion par ici !♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Effectivement, ça sentait le lion. Et pour cause. Une curieuse forme s'approchait petit à petit du Cimetière des pirates, chevauchant les flots avec fierté. On pouvait y distinguer une sabreuse à l'air bougon, un cardinal disproportionné, un nain en armure, un dandy en costume blanc, un papa poivre-et-sel, un colosse à la crinière ardente. Tout ce petit monde, armé de balais, pagayait farouchement dans ce qui ressemblait plutôt à une tentative désespérée de se maintenir au-dessus du niveau de l'eau qu'à une réelle volonté d'aller de l'avant. Il faut dire que sept personnes serrées les unes contre les autres sur une vieille porte en bois, ce n'est pas ce que l'on fait de mieux en matière de navigation.Mais quel rapport entre cette joyeuse bande de branques et le roi des animaux ?
Le rapport, c'est que le canard qui les survolait avec grâce et panache, portait dans son bec un pavillon noir, symbole de piraterie, frappé d'une cloche à fromage.
Le pavillon des L.I.O.N.
Dernière édition par Brih Demau le Mer 4 Déc 2013 - 0:10, édité 6 fois