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Padre

Suite d'ici

Il baisse les yeux, comme face à une tombe. Puis ça passe, il oublie. Moi j'ai du mal à griller. Où j'veux pas. J'vois où y veut en v'nir. J'suis même prêt à y croire. Le gus ressemble à c'qu'on m'a dit d'mon padre, sans parler d'ce sentiment étrange, cette certitude instinctive de filiation qui m'tient l'bide. Mais croire c'est pas accepter. J'me suis toujours envisagé comme venant du rien. Ca me plait le rien. M'suis toujours vu comme pas d'ici. Une sorte d'expérience de l'univers, un prototype que la nature à fait pour s'marrer, un lendemain de cuite. J'vois pas pourquoi ça changerait maintenant. Pas besoin d'père pour être quelqu'un.

Jack, c'est son nom. J'l'ai hérité d'lui, on m'l'a assez rabâché quand j'étais môme. Jack donc, relève la gueule, tout sourire. Y m'fixe droit dans les mires.

T'es devenu un sacré gaillard j'ai vu. Cent dix-neuf millions... T'as dû leur foutre une trouille bleue aux scribouillards de la marine pour qu'ils te collent un prime de c't'envergure.


C'était facile. Surtout en épargnant ni femme ni enfant.


Il tire une dernière latte sur sa clope, toujours calée dans l'coin d'son bec, et crache son mégot dans l'sable.


J'suis repassé faire un tour par Tradice, après que t'y ai foutu l'feu.


Erreur de jeunesse. J'ai bâclé l'coup, j'aurais voulu que tout crame.


Alors tu m'en dois une. Le maire vit sous un porche maintenant... Chien! Le Rocher, c'est pas une place pour un gosse.


J'imagine que c'est là que tu m'prends dans les bras et qu'on s'dit qu'on s'est manqué. J'trépigne déjà.


Y m'regarde et y s'marre. Puis y s'recarre le derche dans l'sable, et sort une nouvelle bouteille, accompagnée d'la sainte cibiche.

J'ai pas la fibre du père, t'as pas la fibre du gosse. Mais ce truc peut nous mettre d'accord.


Il lance la bouteille et je l'attrape. Père ou pas, j'ai jamais refusé de la gnôle. C't'un principe. J'consens, donc, et vient m'poser près du rastaquouère. J'lampe, une goulée, deux. C'est d'la très bonne came. J'adhère pour une hérédité du bon goût.

Qu'est-ce que tu fous là?


J'te cherchais. Je voulais voir qui tu étais. T'as pas été difficile à trouver...


J'me suis jamais caché.


T'as l'air à l'aise avec ta voie en tout cas.


Je lui r'passe la gnôle, qu'il saisit. Mes pavillons sont à l'affût d'c'qui pourrait suivre. J'attends la leçon d'morale ou la proposition foireuse.

Maint'nant je t'ai vu. Laisse moi te dire: t'es pas au point.


Tente pas trop ta bonne étoile, j'ai rien contre le parricide.


Tente pas trop ta chance, j'ai rien pour les voyous.


Il tire la 'teille et me la repasse. Je la vide. La balance à l'eau. Offrande à Guy, j'vais p't'être tuer mon père, et si j'tiens de lui, alors il est dangereux.

Alors on fait quoi?


Tu la fermes et tu apprends. Et peut-être que tu deviendras digne de t'appeler Calhugan.


Je pige pas, alors il précise.

C'est ton nom gamin. Mon nom.


Je m'appelle Sans Honneur.


Il se bidonne et s'lève. Fait quelques pas, s'éloigne, se tourne vers moi. Il est devenu sérieux.

J't'offre la chance d'être plus qu'un malandrin, plus qu'un bourré qui sait cogner. Je t'offre la vrai force. Si ça t'interesse, j'camperai en lisière de forêt.


Puis il s'éloigne et, sans me r'garder, laisse choir:

Décide toi vite, je reste pas longtemps.

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Un geyser pète. Puis un autre. Et c'est tout l'ciel qui s'ébouillante. C't'un beau spectacle. Pas dégueulasse. Qui m'calme, m'rassure, m'assure d'ma place. Savoir où on doit être, c'est mieux qu'savoir d'où on vient. Mais ça vaut pas savoir ce qu'on veut. Mais moi je sais. Temps de partir, je me lève, prends la direction de la forêt. En lisière il a dit.

D'une main, j'écarte les palmes qui m'barrent la route, de l'autre, j'envoie paître un mégot dans un buisson, en espérant qu'ça prendra feu. Héhé. Au travers d'la masta végé qui m'entoure, qui m'brouille la mire, j'entre-aperçois l'brillant d'un brulant. Un campement. Le vieux. J'm'approche. Il est posé, tise tranquille, en lisant un bouquin. Lève les yeux sur moi alors qu'j'arrive à hauteur du feu. Il grogne.

Tu t'es décidé.

J'dis rien, y s'lève après avoir posé son bout d'papier. Me toise du haut d'son bide, d'ses bras gros comme des barils.

T'veux p't'être que j't'explique, j'ima...

Ses lèvres ont r'mués, j'ai direct lancé l'mouv'ment. Ma droite part, rapide, vilaine pour s'écraser sur sa joue. J'lui en devais une, ça m'a travaillé tout c'moment. Maintenant, on est quitte et j'suis à l'aise. ... Mais j'hésite. L'vieux bouge pas. Pire, y sourit. Jamais personne me l'a jamais faites celle-là, sourire après un krapax. Ou alors y z'étaient mort sur l'coup. Mais lui, y sourit. J'pige pas, j'mate sa joue. Mon poing toujours tendu n'a rien touché. s'est stoppé net sur... quelque chose. Comme de l'air dur, entre lui et moi.

Œil pou oeil, hein!

Il se marre plein tube.

C'est beau les principes, mais un Calhugan doit savoir les défendre.
Sa droite file droit vers mon bide, j'ai juste le temps d'contracter. L'enflure me rosse, j'vole sur trois mètres! La deuxième qu'y m'colle d'puis qu'l'ai croisé! S'faire battre par son padre à passé les vingt, ça vaut bien la peine. J'crache un glaviot rougeâtre en m'relevant, l'autre bave:

Les principes des faibles, tout l'monde s'en calle.

Hm. J'avais pas envisagé ça comme ça. L’accueil j'veux dire. J'sais pas trop quoi faire en fait. C'est bizarre. D'habitude, si un truc me résiste, je tape dedans et c'est réglé. Mais pas ici, pas maintenant. Alors quoi? Après frapper, casser, ma dernière ressource, c'est l'obstination. J'aime pas lâcher. Et je vais pas commencer maintenant, pas devant lui. Y m'mire, l'sourire en coin.

Alors, tu vas m'écouter ou tu préfères continuer à prendre des taloches sans comprendre?

Péché d'orgueil.

Ton truc, je le connais. J'l'ai déjà fait.

Truc? Ça s'appelle le Haki, ou fluide. Certains appellent même ça la Volonté.

Il sourit d'toutes ses dents, et craque les os d'son cou.

C'est la marque des grands, et en effet tu la "connais". Je l'avais senti chez toi... Sans ça, j'aurais pas perdu mon temps avec toi.


Parlant d'ça, tu m'fais perdre le mien, de temps.

Héhé impatient.

Le vieux s'baisse sur ses appuis et tend les bras pour m'inviter.

T'es pas branché laïus, alors on commence directement la pratique. Frappe-moi. Concentre-toi sur ça. Sur ta frappe, ton désir de toucher.

Faut pas me le dire deux fois. Si l'vieux veut qu'on s'taule, taulons-nous. Et cette fois-ci, j'irai avec le coeur. Je bondis deux fois, pour échauffer, puis j'fond sur l'gus. Dans l'mouv'ment, je cale ma droite bien derrière l'oreille, prête à partir! J'arrive sur lui, mon poing s'abat, avec toute ma force, toute ma hargne! Mais j'déchante! L'onde de choc est masta, elle souffle les palmier aux alentours! Mais lui bouge pas, toujours cette chienne de barrière invisible entre lui et moi. Son oeil brille. Ca annonce, mais je suis prêt. Y retourne une manchette, qu'j'évite assez juste. J'profite du bond en arrière pour m'propulser sur un tronc. Une bonne poussée et m'voilà r'parti vers le vieux. C'coup-ci, j'tente la distance, une main puis l'autre! Deux claques d'airs foncent vers lui et s'éclatent avec fracas. J'les suis d'une inspiration, et abat une enchainement bien sévère. Mais toujours rien. J'reprends mes distances.

Va falloir plus d'imagination, petit.

J'enrage. L'enflure, se fout d'ma gueule. Plus. Il accompagne son bavage d'une pich'nette des doigts, direction ma tronche. Ça fait comme mes Flying krapax, mais en petit. Et ça vient s'écraser son mon arcade, l'ouvrant un p'tit peu. J'hume l''humiliation. Sans l'apprécier. J'suis vraiment en pétard. Vraiment pas content. J'commence à r'sentir une envie qui sonne comme un besoin. Elle n'est pas bonne. Elle n'est pas gentil. Je fonce. Sans chichi. Ou stratégie. J'fonce en grognant. J'vois trouble, mes bras semblent s'couvrir de poil, mon poing double de volume! J'grandis! J'crois délirer, mais les yeux du Padre changent, confirment. J'prends pas l'temps d'me réjouir, même si j'ai compris. Mon masta pain s'écrase sur le Padre, qui cède, et valdingue sur une demi-lieue. Jack a gagné! Jack a gagné!

Une envie m'prends: j'tambourine mon torse d'mes poings! La résonnance fait tramblez l'île! Tout l'monde sait , ouh, tout l'monde sait maintenant que Jack a gagné!

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En voila une surprise .


Qu'il lâche en se rel'vant. Pas plus esquinté qu'ça le Vieux. Il s'approche, moi j'réalise. J'découvre. J'observe. Mes pattes, grande comme des pelles, mes bras, mastoc à souhait. Mes épaules, ma carrure, tout a pris. J'ai l'impression d'voir le monde de plus haut, j'dois bien faire deux fois ma taille. J'passe mes doigts sur mon visage. Lui aussi a changé. J'remarque à peine le Padre qu'est juste à coté.

Un zoan, hein? Bon choix. Pas d'chichi, une force augmentée.


Un filet d'sang s'écoule du coin d'ses lèvres, sa joue a gonflé, un peu. Ce type est fait en granit.

Zoan?


Y me mire et j'vois l'doute qui file à travers son r'gard. Y s'esclaffe, d'un gros rire tonitruant.

Zoan du gorille apparemment. T'étais pas au courant?



J'ignorais son pouvoir.


Ben maintenant tu le connais. Et si tu veux bien, on va retourner à ce qui nous occupe.


Il se met en garde, m'invite à nouveau à l'cogner.

Ce coup-ci tu me surprendras plus. Je t'attends fils.


Fils... L'en a de bonne. J'suis ex-nihilo. J'ai décidé ça y a longtemps. J'le mire, mauvais. Une profonde frustration m'tient l'coeur. Je suis plus fort, j'le sens, mais même comme ça j'ai l'sentiment que sa barrière, j'la passerai pas. Ce m'enrage. J'ai ce nouveau jouet mais j'peux pas l'utiliser. J'rencontre ce type et m'voila impuissant. Ca me fout dans une de ces rognes. Elle grimpe, elle me prend. La lassitude fait place à la rage. Froide, sans pitié. Il m'a dit "concentre-toi sur ta frappe". Il attend quelque chose de moi, un éveil, une étincelle. Concentre-toi sur ta frappe... Il est là le problème. C'est pas la solution. J'l'ai jamais fait et j'le ferai jamais. Un coup, on s'concentre pas dessus, on le donne. Ma concentration, elle doit aller là où j'l'ai toujours fourrée: sur ma cible. Puis concentration... non c'est pas pour moi. Faut un feu, une envie, une passion. Faut ressentir, pas penser. Voilà.

J'bondis pour gripper l'sommet d'un cocotier. J'me viande, pousser trop vite, trop loin, trop fort. Suis pas encore habitué à c'nouveau corps. L'est beaucoup plus direct, plus instincitf. J'arrive à m'rattraper à une branche avant d'passer les cimes, j'me lance vers un autre, à l'envie, sans y penser. Ça passe nickel. L'Padre est toujours en ligne de mire, j'l'oublie pas, juste, j'cabriole d'tronc en tronc, prenant appui sur l'un pour me lancer vers l'autre. Ça vient, très naturellement, je commence à gérer. J'prend d'la vitesse, je lock la cible. Il est en bas, toujours au taquet. Sans difficulté, y suit mes mouvements. J'attaque!

J'me propulse vers lui, dans l'vide, il sert sa garde! Non coco, on va pas la jouer comme ça! J'lève mes deux méga-bras vers le ciel, joint les mains qui forment un gros boulet d'chair et d'os! J'arrive sur lui, j'abat d'toutes mes forces! Il évite, ennemi malin! Mais j'repars, l'contourne pour refondre dessus, lui envoyé un gros Kong Punch dans la gueule! Mon poing s'écrase sur sa barrière invisible, je continue à bouger. Et je frappe, encore et encore et encore et ça ne s'arrête pas mais jamais ça ne l'inquiète! Et plus il me balaie, plus j'ai envie de le casser! Fort! Dur! J'vais briser ses os et par la même son sourire dégueulasse! J'vais le battre jusqu'à la mort sans même écouter ses cris de douleurs! Je vais le BRISER!

Mon poing file vers son ventre ou son torse. Je n'sais pas. Mon poing doit passer! Je veux, j'exige qu'il passe! Padre tend sa main en avant, droite, et érige sa barrière. Non, pas cette fois! PAS CETTE FOIS!

Mon poing passe.
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C'est affaire de volonté.
Le feu crépite doucement, la nuit est tombée. J'enfourne une cuisse de bestiaux chopé là, qui passait, pépère. C'est bon de se remplir la panse, c'est bon d'se poser. La Padre me regarde, attend un geste d'écoute. J'dis rien, lui commence à avoir l'habitude et enchaine.

Mais la volonté, elle présente différemment chez chacun. C'est l'astuce.

Passe moi la bouteille.

Il me lance une tise. Urbain. J'me rince le gosier à la liqueur, pas dégueux en passant la liqueur. Volonté, hein? Où j'la place. J'crois j'commence à piger. A cibler la place réel d'mon désir... La violence. La casse. C'est là. Le Padre r'garde son morceau d'steak qui fait la taille d'un enfant, englouti c'qui reste, avale bruyamment. Il hésite, j'sens qu'il a que'qu'chose à m'dire. Y s'lance.

Ton capitaine? Tahar. Parle m'en un peu.

Pour dire quoi?

Le genre d'homme qu'il est, ce genre de choses.

J'hésite... Pas qu'j'veuille pas répondre, mais... quel genre d'homme est Tahar? Y m'aurait d'mandé le sens de la vie, ça limite j'aurais pu répondre.

Le genre qui se qualifie pas...

L'Vieux m'mire, son r'gard clame en silence: fais un effort.

C'est... c'est un type qu'on enchainera jamais vraiment. Une sorte d'anomalie d'l'univers, qu'a établit ses propres règles, sans tenir compte de rien. C'est un chien fou.

J'engloutis l'reste de ma bouffe, me laisse tomber en arrière. Le Padre à coté d'moi sort une petite pochette de cuir, en tire du papier et un herbe que je reconnaitrais entre mille: de la kasha. Définitivement, le goût est héréditaire, même si j'suis persuadé que c'est dans l'autre sens. Lui est parfois bon parce que moi le suis toujours. Padre allume sa tige, j'mate les étoiles entres les palmes, les mains dans la nuque.

Tu fais quoi de ta vie, Vieux?

Héhéhéhéhé hé hé ! Pas grand chose gamin, pas grand chose. Je vogue, ici et là. Je regarde le monde autours, comment il tourne. Souvent c'est pas très joli. Parfois je m'implique.

Il me passe la tige de kasha, je tire une grande bouffée et une chiée de souvenirs me reviennent. L'île en guerre, Sam, Job et Rob, la passé.

Tu files la soupe populaire aux pauvres?

Parfois, puis d'temps en temps j'écrase des gens. Souvent des gars dans ton genre.

C'est pas notre vécu commun qui t'empêches de rendre ce service aux océans quand même? Tu pourrais m'briser à tous moments si tu voulais...

Ça me fais mal de l'admettre, mais la première chose que j'ai su faire, c'est jauger la puissance des gens. Truc qui aide à survivre.

T'es un crapule, c'est sur... Mais j'crois pouvoir dire que tu es ... sincère dans ta voie.

Alors tu m'aides à d'venir une super crapule...

Il se marre bruyamment, j'lui repasse la tige kashisé tout en expirant un kamulonimbus de fumée verdâtre.

Paradoxale hein? La vie est comme ça. Disons juste que je crois aux vertus de l'apprentissage.

Devenir meilleur en devenant plus fort? Foutaises.

Je me relève pour l'avoir en face.

Tu crois p't'être que je suis en révolte ou une connerie du genre. Tu t'plantes. J'en ai rien à caller de tout ça, c'qu'il y a autours, ces villes toutes propres et ces gens qui font semblant d'être bons. Ils peuvent vivre ou mourir, idem pour moi, c'est pas mon problème. Ce monde là, j'ai jamais été dedans et j'y serai jamais, parce qu'il vaut rien, c'est une farce. Moi, j'appartiens au vrai monde, celui où les monstres marins tuent les enfants parce qu'ils ont la dalle, c'lui où les tempêtes font pas de différences entre les bons et les mauvais. Eux, personnes les jugent. Te trompes pas Padre: j'suis pas bon ou mauvais. J'ai une place, un rôle dans l'univers, et je l'assume.

Si tu veux Jack. Si tu veux.

Il se laisse aller en arrière, s'couche au sol, les pattes sur la panse.

Demain, on attaquera la suite de l'entrainement. Dors, j'vais t'en faire baver.
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Quelques minutes que l'aube s'est levée. Quelques minutes qu'un soleil beau comme un tige qu'attend qu'une allumette inonde la végétation autours. Le réveil fut matinal, c'qu'a tendance à pas m'conv'nir, à m'rendre mauvais. Pourtant, pas l'temps d'grogner. Pas d'temps pour les braves. Le Padre lui est prêt, et son sourire sent l'embrouille. L'entrain'ment a commencé, différent du précédent du un détail. Aujourd'hui, c'est lui qui frappe.

Il fond sur moi, le poing serré. Pas éviter, arrêter, il a dit. Exact'ment comme il a fait hier. Ériger une barrière invisible entre lui et moi, entre son coup et mon corps. Même marche à suivre que pour l'attaque, focaliser sur la volonté, sur le besoin d'protection. ... L'besoin d'protection. Il surgit face à moi, et j'me dis que c't'une bonne blague, le besoin d'protection. Jamais caresser c't'idée du pensant, ô grand jamais. Lui est a bonne distance, il frappe. L'impact me fait cracher du sang, le temps se suspend puis j'valdingue à une demi lieue.

Mon dos rappe l'sol, avale la terre, et j'me dis qu'pourtant, j'y ai pensé fort, j'ai voulu arreter son coup. Mais des clous. J'confirme à moi: besoin d'portection c'est d'la foutaise. J'me relève, mais pas l'temps d'souffler. L'vieux m'charge déjà! J'évite de justesse son gauche, sa droite me cogne au menton! Ca m'secoue, j'pige plus trop où j'suis. J'm'en prend quelques autres, tous aussi mastoc. Au milieu d'la tempête, ma tronche sort du cake. Mes mires captent le Padre, toujours au taquet. Il est sur moi, juste au-d'ssus. Pas c'coup-ci m'gaillard! J'lui décoche une frappe sans crier gare, droit vers son pif. Ma claque s'emballe, traine dans son sillage une aura noir et froide! Héhé! Mon attaque surprend l'Padre, j'vais l'épingler! J'abats la rouste avec toute ma rage, mais j'ai sous-estimé l'poisson! Un mur invisible stoppe ma frappe, et l'onde de choc nous éloinge moi et l'vieux! J'retombe sur mes pattes. Sans haki, mon poing aurait été broyé par sa propre force... J'commence à capter la fourberie de la technique de défense du Padre.

Alors tu la joues comme ça?!

Lui, à quelques mètres, tend le bras vers un cocotier. Il aggripe le tronc de sa main et l'arrache, l'brandit comme un cure-dent. D'son autre main, il en grippe un autre, puis s'élance.

Ton haki est trop faible pour m'inquiéter! N'perds pas ton temps à vouloir me toucher! Contre moi!
Y cavale vers moi, ses deux batons géants exhalent une aura palpable! L'enfoiré, il passe au niveau supérieur! J'avais déjà difficile avec ses coups normaux, s'il s'mets à m'cravacher au Haki, Anthrax pourrait-bien d'venir orphelin! Autours d'lui, la végétation s'écarte de force, ratatinée sans pouvoir rien faire! Les arbres volent, balayés, les troncs sont coupés par les palmes renforcées d'jus d'âme! Si j'mange ça, je meurs! J'sens un besoin instinctif d'résister, d'me blinder! Mon corps change, je prend d'la masse, me mute en homme singe! La puissance d'mon corps m'apparait, j'oublie ma crainte! J'me sens invincible.

Je vois, au zénith, les deux jouets mortels du Padre. Il me mire, avant d'les abattre sur ma tronche! Je crois les bras, comme un bouclier! Je suis invincible, je refuse que tu me touches, homme. Je somme l'univers: cette fois-ci c'est non! Les troncs s'écrasent! Mais une résistance les fait ralentir, ils plient! Héhéhé tu n'peux pas m'touch... Padre accentue la pression, les troncs repartent, droit sur moi! Mon bouclier vient de céder! J'hurle de rage!

Tout devient noir.
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J'ai vite compris que c'tait pas aujourd'hui ni d'main qu'j'allais pouvoir tarter l'padre. Tu crèves pas des années d'entrainement juste parce qu'on t'as appris à penser fort à tes coups. Perso j'me d'mande comment j'ai survécu aux coups d'palmiers... L'vieux avait l'air aussi étonné qu'moi quand j'suis sorti d'mes vapes. Faut croire qu'on a la charpente solide dans la famille.

C'est Anthrax qu'm'a sorti des limbes, en m'jetant des cailloux. J'ai ouvert grand les mires pour tomber sur sa sal tronche. M'a fait un doigt, j'lui ai montré les dents. Pour entendre les rires du Padre. Quelques sarcasmes, et nous voilà en train d'bouffer. D'échanger deux, trois mots. Pour se dire qu'en fin de compte, c'que j'dois savoir, j'le sais. Qu'le reste c'est question de temps, de pratique.
Alors t'vas enfin décarrer ton cul d'ce trou?

Non, j'ai un truc à faire avant.

Un château d'sable?


Héhé. Vous êtes pas les seuls sur cette île. J'ai a parlé avec les autres.

D'autres entrainements à prodiguer?

Il se tait.

Tu vas où après?


J'ai un eternal pose que pointe droit vers mes prochaines occupations. Je vais trainer, trouver à m'occuper.

Sauver les innocents...

Et casser les méchants ouais. On s'occupe comme on peut. Il est dégueulasse ton singe.

Anthrax comprend qu'on parle de lui et arrête de jouer avec ses sels. Y r'garde le vieux méchamment, lui adresse un cri d'insultes... Qu'il me semble comprendre... Bizarre.

Il est utile. C'est une vrai crasse.

Le padre s'marre et m'envoie une bouteille. Se faisant, y s'lève, comme pour partir.

Mes affaires m'attendent gamin. On ne se recroisera plus j'espère, en tout cas plus dans l'même camp.

J'vais pleurer tiens.

Chacun ses choix, j'respecte ça. Et ça compte pour moi d'abord. Ciao gamin.

Il se barre. S'enfonce dans le forêt. Au loin, on entend les clameurs d'une tablée tous le soleil couchant. C'est par là qu'il s'bouge. Voilà. C'était mon père.
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