- Spoiler:
Une brise fraîche parcourait les cheveux ébouriffés de notre septuagénaire, grimaçant en haussant ses sourcils broussailleux, Donor Jinx dépliait méticuleusement le papier gouvernemental. Le morceau de parchemin avait les bords usés par les dépliages incessants que la Compagnie des Chats Noirs prodiguait dessus dès qu’elle pensait croiser un fugitif, puis elle repliait le papier en s’excusant d’avoir plaqué le mauvais homme au sol et en maudissant leur myopie grandissante. Toujours est-il que cette fois-ci Jinx ouvrait le papelard non-pas parce qu’il avait une tête supposée primée en vue mais parce qu’il voulait s’en remémorer trois dans son esprit vieillissant.
Le gouvernemental qui l’avait conseillé d’embarquer pour le royaume de l’Absurde, après lui avoir racheté l’île de Banaro pour un Berry symbolique, lui avait pointé du doigt la tête d’un certain Gérard Turili et de deux supposés complices. L’indication n’était pas certaine, mais Donor avait accepté pour deux raisons, la première c’est que l’information avait été gratuite, la seconde c’est que le transport aussi.
Le drakkar de la Translinéenne naviguait à perte, l’imposant viking qui maniait la barre regardait d’un mauvais poil de barbe l’énorme lapin qui boulotait son chanvre, déjà que sa porte la guigne un rongeur de ce type sur un bateau. Baladant son regard de la barre à la proue, il passa de la sorcière grelotante, au caniche grinçant, au petit vieux qui dormait appuyé contre son parapluie jusqu’au vieux professeur et son gastéropode biscornu. Mollardant sur les lattes de son pont, il venait de passer les pires quatre journées de navigations de toute sa foutre vie. Mais comme les dieux vikings ne sont pas des enfants de putains, ils se montrèrent généreux avec notre gros bras et la terre de l’Absurde se découpa dans l’horizon.
« Les vieux, c’est là qu’vous débarquez. »
« Toujours auzz’i aimable z’elui là ! Zahaha ! »
Prenant son gros chaudron métallique noir sous le bras, Scoumoune posa son pied gauche sur l’un des boucliers qui ornaient le bâbord du navire.
« Par la pine d’diable ! L’est grande s’te tour blanche ! »
La sorcière pointait du doigt une immense bâtisse qui siégeait sur la colline à l’Est du port, l’ensemble de la Compagnie souriait à pleines dents, ou plutôt à dentiers découverts. L’embarcation vira de bord, la baume passa à tribord et le puissant navigateur envoya valser un bout d’amarrage qui alla s’entortiller solidement autour de la bite du port, phrase nautique s’il en est.
A peine le mucus de Peuleu Peuleu eu-t-il touché la terre battue du royaume que le bateau coupa net son bout d’amarrage et repris le large sans même que la carcasse encornée du navigateur lâche une ultime politesse.
« Il aurait pu dénouer son cordage plutôt de le couper, voilà où vont les impôts ! »
« Z’est une phraz’e de vieux z’a ! »
Jinx se retourna pour juger de l’étendue de la ville, mais il se retrouva nez à nez avec un homme au nez haut-perché qui griffonnait sur un cahier bleu.
« République Dictatoriale Populaire de Wakoland, vous êtes ici à Wakopol, Wakojour ! »
Face à ce représentant était six vieilles briques aux sourcils froncés, sceptiques.
« Z’est z’on nez ou une corne ? »
« Son nez »
« Peuleu »
« Groumpf »
« Frrr »
« Son Blaze ouep peuh»
« Je vois que vous vous êtes acquittés des droits d’embarcadères selon les lois en vigueurs dans la république »
Comme pour finir sa réplique, il pointa du tarin un groupe d’hommes qui s’empressaient de dénouer le cordage autour de la bite d’amarrage.
« Tout à fait, nous avons payé notre tribu… portuaire ? »
Se tournant vers Lucky, il lui lança une bille dans le regard digne des plus grands « ouh bordel ».
« … Et sinon… Où pouvons-nous trouver le centre-ville ? »
« Simple, vous suivez le bruit des animaux et vous y êtes »
Avant que la phrase ne touche à son but, les Chats Noirs étaient déjà en route vers les bruissements bestiaux.
« Messieurs ! Selon les lois en vigueurs dans notre principauté, vous ne pouvez pas marcher en ville si vous avez des animaux domestiques »
« Qui vous parle d’animaux domestiques ? »
« Un escargot, un lapin géant des neiges et un caniche qui semble être un félin. Selon l’article 434567, les étrangers doivent mettre leur animaux dans le zoo de Wakopol »
« J’vais lui faire bouffer s’blaze d’mes deux s’il touche à un poil d’F élixia s’te… »
Alors que Lisa commençait à pointer son parapluie, au bout dégoulinant de poison, vers la péninsule olfactive du fonctionnaire, un groupe de miliciens encapés et armés d’une lance passèrent à ce moment-là. Il valait mieux éviter les ennuis.
« Ma chère amie, voyons voyons… Notre cher De Bergerac nous propose une garderie gratuite ! Mon cher, nous vous suivons ! »
Rabaissant l’arme de sa partenaire de chasse, Jinx lâcha un large mouvement de tête en direction des miliciens qui passèrent leur chemin en soupirant. Posant sa main sur l’épaule du perchoir nasal, il entama la marche vers le centre.
« Leur nourriture est offerte bien entendu ? »
Le gouvernemental qui l’avait conseillé d’embarquer pour le royaume de l’Absurde, après lui avoir racheté l’île de Banaro pour un Berry symbolique, lui avait pointé du doigt la tête d’un certain Gérard Turili et de deux supposés complices. L’indication n’était pas certaine, mais Donor avait accepté pour deux raisons, la première c’est que l’information avait été gratuite, la seconde c’est que le transport aussi.
Le drakkar de la Translinéenne naviguait à perte, l’imposant viking qui maniait la barre regardait d’un mauvais poil de barbe l’énorme lapin qui boulotait son chanvre, déjà que sa porte la guigne un rongeur de ce type sur un bateau. Baladant son regard de la barre à la proue, il passa de la sorcière grelotante, au caniche grinçant, au petit vieux qui dormait appuyé contre son parapluie jusqu’au vieux professeur et son gastéropode biscornu. Mollardant sur les lattes de son pont, il venait de passer les pires quatre journées de navigations de toute sa foutre vie. Mais comme les dieux vikings ne sont pas des enfants de putains, ils se montrèrent généreux avec notre gros bras et la terre de l’Absurde se découpa dans l’horizon.
« Les vieux, c’est là qu’vous débarquez. »
« Toujours auzz’i aimable z’elui là ! Zahaha ! »
Prenant son gros chaudron métallique noir sous le bras, Scoumoune posa son pied gauche sur l’un des boucliers qui ornaient le bâbord du navire.
« Par la pine d’diable ! L’est grande s’te tour blanche ! »
La sorcière pointait du doigt une immense bâtisse qui siégeait sur la colline à l’Est du port, l’ensemble de la Compagnie souriait à pleines dents, ou plutôt à dentiers découverts. L’embarcation vira de bord, la baume passa à tribord et le puissant navigateur envoya valser un bout d’amarrage qui alla s’entortiller solidement autour de la bite du port, phrase nautique s’il en est.
A peine le mucus de Peuleu Peuleu eu-t-il touché la terre battue du royaume que le bateau coupa net son bout d’amarrage et repris le large sans même que la carcasse encornée du navigateur lâche une ultime politesse.
« Il aurait pu dénouer son cordage plutôt de le couper, voilà où vont les impôts ! »
« Z’est une phraz’e de vieux z’a ! »
Jinx se retourna pour juger de l’étendue de la ville, mais il se retrouva nez à nez avec un homme au nez haut-perché qui griffonnait sur un cahier bleu.
« République Dictatoriale Populaire de Wakoland, vous êtes ici à Wakopol, Wakojour ! »
Face à ce représentant était six vieilles briques aux sourcils froncés, sceptiques.
« Z’est z’on nez ou une corne ? »
« Son nez »
« Peuleu »
« Groumpf »
« Frrr »
« Son Blaze ouep peuh»
« Je vois que vous vous êtes acquittés des droits d’embarcadères selon les lois en vigueurs dans la république »
Comme pour finir sa réplique, il pointa du tarin un groupe d’hommes qui s’empressaient de dénouer le cordage autour de la bite d’amarrage.
« Tout à fait, nous avons payé notre tribu… portuaire ? »
Se tournant vers Lucky, il lui lança une bille dans le regard digne des plus grands « ouh bordel ».
« … Et sinon… Où pouvons-nous trouver le centre-ville ? »
« Simple, vous suivez le bruit des animaux et vous y êtes »
Avant que la phrase ne touche à son but, les Chats Noirs étaient déjà en route vers les bruissements bestiaux.
« Messieurs ! Selon les lois en vigueurs dans notre principauté, vous ne pouvez pas marcher en ville si vous avez des animaux domestiques »
« Qui vous parle d’animaux domestiques ? »
« Un escargot, un lapin géant des neiges et un caniche qui semble être un félin. Selon l’article 434567, les étrangers doivent mettre leur animaux dans le zoo de Wakopol »
« J’vais lui faire bouffer s’blaze d’mes deux s’il touche à un poil d’F élixia s’te… »
Alors que Lisa commençait à pointer son parapluie, au bout dégoulinant de poison, vers la péninsule olfactive du fonctionnaire, un groupe de miliciens encapés et armés d’une lance passèrent à ce moment-là. Il valait mieux éviter les ennuis.
« Ma chère amie, voyons voyons… Notre cher De Bergerac nous propose une garderie gratuite ! Mon cher, nous vous suivons ! »
Rabaissant l’arme de sa partenaire de chasse, Jinx lâcha un large mouvement de tête en direction des miliciens qui passèrent leur chemin en soupirant. Posant sa main sur l’épaule du perchoir nasal, il entama la marche vers le centre.
« Leur nourriture est offerte bien entendu ? »