- Nan mais sans dèc', comment elle va faire ?
- Bah elle est fortiche l'air de rien...
- Oui mais l'était grosse la bestiole...
- Yep, rien que l'poids d'la peau ça doit pas être évident à trainer...
- Piou. (Effectivement)
- D'ailleurs... Comment elle va faire vous pensez ?
- ...
- Piou. (En utilisant des tortues de mer.)
- Des tortues ?!
- Piou. (ben oui des tortues.)
- Et comment elle fait pour s'faire tracter ?
- Piou. (Avec ses cheveux évidemment)
- Évidemment...
- ...
- Et ça marche ? J'veux dire, t'as déjà vu ça à l’œuvre toi ?
- Piou. (Bien sûr, c'est même moi qui l'ai inventé.)
- Mais... t'as pas d'cheveux pour tresser un lasso toi. Ou même de poil.
- Piou. (Peu importe : technique ninja)
- Aaaaaah....
- Aaaaaah...
- Aaaaaah...
D'un hochement de tête commun, le cercle de Sea Wolves acquiesce à l'unisson ce parfait exemple d'absurdité technique. Nul ici ne saurait plus jamais remettre en doute l'efficacité des techniques du pingouin. Puis dans un silence pensif, la demi-douzaine de vétérans s'imaginent chacun dans leurs têtes couturées de cicatrices la petite scénette. Certains sont admiratifs, d'autre circonspects... Y'a il seulement des tortues de mer dans cette région de Grand Line ?... Peu importe, leur bosco leur reviendra saine et sauve, et c'est tout ce qui compte pour cette bande de loubards en uniforme.
- Chuuuut ! Le voilà !
Comme un seul homme, le cercle éclate tandis que chacun des marines se jette sur la première occupation qu'il trouve à portée. Une fraction de secondes plus tard, le pont est donc remplis de soldat briquant arme et pont avec un zèle presque louche. Pour cause : Avant même leur retour au port de Myriapolis, le vice lieutenant d'élite Xan a décrété en toute discrétion la mise en place d'urgence de l'opération "Mer d'huile". Ultime plan de survie qui leur a déjà par le passé sauvé la peau plus d'une fois. Seul véritable moyen de passer au travers d'un des plus grands dangers de la route de tous les périls : les colères couvées de leur Capitaine. Car ils les connaissent tous ces colères là. Tous les signes avant-coureurs de la tempête sont présents, toute la gestuelle de l'homme poisson le prouve. Alors afin de ne pas déclencher une apocalypse miniature, il n'y a qu'une chose à faire en attendant que Toji digère sa mauvaise humeur : attendre et ne lui offrir absolument aucun prétexte sur lequel passer ses nerfs. Chercher à le calmer ne servirait à rien, seul le temps ou le sang ont le don sacré de reposer la bête. Les Sea Wolves le savent, quelques années de dommages collatéraux auront été nécessaires pour que tous soient suffisamment rodés à la manœuvre.
La porte claque brutalement, annonçant la couleur. Même les mouettes déguerpissent sans un cri, conscientes au plus profond d'leurs cervelles de piafs moqueurs que le temps n'est pas à la rigolade. Regard noir qu'on devine à peine sous des épais barbillons hirsutes. Silence de tombe tandis que l'homme-poisson mâchonne plus qu'il ne fume un cigare au supplice. A cette heure-ci, il devrait encore être à étudier ses cartes dans le confort de sa cabine... Et pourtant il est là. Mauvais signe ça... Ses cartes l'ont lassé, et sa mauvaise humeur l'a poussé à chercher une cible sur laquelle se rabattre. Visiblement, abandonné en mer Rachel ne lui a pas suffit ; et les remords qui ont suivit ont provoqué une mauvaise alchimie dans le cœur noir du marine. Ses hommes le connaissent bien, et à son attitude avec la tête bien enfoncée dans les épaule, on peut voir que ça le travaille encore. Pire, il n'a même pas pris la peine de se chamailler avec Lin depuis leur départ ce matin. Huit heures sans engueulade... ça sent pas bon. L'homme-poisson balaye donc le pont du regard, ne trouvant que le spectacle presque irréel d'un équipage en pleine effervescence, mais le tout dans le silence le plus total. Nul ne croise son regard... Nul ne fait un bruit de trop... Et lorsqu'il se met à rôder sur le pont comme un prédateur en chasse, la magie de l'instant fait que nul ne se trouve sur sa route. L'opération "Mer d'huile" est en action.
Le contre-amiral tourne donc encore et encore, guettant visiblement de façon inconsciente une occasion de se défouler. Occasion qui ne vient hélas pas. N'allez pas croire qu'il est malveillant en faisant ça... S'il voulait vraiment taper sur quelqu'un, il ne prendrait pas la peine d'attendre un prétexte. Mais voilà, au fond de lui il cherche un exutoire qu'il ne peut se résoudre à demander gentiment. Foutue fierté. Alors du coup il attend qu'on le lui donne tout cuit... Et comme la patience et loin d'être sa plus grande qualité, le temps lui brûle la moelle épinière comme un fer chauffé à blanc. On le voit qui ne tient plus sur place, dansant presque d'un pied sur l'autre. Mais pourtant, toujours pas l'ombre d'une occasion à l'horizon... Aucun Sea Wolf ne tient à se dévouer cette fois. Ses yeux scrutent donc avec frénésie, mais en vain... Les minutes défilent lentement... Les secondes semblent être des éternités... Puis soudainement, une tâche rouge dans l'extrême limite de son champ de vision. On le dira jamais assez, le camouflage ça peut vous sauver son homme.
Toji se dresse soudainement avant de se jeter à grands pas vers la passerelle d'embarquement. Foutus Sea Wolves et foutu Fenrir ! Quitte à perde son temps, autant le faire à terre. Il y aura p'tetre là-bas des occaz' de beugler sur quelque chose ou quelqu'un. Rien ne vaut une grande balade au frais pour se calmer qu'lui a dit un jour son mentor O'Brian. Ben c'est l'occasion ou jamais de vérifier ses dires ! Par contre -fait étrange- alors que d’ordinaire Toji préfère hanter les quartiers lugubres en quête de proies en solitaire, cette fois-ci il happe dans sa démarche le pauvre lieutenant Red sur son chemin.
Main puissante qui lui attrape donc le col sans ménagement, et le voilà qui descend le ponton à une cadence infernale. Là où on voit que Toji l'a à la bonne, c'est qu'il s'est forcé à être bien plus bavard qu'à l'accoutumé :
- Viens par là toi.
Dernière édition par Toji Arashibourei le Mer 17 Oct 2012 - 11:55, édité 2 fois