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[FB 1624] On va boire un verre ?

Mmh, la douce odeur de la ville, je me présente devant le royaume de Goa comme un roi rentrant de son périple. J'observe les différentes couches de ce "royaume", on va du plus misérable au plus riche. Tout en avançant dans la périphérie extérieure j'ai l'impression d'être considéré comme un noble. Les pauvres villageois regardent mes vêtements comme si c'est quelque chose d'inhabituel qu'un gentilhomme se promène dans les rues sales et sombres d'Edge Town. Un regard plus envieux qu'admiratif tout au moins. Les gosses pataugent dans les flaques d'eau, les femmes nettoient les vêtements dans ces dites flaques et les hommes qui ne sont pas au travail sont ivres morts sur la chaussée.

J'arrive à la frontière entre la première couche et la deuxième couche. Le contraste est si élevé que je me demande comment peuvent-ils laisser des familles dans la boue à quelques mètres de leurs plantations dorées et de leurs maisons neuves. C'est comme ça, on ne changera pas le système. Je m'aventure dans Town Center. Ici, le soleil laisse passer ses rayons et les gens se comportent comme des bourgeois. L'entre-deux, entre pauvres et nobles. Ils méprisent les pauvres alors qu'eux-mêmes ne sont pas riches. Ironie ? N'aimant pas cette ambiance de faux-cul j'ai le choix entre la première et troisième couche. Entre la pauvreté et le luxe, entre la nuit et le jour, entre les bars mal famés et les casinos royaux. J'ai bien envie de me déshydrater du coup je fais demi-tour pour atterrir dans la continuité de Grey Terminal, ce n'est que mon avis.

Devant moi se trouve une petite taverne, quelque chose qui passe inaperçu. Le parfait établissement pour moi, personne ne voudra savoir qui je suis, d'où je viens et pourquoi je suis là. Je m'introduis dans ce bar de la manière la plus discrète possible comme un alcoolique voulant sa chope de la journée. Le bois rustique est si beau, si classe. Il y a là le barman qui m'interpelle, à vrai dire je n'ai pas l'habitude que l'on m'aborde.

Eh m'sieur ! Vous prendrez bien un p'tit verre ?

Je regarde autour de moi, j'analyse, j'examine. Quelques gusses qui chantent une mélodie et d'autres qui boivent à l'unisson. Je m'assoie sur le tabouret de bar tout en regardant ces joyeux lurons.

Du rhum s'il vous plaît.


Le barman me prépare son alcool tandis que l'ambiance arrive à son paroxysme. Les gaillards dansent sur les tables, chantent en chœur et dorment sur le plancher. Soudain j'entends le son du choc de la chope contre le bar, sous la violence du coup une goutte de rhum s'éponge sur ma main. Je regarde le barman et j'ai une envie folle de le marave' mais il faut savoir se contrôler Justino.

Une serviette s'il vous plaît.


Le serveur me regarde avec une tête de "je-m'en-foutiste" et me balance la serviette sur le bar. C'est le mauvais moment pour l'étriper, restons calme, zen, cool. J'attrape le torchon puis je nettoie la goutte de rhum sur ma main et j'en profite pour enlever les quelques copeaux de bois sur mon costard. Le plafond s'effrite de plus en plus, j'ai peur qu'il me tombe sur la gueule, ce serait ballot.

Carré d'as !


J'entends une voix dans l'arrière-boutique de la taverne. C'est sûrement une salle de jeu privée.

Excusez-moi, je peux aller miser un peu ?

Il me rétorque :

Vous avez l'argent ? C'est une salle VIP.

Je sors de mes poches quelques berrys qui devraient suffire à le convaincre. Je les pose sur le bar puis je le regarde dans les yeux le défiant de ne pas vouloir me laisser entrer. Il regarde les berrys d'un air stupéfait.

C'est par là... monsieur.


Merci.


Je lui fais le signe du chapeau bas avant de m'engouffrer dans la petite salle de jeu. A ma grande surprise il reste une place, au moins je n'aurais pas à jarter quelqu'un. Quatre gars : des jumeaux, un homme trapu et un garçon blond. Ce dernier est différent des trois autres, il porte un chapeau haut de forme comportant des cartes de poker. Un excellent joueur en perspective ou un bluffeur en vue de son jeune âge. Il a un cache-œil, c'est sûrement un pirate.

Puis-je me joindre à vous ?


Dernière édition par Justino Bege le Mar 18 Sep 2012 - 1:15, édité 1 fois
    Kaze marchait dans les rues sales et crasseuses d’Edge Town et ce sans savoir où il allait atterrir. Il avait débarqué sur l’île de Goa il y a quelques heures, à la suite de son intervention à bord du bateau du capitaine pirate Aoi. On lui avait expliqué qu’il y aurait un travail pour lui sur cette île. Connaissant la réputation de certains quartiers, il se doutait qu’il allait avoir affaire aux rebus de la société qui se proclamaient révolutionnaires. Après avoir réservé une chambre dans une petite auberge, il avait décidé d’errer ici et là. Il s’était donc retrouvé parmi les plus pauvres de l’île. On pouvait remarquer facilement la différence sociale en empruntant simplement une ruelle.

    Kaze observait les alentours et vit des bâtiments délabrés dans lequel vivaient des enfants et des femmes. Dans la rue, un enfant jouait avec un cafard et une femme qui devait être sa femme offrait du plaisir à ceux qui en demandaient moyennant une certaine somme. Condamné à vivre dans la crasse se garçonnet allait être influencé par de la mauvaise graine et, malheureusement, allait se tourner contre le gouvernement. Il continua à marcher devant lui remuant dans sa tête les derniers évènements. Il fulminait de na pas avoir pu combattre contre ce pirate. Il avait dû se contenter de capturer un malfrat sans importance. Sans se rendre compte, il avait serré les poings blanchissant ses jointures du même coup. Il voulait se battre, tuer, imposer la puissance de la marine ! Perdu dans cette vague de pensés meurtrières, il ne vit pas l’homme gras et soûl qui le percuta. L’homme
    tomba au sol et lui cria :
    « Non mais… faites… attention connard !»

    Kaze tourna la tête et foudroya du regard le soûlon. Celui-ci dut lire la colère dans l’unique œil du marine car, il déglutina de plates excuses et détala avec l’agilité d’un morse. Se rendant compte de son agressivité, il se dit qu’il avait besoin de boire pour se calmer.

    « Un jour, il faudra que je trouve un moyen de me contrôler, pensa-t-il à haute voix. »

    Après quelques minutes, il arriva au pied d’une petite taverne et se laissa tenter par l’envie d’une bonne bière. Il poussa la porte et se dirigea à l’intérieur. Dans la taverne plusieurs hommes étaient assis à une table et venaient de recevoir leu alcool.

    «Plus tard, ceux-là seraient complément souls, dit-il faiblement.»

    Arrivé au comptoir, il commanda au barman une chope de sa meilleure bière. Pendant que le barman lui prépara son alcool il lui demanda :

    « Heum jeune homme j’peux te poser une question ?

    -Allez-y, lui répondit-il en déposant son chapeau sur le comptoir.

    -En voyant comment vous êtes habillé, je suppose que vous devez vous y connaître au poker ?

    - Haha j’adore jouer et surtout si ça me permet de plumer les autres !

    - Parfait, j’organise une partie dans l’arrière-boutique et si vous êtes interresez et que vous avez d’quoi payer j’vous laisse y’aller, lui dit la barman au moment où il lui servait sa chope.»

    Kaze acquiesça de la tête, prit son chapeau et partit vers l’arrière-boutique, son alcool à la main. La salle n’était illuminée que par une seule lampe et elle sentait le renfermé. Le plancher couinait sous le poids de chaque pas et au fond se trouvait une porte menant une ruelle sombre. À l’intérieur se trouve trois personnes, dont deux identiques et un homme assez costaux. Ils avaient déjà entamé la partie mais il s’assit et sortir son argent. De parties en parties, le jeune marine les remporta presque toutes à croire que son paquet de carte lui portait bonheur. Il vida sa chope et s’écria :

    «Carré d’As

    Tout en riant, il ramassa l’argent des pauvres gens qui venaient de perdre encore une fois. C’est alors qu’un homme chauve et élégant pénétra dans la pièce. Il était bien habillé et semblait porter des chaussures luxueuses.
    «Serais-ce un agent du gouvernement ? Un pirate ne serait pas accoutré d’une telle façon

    Kaze fut interrompu dans ses pensées lorsque l’homme dit :

    «- Puis-je me joindre à vous ?

    -Mais avec grand plaisir, lui rétorqua-t-il avec son meilleur sourire



      L’jeune homme à la crinière blonde m’invite à rejoindre la table avec un sourire des plus chaleureux. Je prends place en face de lui puis j’pose ma chope d’alcool ainsi que quelques berrys. Je jette un regard sur la table. Putain ils misent gros ici ! Il y en a qu’un qui sert de banque, le reste est à la déche. La partie va finir assez rapidement. Pour m’assurer qu’elle dure un peu plus longtemps, j’attrape les derniers berrys rescapés au fond de ma poche de costume puis je les lance au milieu de la table. Après ce geste j’attrape ma chope et je m’arrache la gorge avant de commencer à jouer. Tiens, tous les joueurs ont l’air de s’impatienter… J’remarque rapidement qu’c’est à mon tour de mélanger les cartes. C’est vrai il n’y a pas de croupier ! Je choppe le paquet et j’le mélange de façon plutôt classe, deux tas distincts d’un nombre de cartes équivalent que je colle l’un contre l’autre et que j’élève tout en superposant le tas de droite et celui de gauche. Les jumeaux me regardent avec un air abasourdi. Hé ouais ! C’est qui l’papa !

      Et alors les frères vous allez vous enrôler dans la marine comme ça ?! Haha !


      Pas de quoi rire vieux boucher, on veut pas passer nos jours à couper de la viande NOUS ! dirent-ils en chœur.

      On entend toujours les zigotos de la pièce principale chanter comme des casseroles. Quelle ambiance ! Pendant la distribution je remarque que l’garçonnet porte un uniforme rouge plutôt chic, de bon goût. S’il n’a plus de berrys peut-être que j’pourrais lui faire parier son habit qui sait. En tout cas pour l’instant c’est lui l’Eldorado.

      Peut-être que j’passe mes journées à dépecer des animaux mais moi au moins j’ai un taff honnête !


      Parce qu’être marine c’est pas honnête ?!


      Ils ont de la gueule quand même, on pourrait les entendre de l’autre bout de la ville. A parler fort c’est à celui qui aura raison. En revanche le jeune homme à l’air posé, très aware comme dirait Jean Claude Vandale. Fini de distribuer je zieute mes cartes, un valet de cœur et un cinq de pique. Haha ! Jackson Five ! La main qui me porte le plus bonheur, préparez vous à y laisser vos slibards les gars !

      Quand tu vois la misère dans laquelle on vit, c’est pas honnête d’être au service des plus riches !


      Que des conneries ! Encore la thèse de la conspiration ! La marine n’est pas tout le temps à la solde du gouvernement !

      P’tin voilà que ça dérive sur la politique. J’regarde le « boucher » et j’me dis qu’il a de la chance qu’un fanatique du gouvernement ne soit pas là pour l’écouter ; a peine il aurait fini sa phrase qu’il serait déjà exécuté pour appartenance à la révolution. Je vais pas étaler mes opinions ici, j’suis là pour prendre du bon temps mais j’en pense pas moins. Je tape sur la table et j’annonce la couleur.

      Check.

      Le débat est fini, le boucher et les jumeaux campent sur leurs positions tout en faisant des messes basses.

      Check… Check.

      Au tour de m’sieur l’professionnel du poker ! Fais voir ce que t’as dans le ventre avant que les trois joueurs à nos côtés se tapent sur la gueule.
        Kaze écoutait d’une oreille discrète la conversation des trois idiots dont l’opinion divergeait. L’un croyait que le gouvernement était à la solde du gouvernement et les autres vantaient les louanges de la Marine. Heureusement pour le boucher, Kaze ne se souciait que peu de ces propos. L’alcool l’avait décidemment attendri, pour l’instant, et ses supérieurs ne seraient des plus contents s’ils apprenaient qu’il avait massacré un civil. Sa rage meurtrière s’était apaisée et le jeu était nettement plus intéressant, surtout depuis l’arrivée du chauve.
        Kaze avait récolté un magnifique pactole en quelques temps grâce à ces confrères de jeu mais maintenant un nouvel adversaire rentrait en ligne de compte. L’homme ne semblait pas être qu’un simple civil et il décida de lui porter une attention particulière. Il allait devoir mettre à profit sa capacité d’ana lyse qu’il utilisait en jeu pour étudier son adversaire. L’un après l’autre les membres de la table disait Check pour poursuivre la partie y compris l’homme chauve. C’était désormais autour de Kaze de répondre et s’était le moment le moment qu’il attendait.

        « - Check»

        Tout en prononçant ces mots, il regarda l’homme avec un léger sourire en coin. Cela lui plaisait de pouvoir ainsi contrôler le jeu. Il espérait sans doute que Kaze suive pour voir sa réaction et il avait décidé de se prêter au jeu. Après tout le jeu n’était qu’une série de chance et de bluff et il comptait bien l’exploiter. Les trois idiots présents à la table soupirèrent de désespoir car ils étaient convaincus qu’ils allaient se faire plumer une fois encore.

        «- Et c’est r’parti, l’gars va encore nous chopper dl’argent, s’exclama l’un des frères.

        -Ouais j’tiens tout de même à rester habiller, répondit l’autre.

        - Fermez la-vous deux, cracha le boucher. On est ici pour jouer et je suis assez écœurer de vous entendre porter fidélité à sa Glorieuse Marine. »

        Il ne manquait plus que le chauve place les cartes sur la table et le tout serait jouer. Si jamais il remportait la partie face à Kaze celui-ci serait ravi d’aller à l’extérieur pour voir ce qu’il avait dans le ventre. Avec sa paire de deux, il risquait très bien d’y avoir de l’action.
          Le jeune homme ne surenchérit pas et suit comme tout le monde. Certainement emporté par le mouvement de foule ou plus logiquement par un coup en prévision, l’avenir nous le dira. Il me montre ses jolies dents lorsqu’il décide de checker, un sourire de marionnettiste. Mes sens s’affaiblissent et je me sens comme sur un petit nuage. Ma chaise en bois rustique ressemble de plus en plus à un fauteuil en cuir massif. Le style de fauteuil qui te permet d’oublier la solidité du bois, le seul qui laisse un goût amer après plusieurs heures assis.

          Les deux jumeaux sont exaspérés. Ils comptent rentrer à ‘oualp aujourd’hui et expriment leur mécontentement. Quelle bande d’incapables, ‘faut partir optimiste. L’intonation grave du « gros monsieur » laisse place à un climat agressif. Surtout le soupçon de provoc’ à la fin de sa leçon de morale. Avant que ça dégénère, je laisse acheminer la dernière gorgée de rhum au fin fond de ma gorge puis j’attrape le paquet de cartes. Je le mélange d’une façon banale tout en jetant un œil sur les autres joueurs. Les frangins sont sur le point de péter une durite et l’boucher est toujours fier de sa réflexion. Quant à l’homme mystérieux ? Toujours aussi calme, il attend avec patience. Remarque ? Tu peux attendre sans patience ? Non, ma parole j’suis con ! Je prends de deux doigts la première carte, celle qui va à la trappe. Enfin je sors trois cartes du paquet puis je les dispose sur la table.

          A peine les cartes posées qu’les jumeaux sont à cran. Peur de finir en calcif’ ? Peur de rentrer chez maman avec une main devant les couilles ? D’ailleurs, j’suis de plus en plus à l’aise, j’me sens comme chez moi. J’prends une posture plus confortable et j’étends mes jambes sous la table. Sans une ni deux, je touche une autre chaussure. Elément déclencheur. Un des deux frérots se lève et tape sur la pauvre table de jeu. Les berrys jouent avec la gravité et les cartes se dispersent.

          Tu fais quoi avec ton pied là ? Tu cherches la merde vieux connard ! Parce qu’on est jeune c’est ça ?!


          Je suis en plein émerveillement, j’ai l’impression d’être aux premières loges d’une pièce de théâtre. Pour vu que la fin soit meilleure que le scénario. Je regarde l’homme au cache-œil, j’me demande s’il n’est pas mort sur place. L’autre frère reste assis et gueule à son tour.

          Tu crois qu’on ne t’a pas cramé ! Si tu cherches les coups tu va les avoir papy ! Ancêtre ou pas on va te refaire la face !

          C’est la goutte qui fait déborder le vase. Le vieux bonhomme pousse la table d’en dessous et l’envoie valser dans le décor. Les berrys résonnent sur le plancher et les cartes retombent comme des plumes d’oiseaux. La dernière carte qui touche le sol va donner le signal de la baston. Mon attention se porte maintenant sur l’homme qui reste modeste dans cette situation. Je tente de faire abstraction du reste mais même en essayant, j’aperçois une chaise voler de gauche à droite puis deux chaises voltiger de droite à gauche. Un boxon pas possible, je jette mes cartes sur le sol où il y avait la table.

          J Cinq. J’pense que la partie est terminée ? Voudriez-vous boire un verre et laisser ces spécimens s’entretuer pour la survie ?

          Toujours assis en mode relax j’tourne mes yeux vers la scène de bagarre. Quel spectacle ! On dirait un crêpage de chignons. Heureusement que je n’suis pas là dedans, ce serait inefficace contre moi bande de baltringues !