Y s’en est passé des trucs. Taule, puis échafaud, puis re-taule. Normalement à c’te heure-ci j’devrais déjà être en train d’dire bonjour aux anges démoniaques qui rôdent un peu partout en enfer. Mais non, j’ai tiré la carte chance, retour illico à la case départ.
D’abord j’suis seul. J’peux réfléchir du coup. Que vient donc foutre Tahy ici ? Le hasard ? Sans doute. Le destin ? Haha Hortense, faut arrêter d’cultiver ton propre petit jardin. J’ai juste eu un peu d’veine dans c’monde vicié. Enfin j’dis ça j’suis toujours pas sorti d’la taverne. Toujours pas d’armes, personne à l’horizon, un garde un peu mollasson, j’m’attends au pire.
En faisant un rapide topo, j’me dis qu’si j’suis pas mort pendu mon vieux pote doit y être pour quelque chose. Faudra que j’essaye d’le retrouver pour causer un brin du passé.
En rejoignant un peu les bouts j’comprends qu’le capitaine dont parlait Walty... bah c’est Tahar. Mais qu’est-ce qu’y fout chez les écumeurs c’con ? C’était une brave mouette avant. Un peu givré à tendance psychotique c’est vrai. Mais d’là à penser qu’y fait régner la loi sur Grand Line, j’ai presque envie d’me marrer tout seul. Et j’le fais. Willy le garde arrête sa lecture stupide quelques instants pour admirer l’spectacle. Sacré Willy.
Quand Scotty m’avait dit qu’il perdait parfois la tête, j’m’attendais pas à c’qu’y s’l’enlève carrément. C’était pas très joli à voir. Mais ça rajoute d’la sympathie au bonhomme, même si j’sais pas c’que c’est.
« Dis Willy, j’attends quoi là ? »
Que j’demande à mon brave geôlier. Qui m’réponds par une indifférence teintée d’ennui absolument magistrale. Brave Willy.
N’empêche c’est pas qu’j’ai les chocottes mais en y réfléchissant la clique de Joe doit pas être loin. Apparemment les types ont un minimum d’influence ici-bas, et lui a un minimum de rancune envers moi. Ça remonte à quelques années. Les deux tarlouzes, enfin je crois bien vu qu’ils s’lâchaient jamais. De bons chasseurs, rapides, précis, leur seul souci c’était d’avoir un goût douteux pour la grandiloquence et la débauche. De vrais décadents façon Monsieur de Phocas, avec acide, alcool et compagnie. Mis sur l’même coup, m’ont combattu en même temps qu’ma victime, j’ai gagné. Enfin à moitié, j’les ai laissé pour morts avec une belle balle logée dans mon torse au passage. Ben Glen est mort. J’croyais qu’Joe l’avait rejoint. Il m’a rejoint. Merde.
Au bout d’un moment long comme ma b..., j’la refais, y’a des mioches dans la salle.
Au bout d’un moment long comme mon bras, trois comanches viennent m’chercher. Apparemment leur chef voudrait m’voir. Pour m’libérer ou autre j’en sais trop rien. Pour l’coup j’suis content d’me dégourdir les gambettes alors j’me tais et j’reste bien docile. On sort du coin prison pour finalement s’faire tomber dessus par une armée d’moscovites. Pourquoi moscovites ? Ça sonnait pas mal. Et puis z’ont pas d’pitié. Ma triste escorte s’transforme en mexicanos fatigué, façon couché par terre sans bouger. Avec du rouge un peu partout. Les voilà qui m’embarquent jusqu’à un bâtiment voisin. En même temps y’a qu’une grande allée dans c’coin paumé alors faut s’arracher pour trouver un repaire isolé.
On m’assoit sur une chaise, façon « tu vas ramasser c’est qu’le début garçon ». Puis plus un bruit. Juste un cliquetis qui retentit à intervalles réguliers.
CLING...CLING
Le son d’sacrées bottes qui s’rapprochent lentement. Un classique, j’me demande si c’est Johnny Wouaïne qui va débarquer en mâchant sa chique.
CLING...CLING
Le suspens est tellement soutenu que j’ai à peine l’temps d’me faire chier. Je sais et tout l’monde sait qui va s’retrouver en face de moi voyons.
CLING...CLING
Il approche, il est là. Le voici. Devant mes mirettes pas encore nettes, j’vois un grand gaillard qui m’dépasse puis s’retourne pour m’faire face.
« Surprise ! »
Le con. Joe a toujours été un Mariole. Son aspect sévère tranche avec ses manières...maniérées. J’m’attends au grand speech sur sa vie qu’est plus la même depuis la mort de Glen, qu’il va me trucider et blablabola.
« Tu crois que je vais te faire un speech sur ma vie qu’est plus la même depuis la mort de Glen et que je vais te trucider et blablabola hein ? Et ben non. »
Là y m’troue l’cul. Y l’est devenu moins prévisible l’animal.
« Parce que j’ai des ordres garçon. Z est formel là dessus. T’as rien à savoir, t’as juste à croupir en prison. Et pas n’importe laquelle. »
Z ? C’est qui Z ? Me sort les mêmes rengaines qu’les autres. Encore un type acheté par mon paternel ? Ça devient redondant, comment il arrive à m’suivre partout ?
« Mais ce sale gosse m’enlèvera pas ma vengeance et mes projets. Tu vas pas crever de suite Layr, mais dis toi bien que j’laisserai pas Z repartir avec toi héhé. »
Alors ce Z est jeune. Ça doit être lui qui m’suit. Mais pourquoi y s’occupe pas d’moi directement ? Oula, j’ai pas tous les éléments en place là. Y faut qu’je me barre fissa. Fissa papa.
Les cinq mecs derrière moi sont armés. Y m’ont attaché à la chaise avec des liens, faudrait qu’je trouve un objet coupant.
Joe se barre. Il maugrée une dernière fois et va apparemment préparer la phase finale du plan. Il a pas récupéré mes armes, doivent encore être auprès des cadavres.
Deux types restent avec moi. J’repère un vieux fer à cheval rouillé dans un coin. On doit être dans une ancienne écurie. J’me rapproche centimètre par centimètre. La sueur commence à luire sur mon front, elle glisse sur mes bras avant de rejoindre l’sol terreux en une pluie fine.
J’me laisse tomber sans faire trop d’bruit... c’est bon ils sont tout au fond du couloir.
Et je scie tant bien qu’mal. Allez, allez. Les bras sont libres. Les pieds maintenant. Voilà. Pas d’bruit, c’est pas l’moment j’vais pas avoir trente-six chances. J’me lève péniblement. Et j’attrape mon objet pointu qui m’a presque entaillé la chair. Y sont pas loin.
Le premier s’le prend dans l’dos. L’autre tente de m’plomber, j’me protège avec son copain. Droite gauche, désarmé le deuxième, assommé au sol, j’ai eu du bol. Le premier va sans doute choper l’tétanos. J’lui fais une fleur et j’lui évite une semaine d’souffrance. Le premier coup m’avait déjà sans doute fait repérer d’toute façon. Quoique, c’est une habitude ici.
J’cours en direction des macchabés. Pour la première fois j’suis libre sur cette île. Ça va chier sévère.
D’abord j’suis seul. J’peux réfléchir du coup. Que vient donc foutre Tahy ici ? Le hasard ? Sans doute. Le destin ? Haha Hortense, faut arrêter d’cultiver ton propre petit jardin. J’ai juste eu un peu d’veine dans c’monde vicié. Enfin j’dis ça j’suis toujours pas sorti d’la taverne. Toujours pas d’armes, personne à l’horizon, un garde un peu mollasson, j’m’attends au pire.
En faisant un rapide topo, j’me dis qu’si j’suis pas mort pendu mon vieux pote doit y être pour quelque chose. Faudra que j’essaye d’le retrouver pour causer un brin du passé.
En rejoignant un peu les bouts j’comprends qu’le capitaine dont parlait Walty... bah c’est Tahar. Mais qu’est-ce qu’y fout chez les écumeurs c’con ? C’était une brave mouette avant. Un peu givré à tendance psychotique c’est vrai. Mais d’là à penser qu’y fait régner la loi sur Grand Line, j’ai presque envie d’me marrer tout seul. Et j’le fais. Willy le garde arrête sa lecture stupide quelques instants pour admirer l’spectacle. Sacré Willy.
Quand Scotty m’avait dit qu’il perdait parfois la tête, j’m’attendais pas à c’qu’y s’l’enlève carrément. C’était pas très joli à voir. Mais ça rajoute d’la sympathie au bonhomme, même si j’sais pas c’que c’est.
« Dis Willy, j’attends quoi là ? »
Que j’demande à mon brave geôlier. Qui m’réponds par une indifférence teintée d’ennui absolument magistrale. Brave Willy.
N’empêche c’est pas qu’j’ai les chocottes mais en y réfléchissant la clique de Joe doit pas être loin. Apparemment les types ont un minimum d’influence ici-bas, et lui a un minimum de rancune envers moi. Ça remonte à quelques années. Les deux tarlouzes, enfin je crois bien vu qu’ils s’lâchaient jamais. De bons chasseurs, rapides, précis, leur seul souci c’était d’avoir un goût douteux pour la grandiloquence et la débauche. De vrais décadents façon Monsieur de Phocas, avec acide, alcool et compagnie. Mis sur l’même coup, m’ont combattu en même temps qu’ma victime, j’ai gagné. Enfin à moitié, j’les ai laissé pour morts avec une belle balle logée dans mon torse au passage. Ben Glen est mort. J’croyais qu’Joe l’avait rejoint. Il m’a rejoint. Merde.
Au bout d’un moment long comme ma b..., j’la refais, y’a des mioches dans la salle.
Au bout d’un moment long comme mon bras, trois comanches viennent m’chercher. Apparemment leur chef voudrait m’voir. Pour m’libérer ou autre j’en sais trop rien. Pour l’coup j’suis content d’me dégourdir les gambettes alors j’me tais et j’reste bien docile. On sort du coin prison pour finalement s’faire tomber dessus par une armée d’moscovites. Pourquoi moscovites ? Ça sonnait pas mal. Et puis z’ont pas d’pitié. Ma triste escorte s’transforme en mexicanos fatigué, façon couché par terre sans bouger. Avec du rouge un peu partout. Les voilà qui m’embarquent jusqu’à un bâtiment voisin. En même temps y’a qu’une grande allée dans c’coin paumé alors faut s’arracher pour trouver un repaire isolé.
On m’assoit sur une chaise, façon « tu vas ramasser c’est qu’le début garçon ». Puis plus un bruit. Juste un cliquetis qui retentit à intervalles réguliers.
CLING...CLING
Le son d’sacrées bottes qui s’rapprochent lentement. Un classique, j’me demande si c’est Johnny Wouaïne qui va débarquer en mâchant sa chique.
CLING...CLING
Le suspens est tellement soutenu que j’ai à peine l’temps d’me faire chier. Je sais et tout l’monde sait qui va s’retrouver en face de moi voyons.
CLING...CLING
Il approche, il est là. Le voici. Devant mes mirettes pas encore nettes, j’vois un grand gaillard qui m’dépasse puis s’retourne pour m’faire face.
« Surprise ! »
- Spoiler:
Le con. Joe a toujours été un Mariole. Son aspect sévère tranche avec ses manières...maniérées. J’m’attends au grand speech sur sa vie qu’est plus la même depuis la mort de Glen, qu’il va me trucider et blablabola.
« Tu crois que je vais te faire un speech sur ma vie qu’est plus la même depuis la mort de Glen et que je vais te trucider et blablabola hein ? Et ben non. »
Là y m’troue l’cul. Y l’est devenu moins prévisible l’animal.
« Parce que j’ai des ordres garçon. Z est formel là dessus. T’as rien à savoir, t’as juste à croupir en prison. Et pas n’importe laquelle. »
Z ? C’est qui Z ? Me sort les mêmes rengaines qu’les autres. Encore un type acheté par mon paternel ? Ça devient redondant, comment il arrive à m’suivre partout ?
« Mais ce sale gosse m’enlèvera pas ma vengeance et mes projets. Tu vas pas crever de suite Layr, mais dis toi bien que j’laisserai pas Z repartir avec toi héhé. »
Alors ce Z est jeune. Ça doit être lui qui m’suit. Mais pourquoi y s’occupe pas d’moi directement ? Oula, j’ai pas tous les éléments en place là. Y faut qu’je me barre fissa. Fissa papa.
Les cinq mecs derrière moi sont armés. Y m’ont attaché à la chaise avec des liens, faudrait qu’je trouve un objet coupant.
Joe se barre. Il maugrée une dernière fois et va apparemment préparer la phase finale du plan. Il a pas récupéré mes armes, doivent encore être auprès des cadavres.
Deux types restent avec moi. J’repère un vieux fer à cheval rouillé dans un coin. On doit être dans une ancienne écurie. J’me rapproche centimètre par centimètre. La sueur commence à luire sur mon front, elle glisse sur mes bras avant de rejoindre l’sol terreux en une pluie fine.
J’me laisse tomber sans faire trop d’bruit... c’est bon ils sont tout au fond du couloir.
Et je scie tant bien qu’mal. Allez, allez. Les bras sont libres. Les pieds maintenant. Voilà. Pas d’bruit, c’est pas l’moment j’vais pas avoir trente-six chances. J’me lève péniblement. Et j’attrape mon objet pointu qui m’a presque entaillé la chair. Y sont pas loin.
Le premier s’le prend dans l’dos. L’autre tente de m’plomber, j’me protège avec son copain. Droite gauche, désarmé le deuxième, assommé au sol, j’ai eu du bol. Le premier va sans doute choper l’tétanos. J’lui fais une fleur et j’lui évite une semaine d’souffrance. Le premier coup m’avait déjà sans doute fait repérer d’toute façon. Quoique, c’est une habitude ici.
J’cours en direction des macchabés. Pour la première fois j’suis libre sur cette île. Ça va chier sévère.
Dernière édition par Rimbau D. Layr le Sam 27 Oct 2012 - 15:07, édité 1 fois