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De toute façon, j'ai jamais aimé les enfants...

L’île de Shimotuki n’est pas très accueillante envers les étrangers. En fait, on aurait presque l’impression qu’elle fait tout pour les repousser. Tout bien réfléchi, c’est surement le cas. A peine débarqué, Ange en fit les frais.
Le sauvage n’avait pas parcouru une dizaine de pas sur le quai qu’un groupe d’hommes en uniforme aux visages sévères vint à sa rencontre. Sans douceur, étant donné qu’avec sa tête d’hurluberlu il ne ressemblait pas à l’homme tranquille qui cherche à s’établir sur une île calme, ils le questionnèrent sur le motif de sa venue.

- Holà, étranger, peut-on savoir ce que tu comptes faire sur notre île ?
- Eh bien, euh…

Bon, ça commence bien ! Depuis quand surveille-t-on tous les visiteurs qui débarquent sur une île ?
A mon avis, c’est un beau tas d’originaux. A moins que ta tête ne leur inspire pas confiance…
Ah, mais pourquoi donc ?
Je ne suis pas sur que tu gagnes à la savoir !
Hein ? Bon, et je leur dit quoi à ces gusses ?
Sors leur un mensonge vite fait, comme quoi tu es un homme de bonne volonté qui vient ici pour trouver un boulot honnête, et un coin ou s’installer, enfin tu vois le genre !


- Ce que je compte faire ? Ahem, je… je viens pour travailler. Voilà, travailler… dans…au… au dojo, tiens, bonne idée !

Hé ! C’est quoi un "dojo" ?
‘Sais pas, mais c’est écrit sur le panneau indicateur, en face, entre "forge" et "boulangerie".
Si jamais ça veut dire dans leur patois : "sens interdit" tu auras l’air malin…


- Hoho, tu serais donc un épéiste ?
- Hein ? Oui, euh, non,… je suis la pour travailler au dojo comme –hum- balayeur !

Pour montrer sa bonne foi, le sauvage joint à sa déclaration un sourire qui se voulait aimable. Les hommes le regardèrent longuement, comme s’ils cherchaient à savoir si le type en face d’eux était un mauvais menteur assez stupide, ou juste un abruti. Finalement, l’un d’eux répondit :

- Très bien, balayeur, bienvenue sur notre île. Je suis sur que tu trouveras de quoi
exercer tes talents dans un de nos six dojos…
- En revanche, ajouta un autre, tu vas devoir nous laisser les armes qui sont à ta ceinture. Je doute que tu en aies besoin, et ce serait dommage que tu blesses quelqu’un avec sans le vouloir !


Tout en grimaçant, Ange obéit et leur remit son pistolet et ses deux dagues. Puis il prit congé des hommes en marmonnant des remerciements forcés.

***

Tout en parcourant Shimotuki, le cambrioleur répéta un peu partout son histoire de balayeur, histoire de se créer une fausse identité de manière à ne plus passer pour un étranger. Bien que peu de gens parussent convaincus par le personnage, il réussit à glaner quelques renseignements sur la situation de l’île.
Situé en altitude, le village de Kawai paraissait le plus digne d’intérêt… même si avoir donné un nom pareil à leur commune donnait de bonnes raisons de s’inquiéter sur l’état des habitants ! D’après ce qu’Ange avait pu apprendre, sa population était constituée en majeure partie de personnes âgées, ce qui constituait deux avantages : d’une part, ce sont souvent les vieux qui possèdent le plus d’objets précieux, et d’autre part, ce sont eux qui ont la moins bonne capacité à se défendre !

Après avoir fait un rapide tour dans le village, et, sans s’en rendre compte, avoir attiré l’attention de tous les passants à cause de son allure saugrenue, mais aussi à cause de son histoire de balayeur de dojos qu’il répétait à qui voulait l’entendre, le cambrioleur finit par choisir la maison qui allait être sa cible. Au hasard, il faut l’avouer, car il n’avait que l’embarras du choix, mais elle était plutôt grande, proprette, et un peu à l’écart.

De part sa petite expérience en matière de cambriolage, le sauvage savait qu’il avait deux moments pour agir : en milieu de journée, quand les gens sont partis travailler, ou dans la nuit, quand ils dorment. La moyenne d’âge de la population changeait la donne puisque la majorité des retraités restaient généralement chez eux, ou à proximité, et il n’est pas aisé de pénétrer discrètement dans une maison si la vieille voisine peut vous voir depuis son jardin.
Afin d’éviter d’attirer d’avantage l’attention, mais aussi pour ne pas risquer de se faire arrêter pour vagabondage, les gens du coin ayant une tolérance très limitée envers les oisifs, ou de se faire vraiment engager comme balayeur, Ange alla se dissimuler dans un arbre ou il passa l’après-midi à observer sa cible tout en grignotant des pommes. Il resta ainsi jusqu’en début de soirée, ou il fut délogée par le propriétaire de l’arbre, un vieillard agressif qui le fit tomber de sa branche et le somma de déguerpir en le menaçant avec un long bâton.

***

La nuit tombée, il quitta le toit ou il avait élu résidence pour remplacer son arbre. A pas furtifs, il s’approcha de la maison et longea les murs, jusqu’à l’arrière du bâtiment. Au cours de l’après-midi, Ange avait réfléchi : pour ne pas risquer de réveiller les propriétaires et le voisinage, il ne pouvait pas enfoncer la porte. Même si les vieux ont en général le sommeil lourd, il avait aperçu quelques jeunes dans le coin, et même, les veilles voisines ont souvent tendance à se réveiller au mauvais moment…
Restaient les fenêtres, le point faible de beaucoup habitations ; un nouveau problème se posait alors : on lui avait pris ses armes en arrivant, et il ne pourrait pas percer la vitre ou essayer dévisser les montants. Mais il existait bien d’autres méthodes ! Ayant choisi une fenêtre, le cambrioleur utilisa ses ongles, longs comme des griffes, pour gratter le mastic qui soudait le verre au bois. Son travail dura presque une heure et demie, mais la vitre finit par se désolidariser du montant. Le voleur la récupéra avant qu’elle ne tombe, et la déposa précautionneusement sur le sol Puis, il passa sa main dans l’ouverture pour pousser la poignée, et pénétra dans la demeure…
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« Dis dis, t’es au courant ? »
« Hein nan ? Kékiya ? »
« Moi je sais ! Paraît que y a un type louche qui se fait passer pour un balayeur ! »
« Ouais, mais mes parents m’ont dit de pas l’approcher. »
« T’en penses quoi toi Uriko ? »
« Balayeur… C’est un métier ? »

Hormis cela, c’était une journée tout ce qu’il y avait de plus normal a Kawai. Et dans de petits villages comme celui-ci, les rumeurs et potins se dispersaient très rapidement, même chez les enfants ! Mais bien sûr ils en avaient vite fait le tour, continuant leur conversation sur un débat enflammé sur les métiers qui sont ptet pas de vrais métiers… La journée continuait son bon train.
Concernant le cas de notre futur chasseur de primes, celui-ci avait un emploi du temps très rempli aujourd’hui, entraînement au dojo, temps de jeu, allé à la boulangerie aider Mamie Gato, goûter et ensuite aller faire une petite sieste avant de retrouver ses parents… Quel planning !

Et finalement, à l’heure du goûter, notre petit garçon était de retour chez lui, à manger un délicieux crumble fait maison, c’est que sa mère s y connaît en pâtisserie ! Mais qu’importe, alors qu’il dévorait son casse-croûte, ses parents, présent également, étaient eux aussi en train de discuter sur la nouvelle qui circulait dans le village. Le soi disant balayeur inquiétait quelque peu les parents d’Uriko, qui prévoyaient de sortir le soir pour un dîner. Mais avec la présence d’un inconnu bizarre aux alentours, ils ne pouvaient décidément pas le laisser ici seul et sans surveillance.

« Uriko, ça te dit d’aller dormir chez Mamie Gato ? »

Voilà qui était assez anormal… Mais après tout pourquoi pas ? Uriko aime beaucoup Mamie Gato, c’est une vieille dame très gentille et en plus elle est boulangère et elle fait des gâteaux qui sont vraiment troooop bon ! Pensant donc avant tout avec son ventre, l’enfant accepta sans hésitation.
Et une fois le soir venu, le petit garçon fut ainsi déposé chez sa Baby-sitter, et après un bon dîner et une délicieuse tarte aux fraises, c’est heureux et repu que notre garçon partit dormir dans la chambre d’invité. La mamie de même, celle-ci devait sans doute être épuisée également et de plus, elle devrait partir ouvrir la boulangerie le lendemain de bonne heure. Très vite les deux finirent par tomber dans les bras de morphée…
Plus tard dans la nuit… Uriko se leva… Dérangé par quelque chose…

« Hmm… Toilette… »

Un petit tour pour exercer une fonction naturelle et Uriko pouvait de nouveau retourner dodoter… Et en plus les toilettes étaient loin... Passer dans le couloir puis par le salon qui amène sur un autre couloir où se trouve finalement le siège sacré. Et une fois soulagé, le gamin pouvait de nouveau partir dormir. Seul problème, en partant retrouver sa chambre… Il tomba nez à nez avec… Une personne louche… Mais VRAIMENT louche. Le petiot fixa dans un premier temps le monsieur… Vu qu’on est mardi, ça peut pas être un fantôme… Et s'il s'agissait du... Père noël ? Hmm… Mais il se serait trompé de saison ? Et puis soyons logique, il aurait du passé par la cheminée dans ce cas… D'ailleurs... Comment qu'il avait fait pour entrer ? Il était pas là tout à l'heure... Même s'il est vrai qu'il n'avait pas les yeux grands ouvert quand il est passé tout à l'heure. Bon, si ce n’est pas une personne qu’il connaissait, il n y avait plus qu’une seule chose à faire.

« MAMIIIIIIIIIIIIIIIIEEEEE ! Y A UN MONSIEUR QUI FAIT PEUR LAAAAA ! »

Uriko à quand même un minimum d’esprit de survie, même s’il peut agir bizarrement des fois, il sait parfois faire preuve de rationalité. L’enfant se mit ainsi à courir rejoindre la chambre de sa mamie en espérant qu’elle puisse le défendre ou faire quelque chose… Car peut-être ne l’avait-elle pas entendu vu la distance qui séparait sa chambre de la pièce.
Mais pris de panique, et surtout, venant tout juste d’être remis dans un pseudo-état de sommeil, le garçonnet tomba en tentant de sortir de la pièce, à chaque moment critique, forcément, il devait tomber… Ne pouvant plus espérer s’échapper, la seule chose qu’il pouvait faire… C’était crier aussi fort que possible…

« AAAAAaAAaAaHhHhH…Ah….HAaa…AAaaaAAhHh… aAaH… Gnein ? N'ai la voix cassé… »

En tentant de crier de vive voix alors qu’il venait tout juste de se lever… Le gosse avait perdu le contrôle de sa voix… Il aurait peut-être du viser la barre un peu moins haute et tenter de frapper des notes plus basse… Mais sûrement que sa Mamie l’a entendu ! Et pis… Et pis il lui fait pas peur le gros méchant ! Uriko c’est un élève de Maître Chun ! Il sait se battre comme un grand d’abord ! Et… Heureusement qu’il est allé au toilette avant, sinon il l’aurait fait dans son nouveau Pyjama…
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Au début, la visite de la maison s’était déroulée sans accroc : Ange avait mis la main sur plusieurs bibelots qu’il avait fourrés dans sa poche, ainsi que sur un vase ancien dont il pourrait retirer au moins… beaucoup de berrys. Alors qu’il inspectait tranquillement les tiroirs d’une commode, le cambrioleur entendit derrière lui un hurlement qui le fit sursauter. Vite, il se retourna, et ce qu’il trouva devant ses yeux hagards le terrifia : à l’entrée de la pièce se trouvait une petite forme sombre, dont la faible lueur de la lune faisait briller les yeux rouges. Il avait une silhouette fine, et le manque de lumière faisait paraitre noirs ses vêtements… la couleur des êtres démoniaques de la nuit ! La créature ouvrit la bouche, et poussa plusieurs hurlements déchirants ! Ce à quoi Ange répondit par :

- Gyaaah !

Argh ! C…c’est le gobelin-aux-yeux-rouges-de-la-nuit-qui-aspire-la-cervelle-par-le-nez, qui hante les maisons le soir venu, et qui punit ceux qui ne dorment pas !! J’ai toujours cru qu’il ne s’agissait que d’une légende !
Tais-toi ! A vous deux, vous allez réveiller tout le patelin !
Mais, mais… je ne veux pas me faire aspirer la cervelle, moi !
Encore faudrait-il que tu en aies une ! Regardes-le de plus près : ce n’est rien qu’un humain… un petit humain qui crie.
Ah ? Oh, oui.


Passée la première surprise, et en y regardant de plus près, le nouveau venu n’était pas si impressionnant : s’il avait les yeux rouges -bien plus purs que ceux d’Ange, qui eux tiraient sur le rose baveux-, sa tenue de démon noire était en réalité un simple petit pyjama d’enfant, et sa bouille aurait plutôt correspondu aux qualificatifs "mignon" ou "adorable", mais surement pas "terrifiant" ou "goblinoïde" !

Mais…attends… cette taille de nabot, cette petite voix aigüe, ce visage sur lequel on pourrait écrire « choupi »… ça ne serait pas un…enfant ?
Un enfant ? Ça ressemble à ça, un enfant civilisé ?
Ben… j’avoue que je n’ai jamais fait très attention. D’habitude, ça n’est pas très intéressant un enfant, ni très dangereux.


Ange se souvenait vaguement avoir été un enfant, même si à l’époque il ne portait surement pas de pyjama mignon, et que sa tête –qui n’avait rien de choupi- était déjà ornée d’une coiffure que même les plus mauvais esthètes auraient qualifiée d’ignoble. Vaguement rassuré, il fit quelques pas en direction du gamin. Celui-ci tenta de s’échapper, mais dérapa et se vautra par terre. En spécialiste es fuites, le sauvage reconnut un débutant. Le petit se mit alors à hurler de plus belle.

***

A l’étage, ses cachets aidant, Mamie Gato dormait d’un sommeil tranquille quand un bruit strident lui fit ouvrir l’œil. Se redressant dans on lit, elle se frotta les yeux et tendit l’oreille.
Rien. Croyant à un tour de son imagination, la vieille femme était sur le point de sombrer à nouveau dans le sommeil quand la voix suraigüe se fit entendre à nouveau.

Cette fois plus de doute, le petit Uriko appelait à l’aide ! Mamie Gato se leva, enfila ses pantoufles, son épaisse robe de chambre, et alluma une bougie. Son petit protégé avait surement fait un vilain cauchemar, mais il était de son devoir d’aller le consoler ! Sans se presser, la gentille grand-mère se rendit dans la chambre d’amis. Ah, cet Uriko : à treize ans, il était mignon, poli et serviable,… et choupi, mais il fallait avouer qu’il ne faisait pas très mature pour son âge. Bah, c’était mieux que ces jeunes voyous qui passent leur temps à se trainer dans les rues, et qui ne pensent qu’à respirer des saletés et à devenir brigands ou pirates !

Mme Gato perdit un peu de sa sérénité quand elle découvrit que l’enfant n’était plus dans sa chambre.

***

Empêche-le de crier, tu vas te faire repérer !
Oui mais… je fais comment ?
Assomme-le, égorge-le, ou étouffe-le en mettant sa tête dans la poubelle… je n’en sais rien, moi !
Ah non ! On ne doit pas faire de mal aux enfants !
Parce que tu respectes des règles, toi, maintenant ? Eh bien débrouilles-toi, alors.
Je sais ! Je vais lui inventer un bon gros mensonge ! Il va me croire, et retourner sagement se coucher !


Ange esquissa un sourire qui se voulait gentil, mais qui donnait l’impression qu’il s’apprêtait à dévorer l’enfant, s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur, et marmonna d’une voix bourrue, parce qu’il ne savait pas quel ton prendre avec un enfant.

- Bon, euh… chut, écoutes ! Ne crie pas, surtout. Je… tu ne dois pas avoir peur de moi parce que je suis, euh… un… un gentil ! Enfin non, mais tu ne dois pas crier, d’accord ? Je suis… hum…

Ouah… Tu bluffes tellement bien qu’il te fera même un bisou sur la joue avant de retourner au lit. Hum !
Tu crois ? Hahaha, je suis vraiment un bon menteur !!


-Tu… tu connais le gars qui distribue les cadeaux aux enfants sages, dans les îles civilisées ? Tu sais, le gros type habillé en rouge ? Non ? Si ? Eh bien moi, je suis son opposé ! Hum. Au lieu de donner des cadeaux, je reprends des objets aux enfants pas sages !

Après une hésitation, une grimace, et un sourire qui semblait vouloir dire "guahaha, je vais bien me régaler avec toi ! Et tu savais que j’avais des requins parmi mes ancêtres ?", il reprit :

- Tu vois, par exemple, on m’a dit qu’il y avait un gamin pas gentil dans cette maison, et moi, je suis venu pour prendre des objets.

Ange montra le vase qu’il tenait toujours à la main, comme pour montrer sa bonne foi, et poursuivit :

- Comment ? Pourquoi je n’ai pas de barbe ni de bonnet ? Euh…ma barbe, je l’ai rasée, elle me donnait un air trop gentil. Et mon bonnet ? On est en été, il fait bien trop chaud, bêta ! Par contre, elle est classe ma coiffure, hein ... ?

A ce moment, des bruits de pas se firent entendre sur le palier, à l’étage.

- Uriko, mon petit ! Tout va bien ? Ou es-tu ?

Zut zut zut, je fais quoi ? Raaah, quelqu’un arrive ! Je suis mal, je suis mal, je suis mal, je suis mal, je suis mal !!!
Tu n’es vraiment pas capable de te débrouiller tout seul, hein ? Nullos !


Ange étendit sa main, comme pour caresser la tête du petit, mais voyant son geste de recul, il n’alla pas jusqu’au bout du geste.

-Alors… voilà ce que tu vas faire petit…euh… petite fille : tu vas dire à ta –euh- maman, que tout va bien, et que tu es juste parti… boire un verre d’eau, voilà ! Tu lui dis que tout va bien, et qu’elle peut retourner se coucher ! Ok petite ?


Dernière édition par Ange Del Flo le Sam 22 Sep 2012 - 22:27, édité 1 fois
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Mon dieu mon dieu ! Mais cette personne, cette…. Chose était immonde, laide, horriblement moche… Euh nan… C’pas comme ça qu’on lui avait appris les manières c’est vrai… Cette personne est juste une… Déficience esthétique ou encore amputé de beauté. Il faut savoir rester correct dans ses mots après tout. Quoi qu’il en soit, le monsieur qui fait peur était sur le point de manger le petit enfant ! Et par réflexe, Uriko faisait l’autruche en fermant les yeux… Mais rien ne se passa… Il ouvrit un œil, et constata que le cambrioleur ne se montrait pour l’instant pas violent… Mais ce n’est pas pour autant qu’il était rassuré, qui sait quand il pourrait le dévorer…

S’en suivi ainsi une séance de négociation avec le méchant ogre. Il fallait avouer que le voleur avait un langage assez facile à assimiler et surtout, il utilisait des mots étant tout à fait évocateurs pour le petit garçon. Mais pour autant… Fallait avouer qu’il était pas très convaincant… Un enfant mentait mieux que lui ! Et peu importe comment Uriko le regarde, il a une tête pas nette ! Lui un gentil ? Hmm… Certes, sa mère lui disait souvent de ne pas juger une personne par son apparence, mais le gamin ne pouvait pas calmer sa méfiance et sa peur…
Pitié, qu’il arrête de sourire, il lui fait vraiment peur, le pauvre a des frissons lui parcourant tout le corps, n’ayant fait que peu attention aux explications de l’inconnu… Et du peu qu’il en à écouter… Il n y croyait vraiment pas, ce n’était pas logique du tout, Uriko a été sage ces derniers temps ! Il a même eu un cadeau de la part de son Papa ! Voleur ET Menteur ! Cet homme ne lui inspirait aucune confiance. Mais mieux valait jouer le jeu et ne pas le contrarier, qui sait ce qu’il pourrait faire s’il n’est pas content.

« Mais…Mais… Z’avez pas de barbe… Ni de bonnet… »

Le plan avait fonctionné, tant qu’il faisait la conversation, Uriko pouvait espérer un délai et prier pour que quelqu’un ne le sauve… La torture commençait, le vilain voulait désormais forcer un pauvre enfant sans défense à dire un mensonge ! Etait-il même possible de complimenter cette coiffure sans mentir ? Souiller la pureté d’un être encore innocent… Le monde se montrait parfois si cruel…
Forte heureusement, ses prières avaient été exaucées, Mamie Gâto l’avait bel et bien entendu ! Il entendait ses pas se rapprocher de plus en plus ! Soulagé, Uriko faillit baisser sa garde, erreur fatale, la main de l’étranger s’était dangereusement rapprochée de lui, prêt à l’étrangler sur place ! Uriko pencha son corps vers l’arrière par réflexe, en position de défense…
Le geste du monsieur s’était en revanche stoppé… Celui-ci le menaçait… Mais il ne céderait pas, c’est dans ce genre de situation qu’il doit montrer sa bravoure et ne pas se laisser intimider… Et quel courage :

« MAMIIIIIE ! AU SECOUUUUURS ! ON ESSAYE DE M’VIOLEEEER ! AU MEUUURTRE ! »

Il faut sérieusement que le garçon arrête avec ce genre d’appel au secours, les gens pourraient mal interpréter… C’était sans doute pour cela que la mère d’Uriko lui avait appris cette phrase clé pour crier au secours, le genre de choses qui attire immédiatement l’attention des personnes. Vous remarquerez cependant qu'Uriko avait fait bien attention à ne pas monter trop haut dans les notes.
Ce dernier cri avait finalement permis au jeune garçon d’invoquer Mamie Gato qui débarqua dans la pièce en courant, inquiète tout de même par cet appel au secours des plus atypiques… A peine franchi le seuil de la porte, la vieille dame alluma les lumières, dévoilant pleinement Uriko, assis par terre en position de retrait, face à un inconnu, debout devant le petit homme, une main tendue vers lui… Un moment de silence s’installa tandis que la nouvelle arrivante observait et analysait la situation…

Spoiler:

Après ce coup laps de temps, la gente dame souffla légèrement comme soulagée, et aida à relever le petit homme, affichant un doux sourire sur son visage. L’enfant se cacha immédiatement derrière le dos de sa Baby-sitter pensant qu’elle le protégerait.

« Mamiiiie Gatoooo ! Attentioon… C’est un méchant et pis il m’a traité de fille ! Bouhouu…. Chasse-le ! »

Le petit être était maintenant rassuré maintenant qu’il n’était plus seul devant la bête. Il pensait qu’avec son arrivée, il tenterait de s’enfuir immédiatement, peur d’être découvert ! Et pis Mamie Gato c’est une adulte après tout ! Cependant, cette mamie pourtant bien conservée ne le voyait pas de cette façon, elle n’était pas si ordinaire qu’elle le paraissait…

« Voyons Uriko… Ce n’est qu’un voleur ! N’aie pas peur tout va bien ! Bonjour Monsieur le Voleur ! Prenez ce qui vous fait envie, mais j’ai bien peur qu’il n y ait rien de valeur ici… Par contre, je peux vous proposer un bon dessert fait maison qui vous ravira plus que de simples meubles j’en suis sûre. Allons discuter autour d’un bon gâteau et d’une tasse de thé ! Je suis sûre que vous n’êtes pas un si mauvais garçon que vous pensez le faire croire. Et puis si on vous voit sortir la nuit avec autant d’objets, vous pourriez avoir des problèmes. Allons allons.»
« Ma…Mamie Gato ? »

Hélas, Uriko avait oublié un détail important… Mamie Gato fait partie des spécimens rares tout comme lui ! Une véritable personnalité ! Mamie Gato était reconnue pour sa gentillesse sans égale et d’un calme et d’une patience à toute épreuve ! Ce n’était pas pour rien qu’elle était la Baby-sitter attitré d’Uriko après tout. Nombreux ont été les jeunes rebelles et délinquants à avoir changé en gentil garçon après avoir passé du temps en compagnie de la vieille dame. Et sur le cas présent, elle avait compris en voyant le vase que tenait l’inconnu dans son autre bras.

« Allez allez ! Asseyez-vous et faites la paix ! Sinon, si vous faîtes trop de bruit, le voisin d’à côté risque de se réveiller, et c’est un vieil homme qui s’irrite facilement vous savez, il pourrait très bien débarquer ici ! Oh, et puis-je savoir votre nom monsieur le voleur ? »

L’enfant sentait comme il n’avait pas vraiment le choix… Il a du mal à désobéir à sa Mamie préférée… Et puis elle avait dit qu’elle ferait un gâteau… Et dieu sait que l’enfant raffole des pâtisseries de la boulangère… Mais est-ce vraiment bien de laisser le monsieur qui fait peur ici ? Et surtout, le laisser prendre ce qu’il veut ? Même si y a pas grand-chose… L’enfant n’était pas encore très à l’aise… Mais il connaît bien le voisin et il voulait manger un gâteau maintenant qu’il était bien éveillé… Qu’il ne lui gâche pas son plaisir… D’ailleurs celui-ci attrapa son sabre en bois qui était non loin d’ici avant de partir s’installer sur sa chaise... Fixant lourdement l’inconnu de ses grands yeux rouges.

« T’es vraiment un voleur ? C’est quoi ton nom ? »
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Le lamentable mensonge du cambrioleur ne fit que déclencher d’avantages de cris chez l’enfant. C’était terrible, il fallait une force mentale hors du commun pour résister à l’envie de se boucher les oreilles lorsqu’il hurlait. Ange ne possédait pas ladite force. Et pour couronner le tout, le "quelqu’un" qu’il avait entendu à l’étage venait de faire irruption dans la pièce. Le cambrioleur lança un regard terrifié en direction de Mamie Gato, qui le dévisagea avec un regard tellement gentil qu’il eut presque honte de lui. C’était comme si, aux yeux de la vieille femme, il était tout simplement impossible qu’un être humain soit méchant !... Elle lui parlait comme s’il n’était qu’un des enfants du voisinage venu se chamailler avec Uriko. Pour le sauvage, qui avait passé son enfance à se faire dire qu’il serait soit un guerrier, soit le prochain repas des fauves de la jungle, puis, une fois quittée son île, un intrus dans un monde qu’il ne comprenait pas, c’était…déroutant.
Et puis il y avait l’enfant, que la venue de sa baby sitter avait métamorphosé. Hystérique il y a quelques instants, voila qu’il s’était remis tout naturellement, et qu’il avait même engagé la conversation comme si de rien était. Comme si la seule présence de la femme vêtue de rose faisait pencher l’équilibre des forces très largement en sa faveur !

Ce…ce gamin est un génie : il à même réussi à percer à jour mes mensonges !
Hum ! Ce n’était pas bien difficile.
Ou…ou alors il est juste bête, voila ! Hahaha ! Il n’a juste rien compris, et c’est pour ça qu’il à continué à crier ! Ouf, ça me rassure !
Moi, c’est la mamie qui m’inquiète… elle n’a même pas l’air d’avoir peur de moi ! On dirait même qu’elle craint plus son voisin !
Euh… tu crois qu’elle fait vraiment de bons gâteaux ? Parce que je n’ai rien mangé depuis ce matin…
Tu ne va tout de même pas te laisser avoir par son piège ?! Espèce de ventre à pattes !! Mh, dis moi, tu n’as aucun principe t’interdisant de faire du mal aux vieilles ?
Monstre ! Tu voudrais attaquer une femme si gentille?!!


- Un voleur ? Non, je suis mieux : je suis un cambrioleur ! Je m’appelle… euh, on m’appelle… Ange.

Le sauvage ponctua sa déclaration d’une esquisse de sourire qui se voulait gentil, une espèce grimace gênée. Comme hypnotisé par la Grand-mère, mais sans lâcher le vase qu’il tenait toujours et auquel il s’accrochait comme à une bouée, il se laissa conduire par Mamie Gato dans la cuisine, ou elle servit à Uriko et lui une part de gâteau, puis mit de l’eau à chauffer pour le thé.
Quand la vieille femme eut le dos tourné, l’effet hypnotique de son aura de bonté se dissipa légèrement, et le voleur se ressaisit légèrement.

Ça va mal. Parti comme ça, tu vas t‘en retourner les mains vides !
Miam, il à l’air bon ce gâteau !
Bien sûr, elle t’a invité à te servir dans ses biens, mais comme elle te l’a aussi fait remarquer, tu ne pourrais pas quitter l’île avec discrètement…
Mhhh, il est vraiment délicieux !
Tu pourrais peut-être fondre en larmes, dire que tu es un misérable, rendre tout ce que tu as dans les poches, et la supplier de te pardonner et de t’aider à devenir quelqu’un de bien ?...
Oh, il y a même des fraises à l’intérieur !
Non, pas question ! Être honnête, ça ne rapporte pas assez ! Et puis tu ne sais même pas comment faire !
Je crois que je vais en reprendre une deuxième part.
C’est décidé : tu vas montrer patte blanche pour le moment, et essayer de te renseigner sur les bons coups à faire dans le coin. Le petit à l’air bavard, ça ne devrait pas être trop dur de lui faire dire s’il y a des riches dans le patelin.
Il est moelleux à souhait ! Je devais en emporter pour le retour !
Dis…tu m’écoutes ?
Ou alors je pourrais lui demander de m’apprendre à cuisiner… hein, quoi ?

Le faire parler, c’est ça ? Bon, d’accord…


- Ahem, dis-moi, euh… petite… –ah non, c’est vrai, ça n’a pas l’aire de te plaire qu’on t’appelle comme ça-, enfin, mh… grande fille ? Ou… mademoiselle, ça te va ? Tu t’appelles Haricot, c’est bien ça ?

C’est parti… comment est-ce qu’on doit parler avec un enfant, déjà ?
Débrouilles-toi, il fallait être attentif au bon moment ! Maintenant, moi, je m’intéresse au gâteau !
Mais, je…

S’il te plait ?

Bah, je vais lui parler comme je fais d’habitude ! De toute façon, je me sentirais ridicule si je faisais comme les autres adultes, à prendre une petite voix attendrie et à lui parler comme à un petit chaton.


Laissant tomber les faux sourires, Ange avait repris l’air dément et hagard qui caractérisait son expression faciale habituelle.

- Bon, hum… euh… je… ahem… tu…

Pitoyable. Pour commencer, fais-lui la conversation, parle-lui de lui même : on dirait qu’il n’attend que ça ! Et au moins, il ne crie plus !
Ah oui…


- Hé, Haricot, tu…tu cries fort, hein ? C’est toujours comme ça que tu te défends ?
C’est nul.
- Bon, et euh… il est si terrible que ça, le voisin ?
A peine mieux.

A ce moment, mamie Gato s’approcha de la table avec sa théière. Au passage, elle leur lança un regard tellement attendri, à Uriko et lui, qu’Ange se sentit l’être le plus misérable qui soit. A nouveau, le cambrioleur se sentit perdre ses moyens et sa faible volonté, et alors que la baby sitter d’Uriko s’asseyait avec eux à la table il oublia complètement ses plans. Ou tout au moins, il les remit à plus tard, quand il serait à nouveau libre de penser.
Pendant un long moment, il répondit à toutes les questions que lui posaient la dame et le petit garçon. Ne mentant plus, il bégayait beaucoup moins, et paraissait peu à peu plus ai l’aise, tout en détonnant toujours au milieu de la belle cuisine bien propre. Puis après sa troisième tasse de thé et sa cinquième part de gâteau, il se décida.

- Euh… Madame Gato… pourrais-je rester quelques jours chez vous ? Je voudrais faire le ménage, passer le balai, et remettre la fenêtre que j’ai enlevée pour rentrer. Pour… ahem… m’excuser du dérangement.
Non, nooon ! Tu ne peux pas te contenter de ça !
Et pourquoi pas ? Mamie Gato est tellement gentille…
Hors de question de tout perdre à cause de ta bêtise !

- Et…et aussi, Haricot pourrait me faire visiter le village ! Hein Haricot ?!
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Le petit encas de minuit était servi ! Hourra un gâteau aux fraises ! Un de ses préférés, finalement, ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose que le monsieur qui fait peur il soit arrivé… Ah non ! Il ne fallait surtout pas se laisser influencer ! Il s’agissait surement d’une ruse pour le forcer à lui faire baisser sa garde ! Mais… Mamie Gato lui avait dit qu’il n’ y avait pas de quoi avoir peur ni de danger… Et finalement c’vrai que le monsieur voleur il ressemblait pas à un homme effrayant… Il était moche et bizarre c’est tout… Mais c’est un vrai cambrioleur ? Un vrai de vrai ?! Trop cool ! C’est quoi la différence avec un voleur d’ailleurs ? Par contre… Son père lui avait bien dit que les voleurs c’est des méchants non ?

Ce n’est pas parce que c’est un voleur qu’il faut mal le juger ! Cette personne a peut-être un bon fond !
Ah ? J’ai une voix dans ma tête qui que c’est ?
Je suis ta voix intérieure, appelle-moi Angériko.
Z’étiez-où durant les dernières années ?
Présente mais muette, mais j’avais comme l’impression que maintenant était la seule occasion pour moi d’apparaître.
Oooh je vois… Mais Papa il a dit que les voleurs c’est des méchants, mais c’pas bien si j’lui désobéis.
Certes, mais la Maman disait toujours que mieux valait éviter d’écouter le Papa, et c’est elle la preum’s.


Il est vrai que son père était de mauvais conseils quelques fois… Peut-être qu’il n’aurait pas dû le juger aussi vite ? Et puis il a l’air d’aimer le gâteau de Mamie Gato, quelqu’un qui aime les bonnes choses étaient forcément une bonne personne ! Uriko commença aussi lentement à manger son gâteau, fixant d’un œil observateur le criminel… Il aimerait bien lui poser plein de questions ! Un voleur, c’comme un genre de super espion ninja nan ?

Te laisse pas berner ptit gars ! Ce gars-là est 100% méchant, c’est un criminel, c’qu’il fait c’pas bien !
Bah… Z’êtes qui vous ?
Moi c’est Diaboriko, chuis ton aut’ voix intérieure.
C’vrai qu’il est suspect… Mais il a pas été trop méchant j’trouve et pis Mamie Gato elle a dit que c’était bon !
C’est une ruse ptit gars ! Il profite, regarde-le avaler son gâteau ! Il va tout manger et rien te laisser !
Aaah, il va piquer tout le gâteau ! Sale voleur !


Mangeant plus vite que d’habitude, Uriko espérait bien l’empêcher de tout piquer… Mais malgré son adoration pour les sucreries, il n’a pas l’habitude de manger vite… Surtout sans boissons pour mieux faire passer le tout… Et puis Mamie Gato elle va sans doute lui faire un thé au lait trooop bon ! Mais tandis que celle-ci préparait le liquide chaud. Le jeune garçon avait tout le loisir pour faire plus ample connaissance avec le cambrioleur. Il pourrait ainsi se faire une meilleure opinion de l’homme, car jusque-là, l’enfant doutait. Celui-ci fixait de ses grands yeux le voleur, observant ses faits et gestes… Et peut-être en espérant qu’il dise quelque chose…

Là regarde ptit gars ! Il t’insulte de légume et de demoiselle ! C’est un méchant j’te dis !
Oh oui… C’très méchant ça…
Faut l’punir ! On va pas laisser passer cela !
Ouais, d’abord ! Euh… Punir comment ?
T’as qu’à crier, faire du bruit pour faire venir le voisin qui va le chasser ! C’bien ça !
Ah nan, Mamie veut pas que je fasse trop de bruit… Et pis il fait super peur…
Chais pas moi, y a clairement l’air d y avoir écrit « pigeon » sur sa tête, on doit pouvoir en faire quelque chose, le manipuler par exemple.
Ne l’écoute pas Uriko, en tant que gentil garçon, tu ne dois pas profiter des faiblesses mentales des autres pour les manipuler…. Mais tu peux t’en servir pour le transformer en gentil !
Oh oui ! Un héros ça change les méchants en gentil ! J’vais le faire devenir tout gentil !
Ouais ptit gars, c’est l’esprit ! Use de tes charmes pour arriver à tes fins !


Si Mamie Gato avait déjà pu l’adoucir, cela voulait dire qu’Uriko pouvait espérer en faire de même. Après tout, le rôle d’un gentil n’était il pas de convertir les méchants en bonnes personnes ? Hmm… Mais pourra t-il vraiment le supporter ? Son attitude avait irrité le jeune garçon jusque-là, il devait partager le gâteau avec lui et en plus il le traitait de fille et de légume. En plus de cela, il n’avait pas ce côté cool qu’Uriko se faisait des voleurs. Il n’avait rien qui puisse donner l’envie a Uriko de le charmer en bref. Et pourtant, l’enfant n’allait pas abandonner ! C’est comme un Boxer ! C’est un chien très moche, mais si jamais on en côtoie un, bah on commence à s y attacher comme n’importe quel chiens ! Voila une mission digne d’un héros !

Comme c’est un gentil, il peut bien lui laisser une deuxième chance ! Il va détruire le mal et le remplacer par du bien ! La mission était fixée et elle réussirait ! Personne ne pouvait résister à la combinaison de la gentillesse de Mamie Gato et de la choupiniosité du garçon. Etape numéro une, jouer l’enfant timide avec de gros yeux de bébé pour attendrir la bête ! Et pour répondre à toutes les questions que lui posaient le voleur, celui-ci ne fit que répondre d’un timide hochement de tête ! Qu’il succombe devant tant de Moe !

L’arrivée de Mamie Gato autour de la table n’avait fait que renforcer cette influence positive qu’il exerçait sur le cambrioleur, et tous se déroula sans accrocs, la discussion était des plus conviviales et des plus chaleureuses. Evidemment, qui pourrait résister au combo Grand-mère et petit fils ?
Certes, pour le bien être de son plan il avait du laissé Ange manger plus de part de gâteau que lui maiiiis… Ca en valait le coup, ces parts de gâteaux étaient le sacrifice nécessaire pour transformer le criminel en simple civil ! Et facilement, le pigeon était amadoué ! Il voulait déjà s’excuser… Mais Uriko n’allait sûrement pas en rester là… Le gamin était ambitieux. Son plan ? Faire en sorte qu’Ange devienne le domestique définitif de Mamie Gato ! Comme ça, elle pourra avoir plus de temps pour faire des pâtisseries et en faire profiter tout le monde !

« Ho ho, quel gentil garçon, ce sera avec un grand plaisir, comme ça je te ferais d’autres gâteaux aussi ! Et je suis sûre qu’Uriko sera ravie de venir passer un peu de temps avec toi ! »
« Oh oui Mamie ! Phalange et moi on est déjà suuuuper copain ! Demain j’te ferais visiter le village et j’te montrerais toouuus les super coins amusant ! Ah au fait j’ai oublié ! Chuis un garçon d’accord ? J’aurais honte si tu m’dis que chuis une fille devant les autres ! »

Deuxième étape, jouer l’enfant adorable et dynamique avec un grand sourire ! Faire semblant de mimer le frétillement d’impatience. Son frère succombe à ce coup à chaque fois. Et il lui avait même trouvé un surnom provisoire. Mais maintenant il était temps de dodoter… La bonne mamie et Uriko travaillèrent ensemble afin de préparer un bon petit matelas au nouvel invité. Mais était-ce bien prudent de le laisser dormir ici ? Il pourrait profiter de la nuit pour s’enfuir… Hmm… Nan, à chaque problème y a une solution !

« Dis Mamie ! J’peux dormir avec Phalaaange ? »
« Ooh ? Si ça ne le dérange pas pourquoi pas… Mais sois sûr de ne pas trop l’embêter d’accord ? »

Les jeunes, ce qu’ils pouvaient vite s’attacher, à peine rencontré qu’ils sont déjà les meilleurs amis du monde. C’est ce que pensait notre bonne vielle dame bien entendu, Uriko posa son sabre en bois pas trop loin de lui au cas. Forcément, cet acte allait permettre une garde rapprochée ET le charmer avec son regard d’enfant endormi !

Hé ptit gars ! Fais gaffe à toi ! Il aime peut-être les petits enfants !
Bah… Tant mieux nan ?


Quelques minutes plus tard… Le silence était revenu… Et Uriko s’était endormi dans son matelas voisin à celui d’Ange bien rapidement.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Le soleil était levé… Il devait être aux alentours de 7 heures du matin… Mamie Gato était sans doute déjà dans la boulangerie en train de travailler… Et on a notre cambrioleur gentiment endormi à côté de lui… S’est-il levé cette nuit ? Aucune idée… En tout cas, l’opération conversion continuait ! Et quoi de mieux que de commencer par un réveil matinal par l’enfant le plus chou de Shimotsuki ?
Uriko s’approcha lentement… Avant de sauter sur le gros bide du pauvre endormi en criant de sa gentille petite voix :

« COUCOUUUU PHALAAAANGE ! C’EST LE MATIIIIN ! VIEEENS ON VA VISITER LE VILLAGE ET PRENDRE UN PETIT DEJEUNEEEER ! »

Hmm… Ptet qu’il y était allé un peu fort sur l’euphorie… Il doit encore améliorer son jeu d’acteur… Mais qu’importe, avec un réveil énergique rempli de bonnes intentions et son grand sourire d’enfant, aucun moyen qu’il résiste à sa petite bouille. A défaut d’avoir un cerveau, Ange devait sûrement avoir un cœur… Car cette fois-ci, il ne pourrait pas compter sur la présence de Mamie Gato, il ne devait compter que sur le pouvoir Shota.

« Dis dis ! Tu veux aller oùù ? Tu veux faire le ménage chez Mamie d’abord ? On peut aussi aller la voir elle nous fera du pain au chocolat ! Tu veux que j’te présente à mes amis ? Ou que j’te fasse visiter le dojo ? Dis dis ?! »
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Ange eut vraiment honte de lui quand Mamie Gato accepta son offre. Il faillit même refuser, et était sur le point de s’écrier "non, n’acceptez pas ! Je ne suis qu’un sale type, un vaurien ! Je vais vous trahir dès que vous ne serez plus dans les parages !", mais il se retint de justesse. En revanche, il eut intérieurement un sourire de satisfaction lorsqu'Uriko accepta avec enthousiasme –tout du moins en apparence- de lui faire découvrir le village. C’était étonnant comme il pouvait change aussi vite d’avis et de comportement, ce gamin ! Persuadé, donc, que grâce à son talent pour le baratin auquel il était le seul à croire, tout se déroulait pour le mieux, il déchanta lorsque l’enfant demanda –à sa grand-mère, d’ailleurs, l’avis du sauvage n’entrait même pas en ligne de compte- à dormir avec lui.

Hein ? Mais depuis quand les enfants dorment-ils avec les adultes ? Encore une lubie de ces étranges individus que sont les civilisés ?! En dépit de tous tes défauts, quand tu étais petit, au moins tu…
…Alors comme ça c’est un garçon ? Avec ses cheveux longs, son petit pyjama mignon et sa bouille, on aurait vraiment dit une fille…
On sen fiche de ça ! On ne fait pas dormir les enfants avec les adultes ! Et le sens de la hiérarchie, alors ! Tu ne t’es pas embêté à devenir un adulte et un guerrier pour dormir encore avec les petits !
Mh… sauf que techniquement, je ne suis jamais devenu un guerrier.
Tu ne devrais pas en être fier…
N’empêche, tout arrive. Qui aurait cru que c’était en fait un garçon !?


***

Mamie Gato était finalement partie se coucher. Uriko, malgré son enthousiasme et l’état d’excitation dans lequel il se trouvait, n’avait pas tardé à subir les effets de sa mésaventure nocturne, et à sombrer dans le sommeil.

Ange avait d’abord imaginé qu’on l’enverrait dormir dans une vieille grange ou un cabanon de jardin, ce qui aurait été logique plus prudent et sensé de la part de son hôte improvisée. Au lieu de ça il avait eu le droit de profiter du confort du salon ! Sans Uriko, et sans doute sa mauvaise conscience, il aurait presque pu reprendre son travail la ou il l’avait laissé. Mais il faut dire que l’on imaginait mal l’enfant aux allures de petit précieux dormir à la belle étoile, et madame Gato était sans doute trop gentille pour laisser dormir même la pire des crapules dehors ! Allongé sur son matelas voisin à celui de l’enfant, et libéré de l’influence de la brave vieille femme, le sauvage cogitait :

Ce coup la, il faut avouer que tu m’as impressionné. En restant chez Mme Gato, tu auras un parfait alibi auprès des autorités de l’île. Ça te sera utile au moment de t’enfuir. Et en quelques jours, tu trouveras bien le moyen de faire un bon coup avant de mettre les voiles !
Heiiin ? Mais j’étais sérieux, moi, en parlant de rester passer le balai ! Tu…tu es odieux !!
Tais-toi, andouille ! Parmi les vieux du voisinage, il doit y en avoir des plus riches que celle de cette nuit. Tu réussiras bien à faire cracher le morceau au gamin…
C’est une honte ! ALERTE, IL Y A UN VOLEUR ICI ! C’EST QUELQU’UN DE MECHANT !!
Non mais… tais-toi un peu !!!


***

Ça y est, tu es calmé ? Bon, voila ce que tu vas faire. Demain, après avoir travaillé, tu iras demander à Haricot de te faire visiter le patelin.
Aïe…j’étais vraiment forcé de me donner un gros coup de tête contre le plancher pour me faire taire… ?
… En chemin, innocemment, tu lui demanderas de te montrer la plus riche maison du village. Ou alors, de te dire ou se trouvent les objets les plus précieux. Il y a bien… je ne sais pas, moi un vieux qui possède un objet d’art de valeur, ou un coffre plein de billets, ou une arme de valeur !
Mais je…
Tu n’es pas content ?
Euh…
Tu veux te fracasser une seconde fois la tête par terre ?
Non…non… bon, je suis content.


Sur ces réflexions, le voleur s’allongea sur le côté, dos à son voisin, et répéta dans sa tête les phrases qu’il pourrait dire le lendemain tout en massant l’énorme œuf bleuté qui ornait son front à l’endroit ou il avait heurté le plancher.

***

- COUCOUUUU PHALAAAANGE ! C’EST LE MATIIIIN ! VIEEENS ON VA VISITER LE VILLAGE ET PRENDRE UN PETIT DEJEUNEEEER !
- GYAAAAH !! CETTE-FOIS, CE MIOCHE, JE VAIS LE…

CHUT, TAIS-TOI !!
…DECOUPER EN MORCEAUX, ON NE REVEILLE PAS LES GENS COMME CA !!! TU VAS VOIR, JE VAIS REDUIRE TA TÊTE, ET JE…
Mets-la en veilleuse, on ne menace pas les gens dont on veut se faire des alliés.
Mais…mais il m’a sauté sur le ventre, quoi ! J’ai vraiment mal !
Avec le peu de crédit que tu dois avoir auprès de lui, ce n’est pas le moment de tout gâcher. Et de toute façon, ça met plusieurs jours à réduire, une tête, et je doute qu’on te laisse faire. Fais comme si de rien était, parle-lui gentiment, et va visiter le village avec lui. Tu pourrais commencer par le dojo, par exemple, comme ça tu saurais ce que c’est.
Pas envie : il m’a sauté sur le ventre, il m’a fait mal, alors ‘veux pas.
Eh bien moi non plus ! Débrouilles-toi !


Ange resta plusieurs secondes assis sur son matelas, les bras et les jambes croisés, comme s’il boutait. Uriko, parti sur sa lancée, lui annonça ce qui pouvait être le programme de la journée. Ange ne tenait pas vraiment à passer le balai chez la vieille femme. Cela dit, il ne voulait pas non plus cracher sur les pains au chocolat, avant de se mettre au "travail". Et puis il n’allait pas passer sa journée à bouder..

- Va pour les pains au chocolat ! Ensuite, tu me montreras le village ! Et le "dojo".

Il répondit au sourire radieux de l’enfant pas un sourire qu’il espérait joyeux, mais qui lui donnait plutôt l’air de dire "C’est vrai que j’aime les pains au chocolat, mais ce que j’aime encore plus, c’est croquer les petits enfants comme toi !".

- Au fait, c’est qui ce Phalange ? C’est ton chien ?

Tu n’es peut-être pas si loin de la vérité…

***

Le ventre bien repli, Uriko et Ange parcouraient les rues du village. A leur passage, les habitants se retournaient observaient avec curiosité le duo. Certains, en particulier parmi les plus âgés (qui constituaient la majeure partie de la population) s’offusquaient des nouvelles fréquentations d’Uriko, et il était certain que l'évènement serait le thème de toutes les conversations à table, à midi.

Je t’ai laissé manger le pain au chocolat, mais maintenant, tu as intérêt à être productif ! A toi de jouer !
Oui, c’est parti !! Ah, et euh… je suis sensé faire quoi ?
Tu n’es vraiment qu’un bon à rien ! Tu dois te mettre le gamin dans la poche, si ce n’est pas déjà fait, et dresser une liste des endroits à cambrioler.
C’est parti !


- Dis-moi, Haricot, tu me parlais de tes amis… est-ce qu’il y en a un parmi les autres qui est toujours mieux habillé, et dont les parents ont une plus grosse maison que les autres ? Un peu comme le fils du chef de la tribu. Chez moi, il s’appelait Tête-Mal-Coiffée. Je ne le supportais pas : il avait toujours le plus beau pagne que les autres, les plus grandes plumes dans les cheveux, et le meilleur goûter ! Hum, je m’égare… Tu sais, un fils de parents riches que je pourrais cam… que tu pourrais… hum… me présenter ? Après la visite, bien sûr.

***

Ainsi, le dojo, c’était une espèce de grande maison aux formes arrondies, tapissée de matelas, et ou les gens s’amusaient à se taper dessus avec des sabres en bois. Encore une ineptie inventée par les civilisés, sans doute ! Apparemment, le jeune compagnon d’Ange était connu ici : à son arrivée, de nombreuses personnes parmi celles qui étaient là à s’entrainer le saluèrent.

- Ah, j’ai compris ! Le Dojo, c’est une espèce de défouloir ! Quand tu as un compte à régler avec lui, tu l’invites au dojo et vous vous tapez dessus ? Pas bête, je trouve !… Comment ça, c’est n’importe quoi ce que je raconte ?

Un lieu d’entrainement, hein ? Ça tombe bien tu as un compte à régler avec ce bonhomme, pour avoir fait rater ton cambriolage !
Comment ça ? Je ne vais tout de même pas… ?
Non, pas vraiment ! Enfin… juste un peu. Ce n’est qu’un entrainement, donc il n’y a pas de morale qui tienne, et la vieille…
Madame Gato !
…Madame Gato est loin, donc tu vas pouvoir te donner à fond !


- Vrai ? Tu t’entraines ici ? Hum… et ça te dirais de me montrer comment tu combats… ? Tu vas prendre ton sabre en bois –Ah ? Tu dis que ça s’appelle un boken ? Moi, je trouve que ça ressemble à un sabre en bois-, on va m’en prêter un, et on va se faire un…un entrainement. Entre … amis.

Sourire "Je vais de manger tout cru", puis :

- Haha, et si tu gagnes, en plus de passer le balai, je ferai la vaisselle !

La vaisselle ? Mais c’est de la folie, c’est bien trop risqué ! Je n’aime pas du tout combattre en plus : je suis bien plus doué pour fuir ! Et je n’aime pas faire la vaisselle.
Tu ne vas tout de même pas te défiler ?! Ton adversaire est un enfant ! Et si tu perds, tu l’auras bien méritée, ta corvée de vaisselle.
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Il savait bien qu’un bon petit réveil énergique lui ferait plaisir ! Après tout, voir une petite bouille aussi chou que celle d’Uriko dès le matin ne pouvait que faire plaisir ! En plus, le petit homme avait préparé tout le programme dans sa tête afin d’éviter que son invité n’ait à y réfléchir. Si avec tout ça le monsieur n’était toujours pas tombé sous le charme…
Donc après un passage rapide à la boulangerie de Mamie Gato qui semblait ravie de voir que le cambrioleur n’était pas un si mauvais bougre, c’est repu et en pleine forme que le duo de choc allait pouvoir attaquer la journée. En commençant par gambader tranquillement dans le village. Les yeux étaient rivés sur Ange, celui-ci était inconnu de tous et il ne faisait pas vraiment une bonne impression… Et voir le petit Uriko à ses côtés était plutôt inquiétant, qui sait ce que cet étranger pourrait lui faire… Profiter de lui ou pire… il serait peut-être plus judicieux de s’assurer à ce qu’il ne lui arrive rien. Dans un petit village où tout le monde se connaît il est coutume de faire attention à autrui. L’information allait vite passer, hors de question de laisser l’enfant seul, tous les habitants devraient garder un œil sur eux au cas où.

Uriko n’étant bien sûr pas au courant de cela, continuait tranquillement à parler avec ce cambrioleur transformé en gentil. Uriko oubliait par moment son véritable but, chasser le naturel il revient au galop comme on dit. Oubliant bien trop vite qu’il était son ennemi auparavant, il finirait presque par se comporter de manière habituelle avec le cambrioleur… Ce qui n’était pas forcément une bonne chose pour le voleur en question en fait…

« Oooh c’est vraiii ! Tu viens d’ailleurs toi ! Faut que tu me racontes pleiiiiiins d’histoire alors ! Sinon euh… Chuis pas sûr… Toutes les maisons se ressemblent… Mais moi j’ai un meilleur goûter que les autres ! Parce que Papa et Maman ils me donnent toujours des bonbons ! Et pis mon grand-frère il envoie souvent pleiiin d’argent comme il est à la Marine ! Du coup, je peux m’acheter encore pluuuuus de bonbons et de gâteaux ! Ah mais des amis j’peux t’en présenter plein plus tard ! Y a encore pleiiiin de trucs à faire ! »

La famille d’Uriko n’était pas vraiment « riches », mais comparé à la moyenne des habitants d’ici, c’est vrai qu’il ne s’en sortait pas si mal que ça avec ce supplément de revenue. Pour le moment, il ne savait pas où se trouvaient ses amis, donc il ne pouvait pas les lui présenter, alors autant continuer la visite. La prochaine destination était le dojo ! Uriko lui fit ainsi assister à une séance d’entraînement. Saluant au passage les autres disciples. C’est qu’il était bien apprécié ici, en plus d’être un bon élève ! Surtout depuis un évènement il n y a pas trop longtemps avec un autre étranger… Tiens, ptet qu’Ange le connaît si ça se trouve ? Entre étrangers ils peuvent se connaître après tout non ?

D’ailleurs, Ange est vraiiiiment bête, il sait pas beaucoup de choses quand même… Mais pour une fois qu’Uriko pouvait se vanter d’être plus intelligent ! Peut-être qu’il peut rajouter ça à son plan, le guider vers la voie de la sagesse…. Hm…Naaaan. Uriko est peut-être très fort dans plusieurs domaine mais ce n’est pas Dieu non plus il ne faut pas exagérer. Mais la partie devenait de plus en plus interessante ! Un entrainement avec lui ? Hmm… Pourquoi pas ? Uriko pourra se venger de la part de gâteau que ce chippeur lui a piqué hier !

« Ouaiiiis ! Attends ! Vais demander ! »

Quelques minutes plus tard, le temps que la procédure se mette en route, nos deux protagonistes étaient désormais l’un en face de l’autre, armés de sabre en bois. Autour d’eux, les autres élèves du dojo qui assistaient à la scene, plusieurs inconnues venaient affronter les maîtres du dojo et il était vraiment enrichissant de voir le style de combat des étrangers. Cependant ici, le contexte était tout autre… Le message des habitants avaient déjà été transmis aux disciples, ceux-ci n’hésiteraient pas à sauter sur le gros gaillard si jamais il allait trop loin contre le chouchou de l’école !

Vas-y p’tit gars ! Profites-en pour lui faire payer pour tout ce qui s’est passé hier !
Non Uriko ! Tu ne dois pas ! Ceci n’est qu’un entraînement, souviens toi des valeurs du dojo !
C’est pas comme si on allait le tuer ! Juste une petite raclée !
Chuuteuh… J’peux pas me concentrer… Ah… Si z’êtes là, de quel coté je devrais attaquer ?
...
Bon… Plouf plouf alors…


« Bieeeen ! Je suis prêt ! Moi preum’s ! »

Sans crier gare, voilà le petiot qui fonçait à toute allure vers son opposant, celui-ci courait à une vitesse qui aurait pu en surprendre plus d’un, de plus sa posture était parfaitement exécutée comme on le lui avait enseigné… Tout portait à croire qu’Uriko pouvait être un adversaire étonnant… Tout à un détail prêt, l’enfant avait peut-être couru plus vite qu’il ne l’aurait dû… Celui-ci avait perdu l’équilibre et le voilà qui venait de trébucher (Tiens, ça me rappelle quelque chose…), le facteur vitesse en plus, celui-ci tomba tête la première contre le bout du sabre d’Ange, en plein entre les deux yeux… Ouille…
Uriko était déjà mis à terre une blessure au visage… Et bien sûr le choc était plutôt brutal, ce qui avait bien entendu débouché à des pleurs de la part du petit.

« Ugh…. Bobo… Bouhou… Pha…Phalange il m’a… Il m’a… fait mal… ugh… »

Il avait qu’à pas tenir son sabre comme ça à ce moment ! Il aurait pu le lever ou autre chose mais non ! Et tout le monde sait que les enfants aiment qu’il y ait des coupables… Il devait accuser le coup, il lui a fait vraiiiment mal ! Les disciples du dojo ne pouvaient plus assister à ce spectacle désolant ! Oser faire pleurer ainsi un pauvre petit garçon adorable comme tout ! C’en était trop, une dizaine d’élèves se mirent alors à lui sauter dessus, prêt à lui orner la tête de bosses et parsemer son corps de bleues. Agissant comme de véritables fauves.

Certes, l’action n’était pas très louable pour un dojo où normalement les valeurs, la fierté, les combats justes sont à l’honneur… Mais manque de chance pour lui, les élèves présents aujourd’hui n’étaient composés que de jeunes, la génération des jeunes du dojo dont Uriko fait aussi partie par ailleurs. Et comme tous bons adolescents qui se respectent, ils ont un esprit de têtes brulées.

La melee commençait… Mais Uriko était laissé seul dans son coin à pleurer pendant qu’eux s’amusaient… Mais après quelques minutes de combats intensifs et de pleurs incessants, la douleurs étaient moins fortes et Uriko s’était un peu calmé, les yeux larmoyants il regardait le règlement de compte qui se faisait devant lui…

Uriko ! Tu dois régler le malentendu ! Le pauvre homme n’est que la victime ici…
L’écoute pas P’tit gars, fonce dans la baston ! Venge –toi !
Mais non, tu ne peux pas le laisser comme cela ! Aide-le et…

PAN !!!
Voilà ! Plus d’Angériko ! Maintenant p’tit gars, profite de la situation !

Il la voit, la tête bien brillante d’Ange qui dépasse… Elle l’appelle, elle est en train de lui dire : « Viens-là mon grand ! Frappe-moi ! Je t’attends ! », Uriko se lève… Attiré par cet appel, il veux la frapper… Armé de son sabre, celui-ci bondit et vient frapper cette boîte cranienne par derrière ! Ce n’est pas de la lâcheté ! Il avait qu’à faire attention à ses arrières tout simplement ! Et une bosse ! Une ! Devant le bruit de l’impact, tous les élèves s’immobilisèrent… Finissant par des applaudissements.

« Ouaiiiis ! J’ai gagnéééé ! T’as perduuu euuh ! ♪ »

Changement d’attitude, le voilà de nouveau en forme ! Les pleurs d’Uriko ne durent jamais très longtemps. Et cet éloge de la part des disciples le rendaient heureux. A croire que tous ici avaient oubliés les règles du combat. Les jeunes avaient encore beaucoup à apprendre…


Dernière édition par Uriko le Sam 13 Oct 2012 - 17:16, édité 1 fois
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Les deux adversaires de faisaient face, leurs armes de bois à la main. Ange était plutôt habitué aux armes légères, telles que ses dagues, et il ne savait pas trop comment s’y prendre avec le boken. Il essaya d’abord de le tenir comme un gourdin, la partie la plus épaisse vers le haut, mais le fait que ce soit sur cette partie qu’était le manche, il décida que ce n’était pas la bonne méthode. Après réflexion, il décida de le tenir à deux mains, la pointe vers son adversaire, pour profiter de sa bien meilleure allonge. A l’inverse d’Ange, l’enfant avait de l’expérience en matière d’utilisation du sabre : il avait pris une posture de combat des plus harmonieuses, de quoi faire honneur à ses maîtres.
Autour de lui, le cambrioleur vit qu’un cercle de spectateurs s’était formé, et tous montraient clairement qu’ils avaient un large parti pris pour Uriko.

Hum, il ne fera pas bon de s’éterniser ici, une fois que tu l’auras couvert de bleus !
Bah, je n’aurai qu’à dire que je ne l’ai pas fait exprès, et ça passera sans problème !
Crétin, tu crois vraiment qu’ils vont en rester la ? … oh, et puis après tout, on avisera le moment venu.
Et puis je suis sur qu’ils comprendront que c’était pour un entrainement !


Soudainement, toujours avec son enthousiasme habituel, le petit garçon aux yeux rouges se rua sur le sauvage. Celui-ci tint fermement son bâton pointu, prêt à stopper son adversaire lorsque celui-ci passerait à sa portée. Prêt aussi à s’écarter si le combat prenait une tournure trop dangereuse pour lui. Pas question de se faire blesser !
Mais il s’était inquiété pour rien : Uriko buta bêtement sur le tatami, et tomba la tête la première contre la pointe de l’arme du voleur.

Ha ! Il est encore plus nul que toi, en fait !
Hé… mais je suis vraiment fort en fait ! Il est même en train de pleurer.
Oui, il me fait penser à toi quand tu as mal.
Ahem… et maintenant, je peux profiter qu’il est à terre pour le bastonner ?
Oui, bien sûr… oh, mais ils font quoi, ceux-là ?!


Au moment ou se déclenchèrent les pleurs d’Uriko, le cercle des spectateurs se fît plus menaçant : une dizaine de jeunes élèves, tenant bien en évidence leurs bokens, se rapprochèrent de l’homme aux tresses moches. Certains parmi eux se forçaient à afficher un air mécontent, pour se justifier et montrer qu’ils reprochaient à Ange d’avoir blessé leur camarade. D’autres ne se donnaient même pas cette peine, et avaient l’air satisfait de ceux qui vont se payer du bon temps à moindre frais.

***

Paniqué, le sauvage chercha du regard, autour et au dessus de lui, tout ce qui pouvait s’apparenter à une échappatoire. Mais rien, ni de poutre basse à laquelle s’accrocher pour se hisser à l’abri, ni de professeur à appeler à la rescousse. Ni même de gentille grand-mère qui le sauverait comme mamie Gato avait probablement sauvé Uriko. Se voyant acculé, il tenta un sourire mal à l’aise pour essayer de calmer les jeunes. Mais ce fut comme un signal : d’un même élan, tous foncèrent le sabre brandi, et abattirent leur arme sur le voleur.

Ce qui aida Ange à ne pas succomber tout de suite, c’était le fait que les élèves, trop nombreux, se gênaient entre eux. Usant de son boken comme d’une cravache, il fouetta au hasard dans toutes les directions, pour tenter de tenir à distance ses agresseurs. D’un côté comme de l’autre, les coups manquaient d’efficacité, le cambrioleur comme les élèves ne faisaient que s’effleurer, et la seule attaque sérieuse fut un coup d’épée qui, par chance fit saigner du nez l’un des apprentis épéistes.

Tu ne t’en tireras pas comme ça : tu as beau être plus grand et surement plus fort, ils sont plus nombreux et savent se servir de leur arme, eux.
Et… euh… et si je me rendais, maintenant ?
Hors de question : à mon avis, ça ne te sauverai pas ! Tu devrais plutôt essayer de leur faire peur.
Mais c’est moi qui suis terrifié !
Crétin ! Si tu veux avoir la moindre chance, tu dois prendre un air sur de toi. Et avoir un grand sourire cruel, et un rire sinistre. Et faire des moulinets avec ton arme.
Et je peux baver, aussi ?


Contrairement à Uriko, Ange n’avait pas autant de facilités à mettre fin à un débat intérieur. Pendant qu’il perdait son temps à réfléchir, un des jeunes le frappa d’un grand coup à l’épaule. Presque aussitôt, un autre abattit son arme d’entrainement sur son genou.

Aaaaïe ! J’ai maaal !! Je… je suis sûr qu’il m’a au moins déboité l’épaule !
Tsss ! Ce n’est rien, alors fais ce que je te dis !
Et puis l’autre… il m’a au moins brisé le genou ! Aaargh !!
Tu dois rester calme, sinon tu ne t’en sortiras jamais ! Continues de te défendre.
Je souffre trop ! Je ne veux plus me battre !
Stop ! Respire à fond ! Reprends-toi !
Mais j’ai mal ! Aoutch ! Il m’a au moins arraché la colonne vertébrale celui-là, et… ouille ! L’autre, il m’a fendu la tête !
Arrête tes bêtises, ce ne sont que des petits coups de rien du tout. Tiens, celui-là, fiche-lui un coup dans le menton, ça lui passera l’envie de te frapper !
Nooon, j’ai trop mal, je veux arrêter !


Tiraillé entre la panique et la rage, le voleur pourra un cri, puis lâcha son arme et se jeta sur le jeune le plus proche : il l’empoigna à pleine mains et enfonça ses ongles longs dans son kimono ! Un coup de bâton le fit aussitôt lâcher prise. Gémissant, il se retourna vers l’auteur du coup, l’empoigna par le col, et, comme une bête sauvage, lui mordit le nez !
A ce moment, Ange ressentit un violent choc à l’arrière du crâne, et pour lui la bagarre s’arrêta ici.


Au total, sur les dix élèves -sans compter Uriko et sa petite blessure au front-, deux avaient le nez en sang, l’un d’eux –celui qui avait été mordu par le sauvage- aurait droit à quelques points de suture, et presque tous les autres avaient des bleus et des bosses à divers endroits. Mais pour la plupart, c’était parce qu’ils s’étaient blessés entre eux, dans la confusion de la mêlée.

***

Lorsqu’Ange reprit conscience, il n’ouvrit pas tout de suite les yeux. Il espérait en lui-même qu’il s’était écoulé suffisamment de temps depuis son évanouissement pour que la douleur se soit estompée. Ou alors, mieux, que tout cela n’était jamais arrivé, qu’il n’avait jamais mis les pieds sur cette stupide île, qu’il n’avait jamais fait la connaissance d’Haricot, de mamie Gato, et qu’il ne savait toujours pas ce qu’était un dojo.

Première mauvaise nouvelle, déjà, il se rappelait du dojo. Ensuite, peu à peu, une sensation à mi-chemin entre l’engourdissement et l’impression d’avoir été piétiné par un troupeau de vaches se répandit dans tout son corps. Il semblait qu’aucune partie de son corps n’avait été épargnée.
En revanche, il était allongé sur quelque chose de doux et confortable ; probablement un matelas. Sans doute l’avait-on ramené chez mamie Gato pendant son inconscience, et il allait pouvoir profiter de longs moments de repos entrecoupés seulement de pauses gâteau ou pain au chocolat, le temps de se rétablir. Cette idée le réjouit un peu, et le décida à ouvrir les yeux.
Ce qu’il vit les lui fit refermer.

- Hé, il a ouvert les yeux !
- Ouais, j’ai vu.
- On a tous vu.
- Vous voyez, je vous avais dit qu’il n’était pas mort !
-Bah, ça n’aurait pas été une grande perte : pour se faire battre Uriko –même s'il n'est pas mauvais-, en combat singulier, quand on est un adulte, il ne faut pas être très doué !


Raaaah, tu es suis encore dans le dojo …!! Ils t’ont juste laissé sur le tatai…euh…tatatami… roh, zut, le tapis.
J’ai encore maaal ! Je fais quoi ?!
Tu devrais leur demander de te déposer chez madame Gato. Ils te doivent bien ça.


Toujours allongé les bras en croix sur le tatami, Ange rouvrit les yeux pour de bon. Il remua avec peine sa bouche, et marmonna :

- Mhhhmchhmg… ?
- Ah oui, désolé, quand Uriko t’as assommé, on a été obligés de te donner de grands coups dans la mâchoire pour te forcer à relâcher Atsui : tu étais en train de lui arracher le nez !
- Mmmghmf ??
- Hein ? Oh, oui, le prof a dit que ça irait mieux, et que tu pourrais reparler dans quelques jours, t’inquiètes pas ! Bon, je dois rentrer manger maintenant, salut ! A plus les gars !
- Bah, moi aussi : salut !

- Mhfffg ?!

- Hé ! Hé ! Au fait Phalange, tu vas devoir faire la vaisselle maintenant, hein ?!


***

Vu son état, et avec l'accumulation de ses promesses, Ange ne pourra pas quitter tout de suite Shimotsuki. Et puisque de nous jours, on saisit toujours la moindre occasion pour faire acheter plus au pauvre consommateur nous en profiterons pour conclure par: fin de la première partie, la suite de l'histoire dans un prochain épisode !
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