L’île de Shimotuki n’est pas très accueillante envers les étrangers. En fait, on aurait presque l’impression qu’elle fait tout pour les repousser. Tout bien réfléchi, c’est surement le cas. A peine débarqué, Ange en fit les frais.
Le sauvage n’avait pas parcouru une dizaine de pas sur le quai qu’un groupe d’hommes en uniforme aux visages sévères vint à sa rencontre. Sans douceur, étant donné qu’avec sa tête d’hurluberlu il ne ressemblait pas à l’homme tranquille qui cherche à s’établir sur une île calme, ils le questionnèrent sur le motif de sa venue.
- Holà, étranger, peut-on savoir ce que tu comptes faire sur notre île ?
- Eh bien, euh…
Bon, ça commence bien ! Depuis quand surveille-t-on tous les visiteurs qui débarquent sur une île ?
A mon avis, c’est un beau tas d’originaux. A moins que ta tête ne leur inspire pas confiance…
Ah, mais pourquoi donc ?
Je ne suis pas sur que tu gagnes à la savoir !
Hein ? Bon, et je leur dit quoi à ces gusses ?
Sors leur un mensonge vite fait, comme quoi tu es un homme de bonne volonté qui vient ici pour trouver un boulot honnête, et un coin ou s’installer, enfin tu vois le genre !
- Ce que je compte faire ? Ahem, je… je viens pour travailler. Voilà, travailler… dans…au… au dojo, tiens, bonne idée !
Hé ! C’est quoi un "dojo" ?
‘Sais pas, mais c’est écrit sur le panneau indicateur, en face, entre "forge" et "boulangerie".
Si jamais ça veut dire dans leur patois : "sens interdit" tu auras l’air malin…
- Hoho, tu serais donc un épéiste ?
- Hein ? Oui, euh, non,… je suis la pour travailler au dojo comme –hum- balayeur !
Pour montrer sa bonne foi, le sauvage joint à sa déclaration un sourire qui se voulait aimable. Les hommes le regardèrent longuement, comme s’ils cherchaient à savoir si le type en face d’eux était un mauvais menteur assez stupide, ou juste un abruti. Finalement, l’un d’eux répondit :
- Très bien, balayeur, bienvenue sur notre île. Je suis sur que tu trouveras de quoi
exercer tes talents dans un de nos six dojos…
- En revanche, ajouta un autre, tu vas devoir nous laisser les armes qui sont à ta ceinture. Je doute que tu en aies besoin, et ce serait dommage que tu blesses quelqu’un avec sans le vouloir !
Tout en grimaçant, Ange obéit et leur remit son pistolet et ses deux dagues. Puis il prit congé des hommes en marmonnant des remerciements forcés.
Tout en parcourant Shimotuki, le cambrioleur répéta un peu partout son histoire de balayeur, histoire de se créer une fausse identité de manière à ne plus passer pour un étranger. Bien que peu de gens parussent convaincus par le personnage, il réussit à glaner quelques renseignements sur la situation de l’île.
Situé en altitude, le village de Kawai paraissait le plus digne d’intérêt… même si avoir donné un nom pareil à leur commune donnait de bonnes raisons de s’inquiéter sur l’état des habitants ! D’après ce qu’Ange avait pu apprendre, sa population était constituée en majeure partie de personnes âgées, ce qui constituait deux avantages : d’une part, ce sont souvent les vieux qui possèdent le plus d’objets précieux, et d’autre part, ce sont eux qui ont la moins bonne capacité à se défendre !
Après avoir fait un rapide tour dans le village, et, sans s’en rendre compte, avoir attiré l’attention de tous les passants à cause de son allure saugrenue, mais aussi à cause de son histoire de balayeur de dojos qu’il répétait à qui voulait l’entendre, le cambrioleur finit par choisir la maison qui allait être sa cible. Au hasard, il faut l’avouer, car il n’avait que l’embarras du choix, mais elle était plutôt grande, proprette, et un peu à l’écart.
De part sa petite expérience en matière de cambriolage, le sauvage savait qu’il avait deux moments pour agir : en milieu de journée, quand les gens sont partis travailler, ou dans la nuit, quand ils dorment. La moyenne d’âge de la population changeait la donne puisque la majorité des retraités restaient généralement chez eux, ou à proximité, et il n’est pas aisé de pénétrer discrètement dans une maison si la vieille voisine peut vous voir depuis son jardin.
Afin d’éviter d’attirer d’avantage l’attention, mais aussi pour ne pas risquer de se faire arrêter pour vagabondage, les gens du coin ayant une tolérance très limitée envers les oisifs, ou de se faire vraiment engager comme balayeur, Ange alla se dissimuler dans un arbre ou il passa l’après-midi à observer sa cible tout en grignotant des pommes. Il resta ainsi jusqu’en début de soirée, ou il fut délogée par le propriétaire de l’arbre, un vieillard agressif qui le fit tomber de sa branche et le somma de déguerpir en le menaçant avec un long bâton.
La nuit tombée, il quitta le toit ou il avait élu résidence pour remplacer son arbre. A pas furtifs, il s’approcha de la maison et longea les murs, jusqu’à l’arrière du bâtiment. Au cours de l’après-midi, Ange avait réfléchi : pour ne pas risquer de réveiller les propriétaires et le voisinage, il ne pouvait pas enfoncer la porte. Même si les vieux ont en général le sommeil lourd, il avait aperçu quelques jeunes dans le coin, et même, les veilles voisines ont souvent tendance à se réveiller au mauvais moment…
Restaient les fenêtres, le point faible de beaucoup habitations ; un nouveau problème se posait alors : on lui avait pris ses armes en arrivant, et il ne pourrait pas percer la vitre ou essayer dévisser les montants. Mais il existait bien d’autres méthodes ! Ayant choisi une fenêtre, le cambrioleur utilisa ses ongles, longs comme des griffes, pour gratter le mastic qui soudait le verre au bois. Son travail dura presque une heure et demie, mais la vitre finit par se désolidariser du montant. Le voleur la récupéra avant qu’elle ne tombe, et la déposa précautionneusement sur le sol Puis, il passa sa main dans l’ouverture pour pousser la poignée, et pénétra dans la demeure…
Le sauvage n’avait pas parcouru une dizaine de pas sur le quai qu’un groupe d’hommes en uniforme aux visages sévères vint à sa rencontre. Sans douceur, étant donné qu’avec sa tête d’hurluberlu il ne ressemblait pas à l’homme tranquille qui cherche à s’établir sur une île calme, ils le questionnèrent sur le motif de sa venue.
- Holà, étranger, peut-on savoir ce que tu comptes faire sur notre île ?
- Eh bien, euh…
Bon, ça commence bien ! Depuis quand surveille-t-on tous les visiteurs qui débarquent sur une île ?
A mon avis, c’est un beau tas d’originaux. A moins que ta tête ne leur inspire pas confiance…
Ah, mais pourquoi donc ?
Je ne suis pas sur que tu gagnes à la savoir !
Hein ? Bon, et je leur dit quoi à ces gusses ?
Sors leur un mensonge vite fait, comme quoi tu es un homme de bonne volonté qui vient ici pour trouver un boulot honnête, et un coin ou s’installer, enfin tu vois le genre !
- Ce que je compte faire ? Ahem, je… je viens pour travailler. Voilà, travailler… dans…au… au dojo, tiens, bonne idée !
Hé ! C’est quoi un "dojo" ?
‘Sais pas, mais c’est écrit sur le panneau indicateur, en face, entre "forge" et "boulangerie".
Si jamais ça veut dire dans leur patois : "sens interdit" tu auras l’air malin…
- Hoho, tu serais donc un épéiste ?
- Hein ? Oui, euh, non,… je suis la pour travailler au dojo comme –hum- balayeur !
Pour montrer sa bonne foi, le sauvage joint à sa déclaration un sourire qui se voulait aimable. Les hommes le regardèrent longuement, comme s’ils cherchaient à savoir si le type en face d’eux était un mauvais menteur assez stupide, ou juste un abruti. Finalement, l’un d’eux répondit :
- Très bien, balayeur, bienvenue sur notre île. Je suis sur que tu trouveras de quoi
exercer tes talents dans un de nos six dojos…
- En revanche, ajouta un autre, tu vas devoir nous laisser les armes qui sont à ta ceinture. Je doute que tu en aies besoin, et ce serait dommage que tu blesses quelqu’un avec sans le vouloir !
Tout en grimaçant, Ange obéit et leur remit son pistolet et ses deux dagues. Puis il prit congé des hommes en marmonnant des remerciements forcés.
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Tout en parcourant Shimotuki, le cambrioleur répéta un peu partout son histoire de balayeur, histoire de se créer une fausse identité de manière à ne plus passer pour un étranger. Bien que peu de gens parussent convaincus par le personnage, il réussit à glaner quelques renseignements sur la situation de l’île.
Situé en altitude, le village de Kawai paraissait le plus digne d’intérêt… même si avoir donné un nom pareil à leur commune donnait de bonnes raisons de s’inquiéter sur l’état des habitants ! D’après ce qu’Ange avait pu apprendre, sa population était constituée en majeure partie de personnes âgées, ce qui constituait deux avantages : d’une part, ce sont souvent les vieux qui possèdent le plus d’objets précieux, et d’autre part, ce sont eux qui ont la moins bonne capacité à se défendre !
Après avoir fait un rapide tour dans le village, et, sans s’en rendre compte, avoir attiré l’attention de tous les passants à cause de son allure saugrenue, mais aussi à cause de son histoire de balayeur de dojos qu’il répétait à qui voulait l’entendre, le cambrioleur finit par choisir la maison qui allait être sa cible. Au hasard, il faut l’avouer, car il n’avait que l’embarras du choix, mais elle était plutôt grande, proprette, et un peu à l’écart.
De part sa petite expérience en matière de cambriolage, le sauvage savait qu’il avait deux moments pour agir : en milieu de journée, quand les gens sont partis travailler, ou dans la nuit, quand ils dorment. La moyenne d’âge de la population changeait la donne puisque la majorité des retraités restaient généralement chez eux, ou à proximité, et il n’est pas aisé de pénétrer discrètement dans une maison si la vieille voisine peut vous voir depuis son jardin.
Afin d’éviter d’attirer d’avantage l’attention, mais aussi pour ne pas risquer de se faire arrêter pour vagabondage, les gens du coin ayant une tolérance très limitée envers les oisifs, ou de se faire vraiment engager comme balayeur, Ange alla se dissimuler dans un arbre ou il passa l’après-midi à observer sa cible tout en grignotant des pommes. Il resta ainsi jusqu’en début de soirée, ou il fut délogée par le propriétaire de l’arbre, un vieillard agressif qui le fit tomber de sa branche et le somma de déguerpir en le menaçant avec un long bâton.
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La nuit tombée, il quitta le toit ou il avait élu résidence pour remplacer son arbre. A pas furtifs, il s’approcha de la maison et longea les murs, jusqu’à l’arrière du bâtiment. Au cours de l’après-midi, Ange avait réfléchi : pour ne pas risquer de réveiller les propriétaires et le voisinage, il ne pouvait pas enfoncer la porte. Même si les vieux ont en général le sommeil lourd, il avait aperçu quelques jeunes dans le coin, et même, les veilles voisines ont souvent tendance à se réveiller au mauvais moment…
Restaient les fenêtres, le point faible de beaucoup habitations ; un nouveau problème se posait alors : on lui avait pris ses armes en arrivant, et il ne pourrait pas percer la vitre ou essayer dévisser les montants. Mais il existait bien d’autres méthodes ! Ayant choisi une fenêtre, le cambrioleur utilisa ses ongles, longs comme des griffes, pour gratter le mastic qui soudait le verre au bois. Son travail dura presque une heure et demie, mais la vitre finit par se désolidariser du montant. Le voleur la récupéra avant qu’elle ne tombe, et la déposa précautionneusement sur le sol Puis, il passa sa main dans l’ouverture pour pousser la poignée, et pénétra dans la demeure…