-Aller Anko, ne fait pas cette tête, c’est juste l’histoire de deux semaines. Tu devrais plutôt te réjouir, on est sur une nouvelle île. Tu te rends compte : un nouvel endroit à découvrir ! C'est pas super ça?
L’anaconda siffla tout en secouant la tête, pour manifester son mécontentement. Il faut dire qu’en plus d’avoir été réveillée durant sa sieste, un peu plus tôt dans la mâtiné, un drôle de type avait proposé de l’acheter pour préparer une délicieuse soupe de serpent. Pfff, cinglé, va. Je l’avais évidemment envoyé boulé, mais le bonhomme avait un peu effrayé Anko, et elle n’était pas du tout contente de rester sur cette île. Sur quelle île nous nous trouvions d’ailleurs ? Je ne le savais pas, mais ça importait peu : la seule information qu’il fallait vraiment retenir, c’est que j’avais posé le pied sur une nouvelle île.
Haaaa, le bonheur, le début de mon aventure. Quand je pense que c’est grâce à un petit incident que je pu réaliser mon rêve plus tôt que prévu. Alors que j’avais embarqué sur un bateau en direction d’un QG de la marine (il serait temps que je vérifie à quel QG j’allais atterrir d’ailleurs), afin de me faire recruter pour parcourir le monde, un souci technique c’est présenté. Les membres de l’équipage n’ont pas voulu expliquer de quoi il s’agissait, mais de ce que j’avais entendu, il y avait eu une histoire de sabotage. Dans tout les cas, cela a forcé l’embarcation à faire une escale sur l’île la plus proche, le temps de pouvoir reprendre les flots. Et le départ était estimé à dans deux semaines. Ouais, leur petit soucis technique ne me semblait pas si petit que ça en fait, mais passons : je me trouvais sur une nouvelle île, c’est tout ce qui comptait !
Au début, mon désir de découvrir de nouveaux horizons c’étais rapidement manifesté, et je m’étais lancé dans une visite du coin. Mais très vite, la réalité me rattrapa : j’allais rester coincé ici pour deux semaines, et je n’avais pas énormément d’argent. Il me fallait vite trouver un petit job histoire de me remplir les poches, ou sinon j’étais bon pour vivre à la sauvage. Et je n’avais pas quitté le calme de Purgatoris pour ça !
Parcourant les rues et questionnant les habitants, mes recherches d’un boulot temporaire et rapportant gros se révélaient infructueuses. M’enfonçant de plus en plus dans la cité, je fini par atterrir dans les quartiers « chauds » de la ville.
C’était la première fois que je me retrouvais dans un coin comme ça. Avançant tout en regardant de tous les cotés, tel un touriste Alabatien visitant Logue Town, je finis par appercevoir une affiche : « Recherche garde du corps pour escorter une prostituée vers un lieu de travail éloigné. Salaire négociable ». Ha, Dame Fortune avait décidé de me tendre la main aujourd’hui. Embarquant le bout de papier avec moi, je me rendis à l’établissement indiqué dans l’annonce. Bien évidemment, il s’agissait d’une maison close, ou « bordel », comme dame Céline les appelait. Il faut dire que la scientifique possédait un certain franc parlé, et le jour où je lui avais demandé de m’expliquer ce qu’étais une péripatéticienne, elle me répondit de la façon la plus crues et directe qui était possible. Je me sentais un peu gêné de me promener dans un tel endroit, mais j’étais aussi dévoré par ma curiosité et mon désir de nouveauté. L’endroit était plein de belles femmes, évidemment présentes pour attirer les males ayant un sérieux besoin d’affection charnelle, mais heureusement, ma curiosité et mon avis un peu particulier sur la question me permirent de ne pas me laisser distraire… Enfin, par les femmes qui étaient présente je veux dire. Parce que ça mis à part, j’analysais et je détaillais chaque petit détail qui rentrait dans mon champ de vision.
A tourner la tête dans tous les sens en m’exclamant réguilièrement, je finis par attirer l’attention. Après m’être expliqué, on me conduisit auprès d’un homme, assez grand et baraqué, répondant au nom de Glenn. Nous démarrâmes rapidement l’entretien. Après une vingtaine de minutes à discuter, à répondre à des questions, à montrer ce que je valais en temps que combattant, à présenter Anko, et surtout, à se mettre d’accord sur le montant de la paye, nous finîmes par sortir de la pièce et par nous saluer, avant que je ne me dirige vers la sortie. J’avais eu le poste, et j’avais réussi à négocier un salaire largement suffisant pour pouvoir vivre correctement pendant deux semaines.
Pour résumer, la pièce maitresse de cette maison close devait se rendre chez son prochain client pour effectuer son « travail ». Mais la route était longue et pour s’assurer que rien n’arrive à la numéro 1, Glenn, le proprio, avait besoin de quelqu’un pour la surveiller et la protéger en cas de danger. Donc, mon travail consistait à surveiller les miches de la demoiselle. Je n’avais pas l’employeur le plus saint qui soit, mais qu’importe, c’était un boulot pas trop dur et bien payé. Pas trop dur, c’est ce que je me disais à ce moment, mais je me rendis rapidement compte que je m’étais lourdement trompé.
Le lendemain matin, je m’étais rendu sur le lieu de rendez vous. La diligence qui devait servir de moyen de transport était déjà là. Après l’avoir rapidement inspectée (c’était la première fois que j’en voyais une), je déposais Anko (qui était de meilleures humeurs) à l’intérieur, avant de m’intéresser de plus près aux chevaux. C’était de sacrés bêtes, il n’avait pas commandé une diligence de bas étages l’autre Mac. Des voix se rapprochant de plus en plus finirent par attirer mon attention. Regardant dans leur direction, je vis arriver Glenn en compagnie d’une jeune fille, probablement la fameuse pièce maitresse. Je m’apprêtais à aller les saluer quand d’un coup, mon corps s’immobilisa. J’avais vu distinctement le visage de la prostitué, et il me paraissait familier, incroyablement familier. J’eu soudainement la sensation qu’une lance venait de me transpercer le torse.
Jeanne.
C’était Jeanne. Cette fille, c’était Jeanne, mon premier amour. La fille qui était parti pour North Blue pour devenir chasseuse de prime. La femme qui j’avais laissé derrière moi à cause de mon égoïsme. Ce…..C’était impossible. Qu’est ce qu’elle faisait la ? Je me trouvais sur North Blue en fait ? Et pourquoi était elle devenue un prostitué ?! Les théories commençaient à fuser dans ma tête, et je me mis à sentir une douleur dans mon crâne. Qu’est ce qui avait bien pu se passer durant toutes ces années ?!La jeune femme finit par s’approcher de moi, et m’adressa un discours assez particulier. Elle semblait avoir une drôle de vision des hommes. Enfin, vu le métier qu’elle pratiquait, ce n’était pas étonnant… Elle finit par se présenter :
-Pandora Fox, enchantée de rencontrer ! Tu ne devrais pas trop t’inquiéter, je parie avec toi un strip-tease gratos qu’il ne ce passera rien… dans le cas ou je gagne, l’intégralité de l’argent que tu possède me conviendra… AHAHA ! Trop tard je t’ai serré la main !! EN VOITURE ! Glenn, je m’occuperai bien de ton petit client à bientôôôôôôôt !!
La douleur que je ressentais dans le crâne s’estompa rapidement. Ce n’était pas Jeanne. Non, ce n’était vraiment pas elle. A bien regarder, cette jeune femme était plus petite que Jeanne. Sa poitrine aussi était bien plus petite. Je me sentais rassuré. Il ne s’agissait pas d’elle, elle n’avait pas été obligée de s’adonner à de telle pratique…. Ou alors, c’est ce qu’elle essayait de me faire croire ? Qui sait ? C’était peut être vraiment Jeanne ? Elle c’était fait retirer vingt centimètre de genoux et une bonne partie de sa poitrine juste pour ne pas que je la reconnaisse. Ce n’était pas impossible.
Non, non, je ne devais pas me lancer dans des théories foireuses, ça risquait de causer ma perte. Cette jeune femme se nommait Pandora, elle était prostitué, et elle n’avait rien à voir avec mon premier amour, point ! Fermant les yeux en me répétant cette phrase plusieurs fois, je fini par me convaincre moi-même. Ouvrant de nouveau les yeux, je tendis la main à la demoiselle pour me présenter.
-Bonjour, je suis Enzo P. Hisachi, mais vous pouvez m’appeler Enzo ! Je suis chargé de m’arranger pour que rien ne vous arrive durant les prochains jours. J’espère que ça va bien se passer.
Voila, je lui avais fait mon sourire de baratineur, ça devrait passer. Mais, en regardant à nouveau le visage de Pandora, je me mis à ressentir une nouvelle douleur. Enfin, ça ne faisait pas vraiment mal, mais c’était une drôle de sensation. Pour une fois, ma tête n’était pas celle qui souffrait le plus. Non, la, il s’agissait de mon cœur, qui c’était mit à battre plus vite qu’un tortionnaire ayant but du café. Mais bon, mon cerveau ne voulait pas perdre le monopole de la sensation désagréable, et il commença à émettre plein d’idées, d’hypothèse. J’entendais un vrombissement assourdissant, qui se transforma petit à petit en des centaines de murmures. Et à coté de ça, le rythme de mon cœur accélérait de plus en plus. Qui m’arrivait il, je faisais un infarctus ou quoi ?! Oh bon sang, pitié, pas ça, je ne voulais pas mourir maintenant, et pas comme ça.
Me tournant un instant, je fis un effort psychologique surhumain pour reprendre le plus possible mon calme. Ma tête se mit petit à petit à arrêter de me faire mal, le rythme des battements de mon cœur diminuait lentement, et au bout d’un court moment, j’étais revenu à la normal. Kéhahaha, ça c’était du self-control ! De nouveau bien dans ma tête, je me tournais vers Pandora quand, à la vue de son visage, tous mes efforts furent réduits à néant. Ma tête se remit à déverser un flot chaotique de pensées, mon cœur redevint un tambour sur lequel un géant frappait sans relâche. RAAAAH, mais qu’est ce qui m’arrivait bon sang ?!
Malgré cet état second, un hurlement parvint tout de même à atteindre mes oreilles. C’était celui de ma cliente qui venait d’ouvrir la portière de la diligence et qui était tombé sur An. Des fois, j’oubliais que les gens n’avaient pas toujours l’habitude de cohabiter avec les serpents. Tandis que la jeune femme fit un bon en arrière, An, elle, se figea à la vue de son visage. Après l’avoir fixé quelques secondes, elle prit une posture que je ne connaissais que trop bien : celle que tous les serpents adoptent avant de frapper. En revanche, elle affichait une tête que j’avais rarement eu l’occasion de voir. Complètement furieuse, ma petite Anko fulminait, sécrétant une quantité de venin si grande que ce dernier dégoulinait le long de sa bouche. Elle se courba vers l’arrière avant de projeter sa tête en direction de Pandora, dans le but évident de la mordre, et surtout, de s’arranger pour qu’elle y passe.
Je ne compris pas vraiment ce qui se passa à ce moment : mon corps, agissant tout seul, fonça sur Anko avant de la plaquer violemment au sol. Réalisant ce qui venait de se passer, je m’excusais auprès de ma cliente avant d’embarquer An, que je tenais fermement au niveau de la tête, derrière un rocher pour une petite explication.
-An, du calme, du calme bon sang. Mais qu’est ce qui t’arrive.
Le reptile me répondit en sifflant avec fureur.
-Oui, je sais, elle lui ressemble hein ? Mais pourquoi ça te met dans cet état ? Ecoute An, il semblerait que cette malheureuse coïncidence me mette dans un drôle d’état, donc, je vais avoir besoin de toi pour ne pas faire de bêtise. Alors calme-toi. Calme toi j’ai dis !
-Mon ange à écaille se débattait avec une hargne que je ne lui connaissais pas. Agacé par son comportement, je lui collai une claque afin de la faire se ressaisir.
-C’est bon, t’es redescendu sur terre ? Ecoute An, on discutera de ce problème plus tard okay ? La, on a des clients, et on ne doit pas les faire attendre. Donc, jusqu’à nouvelle ordre, tu te comporte correctement, c’est compris ? Si jamais tu essais encore d’attaquer Jean….Enfin, à cette fille, tu vas passer un sale quart d’heure, alors maitrise toi !
Certes, Anko ne parlait pas notre langue, mais elle saisissait au moins els informations importantes. La tenant fermement contre moi, je me redirigeai vers Pandora en tentant d’afficher mon plus beau sourire commercial. Et bon sang, ce que ces battements de cœurs ne m’aidaient pas….
-Hum, désolé du petit contre temps. Ce serpent s’appelle Anko, c’est ma partenaire. Pardonnez lui son comportement de tout à l’heure, mais elle a passé une assez mauvaise journée, et du coup, elle est un peu sur les nerfs. Mais ne vous en faite pas hein, je vous garantis qu’elle ne vous ferra rien ! Hum, donc, on embarque ?
J’espère avoir réussi à la convaincre. On allait devoir passer au moins une semaine ensemble, alors autant éviter de nous prendre le bec dès maintenant. Par contre, je n’arrivais toujours pas à expliquer cette étrange réaction que j’avais. Rah, mon cœur allait de plus en plus vite, et mon crâne me faisait toujours aussi mal. Je devais me maitriser, et rapidement. Retirant mon chapeau, et dévoilant ainsi mes deux cornes pointues, je pénétrai dans la diligence, toujours en tenant fermement Anko. Ce travail venait à peine de commencer et il y avait déjà des problèmes. Plongeant mon visage dans mes mains, je tentais de reprendre mon calme. Mais d’un coup, je réalisai quelque chose : Jea.... la jeune femme avait bien parlé de me faire un strip-tease non ?! Oh bon sang, cette histoire allait vraiment être plus compliquée que ce que je ne le pensais. Dame Fortune, ait pitié de moi…