Un champs d'herbe si long que les deux hommes postés à l’extrémité en voient à peine le bout. Le premier, debout, aussi stoïque qu'une statue et dépassant l'autre de plusieurs tête ne semble qu'attendre le deuxième. Une longue vue aux bras, l'oeil fixé sur la grande bâtisse au milieu des pâtures, le second lance parfois quelques informations. Le cigare fumant au coin des lèvres, le géant note chaque donnée dans sa mémoire le plus scrupuleusement possible. Plus imposant, plus gros, plus laid que l'autre, il suffit d'un simple regard pour se rendre compte de l’étrangeté du premier personnage. Presque un homme sans en être un malgré son magnifique costume et ses airs de businessman. Parfois un individu sort de la maison. Une immense bâtisse blanche surplombant la colline, avec une toute aussi grande piscine. Un gout de richesse au milieu d'un nul part. Lorsqu'ils voient quelqu'un en apparaître, les deux hommes tentent alors de se cacher derrière un arbre, un buisson, le temps que le calme revienne. Tout en continuant à épier de leurs longues vues. Puis ils recommencent ainsi, jusqu'à ce que la nuit vienne.
Et le lendemain, ils reviennent. Inlassablement.
Les jours passent ainsi sans qu'aucune autre pause qu'un minuscule repas, qu'un thé ou qu'un passage rapide dans la forêt avoisinante ne vienne rompre la routine s'installant. A chaque fin de journée, lorsque la lune commence peu à peu à apparaître, le géant à la gueule sale sort un grand carnet de sa poche, y note quelques informations puis renferme le fameux livret dans la poche intérieur de son veston. Le cigare finit de fumer, les étoiles apparaissent et ils partent dormir quelque part. Non loin, dans une auberge pourrie à se cacher des questionnements, à fuir la population pour ne pas se faire remarquer.
Mais un soir, ce qu'ils craignent arrive. Tranquillement installés au fond du salon, à faire chauffer leurs dos humides et à se brûler la gorge avec un thé bouillant, ils voient apparaître une gueule qu'ils ne voulaient pas voir apparaître. L'un des hommes de la villa. Il cogne dans la porte comme un mal propre. Il avance vite, vers les deux hommes. C'est eux qu'il cherchait. Alors le géant renifle bruyamment et pose son thé. Le plus petit perd sa main sous la table, à sa ceinture. Les trois énergumènes s'observent. Sans un mot. En chien de faïence. Puis les premiers mots pètent le silence.
_Vous voulez quoi à nous observer?
Les regards se perdent. Les armes sont prêtes à être sortis.
_Hmm... Je ne vois pas de quoi vous parlez.
_Joue pas au con avec moi. Ca fait deux semaines que vous nous observez.
Le géant avance alors lentement sa main vers son veston. Lentement pour ne pas effrayer l'inconnu qui pointe déjà son arme vers lui. Mais ce n'est que son carnet que le monstre sort. Il feuillette les pages lentement, comme plongé dans la lecture, à la recherche d'une chose. Puis il la trouve. Regarde l'homme, et replonge dans son livre. Il lit sans même relever la tête vers son interlocuteur, s'aidant de son énorme doigt pour relire les lignes.
_Hmm... Johny Trash. 42 ans. Coupe militaire. Toujours paré d'un veston caqui. Barbe grise de trois jours. Très bon tireur. Dangereux, à ne pas défier. Ancien marine gradé qui a pris sa retraite il y a deux ans pour devenir agent de sécurité.
_J'suis censé comprendre quoi? Que vous m'connaissez? Tu cherches quoi le Monstre?
_Hmm... Oui on vous connait Monsieur Trash. Mais laissez moi finir. Le géant rebaisse sa tête pour replonger dans ses lignes. Père de deux enfants. Santi et Coomey. 3 et 5 ans. Troisième porte à gauche après l'escalier. Maison sans surveillance. 3 hommes près à agir. Intervention en moins de cinq minutes possible.
Le géant relève les yeux, plongeant son regard sans sentiment dans celui de son interlocuteur. Celui là même, qui commence peu à peu à trembler de colère, le visage grimaçant mais l'arme toujours aussi droite, stoïque.
_Vous comprenez Monsieur Trash? Vous allez dire à votre patron que l'on était là pour acquérir ses terres et que l'on vérifiait la possibilité financière de notre projet avant de vous faire une offre. Bien sûr ces terres ne sont pas à vendre. Alors la discussion est close et vous pouvez rentrer chez vous.
Le cigare fume. L'horloge fait tic tac. Le journal du vieillard au comptoir se tourne. Et au milieu, le silence fait pleurer les coeurs.
Et le lendemain, ils reviennent. Inlassablement.
Les jours passent ainsi sans qu'aucune autre pause qu'un minuscule repas, qu'un thé ou qu'un passage rapide dans la forêt avoisinante ne vienne rompre la routine s'installant. A chaque fin de journée, lorsque la lune commence peu à peu à apparaître, le géant à la gueule sale sort un grand carnet de sa poche, y note quelques informations puis renferme le fameux livret dans la poche intérieur de son veston. Le cigare finit de fumer, les étoiles apparaissent et ils partent dormir quelque part. Non loin, dans une auberge pourrie à se cacher des questionnements, à fuir la population pour ne pas se faire remarquer.
Mais un soir, ce qu'ils craignent arrive. Tranquillement installés au fond du salon, à faire chauffer leurs dos humides et à se brûler la gorge avec un thé bouillant, ils voient apparaître une gueule qu'ils ne voulaient pas voir apparaître. L'un des hommes de la villa. Il cogne dans la porte comme un mal propre. Il avance vite, vers les deux hommes. C'est eux qu'il cherchait. Alors le géant renifle bruyamment et pose son thé. Le plus petit perd sa main sous la table, à sa ceinture. Les trois énergumènes s'observent. Sans un mot. En chien de faïence. Puis les premiers mots pètent le silence.
_Vous voulez quoi à nous observer?
Les regards se perdent. Les armes sont prêtes à être sortis.
_Hmm... Je ne vois pas de quoi vous parlez.
_Joue pas au con avec moi. Ca fait deux semaines que vous nous observez.
Le géant avance alors lentement sa main vers son veston. Lentement pour ne pas effrayer l'inconnu qui pointe déjà son arme vers lui. Mais ce n'est que son carnet que le monstre sort. Il feuillette les pages lentement, comme plongé dans la lecture, à la recherche d'une chose. Puis il la trouve. Regarde l'homme, et replonge dans son livre. Il lit sans même relever la tête vers son interlocuteur, s'aidant de son énorme doigt pour relire les lignes.
_Hmm... Johny Trash. 42 ans. Coupe militaire. Toujours paré d'un veston caqui. Barbe grise de trois jours. Très bon tireur. Dangereux, à ne pas défier. Ancien marine gradé qui a pris sa retraite il y a deux ans pour devenir agent de sécurité.
_J'suis censé comprendre quoi? Que vous m'connaissez? Tu cherches quoi le Monstre?
_Hmm... Oui on vous connait Monsieur Trash. Mais laissez moi finir. Le géant rebaisse sa tête pour replonger dans ses lignes. Père de deux enfants. Santi et Coomey. 3 et 5 ans. Troisième porte à gauche après l'escalier. Maison sans surveillance. 3 hommes près à agir. Intervention en moins de cinq minutes possible.
Le géant relève les yeux, plongeant son regard sans sentiment dans celui de son interlocuteur. Celui là même, qui commence peu à peu à trembler de colère, le visage grimaçant mais l'arme toujours aussi droite, stoïque.
_Vous comprenez Monsieur Trash? Vous allez dire à votre patron que l'on était là pour acquérir ses terres et que l'on vérifiait la possibilité financière de notre projet avant de vous faire une offre. Bien sûr ces terres ne sont pas à vendre. Alors la discussion est close et vous pouvez rentrer chez vous.
Le cigare fume. L'horloge fait tic tac. Le journal du vieillard au comptoir se tourne. Et au milieu, le silence fait pleurer les coeurs.