Passation de pouvoir...



Sans un mot, j'observe Satoshi disparaître à pas de loup dans le corridor que je lui ai indiqué peu avant. Sans un bruit, je le vois se fondre comme un fantôme dans les ombres de la passerelle Z-98. Quelques secondes plus tard, seuls les marques profondes incruster par nos coups dans l'acier des murs pourront témoigner de notre fugace rencontre. Fugace mais au-combien riche en découverte. A mon plus grand bonheur j'y ai en effet découvert un adversaire de valeur, un rival potentiel, mais surtout un partenaire des plus juteux. Qui sait tout ce que j'arriverai à presser de ce fruit savoureux ?

Mais plutôt que de rêvasser je ferais mieux de me bouger vite fait de là. Si ce gamin se révèle compétent je n'ai pas beaucoup de temps avant que les explosions ne commencent à s'enchaîner. Mais pour cela encore faut-il que je sois à mon poste comme prévu. Sans quoi le sabotage risque de ne pas faire long feu huhuhu.



Mais avant que la situation ne devienne plus chaotique qu'elle ne l'est déjà, il me reste encore une chose à faire. Une chose qui me démange depuis longtemps. Une chose qui obnubile chacune de mes moindres pensée depuis que je suis à bord du Léviathan. Briser cette petite raclure de merd* de Vargas ! Putain vous imaginez ce que c'est que d'être enfermé sur un bateau en présence du plus alcoolique et incompétent des héros de la marine ? Surtout que celui-ci ne se prive pas une seule seconde de vous voler les fruits de la gloire qui vous reviennent ! Le moindre de ses gestes est devenu pour moi une source d'irritation et de fureur, c'est simple, je le hais. Bon d'accord, je hais pas mal de choses me direz-vous... Mais lui... On va dire qu'il a eu la mauvaise idée d'attirer mon animosité une fois de trop. Une erreur qui se paye cher avec moi.

C'est donc l'esprit envahis par une rancune tenace que j'arpente les sombre couloirs du Léviathan, bien décidé à rendre une visite à mon supérieur provisoire. Supérieur ! Rien que ce mot est une injure ! Par tous les enfers, je suis en tout point supérieur à ce déchet d'une ère passée ! Si ce bouffon n'avait pas été un héros dans le temps, nul doute qu'il n'aurait jamais pu avoir la responsabilité du futur navire de l'amiral en chef.
En tout cas il aura joué de ses relations une fois de trop. L'attaque du navire par des pirates sans réputation sonnera le glas de la sienne, j'en fais mon affaire ! Mais comme je ne suis pas le genre de gars à rester les bras croisés sans rien faire, je compte bien porter le dernier coup de hache à ce monument de la marine. Détruire sa réputation ne suffira pas à ma vengeance... Je veux une victoire totale sur lui.

Ce soir sera le soir de sa chute... et de mon ascension !


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Ce qui est bien lorsqu'on est confiné dans un bateau comme un lion dans sa cage, c'est qu'on finit par en connaître les moindres recoins. C'est bien le seul avantage d'ailleurs ! C'est donc tout naturellement que j'arrive en quelques minutes devant la future cabine de l'amiral en chef, que cette tête de nœud de Vargas a impunément pris pour faire ses quartiers. Non pas que je sois jaloux mais.... enfin si merde j'suis jaloux ! Voilà j'lai dis vous êtes contents ?!

Enfin bref... Me voilà donc avalant les couloirs de mes grands pas cadencés, me menant directement à la superbe porte close qui mène à l'antre de mon supèri... de Vargas. Comme je le connais bien. Comme prévu il n'y a pas le moindre garde à l'horizon. Crétin prétentieux, incapable de prévenir le danger qui plane sur lui et le bâtiment dont il a la responsabilité. Comble de la naïveté, un petit panneau en carton est accroché à la poignée de la porte, affichant un pathétique : « Do not disturb please ». Ne pas déranger ? Ce poivrot doit encore être en train de cuvé sa vinasse... Tant mieux.
Tel un cambrioleur je pose doucement la main sur la poignée de laiton que j'abaisse dans un chuchotement feutré. Le porte glisse doucement sur ses gongs tandis que je pénètre dans l'obscurité.



Petit à petit mes yeux s'habituent à la pénombre qui règne ici, tout juste illuminé par une petite veilleuse dont les rayons m'offre une des visions les plus pathétiques de ma carrière. Pourtant croyez-moi, j'en ai vu des trucs pathétiques...
Perdu dans ses ronflements de machine à vapeur, le Capitaine Vargas est une fois de plus affalé sur sa table de travail de tout son long. Le teint rougeaud et la bave aux lèvres, il est plus que probable que mon homme est ivre mort. La demi-douzaine de bouteilles de spiritueux dans lesquelles il est étalé confirme mon hypothèse. Perdu dans les bras de Morphée il ne m'entendra même pas me faufiler à ses côtés.

Glissant tel une ombre parmi les cadavres de bouteilles qui parsèment le sol, je m'avance peu à peu dans sa direction. Chacun de mes pas est lent et calculer. Doucement je repose l'un après l'autre mes lourdes rangers sur les lattes du plancher, étouffant leurs grincements si révélateurs. Mètres après mètres je me rapproche inexorablement de lui. A chaque pas un sourire malsain illumine un peu plus mon visage malveillant. Pour rien au monde je n'échangerai ce genre de sensation. Celle d'un prédateur ayant les sens rivés sur sa proie.

Dire qu'il y a dix ans cet homme était un monument de l'histoire de la marine... Il avait à l'époque arrêter plus de pirate dans East Blue que quiconque. D'une puissance légendaire, il se serait hissé aux plus hauts sommets s'il n'avait pas sombré dans l'alcool et dans l'oisiveté. Quel gâchis ! Voilà ce qu'on advient lorsqu'on a plus d'ambition. De mon côté aucune inquiétude à avoir huhuhu ! J'en ai assez pour dix ! Ce crétin va d'ailleurs m'aider à en assouvir une partie... Ses galons de capitaine m'iront comme un gant huhuhu.



Arrivé dans son dos, je fais lentement glisser ma main dans mon dos, dégrafant délicatement la sangle qui y maintient mon cher poignard. Plus que quelques secondes et le pouvoir changera de main. Pour le meilleur et pour le pire... Enfin, surtout pour moi en fait.

''Mushi Mushi, Patron...Ici Le Commandant Hiro Shima, j'avais intercepter un visiteur, je l'ai laissé s'enfuir après avoir rencontré un cyborg bizarre...Ne vous inquiétez pas, sa tête ne valait rien, j'ai réussi à prendre quelque chose de bien précieux....Un fruit du démon. Je l'ai enfermé dans un endroit sur dont seul moi en a la clé. Je vous l'apporte, j'attends vos instruct* ! »

Putain de bordel de merde ! Foutu asticot ! Il a fallu que ce couillon m'appelle juste maintenant ! Cherchant frénétiquement le bouton d'arrêt de l'escargophone, j'arrive à couper le bruyant appel à la moitié, m'empêchant d'entendre la fin du message. Le problème, c'est que Vargas semble avoir entendu le début lui aussi. Quelle chianli ! Soulevant son énorme tête barbue avec un regard de taupe raide saoule, il scrute l'air avant d'apercevoir ma présence. Merde de merde de merde !



« C'est toi Toji ?... Hips kestufouslà ? Hips ! »


«Tu vas fermer ta grande gueule foutu poivrot ?! Humf !! »


Pas question de faire machine arrière ! D'une puissante pression sur l'arrière du crâne, je lui écrase avec violence la face contre son bureau pour réduire au silence ! De l'autre main je cherche précipitamment le manche de mon couteau de combat. Putain tu vas payer enflure c'est moi qui te le dit. Fini le temps des marines paresseux, l'ère d'une marine puissante et sans pitié arrive !

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Dominant Vargas de toute ma taille, je pèse de tout mon poids sur lui afin de le bloquer sur son bureau. Je dois agir au plus vite, le plus efficacement possible. Plus tôt je l'aurais réduit au silence moins il y aura de risque qu'on me surprenne dans cette situation. Cette fois-ci je ne ferais pas durer plus longtemps mon plaisir, j'ai bien trop à y perdre, ou bien à y gagner selon le point de vue. C'est donc mes doigts palmé profondément enfouis dans l'imposante tignasse blanche de mon supérieur que je m'apprête à mettre fin à sa misérable et si désagréable existence. Dans un geste vif je dégaine mon arme, que je brandis bien haut au-dessus de moi. La faible lueur de la veilleuse scintille un instant sur le fil de la lame, promesse d'une mort brutale.

Mais le destin en a voulu autrement. Au dernier moment ma victime se retourne, s'affalant un peu plus sur l'angle de son bureau. Son regard se porte sur la touche de ses propres cheveux qui sont restés dans ma main, puis sur mon poignard brandis dans sa direction. Derrière son regard d'ivrogne comateux je perçoit une lueur d'intelligence.

« Toji ? Hips ! Sale poiscaille ! J'ai toujours su que t'étais une pourriture. J'aurais jamais dû te prendre à bords ! Bleurps ! »

« T'as deux fois raison vieux débris. Mais il est temps de solder les comptes ! »



Dans un geste rageur j'abats mon poignard directement en direction de son œil gauche ! Mais ce très cher Vargas possède encore des réflexes que j'ignorais. Aussi vif qu'un serpent, sa main gauche se détend à son tour, immobilisant à mi-course mon attaque. Sur mon poignet ses doigts se serrent avec une force étonnante. Le pire c'est que ce crétin n'a agi que par réflexe ! Dans son état il n'est pas capable de la moindre action préméditée ! Penché de tout mon long sur lui, j'essaye de toutes mes forces de rapprocher la redoutable pointe vers son cœur. Secousses après secousses elle y arrive dangereusement.

Obnubilé par cet effort, je ne remarque alors pas le puissant coup de pied qui me percute le ventre, me projetant avec force contre une armoire qui explose sous l'impact. Putain où est ma lame ? Merde là-bas ! J'ai pas le temps d'aller la récupérer là où elle a glissé, je dois le buter avant que quelqu'un n'arrive, alerté par le bruit.

Je me jette donc une nouvelle fois sur lui, profitant que l'homme titube en toussant. Percuté de plein fouet, je le fais passer à travers l'imposant bureau avant de l'encastrer à moitié dans le mur d'en face. Tandis qu'il pousse un grognement de douleur je plonge mes doigts vers sa gorge, bien décidé à lui broyer la trachée. Mes doigts palmés trouvent péniblement le chemin de son cou, gonflé sous l'effort qu'il fait pour leur résister. Mes muscles se bandent alors sous la terrible pression que j'exerce sur lui. S'il n'avait été qu'un misérable humain comme les autres, sa tête aurait déjà jaillit comme un bouchon de champagne ! Mais il est Henry Vargas, le héros de East blue ! Son grade de Capitaine n'a pas été volé... Je le savais fort à une époque, mais je doutais qu'il lui reste autant de ressources depuis ses déboires avec la boisson. Putain ! Où cachait-il toute cette puissance ?! Pour un vieillard il a du répondant !

Comme deux danseurs de tango fous, nous valsons de murs en murs. Moi essayant de lui briser la nuque... Lui essayant de reprendre son souffle... Nous voltigeons tous deux dans notre étreinte mortelle de murs en murs, saccageant un peu plus la cabine à chaque impact.



Dernière édition par Toji Arashibourei le Mer 26 Jan 2011 - 11:39, édité 1 fois
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D'un puissant coup de tête je parviens enfin à l'envoyer au sol, m'entraînant avec lui dans sa chute. Une fois au sol c'est une violente série de coups de genoux qui me permettent de rouler au-dessus de lui. Maintenant il ne me reste plus qu'à serrer fort. Humf !

Vlam ! Un puissant coup de poing m'envoie à moitié voltiger au loin ! Des étoiles pleins la tête j'ai heureusement le réflexe de m'accrocher au col de son uniforme, me maintenant au contact. Affalé à ses côtés, le premier de nous deux qui se relèvera prendra le pas dans ce combat furieux. Hélas, c'est ce poivrot qui arrive à se jeter sur moi le premier, me surplombant à son tour de toute sa taille. Merde, il est vraiment imposant quand on y réfléchit... Ses deux mains velues plonge sur moi, me compressant le crâne comme un étau. Putain quelle force ! Si je n'étais pas un homme poisson ma cervelle aurait déjà tapissé les murs depuis longtemps ! Mes mains tâtonnent autour de moi à la recherche d'un quelconque moyen de reprendre l'ascendant...



Réveillé par l'adrénaline qui lui bat les tempes, Vargas semble être en parti sorti de la léthargie où l'alcool l'avait plongé. Dans ses yeux je ne vois que la haine d'une personne qui vient d'être trahis par un des siens. Nul doute qu'il n'attendra pas une cour martiale pour se faire justice !

« Toji ! Sale crevure ! J'vais débarrasser le monde de ta présence nauséabonde. La marine n'a pas besoin de quelqu'un comme toi. La justice n'a pas beso*...! »

Les derniers mots de sa déclaration meurent dans sa gorge dans le silence le plus totale. Totalement immobile, Vargas balaye frénétiquement du regard autour de lui. Finalement ses yeux se pose sur le coup papier que je viens profondément d'enfoncer dans sa gorge. Du sang plein la bouche, il n'arrive alors plus qu'à bredouiller d'incompréhensibles gargouillements. Inexorablement ses forces le lâchent, me permettant ainsi d'échapper à son étreinte mortelle. C'est donc la victoire aux lèvres que je lui lance une ultime tirade avant de tourner la fine lame d'un coup sec.

« Y'en à qui causent... D'autres qui agissent ducon ! »


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Irrémédiablement j'arrive à reprendre le dessus sur cet homme qui se meurt au-dessus de moi, parvenant rapidement à le faire glisser sous moi. Une fois de plus les positions sont donc inversées. A cheval sur lui je finis par un tour de poignet de crever les carotides qui ont de plus en plus de mal à irriguer son cerveau. L'homme est condamné et il n'a même plus les forces de lutter. Dans son regard apeuré je lis ainsi toute la détresse d'une victime à l'agonie. Peuh ! Ce n'est pas pour autant que j'vais m'apitoyer sur son sort, bien au contraire ! C'est un véritable délice de voir cette raclure crever la bouche ouverte et du sang plein la gueule. J'le regretterai pas en tout cas.



Par contre il va falloir que je fasse vite, notre boucan a du être entendu de loin. Ce n'est qu'une question de seconde avant qu'une patrouille ne rapplique ici. J'ai donc tout juste le temps de mettre mon plan à exécution.

D'une poussée je laisse Vargas seul avec son agonie, me dépêchant de ramasser mon poignard et d'enlever les échardes du bois de mon uniforme. Une fois assuré qu'aucune trace de lutte ne soit visible sur moi, je me précipite sur un hublot que j'ouvre en grand. Un éclair et une puissante bourrasque de vent me gifle le visage, m'apportant une rafraichissante odeur marine.
A peine ai-je fini ma mise en scène qu'une cavalcade de pas me parvient des couloirs. Putain c'était juste. Plutôt que d'attendre que les soldats entrent d'eux-même il est préférable que je les appelle moi-même, je paraitrai ainsi moins suspect. J'hurle donc à plein poumons à l'intention de la patrouille qui approche.

« Alerte ! Aleeeeeerte ! »


L'instant d'après deux soldats pénètrent précipitamment dans la pièce, l'arme au poing. D'une poussée sur l'interrupteur ils éclairent une scène qui les laisse muets de stupeur. Le capitaine Vargas baignant dans son sang, et moi à genoux à ses côtés en train d'essayer de mon mieux d'arrêter l'hémorragie.

« Soldats ! Appelez-moi un docteur, vite ! Le capitaine Vargas vient d'être assassiné par un pirate du nom de Satoshi ! Je l'ai vu prendre la fuite par le hublots vers les niveaux supérieurs. Alors envoyez-moi ce foutu doc' avant de lancer l'alarme et de me chopper ce putain de pirate ! Executions ! »



Sous ma voix autoritaire les deux soldats se mettent au garde-à-vous dans un claquement de talon avant qu'un d'entre-eux ne se précipite dehors pour mettre à exécution mes ordres. L'autre se penche vers moi, visiblement choqué par le meurtre qu'il a sous les yeux. De là où il est, il ne peut heureusement pas voir qu'en réalité je continue à étrangler discrètement Vargas plutôt que d'essayer de le soigner. Le pauvre huhuhu ses secours sont à moins de deux mètres de lui, mais cela ne le sauvera pas pour autant.

Une fois assuré que son dernier souffle de vie l'a quitté, je me redresse lentement en m'essayant le sang que j'ai sur les mains.

« Maudits pirates... égorgé dans son sommeil... Mais il a tout de même dû lutter comme un enragé, il suffit de voir les dégâts autour de nous pour voir que le capitaine a lutté comme un vrai marine jusqu'au bout. Un vrai héros que cet homme là... Sergent ? »

«Euh.. Oui mon colonel ? »

« Trouvez-moi cette raclure de Satoshi. Ce crime ne doit en aucun cas rester impuni. Fouillez ciel et mer pour débusquer le moindre de ses complices afin de l'empêcher de causer plus de dégât. Quelque chose me dit qu'ils ne vont pas se contenter de ça... »

« Bien mon colonel ! »

« Une dernière chose sergent. A partir de maintenant je prends le commencement du Léviathan.
Tenez-moi au courant de la situation à bord. Compris ?»



Laissant là la dépouille de mon ancien rival ainsi que le pauvre sergent dépassé par les événements, je repars dans les coursives afin de poursuivre la bande de pirates qui sévissent à bord. Officiellement je pars venger un confrère respecté... Officieusement je pars aider mon nouveau partenaire à faire exploser ce foutu rafiot ! Car la phase trois de mon plan peut maintenant être lancée. La phase finale qui clôturera mes aventures à East Blue.

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