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Die Hard 2 - Cinquante-huit heures pour partir en vrille [FB 1612]

Cinquante-huit heures, ouais.

C’est le temps qu’il aura fallu pour que l’odeur de roussi commence à monter.

D’abord, il y a eu le signe. L’heure moins deux. Le barreur a commencé à rendre ses tripes peu avant les dernières formalités d’embarquement. Un gars inconnu mais refilé par qui de droit pour une mission qui en fait ne dépend au final absolument pas de lui et sur laquelle il n’a, et c’est assez désagréable, aucune espèce de contrôle. Lui, Tahar le sauveur de South Blue. Mais il n’y a pas qu’un seul barreur au royaume de Bliss, alors on a continué.

Ensuite, à l’heure zéro, quand le signal du départ a été donné, un marin a manqué se tuer en glissant sur un cordage un peu trop visqueux des algues qui y avaient élu domicile et construit une pouponnière. Même son bateau à lui, le Tambour, on ne le lui a pas laissé prendre, et en compensation on lui a refilé un matériel tout crade. Mais le marin n’est pas mort alors on a continué.

Ensuite, à l’heure trois plus un quart, le colis a commencé à devenir vert. A l’heure trois plus une demie, il était blanc. A l’heure quatre moins un quart il était à l’infirmerie, et à l’heure quatre il a fini sur le lit du capitaine pour y guérir son terrifiant mal de mer. Vivent les scientifiques et vive la science, mais il n’est pas mort et la mission demeurait, alors on a continué.

A l’heure quinze, loin après la fin du service de jour, le cuistot a réveillé les matelots endormis. Un rat gros comme un mousse faisait une orgie avec ses propres mômes dans les réserves, la moitié du grain a fini dans la moitié de la bière, et lui a fini en pâté du matin pour les marins à qui la nuit blanche donnaient fin. Résultat, trois malades. Mais aucun mort, alors on a continué.

A l’heure trente, le deuxième jour en milieu d’après-midi, le scientifique a remis pied à terre, enfin sur le pont, et a prouvé qu’il lui était possible d’être encore plus casse couilles vivant et en bonne santé que malade et à l’article de la mort. Mais il était la mission alors Tahar n’a pas pu l’enfermer dans les cales avec un boulet de douze dans les pieds, et on a continué.

A l’heure quarante-deux, juste avant l’aube du troisième jour, les marins de quart se sont engueulés pour un dé pipé et ont abrégé la nuit de leurs collègues qui dormaient encore. Eux, il était possible de les faire mettre aux fers alors Tahar l’a fait, avec un plaisir certain, mais leur absence n’enrayait pas la mission alors on a continué.

A l’heure cinquante-et-une, au repas du midi, un des officiers à la table a posé son couteau mais pas sa fourchette et demandé à Tahar ce qu’il pensait des informations laissant supposer un retour de la révolution dans South Blue quelques mois à peine après qu’on lui a retiré le dossier. Tahar a regardé l’officier, regardé la fourchette de l’officier, regardé l’officier et imaginé des choses. Le repas s’est fini en silence mais la digestion s’est révélée difficile et on a continué malgré tout.

A l’heure cinquante-sept, enfin, la vigie qui ne dormait pas encore a indiqué avoir cru apercevoir une lumière à l’horizon, très brièvement. C’était la première embarcation croisée depuis le départ, et dans le corps des officiers on a surtout pensé à un pêcheur quelconque. C’était légitime, et sans juger bon de prévenir le capitaine qui se reposait avant le repas dans sa cabine libérée on a continué.

Mais quand Tahar sort de sa cabine maintenant qu’on est à l’heure cinquante-sept et un sixième, et qu’au loin là-bas le navire invisible est devenu un point noir dans la mire de sa longue-vue, toutes ses tripes d’animal pas vraiment vétéran puisqu’il n’a que vingt-sept ans mais quand même un peu parce qu’il en a vu pas mal, toutes ses tripes de militaire aguerri lui chuchotent qu’on ne va pas continuer.

Et quand la voile apparaîtra comme telle dans le télescope, c’est-à-dire dans approximativement cinq sixièmes d’heure à en juger par le vent, quand enfin il verra réellement de quoi est fait ce navire tiers que le destin lui apporte sur une mer d’huile, alors il aura confirmation. En attendant, il agresse un des marins qui lui polissent la nuque à coups de courant d’air depuis qu’il est sorti, lui vole sa lanterne allumée parce que la nuit s’approche, et s’allume à la bougie une clope qui lui chatouille les narines.

Y a du sang dans l’air, petit, pense-t-il ou pas en laissant le brave homme peut-être plus vieux que lui repartir.


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Des nouilles, des nouilles et des petits poivrons, probablement des oignons, dessert, café peut être ?
C’était le repas du maitre barreur.
Plus raffiné, tourteau, émincé de poireaux en fondue avec une sauce au beurre. Accompagnement : brocolis et chou farci aux fruits de mer, un repas du mess des officier, pour sûr. Ca, c’était le repas qu’ils avaient servi à celui que les marins nommaient « le scientifique ».

Comment je savais ce que ces types avaient mangé ? Pas parce que je les avais servi, mais parce que c’est moi qui avait nettoyé ce qu’ils avaient dégobillé tous les deux.
Ca s’est arrêté là pour le navigateur, ça a continué pour la tête d’ampoule à la fine barbichette, du vomit et encore du vomit, on le suivait à la trace.
Ce type, « le scientifique » avait vraiment la tête qui allait avec le titre, un grand gugusse aux mouvements dégingandé, une grosse paire de carreaux posés sur un museau long et fin et qui tentait de corriger un strabisme divergent plus que moche, l’archétype de la tête pensante.

A quoi elle pensait sa tête ? J’en savais trop rien. Pour l’instant j’me contentais de ramasser régulièrement les repas qu’on lui servait. Faut savoir que Bliss ne manque pas de boulots ingratset en période de vaches maigres, un petit contrat de la marine, ça ne se refuse pas, alors j’ai embarqué sur ce rafiot pour une mission de « routine » m’avait expliqué l’officier de quart. Au programme pour moi, corvée de patates, de chiottes, de pont à nettoyer, de grattage de coque et accessoirement ramassage de vomit.

L’officier de pont était un sinistre con :Maxwell Kalitéfiltr. Avec un nom pareil, ce n’est pas la peine d’en rajouter. Ce type passait le plus clair de son temps à aboyer sur tous les pauvres marins qui passaient près de lui, un mug de café à la main. Encore un type dont les complexes d’adolescence avaient donné naissance à une personnalité plus que détestable. Faut dire que lui non plus n’était pas aidé par la vie, vu la tronche qu'il se payait. C’est cet abruti qui avait recommandé à l’officier de quart de bien s’occuper de mon cas, faut croire que ma gueule ne lui revenait pas, j’vois pas pourquoi.
Pas de problèmes, faire le larbin, j’connaissais bien, un jour, tout ça changerai mais en attendant, fallait frotter.

Je savais au fond que j’étais fait pour autre chose, que la vie m’avait donné un don que j’pouvais exploiter, la vie, elle fait ça avec tout le monde alors pourquoi pas moi. Restait plus qu’a découvrir quoi.
De ce que j’en savais, tout ne se passait pas au mieux depuis notre départ et il parait que le Big boss de ce bateau était plutôt du genre nerveux et ça se ressentait sur tout l’équipage. Dans la nuit de poix sur le pont inferieur, y’avait une ambiance électrique. J’avais laissé tomber ma serpillère pour aller respirer l’air frais quelques minutes. Y’avait pas très loin de mois ce type, une longue vue à la main, qui fixait une voile à bâbord. Il était plutôt du genre élégant, un peu plus vieux que moi, habillé comme un gradé, une tête de jeune premier. Les cartes ne sont pas toujours bien données.

J’étais sur le point de me remettre au balai lorsque quelque chose attira mon attention au loin, c'était ce batiment qui avançait dans nôtre direction, ce qui m’inquiétait, c’est qu’aucune lumière n’éclairait plus le navire. J’avais un drôle de pressentiment…


      -Souvenez vous les gars, opération Ninja ! On applique les trois P à la lettre. Précision, Puissance, Vitesse ! On va se rapprocher en douce du cul de ce rafiot, deux groupes sur le pont pour s'occuper des soldats, deux groupes dans l'entrepont pour récupérer le colis. On le chope, on sabote le gouvernail et on fout le camp à toute vitesse..
      -Ninja !
      -Et n'oubliez pas qu'on est aussi des révolutionnaires hein? Faudra pas hésiter à laisser des pistes pour que les trouffions puissent faire le lien... Et souvenez vous, plus c'est gros plus ça passe...
      -Viva la Révoloution !
      -Voila c'est ça... Allez tous à vos postes.


      Et profitant de la nuit, le rapide navire affrété par le Cp se glisse furtivement dans le sillage de sa cible. Se rapprochant discrètement jusqu'a venir presque toucher son gouvernail de sa proue...

      -Go ninja go !

      Et revêtus du costume traditionnel shinobi, tenue noire moulante, armes exotiques, et bandeau marqué "ninja" sur le front, les agents CP s'élancent à l'assaut. Sautant simultanément sur le pont et sur les flancs du navire pour se glisser dans l'entrepont par les sabords...

      -Technique Ninja, gaz potentiellement hallucinogène et urticant !

      Et un nuage de fumée envahit le bateau comme un mauvais brouillard, le genre qui transforme pour celui qui le respire le moindre objet en illusion terrifiante, bienvenue au pays de la psychose...
      Et on continue dans la classe, ou pas, les choses s’accélèrent, le chaos naît et les ombres changent. Tahar hurle un ordre, puis deux, et une équipe reste calfeutrée dans une pièce avec le moins de ventilation possible autour du scientifique chiant mais important là où il se trouve, tandis que l’autre ratisse le navire de la proue vers la poupe pour faire du pâté avec la tête des envahisseurs. Comment on les reconnaît ? Facile, c’est ceux qui ont un doigt plus long que les autres… Hein ? Mais non, chef, c’est le gaz qui fait ça. Peu importe, frappez tout ce que vous trouverez, last man standing win the prize… Aye ! Y a de l’eau dans le gaz, de l’ambiance dans l’air, et un petit fond de musique joué par les cordages, poulies, et autres tubulures en métal un peu partout pour jouer les cuivres. Ca va swinguer, baby, baby, ouh. Après un entrechat qui finit mal la faute à la fumée qui lui pique les yeux et à ce con de tonneau que personne avait vu, le capitaine colonel ouvre le bal. Et la piétaille suit parce que la piétaille aime la musique qui fait ouh. Et aussi qu’elle a peur pour sa vie, la faute sans doute aux mâts transformés en sinistres gibets aux voiles déchirées de noir…

      HARDI !

      La piste de danse s’élargit devant la troupe et c’est pas les vieilles indiennes qui s’amènent en mode castors furtifs qui vont le faire dévier de sa course, foi de Tahar. Foies jaunes et coursives sombres. Sa mission avant tout, enfin presque tout. Le premier à vouloir le dérouter était peut-être bien ce pauvre Nemrod de mousse (en même temps quelle idée de sortir de son dortoir avec une serviette sur la tête) mais le deuxième, ah le deuxième, lui c’était un vrai. Quand Tahar décapite sa tenue moulante en vinyle ou assimilé, sa tenue à lui, le deuxième, pas à lui Tahar, bref, quand ceci, il point dans l’ombre une tête blonde qui meurt en riant Vive la Revolución avec un fort accent dramatique et des grandes oreilles qui se ferment de douleur. L’officier a un cri rageur après tous les révolutionnaires qui n’ont pas encore lu le mémo comme quoi il a nettoyé South Blue plus tôt dans l’année et que donc ils n’ont plus rien à faire là que leurs bagages pour aller sur les autres mers faire leurs malheurs.

      Puis il continue sa progression et plus il progresse et plus les couloirs sont noirs et menaçants et les dieux seuls savent ce que noir et menaçant veut dire pour un individu comme Tahar Tahgel. En tout cas, c’est pas pour les lopettes. D’ailleurs, deux hommes tombent dans les bras l’un de l’autre derrière lui tout en se gargarisant les maillots de corps de leurs sabres respectivement très aiguisés. Il manque glisser sur la flaque turquoise qui se répand sous eux en allant vérifier de près leur identité, puis se dit que merde, de toute façon ils se ressemblent tous avec leurs gueules de moutons. Oui, les moutons font peur, surtout quand ils sont censés bosser pour vous. Puis, alors qu’il rereprend sa progression vers l’arrière de l’arrière du bateau pour y aller voir s’il y est, il se retourne et se frappe la tête d’un air entendu pour dire qu’il a une idée qu’elle est bonne, hihihi. Bon, personne ne le voit puisque autour ils sont tous aux prises avec les méchants, mais l’important c’est que.

      C’est que d’un coup il prend deux gars par les épaules dont un qui n’est pas un des siens et l’autre qui a une barbe blanche et les cheveux pareils et un uniforme passé au fer rouge de l’imagination fertile. Les prend, leur dit de venir avec lui (même le méchant mais ça c’est parce qu’il ne voit pas que c’en est un), on va retrouver le scientifique pour le mettre en sécurité à un endroit où ils ne viendront pas le chercher, gnihinhinhin. Ca n’augure rien de bon, d’ailleurs le méchant se débat et cherche à le tuer.

      Sans doute a-t-il compris que quelque chose se tramait. Ou alors il se sent juste soudainement investi.


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      Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 22 Déc 2012 - 15:39, édité 1 fois
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      -Theur ! Theur !

      La fumée piquait la gorge et les yeux, la fumée, ça craignait. Ca n’annonçait jamais rien de bon la fumée et, ce qui craignait vraiment, c’était cette armada d’ombres furtives émergeant du brouillard qui dévorait notre bâtiment. Des monstres plus noir que l’encre de calamar, aux yeux fous, brillants de haine. Des créatures déformées par, par… Euh… Le chaos de mon esprit je crois.

      Rien à foutres des créatures chaotiques, chuis pas du genre à me laisser intimider par un spectre à la con qui gueule vive la révolution ! J’ai donc pris trois pas d’élan et le spectre devant moi à avalé l’extrémité de mon balais à franges parfumé au vomit de scientifique, juste avant de se retrouver cloué au sol. La serpillère profondément enfoncée dans le gosier, j’entrepris une course sur le pont, raclant la tête de la bête sur les lames de bois.

      -Prends ça ! Espèce de… de…

      Si mon fidèle esprit de déduction ne me trompait pas, j'avais devant moi d’une créature venue d’un autre monde, probablement endoctrinée par la politique révolutionnaire et un bandeau sur le front brodé des lettres N.I.N.J.A me donnait l'info qui me manquait.

      -Espèce de Chimère Ninja Révolutionnaire !

      Le monstre semblait calmé… J’avais bien envie de calmer les autres, ça s’agitait de partout. J’étais armé d’un balai et d’un seau, mais pas n’importe quel balai, c’était « Mon Balais » ! Combien d’épreuves nous avions traversé lui et moi, combien de combats… Lui et moi nous ne faisons qu’un, il est une extension de moi, une partie de mon âme, celui qui juge et qui punis, le balais de la mort, ouaip…
      Ca hurlait ça criait, j’ai donné du balais, du seau, et des poings aussi…

      Puis comme venu de nulle part, un grand bonhomme m’attrapa par l’épaule en baragouinant des trucs incompréhensibles. Il ressemblait à l’officier de toute à l’heure mais, il me paraissait plus grand.
      Il m’entraina dans un réduit sans air conditionné avec une Ninja Chimérique accroché à son autre bras, celui ci se débattait mais le gradé refusait de le lâcher. Le colonel hurlait qu’il fallait retrouver le Scientifique et le mettre à l’abris, puis qu’il allait faire fusiller le méchant monstre pour insubordination s’il n’arrêtait pas de gigoter, foi de Tahar Taghel.

      -Mais je ne suis pas un marine ! Je suis un Cyp… Un révolutionnaire !

      Alors que le gradé tenait le monstre par l'oreille comme un enfant qu'on punissait, celui ci tenta un coup de tanto tandis que Tahar esquivait, il lui colla en retour une châtaigne XXL en pleine poire.

      -Voilà, c’est toujours dans les situations de stress que ces jeunes recrues cherche à se défiler… On est que deux maintenant, c’est quoi ton nom ?

      -Euh, Sam Sylvius…

      -Nan, mauvaise réponse, ce soir t’es le Sous Lieutenant Sylvius et tu vas m’aider à retrouver la tête d’œuf…

      Bah, voila autre chose, j’étais un sous off maintenant...


        Bon, tu lâches ton marsouin mon amiral ? On va être en retard…

        Euh, vous aviez dit sous-lieutenant, capitaine…

        Lieutenant, amiral, est-ce qu’on en est à ce genre de futilités, hein ? Amiral c’est tout aussi bien si tu veux mon avis. Regarde, moi, ils m’ont bien mis lieutenant-colonel y a un an et je continue à faire du boulot de commandant, alors bon, hein. Lieutenant-colonel, ta gueule.

        M’enfin…

        Non, t’offusque pas, je disais Tahgel. C’est mon nom de lieutenant-colonel. Mais ta gueule et marche, par contre. Une idée de là où il est allé gerber ses tripes avant l’assaut, le pingouin ?

        La coursive où marathonent sans objectif défini les deux hauts-gradés est épargnée par le gaz qui ne descend pas jusque-là, ils ont encore des séquelles mais pas de nouvelles hallus. Aussi, quand l’amiral Sam Sylvius se cure le nez ou se remet une mèche, Tahar pense forcément qu’il indique la porte à défoncer pour faire une arrivée classe là où se trouve improbablement le scientifique fou à sauver des vils endimanchés qui attaquent le navire depuis une plombe et dont on entend juste les pas lourds à travers le plafond. AAAAAAHAHHHAHHH

        Aïe, ça c’était pas juste un pas, y en a un qu’a goûté sévère là-haut…

        Ca n’a pas l’air de déranger le colonel Tahgel qui continue son petit bonhomme de chemin vers la poupe, ou bien est-ce la proue par là ? La nuit tous les couloirs sont gris… On est pas la nuit ? est-ce qu’on est la nuit ? Rah. En tout cas, la réserve de rhum n’était pas vraiment l’endroit idéal où pouvait se cacher le scientifique. Du rhum ? Non, pas maintenant, Tahar, pas maintenant. Ce ne serait pas sérieux. Ce n’est pas sérieux. Ce n’est.

        T’en veux ?



        Ouais, t’en veux ? Ben t’en auras pas, hinhinhin. C’est pour plus taAh ! Te voilà donc, fieffé gredin.

        Et devant eux, oui, l’inventeur qui présentement n’invente pas mais panique, et surtout qui tient dans sa main tremblante son calibre 6mm à balle ronde qu’il pointe sur non pas un mais deux membres du meilleur état-major qui soit. Ne m’approchez pas, ennemis ! Ne m’approchez pas ou je tire ! Il piaille, devient tout bleu derrière ses lunettes qui amplifient l’effet psychédélique d’une telle couleur, tremble de peur et de mal de mer, et tire avant que ce bon Tahar n’ait pu le détromper.

        Ah !

        La balle passe entre les planches de bois du plafond et fait plus de peur que de mal, sauf peut-être au type qui là-haut a eu l’air de se la prendre dans le fessier, gauche pour être précis. Mais bon, dommage collatéral, et si ça se trouve c’était un méchant drag-queen de toute façon.

        Bon, tu le tiens mon amiral, je nous ouvre la voie.

        Et la voie, il l’ouvre, avec tout ce que ça sous-entend de rouge et carmin. Escalier, coursives de l’étage supérieur, escalier, pont principal, gaz lacrymo encore en suspension dans les airs et éclairé de travers par les loupiotes de bord. Ambiance garantie. Et les hommes d’équipage sont renforcés par leurs peurs primales et s’en donnent à cœur joie, tentent de ralentir la progression de l’équipe de choc qui soudain se focalise sur Tahar comme s’il était leur cible de choix. On est à la poupe.

        Chez eux, amiral !

        Le plan est simple : abandonner le navire en bon capitaine, sauver le colis, se barrer avec le petit bateau d’intervention rapide que le comité des fêtes s’est offert, et balancer un cocktail incendiaire sur le galion pour bien faire les pieds, et au gars qui en est le propriétaire à Bliss, et aux gars du bord, et aux sales révos qui sentent venir le rhum et le problème. A odeur de roussi, odeur de roussi et demi…


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