Le 18 décembre 1617. Dans une petite ruelle sale et poisseuse de Manshon, un jeune garçon aux cheveux collés de sel et à l'allure hirsute fait face à un marchand aux dents jaunies. Sur son épaule, Morgan veille, inquiet.
Sören... Tu ne devrais pas te fier à ce brocanteur... Non, je t'assure. Au fond de ses yeux, il y a quelque chose qui luit et qui ne me plait pas. Tu devrais le sentir, toi aussi ! Il ne cherche pas à t'aider, mais à te dérober le peu que tu possèdes...
Oui, c'est vrai. Depuis que Bonne Parole et ses compagnons sont partis pour devenir pirates, tu t'es retrouvé le bec dans l'eau. Mon ami... Est-ce qu'un chat doit te rappeler la justice des choses ? La chance t'a sourit pour tes premiers pas loin de notre île. Une chance insolente qui t'a évité un retour forcé à la maison...
Voilà maintenant bientôt trois mois que nous battons le pavé de Manshon. Les deux premiers ont été un ravissement, car tu avais retrouvé trois heureuses connaissances : Edwin aux mots toujours francs, Serena la mystique, et Olaf le pointilleux. Trois troubadours qui ont su t'initier aux arts de la débrouille urbaine. Mais je dois dire que tu peines à leur faire hommage... mais que suis-je pour juger ?
Ils t'ont abandonné tous leurs gains, avant d'embarquer avec Brom. Ils t'ont dit de t'acheter une guitare, et de faire ce que tu savais le mieux faire. Mais toi, avec ta folie d'enfant et ton orgueil de rêveur, tu as préféré attendre une meilleure occasion... de manière à t'offrir un bouzouki en tous points semblable à celui d'Olaf. Sören... je sais que cet instrument t'a toujours fasciné, mais tu n'as pas bien considéré tes priorités. Tu as mangé les quelques berrys que tu possédais, et maintenant, tu es sans ressources.
-Vous... euh... z'êtes certain qu'elle vaut aussi cher, c'te guitare ?
-Mais bien sûr ! Vous voyez ce bois, ce noir profond, cette douceur... oui, touchez. Et ces motifs ? Assurément, c'est une des dernières répliques en ébène de l'instrument de George Barde-Saint de South Blue, lui-même ! Ma parole d'honneur ! Eheh...
-Et si j'vous en donnais 50 000 berrys ? J'ai pas plus, je l'jure !
Dépité devant l'honnêteté limpide que tu affiches, le marchand se caresse longuement la barbe.
-Mmh... ma foi, je veux bien faire un geste, mais tu me devras les 50 000 restants. Quand tu les gagneras. Qu'est-ce que t'en dis ? Prêt à signer un contrat ?
-Euh... Bah... ouaip, ma foi...
Oubliant sa passivité de chat devant tant de naïveté, Morgan se frappe le front de sa patte velue et enfonce partiellement ses griffes dans son pelage.
Miaw ! Sören, ce n'est pas possible ! Moi non plus, je n'avais jamais quitté l'île du Loupiac, avant... mais à ta place, jamais je... Oh !
D'une main tremblante, peu habituée à manier la plume, le garçon venait de signer d'une croix.
Idiot ! Crétin ! Sais-tu au moins ce que cet homme a pu écrire sur ce morceau de papier ? Espérons qu'il n'ait aucun droit d'établir ce genre de marchés ! Sans quoi il pourrait bien te faire cracher absolument n'importe quoi ! … heureusement qu'une telle signature ne doit pas prouver grand chose.
En attendant, tu vides le contenu de ta bourse dans la sienne, et tu t'empares de l'instrument en renouvelant tes promesses de remboursement. Comme s'il y avait quelque chose à rembourser ! Même moi, je le vois : le bois est attaqué par la vermine, les cordes sont usées, les mécaniques, rouillées. Cette guitare est bonne à jeter au feu.
-Tu vas voir, Morgan ! Maint'nant, on va faire des sous, exac'tement comme on f'sait avec Bonne Parole et les autres ! J'te l'prom...
Bzong.
... C'était sensé être quoi ?
Bzang.
... Euh...
BRRRWWJJJJJ.
-Morbleu !
D'un coup, tu tires une drôle de tête. Le marchand a déjà disparu, ton contrat signé en poche, lorsque tu te rends compte que les réparations à effectuer avant que tu puisses jouer de cette guitare vont te coûter aussi cher que l'instrument lui-même. Les mécaniques sont pourries, le bois, gonflé d'humidité, a rapproché douloureusement les cordes des barrettes (ce qui rend le son inaudible)... sans parler du reste. Bref, tu t'es fait avoir, et en beauté !
… Sören ? Oh, compagnon, ne prend pas cet air si triste. La vie continue... Oui, cette ruelle est laide et vide, oui, tu es tombé dans un univers bien violent, auquel tu n'étais pas franchement préparé. Mais ne t'en fais pas. Nous nous en sortirons, comme toujours.
Sören... Tu ne devrais pas te fier à ce brocanteur... Non, je t'assure. Au fond de ses yeux, il y a quelque chose qui luit et qui ne me plait pas. Tu devrais le sentir, toi aussi ! Il ne cherche pas à t'aider, mais à te dérober le peu que tu possèdes...
Oui, c'est vrai. Depuis que Bonne Parole et ses compagnons sont partis pour devenir pirates, tu t'es retrouvé le bec dans l'eau. Mon ami... Est-ce qu'un chat doit te rappeler la justice des choses ? La chance t'a sourit pour tes premiers pas loin de notre île. Une chance insolente qui t'a évité un retour forcé à la maison...
Voilà maintenant bientôt trois mois que nous battons le pavé de Manshon. Les deux premiers ont été un ravissement, car tu avais retrouvé trois heureuses connaissances : Edwin aux mots toujours francs, Serena la mystique, et Olaf le pointilleux. Trois troubadours qui ont su t'initier aux arts de la débrouille urbaine. Mais je dois dire que tu peines à leur faire hommage... mais que suis-je pour juger ?
Ils t'ont abandonné tous leurs gains, avant d'embarquer avec Brom. Ils t'ont dit de t'acheter une guitare, et de faire ce que tu savais le mieux faire. Mais toi, avec ta folie d'enfant et ton orgueil de rêveur, tu as préféré attendre une meilleure occasion... de manière à t'offrir un bouzouki en tous points semblable à celui d'Olaf. Sören... je sais que cet instrument t'a toujours fasciné, mais tu n'as pas bien considéré tes priorités. Tu as mangé les quelques berrys que tu possédais, et maintenant, tu es sans ressources.
-Vous... euh... z'êtes certain qu'elle vaut aussi cher, c'te guitare ?
-Mais bien sûr ! Vous voyez ce bois, ce noir profond, cette douceur... oui, touchez. Et ces motifs ? Assurément, c'est une des dernières répliques en ébène de l'instrument de George Barde-Saint de South Blue, lui-même ! Ma parole d'honneur ! Eheh...
-Et si j'vous en donnais 50 000 berrys ? J'ai pas plus, je l'jure !
Dépité devant l'honnêteté limpide que tu affiches, le marchand se caresse longuement la barbe.
-Mmh... ma foi, je veux bien faire un geste, mais tu me devras les 50 000 restants. Quand tu les gagneras. Qu'est-ce que t'en dis ? Prêt à signer un contrat ?
-Euh... Bah... ouaip, ma foi...
Oubliant sa passivité de chat devant tant de naïveté, Morgan se frappe le front de sa patte velue et enfonce partiellement ses griffes dans son pelage.
Miaw ! Sören, ce n'est pas possible ! Moi non plus, je n'avais jamais quitté l'île du Loupiac, avant... mais à ta place, jamais je... Oh !
D'une main tremblante, peu habituée à manier la plume, le garçon venait de signer d'une croix.
Idiot ! Crétin ! Sais-tu au moins ce que cet homme a pu écrire sur ce morceau de papier ? Espérons qu'il n'ait aucun droit d'établir ce genre de marchés ! Sans quoi il pourrait bien te faire cracher absolument n'importe quoi ! … heureusement qu'une telle signature ne doit pas prouver grand chose.
En attendant, tu vides le contenu de ta bourse dans la sienne, et tu t'empares de l'instrument en renouvelant tes promesses de remboursement. Comme s'il y avait quelque chose à rembourser ! Même moi, je le vois : le bois est attaqué par la vermine, les cordes sont usées, les mécaniques, rouillées. Cette guitare est bonne à jeter au feu.
-Tu vas voir, Morgan ! Maint'nant, on va faire des sous, exac'tement comme on f'sait avec Bonne Parole et les autres ! J'te l'prom...
Bzong.
... C'était sensé être quoi ?
Bzang.
... Euh...
BRRRWWJJJJJ.
-Morbleu !
D'un coup, tu tires une drôle de tête. Le marchand a déjà disparu, ton contrat signé en poche, lorsque tu te rends compte que les réparations à effectuer avant que tu puisses jouer de cette guitare vont te coûter aussi cher que l'instrument lui-même. Les mécaniques sont pourries, le bois, gonflé d'humidité, a rapproché douloureusement les cordes des barrettes (ce qui rend le son inaudible)... sans parler du reste. Bref, tu t'es fait avoir, et en beauté !
… Sören ? Oh, compagnon, ne prend pas cet air si triste. La vie continue... Oui, cette ruelle est laide et vide, oui, tu es tombé dans un univers bien violent, auquel tu n'étais pas franchement préparé. Mais ne t'en fais pas. Nous nous en sortirons, comme toujours.