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Des hommes de la pire espèce...





Un moment donné, sur une ile donnée, dans un océan donné...

- Mzieu poizon Mzieu poizon !


- Tututut... Qu'est ce que je t'ai déjà dis à propos du zozotement ?

- Que ça ne me rend pas plus mignonne et qu'il faut j'arrête de faire exprès...

- Bien. Alors qu'est ce qui t'amène cette fois ? Vous avez encore joué dans les ruines et vous vous êtes fait de nouveaux bleus ?


La fillette acquiesça avec une once de fierté. Comme à chaque fois, elle et tous les autres enfants du village allaient jouer dans le vieux port commercial, ou plutôt ce qu'il en restait. Là-bas les ruines ressentes leurs offraient un terrain de jeu fabuleux plein d'aventures et de trésors à extraire. Les multiples coupures et hématomes qu'ils y récoltaient ne freinaient en rien leurs ardeurs, bien au contraire. Après tout Tonton Toji était là.

Comme d'habitude elle lui tendit son bras au coude écorché, lâchant un gigantesque sourire comme s'il s'agissait de la cicatrice d'une glorieuse bataille. L' homme poisson leva alors son énorme main dans laquelle elle posa son bras si menu en comparaison. Très délicatement, l'imposant visage couturé de cicatrice se rapprocha de la fillette... Avant de scintiller d'un sourire malicieux. D'un geste empli de tendresse, un souffle menu mais salvateur glissa entre ses lèvres, chassant alors la douleur comme par enchantement. Depuis quelques temps, les bisous magiques de l'hybride avaient gagné les faveurs de tous les enfants du quartier... C'est donc en sifflotant un petit air de pirate que l'homme-poisson finit d'officier dans la bonne humeur, en rajoutant un petit bandage rose autour du bobo. Le petit nœud fut fait avec la plus extrême minutie. C'est important les nœuds, on le dira jamais assez.

- ... aaaavec leuuuur triii-iii-peu. Voilà Syria c'est fini ! Tu peux retourner jouer tranquille. File pirate !

La fillette eu tout juste le temps de lancer un "Merci Toton Toto !" avant qu'il ne lui passe la main dans les cheveux -l'ébouriffant par la même occasion- et ne la pousse vers ses petits camarades d'une petite tape dans le dos.



N'ayant plus d'autres "patients" pour le moment, il sortit tranquillement de sa torpeur en s'étirant largement, laissant ainsi le soleil de la matinée lui réchauffer les écailles. Par tous les dieux d'la mer qu'est ce qu'on pouvait être bien sur ces îles printanières ! De véritables havres de paix et de tranquillité où il faisait bon se dorer la vieille couenne. Il devait bien l'admettre, profiter de ses moments de candeur sur cette île était un plaisir non dissimulé.
Il faut bien dire qu'il les avait bien méritées ceux-là ! Bien qu'il ai le plus grand mal à définir depuis quand il était arrivé là, il était clair qu'il avait du lutter âprement ici-même pour assurer à tous les honnêtes gens ici présents une paix et une sérénité méritées. Si l'on regardait autour de soi, on pouvait voir que le combat avait été des plus rudes, la guilde n'ayant pas lésiné sur les moyens pour protéger ses intérêts sur l'île. Après deux jours de combats intenses, le fier homme poisson avait chassé à grands coups de pied dans les fesses les derniers esclavagistes "illégaux" et avait mis en fuite les ripoux de la marine qui couvraient leurs activités. Tssss... deux races que l'homme poisson ne pouvait pas supporter ! Illégaux ou pas, les esclavagistes était la pire racaille de ces mers, osant priver sans vergognes des innocents de leur liberté, qui plus est pour une simple question de vénalité. Et les marines qui fermaient les yeux ou pire protégeaient ces activité ne valaient guère mieux. Dire qu'ils étaient censés représenter la justice... une honte. Heureusement que Toji était apparu au bon moment.

Hélas, l'île un instant transformée en champs de bataille avait durement payé sa libération, une bonne partie de ses quartiers étant tombés en ruine sous les coups des divers belligérants. Malgré tout, la populace avait été plus que ravie d'être tirée hors des griffes de ce gouvernement qui les opprimait et que revendait ses citoyens les moins méritants comme esclaves, créant une ribambelle d'orphelins par la même occasion. Tonton Toji les avait libéré d'un Tyran, et ils lui en seraient éternellement reconnaissants.
D'ailleurs l'aide de l'homme poisson ne s'arrêterait pas là. Conscient de la situation précaire dans laquelle la population de l'île se trouvait, Toji décida d'y assurer un temps le rôle de protecteur envers les esclavagistes en fuite, ainsi que le rôle de médecin et de nurse pour tous les petits orphelins qui abondaient en ville. C'était plus fort que lui... Comment résister aux regards de tous ces petits diables ?!



C'est donc avec un beau tablier de nurse "I Love Kids" autour de la taille et six bébés dans un sac à dos que le terrible combattant se mit à vagabonder dans les rues en reconstruction de la petite ville. Il déambula tout d'abord par l'orphelinat où il logeait, se complaisant dans les rires des enfants et dans leur innocence si rafraichissante. Dans la cour, il passa devant un petit groupe de garçon qui y reproduisaient les enchainements martiaux qu'ils avaient pu observer durant la bataille. Toji éclata de rire lorsqu'il vit le plus malchanceux d'entre eux être tiré au sort pour jouer la marine. Plus aucun gamin ne voulait ce rôle là dernièrement ! Berçant les marmots dans son dos par le pas chaloupé de sa démarche, il continua sa petite balade en se dirigeant vers les quartiers en ruines, siège d'une grande fièvre de reconstruction. Plus tard, lorsqu'un autre villageois le relayerait à l'orphelinat, il irait donner un coup de main aux chantiers. Sa force -toujours d'un grand secours- y serait la bienvenue. "Vous voulez que je la pose où cette maison ? Mwouahahah" quelles têtes ils tiraient à chaque fois qu'il leur disait ça !


Profitant du soleil et de la brise matinale, Toji se laissait ainsi aller à rêvasser en se faisant à son tour bercer par les bruits des marteaux et les cris joyeux de travailleurs. Tout allait pour le mieux dans ce petit coin de l'océan. Au bout d'un moment il fut tiré de ses rêveries par une ribambelle de gamines qui -se courant après par jeux- s'amusèrent à lui tourner autour et à passer entre ses jambes dans un concert de rires et de chansonnettes. Oui, vraiment tout allait pour le mieux jusqu'à présent.



Dernière édition par Toji Arashibourei le Lun 22 Oct 2012 - 19:32, édité 3 fois
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Ouais, vraiment tout va pour l'mieux jusqu'à présent...

Qu'il est bon de s'laisser parfois aller à quelques p'tits moment d'joies simples. Seul. Peinard. Sans avoir à redouter le regard des autres et leurs jugements absurdes. Être soi-même, enfin... même juste pour un temps. En paix.
Alors du coup j'me laisse aller à flâner, savourant chaque minute de soleil et d'insouciante parmi lesquels je m'épanouis, telle une fleur gelée par l'hiver qui se réveillerait aux premiers rayons du printemps. Joie, gaité... Des sentiments si rares dans ce monde cruel et auxquels j'ai si rarement accès. Mon plaisir n'en est ainsi que plus grand.

Puis, une impression fugace me tire de ma rêverie. Légère, anecdotique. Mais belle et bien présente. Une souffrance, pas si loin de moi, et je peux entendre distinctement maintenant que j'y tends l'oreille. Un enfant pleure... Ou plutôt, il chouine. Une brève observation des alentours plus tard, et je trouve la source de ces pleurnicheries discrètes. Là, dans un coin, un petit garçon assis dans la terre battue, qui sanglote la tête enfoncée entre ces genoux. Autour de lui, les autres enfants jouent sans y faire attention, comme si sa peine leur glissait dessus telles des gouttes de pluie sur des écailles d'homme-poisson. Il est là, à leurs pieds... et pourtant comme invisible. Sans m'en rendre compte, je m'en suis rapproché à pas lents, comme attiré par un aimant. Sa souffrance me touche malgré moi... elle s'insinue au plus profonds de mon âme... Il a l'air si seul.
Il est à mes pieds maintenant, sans pour autant que cela n'ai perturbé les autres bambins qui continuent à se courir après en grands cercles. Je l'observe en silence, incapable de faire un geste de plus... ni un mot. Car dans mon imposante poitrine, mon cœur se serre sans que je ne puisse dire pourquoi ni comment. Moi si fort, ébranlé par de simples pleurs ?... Et dans mon dos les bébés alors endormis s'agitent, pris inconsciemment dans ma tourmente... Mais ils ne se réveilleront pas pour autant, comme si j'étais le seul que le sort de ce petit être chétif pouvait réellement toucher... Regardez-le. Une vraie crevette. Pas plus gras qu'une biscotte light... sans une once de muscle sur les os... flottant dans une espèce d'étrange tenue bariolée bien trop ample pour sa carrure d'asticot. Pompons ridicules, couleurs criardes... On pourrait presque croire à un costume de carnaval s'il n'était pas en aussi mauvais état... Pitoyable... Triste... Je continue à l'observer, lui et les soubresauts qui s'emparent de ses épaules lorsque ses pleurs ou ses reniflements redoublent d'intensité. Il a l'air si faible et si fragile... Sans compter l'étrange maladie d'peau dont la nature l'a de plus affublé vu le teint d'son cou... Pauv' bonhomme. Il m'rappelle quelqu'un... mais j'arriv'rais pas à dire qui.
Et puis tout à coup, je remarque enfin qu'autour de nous, plus un bruit ne nous parvient. Coup d’œil inquiet, je peux voir que tous les enfants se sont arrêtés de jouer pour nous observer, immobiles. Impossible de dire cependant s'ils compatissent enfin au sort de leur chétif camarade... Leur air me laisse perplexe, mal-à-l'aise même... Ma gorge est sèche... terriblement sèche... Et ma poitrine se resserre autour de mon cœur devenu soudain'ment si lourd. A se d'mander si le poids de leur regard n'est pas pire que leur indifférence...


Mais avant que j'ne puisse me ressaisir pour enfin parvenir à articuler deux mots, tous leurs regards se braquent soudain'ment vers un petit point situé dans mon dos. Mouvement réflexe de rotation, comme si d'un seul coup je prenais ainsi conscience de la possibilité qu'un cruel danger puisse s'y trouver ! Je me retourne donc d'un bloc, bien plus aux aguets que je n'devrais l'être. J'suis alors à fleur de peau.
Mais devant moi nul danger, nul monstre de cauchemar. Juste un homme qui arrive vers moi à grands pas, le regard dur et un fusil au poing. Un homme du village. Aucun danger immédiat. Ouf.... A cette vision rassurante, je me détends instantanément, balayant comme par magie les nuages sombres qui semblaient s'être resserrés au dessus de ma tête. Autour de moi je peux entendre les rires reprendre leurs droits, et les enfants jouer avec insouciance. Du petit têtard plus de trace... Il a dû repartir jouer lui aussi... Étrange... Perturbant même... J'aimerais bien savoir ce qu*...

- Toji. Nom d'un hareng infidèle, on t'cherchait partout !

Le type à bout de souffle se campe devant moi sans me laisser le temps de poursuivre mes recherches, avant de reprendre sa respiration en se calant la crosse sous le coude. Le temps d'être plus en état de parler, il sort une clope déjà roulée de son gilet avant de se la coller au bec. Bruit de briquet... et hop un p'tit coup d'tabagisme passif autour de lui.

- C'est grave Toji, c'est au port que... Hey ! C'est ma clope bordel d'mes trois c*...

- Arrête de jurer je te prie. Ça n'se fait pas devant des enfants. Et fumer non plus par ailleurs, tu le sais bien pourtant.
- Mais... c'pas une raison pour jeter ma clope merrrrr...credi.
- Pas de mais. C'est mauvais pour tes poumons à toi aussi qui plus est. Une sale habitude dont tu devrais te défaire.
Enfin bon, j't'écoute, il s'passe quoi au port ?

- Heu... Ouais au port ! Les esclavagistes sont revenus ! Et à leur tête, y a un type redoutable qui a déjà envoyé au tapis une trentaine de nos gars. Y a que toi qui peut l’empêcher de faire un carnage, il faut que tu nous aides Toji !
- Bien sûr. J'vous l'ai promis, n'ai crainte. J'en fais mon affaire, juste le temps de poser ces charmants bouts d'choux.


Après quelques gestes méticuleux, caresses et bisous, j'ai posé à l'ombre d'un beau chêne mon paquet de nouveaux nés toujours assoupis, avant de les confier à la garde du destin et de mère nature. Ils n'auront rien à craindre ici, je suis confiant. Un dernier regard affectueux... un sourire m'échappe... Puis je re-affiche le masque dur et froid du combattant qui se prépare à l'affrontement. Quoiqu'il puisse venir de la mer, je saurai y faire face. Jamais je ne permettrai que du mal soit encore fait à ce village d'innocence. Foi de Toji, ces gens ont déjà trop souffert.

D'un pas décidé je précède alors plus que je ne suis le messager en me dirigeant vers le port, où déjà je peux apercevoir les premiers signes d'une lutte féroce. Maudits esclavagistes... vous allez payer cher le prix de votre manque de moralité !



Dernière édition par Toji Arashibourei le Lun 22 Oct 2012 - 19:12, édité 1 fois
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Un type redoutable qu'il a dit...

Ouaip, ben quand on voit dans quel état il a mis l'port... c'était bien en deçà d'la vérité. On dirait qu'un ouragan vient d'passer y a pas cinq minutes. Une véritable tempête qui a tout emporté. Maisons, arbres, monceaux de roches... Tout est dévasté qu'importe où j'ai à poser les yeux. Dingue que j'ai rien entendu jusque là... Il a tout d'même pas fait tout ça l'temps que j'descende du village ?! Dingue... Ici et là, de plus en plus de maisons en flammes... elles venaient tout juste d'être reconstruites après la bataille précédente, et les voilà de nouveaux recouvertes de cendres... Cendres qui recouvrent d'ailleurs maintenant le sol en une couche épaisse qui amortit le son de mes pas, telle une neige funèbre. Je marche, m'enfonce, me fait avaler par ces ruines d'où ne s'échappent que les crépitements des brasiers et les sons des charpentes qui s'effondrent. Je marche... Seul puisque du villageois plus de trace. Impossible de dire là aussi depuis quand il n'est plus à mes côtés, probablement happé par les décombres et les ombres qui semblent la gouverner. Alors du coup je marche seul, m'enfonçant toujours un peu plus dans un décor d'apocalypse. D'enfer...

Et tandis que mes pas s'enchainent et ralentissent malgré moi, je sens la pression qui s'intensifie. Qui resserre son étreinte autour de mon cœur prêt à y planter ses griffes empoisonnées. Mais je ne peux malgré tout me résoudre à y faire attention, car je l'ai promis aux villageois. Je leur ai dit que les protégerai des dangers de ce monde et de tous les monstres qui y pullulent. Et je le ferai. Pour la Justice, la Vraie !
Alors mes jambes continuent à me porter, prenant le relais sur une volonté en lutte avec la peur qui s'est rendue maitre des lieux. Car tout autour de moi, ce n'est que désolation, flammes, et ciel couleur sang... Les brasiers se reflétant dans une brume inhabituelle en cette saison, toute la ville a pris une teinte sang et cendre... Et toujours pas le moindre bruit...


Gniiiie.... gniiie...


Si ! Là. Le bruit d'une balançoire. Qui se répand doucement dans toute la ville... Mais par tous les saints pourquoi une balançoire ? D'instinct, je suis alors attiré vers sa source, me rendant alors en plein cœur du vieux port... Le son continue, menue, à peine perceptible bien que j'ai commencé à l'entendre bien des rues plus loin... Et cette étrange sensation de frissons qui me remonte la colonne... ouais, j'dois bien l'admettre ; j'en ai la chair de poule. C'est quoi c'délire ?...

Puis, comme en réponse à toutes les questions qui mettent la pagaille dans ma tête et dans mes nerfs, le brouillard s'ouvre brusquement au bout d'une ruelle dévastée. Je débouche ainsi sur la grande place du port, où avaient lieux jusqu'à ce jour tous les échanges commerciaux du village. Mais ça c'était avant... Des étales il ne reste plus rien. Des palans géant servant à décharger les marchandises il ne reste que des ruines... Même l'arbre multicentenaire et majestueux qui trône au centre de la place comme un gardien ancestral n'a pas été épargné par la fureur des combats, marqué dans son écorce blanche comme un corps déchiqueté par des lames. Et à ses branches... Bon sang... A ses branches... Mais quel esprit malade a bien pu créer une telle chose ?... Quel monstre a bien pu ?...

Gniiiie.... gniiiie...

La trentaine de corps se balancent au grès du vent chaud des incendies, comme autant de fruits pourris aux branches d'un arbre démoniaque. Trente corps de tous âges et de tous sexes, pendus, tantôt par le cou tantôt par les pieds, parfois à l'aide d'un crocs de boucher ou bien même de filets à poisson... Par tous les saints ! Mes poings se serrent, ma mâchoire crisse sous la tension qui s'y instaure. Mon sang bout de fureur tandis que dans mon dos les frissons augmentent à l'unisson. Peur et colère se font la course. Raaah mais qui donc ?!

Et là encore, comme s'il répondait à mon appel silencieux, une silhouette massive apparait, sortant lentement de l'ombre de l'arbre comme si les ténèbres elles-même l'avaient recraché. Et dans ce concentré de noirceur pure, je peux sentir une paire d'yeux qui me percent du regard. C'est lui, je le sens.



Dernière édition par Toji Arashibourei le Lun 22 Oct 2012 - 19:19, édité 1 fois
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Et tandis que pour ma part cette vision surréaliste me paralyse littéralement, l'imposante silhouette se décale avec une nonchalance que je peux deviner sans peine malgré l'absence totale de détails dans cette forme sombre. Il se rapproche, tranquillement, se détachant alors complétement de l'arbre , jouant un instant du bout des doigts avec les pieds suspendus d'une de ces victimes inerte. Pourtant, à aucun moment depuis son apparition je n'ai eu l'impression que ses yeux se détachaient de moi ; tel un prédateur ne lâchant sa proie du regard. J'ai ainsi cette horrible impression qui me colle à la peau ; celle qu'il s'attache à lire dans mes gestes, ma respiration, mes pensées... et qu'il y parvient. Car je le sens savourer l’instant, tout comme moi je le redoute. Car je ne sais pourquoi, cet homme me cloue de peur sur mes deux pieds. Trop fort pour m’effondrer, mais trop faible pour bouger... Je suis là devant lui, et il s'en amuse. Et le pire, c'est que pour ça il ne lui a pas fallu un seul geste, une seule parole... C'est un démon. Un véritable démon vers qui je suis allé comme inconscient du danger dans lequel je me jetais.

Et puis c'est là que je la vois... Tapis derrière lui. S'arrachant à sa silhouette tout comme lui s'est arraché à l'arbre souillé. Énorme, malfaisante... Un immense loup noir comme la nuit, aux poils huileux et hirsutes... Et deux énormes rangées de crocs qui contrastent avec la profondeur d'opale de sa fourrure. C'est tout juste si je peux apercevoir la main de l'homme caresser amoureusement l'échine de la bête tandis qu'elle s'écarte de lui comme pour s'exhiber à moi. Et je peux sentir en elle la même joie malsaine à jouer avec mes sens. Une joie presque humaine tant elle transpire la malfaisance et la cruauté. Le maître et sa bête... les responsables de tout ce carnage. Ceux contre qui je vais devoir lutter de toutes mes forces pour sauver ce qui est juste à mes yeux. Et comme si je n'étais pas capable de lancer moi-même les hostilité, la bête s'avance vers moi à pas de loups... Je peux d'ici sentir le souffle de ses naseaux, que j'entends d'ailleurs emplir mon espace, comme un envahisseur qui conquit et ravage les paysages sans distinction. Et ce même regard entre le loup et son maitre... ce même regard d'insupportable suffisance devant la faiblesse du monde. Raaaaah... et malgré tout le dégout que cela m'inspire, je suis incapable de bouger, comme hors de mon corps. Il ne m'appartient plus.

Et c'est là que je le vois. Dans un coin du marché en cendre. Le petit garçon. Toujours affublé de son étrange costume de scène et le regard livide, il se tient droit avec ces deux jambes maigrichonnes plantées dans la cendre toujours plus épaisse. Mais que fait-il donc là ?! S'est-il perdu ? M'a t-il suivit ? Mais plus important que toutes ces questions, il doit s'enfuir au plus vite ! Nul doute que le sort que pourrait lui réserver l'esclavagiste serait bien pire encore que la mort s'il le voyait. Je ne dois pas le regarder fixement. Je ne dois pas trahir sa présence. Je ne dois p*... Oh non ! Le loup ! Le loup l'a vu ! Bon sang il l'a vu. Je voudrais crier, m'interposer, quitte à fuir en le prenant dans mes bras. Et pourtant je suis fixé ici, tel un pantin sans personne aux commandes. Raaaaaaah ! Mais bouge damné corps ! BOUGE !
Non ! Ne va pas vers lui ! Mais que fait-il ?! Le voilà qui marche calmement vers le loups qui a son tour se dirige vers lui. Mais fuis petit idiot, fuis ! Nooon... Les voilà à quelques mètres. La bête va le dévorer en un coup de crocs et moi je suis planté là. RAAAAh ! La voilà qui tend le museau vers lui... elle le flaire... et... Que ? Un sourire ? Je jurerai voir un sourire s'afficher sur les babines du monstre. Mais que ?... La bête se rapproche encore, passe sous la main que l'enfant tend devant lui, se frotte doucement à son flanc, avant de s'enrouler autour de lui comme un serpent à fourrure. Le petit être chétif en disparait presque dans cette immensité opaque qui l'avale... Mais sur son visage nulle peur... Et puis je ne peux en croire mes yeux... je les vois se fondrent l'un dans l'autre... Mon esprit défaille, mes sens me jouent des tours, je ne sais plus ce que je dois croire ou pas. Et sur le visage de l'enfant, des traits qui apparaissent juste avant de se perdent dans la fourrure. Des traits plus âgés, couturés de cicatrices et de marques laissées par le temps le soleil et le sel... Je suis perdu. Je*...

- Alors Toji, comment va ?


Je sursaute d'un bloc au son de cette voie si proche de mes oreilles, juste dans mon dos ! Devant moi, à quelques dizaines de centimètres seulement, la silhouette toujours noire du maître de la bête. Imposante. Terrifiante. Qui m'écrase de tout son poids malgré une taille et une carrure qui m'est égale. Et dans ce qui devrait être son visage, des traits qui se dessinent alors... Des traits égaux à ceux du petits garçon avant qu'il ne soit assimilé par la bête. Des traits égaux au miens. Un visage. MON visage. Je ne sais quoi comprendre, je ne sais comment réagir, je ne, je ne... Je panique, essaye de crier ! Ma voix ne sort pas ! Je veux me débattre mais je ne peux bouger ! Je panique ! Je... Je... Je...

- Toji ?
Je...
- Toji.
Je...
- Thunder F. !
Je...
- Ho Thunder F. !




Hein qu'est ce que ?!

D'un soubresaut je manque de peu de m'affaler de la chaise où je me tenais jusqu'alors en équilibre les pieds croisés sur une pile de caisses marchandes. Le choc du déséquilibre soudain ainsi que le contre coup du mouvement réflexe me prends dans chacune de mes cellules, m'arrachant alors de ce monde étrange et terrifiant où mon esprit était en pleine torture. Mes sens bousculés sous le choc se remettent un à un de l'émotion, revenant à moi dans un chaos le plus total. Des sons venant de la mer, d'hommes qui crient dans le tumulte d'une bataille, d'autres qui hurlent sous la morsure d'une lame. L'odeur de la poudre, du sang, du bois qui brûle, d'étals à poisson. Et puis la vision du ciel, bleu azur ; que je peux facil'ment voir au travers des branches d'un grand arbre blanc sous lesquels je semble être, bien à l’abri de la morsure du soleil sous ses frondaisons.



- Ho Thunder F. ça va ? T'as une mine bizarre.

Et devant moi celui que je sais être une des pires raclures que l'île des hommes-poissons a eu le malheur de faire naitre : "Raskal DandyFish", le plus grand maître esclavagiste et contrebandier de dessous les mers. Un être sans morale mais gouverné par les lois de l'or et du plus fort. Prévisible donc. Et accessoir'ment un de mes alliés les plus lucratifs. Surtout lorsqu'il s'agit de piller une île et d'en emporter les rares survivants au marché aux esclaves clandestins.




Spoiler:

- Hum... Ouais ouais ça va... Un mauvais rêve c'est tout.



D'un signe de tête énigmatique, Raskal s'en retourne alors à l'organisation d'un pillage massif et d'un massacre quasi systématique de tous les habitants jugés trop laids ou trop faibles. Pour ma part, je sors un cigare de la poche de ma veste avant de le porter à mes lèvres, afin de dissiper les brumes de mon cauchemar qui hante encore par lambeaux mon esprit hagard. Je me re-penche alors en arrière pour reprendre une position confortable sur ma chaise, afin de pouvoir continuer à assister sereinement aux manœuvres de nos petites affaires. Mes affaires. Je me cale donc les deux mains sous la nuque... et contemple un instant le ciel au travers des branches qui se balancent sous le vent du large...

- Tssss... Putain d'bon dieu d'rêve à la noix d'mes trois couilles...


...Et au travers des innombrables corps pendus qui les parsèment.

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