Un moment donné, sur une ile donnée, dans un océan donné...
- Mzieu poizon Mzieu poizon !
- Tututut... Qu'est ce que je t'ai déjà dis à propos du zozotement ?
- Que ça ne me rend pas plus mignonne et qu'il faut j'arrête de faire exprès...
- Bien. Alors qu'est ce qui t'amène cette fois ? Vous avez encore joué dans les ruines et vous vous êtes fait de nouveaux bleus ?
La fillette acquiesça avec une once de fierté. Comme à chaque fois, elle et tous les autres enfants du village allaient jouer dans le vieux port commercial, ou plutôt ce qu'il en restait. Là-bas les ruines ressentes leurs offraient un terrain de jeu fabuleux plein d'aventures et de trésors à extraire. Les multiples coupures et hématomes qu'ils y récoltaient ne freinaient en rien leurs ardeurs, bien au contraire. Après tout Tonton Toji était là.
Comme d'habitude elle lui tendit son bras au coude écorché, lâchant un gigantesque sourire comme s'il s'agissait de la cicatrice d'une glorieuse bataille. L' homme poisson leva alors son énorme main dans laquelle elle posa son bras si menu en comparaison. Très délicatement, l'imposant visage couturé de cicatrice se rapprocha de la fillette... Avant de scintiller d'un sourire malicieux. D'un geste empli de tendresse, un souffle menu mais salvateur glissa entre ses lèvres, chassant alors la douleur comme par enchantement. Depuis quelques temps, les bisous magiques de l'hybride avaient gagné les faveurs de tous les enfants du quartier... C'est donc en sifflotant un petit air de pirate que l'homme-poisson finit d'officier dans la bonne humeur, en rajoutant un petit bandage rose autour du bobo. Le petit nœud fut fait avec la plus extrême minutie. C'est important les nœuds, on le dira jamais assez.
- ... aaaavec leuuuur triii-iii-peu. Voilà Syria c'est fini ! Tu peux retourner jouer tranquille. File pirate !
La fillette eu tout juste le temps de lancer un "Merci Toton Toto !" avant qu'il ne lui passe la main dans les cheveux -l'ébouriffant par la même occasion- et ne la pousse vers ses petits camarades d'une petite tape dans le dos.
N'ayant plus d'autres "patients" pour le moment, il sortit tranquillement de sa torpeur en s'étirant largement, laissant ainsi le soleil de la matinée lui réchauffer les écailles. Par tous les dieux d'la mer qu'est ce qu'on pouvait être bien sur ces îles printanières ! De véritables havres de paix et de tranquillité où il faisait bon se dorer la vieille couenne. Il devait bien l'admettre, profiter de ses moments de candeur sur cette île était un plaisir non dissimulé.
Il faut bien dire qu'il les avait bien méritées ceux-là ! Bien qu'il ai le plus grand mal à définir depuis quand il était arrivé là, il était clair qu'il avait du lutter âprement ici-même pour assurer à tous les honnêtes gens ici présents une paix et une sérénité méritées. Si l'on regardait autour de soi, on pouvait voir que le combat avait été des plus rudes, la guilde n'ayant pas lésiné sur les moyens pour protéger ses intérêts sur l'île. Après deux jours de combats intenses, le fier homme poisson avait chassé à grands coups de pied dans les fesses les derniers esclavagistes "illégaux" et avait mis en fuite les ripoux de la marine qui couvraient leurs activités. Tssss... deux races que l'homme poisson ne pouvait pas supporter ! Illégaux ou pas, les esclavagistes était la pire racaille de ces mers, osant priver sans vergognes des innocents de leur liberté, qui plus est pour une simple question de vénalité. Et les marines qui fermaient les yeux ou pire protégeaient ces activité ne valaient guère mieux. Dire qu'ils étaient censés représenter la justice... une honte. Heureusement que Toji était apparu au bon moment.
Hélas, l'île un instant transformée en champs de bataille avait durement payé sa libération, une bonne partie de ses quartiers étant tombés en ruine sous les coups des divers belligérants. Malgré tout, la populace avait été plus que ravie d'être tirée hors des griffes de ce gouvernement qui les opprimait et que revendait ses citoyens les moins méritants comme esclaves, créant une ribambelle d'orphelins par la même occasion. Tonton Toji les avait libéré d'un Tyran, et ils lui en seraient éternellement reconnaissants.
D'ailleurs l'aide de l'homme poisson ne s'arrêterait pas là. Conscient de la situation précaire dans laquelle la population de l'île se trouvait, Toji décida d'y assurer un temps le rôle de protecteur envers les esclavagistes en fuite, ainsi que le rôle de médecin et de nurse pour tous les petits orphelins qui abondaient en ville. C'était plus fort que lui... Comment résister aux regards de tous ces petits diables ?!
C'est donc avec un beau tablier de nurse "I Love Kids" autour de la taille et six bébés dans un sac à dos que le terrible combattant se mit à vagabonder dans les rues en reconstruction de la petite ville. Il déambula tout d'abord par l'orphelinat où il logeait, se complaisant dans les rires des enfants et dans leur innocence si rafraichissante. Dans la cour, il passa devant un petit groupe de garçon qui y reproduisaient les enchainements martiaux qu'ils avaient pu observer durant la bataille. Toji éclata de rire lorsqu'il vit le plus malchanceux d'entre eux être tiré au sort pour jouer la marine. Plus aucun gamin ne voulait ce rôle là dernièrement ! Berçant les marmots dans son dos par le pas chaloupé de sa démarche, il continua sa petite balade en se dirigeant vers les quartiers en ruines, siège d'une grande fièvre de reconstruction. Plus tard, lorsqu'un autre villageois le relayerait à l'orphelinat, il irait donner un coup de main aux chantiers. Sa force -toujours d'un grand secours- y serait la bienvenue. "Vous voulez que je la pose où cette maison ? Mwouahahah" quelles têtes ils tiraient à chaque fois qu'il leur disait ça !
Profitant du soleil et de la brise matinale, Toji se laissait ainsi aller à rêvasser en se faisant à son tour bercer par les bruits des marteaux et les cris joyeux de travailleurs. Tout allait pour le mieux dans ce petit coin de l'océan. Au bout d'un moment il fut tiré de ses rêveries par une ribambelle de gamines qui -se courant après par jeux- s'amusèrent à lui tourner autour et à passer entre ses jambes dans un concert de rires et de chansonnettes. Oui, vraiment tout allait pour le mieux jusqu'à présent.
Dernière édition par Toji Arashibourei le Lun 22 Oct 2012 - 19:32, édité 3 fois