L'océan filait sous la coque étincelante du Léviathan. Face au Soleil couchant, un homme restait là, les yeux perdus dans l'horizon. Les couleurs chatoyantes annonçant le crépuscule jouaient sur ses habits, les teintant d'or et de carmin. Le vent du grand large faisait voler sa longue écharpe derrière lui, claquant au gré des ses caprices. Les voiles du navire en étaient gonflées, et nulle terre n'était visible à l'horizon : Little Garden était loin derrière eux. L'homme au visage masqué baissa les yeux vers son gantelet d'arme, aux griffes effilées. Un frisson lui parcourut l'échine, alors qu'il revoyait le sang maculer ses articulations, glisser sur le métal et tomber en gouttes désordonnées à ses pieds. Il referma le poing, chassant cette image de son crâne. Il avait laissé sa colère l'emporter, prendre le dessus sur ses convictions, écœuré par son adversaire. Certains méritaient de mourir, et d'autres, de souffrir. Mais ce plaisir qu'il avait ressenti en prenant la vie de la donzelle. Un bien-être qu'il n'avait pas éprouvé depuis qu'il avait troqué son habit noir contre celui-ci. Un frisson lui parcouru l'échine, mais il n'aurait su dire si c'était d'extase ou de crainte. Son âme était damnée, il ne le savait que trop bien. Mais alors il tuait pour le bien du peuple, éliminant ceux qui le mettaient au pas et abusaient de lui. Hormis ça, il n'avait jamais pris conscience que ces meurtres avaient une telle importance pour lui, lui étaient nécessaires. Un râle profond s'exhala de sa gorge, alors que son regard se posait sur l'un des Marines qui s'activait sur le pont. Etait-ce ainsi qu'il était sensé juguler ses envies meurtrières ? Une sombre envie lui dictait de dégainer sa rapière et de lui passer en travers de la gorge. De sentir ce doux liquide carmin lui glisser entre les doigts. Les gouttes ricocher sur ses vêtements et s'épancher à terre. Une légère fumée s'en exhaler. Puis voir les hommes se rassembler autour du corps, céder à la peur. La voir s'instiller dans le coeur de ses ennemis, les envahir et les contrôler. Contempler cette fange se perdre, s'égarer au milieu de tout ce carnage. Et les tuer un à un.
Rafael posa doucement la main sur le pommeau de son arme, un léger rire naissant du fond de sa gorge. Ce soir, le pont du Léviathan se teinterait du même rouge que le crépuscule. Il n'y aurait aucune dorure autour des cadavres de ses ennemis, aucun ornement sinon le tranchant effilé de sa lame. La lame coulissa légèrement dans sou fourreau, s'élevant de quelques millimètres. Juste assez pour que le son cristallin du métal de lui chatouille l'oreille, atténuant une fraction de seconde ses pulsions. Il lâcha son épée et recula d'un pas, faisant face à l'horizon. Si l'on ne pouvait voir son expression, ses yeux trahissaient sa panique. Il secoua la tête pour chasser ces sombres idées de son crâne. Depuis quand était-il devenu ainsi ? Depuis quand avait-il ce besoin de tuer ? Et si ... et si ce qu'il ressentait lorsqu'il mettait à mort n'était pas le soulagement de mettre fin à une mauvaise vie, ce sentiment d'euphorie qui lui dictait que son acte était juste ? Non, il était le glaive de la justice, la vraie justice. Il tuait ceux qui le méritaient, ceux qui abusaient du peuple. Et ceux qui se mettaient en travers de sa route. Son combat ne pouvait souffrir sa propre mort alors il endossait diverses personnalité, comme celle qu'il arborait en cette soirée, sur le Léviathan. Reprenant son aplomb, l'assassin s'avança jusqu'à la figure de proue et posa sa main dessus. Le Granit Marin ne remontait pas jusque là alors il n'y avait aucune crainte. D'un petit bond, il se projeta sur le sommet de la sculpture et s'y assit, exposé aux vents du funeste océan. Il vivait au milieu de ceux qu'il avait juré d'anéantir, il était normal que par moment il puisse se concéder quelques instants de faiblesse. Ce n'était pas le sang en général qu'il désirait voir couler, mais celui de ces vermines, qui usaient et abusaient des hommes bons. Etait-ce vraiment ça ? Oui, bien sûr. C'était même certain ...
L'assassin inspira profondément et se mit en tailleur, puis posa les poignets sur ses genoux, les paumes vers le ciel. C'était un exercice de relaxation qu'il avait appris lors de sa dernière visite à Whisky Peaks. Il souffla tout aussi intensément, puis concentra la majeure partie de sa psyché sur les ressacs de la marée et le vent qui l'entourait. Il y avait encore tant de leçons qu'il devait apprendre. Tant de mystères à éclaircir et de nouveaux mondes à explorer, à commencer par celui des fruits du démon. Ou encore même le haki. Un de ses anciens confrères de l'Union lui avait aussi parlé du siècle perdu et des ponéglyphes. Combien de choses le Gouvernement avait mis sous scellé depuis ce temps ? Peu importait. En cet instant, il n'y avait plus que lui et l'océan. L'assassin ouvrit son esprit aux contraintes du navire, écoutant chaque poulie grincer, chaque corde se tendre. Il percevait ainsi les bottes des Marines qui tapaient sur le pont au rythme de leurs allées et venues. Une sorte de mélodie propre qui ne lui appartenait qu'à lui. Il aimait à penser qu'il était le seul à la percevoir, mais il suffisait d'écouter pour en ressentir la rumeur. La Volpe lui avait appris à entendre et voir, une leçon qui lui avait été profitable tout au long de sa vie. Et il ne cessait de s'étonner de voir que l'ensemble des hommes passaient ainsi à côté de nombreuses choses. Un son intriguant vint alors perturber l'oreille paisible de Rafael, un pas lourd et cadencé. Un pas qu'il avait appris à reconnaître en premier. Ainsi, sans se retourner, il garda les yeux fermés, percevant la rumeur de plus en plus forte de la venue d'un autre homme en ces lieux de quiétude. Un sourire se dessina sous son étole.
"Que puis-je pour vous, Colonel ?" lâcha-t-il sans bouger.
Rafael posa doucement la main sur le pommeau de son arme, un léger rire naissant du fond de sa gorge. Ce soir, le pont du Léviathan se teinterait du même rouge que le crépuscule. Il n'y aurait aucune dorure autour des cadavres de ses ennemis, aucun ornement sinon le tranchant effilé de sa lame. La lame coulissa légèrement dans sou fourreau, s'élevant de quelques millimètres. Juste assez pour que le son cristallin du métal de lui chatouille l'oreille, atténuant une fraction de seconde ses pulsions. Il lâcha son épée et recula d'un pas, faisant face à l'horizon. Si l'on ne pouvait voir son expression, ses yeux trahissaient sa panique. Il secoua la tête pour chasser ces sombres idées de son crâne. Depuis quand était-il devenu ainsi ? Depuis quand avait-il ce besoin de tuer ? Et si ... et si ce qu'il ressentait lorsqu'il mettait à mort n'était pas le soulagement de mettre fin à une mauvaise vie, ce sentiment d'euphorie qui lui dictait que son acte était juste ? Non, il était le glaive de la justice, la vraie justice. Il tuait ceux qui le méritaient, ceux qui abusaient du peuple. Et ceux qui se mettaient en travers de sa route. Son combat ne pouvait souffrir sa propre mort alors il endossait diverses personnalité, comme celle qu'il arborait en cette soirée, sur le Léviathan. Reprenant son aplomb, l'assassin s'avança jusqu'à la figure de proue et posa sa main dessus. Le Granit Marin ne remontait pas jusque là alors il n'y avait aucune crainte. D'un petit bond, il se projeta sur le sommet de la sculpture et s'y assit, exposé aux vents du funeste océan. Il vivait au milieu de ceux qu'il avait juré d'anéantir, il était normal que par moment il puisse se concéder quelques instants de faiblesse. Ce n'était pas le sang en général qu'il désirait voir couler, mais celui de ces vermines, qui usaient et abusaient des hommes bons. Etait-ce vraiment ça ? Oui, bien sûr. C'était même certain ...
L'assassin inspira profondément et se mit en tailleur, puis posa les poignets sur ses genoux, les paumes vers le ciel. C'était un exercice de relaxation qu'il avait appris lors de sa dernière visite à Whisky Peaks. Il souffla tout aussi intensément, puis concentra la majeure partie de sa psyché sur les ressacs de la marée et le vent qui l'entourait. Il y avait encore tant de leçons qu'il devait apprendre. Tant de mystères à éclaircir et de nouveaux mondes à explorer, à commencer par celui des fruits du démon. Ou encore même le haki. Un de ses anciens confrères de l'Union lui avait aussi parlé du siècle perdu et des ponéglyphes. Combien de choses le Gouvernement avait mis sous scellé depuis ce temps ? Peu importait. En cet instant, il n'y avait plus que lui et l'océan. L'assassin ouvrit son esprit aux contraintes du navire, écoutant chaque poulie grincer, chaque corde se tendre. Il percevait ainsi les bottes des Marines qui tapaient sur le pont au rythme de leurs allées et venues. Une sorte de mélodie propre qui ne lui appartenait qu'à lui. Il aimait à penser qu'il était le seul à la percevoir, mais il suffisait d'écouter pour en ressentir la rumeur. La Volpe lui avait appris à entendre et voir, une leçon qui lui avait été profitable tout au long de sa vie. Et il ne cessait de s'étonner de voir que l'ensemble des hommes passaient ainsi à côté de nombreuses choses. Un son intriguant vint alors perturber l'oreille paisible de Rafael, un pas lourd et cadencé. Un pas qu'il avait appris à reconnaître en premier. Ainsi, sans se retourner, il garda les yeux fermés, percevant la rumeur de plus en plus forte de la venue d'un autre homme en ces lieux de quiétude. Un sourire se dessina sous son étole.
"Que puis-je pour vous, Colonel ?" lâcha-t-il sans bouger.