>> Julius Ledger
Pseudonyme : Le rôdeur Age: Cinquante-sept Sexe : Homme Race : Humain Rang : Le rôdeur Métier : En ultime recours, le ramassage de plantes médicinales qu'il connaît vaguement. Groupe : Chasseur de primes. Déjà un équipage : Aucun. But : Avoir une bonne réputation à l'échelle mondiale puis retrouver sa femme et sa fille. Fruit du démon ou Aptitude pour la suite : Rien. Équipements : Une épée, un couteau de chasse. J'ajouterais deux tenues de cuir et une longue cape mitée. Codes du règlement (2) : Parrain : Personne. Ce compte est-il un DC ? : Non. Si oui, quel @ l'a autorisé ? : ... |
>> Physique Archétype du vétéran vieillissant, Julius, du haut de ses cinquante-sept ans bien sonnés, laisse émaner de sa personne une impression de vieux renard. Son attitude fière et sa posture guerrière ne laissent aucun doute sur sa nature profonde de bagarreur. Il n’y a qu’à regarder sa face aux traits burinés par les coups du sort pour sonder toute la violence qu'il vit. L’impression bestiale qui s’en dégage s’explique notamment par ses yeux ambrés, son nez droit et ombrageux et enfin une bouche qu’il a toujours bloquée en un rictus sauf pendant ses rares moments de joie. Pourtant, l’essentiel de son animalité provient de deux balafres particulièrement impressionnantes. Une en travers de l’œil gauche qui lui remémore sans cesse la perte tragique de son mentor et une autre au front qui le ramène vers les lointaines contrées du centre. Une barbe naissante finit de souligner son statut de quinquagénaire endurci. Ajoutez à cela de longs cheveux d’un blanc fantomatique et l’on peut aisément se figurer le malaise qu’il peut engendrer dans les esprits les plus faibles. Son visage dur et détonnant de caractère surmonte un corps taillé par les épreuves vécues et l’expérience engrangée. D’une hauteur supérieure à la moyenne et d’une carrure de mercenaire aguerri, Julius a tendance à dépasser le commun d’une bonne tête. Ses épaules carrées et sa démarche virile achèvent de conforter les autres dans le jugement péjoratif qu’ils se font de lui. Son corps souvent revêtu de vêtements en cuir assouplis par le temps laisse apercevoir une peau zébrée de cicatrices en tout genre. En dépit de cela, ses muscles ciselés et son gabarit lui donnent une prestance qui n’est pas pour déplaire aux femmes souvent apeurées par son aspect rêche. Quand la saison se fait fraîche, il se recouvre d’une cape aux bords inférieurs déchiquetés par l’usure ; il ne fait pas grand cas de son élégance depuis qu’il a cédé tous ses biens pour vivre dans la simplicité. Il faut reconnaître à ce parangon de virilité une gaucherie qui le rend souvent ridicule. Il contrôle rarement sa force et se met souvent dans des moments délicats en brisant tout ce qu’il lui passe sous la main. Il vaut mieux éviter de se trouver dans les parages quand, ayant pris un gros coup dans le nez, il essaye de vous taper dans le dos ou vous faire la bise. Il ne lui faut pas plus que deux coupes de vin pour sombrer dans une affectuosité et une onctuosité qui se démarquent tant de son personnage qu’on ne peut s’empêcher d’en rire. L’autre particularité étrange est sa tendance à faire tourner une fois tout objet qu’il tient dans sa main. C’est anodin quand il s’agit d’un couteau, mais cela devient rapidement burlesque dès qu’il s’agit de charges lourdes ou d’êtres humains. Par contre, dès qu’il s’agit de combat, ses gestes lourdauds laissent place à une grâce stupéfiante. L’épée le transfigure et son style équilibré, alliant à la fois précision et force brute, le rend insaisissable, voire imprévisible. Il est le fruit de l’école de la vie, un mélange hétéroclite des différents épéistes observés qu'ils soient professeurs ou ennemis. Ce n’est que désarmé qu’il replonge dans la férocité et il y exprime toute la brutalité dont il est capable. À main nue, il ne s’embarrasse d’aucune technique pour se jeter sur un adversaire. Prendre un objet pour s’en servir à l’instar d’une massue est l’unique concession qu’il accorde à la stratégie et au bon sens. Il reste à noter son langage fleuri où bourgeonnent d’une luxuriance rare les plus argotiques et les plus offensants des mots. Non pas que cela dénote une mauvaise nature, c’est sa manière de parler. De la même manière qu’il accompagne ses paroles de gestes souvent brusques. Mais, le plus étrange est sa tendance à utiliser des mots d’un langage soutenu en dépit de sa vulgarité. Ce ne sont que des vestiges de l’éducation qu’il a reçue tout au long de sa vie. C’est donc un homme rempli de contradictions comme seule une vie riche en bouleversement peut engendrer. >> Psychologie Julius est plutôt un bon gars. Le genre réglo qui ne cherche pas la merde, mais qui ne l’évite pas non plus quand elle vient sonner à sa porte. C’est le typique mec assis au bout du comptoir d’un bar à siroter sa bibine sans moufter. Comme il a vécu assez d’horreurs, il ressent toujours le besoin de s’imbiber d’alcool à toute heure de la journée. Ce qui le rend de plus en plus exubérant. À l’acmé de son alcoolémie, il devient franchement insupportable, lui qui, sobre, parle à peine aux autres. En fait, il se fait moins confiance depuis la perte de sa famille. Quand bien même cela fait plus de onze ans, cela lui reste sur le cœur. Aussi, il a du mal à ne pas anticiper les malheurs quand il rencontre d’autres gens. Il ne fréquente quasiment personne pour s’éviter de retomber dans le cycle infernal qui le pourchasse, celui du bonheur constamment gâté par ses propres actes. Cet état d’esprit le rend socialement inapte à se lier aux autres et le fait vivre dans une réclusion pénarde. Il s’accommode bravement à sa vie de solitaire, et quand il a besoin de voir des gens, il va dans les rades pour se mettre une caisse et écouter des histoires de voyageurs ou il se surprend à chercher la compagnie d’autres chasseurs de prime. En général, il n’est pas très malin. Quand on le met devant une énigme, il ne cherche pas trop longtemps la solution. Cependant, une grosse expérience de bourlingueur lui permet toujours de se sortir des pires circonstances. Ses années à se battre en milieu terrestre et maritime et à survivre dans les milieux les plus hostiles font de lui un être conditionné pour traverser les moments difficiles avec assurance. Et c’est au moment où les obstacles se font les plus insurmontables qu’il fait preuve d’une ingéniosité surprenante. Alors, il irradie d’une aura de sérénité qui force l’admiration même parmi ses ennemis. Ailleurs, sa lenteur d’esprit le rend souvent ridicule et les gens d’esprits lui trouvent autant de vulgarité que de bassesse. Ça tombe bien, il n’a jamais pu blairer les glands de cet acabit. Au fond, Ledger a envie d’être accepté par les autres comme un modèle. Ceci le rend tout à fait serviable. Il se retrouve parfois embringué dans des situations absurdes à cause d’une légèreté malvenue lors de la demande. Il suffit de voir une personne en détresse pour immédiatement chercher à lui rendre justice. Ceci lui a valu de nombreux problèmes avec la justice qui, de son côté, ne se prive pas quand l’occasion d’être injuste se présente. Ça implique des services à rendre et des boulots à accepter pour ne pas basculer dans la criminalité, chose qu’il ne peut pas se permettre. Il lui arrive rarement de retomber dans ses travers d’antan. Son défaut le plus irréductible est la facilité avec laquelle il se met en colère. Sa fureur s’embrase parfois pour une futilité et atteint des proportions navrantes. Ce manque de contrôle sur soi lui a valu de se mettre maintes fois en des contextes insoutenables pour ne s’en sortir qu’in extremis. Même s’il a passé une dizaine d’années à tempérer son caractère, il éprouve encore des difficultés à le dompter. On peut aussi le taxer d’impatient voire de capricieux. En un mot comme en mille, il supporte mal que quoi que ce soit lui résiste. Du coup, il se contente de femmes faciles avec lesquelles il ne cherche jamais à se lier. Il ne trouve en ces dames que des amantes faciles à séduire et non moins faciles à oublier. Sinon, Julius a pour mission de protéger les faibles des plus puissants. Il ne s’intéresse ni à la loi, ni à la philosophie. Il se contente de suivre son instinct et par extension, son empathie pour porter secours aux personnes qu’il juge innocentes. De même, il n’hésite devant aucun moyen pour abattre un personnage vil. Il essaye donc de rétablir un équilibre autour de lui en espérant en être un jour récompensé par son retour à une vie de famille, son unique point de mire. >> Biographie Mon histoire à moi, elle commence dans le bas-fond en quinze cents soixante-sept. Y a pas une thune de par chez moi, et mon paternel me voyait comme un chiard de plus à nourrir. Exit l’image du prince-chevalier à qui l'on torche le cul matin, midi et soir. Bienvenue dans la dèche faîte homme, c’n’est pas comme toi avec tes froufrous à cent mille balles la paire. Si t’espères entendre l’histoire d’un paladin, envoie-moi un collègue avec les couilles bien accrochées. Là, tu vas juste te farcir le destin casse-noisette d’un type qui s’en est toujours pris plein la gueule, ce qui ne l’a pas empêché de l’avoir grande. Revenons-en à notre fange, ça débute dans la misère, un morveux, ça vaut à peine mille berrys le kilo et ça a intérêt d’être en bonne santé parce que les médocs, c’est pour les nababs. Alors moi, quand je suis né en sixième position avec un revenu qui frôle le zéro, je me suis vite fait gicler. Quelques sous en échange des neuf mois dans le ventre de ma mère, une sorte d’industrie. Là où les maths te mettent une claque dans le pif d’entrée de jeu, comme si tu ne valais pas plus que quelques billets. En grandissant, tu ne vaudras pas mieux, c’est moi qui t’le dis. Vomis, mec. Faut pas se gêner avec moi. La vie en communauté, c’est bon pour le moral, qu’ils disent. Je n’ai rien vu de tout ça. Dans le centre de formation, « l’arrache-cœur », qu’on l’appelle, y a pas de place pour la poésie. On t’inculque des notions à coup de savate et l'on te les fait digérer à grand renfort de marrons dans le gnon. Si tu n’es pas content, t’as qu’à te rouler en boule et crever, comme les faibles, les sous-merdes. Forcément, tu ne deviens pas un templier, t’apprends à tirer la bouffe des autres parce que tu n’en as jamais assez pour vivre et s’ils clamsent, eh ben, je leur dis merde pour la suite du voyage. Survie, combat, torture psychotruc. Bref, une fabrique de bons soldats, de soldats qui ne demandent rien et qui acquiescent à tout tellement ils savent qu’il n’y a rien d’autre pour eux au bout du chemin. À force de prendre des mandales, de frôler la mort et de craindre le reste du monde, on s’endurcit. On grave sur notre chair la douleur et on s’en nourrit. On la chérit comme une gonzesse qui nous attend à la fin de la journée avec une soupe chaude et une place dans son lit. La peine est notre seule compagne, on lui donne un nom, on lui susurre un surnom en la priant de nous rappeler chaque jour qu’il faut respirer pour ne pas sombrer, qu'il faut lui être reconnaissant de chaque pas en avant qu’elle nous laisse faire. Comme on sait qu’il n’y a là dehors personne pour être à nos côtés, on se ferme comme une palourde. On se barricade à l’intérieur et on ferme les volets. On cloue un panneau à vendre sur ce métronome qu’on a dans le corps. Plus rien n’a alors plus d’importance, on se noie dans un marécage profond comme ta mère. Excuse pour la maman. C’n’est pas comme si je sais m’exprimer de toute façon. À quinze ans, je suis déjà couturé de cicatrices. Il paraît que les armes en bois sont pour les lopes. Moi je ne dis rien, je ne parle plus. Je hurle ou je me menace seulement. Je ne combats pas à l’aube avec deux témoins, j’égorge mon ennemi par-derrière en lui tirant son pognon et sa becquetance, je vole tout ce que je vois jusqu’aux lacets de chaussures. Je survis dans la jungle en bouffant les lanières de mes sandales, ou presque. Ils nous lâchent souvent dans la nature ou en pleine mer. Démerde-toi pour t’en sortir. Essaye de t’enfuir et tu vas te faire avaler tout rond par ces monstres de mer. Il ne leur suffit pas de te traiter comme une salope de bête de somme, il faut en plus te serrer les couilles jusqu’à l’éclatement. Voilà, le genre des loustics du centre. Mon sale caractère n’est que de la légitime défense. À dix-huit ans, je me fais des missions pour payer mes frais. Y m’font que je leur dois de l’oseille puisque je vis à leurs crochets depuis que je suis tout petit. Faut voler sans se faire gauler et tuer tel blaireau et tel autre. C’n’est pas grave si tu te fais chopper, de toute façon, tu n’sais rien et tous les glands d’en haut ont leurs pattes bien graissées même s’il te prenait l’envie de dégobiller ta bile. L’astuce principale est de faire sa petite affaire et de décamper sans se la jouer. L’autre alternative est de se faire descendre comme une crotte dans le processus. Le temps passe et la faucheuse penchée sur mon épaule ne prend pas en son sein. J’en ai tellement bavé que je suis devenu aussi sec que ma main dans ta gueule de con. Ouais, je sais, mais va chier. Voilà ce que je réponds, mon sacerdoce comme disait l’autre vieux du bulbe. Parce qu’il a bien fallu me refiler, à un moment. On nous achète, on nous rentabilise et on finit par nous le mettre bien profond en nous vendant une fortune. Forcément, les mecs qui payent attendent de nous une prestation particulière. C’est qu’on n’acquiert pas des graines de bandits pour en faire des courtisans ou des danseurs de ballet. On ne sait pas où chacun part. De toute façon, la notion de potes n’existe pas, y a jamais eu ça. Dès que tu te laisses aller à sympathiser, tu te prends une dague dans le dos. Y en a des vieux qui font ça au centre, moi j’exécute net, je trouve ça plus propre et moins cruel. Quand je dis vieux, c’est au-dessus de dix ans. Parce que la moyenne de vie est en dessous des genoux. Fallait que je tombe sur le seul gars qui soit une fiotte. Une sorte de vieux schnock improbable. Tellement ancien qu’il est ridé comme un pruneau oublié au soleil. Un corps vouté en avant comme une sorte d’accordéon, mais en humain. J’y crois pas tellement il a l’air oublié dans un placard. Et vas-y que je te fais lire et vas-y que j’essaye de t’enseigner les bonnes manières. Il n’a pas pigé que c’est trop tard pour moi, ces trucs. Dès qu’il fait sa sieste, j’en profite pour lui tirer du pognon ou de la bouffe et je m’en fais un petit magot dans l’espoir de me barrer si vite qu’il en risque un rhume, le con. Lui, il le voit, mais il essaye de me parler, psychotruc encore. Je lui raconte et il pleure pour moi. Con, va ! J’n’ai pas chialé, juste les yeux qui piquent parce que je t’emmerde, laisse-moi finir enfoiré de cureton. Un jour, il laisse une clé traîner, j’en profite pour lui piquer un de ces trucs qu’il cache dans un coffre. Une merveille, y a pognon écrit dessus tellement ça a l’air précieux. Ça brille de partout. Bref, je fais celui qui va pisser et la planque dans mon fourre-tout. Sauf que la tuile, c’est que je me suis fait suivre. Bon, je vais pour rétamer sa tronche au gars qui me file, mais il m’éclate, sec et net. Grosse branlée, il met la main sur tout mon fric et arrive pour m’achever. La peur, j’n’en parlerai pas, mais j’en ai chié dans mon froc. Le coup de chatte c’est que j’ai oublié de refermer le coffre et l’ancêtre m’a suivi à son rythme de vioque. Il arrive et comme je lui dis de ne pas rester dans le périmètre, il envoie un putain de truc qui vole vers mon adversaire et le pulvérise, j’ai juste vu une épée pendue à son côté droit. Je crois c’est à ce moment-là que je me suis mis à l’aimer, ouais, l’aimer comme un fils. Parce qu’ils ont beau m’avoir fait toutes les horreurs pour me figer le palpitant, j’n’ai pas voulu qu’il se fasse mal le gus. Sûrement parce qu’il est le seul à en avoir un truc à foutre de ma pomme même si j’agis envers lui comme le dernier des crevards. Alors bon, je lui donne son fric, il me dit de le garder. Mec, ça, c’est la phrase à me dire. Il reprend juste le dernier truc que je lui ai piqué. L’escrime, la découverte de malade. C'est la première fois que je la vois pratiquée à ce niveau, j’en ai entendu parler, bien sûr, comme tous les fiottards qui n’ont rien dans leur vie que leurs petites mains pour bûcher. Il suffit de le voir pour se figurer un papillon qui sort de sa chrysalide. Une transformation de dingue ! Alors qu’il est plié, cassé, douloureux de partout, dès qu’il touche le pommeau d’un sabre, son corps s’anime et se tend et ses yeux t’envoient un message qui te transperce de part en part. Forcément, je finis par le respecter et à le suivre. Lui, comme il voit que c’est son moyen de me tenir un peu en laisse, en use tel un moyen de pression. Entre affrontements et réconciliations, un équilibre s’installe. Là, il m’explique qu’il m’a acheté parce que je ne suis pas comme les autres, j’ai un potentiel caché à exploiter. Je commence à ses côtés mon initiation. Et j’apprends goulûment. Chaque fois que je fatigue, je me rappelle la dérouillée que je me suis prise et ce moment où mes viscères ont rempli mes chaussettes. Dès le lever du jour, je lève mon cul de péquenot pour faire mes gammes. Mon entraînement me rend dur à la tâche, mais je remarque que mon corps a besoin de changer pour la pratique. Pour t’expliquer, j’ai envie de dire que j’ai passé mon temps à essayer de glisser ma carrure dans un moule pour qu’elle me permette de m’améliorer. Le truc le plus marrant, c’est que dès que le boulot commence, le vieux arrête les jérémiades et sort son côté chien de l’enfer. Au moins, je retrouve mes habitudes. Ne m’interromps pas, tu mes broies les valseuses avec tes commentaires. À côté de tout ça, il m’apprend d’autres trucs, du moins il essaye. La lecture, ça ne passe pas sauf avec quelques mots de chtarbé qu’il me répète tout le temps. Les comptes, j’intègre plus ou moins. Trop intérêt à apprendre à additionner, et les doigts, ça ne le fait pas quand t’as un minimum d’ambition. L’escrime finit par payer. J’en chie, mais putain qu’est-ce que c’est bon ! Tu n'as pas idée du pied que j’ai pris à assimiler. Enfin un truc bien dans ma vie de zonard. Les herbes médicinales, un peu. Le mage a comme des articulations de merde, en fait. Ça se bloque comme une porte jamais huilée. Mais pas que ; une épave le gars, j'te dis. Bref, je connais deux ou trois trucs sur comment se soigner dans la nature grâce à ça. Les enfoirés du centre s’en foutaient eux de nous dire ça. Quand t’as une coupure, c’n’est pas le sang perdu qui te bute, c’est l’infection. Combien de losers ai-je vus s’essouffler de tout le pus qu’ils perdent ? Trop, vraiment trop, en plus ça pue la charogne. Des années plus tard, je suis devenu un homme fait, un escrimeur pas trop nul et un fils. Parce que ouais, on devient un fils et on ne le naît pas et essaye de me contredire pour voir. Mais voilà, je me fais chier de rester sur place à ne pas bouger et lui a toujours voulu m’en apprendre plus pour que je fasse mes preuves sans danger. Donc, de dispute en dispute, il a cédé et on a plié les gaules pour chercher une relique perdue dans le trou de balle du monde. Sauf que ça foire méchamment. Je me rétame en beauté et c’est lui qui rattrape le coup, il me sauve la vie, le con. C’est pire que la mort. Je suis écrasé par le remords. Je ne sais plus où me mettre. J’ai envie de me creuser un trou et de le remplir de terre jusqu’à ce que je disparaisse. Sauf que la douleur, il faut vivre avec. Quand bien même celle-ci est plus forte que celle de mon enfance, elle me dit toujours les mêmes conneries : avance, y a rien qui t’attends si tu n’bouges pas. Je rentre donc comme un merdeux accomplir ses dernières volontés puis je fais mon paquetage ; trop douloureux de rester dans un endroit où tout me rappelle sa vieille tête de salaud. J’ai alors vingt-sept ans. Nouvelle île, je me fais taxer du blé pour vivre et je ne trouve pas de boulot. Du coup, je rentre dans le milieu. Mes capacités d’escrime m’aident beaucoup à me faire un nom et de la maille. Ça ne fait que m’encourager à faire mon connard. J’amasse le blé et je garde près de moi chaque berry. Formé pour être une machine à tuer sans remord et sans pitié, je me retrouve souvent à faire les basses œuvres, les boulots qu’on confie à des gens sans fardeau moral ni peur que je dis. Sauf que voilà, je rencontre une de ces dames, elle est superbe. J’ai trente ans, elle en a dix de moins. Je ne la mérite même pas parce qu’en plus d’être un pur canon, elle vient d’une putain de famille de bourgeois où l’argent coule à flots. Comment suis-je censé résister à une telle perle ? J’n’ai pas su. Avant que je ne me rende compte, elle a déjà pris toute la place. Elle a dégagé les ambitions et l’amour propre de la même manière que la solitude et la douleur. Elle est devenue maîtresse absolue des lieux et je n’ai rien pu y faire. Et tu sais ce qu’elle fait cette abrutie ? Elle s’entiche de moi et laisse tout derrière elle pour me suivre. On se marie deux ans plus tard. Il ne me faut pas plus que ça, moi. Je n’ai besoin de rien d’autre que de sa présence. Mais bon, elle veut que j’arrête de faire des coups et je ne veux pas la voir dans la misère. Alors je lui mens et je continue mes magouilles. Elle sent que je lui dissimule des choses, mais elle fait taire ses instincts. Les affaires marchent pour moi puisque je suis un fieffé salopard et que je n’ai pas de principes. Je n’hésite pas à trouver le moment idéal pour trahir celui-ci ou celui-là ; j’ai de tels talents que mon dernier employeur décide de me filer assez de pognon pour que je ne cherche pas mieux dans la concurrence et moi je l’ai fait disparaître, cette concurrence. Je me retrouve pas mal perché dans l’échelle en habitant une baraque de friqué avec des majordomes et tout le tintouin. Après un an de mariage, on a une fille. Elle grandit en me rappelant que je dois lui apprendre ce que je sais. Alors, je prends des profs pour ne pas trop la décevoir. Dès que t’as un gosse, t’essayes de devenir meilleur que t’es par peur d’être un modèle de merde et qu’il finisse par te trouver nul ou pire, complètement à la ramasse comme toi. Je progresse donc en escrime, et en lecture. Je me fais un poil de culture, pognon oblige. Sauf que ma vie de criminel continue dans l’ombre et elle finit par me retrouver pour me latter les couilles proprement. Un nouveau, un type comme moi à l’époque, s’en prend à ma fille pour faire passer « un message » à un gradé, à peine quatorze ans ma fille. Et là, je vois rouge, je l’écrase lui et toute sa bande de branleurs. Et puis, j’ai mal, je souffre comme un damné parce que ma femme s’est barrée avec la gamine et qu’en plus de me tuer, je trouve que c’est mieux pour elles. Quelle sorte de père suis-je pour préférer le départ de ces deux plus précieuses personnes au monde à leur contact corrosif avec moi ? Depuis, j’ai pris sur moi de démolir la vermine de la ville. Pour enfin être digne de ma famille à jamais perdue. J’ai donné toutes mes richesses au gouvernement local en échange d’une nouvelle identité et un effacement de la précédente. Puis, j’ai vagabondé, j’ai fait des petits boulots par-ci par-là. Je n’ai jamais gardé plein d’argent dans mes poches, juste assez pour vivre chichement. Le temps de me remettre les globuleux en face des trous, tu vois. Et là, j’en ai eu marre de balader la compagne, seul. La solitude, ça t’attaque le cerveau jusqu’aux tifs quand t’es plus que l’ombre de toi-même. Alors, je pousse la porte de ce poste de la marine où je rencontre des chasseurs de prime, de bons gars. Je crois que ça fait dix ans maintenant. Ils m’ont accueilli comme un mec réglo. Depuis, je n’oublie pas ce que je leur dois, comme une famille. Même les défoncés du ciboulot comme moi ont un endroit où aller. Et c’est comme une bénédiction chaque jour renouvelée. Voilà, j’ai fini de me raconter ma vie. Je sais que t’as d’autres chats à fouetter et je me tire d’ailleurs. Je ne cherche pas l’absolution, juste l'occasion de me racheter pour que plus jamais des sales types comme moi ne fassent du tort aux autres. Je les comprends, maintenant, les gens à qui j’ai fait du mal, ça m’ouvre les yeux sur toutes les saloperies que j’ai faites et ma honte si ma fille apprenait tout ça. Alors, je me suis promis de me faire une conduite et de défendre les gens qui ne peuvent le faire eux-mêmes de la même manière que j’aurais tout donné pour quelqu’un s’interpose entre ma gosse et ses agresseurs. Après, et seulement après, je pourrai la regarder en face et m'excuser. >> Test RP Des heures que je me fais chier la bite à imbiber ce mec de sky. Il siffle les godets à un tel rythme que le barman n’arrive pas à le suivre. Moi, j’en oublie presque que je suis venu le serrer. Pas le serrer, style je vais me le faire. Si, je vais me le faire, mais pas l’enculer ou me faire enculer. Putain, je m’embrouille déjà dans ma tête alors que je n’ai pas encore fini une binouze. Les vapeurs d’alcool qu’il dégage me rétament sans pitié. Heureusement qu’il y a ses histoires à la con pour mes les broyer sévère, au moins, je reste un peu vif. « - Pas vrai qu’elle est conne ? - Ouais, carrément. - Hé ! Tu ne parles pas de ma mère comme ça ! » Merde, j’ai dû rater un bout de sa jactance. Il va pour m’envoyer un gnon, mais il est tellement fait que sa main s’écrase mollement sur ma mâchoire. J’en profite pour lui péter la tronche contre le comptoir qui n’apprécie pas. Le fracas énerve tout le monde dans le bar, comme si ces poivrots attendaient le signal de départ. Le tenancier commence à peine à chercher son fusil que les premiers trouducs se mettent déjà sérieusement sur la mouille. Je serais bien resté un moment avec vous les mecs, mais le devoir m’appelle. Et le devoir c’est de foutre ce fumier au trou pour me payer ma bectance de ce soir. J’n’ai plus un rond parce que j’ai passé deux mois à le pister. Comme il se fait toujours tenir le zgeg par ses copines, j’ai dû poireauter. Huit semaines à me les geler et à bouffer de la daube pour pas le perdre de vue. Je l’empoigne et me le mets sur le râble pendant que ses potes débarquent dans une taverne qui tient plus de l’échafaudage que de l’édifice. Ils me foutent le trac parce que je ne peux pas les allonger avec un gus aussi encombrant. Je me plante sur mes guitares en regardant l’amicale des tantes qui se jette sur moi. Sauf qu’il y en a qui me fait : « Fais partir le chef, on se rejoint à la planque. » Probablement qu’il m’a confondu avec un des branleurs qu’il traîne partout. De toute façon, je m’en bats méchamment les steaks de ses raisons et je claque la porte, ou ce qu’il en reste sans moufter. Chargé comme une mule, je me farcis les rues de ce bled perdu qui a soudainement décidé de grandir. Il fait chaud et le soleil ne se gêne pas pour taper fort. Je regarde par-dessus mon épaule telle une pucelle qui sort de nuit et rien, walou. Pas un connard à l’horizon, c’est clair et dégagé. Du coup, j'écoute mes épaules qui me beuglent dessus et je fous le sac à patates à terre. Il s’éclate la tronche comme une chiure et je lui fais les poches. Une épée, une bourse bien remplie et j’ai déjà gagné ma journée. Il ne me reste plus qu’à déposer le colis chez les pleurnichards en groupe. Comme d’hab’, l’accueil se fait chaleureux. Il faut qu’il se mette à dix à chaque fois, de vraies tantouzes. J’essaye de jacter, mais ma langue est sèche et je marmonne à peine. Ma gueule de salaud inquiète les jeunes cons fraîchement recrutés. Y en a même un qui lance l’idée de me tuer de manière préventive. Un truc qu’il a appris à l’école entre deux tétées. Je note la tête de ce faux-cul, au cas où je trouve le temps de lui faire avaler mon poing et ses chicots. C’n’est pas le moment de foutre le boxon, je suis claqué et ce terrier à rats tourne autour de moi. Ma carte de chasseur de prime règle le problème. Bon, j’aurais bien aimé voir le jeune péteux se faire dessus, mais je ne suis pas d’humeur. Un pluvieux, non, plus vieux me compte ma maille quand je vois une feuille qui dépasse de la poche du loustic. Je la tire à la discrète sauf que la gonzesse qui chiale depuis tout à l’heure me chie une pendule. Le gradé lui dit de la fermer et l’envoie se faire mettre ailleurs. Tu me diras que ça m’arrange. Par contre, ce gros enfoiré en profite pour prendre une large part sur mon pognon pour service rendu qu’il dit. Je commence par l’envoyer péter et je me bloque net. Là, je dois dire que j’ai arrêté d’écouter, j’ai ressenti comme un marron dans le bide, ça m’a littéralement plié en deux. C’est l’écriture de ma fille, je pourrais la reconnaître entre mille les yeux bandés. Mais non, je suis con. J’en mettrais ma queue à cramer que c’est ma môme qui lui a gribouillé ça. Avec la certitude, mon palpitant s’emballe. Et mon torse se serre comme un pruneau oublié au soleil. Une lourdeur dans mon torse me coupe le souffle et sans m’en apercevoir, je me retrouve à me tirer les cheveux, accroupi en plein devant la face de citron qui me tend ma monnaie. Il faut que je sache ce que cet enculé de fils de pute lui a fait. Sans que je puisse me contrôler, je gueule à pleins poumons : « Je vais te tuer ! Tu m’entends sale merde, je vais te retrouver et te découper en morceaux, te briser os par os et cramer toute ta famille ! Tu m’entends connard ? Je vais tellement t’éclater et te réduire en bouillie que tu vas souhaiter n’être jamais né ! Crève enfoiré de consanguin attardé. Je te retrouverai, tu m’entends, je te retrouverai et je te ferai la peau ! » Ils m’ont flanqué dehors où j’ai fini de rager à haut volume. J’ai hurlé à m’en casser la voix. Ça ne m’a pas empêché de continuer à me bouffer de l’intérieur. Y plus rien de bien pour moi dans ce monde d’enflures sans elle ! Tous les moments que j’ai esquivés pour mes affaires, toutes les fois où je n’ai pas su lui dire que j’étais fier d’elle. Le poids des erreurs m’écrase littéralement au sol jusqu’à ce que j’entende une jeune fille qui me fait : « - Qu’est-ce que vous avez, monsieur ? - Je… » Elle me fout un doute, cette gamine. Après, c’est comme si l’orage avait complètement disparu et que je remontais la pente à une vitesse folle. Je réalise que je n’ai pas encore lu la lettre. Si ça se trouve, elle va bien. Si ça se trouve, je l’ai protégée. Oh, le con. Oh le con ! Je l’ouvre et je lis qu’elle l’a apparemment engagé pour une mission où il censé garder une marchandise précieuse. Il ne m’en faut pas plus pour me mettre à me jeter sur les gens pour leur crier ma joie. J’en suis devenu con comme un meuble. Jamais aucune baise ne m’a fait ressentir ce bonheur. Je me sens à nouveau vivant, pleinement. Et je suis fier comme un Dieu de lui avoir sauvé les miches. J’ai attendu ce jour depuis tellement de temps, le jour où je pourrais la regarder en face et lui dire que c’est fini. Que j’ai racheté mes conneries. Sept ans à bourlinguer à droite et à gauche. J’en ai pris des coups, j’en ai vécu des galères où sa seule image a su me retenir de baisser les bras. Je suis allé au lieu du rendez-vous, le battant à l’agonie. La gorge sèche, je me suis mis à me répéter toutes les phrases que je pourrais lui faire. Toutes les histoires que j’ai à lui raconter. Tellement de temps à rattraper, tellement d’horreurs à me faire pardonner. Je me fige un moment et tremble comme un morveux qui a peur de sa fessée. Puis, je pars en me disant que, je pourrais juste passer du temps avec elle sans lui balancer la vérité en pleine tronche. La frousse qu’elle me chie dessus me tord les boyaux. Je me demande même ce qui m’empêche de me tirer vite fait. De toute façon, elle va bien et n’a plus besoin de mon aide. Mais la tentation de la voir est trop grande. Et j’avance jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que je me réveille au poste avec un mal de tête carabiné. Sérieux, je ne sais pas ce qui m’est arrivé, mais j’ai toute la caboche fracassée. Je lutte contre le sifflement qui me scie les oreilles pour entendre ce que le sergent essaye de me déclarer. Une femme rousse se prétendant chasseuse de prime est entrée pour me livrer en tant que criminel. Ils ont pu lui expliquer qu’elle s’est complètement gourée et elle est partie. Après un court moment d'engourdissement, je récupère mes billes et retourne à ma piaule. Cette journée m’a coupé les arpions. Je m’allonge comme une loque et regarde le plafond. Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qui se serait passé. Finalement, ce n’est pas plus mal que ça finisse comme ça. C’est trop tôt pour que je puisse lui faire face. En tout cas, je suis fier de ma petite. Elle a pris sa vie en main, on dirait. Un jour, je te retrouverai, un jour. D’ici là, fais attention à toi, mon ange. |
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Informations IRL
- Prénom : Je le garde pour moi, celui-là.
Age : Millénaire.
Aime : La lecture.
N'aime pas : Les débats religieux/politiques.
Personnage préféré de One Piece : Brooks
Caractère : Forte tendance au badinage, relativement gentil, mais surtout m'enfoutiste.
Fais du RP depuis : Pas mal de temps.
Disponibilité : Peu
Comment avez vous connu le forum ?
Partenariat avec Fiore No Truc. D'ailleurs, cette fiche a d'abord été écrite pour ce forum. Comme les gens vivaient en autarcie, j'ai pris mes affaires et je me suis barré pour vous la proposer. J'ai fait l'effort de réécrire pas mal de trucs aussi bien pour l'adapter que pour l'enrichir. De plus, je n'ai jamais commencé un seul RP là-bas (vous trouverez que j'ai le même pseudo là-bas pour une quelconque vérification). La réutilisation de ce texte a été autorisée par Red sous réserve d'y apporter des modifications, je vous laisse juge de mes efforts, merci pour votre compréhension.
EDIT : Visiblement, l'administrateur de ce forum a accédé à ma requête en effaçant ma fiche là-bas.
Dernière édition par Julius Ledger le Mar 30 Oct 2012 - 14:21, édité 3 fois